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AUSSI
SUR
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)NQDCN+PXGUVQTLWKNNGV|
Conseils d’experts en placement pour les clients du Credit Suisse
Design
Forme et fonction
Martin Roth Un design de qualité transforme notre mode de vie. Ina Grätz
La cohérence esthétique d’Apple est la clé de son succès. Franz von Holzhausen
Comment concevoir une voiture électrique donnant envie aux adeptes du
moteur à combustion? Bill Moggridge et Caroline Baumann L’élargissement du
champ d’application du design ouvre de nombreuses opportunités.
Le design fait vendre!
GLOBAL INVESTOR 1.12
Éditorial—03
Design
04
Le design pour tous
Selon Martin Roth. directeur du V&A, le
design est plus important que jamais et apporte
FGUT ÅRQPUGUCWZFÅHKUFWSWQVKFKGP
15
16
Élégance et majesté
Des notions de calligraphie aident à
apprécier pleinement l’essence du mobilier
chinois classique, comme l’explique
Lui Gang, spécialiste du Musée de Shanghai.
18
Design durable
6JQOCU-CWHOCPP examine le design axé
sur la durabilité et visant à donner une seconde
vie aux produits.
27
Splendeur électrique
Le designer de Tesla Franz von Holzhausen
explique comment construire une voiture
électrique surpassant toutes les anciennes
approches.
29
‡A— comme Apple
&CPUNGUCPPÅGUIWGVVÅRCTNCHCKNNKVG#RRNG
FÅEKFGFGOGVVTGNoCEEGPVUWTNGFGUKIP|s
ce qui, selon Ina GrätzCHCKVVQWVGNCFKHHÅTGPEG
39
Une Inde créative
.o+PFGCDGCWEQWR¼QHHTKTCWFGUKIPGZRNKSWG
Michael Foley¼EQPFKVKQPFoGPTGPHQTEGT
NCRTKUGFGEQPUEKGPEGCWRTÄUFGUCEVGWTU
41
Quand le design domine
Entretien avec Bill Moggridge et Caroline Baumann
sur le rôle du musée du design du XXI e|
UKÄENG
AUSSI
SUR
iPad
Téléchargez le Global Investor
(en anglais) via l’App Store
Photo: Martin Stollenwerk
Une nouvelle mode
L’historienne de la mode Valerie Steele livre
UGUTÅHNGZKQPUUWTNGHGGNKPIFo+UUG[/K[CMGRQWT
les vêtements et technologies textiles.
Au delà de l’innovation et du marketing, un grand design est celui qui
aboutit à la création d’un produit phare qui se vend de lui-même et qui
ECTCEVÅTKUG NoGPVTGRTKUG GV| RCTHQKU OÆOG WPG ÅRQSWG VGNU NoK2CF NC
/KPKNGUNWPGVVGUFGUQNGKN4C[$CP7PFGUKIPTÅWUUKRGWVVTCPUHQTOGT
WPG RGVKVG UQEKÅVÅ GP OWNVKPCVKQPCNG WPG GPVTGRTKUG GP FKHƟEWNVÅ GP
leader du marché – comme le démontre l’histoire d’Apple. Si quelques
designs emblématiques tels la brique Lego semblent intemporels, la
plupart tendent cependant à suivre l’esprit du temps et le développeOGPVVGEJPQNQIKSWG#XGENGVGORUNCUQEKÅVÅRGWVÆVTGHTCIKNKUÅGUK
elle ne parvient pas à réinventer son design – à l’image de Sony.
Dans ce numéro du Global Investor, nous plaçons l’accent sur le
NKGPGPVTGFGUKIPGVOQPFGFGUCHHCKTGU¼NoÅEJGNNGFGUQEKÅVÅURTKXÅGU
de petites entités cotées ou de géants internationaux. Nous analysons
également comment Apple s’est servi du design pour reprendre en
main son destin. Nous nous intéressons à des icônes de la mode
comme Issey Miyake et des marques de luxe tel Louis Vuitton. Nous
interviewons des acteurs du design au sein des entreprises et analysons
comment le milieu académique et les musées ont soutenu le design
KPFWUVTKGN GP HQWTPKUUCPV WPG OWNVKVWFG FG TÅHÅTGPEGU JKUVQTKSWGU GV
interculturelles. Nous examinons également une sélection d’objets
emblématiques qui ont marqué la vie des générations récentes de
EQPUQOOCVGWTUEJCKUGGORKNCDNG%QNQODQOCEJKPG¼ECHÅ0GURTGUUQRCTHWO%JCPPGNPŒ|GVE0QWUGZRNQTQPUNGUPQWXGNNGUHTQPVKÄTGU
FWFGUKIPNCEQWTUGRQWTETÅGTNCXQKVWTGÅNGEVTKSWGFWHWVWTNoÅOGTgence du design industriel indien. Nous abordons le lien vital entre
design et durabilité en découvrant la nouvelle approche dite «cradle to
ETCFNG— SWK XKUG ¼ EQPEGXQKT FÄU NG FÅDWV FGU RTQFWKVU SWK RQWTTQPV
ÆVTGGPVKÄTGOGPVTGE[ENÅUGVTÅWVKNKUÅUCWVGTOGFGNGWTE[ENGFGXKG
Giles Keating,*GCFQH4GUGCTEJHQT2TKXCVG$CPMKPICPF#UUGV/CPCIGOGPV
Attention vous trouverez des informations importantes dans l’appendice sous ‡0otiƟcations—
.G%TGFKV5WKUUGGPVTGVKGPVFGUNKGPUFoCHHCKTGGVEJGTEJG¼GPPQWGTFGPQWXGCWZCXGENGUUQEKÅVÅUEQWXGTVGUFCPUUGU
TCRRQTVUFGTGEJGTEJG.GUKPXGUVKUUGWTUFGXTCKGPVFQPEÆVTGEQPUEKGPVUSWoWPEQPƠKVFoKPVÅTÆVCXGENC5QEKÅVÅFG
PCVWTG¼CHHGEVGTNoQDLGEVKXKVÅFGEGTCRRQTVRGWVGZKUVGT.GUKPXGUVKUUGWTUFGXTCKGPVEQPUKFÅTGTSWGEGTCRRQTVPoGUVSWoWP
FGUÅNÅOGPVUIWKFCPVNGWTFÅEKUKQPFoKPXGUVKUUGOGPV2QWTWPGFKUEWUUKQPUWTNGUTKUSWGUCHHÅTGPVUCWZRNCEGOGPVUFCPU
les titres mentionnés dans ce rapport, veuillez consulter ce lien Internet: https://research.credit-suisse.com/riskdisclosure
GLOBAL INVESTOR 1.12
—04
Pour un monde meilleur
Le design pour
tous
Partie intégrante de l’existence humaine, le design est l’alliance parfaite entre forme et fonction.
œUQPOGKNNGWTNGFGUKIPRGWVHCEKNKVGTGVGODGNNKTPQVTGXKG|¼UQPPKXGCWNGRNWUCODKVKGWZ
il peut même la changer. Depuis sa fondation, le Musée V&A est associé au design. Martin Roth
PQWUNKXTGUGUTÅƠGZKQPUUWTNoKORQTVCPEGGVNCRGTVKPGPEGFWFGUKIPEQOOGNoKNNWUVTGPVNGU
offres et riches collections du musée.ss
Martin Roth a été nommé directeur du Musée Victoria et Albert (V&A) en
septembre|2011. Auparavant, il était directeur général des Collections
nationales de Dresde (Staatliche Kunstsammlungen Dresden), supervisant
12|musées et galeries depuis 2001. Il a également dirigé les expositions
thématiques, les «Worldwide Projects» et les conférences «Global Dialogue»
lors de l’Exposition universelle de 2000 à Hanovre.
Illustration: Matthew Cook
Cet article en écoute sur la plate-forme d’information Global Investor:
www.credit-suisse.com/globalinvestor
GLOBAL INVESTOR 1.12
À sa fondation il y a plus de 150 ans, le V&A avait pour ambition d’être
une source d’inspiration pour les designers et producteurs contemporains – objectif tout aussi essentiel aujourd’hui puisque plus de 40%
de ses 3 millions de visiteurs annuels sont liés aux industries créatives.
L’essence du V&A repose toujours sur sa philosophie fondatrice
‡&GUKIPHQT#NN—GVNCEQPXKEVKQPSWoWPDQPFGUKIPRGWVEQPVTKDWGT¼
rendre le monde meilleur.
L’histoire de cette institution est cependant très complexe et l’idée
d’un engagement dans la pratique contemporaine n’a pas toujours
constitué une priorité. Dans les années 1860, alors connu sous le
nom de «South Kensington Museum», le V&A faisait figure de pionnier
GP VGPVCPV FoCVVKTGT WP RWDNKE RQRWNCKTG 2TGOKGT OWUÅG ¼ QWXTKT GP
soirée (mesure décrite comme «un puissant antidote contre les tripots»
par son fondateur Henry Cole), il se dota d’extraordinaires cafés
publics qui existent encore aujourd’hui – dont un aménagé par la
société de décoration de William Morris – pour attirer les visiteurs.
&GU OQWNCIGU FG RN¾VTG GV FGU RJQVQU ÅVCKGPV GZRQUÅU ¼ EÐVÅ FGU
QTKIKPCWZCHKPFoKPKVKGTNGRWDNKE¼NoJKUVQKTGFGNoCTVGVFWFGUKIP&GU
œuvres contemporaines étaient également acquises, que le musée
RQWXCKV OQPVTGT ¼ VKVTG FoGZGORNG TGRTÅUGPVCVKH XQKTG RCTHQKU GH
HTQ[CDNG.GURTKQTKVÅUQPVRGW¼RGWÅXQNWÅNGOWUÅGEGUUCPVFG
rassembler des objets de design contemporains pour devenir un téOQKP FW RCUUÅ &GU IÅPÅTCVKQPU FG EQPUGTXCVGWTU QPV EQPVTKDWÅ ¼
constituer l’une des plus extraordinaires collections au monde. En
EQPVKPWCPV¼ÅVWFKGTNGUITCPFUFGUKIPUFWRCUUÅPQVTGUQEKÅVÅFÅEQWXTG EG SWG NG FGUKIP RGWV TGEGNGT ¼ NoCXGPKT /CKU NGU PQWXGCWZ
médias, le numérique, les villes de demain sont autant d’aspects
CWUUKGUUGPVKGNURQWTEQORTGPFTGNGFGUKIP2CTXGPKT¼WPÅSWKNKDTG
entre ancien et nouveau est l’une des principales priorités du musée.
—05
UKVKQPGPVKÄTGOGPVEQPUCETÅG¼6JQOCU*GCVJGTYKEMEQPUKFÅTÅRCT
beaucoup comme le jeune designer le plus créatif et audacieux de
Grande-Bretagne repoussant les limites des concepts de design et
FoKPIÅPKGTKG&ÅƟCPVVQWVGECVÅIQTKUCVKQPUQPyWXTGCUUQEKGFGUKIP
sculpture, architecture, art et conception de produit. Sa Cathédrale
des Graines, étonnante pièce de design primée et pavillon du RoyaumeUni pour l’Exposition universelle de Shanghai (2010), était composée
de 60 000 tubes de plexiglas, chacun renfermant différentes graines
FGRNCPVGU¼UQPGZVTÅOKVÅ.GRCXKNNQPOGVVCKVGPXCNGWTNGVTCXCKNFGU
jardins botaniques royaux de Kew et leur banque de semences du
millénaire, capturant de manière très éloquente le thème des villes et
de la nature.
Concevoir le futur
Ces dernières années, le musée a réalisé que sa mission d’origine
nécessite davantage que des modèles de référence et exige un engagement direct. À cette fin, le V&AQHHTGWPGRNCVGHQTOG¼VQWUNGU
domaines créatifs – beaux-arts, produits industriels, architecture,
mode, artisanat, conception numérique, etc. Les différences entre
VQWVGU EGU FKUEKRNKPGU FQPPGPV NKGW ¼ FGU FÅDCVU RCUUKQPPÅU /CKU
nous nous sentons libres d’aborder les relations privilégiées entre
celles-ci, mettant en permanence l’accent sur l’importance de la créativité dans la vie quotidienne et la culture matérielle.
Le V&ACRRNKSWGWPGFÅƟPKVKQPÅNCTIKGFWFGUKIPSWKEQWXTGVQWU
les domaines de la vie, et explore son impact sur chaque aspect de
l’environnement humain. Le design change la manière dont les humains
interagissent avec un objet et peut en améliorer la fonction, l’utilisation,
NoCRRCTGPEG GV NG UVCVWV FG OÆOG SWoKN OQFKƟG PQVTG EQPEGRVKQP FW
OQPFGGVPQVTGOQFGFGXKG%GƟNTQWIGUGTGVTQWXGFCPUVQWVGUNGU
activités du musée: ses riches collections, expositions et installations,
Joyaux du passé et du présent
ses événements d’envergure, dont les célèbres et innovants Nocturnes
Conçu en 1933, le projet d’Henry Beck pour le métro londonien, dont FW XGPFTGFK CKPUK SWG FGU FÅƟNÅU FG OQFG GV FGU RTQITCOOGU FG
le V&A possède l’esquisse originale, a eu une influence majeure sur discussions et de conférences. Pratiqué par des professionnels ou des
le design. Un design intelligent peut avoir un énorme impact, comme COCVGWTUNGFGUKIPUoGUVCWƟNFGUQPJKUVQKTGUQWXGPVTÅXÅNÅWPOQ[GP
NoKNNWUVTGDTKNNCOOGPVEGRNCPSWKRGTOGVFGUGFKTKIGT¼VTCXGTUNCXKNNG FGTÅUQWFTGFGURTQDNÄOGUGVFoCRRQTVGTFGUTÅRQPUGUCWZFÅƟUFW
mais promeut également l’idée de Londres en tant que ville intégrée SWQVKFKGP TÐNG SWoKN CUUWOG GPEQTG CWLQWTFoJWK &G HCKV UQP EJCOR
IT¾EG¼UQPTÅUGCWFGVTCPURQTVUGVFQPPGOÆOGCWZWUCIGTU
DTK- d’application s’étend de l’échelon le plus local (p. ex. le réaménagement
tanniques et étrangers) un aperçu de la capitale. En conférant un d’intérieurs ou la personnalisation d’objets) au plus haut niveau (duraECTCEVÄTGXKUWGN¼FGUU[UVÄOGUKORGTUQPPGNUNGFGUKIPRGWVJWOC- bilité, sécurité et santé). En conséquence, notre idée, notre conception
niser le monde qui nous entoure.
et notre pratique du design évoluent et les nouvelles méthodes de
Conçu par Frank Lloyd Wright (1937) et faisant partie de la col- travail et de collaboration n’ont jamais été aussi importantes. L’année
lection, le bureau Kaufmann est un excellent exemple de design dernière par exemple, nous avons enregistré un nombre record de visimobilier visionnaire. Commandé par Edgar J. Kaufmann pour son teurs pour notre exposition «Power of Making» organisée en commun
grand magasin de Pittsburgh (États-Unis), le bureau lambrissé est le avec le Crafts Council, qui soulevait des questions sur la manière dont
QPRGWVEQPUQOOGTNGFGUKIPCEVKXGOGPVRNWVÐVSWGRCUUKXGOGPVGV
seul intérieur complet de Lloyd Wright en Europe.
Les Case Study Houses (1945–1966), maisons fonctionnelles et reposait sur la notion que le design est et peut être créé partout.
À son plus haut niveau, le design améliore notre mode de vie, peréconomiques conçues par des architectes de renom parmi lesquels
Richard Neutra, sont une expérience architecturale fascinante, tou- HGEVKQPPGWPGKFÅGQWWPHQTOCVGZKUVCPVGVOQFKƟGPQVTGHCÃQPFGXKXTG
LQWTU FoCEVWCNKVÅ FCPU WP OQPFG QÕ NoCEEÄU ¼ FGU NQIGOGPVU CDQT- rompant avec les structures préétablies et ouvrant de nouvelles possibilités. Actuellement, le design suscite l’engouement du public. Le V&A
dables reste un problème majeur.
Conçu par Dieter Rams pour Braun (1959), le TP1, premier tran- GUVCWEyWTFGEGVVGRTKUGFGEQPUEKGPEGGVXKUG¼EQPVKPWGT¼ÆVTGWPG
sistor/tourne-disque portable, exerce encore une influence sur les UQWTEGFoKPURKTCVKQPGUUGPVKGNNGRQWTNGUITCPFUFGUKIPGTUFWHWVWT Ɓ
produits d’aujourd’hui et a changé la manière dont nous considérons
et vivons les produits électroniques.
De l’aspirateur sans sac au ventilateur sans pales, les efforts de
James Dyson pour offrir des formes nouvelles, améliorées et plus
esthétiques aux objets de tous les jours présagent d’un futur merveil- Pour plus d’informations sur le sujet
NGWUGOGPVKPXGPVKHRQWTNGFGUKIPGVVÅOQKIPGPVFGUCECRCEKVżVTCPU- Ɩ
former l’industrie. Cet été, le V&A présentera la première grande expop 08
p 23
p 31
p 36
3 , 40 , 54 , 71
Le design fait vendre!
Le design (graphique)
s’appuie sur trois formes
géométriques – carré,
cercle et triangle – et
trois couleurs primaires –
rouge, bleu et jaune.
Des logos aux lampes en
passant par le mobilier,
les multiples formes et
nuances que nous voyons
dans tout ce qui nous
entoure sont sans exception dérivées de ces
éléments fondamentaux.
GLOBAL INVESTOR 1.12
F1RME, F10CTI10
ET FABULEU:
&GUUQORVWGWZVKUUWUFG9KNNKCO/QTTKUCWZEQPUVTWEVKQPUO[VJKSWGUFG(TCPM.NQ[F9TKIJV
FGNCOCEJKPG¼ÅETKTG1NKXGVVK‡8CNGPVKPG—¼NoK2JQPGFo#RRNGFGNoGZSWKUGGZWDÅTCPEGFGU
D KLQWZ8CP%NGGH#TRGNU¼NCHQPEVKQPPCNKVÅFÅEQPVTCEVÅGFWDNWGLGCPU 100 merveilleuses
raisons d’investir dans la créativité. Textes Greg A. Smith et Research Analysts du Credit Suisse
—07
02
Jeu de
lumière
01
Design
et survie
De la survie peut naître
le meilleur du design.
Il y a 100|ans, 1tto
«Rambo» Herzog, célèbre alpiniste allemand
soucieux de sécurité,
s’inspira du dispositif
piriforme utilisé par les
pompiers, en adaptant
le lien en acier et la
boucle à ouverture rapide pour l’alpinisme.
Lancé en 1910, son
mousqueton à ressort
révolutionnaire permettait aux alpinistes de
s’amarrer rapidement et
en toute sécurité
à des cordes. Les premiers mousquetons
étaient en acier, métal
résistant mais très
lourd. Durant la Seconde
Guerre mondiale, les
parachutistes utilisaient
des mousquetons en
acier pour ac crocher la
sangle d’ouver ture de
leur parachute à l’avion.
Aujourd’hui, les mousquetons sont faits d’aluminium|s moins
robuste que l’acier mais
doté d’un meilleur rapport résistance-poids|s
et sont d’une Ɵabilité
à toute épreuve si utilisés correctement.
L’usage des mousquetons est multiple
alpinisme et spéléologie,
construction, sauve-
tage, nettoyage de
vitres, etc. Équipés
d’écrous à ressort ou
d’une fermeture
vissée, ils font également ofƟce de
porte-clés pratiques.
Herzog était réellement
surnommé Rambo,
dérivé de l’allemand
«ramponieren» s bousiller s en référence
à ses heures passées
à expédier les problèmes. Le terme de mousqueton est issu de
«mousquet», une arme
à feu en usage du :Ve au
:VII e|siècle. La plupart
des fabricants de mousquetons sont aujourd’hui
des sociétés privées,
à l’exception de Black
Diamond, nationalisée
en 2010 suite à une
fusion et dont les ventes
totales atteignaient
145.5 mio.|USD en 2011.
Ingénieur automobile
spécialiste des systèmes
de suspensions pour
véhicules et bricoleur de
génie résidant à Bath
(Angleterre), George Carwardine inventa en
1932 un nouveau type
de ressort, facilement
étirable dans toutes les
directions mais conservant
une certaine rigidité une
HQKUGPRNCEG|sWPGFÅEQWverte fortuite. Mais que
faire avec? S’inspirant des
mouvements des membres humains, Car wardine
conçut une lampe
orientable à volonté, qu’il
breveta et dont il concéda
la licence au fabricant
de ressorts Herbert Terry
& Sons. La première
version industrielle de la
lampe vit le jour en 1934.
Convaincu que le marché
national recelait un
potentiel plus important,
Terry chargea Carwardine
de développer un modèle à
VTQKU|TGUUQTVU'P1935,
Terry lança la célèbre
lampe Anglepoise 1227,
FQVÅGFGVTQKU|TGUUQTVUGV
FoWPGDCUG¼VTQKU|PKXGCWZ
d’inspiration Art Déco.
Pour sa commercialisation, l’accent fut mis sur la
précision d’orientation de
NCNCORGGVNoGHƟECEKVÅ
énergétique en découlant.
La disposition de tous
NGUTGUUQTVU¼RTQZKOKVÅFG
la base constitue la
principale caractéristique
des brevets de Carwardine. Le design a été largement copié, certaines
versions utilisant un
contre poids au lieu de ressorts. Le mot «Anglepoise» devint une marque
déposée en 1947. Pour
célébrer le 75 e|C PPKXGTUC KTG
de la lampe, Anglepoise
Ltd. en a réédité le mo dèle
original 1227 en 2009.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—08
07
Elle va
avec tout
05
Saga de la Vespa
03
Vitrine du design anglais
.G‡EyWTEWNVWTGN—FG-GPUKPIVQPFGXKGPFTCDKGPVÐVNC
vitrine du design anglais moderne. Après avoir occupé les
NQECWZFW/WUÅGV&A, le Musée du Design de Londres
va retrouver son emplacement d’origine quitté en 1987. Il
ouvrira en 2014 dans l’ancien bâtiment de l’Institut du
Commonwealth, redessiné par l’architecte John Pawson.
Il sera ainsi proche du Musée des sciences, du Musée
d’Histoire Naturelle, du Royal College of Art et de la
Serpentine Gallery. C’est une alliance intéressante, note
Sir Terence Conran, fondateur du musée. Le V&A est
FÅFKÅCWZCTVUFÅEQTCVKHUVCPFKUSWG‡PQWUUQOOGUWP
musée de l’industrie.»
04
DalÉ et la Chupa Chups
.oJKUVQKTGFKVSWG5CNXCFQT&CNÉCUUKU¼NCVGTTCUUGFoWPECHÅCXGEUQPCOKNGEQPƟUGWT
Enric Bernat, qui peinait sur l’image de marque de sa sucette Chupa Chups, se mit à
dessiner frénétiquement et créa en une heure le célèbre logo rouge et jaune en forme
FGOCTIWGTKVG+NKPUKUVCRQWTSWGNGFGUUKPH×VRNCEÅUWTNGFGUUWUFWDQPDQPCƟP
de pouvoir être vu intact. C’était en 1969.&KZ|CPUCRTÄURNWUFG10 mrd de sucettes
ont été vendues à travers le monde. La société privée italienne Perfetti Van Melle,
aujourd’hui propriétaire de la marque, occupe le 3 e|TCPIOQPFKCNFCPUNGUGEVGWTFGNC
EQPƟUGTKG
CRTÄU-TCHV(QQFUGV/CTUCXGEFGUXGPVGUPGVVGUFG2.9 mrd USD.
Le «Donald Duck» n’a jamais passé la première, mais
la Vespa s petit scooter révolutionnaire lancé en
1946 s partit à la conquÆte de millions de personnes
dans le monde, sauvant une dynastie d’industriels
italiens du chaos de l’après-guerre. En 1945, Piaggio
& Co., fabricant d’avions italien, se retrouve soudain
avec 12 000|employés sans travail. L’économie est en
ruine. Enrico Piaggio constate l’existence d’une
demande pour un moyen de transport accessible au
plus grand nombre et a l’idée d’un petit deux-roues
au prix abordable. Le premier concept, maladroit et
surnommé «Paperino» s Donald Duck, ne convainc
pas Piaggio. Il fait alors appel au concepteur d’avions
Corradino D’Ascanio, qui crée une coque épurée
pour le moteur et place ce dernier sur la roue arrière,
supprimant la chaîne.
Milieu afƟné et arrière rebondi, le design rend l’engin facile à enjamber pour les hommes et les
femmes. En le découvrant, Piaggio, ravi, s’exclame
«Embra una vespa!» s 1n dirait une guÆpe! Les
ventes, qui stagnent jusqu’à ce que Piaggio introduise des paiements par traites, passent de
2500|unités en 1947 à plus de 60 000 en 1950, pour
s’envoler en 1952 à la sortie du Ɵlm «Vacances
Romaines», oÕ l’on voit Audrey Hepburn en amazone
sur la Vespa de Gregory Peck. Piaggio, génie
du marketing, encourage la création de clubs Vespa
dans le monde entier. Aujourd’hui, Piaggio & Co.
est le premier fabricant européen de deux-roues et le
quatrième fabricant mondial de motos en termes
de ventes unitaires. L’usine Piaggio en Inde a récemment annoncé son projet de doubler sa production
annuelle à 300 000|unités et de développer un moteur
spécialement conÃu pour le marché local.
06
Design
high-tech
Conçue en 1972 par le
designer allemand
Richard Sapper pour la
société italienne Artemide, la lampe Tizio est
devenue un emblème
du design high-tech.
Noire, angulaire et dotée
FGFGWZEQPVTGRQKFUKN
UWHƟVFGVKTGTQWFGRQWUser pour orienter la
NWOKÄTG0QWXGCWVÅ
l’utilisation d’une ampoule
halogène par Sapper.
Accessoire de base
dans le dressing
de toute femme, la
PR0|ou petite robe noire
va avec tout. Elle fut
créée par la créatrice de
mode franÃaise Gabrielle «Coco» Chanel
durant les Années
Folles, période oÕ les
femmes coupaient leurs
cheveux, raccourcissaient leurs robes et découvraient épaules,
dos et jambes. En 1926,
le magazine «Vogue»
mettait en vedette une
robe noire à longues
manches toute simple
dessinée par Chanel,
dont le design déƟait
l’association de cette
couleur avec le deuil.
Selon Vogue, la petite
robe noire était appelée
à devenir «une sorte
d’uniforme pour toutes
les femmes de go×t»,
abordable, polyvalent et
classique. D’autres
créateurs lui emboîtèrent le pas. La PR0
fut élevée au rang
d’icÐne en 1961, dans la
scène d’ouverture du
Ɵlm «Petit Déjeuner
chez Tiffany», oÕ Audrey
Hepburn apparaissait
parée d’un long portecigarette, d’un collier en
diamants, d’un diadème|s et d’une petite
robe noire signée
Givenchy, vendue aux
enchères en 2006
pour un montant record
de 410 000|GBP.
GLOBAL INVESTOR 1.12
09
Plus d’un
million de
connexions
08
Viser la
lune
Certaines choses nous
laissent simplement
sans voix. Moon Fragments, deux étonnants
Ơacons de parfum en
cristal conÃus par le designer japonais Tokujin
;oshioka, ont fait sensation lors de l’exposition
Cartier dirigée par
l’artiste en 2009 au Musée national de Tokyo.
Symbolisant l’avenir du
joailler franÃais, les
œuvres se distinguent
tant par leur beauté
extérieure que par leur
contenu un solitaire
reposant sur un lit de
parfum, créé spécialement pour Cartier.
;oshioka décrit sa vision
en ces termes «Un
diamant, étincelant à
l’intérieur du Ơacon
lui-mÆme d’une transparence lunaire, confère
une poignante fragrance
à la mémoire de Cartier.
J’espère que l’histoire
de Cartier, la mémoire
des spectateurs et
l’univers imaginaire suggéré resteront, avec
ce parfum, gravés dans
les esprits.» Cartier
appartient au groupe de
luxe suisse Richemont,
qui a déclaré des ventes
totales de 3.5 mrd|EUR
en 2011 pour ses
maisons de joaillerie.
En 1999, après avoir
achevé ses études
à Genève et Munich, la
designer suisse Tina
Roth Eisenberg est partie
RQWTWPUVCIGFGVTQKU|
OQKU¼0GY;QTMRQWTPG
plus en repartir. Elle
a travaillé au sein de plusieurs sociétés de
FGUKIPPGY[QTMCKUGU
avant d’ouvrir son propre
cabinet, puis a lancé
en 2005 un site web
qu’elle considérait comme
des archives visuelles
personnelles. Aujourd’hui,
SwissMiss, son «blog/
studio de design», est l’un
des sites Internet
dédiés au design les plus
KPƠWGPVUGVCVVKTGRNWU
d’un million de visiteurs
chaque mois.
N’acceptant plus de
clients, elle s’est engagée
dans d’autres activités,
dont une série de petits
déjeuners/conférence
OGPUWGNU5GUJWKV|
EQPUGKNUCWZLGWPGUFGUKIPGTUVTQWXG\EGSWG
vous aimez; ne vous plaignez pas; suivez votre
intuition; saisissez toute
opportunité qui vous
effraie; trouvez des per-
sonnes du même avis
que vous; collaborez; ignoTG\NGUGPXKGWZKPURKTG\
les autres. Ses idées rencontrent un large écho
et suscitent des discussions animées. Son
blog est considéré comme
incontournable par de
nombreuses personnes,
tant au sein qu’en
dehors de la communauté
du design. Lors du
dernier recensement économique américain de
2010, la communauté des
services spécialisés
de design était évaluée à
16.1OTF|USD (contre
20.5|OTF|USD en 2007).
www.swiss-miss.com
etrouvez ce que vous
aimez ne vous plaignez
pas suivez votre intuition
saisissez toute opportunité qui vous effraie
trouvez des personnes du
mÆme avis que vous
collaborez ignorez les
envieux inspirez les autres.
10
Un rÆve pour
l’humanité
Le nom de R. Buckminster Fuller évoque
immédiatement le
dÐme géodésique, structure la plus résistante
et économique jamais
conÃue. En 1954, Fuller
a obtenu le brevet du
dÐme|s parfaite illustration de sa philosophie
d’en faire «plus avec
moins» et dont il rÆvait
qu’il logerait un jour
l’humanité. Pionnier de
la pensée globale, on
lui doit des termes tels
«synergétique» ou
«vaisseau terre». Accla-
—09
mé comme l’un des
plus grands esprits de
notre temps, il exerce
toujours une inƠuence
cons tante sur des
générations de designers, architectes,
scientiƟques et artistes
engagés en faveur
d’une planète durable.
Parmi les dÐmes
emblématiques inspirés
des idées de Fuller,
le Vaisseau Terre
d’Epcot à Disney World
(propriété de Walt
Disney Company) en
Floride et la Bio sphère de Montréal,
construite pour l’Exposition universelle de
1967 et aujourd’hui musée dédié à l’environnement. De son vivant,
Fuller déposa 28|brevets, écrivit 28|livres et
reÃut 47|titres honoriƟques. L’Institut Fuller
offre tous les ans un
prix de 100 000 USD
pour résoudre les problèmes de l’humanité.
11
Fini
la casse
Le défi était de taille
trouver un moyen de
contenir un contenant
parfait créé par la
nature. Le Canadien Joseph Coyle, rédacteur
en chef d’un journal à
Smithers (Colombie-Britannique), l’a relevé
avec brio. En 1911, Coyle
fut témoin d’un dif férend
entre le gérant d’un
hÐtel voisin et un agriculteur local, dont
les yufs étaient souvent
livrés cassés. œ l’aide
de papier pressé, Coyle
fabriqua une boîte
permettant de conditionner séparément les
yufs. Brevetées en 1918,
les boîtes à yufs Coyle
furent fabriquées à
Chicago, 0ew ;ork et
Pittsburgh et distribuées
dans le monde entier.
En 1903, l’Américain
Martin L. Keyes avait
déposé le brevet de la
première machine
de moulage de cellulose
pour la fabrication
d’assiettes en papier.
Grâce à sa capacité
d’absorber les chocs,
la Ɵbre moulée fut
utilisée pour stocker et
trans porter des yufs
en 1931. La boîte à yufs
fut Ɵnalisée dans les
années 1960, par l’ajout
d’un couvercle et d’un
fermoir.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—10
12
0ouveaux
jardins
suspendus
Splendides et écologiques, les jardins verticaux Ơeurissent dans
le monde entier grâce
à Patrick Blanc, botaniste franÃais féru d’architecture. Blanc a
breveté en 1988 son
concept de mur végétal,
un jardin vertical qui
se développe hors sol
sur un cadre métallique,
une plaque de PVC et
du feutre non biodégradable. Un réseau de
tuyaux contrÐlé par
des vannes apporte l’eau
et les nutriments aux
racines par action capillaire du feutre. Le système permet de cultiver
cÐte à cÐte des espèces
végétales présentant
des besoins très différents. Légère, la
construction peut Ætre
Ɵxée à des murs porteurs extérieurs et intérieurs. Parmi les projets
les plus connus de
Blanc le Musée du quai
Branly, réalisé en
collaboration avec l’architecte franÃais Jean
0ouvel, ou encore le mur
végétal à l’entrée de
la galerie d’art madrilène
CaixaForum, conÃu en
association avec les
architectes suisses Herzog & de Meuron. Blanc
et 0ouvel travaillent
actuellement sur le complexe de gratte-ciel
1ne Central Park (développé par le Groupe
Fraser and 0eave basé à
Singapour) à Sydney
(Australie). Les réalisations de Blanc font des
émules dans le monde
entier. Au-delà de leur
beauté, les murs végétaux rafraichissent les
bâtiments en été et les
réchauffent en hiver.
Associés à des toitures
végétales et parcs dédiés, ils retiennent l’humidité et réduisent l’effet
d’îlot de chaleur urbain.
13
Coccinelle de légende
Le 30|LWKNNGV|2003, soit près de 70|CPU|CRTÄUNG
lancement de la production, la dernière des 21 529 464
EQEEKPGNNGUGUVUQTVKGFGNCEJCÊPGFGNoWUKPG8QNMUYCIGP
FG2WGDNCCW/GZKSWG#NNKÅU¼UCTÅRWVCVKQP
FoÅEQPQOKGGVFGƟCDKNKVÅUCHQTOGGODNÅOCVKSWGUQP
charme et son caractère ont en fait l’une des voitures
NGURNWURQRWNCKTGUFGNoJKUVQKTGsGVFW6[RGNGOQFÄNG
le plus produit. La coccinelle a été ressuscitée à
FGWZ|TGRTKUGUGPVCPVSWG0GY$GGVNGRTQFWKVGGPVTG
1998 et 2010, et aujourd’hui sous le nom de «Beetle
du XXI e|UKÄENG—.CXQKVWTGCEGRGPFCPVRGTFWFGRWKU
NQPIVGORUUQPUVCVWVFG8QNMUYCIGPNCRNWUXGPFWG
CWRTQƟVFGNC)QNHCWFGUKIPRNWUITCPFRWDNKE Reto Hess
Production mondiale de coccinelles VW
5QWTEGFQPPÅGUFW)TQWRG8QNMUYCIGP
1 500 000
750 000
0
1945
1960
1975
1990
2002
15
Casse-tÆte
design
14
Doux parfum
du succès
Mystérieux, extravagant,
intime, royal, piquant|s
le tout dans l’un des
Ơacons les plus emblématiques au monde,
lui-mÆme niché dans un
écrin des plus identiƟables. Quelle que soit
l’histoire de ses origines|s et elles sont nombreuses!|s Chanel nŒ|5
reste le parfum le plus
convoité sur le marché,
avec un Ơacon vendu
toutes les 30|secondes
dans le monde. Et l’on
doit tout cela à l’indomptable Gabrielle «Coco»
Chanel, partie de rien
pour arriver au sommet
de la haute couture.
En 1921, Chanel demanda au parfumeur
parisien Ernest Beaux de
créer une fragrance qui
«sent comme un femme
et non une Ơeur». Il
créa un nouveau type de
parfum, le premier à
contenir des aldéhydes,
produits de synthèse
à l’odeur plaisante. Chanel le nomma nŒ|5, son
chiffre porte-bonheur, et
en dessina elle-mÆme
l’écrin au design épuré
et rectangulaire.
Lancé en 1923, le Ơacon
occupe aujourd’hui
une place d’honneur au
Musée d’Art Moderne
de 0ew ;ork.
Lorsqu’il inventa son cube
magique en 1974, le
professeur d’architecture
FG$WFCRGUV'TPQ4WDKM
tentait simplement de résoudre un problème de
design lié au mouvement
tridimensionnel. Ses
étudiants adorèrent sa solution, tout comme ses
amis. S’en suivit une succession d’événements
RCUUCPVRCTNC(QKTGFW
Jouet de Nuremberg puis
Londres, pour aboutir à
0GY;QTMQÕWPCEEQTF
fut négocié avec Ideal Toy.
4GPQOOÅ4WDKMoU%WDG
NGRW\\NG¼UKZEQWNGWTU
avec «une seule solution et
43|SWKPVKNNKQPUFGEQODKPCKUQPU—HWVNCPEÅCWZ
États-Unis en 1980 par
l’actrice hongroise
Zsa Zsa Gabor.
Vendu à près de
100|OKNNKQPUFoGZGORNCKTGU
NGUFGWZ|CPPÅGUUWKXCPVGU
le cube suscita un tel
engouement qu’on estime
qu’un cinquième de la
population mondiale l’a eu
GPVTGNGUOCKPU+NƟVFG
4WDKMNGRTGOKGTUGNHOCFG
millionnaire du bloc communiste. Aujourd’hui,
après plus de 350|OKNNKQPU
d’unités écoulées, le RuDKMoU%WDGTGUVGNGRW\\NG
le plus vendu de tous les
temps. L’Association Mondiale du Cube organise
régulièrement des concours de vitesse et établit
des classements dans
le monde entier (voir graphique ci-dessous).
Record de vitesse Rubik’s Cube
5.66
secondes
Minimum de manipulations
pour reconstituer un Rubik’s
Cube
22
manipulations
Plus grand nombre de Rubik’s
Cubes résolus en 1|heure
185
cubes
Plus petit Rubik’s Cube
10
mm 3
5QWTEG)WKPPGUU9QTNF4GEQTFU9%#
16
Bus rouge
vif londoniens
Un coup d’œil et vous Ætes à
Londres. Le vénérable Routemaster s bus à impériale rouge
avec son escalier à l’arrière|s
est sans nul doute le véhicule
le plus identifiable au monde.
Lancé par London Transport en
1956, le bus légendaire construit par Associated Equipment
Company est un modèle de
design robuste et fonctionnel.
La plateforme arrière
ouverte facilitait les montées
et descentes aux arrÆts
et la présence d’un contrÐleur
réduisait le temps d’embarquement et renforÃait la sécurité. En service jusqu’en
2005, seuls 2876|bus|s dont
1280 existent encore|s
ont été construits à un co×t
unitaire de 190 000 GBP. Depuis
début 2012, un nouveau
Routemaster à plancher surbaissé de 1.4 mio.|GBP,
conÃu par Heatherwick Studio
et construit par Wrightbus
(Irlande du 0ord), circule dans
les rues de la capitale.
12
19
GLOBAL INVESTOR 1.12
Production d’alumine, 2011
5QWTEG+PUVKVWVKPVGTPCVKQPCNFGNoCNWOKPKWO
Afrique
1céanie
Europe
occidentale
Amérique
du 0ord
Amérique
du Sud
Asie
Europe centrale
et orientale
17
Changer la
face du monde
Il y a 130|ans, l’aluminium était un métal
«exotique», si difƟcile
à isoler que son usage
était essentiellement
réservé à la joaillerie. En
1886, le chimiste
américain Charles Martin
Hall Ɵt passer un
courant électrique dans
une préparation de
métal et transforma ainsi
l’un des éléments
terrestres les plus communs en métal du
futur. Résistant, durable,
Ơexible, léger, ne rouillant pas et entièrement
recyclable, l’aluminium
contribua à faÃonner
le ::e|siècle, modiƟant
notre faÃon de construire, de voyager, de
travailler et de jouer.
Il fut source de créativité
et d’innovation dans
toutes les branches
de l’industrie, de
l’ameu ble ment, l’architecture, la mode et
les transports jusqu’à
l’avant-garde.
Ses applications sont
quasi-universelles
des vieilles casseroles
de votre grand-mère
au châssis de votre nouvelle Audi, en passant
par les chaises Eames.
Champion de l’utilitaire,
l’aluminium peut aussi
Ætre un modèle d’esthétique, comme l’illustrent les courbes d’une
remorque Airstream.
Moteur de l’industrie
(40 mrd|USD par an aux
États-Unis), il mérite
également une reconnaissance artistique.
Et Charles Martin
Hall! En 1889, armé de
son brevet pour le
procédé d’électrolyse
et soutenu par un petit
cercle d’investisseurs,
il créa une société, qui
fut renommée Aluminum
Company of America
en 1907. Aujourd’hui,
Alcoa est le second
fabricant mondial d’aluminium, précédé de
Rusal et suivi d’Alcan. En
2011, la production totale d’alumine (matériau
de base de l’aluminium)
atteignait 58|millions de
tonnes métriques.
18
Fabuleuse renaissance
Après un incendie dévastateur en 1981, le fabricant de
OGWDNGU8KVTCFÅEKFGFGHCKTGFGUQPECORWUFG9GKN
am-Rhein (Allemagne) un monument dédié à l’architecture industrielle contemporaine. Il fait appel à l’élite des
CTEJKVGEVGUKPVGTPCVKQPCWZRCTOKNGUSWGNU6CFCQ#PFQ
#NXKTQ5K\C0KEJQNCU)TKOUJCYGV(TCPM)GJT[#EJGXÅG
en 1993, la caserne de pompiers du campus conçue
par Zaha Hadid lui permet de faire connaître son nom et
UQPUV[NGsCNNKCPEGFGRQN[IQPGUGVFGHQTOGUVTKCPIWlaires. Le célèbre bâtiment à la pointe triangulaire a
depuis été reconverti en musée consacré à la chaise Vitra.
19
Expresso,
comme au café
L’Italie pendant la dépression semble un
cadre évident pour concevoir l’une des cafetières les plus vendues
au monde. Le gouvernement fasciste s’évertuait alors à faire de
l’aluminium le métal national. Servi principalement dans des cafés fréquentés par
les hommes, le café
était une boisson nationale que la situation
économique rendait difƟcilement abordable
en dehors de chez soi.
En 1933, Alfonso
Bialetti mit au point la
Moka Express, première
cafetière expresso à
pression de vapeur en
aluminium, dont il eut
l’idée en observant des
femmes faisant la
lessive les lessiveuses
étaient dotées d’une
conduite centrale, qui
aspirait l’eau chaude
savonneuse pour la redistribuer dans le linge.
Après de nombreux
prototypes, la Moka
Express s la machine
qui fait «un expresso
maison semblable à celui d’un café» s était
née. Bialetti afƟrme en
avoir vendu plus de
250|millions d’exemplaires depuis les
années 1950. 90% des
foyers italiens en
possèdent une. Élue
cinquième meilleur
design industriel italien
du ::e|siècle et
emblème du design, la
Moka Express est
ex posée au Musée d’Art
Moderne de 0ew
;ork et au Musée des
Sciences de Londres.
Mais les go×ts évoluent
et Bialetti a récemment
subi la concurrence
des machines à café
portionné comme
la 0espresso de 0estlé.
Cours de l’action Bialetti
5QWTEG$QTUC+VCNKCPC
2.5 EUR
0.25 EUR
2007
2012
—13
22
20
Lunettes
de star
E-1027
Pionnière du modernisme dans le design, Eileen Gray
commence en 1924 les travaux de sa résidence de
vacances E-1027, véritable vitrine de l’architecture et
du mobilier modernes surplombant la Riviera franÃaise, qu’elle occupera avec l’architecte Jean Badovici. Gray en conÃoit également les meubles, dont
la célèbre table de chevet en acier chromé tubulaire
surmontée d’un plateau en verre. Toujours produits
par Aram (Londres) qui en détient les droits, la chaise
et d’autres designs de Gray sont exposés au Musée
d’Art Moderne de 0ew ;ork. Le nom E-1027 est un
code composé des initiales des architectes, illustrant
la nature collaborative du projet.
21
Un livre, une
couverture
1TCPIGRQWTNCƟEVKQPXGTV
pour les romans policiers,
bleu pour les biographies
GVTQWIGRQWTNoCXGPVWTG|s
les livres de la maison
d’édition Penguin fondée
en 1935 étaient aisément
KFGPVKƟCDNGU¼NGWTEQW
verture. La grille à code
couleur constituait un
design unique refusant les
illustrations tape-à-l’œil
de la concurrence et établit
immédiatement la marque.
œNoQTKIKPGFG2GPIWKP
Allen Lane, directeur de
maison d’édition souhai-
tant offrir au plus grand
nombre accès à des livres
FGSWCNKVżDCURTKZ
dans les stations de méVTQDWTGCWZFGV CDCE
et chaînes de magasin, et
non uniquement dans
les librairies traditionnelles.
À Lane qui souhaitait
un logo «décent mais léger» pour son nouveau
label, sa secrétaire suggéra un pingouin. Et la
conception des livres fut
changée à jamais. La révolution du livre de poche
ÅVCKVGPOCTEJGGV|CPU
plus tard, Penguin reste
l’une des marques les plus
reconnaissables au
monde. Penguin Group
est détenu par Pearson
PLC, dont 12% des ventes
pour 2011
|OTF|GBP)
proviennent des livres
ÅNGEVTQPKSWGUsSWK
comble de l’ironie, n’ont
pas de couverture.
Essence mÆme de la
mode, les Ray-Ban Wayfarers ont connu
le succès à différentes
époques, ne cessant
de revenir sur le devant
de la scène. Lancées
en 1952, les lunettes du
designer optique américain Raymond Stegeman avaient une forme
radicalement nouvelle,
«rivalisant avec la chaise
Eames et les ailerons
de la Cadillac», selon un
critique. BénéƟciant
d’une nouvelle technique
de moulage du plastique,
les Wayfarers connurent
un succès immédiat
et devinrent les lunettes
du tout Hollywood et
d’autres stars.
Après une phase
d’oubli, elles revinrent en
force, portées par les
Blues Brothers dans le
Ɵlm de 1980. Ray-Ban
(aujourd’hui détenu par
le groupe italien Luxottica, leader mondial des
lunettes haut de gamme)
conclut un accord de
placement de produit
avec Hollywood en 1982.
Après que Tom Cruise
les a portées dans «Risky Business», les ventes
s’envolèrent à 350 000
exemplaires, pour
atteindre 1.5|mio. en
1986. Ces dernières
années, Katy Perry et la
série «Twilight», sous
l’inƠuence de Lionsgate,
les ont fait redécouvrir
à la jeunesse.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—14
23
Briques de construction
créatives
24
Qui eût cru qu’une petite brique de
plastique contribuerait à bâtir le monde
OQFGTPG!,GWZFGEQPUVTWEVKQP
Musique
omniprésent, LEGO a stimulé la créa- et design
VKXKVÅFGPQODTGWZFGUKIPGTUCTEJKtectes et développeurs à travers
le monde. Son design simple mais
)TQWRGFGTQEMRCTOK
KPIÅPKGWZGUVFGOGWTÅKPEJCPIÅ
NGURNWUKPƠWGPVUFGUQP
durant plus de 50|CPU.CUCICLEGO ÅRQSWGNGU6CNMKPI
Heads oscillaient entre
débute en 1932 dans le village de
RWPMGVCTVTQEMRGT$KNNWPF
&CPGOCTMNQTUSWo1NG-KTM
formance-art, repoussant
les limites bien plus loin
Christiansen crée une fabrique de
que la plupart des autres
jouets en bois, qu’il nomme à partir du groupes de new wave.
FCPQKU‡NGIIQFV—UKIPKƟCPV‡LQWGDKGP— Trois des quatre membres
d’ori gine, dont le leader
La société dépose plusieurs
iconoclaste David Byrne,
brevets pour ses concepts de briques se sont rencontrés à
la Rhode Island School
de construction, mais le jouet ne
QH&GUKIPKPƠWGPEG
connaît le succès qu’après l’introduc- perceptible dans leur
musique, leurs clips innotion de la brique en plastique en
vants et les chorégra 1958, plus polyvalente et facilitant
phies minimalistes de leurs
l’assemblage. Aujourd’hui, les briques shows. Avant-gardistes
GVEQPVTQXGTUÅUKNUQPV|s
revêtent 2400|HQTOGUFKHHÅTGPVGUGV
comme tout bon design
HQPEVKQPPGN|sFWTÅ
sont accompagnées d’accessoires
4GXQ[QPUNGƟNO
tels que moteurs, blocs piles, entraîEQPEGTV‡5VQR/CMKPI
Sense» réalisé par Jonanements, lumières, capteurs et
than Demme en 1984.
caméras. Quatrième fabricant de
Ou réécoutons le refrain
de leur chanson de 1979
jouets mondial après Mattel, Namco
‡.KHG&WTKPI9CTVKOG—s
Bandai et Hasbro, LEGO a vu ses
«this ain’t no party, this
ventes progresser de 11% en 2011
ain’t no disco, this ain’t no
HQQNKPICTQWPF—sGP
(3.495|OTF|USD).
0ombre moyen de briques LEG1 par personne
à l’échelle mondiale
80
briques LEG1
Production mondiale d’éléments LEG1 en 2011
36
milliards
0ombre de membres du Club LEG1 à l’échelle mondiale
4.2
millions
0ombre de tours de la terre que pourraient faire toutes les
briques LEG1 vendues en 2011 mises bout à bout
16
fois
5QWTEG.GIQ)TQWR
cette période de révoltes,
les paroles sont toujours
aussi retentissantes
qu’à l’époque. L’industrie
de la musique a évolué.
En janvier, les ventes numériques ont dépassé
les ventes physiques, pour
des ventes globales se
chiffrant à 16.6|OTF|USD,
soit 3% de moins qu’en
2011. Les anciens fournisUGWTUFGOWUKSWGs
aujourd’hui réduits à
Universal Music Group,
Sony Music EnterVCKPOGPV9CTPGT/WUKE
)TQWRGV'/+)TQWRs
sont toujours en cours de
consolidation et les
PQWXGCWZHQWTPKUUGWTU
de musique numérique,
tels Apple iTunes
et Spotify, offrent d’alléchantes possibilités,
mais constituent
un modèle commercial
naissant.
25
Imagination supersonique
Durant 27|ans summum du luxe à l’ère spatiale|s tout le monde voulait voler à bord
du Concorde. Le premier avion commercial
supersonique au monde était une merveille
de design, reconnaissable à son fuselage effilé,
ses ailes delta et son nez pointu. Malheureusement, l’appareil extrÆmement co×teux
n’était pas rentable à la fin de sa carrière,
le prix des billets transatlantiques s’était
envolé à plus de 11 000|USD. Projet commun
d’Aérospatiale et de British Aircraft Corporation, le Concorde s qui signifie harmonie
ou union s a été construit à seulement 20|exemplaires d’un prix unitaire de 23|mio.|GBP.
De 1976 à 2003, 14|appareils assuraient des
vols réguliers entre Londres/Paris et 0ew ;ork/
Washington en deux fois moins de temps
que les autres avions.
Sa vitesse de croisière atteignait 2145|km/h
(Mach 2.02), pour une altitude de croisière
d’environ 17|000|m. Son nez basculant lui
conférait un aérodynamisme optimal et offrait
une meilleure visibilité au décollage et à
l’at terrissage. Le 26|octobre|2003, le Concorde
a effectué son dernier vol transatlantique
entre 0ew ;ork et l’aéroport d’Heathrow, les
compagnies Air France et British Airways
invoquant comme motifs sa chute de popularité
après le crash du vol Air France 4590 et
la hausse des co×ts. Devenue trop âgée, la
merveille de la technique des années 1970
n’était plus économiquement viable.
GLOBAL INVESTOR 1.12
Haute couture
Une nouvelle
mode
Illustration: Matthew Cook
Issey Miyake est l’un des stylistes les plus
innovants du monde. Ses créations
allient concepts culturels orientaux et
technologie de pointe. L’historienne
de la mode Valerie Steele analyse l’impact
du créateur, premier des trois «piliers»
de la révolution de la mode japonaise, et la
sensation produite par ses vêtements.
Valerie Steele a d’abord arrêté ses études avant d’y revenir et
d’obtenir un doctorat à l’Université de Yale, où elle étudiait l’histoire
de la mode. Elle a ensuite enseigné pendant onze|ans, écrit une
vingtaine de livres et lancé le magazine Fashion Theory. Depuis
1997, elle est conservateur en chef du musée du Fashion Institute
of Technology (FIT) et directrice permanente (après avoir été
directrice adjointe) du musée.
—15
J’ai découvert les créations d’Issey Miyake au début des années 1980.
Je me souviens ainsi de la couverture du magazine Artforum sur laquelle un mannequin portait un bustier en osier du créateur, comme
une armure de samouraï. Les marques Comme des Garçons et Yohji
Yamamoto apparaissaient également. Dès 1985, j’ai enseigné l’histoire
de la mode au Fashion Institute of Technology (FIT) de New York. Le
musée de l’école comportait une belle collection de Miyake et dans
mes cours, j’ai traité l’influence de la révolution de la mode japonaise.
Miyake est un pionnier qui a tenté de créer une mode d’un genre
nouveau, entre Orient et Occident. Il s’intéressait beaucoup aux costumes traditionnels japonais et aux vêtements de travail, comme les
artistes contemporains férus d’artisanat japonais. Il s’est inspiré de
ces costumes pour créer des vêtements vaporeux en utilisant des
tissus indigo souvent teints à la main.
Jusqu’à la fin des années 1980, cette mode révolutionnaire japonaise est restée assez incomprise en Occident, où elle semblait
étrange et démesurée. Les vêtements de Miyake ont toutefois été
acceptés plus tôt que ceux de Comme des Garçons et Yohji Yamamoto, probablement parce qu’ils semblaient plus discrets. En 1984,
enceinte, j’ai porté des vêtements de sa collection moins exclusive,
Miyake Plantation, parce que j’étais énorme. Une autre de ses collections plus abordables, Pleats Please, a fait suffisamment de bruit
pour faire l’objet d’un dessin dans le magazine The New Yorker.
Dans les années 1990, Miyake lance son concept A-POC (A Piece
of Cloth, une seule pièce d’étoffe) et organise plusieurs défilés importants. L’un d’entre eux, un spectacle extraordinaire dans une galerie
d’art à New York en écho à un défilé organisé à Paris pour la Fondation Cartier, présente les vêtements pendant du plafond, pour qu’ils
bougent avec fluidité. Il commence aussi à collaborer avec divers
créateurs; l’artiste contemporain Yasumasa Morimura propose ainsi
une œuvre basée sur la toile d’Ingres «La Source», que Miyake a
imprimée sur l’avant d’une robe Pleats Please. Lors d’un spectacle,
Cai Guo-Qiang pose un tissu Pleats Please au sol, lui donne une
forme de dragon, le saupoudre de poudre à canon et l’enflamme.
Miyake travaille ensuite avec le photographe Araki Nobuyoshi, avant
de s’éloigner du design pour s’adonner à d’autres activités comme
21_21 Design Sight, son musée d’art au Japon. Mais son équipe
continue de créer une mode très avant-gardiste, explorant notamment
les technologies textiles et les liens entre robotique et vêtements.
En 2011, j’ai organisé au FIT l’exposition «Japan Fashion Now».
0QODTGFoCƟEKQPCFQUQPVÅVÅUWTRTKUFGNoKORCEVVTÄUKORQTVCPVFGNC
révolution de la mode nipponne dans les années 1980, dont Miyake a
été l’un des trois piliers, avec Rei Kawakubo et Yamamoto. Tout cela
est très bien, ai-je envie de dire, c’était hier, et j’ai moi aussi adoré.
Mais aujourd’hui? À mon avis, la contribution durable de Miyake aura
été la création d’un genre de vêtements différents, en termes de proRQTVKQPUGVFGTGNCVKQPCXGENGEQTRU&GRWKUNCƟPFGNoGORKTGTQOCKP
les vêtements en Occident ont toujours été ajustés au corps ou drapés
autour. Mais ailleurs, il s’agissait plutôt de grands rectangles de tissus
enroulés et noués. Miyake n’a pas simplement copié une forme de
kimono ou de sarong, il a utilisé la sensation produite par le tissu
enveloppant le corps pour créer un vêtement adapté à notre monde
moderne. Dès lors, c’est le corps qui pouvait bouger à l’intérieur du
XÆVGOGPVGVPQPEGFGTPKGTSWKUWKXCKVNGUOQWXGOGPVUFWEQTRU Ɓ
Pour plus d’informations sur le sujet
Ɩ
39 , 85 , 91
p 23
p 45
p 47
GLOBAL INVESTOR 1.12
—16
Mobilier
Élégance et
majesté
Liu Gang a étudié la gestion de la culture à l’Université Fudan de Shanghai.
En 1995 , il a rejoint le Département des arts et de l’artisanat du Musée
de Shanghai en tant que chercheur en mobilier classique. En 1999, après de
hautes études en calligraphie et peinture chinoise à l’Université normale
de Shanghai, il est devenu professeur adjoint au musée et est actuellement
professeur agrégé. Il est l’auteur d’un traité sur l’art du verre étranger et
rédige actuellement un ouvrage sur les collections de mobilier Ming et Qing
au musée de Shanghai.
Illustration: Matthew Cook
Avant les années 40, le mobilier des dynasties Ming et Qing était peu connu en dehors de la Chine
et généralement peu apprécié. La publication des premiers livres sur le sujet, l’exode des
étrangers après 1949 et, de manière plus frappante, l’ouverture de la Chine à l’Occident dans
les années 80, ont marqué un tournant. Le nouveau musée de Shanghai, un imposant
bâtiment en forme de chaudron sur la Place du peuple, conçu par l’architecte local Xing Tonghe,
contient l’une des plus belles collections de meubles chinois classiques.
GLOBAL INVESTOR 1.12
La notion de «design» associée au mobilier chinois est une énigme.
Aucun texte historique ne renferme de terme correspondant précisément à ce que nous entendons par design. En outre, chaque pratique
de design a son propre langage. Étudiant, j’ai appris la calligraphie
dans le cadre de ma formation en arts et artisanat. Chaque jour,
lorsque je prenais ma plume, j’avais l’impression de répondre à un
langage stylistique ancien qui me paraissait commun aux formes que
je représentais et au mobilier étudié à l’Université. J’ai alors commencé à m’intéresser à l’architecture et aux jardins contenant du
mobilier. Ces différentes formes expriment toutes la même sensibilité esthétique. Elles partagent une même âme.
L’industrie du mobilier a atteint l’excellence vers la fin de la dynastie Ming (1368–1644) grâce notamment à la levée d’une interdiction
du commerce en 1567 qui a permis d’importer d’Asie du Sud-Est des
bois durs tropicaux, tels que le Zitan et le Huanghuali et, par conséquent, de renforcer l’élégance et l’ingéniosité des créations. Les
meubles n’avaient pas besoin d’être épais pour être solides, ce qui
permettait de façonner des courbes parfaites et des formes et des
lignes plus gracieuses. La texture, la couleur et l’éclat des bois durs
apportaient une décoration naturelle.
Les créateurs accordaient un énorme intérêt aux nœuds dus aux
défauts du bois. Les amas de cercles concentriques irréguliers de
couleur foncée étaient les plus rares et donc les plus précieux. Les
nœuds les plus intéressants figuraient sur les parties visibles des
meubles. La hausse des prix des matières premières à la fin de la
dynastie Ming et la construction de jardins et manoirs ont contribué
à la hausse de la demande de mobilier coûteux en bois dur.
L’art du geste
Les goûts esthétiques des intellectuels constituaient la principale
tendance de la Chine antique. Outre la calligraphie qui était de ri gueur,
ces gens de lettres s’adonnaient aussi à la peinture. Certains ont
même conçu et pratiqué l’artisanat quotidien, tel que la fabrication
de mobilier, le jardinage, la sculpture sur bambou et la broderie. Ces
activités ont atteint leur apogée à la fin de la dynastie Ming et au
début de la dynastie Qing (jusqu’à 1735). Les spécialistes s’accordent
pour dire que la spécificité des caractères chinois et leur représentation écrite ont jeté les bases de l’esthétisme de tous les arts industriels en Chine. Ils sont intrinsèquement liés, de la même manière que
le croquis forme la base des arts plastiques occidentaux.
Simplicité et complexité se côtoyaient dans le design du mobilier
de chaque dynastie. Le design n’était pas systématiquement simple
sous la dynastie Ming et compliqué sous la dynastie Qing. Les mobiliers
Ming prônaient l’équilibre entre beauté et fonctionnalité, optant pour
des formes rondes et classiques et une élégance discrète. La priorité
était donnée à la robustesse, ensuite à la beauté. Presque chaque
meuble avait une fonction. Des contours grossiers et des détails irréguliers étaient autorisés, le mobilier n’en étant que plus attrayant.
Par exemple, les tables, chaises, lits et autres avaient tous des
pieds en «tête de cheval» sous la dynastie Ming (bas et plats), ce qui
donnait au meuble un aspect convivial et décontracté. L’accoudoir
d’une chaise était courbé de manière à soutenir confortablement le
bras, la taille, le dos et la nuque. Les exigences en termes d’esthétique
visuelle étaient respectées également, les meubles étant un vrai régal
pour les yeux. Selon la situation, un créateur pouvait privilégier soit la
beauté, soit l’aspect pratique, mais l’harmonie et le sens des proportions étaient généralement le but ultime. Que dire sur la courbure
optimale des lignes? Tous ceux qui s’intéressent à la calligraphie
chinoise savent que les courbes du mobilier Ming et la calligraphie
—17
«Le design n’était pas systématiquement
simple sous la dynastie Ming et
compliqué sous la dynastie Qing.»
traduisent des gestes similaires. Bien que les structures soient différentes, le trait d’un caractère chinois et un élément de meuble doivent
présenter une courbe modérée pour être beaux. Si le rayon est trop
petit ou trop grand, le résultat sera disgracieux. Pour ériger le mobilier
en art, le jeu de courbes doit être conçu avec le plus grand soin. Le
créateur n’est pas obligé d’avoir une écriture parfaite, mais il doit avoir
le sens de la calligraphie chinoise.
La Ɵn de l’âge d’or
Les détails du mobilier en disent long sur les changements survenus
avec le temps. À la suite du chaos provoqué par la rébellion et la
guerre au milieu du 17è siècle, la dynastie Ming s’est effondrée. Ensuite, les règles et les goûts étrangers ont commencé à se refléter
dans les intérieurs royaux et aristocratiques. Avec le retour de la
croissance économique et de la prospérité, le commerce s’est développé entre l’Est et l’Ouest. L’exportation de meubles chinois a influencé le design européen. Simultanément, les préférences des
Chinois ont évolué.
Le milieu de la dynastie Qing (au pouvoir jusqu’en 1912) a vu
l’apparition de bibelots et décorations tape à l’œil et la prolifération
de divers matériaux et techniques décoratives. Le mobilier n’était plus
uniquement fonctionnel. Les modèles sont devenus de plus en plus
raffinés et stylisés. Le mobilier utilisé par la royauté et la noblesse
reproduisait souvent le style baroque ou rococo européen. Les pieds
des chaises, tables et lits se sont allongés et sont devenus plus formels. L’harmonie gracieuse a fait place à l’angularité. La courbe des
accoudoirs et des dossiers est devenue plus raide au détriment du
confort, les principes ergonomiques n’étant plus respectés.
À force de valoriser l’esthétique, les meubles sont devenus plus
vulgaires. Ainsi est né un style populaire prédominant, kitsch et chargé, qui a persisté jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, l’industrie du mobilier chinois innove peu mais copie beaucoup, notamment les versions
dépouillées du style classique chinois ou les versions chics européennes (nordiques en particulier). Ce relâchement des normes de
conception du mobilier chinois reflète l’abandon progressif des idéaux
de beauté. Hormis le travail de Tian Jiaqing, qui possède une connaissance approfondie des styles historiques et alterne intelligemment
ancien et moderne dans ses créations, un grand vide est à combler
en termes de conception de mobilier moderne chinois. Le goût populaire laisse peu de place à l’expérimentation.
La différence dans l’esthétique de base explique la variation des
styles de mobilier entre la Chine et l’Occident. Si je devais exprimer
l’essence de la culture traditionnelle et de l’industrie du mobilier en
Chine, je dirais: prenez une plume et mettez-vous à la calligraphie
chinoise. Exercez-vous sans relâche et, petit à petit, la réponse que
XQWUEJGTEJG\FGXKGPFTCÅXKFGPVG
Ɓ
Pour plus d’informations sur le sujet
Ɩ
30 , 35
p 19
p 20
—18
Du berceau au berceau
Design
durable
La nature ne connaît pas la notion de déchets
telle que nous la concevons: elle recycle
perpétuellement les ressources. Pouvons-nous
nous inspirer de son modèle pour repenser
l’activité économique, les processus industriels
et la consommation humaine?
Thomas C. Kaufmann a rejoint Credit Suisse Private Banking en 2006
en qualité d’analyste actions spécialisé en nanotechnologie dans
le secteur de la santé. Actuellement analyste actions senior, il est
responsable du secteur pharmaceutique mondial et de la recherche
sur la megatrend Innovation. Il est titulaire d’une maîtrise en biochimie
et d’un doctorat en biophysique de l’Université de Bâle (Suisse).
rable. «Être moins mauvais n’est pas suffisant», tel est le principe du
C2C. Il ne s’agit pas de rejeter l’approche du développement durable
conventionnelle dont le principal objectif consiste à minimiser l’impact
des activités, mais de mettre en évidence les limites des approches
«moins mauvaises» et d’y intégrer une solution efficace à long terme.
Le C2CFKUVKPIWGFGWZE[ENGUFGƠWZFGUOCVÅTKCWZNCDKQURJÄTG
et la technosphère. Dans chacune de ces deux sphères, les matériaux
alimentent le cycle de production et de consommation, comme c’est
le cas des cycles naturels. La biosphère comprend les matériaux qui
peuvent être recyclés en toute sécurité dans l’environnement et servir
de nutriments aux organismes vivants. Les produits qui satisfont à ces
ETKVÄTGUUQPVEQPUKFÅTÅUEQOOGFGURTQFWKVUFGEQPUQOOCVKQP
R|GZ
matériaux d’emballage et détergents). En revanche, la technosphère
GUVWPƠWZFGOCVÅTKCWZGPEKTEWKVHGTOÅCWUGKPFWSWGNNGUEQORQUCPVU
non biodégradables (comme les métaux et certains types de polymères)
circulent dans les cycles industriels (p. ex. «produits de service» tels
que téléviseurs, machines à laver, ordinateurs et voitures).
Dans le cadre du processus de certification C2C, un produit est
évalué suivant l’utilisation de substances désirables et indésirables
ainsi que de la réutilisation des matériaux. L’utilisation de sources
d’énergie renouvelable pendant le processus de production, la gestion
des ressources en eau et la responsabilité sociale sont autant de
facteurs pris en compte. La certification exige également la mise au
point de stratégies visant à optimiser les autres domaines et à assurer l’engagement constant du producteur. Plusieurs centaines de
produits possèdent déjà une certification C2C dont le niveau dépend
du degré d’intégration du C2C dans la conception du produit. Un
nombre croissant de sociétés, allant de grandes capitalisations comme
Alcoa, DSM et Procter & Gamble à de plus petites entreprises,
adoptent le C2C en vue d’obtenir la certification de toute leur gamme
de produits.
La conception dans l’intérêt de toutes les parties prenantes
Les entreprises qui mettent au point leurs produits conformément aux
principes du C2C bénéficient de nombreux avantages économiques.
À court terme, elles abaissent leurs coûts d’achat et réduisent leurs
empreintes énergétiques et hydriques ainsi que leurs émissions de
déchets, minimisant ainsi risques opérationnels et responsabilités
Au fil de l’histoire, la gestion de déchets s’est principalement concen- potentielles. Grâce au C2C, les entreprises peuvent améliorer leur
trée sur l’organisation et l’institutionnalisation de la collecte des dé- réputation auprès des consommateurs et promouvoir leur image de
marque en se démarquant de la concurrence, pour ainsi générer des
chets. Depuis la révolution industrielle toutefois, le recyclage des
déchets est progressivement devenu un enjeu. Ce changement de sources de revenus viables et durables.
Le C2C préconise l’intégration de la fin de la vie d’un produit dès
paradigme ne concerne pas tant la quantité que la nature des déchets
R|GZOCVÅTKCWZPQPDKQFÅITCFCDNGUQWVQZKSWGU(CKVKPVÅTGUUCPV sa création (sa conception). Il étend la responsabilité des producteurs
la nature ne connaît pas la notion de déchets telle que nous la conce- et encourage la récupération active des produits. Il diffuse également
vons (biens de consommation inutiles à la fin de leur cycle de vie): l’idée de vendre un service plutôt qu’un produit, notamment pour
pour chaque ressource qu’elle utilise, elle en crée une nouvelle. Cette
les biens du groupe des produits de service. Le C2C s’oppose aux
pratiques actuelles qui forcent les gouvernements à financer la récudifférence fondamentale s’explique par notre mode de pensée linéaire
en termes d’entrées et de sorties, à l’opposé du modèle de flux cir- pération des produits en fin de vie. L’objectif du C2C est de transforculaires de la nature.
mer la nature destructive des processus industriels actuels en un
système de conception de principe où la consommation et l’activité
Une approche holistique de la conception de produits
économique cohabitent harmonieusement avec notre écosystème.
Michael Braungart, professeur d’ingénierie des processus, et William Ainsi, l’augmentation inéluctable de la consommation ne pèsera pas
PÅEGUUCKTGOGPVUWTPQVTGRNCPÄVGCWZTGUUQWTEGUNKOKVÅGU
Ɓ
McDonough, architecte de formation, ont appliqué ces règles simples
à la conception de produits et mis au point le concept «de berceau à
berceau» (en anglais, «Cradle to Cradle» ou C2C) qui s’oppose au
Pour plus d’informations sur le sujet
concept prévalant actuellement «du berceau au tombeau» (en anglais,
«Cradle to Grave»). Le C2C est une approche holistique de la concep- Ɩ
tion de produits qui permettra une transition vers une économie dup 10
p 36
12 , 69
Illustration: Matthew Cook
GLOBAL INVESTOR 1.12
GLOBAL INVESTOR 1.12
26
29
Une histoire
tirebouchonnée
Capitaliser sur la mode
Que ferions-nous sans tire-bouchon? Si simple, si
fonctionnel, si beau lorsqu’il accomplit son objectif divin, libérant le subtil nectar de sa geôle opaque. Tant
regretté lorsqu’oublié du panier à piquenique. Qui l’a
inventé? Mystère. Le tire-bouchon a pour ancêtre un
outil appelé le tire-balle, ou tire-bourre, qui permettait
d’extraire la balle d’une arme à feu. Le premier brevet
a été attribué à un révérend anglais, Samuel Henshall,
le 24 août 1795 . Son outil comprenait un bouton
concave Ɵxé entre la tige et la mèche, permettant
d’empêcher la vis de pénétrer trop loin dans la
bouteille.
Celui-ci s’agrippait simultanément au bouchon
pour le desceller du goulot. Pour la fabrication de son
invention, Henshall fait équipe avec l’entrepreneur de
Birmingham Matthew Boulton; apparemment, il peine
à trouver les fonds pour honorer sa part des frais de
brevetage. Le conseiller juridique de Boulton écrira en
1795: «Je n’extrairai pas 50 livres au pasteur aussi
facilement qu’il le ferait du bouchon d’une bouteille».
Des années plus tard, Henshall sera aussi accusé
de «piratage de bouchon» pour avoir volé l’idée à une
certaine Miss O’Rourke.
Aujourd’hui, bien entendu, tout ce qui compte
est d’extraire le vin de la bouteille, et Henshall a
joué un rôle majeur dans cette noble Ɵn. Aussi pourra-t-on peut-être, la prochaine fois qu’une bouteille
est débouchée, lever son verre au bon révérend.
27
Le style
des sixties
Vidal Sassoon a contribué
au look des sixties. Premier
coiffeur star, il donne à
Mary Quant son fameux
bob et à Mia Farrow sa
«pixie». Ses coupes courtes
révolutionnaires en cinq
points et ses permanentes
«wash-and-wear» libèrent
les femmes des bigoudis,
des casques, de la laque
et du gel. Il s’inspire de
l’architecture, métier qu’il
rêvait d’exercer enfant:
«Mon inspiration, c’était
le Bauhaus». Dans une
interview récente à la $$%,
il ajoute: «Pour moi,
cheveu rimait avec géométrie, angles, structure
osseuse, coupe, formes
inégales … tant que
cela convenait à un visage
et à une structure». Il
est le premier à lancer des
produits capillaires à
son nom, avant de vendre
son empire de GBP 100
mio. à Procter & Gamble
dans les années 1980.
—19
L’ascension de cette icône de la mode est
connue: de la simple maroquinerie milanaise aux
incontournables sacs de luxe et classiques
du prêt-à-porter, Prada est aujourd’hui synonyme
de prestige, d’innovation et de sophistication.
Sa directrice de création, Miuccia Prada, est
NoWPGFGUUV[NKUVGUNGURNWUKPƠWGPVGUFWOQPFG
5GUFÅƟNÅUUQPVNÅIGPFCKTGU5QPOCTK2CVTK\KQ
Bertelli, est le cerveau de l’entreprise. Ensemble,
ils ont créé un groupe de plus de 250 boutiques
aux quatre coins du globe. En juin dernier, Prada
est entré à la Bourse de Hong Kong, levant près
d’USD 2.14 mrd. En 2011, le chiffre d’affaires net
du groupe a gagné 25.9% en comparaison
annuelle, en grande partie grâce à sa chaîne de
vente au détail.
28 30
Génie
tous azimuts
Tout recueil sur l’histoire
du design digne de ce
nom se doit de rendre
hommage à Léonard de
Vinci. Ce génie de la
Renaissance réussissait
à peu près tout ce qu’il
entreprenait: peinture,
sculpture, ingénierie,
architecture, mathématiques ou anatomie.
Nombre d’inventions garnissent les pages de
ses journaux: instruments
de musique, pompes
hydrauliques, manivelles
réversibles et quantité
de machines volantes. Si
le sourire de la Joconde
reste une énigme universelle, d’autres œuvres
sont aussi remarquables,
et notamment ses
illustrations de polyèdres
(des formes géométriques en trois dimensions) pour le livre
de Luca Pacioli «La divine
proportion» (1509), qui
analyse le célèbre nombre d’or en mathématiques, art et design. Les
Ɵgures de De Vinci sont
les premières jamais réalisées avec des arêtes
solides, pour permettre
aux spectateurs de
comprendre facilement
quels côtés vont devant
et lesquels derrière.
Inclination
à la perfection
Le nom Stradivarius est
gage d’excellence. Il y
a plus de trois siècles, le
luthier italien Antonio
Stradivari crée et conçoit
ce que d’aucuns considèrent comme le meilleur
violon de tous les temps.
Étrangement, pas un violon
ne sonne tout à fait
comme un Stradivarius. Le
luthier, qui commence à
fabriquer ses pièces vers
1666, est minutieux: à
force d’expérimentations –
variant d’un millimètre la
courbure du dos de l’instrument, la longueur
d’un autre, les dimensions
d’un troisième – il crée
ce que le biographe Dirk
J. Balfoort nomme le
«violon du futur», capable
de s’intégrer brillamment
aux orchestres modernes.
Stradivari recherchait
le parfait bois d’épinette,
de saule et d’érable de
qualité. Il appliquait son
propre vernis, un pigment
orange-brun donnant à
la couleur de ses violons
une belle profondeur,
ce qui d’ailleurs a peut-être
OQFKƟÅNGWTVQPCNKVÅ%JC
que pièce était une œuvre
d’art unique. Stradivari
en a fabriqué plus de 1000;
près de 650 existent
GPEQTG%GTVCKPUFGEGU
chefs-d’œuvre datés
de son «âge d’or» (1700 –
1725) peuvent valoir une
fortune; pour preuve,
le 1721 Lady Blunt, adjugé
l’an dernier pour USD
15.9 mio. lors d’une vente
aux enchères en faveur
des victimes du tremblement de terre au Japon.
Le précédent record était
celui du 1697 Molitor
(3.6 mio.). De nos jours, si
les luthiers peuvent créer
des instruments dont le
son rivalise avec celui des
violons du luthier italien,
aucun d’entre eux n’est un
Stradivarius.
Prix obtenus et estimés par Christie’s pour les
Stradivarius 5QWTEGUKVG+PVGTPGV%JTKUVKGoU
Prix obtenu, USD mio.
Estimation, USD mio. (max.)
3.5 mio.
2.5 mio.
Hammer 1707
0.9 mio.
0.8 mio.
Antonius Stradivarius 1692
2.7 mio.
1.5 mio.
Solomon 1729
1.05 mio.
1.39 mio.
Bonjour 1768
31
Empilable
et sexy
La Panton S est peutêtre la chaise la plus
sexy qui soit. Épurée,
sensuelle, cambrée, elle
fait sensation dès son
lancement en 1967. La
«S» est conçue par le
Danois Verner Panton,
un designer de la
nouvelle génération
qui, comme l’Italien Joe
Colombo, utilise des
matériaux d’après-guerre
comme le plastique
pour créer du mobilier de
couleur vive aux formes
Ơuides. Entre autres
projets, Panton veut
créer une chaise en
plastique multi-usages,
confortable, moulée
d’une seule pièce. Pendant des années, il
planche sur son design.
EnƟn, avec l’aide
du fabricant de meubles
suisse Vitra, il relève
un déƟ technique:
une chaise en porte-àfaux à partir d’un seul
morceau de plastique.
Empilable et facile à
produire en masse, la
«S» est devenu l’objet
culte le plus célèbre du
designer.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—20
34
Un oiseau porteur d’eau
32
Reformater la nature
Si le design ne convient pas, changeons-le! C’est
ce que d’ambitieux agriculteurs japonais ont
dit il y a 30 ans des pastèques, toujours difƟciles
à stocker et à trancher. Convaincus qu’une
pastèque carrée ferait mieux l’affaire, ils ont fait
pousser dans des boîtes en verre le fruit,
qui s’est spontanément adapté. Les pastèques
carrées, quatre fois plus chères, sont arrivées
sur les marchés nippons haut de gamme voilà dix
ans. Importées d’Amérique du Sud, elles sont
aussi vendues en Europe et aux États-Unis, à des
prix rondelets. Avec un peu de patience, vous
pouvez toujours tenter d’en faire pousser une!
33
Précis comme
une horloge
suisse
Sur les quais de gare
helvétiques, on trouve
3000 témoins de la légendaire ponctualité des
trains suisses. L’horloge
ferroviaire, l’un des
symboles du pays, est
créée en 1944 par
l’ingénieur et designer
*CPU*KNƟMGT.GU%((
souhaitaient une horloge
qui contribuerait à garantir
le fonctionnement du
réseau et deviendrait leur
GODNÄOG*KNƟMGTFGUUKPG
une horloge simple, noire
et blanche, sans chiffres.
Sur ce fond austère,
l’aiguille des secondes,
rouge, ressort bien.
Un disque rouge au sommet de l’aiguille rappelle
la palette brandie par les
chefs de gare au départ
FWVTCKP*KNƟMGTXGKNNGCWUUK
à garantir que toutes les
horloges soient à la même
JGWTG+NNGUCEEÅNÄTGCƟP
que l’aiguille des secondes
CVVGKIPGFQW\GJGWTGU
après 58 secondes. Là,
elle s’immobilise, puis
reprend sa course par
impulsion électrique
automatique envoyée
chaque minute par le
réseau électrique. L’aiguille
des minutes saute alors sur
sa prochaine position
et l’aiguille des secondes
des 3000 horloges du
réseau entame une nouvelle rotation, avec une
synchronisation parfaite.
En 1986NoJQTNQIGT\WTKchois Mondaine, une
société privée nantie d’une
NKEGPEGQHƟEKGNNGFGU%((,
lance une montre et une
collection de pendules
brevetées calquées sur
ce design classique,
complétée par des mécanismes «stop-to-go»;
elle en vend près d’un
million par an. Entre
temps, la ponctualité paie:
en 2011, l’entreprise
publique %(( a enregistré
un chiffre d’affaires net
d’USD 445 mio. (+13.5%
par rapport à 2010).
36
Wilhelm Kienzle était
un designer moderniste
du début-milieu du XXe
siècle. Inspirés par des
oiseaux, ses arrosoirs
fantaisistes en aluminium correspondent
à un essai précoce de sa
part d’utiliser le métal
industriel pour un usage
domestique. Il était
directeur de l’École des
arts et métiers à Bâle,
conçue selon le modèle
de l’école du Bauhaus.
35
Maison
en boîte
L’allure
de la Pomme
Fermée, elle ressemble à
une caisse en bois ordinaire. En l’ouvrant, on y
découvre des canapés,
des lits, des bureaux avec
chaise, des postes de
travail et même des babyfoot. La boîte médias
comprend un mini cinéma,
une console de DJ,
des spots, un karaoké, des
écrans multimédia et un
coin pour s’asseoir. Pour
sa série de mobilier The
%TCVGUNoCTEJKVGEVGGVFGUKgner chinois en vogue
Naihan Li s’est inspiré de
l’évolution actuelle de
Pékin: sa décadence, sa
mutation constante et
son marché immobilier
nerveux, plombé en 2011.
Ses caisses se rangent
facilement, rendant la
pièce très modulable. Et si
XQWUFÅOÅPCIG\XQWU
PoCWTG\SWo¼HGTOGTNCDQÊVG
pour emporter votre salon!
La rentabilité du marché
de l’électronique grand
public est généralement
sous la pression permanente des risques de
banalisation, autrement dit, de la rapide
saturation du marché par
la copie de produits.
Avec son iPhone, Apple
semble doté d’une
aptitude unique à réaliser
des marges proches
de celles des articles de
luxe, loin devant ses
concurrents. L’une des
clés de voûte de ce
succès est évidemment
la stratégie de design.
Simplicité, reconnaissance instantanée
de la marque et intuition
n’en sont pas les seuls
vecteurs. Apple utilise
aussi le design comme
facteur de remplacement
et source de croissance:
du nouveau matériel
et un look ou un toucher
différent d’un nouveau
produit Apple incitent les
clients à acheter un
nouvel iMac, iPhone ou
iPad, même s’ils possèdent déjà un produit
plus ancien tout aussi
fonctionnel. Cette stratégie du fabricant à la
Pomme tend à privilégier
le design à la fonctionnalité. Uwe Neumann
Prix de l’action Apple
Source: New York Times
USD 581
USD 0
1980
2012
33
40
GLOBAL INVESTOR 1.12
—23
37
Un contour inimitable
En 1886 , un pharmacien ajoute de l’eau gazeuse à un
sirop qu’il avait concocté: le Coca-Cola est né. Sa
popularité incite des concurrents à tenter de copier
son succès en modiƟant légèrement la marque
et le logo. De son côté, The Coca-Cola Company
met au point une bouteille à l’apparence et au
toucher instantanément reconnaissables. Le design
de la bouteille «Contour», imaginé par la Root Glass
Company, est breveté en 1915 , légèrement modiƟé au
Ɵl des ans puis déposé auprès du Bureau américain
des brevets en 1960 . Aujourd’hui, le Coca-Cola est
présent presque partout. La consommation par
habitant est la plus élevée au Mexique, et la plus
faible en Asie. Andreas Tomaschett
Consommation par habitant de boissons Coca-Cola
5QWTEG6JG%QEC%QNC%QORCP[
Consommation par habitant (en litres), 2010
159
Mexique
75
Argentine
55
Canada
42
Allemagne
143
Malte
105
Chili
67
Espagne
61
Panama
54
Brésil
42
Japon
93
États-Unis
52
Bolivie
39
Salvador
38
Garde-temps
intemporels
60
Autriche
75
Australie
60
Afrique du Sud
48
45
Grande-Bretagne Pérou
37
Turquie
34
Philippines
Fondée en 1833 puis intégrée au groupe suisse
de luxe Richemont en
1996, l’entreprise horlogère Jaeger-LeCoultre
a un long historique en
matière d’innovations,
parmi lesquelles Ɵgurent
un système de remontoir
sans clé, la montre Atmos et le millionomètre,
un instrument capable
de mesurer le micromètre. Lancée en 1931,
la montre Reverso
possède un boîtier qui
peut se retourner sur
lui-même tout en restant
au poignet, aƟn
de protéger le verre du
cadran. Ce design
Ơexible a été adapté
à plus de 50 différents
calibres mécaniques
au Ɵl des ans.
Kevin Lyne-Smith
42
39
La beauté est dans le pli
Le créateur nippon Issey Miyake fait des plis
comme personne. Sa collection «Pleats Please» a
inspiré des artistes de renom qui y ont apposé
leur griffe. Sa collection actuelle 132 5. IS SEY
MIYAKE , sorte d’origami à porter fait de bouteilles
recyclées (PET), a obtenu le prix de la mode
aux 2012 Design Museum of London awards.
40
Triomphe de la
croissance
et de la lumière
41
Un son légendaire
Elle vivait, respirait et
DTKNNCKVNC‡%CVJÅFTCNG
des Semences» (Seed
%CVJGFTCN%GRCXKNNQP
britannique de l’architecte
Thomas Heatherwick pour
l’Exposition universelle
Shanghai 2010 était fait
de 60 000ƟNCOGPVUFG
ƟDTGQRVKSWGGVFoCWVCPV
de graines en leur somOGV%GUVKIGUQTKGPVCKGPV
la lumière vers l’intérieur
le jour et l’extérieur la nuit,
éclairant la structure.
Elles se balançaient comme
des herbes sous le vent
ou des cils sur la graine. De
l’intérieur, la cathédrale
semblait bouger, respirer.
L’architecte, mû par la
«relation entre nature et
villes», a collaboré avec
les jardins botaniques
royaux de Londres et le
projet de Banque de
Semences du Millénaire,
qui doit collecter les
graines de 25% des espèces de plantes du
globe d’ici 2020%GVVG
cathédrale a gagné la
médaille d’or du meilleur
design de pavillon.
Qui ne reconnaîtrait pas les accords
mythiques de Deep Purple dans
«Smoke on the Water» au début des
années 1970? Ritchie Blackmore
les jouait sur une Fender Stratocaster.
%GVVGIWKVCTGÅVGTPGNNGSWKPoCRCU
changé depuis sa création en 1954,
a accompagné bien des artistes
de légende, dont Jimi Hendrix et Eric
%NCRVQP&GUVKPÅG¼NoQTKIKPG¼NC
musique country, comme le souhaitait
son concepteur Leo Fender, la Stratocaster a prêté son timbre nasillard à
d’autres courants: rock, pop, funk et
blues. Son second pan coupé permet
d’accéder aux cases les plus aiguës du
manche. L’instrument a aussi une
courbure ergonomique plus confortable.
Début 2012, la société privée Fender
Musical Instruments a annoncé son
intention d’entrer en Bourse (au Nasdaq)
plus tard dans l’année. Ulrich Kaiser
Hégémonie
britannique
La Grande-Bretagne est
Ɵère de son Exposition
universelle de 1851, la
première vraiment mondiale. Cette «Great Exhibition of the Works
of Industry of All Nations»
doit surtout positionner
le pays comme leader de
l’industrie. Installée au
Crystal Palace, une immense bâtisse de verre
et d’acier de l’architecte
Joseph Paxton, l’exposition tire parti de la récente invention britannique du verre coulé.
En six mois, cette vitrine
des dernières technologies de la révolution
industrielle attire six millions de visiteurs.
Le Crystal Palace est ensuite déplacé de Hyde
Park à Sydenham. Un in
cendie le détruira en 1936.
43
Joyaux chefs
d’œuvre
Depuis le début du XXe
siècle, Van Cleef &
Arpels dessine des bijoux
exclusifs et uniques.
Le collier Scylla serti
d’une magnifique
coulée de diamants et
or blanc, avec clip
détachable, fait partie
de l’exposition 2011
d’Arpels au Smithsonian Cooper-Hewitt
National Design Museum
de New York.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—24
iPod contre Sony
Source: données de la société
Ventes (en milliers d’unités)
60 000
30 000
0
2002
iPod
44
2011
48
MP3 et PSP Sony
46
Quand «c’est un Sony»
ne sufƟt plus
Le monde en imprimé
Il y a 6000 ans, les Égyptiens inventent la première
substance proche du papier. Le papyrus, dont le mot papier
dérive, provient du tissage et de l’aplatissement de roseaux.
Le papier tel que nous le connaissons n’apparaît qu’en
105 de notre ère, lorsqu’un courtisan chinois mélange de
l’écorce de mûrier, du chanvre, des restes de coton
GVFGNKPGVFGNoGCW%GVVGRWTÅGGUVGPUWKVGRTGUUÅGGP
PCVVGUGVUÅEJÅG%GUPCVVGUUQPVNCDCUGFWRCRKGT
pendant 1700 ans, jusqu’à l’avènement de la pulpe de bois.
Aujourd’hui, le monde consomme plus de 300 millions de
tonnes de papier par an, surtout pour les emballages jetables.
Le papier, avec ses couleurs, tissages et revêtements
spéciaux, reste essentiel à l’art. Si l’ère informatique
augurait une société sans papier, sa consommation s’accroît
chaque année. Mais certains secteurs souffrent d’offre
excédentaire, comme la presse, dont les journaux ferment
ou passent de plus en plus au numérique.
45
Idées lumineuses
Les personnes qui se sentent bien sont plus productives. À cet égard, la lumière
est capitale: elle doit être sufƟsante et efƟcace au plan énergétique, satisfaire
aux besoins individuels et créer une ambiance par la forme et l’éclairage. La
société d’éclairage suisse Belux se consacre à cet objectif depuis plus de 30
ans, combinant dans ses systèmes design fonctionnel et technologie moderne.
«Lifto», un classique créé il y a près de 30 ans par le Suisse Benjamin Thut,
présente toutes ces vertus. Malgré sa technologie d’éclairage LED complexe et
son adaptabilité unique, cette lampe a une forme naturelle typique d’une icône
du design. En 2001, Belux a trouvé le partenaire idéal, Vitra, qui lui a donné accès
à un réseau de designers parmi les plus réputés de notre époque.
Walkman est une marque déposée de Sony qui
désignait à l’origine ses baladeurs de cassettes
audio. Aujourd’hui, elle inclut l’ensemble de
ses produits audio et vidéo portatifs. Le Walkman
change les habitudes: on peut désormais emporter sa musique avec soi et l’écouter avec des écouteurs. L’ingénieur audio Nobutoshi Kihara crée
le prototype en 1978 pour le vice-président
de Sony Akio Morita, qui souhaite écouter des
opéras lorsqu’il voyage en avion. Malgré un design
qualiƟé de remarquable à l’époque, Sony n’a
pas su trouver de successeur au Walkman. Pire, la
perte du leadership technologique a conduit les
consommateurs à privilégier d’autres marques,
comme Apple, qui a Ɵni par dominer le marché des
appareils portatifs. Ulrich Kaiser
47
Pâtes
à la perfection
En matière de design, rien
n’égale la variété, l’utilité
et la géométrie des pâtes.
Plus de 350 variantes
se déclinent à l’envi: des
simples tiges, spirales,
tubes, modèles plats ou
rondelles, aux fantaisis tes
coquillages, cloches,
peignes, lanternes, roues,
ÅVQKNGUGVOÆOGƠGWTU
FGN[U%JCSWGR¾VGHCçonnée à la main ou
à la machine, a un nom,
du plus ludique –
«fag gotini», petits morceaux d’étoffe – au
plus pratique – «fettuccine», petites tranches.
Un même but pour toutes:
accompagner une sauce
succulente jusqu’à notre
bouche. Les «farfalle»,
ces pâtes papillon, sont
un délicieux exemple.
Dotés de sillons, ces
petits rectangles sont resserrés en un (nœud) papillon pour retenir la sauce
tomate ou à la crème.
Les pâtes en forme de
VWDG
‡\KVK—‡RGPPG—QPV
souvent aussi des petits
sillons. Selon le droit italien, les pâtes sèches
doivent être faites à 100%
de farine de blé dur et
FoGCW%QPVTCKTGOGPVCWZ
on-dit, cet aliment
connu depuis l’aube des
temps en Orient n’a
pas été ramené par Marco
Polo. Toutefois, il arrive
en Italie et y est très
populaire vers 1300 pour
ses caractéristiques
nutritives et sa conservation. Un siècle plus tard,
les pâtes voyagent aux
quatre coins du monde.
Depuis, les chefs ne
cessent de les réinventer.
Vu leur conservation,
leur préparation simple et
leur adaptabilité, les
analystes prévoient une
progression du marché
mondial des pâtes à 17.9
mio. de tonnes par
an d’ici 2015. Le premier
producteur mondial
de pâtes est l’Italien
Barilla, suivi de l’Espagnol
Ebro Foods.
Ces liens
qui nous lient
Ils sont rapides, simples
et bon marché. On les
trouve partout, dans les
stock-cars, les navettes
spatiales, les ordinateurs,
les chantiers et les abris
de jardin. Nous les
utilisons tous, même la
police, qui les trouve
pratiques comme menottes de secours. En 1958,
l’entreprise d’électricité
américaine Thomas &
Betts pose un jalon technologique en lançant
le serre-câble Ty-Rap,
inventé par un employé
de longue date, Maurus
Logan. Auto-serrants
et indestructibles, ces
liens en plastique
résolvaient un problème
complexe avec une
technologie simple. Belle
démonstration de design
fonctionnel! En mai
2012 , Thomas & Betts
rejoint le conglomérat
d’ingénierie suisse ABB .
47
GLOBAL INVESTOR 1.12
—26
49
L’affaire est dans le sac
50
Bien plus
que des grains
En 1986, le groupe
suisse Nestlé entre sur
le marché du café en
portions et le développe
via sa marque haut de
gamme Nespresso, aujourd’hui une icône
planétaire. Nestlé met
au point un système
de capsules performant
et esthétique et étend
le concept avec la création de boutiques,
d’accessoires, de services et d’une communauté Internet qui
Ɵdélisent les clients.
Le poids de Nestlé, sa
patience et sa clairvoyance permettent à
Nespresso de devenir
l’une des marques clés
du groupe, et probablement la plus rentable. En 2000, les
ventes atteignent
CHF 210 mio.; en 2011,
elles dépassent les
3.6 mrd – un taux de
croissance annuel composé de 29.5% sur
la décennie. Oliver P. Müller
Le célèbre sac à main Birkin est produit par
Hermès, une entreprise familiale française
d’articles de luxe fondée en 1837 et cotée en
Bourse. Il serait né d’une rencontre fortuite
en 1981 entre l’actrice Jane Birkin et le CEO
d’Hermès de l’époque, Jean-Louis Dumas.
L’actrice aurait alors évoqué ses difficultés à
trouver un sac de week-end qui lui plaise.
Trois ans plus tard, sur la base d’un dessin
de 1892, Hermès crée un sac de week-end
fonctionnel pour la star. Depuis, il n’a cessé
d’être produit. Il faut aux artisans en moyenne
48 heures de travail pour fabriquer ce sac
avec des matériaux de première qualité. Fonctionnel et classique, le Birkin a connu un
succès immédiat auprès de la clientèle aisée,
son offre très limitée et son prix élevé assurant
son exclusivité.
Kevin Lyne -Smith
51
Travail intelligent
Le design s’inspire souvent des nouvelles technologies, des souhaits des employés
et d’une soif d’efƟcacité. Le «smart working» implique une transition du bureau
unique Ɵxe à un environnement de travail du XXI e siècle en plusieurs modules –
zones paisibles pour la concentration, bureaux privés pour entretiens, espaces
de réunion pour projets de groupe et bureaux plus classiques. Le Credit Suisse
crée un environnement de travail adapté aux besoins de ses collaborateurs en
tirant parti des technologies actuelles telles que les moyens de communication. Le
«smart working» crée une atmosphère motivante; les collaborateurs sont des
partenaires actifs et disciplinés de leurs clients et leurs collègues et honorent la
devise du Credit Suisse «The clients we help to thrive».
GLOBAL INVESTOR 1.12
Voiture avec chauffeur
Splendeur
électrique
La plupart des constructeurs automobiles fabriquent des voitures électriques
en adaptant une chaîne de traction électrique à une carrosserie destinée à
recevoir un moteur à combustion interne. Tesla, au contraire, part d’une chaîne
de traction électrique qu’elle améliore, tout en favorisant l’esthétique. Mais
comment adapter une ligne élégante au besoin d’optimiser l’efficacité et la
précision aérodynamiques tout en supportant cinq cents kilos de batterie?
Franz von Holzhausen, originaire du Connecticut, a étudié à l’«Art Center
College of Design» de Montreux et travaillé chez Volkswagen et Audi
en Europe et GM aux États-Unis, avant de devenir le chef des opérations
de Mazda pour l’Amérique du Nord. En 2008, il a été recruté par le
fondateur de Tesla Motors, Elon Musk, aƟn de concevoir les voitures
électriques de la société. La berline Tesla Model S sera lancée cet
été en Amérique du Nord et en 2013 en Europe.
Illustration: Matthew Cook
Cet article en écoute sur la plate-forme d’information Global Investor:
www.credit-suisse.com/globalinvestor
—27
Giselle Weiss: Quand vous êtes-vous
installé pour la première fois au volant d’une
voiture électrique?
Franz von Holzhausen: Lorsque je
travaillais pour General Motors, je conduisais l’ EV1 dès que j’en avais l’occasion.
En quoi était-ce si spécial?
Franz von Holzhausen: C’était à la
pointe à l’époque; c’était le futur, je me
sentais comme un Pierrafeu! J’avais
envie d’en savoir plus et de m’intéresser
davantage à ce type de transport. Le
fait de ne pas avoir à me soucier du carburant me procurait un sentiment de liberté.
Mais, même plus tard, quand d’autres fabricants se sont intéressés aux voitures
électriques, c’était en tant que projet de
R&D, pour faire comme tout le monde.
En cas d’échec, il était toujours possible de
se replier sur les moteurs à combustion
interne. À Tesla, l’électricité est notre
gagne-pain. Nous en dépendons entièrement. Si ça ne fonctionne pas, nous
n’avons pas d’autre alternative.
Comment avez-vous envisagé la Model S?
Franz von Holzhausen: Nous avions mis au
point un important système de propulsion
pour notre première voiture, la Tesla Roadster.
Nous avons prouvé qu’une voiture électrique n’était pas seulement une voiturette
de golf améliorée. La Roadster est rapide,
GHƟECEGGVRCTEQWTVNCOÆOGFKUVCPEG
que toute autre voiture de sport. Mais il était
nécessaire de concevoir une voiture plus
pratique et moins chère. Notre objectif à long
terme est de fabriquer des voitures accessibles à tous, pas seulement aux riches.
Comment cet objectif se reflète-t-il
dans la conception?
Franz von Holzhausen: Nous avons d’abord
dressé une liste des choses que nous
voulions conserver, à savoir le style et le
FGUKIPNCHQPEVKQPPCNKVÅGVNoGHƟECEKVÅ
en particulier la chaîne de traction. Étant
FQPPÅNCURÅEKƟEKVÅFGNCEJCÊPGFGVTCEVKQP
électrique et de son installation et sa
différence par rapport à un moteur à combustion normal, nous avions plus de
liberté en termes d’architecture du véhicule.
Par exemple, dans la Model S, la batterie
RNCVGUGƟZGCWRNCPEJGTFGNCXQKVWTGGVNG
moteur, de la taille d’une pastèque, est
placé entre les roues arrière. Toute la partie
supérieure est ouverte, laissant un
«espace d’opportunité» pour les clients.
C’est-à-dire…?
Franz von Holzhausen: Au fil du temps,
nous nous sommes rendu compte que nous
pouvions dépasser certaines attentes.
>
GLOBAL INVESTOR 1.12
—28
«Un bon design résout
les problèmes;
il ne les crée pas.»
Nous avions donc plus de place que prévu
pour l’innovation. Notre première envie était
de pouvoir installer sept personnes dans
une berline grand format. Les autres berlines pouvaient recevoir cinq personnes
assez confortablement et quatre sans problème. Ce que nous voulions, c’était
suffisamment d’espace pour faire asseoir
cinq adultes, tout en disposant d’un espace
arrière supplémentaire dans le cas, par
exemple, où vous avez d’autres personnes à
transporter mais que vous ne voulez pas
prendre deux voitures.
Vous avez dit être conscient de ne pas
vouloir créer une voiture trop stylisée.
Franz von Holzhausen: Un bon design
résout les problèmes; il ne les crée pas.
L’étape suivante était d’anticiper la manière
dont les gens allaient percevoir la voiture
et leur réaction. Pour moi, il était primordial
que la voiture reflète efficacité et beauté
dans un segment qui était déjà attirant en
termes d’offres sur le marché.
Les voitures électriques ne sont pas
particulièrement connues pour leur beauté.
Franz von Holzhausen: Nous voulions
détourner les gens de leurs véhicules à moteur à combustion interne, tels que la BMW
série 5 et l’Audi A6. L’un des avantages
d’une chaîne de traction électrique est l’absence de pot d’échappement ou de transmission ou de pompe à huile sous la voiture.
Nous avons consacré beaucoup de temps à
faire en sorte que l’air passe facilement
sous la voiture, ce qui nous a permis d’être
plus créatifs pour le haut. Bien que sa
forme soit aérodynamique, la voiture ne ressemble pas pour autant à un aéropode.
D’où vous vient votre inspiration?
Franz von Holzhausen: Les grands
sportifs – humains ou animaux – sont naturellement efficaces dans la performance.
C’est ce que j’ai voulu reproduire sur
les voitures. Cette idée est devenue le style
de surface de la Model S. Une fois cela
mis en place, le reste s’est fait tout seul:
la musculature, les flancs allégés et la
sensation de corps en mouvement, même
à l’arrêt.
Sur le plan conceptuel, en quoi peut-on
comparer la création de la Model S
avec la création d’un véhicule à moteur à
combustion interne?
Franz von Holzhausen: La difficulté était
de concevoir un véhicule qui serait la base
d’une nouvelle marque prometteuse. Regardez Mercedes; elle existe depuis cent ans!
Sa conception doit tenir compte des désirs
et d’un langage visuel déjà en place. Ce
n’était pas le cas à Tesla. Nous avions juste
la Roadster, qui permettait de prouver
que tout était parfaitement fonctionnel.
Mon objectif était donc double: créer une
belle voiture susceptible de se vendre
indépendamment de ce qui se trouve sous
le capot et lancer une ligne exploitable
par Tesla à l’avenir.
Vous comparez le tableau de bord à l’iPad
de l’industrie automobile.
Franz von Holzhausen: Ce sont plutôt
deux iPad côte à côte. Si on réfléchit bien,
le tableau de bord conventionnel est une
antiquité, comparativement parlant. Lorsque
la voiture sort du magasin, les boutons
et l’affichage traditionnels sont déjà sans
intérêt. Nous voulions créer quelque chose
de moderne et d’actuel, à l’instar de nos
ordinateurs portables, téléphones et iPad.
Toutes les interactions avec la voiture
se reflètent dans l’écran que vous gérez par
gestes. Vous pouvez améliorer l’apparence
de votre voiture et la personnaliser au fil
du temps grâce à des mises à jour et applications micrologicielles.
Les familles pourront-elles s’offrir
cette voiture?
Franz von Holzhausen: Oui. Le prix
de base aux États-Unis est de 49 900 dollars après remboursement fédéral, en
fonction de la batterie que vous choisissez
parmi les trois proposées: 160, 230 ou
300 miles. À cela, vous pouvez ajouter les
primes de berlines. Le prix est très
similaire à celui de la BMW série 5 ou
d’une Mercedes classe E.
Vous insistez beaucoup sur l’absence
de compromis.
Franz von Holzhausen: Il faut savoir que
ce que nous faisons à Tesla, personne
d’autre ne le fait. Nous créons entièrement
une voiture – une architecture de véhicule –
autour d’une chaîne de traction électrique.
Je pense que c’est la meilleure façon de
concevoir quelque chose. Sinon, tout n’est
que compromis: vous essayez d’assembler
des choses qui ne correspondent pas
totalement. Même un véhicule hybride est
un compromis entre deux mondes différents. Il s’agit d’un moteur électrique et
d’un moteur à combustion interne qui se
chevauchent, mais aucun n’est optimal.
Nous visons l’excellence dans les véhicules
électriques. Nous voulons créer une
grande voiture autour d’une chaîne de traction électrique et proposer quelque
chose de plus efficace que toutes les
vieilles méthodes de conduite.
Comment appliquez-vous votre philosophie
de la conception en tant que société?
Franz von Holzhausen: Pour créer une
marque, il est nécessaire d’amener les gens
à utiliser une nouvelle technologie qu’ils ne
maîtrisent pas forcément. Il faut leur proposer
quelque chose d’attirant et de motivant
pour qu’ils réalisent ensuite à quel point c’est
mieux. Il faut les inciter à évangéliser les
avantages. C’est, je crois, le secret d’un bon
design: attirer les gens vers une chose à
laquelle ils n’auraient jamais prêté attention
autrement mais qui, au final, les inspire
et les enthousiasme.
Interview par Giselle Weiss, rédactrice freelance
Pour plus d’informations sur le sujet
Ɩ
52 , 63 , 93
p 31
p 35
p 46
GLOBAL INVESTOR 1.12
Vie numérique
«A» comme
Apple
La conviction d’Apple que l’ordinateur peut être
le moteur de changements économiques et
sociaux est au cœur de sa mission: proposer
des produits numériques complexes et
avant- gardistes au design simple et élégant.
Grâce à des appareils qui, de l’iMac à
l’iPad, ont tout de suite été populaires et
emblématiques, Apple a maintes fois démontré
que le design peut changer le monde.
Illustration: Matthew Cook
Cet article en écoute sur la plate-forme d’information Global Investor:
www.credit-suisse.com/globalinvestor
Après des études d’histoire de l’art et de gestion des musées à l’Université
de Hambourg et à la Rijksuniversiteit Groningen, Ina Grätz a été
nommée conservatrice du département design du Museum für Kunst und
Gewerbe (Arts appliqués) de Hambourg. En 2011, elle était commissaire
de «Stylectrical», une exposition consacrée au travail du designer d’Apple,
Jonathan Ive. Elle a écrit, en collaboration avec Sabine Schulze,
«Apple Design» (Hatje Cantz, 2011). EnƟn, elle est conservatrice de la
Villa Schöningen de Potsdam depuis 2012.
—29
En 1996, la faillite guettait Apple Computer Inc., l’entreprise basée
à Cupertino (Californie). Comme l’annonçait le «New York Times» en
octobre de cette année-là, le fabricant d’ordinateurs avait «perdu
69 millions USD au premier trimestre, plus de 700 millions USD au
deuxième et 32 millions USD au troisième». Quelque seize ans plus
tard, Apple est l’une des marques les plus prospères au monde. De
nombreux facteurs jouent un rôle dans cette histoire remarquable, au
premier rang desquels le design des produits.
Steve Jobs, fondateur d’Apple, avait été évincé de la société en
1985. À son retour en 1997, il entreprend une réorganisation complète
des priorités de l’entreprise et met l’accent sur le design. Convaincu
qu’Apple pouvait être rentable, il est prêt à sortir des sentiers battus
pour faire de la marque à la pomme «le Nike de l’électronique grand
public». Il renforce la place de l’équipe de design et offre à ses
membres plus de liberté créative. Il promeut le responsable du design,
Jonathan Ive, au rang de vice-président senior chargé du design industriel puis intègre cette fonction à la direction de la société. Jonathan
Ive dirige depuis le petit groupe de designers internationaux chez
Apple et est responsable du design de tous les produits de la société. Il a su créer un véritable «langage stylistique» Apple (lignes distinctives, matériaux caractéristiques) qui rompt avec les conventions.
Priorité au design
Apple a fait sensation avec le design exceptionnel de son iMac Bondi Blue, le premier ordinateur né de la collaboration entre Jobs et Ive
commercialisé en 1998, dont les formes rondes frappaient autant que
la couleur turquoise de son boîtier en plastique translucide. En permettant à l’iMac de s’affranchir des limites des stratégies de design
habituelles, Apple propose alors un ordinateur remarquablement en
phase avec son temps. À l’époque, l’ordinateur était une machine
sans fioriture: grosse, imposante, et beige, qui ne reflétait pas l’optimisme et l’exubérance de la génération Internet et son style de vie
original. Jonathan Ive s’inspire pour l’iMac des tendances de la mode,
de la décoration ou du design automobile, afin qu’il soit dans l’air du
temps et s’intègre dans des espaces d’habitation ou de travail modernes. Il applique ensuite ces principes à d’autres produits Apple,
comme le premier iBook, le Power Macintosh ou les écrans d’autres
appareils. Au cours de cette période, la société se tire de ses difficultés économiques du début des années 1990, à la grande surprise
des cassandres de l’industrie.
L’iMac Bondi Blue marque un jalon dans l’histoire du design des
produits électroniques, révolutionnant l’idée du fonctionnement et de
l’apparence d’un ordinateur personnel. D’autres fabricants perçoivent
très vite le potentiel commercial des concepts d’Apple et copient sans
vergogne les designs d’Ive, qui continue toutefois à développer son
style et présente à la fin de la décennie un nouveau concept plus
sobre au niveau des couleurs et de la forme. Le premier iBook arbore
ainsi une coque blanche originale, le légendaire Power Mac G4 Cube
est fait de matériaux transparents et, en 2001, le premier iPod reprend
la coque blanche de l’iBook. Là encore, Ive exploite les tendances
du design contemporain qui s’oriente vers un plus grand minimalisme
avec l’entrée dans le nouveau millénaire et l’éclatement de la bulle
Internet. La caractéristique principale des designs d’Ive est la simplicité. Les nouveaux produits rompent rarement avec les modèles précédents. Le boîtier du Mac Pro, qui a peu évolué depuis 2003, illustre
bien la cohérence d’Apple.
Fruit d’un processus à la fois bien conçu et intégré, les designs
d’Ive se démarquent par leur qualité. Ive met au point une série
de designs adaptés à une grande palette d’appareils. L’iPad est >
GLOBAL INVESTOR 1.12
—30
manifestement apparenté à l’iPod et à l’iPhone: tous se caractérisent
par leur base rectangulaire, leurs angles doux, un profil mince et des
plastiques brillants. Cette stratégie donne à la gamme de produits
Apple une cohérence esthétique synonyme de la fiabilité qu’en attendent les utilisateurs. Elle renforce également l’image de la marque:
partout dans le monde, les produits Apple sont immédiatement identifiables à la pureté de leurs lignes.
Dans la tradition de Braun
Rares sont les fabricants de produits électroniques qui ont suivi une
stratégie de design de manière aussi déterminée qu’Apple. L’entreprise
allemande Braun constitue un exemple remarquable dans l’histoire
du design. Dans les années 1950, Braun propose un concept pour
ses appareils, en coopération avec l’ancienne Hochschule für Gestaltung (École supérieure d’Arts appliqués) d’Ulm. Dieter Rams, plus
tard responsable du design chez Braun, continue à développer ce
concept jusque dans les années 1990. Tout comme Apple, Braun
avait un style propre que l’entreprise appliquait à l’ensemble de ses
produits. Jonathan Ive s’est souvent inspiré du travail de Rams pour
certains aspects secondaires des appareils Apple et a clairement
inscrit ses réalisations dans la lignée de celles de Braun. Ainsi, la
calculatrice du premier iPhone était conçue d’après la calculatrice
Braun des années 1970. La ressemblance entre des appareils tels
que le premier iPod et le transistor T3 commercialisé par Braun en
1958 est incontestable. En rendant hommage aux œuvres de Rams,
Ive a souligné l’importance du concepteur industriel allemand. Ces
deux designers utilisent une palette distincte de couleurs et de formes,
cherchant une union parfaite entre forme et fonction. L’absence étudiée de toute fioriture est caractéristique des designs Apple actuels,
comme de ceux de Braun au siècle dernier.
La success-story d’Apple prouve qu’un bon design de produit peut
ÆVTGWPHCEVGWTETWEKCNKPƠWCPVUWTNGUTÅUWNVCVUGVUWTNCHCÃQPFQPV
les gens travaillent, jouent et communiquent. Les produits d’Apple ont
transformé des industries entières. Dans le sillage d’Apple, d’autres
entreprises se sont depuis recentrées sur l’esthétique de leurs produits.
La plupart d’entre elles ont consciencieusement adopté les trois piliers
du modèle Apple: intégrer le design à la direction de l’entreprise, mettre
au point un langage de design harmonieux et en constant développeOGPVGVGPƟPÅVWFKGTNGUFGUKIPUOCTSWCPVUGVUoGPKPURKTGT.GRKQPnier devient souvent le fournisseur de concepts: si Ive a été le premier
à utiliser des écouteurs blancs pour ses iPod, l’immense majorité des
fabricants en propose aujourd’hui. De même, l’utilisation d’aluminium
dans la fabrication des portables, une innovation d’Apple à l’origine,
est désormais répandue. Il existe de nombreux exemples d’inspiration,
voire de copie pure et simple du design Apple bien au-delà du secteur
de l’électronique. Néanmoins, les designs d’Apple demeurent éminemOGPVKPPQXCVGWTUGVHQPVNoWPCPKOKVÅ
Ɓ
Pour plus d’informations sur le sujet
Ɩ
36 , 46 , 75
p 20
p 24
p 38
GLOBAL INVESTOR 1.12
54
Le prix
de l’éternité
52
Esthétique
de l’ingénierie
La tradition Bugatti
remonte à loin. La première voiture est produite par Ettore Bugatti
en 1910. Après son
décès en 1947, la société
traverse des difƟcultés
et en 1963 , elle est
vendue au constructeur
aéronautique HispanoSuiza. Après plusieurs
changements dans
l’actionnariat, elle est
rachetée par Volkswagen
en 1998 . Grâce aux
prouesses Ɵnancières
et technologiques du
géant allemand de l’automobile et à la force de
la marque Bugatti («qui
combine ingénierie
d’excellence et perfection
esthétique»), la production en série de la Veyron
commence en 2005.
Avec ses seize cylindres,
ses 1200 chevaux et
une pointe de vitesse à
415 km/h, la Veyron
16.4 Super Sport est probablement la voiture
plus sophistiquée jamais
produite. En 2011, Volkswagen a vendu plus
de huit millions de véhicules, dont seulement
38 Bugatti. Reto Hess
Frank Lloyd Wright est
reconnu par l’American
Institute of Architects
comme le plus grand architecte américain de tous
les temps. Durant ses 70
ans de carrière, il a conçu
plus de 1000 projets
(maisons, bureaux, écoles,
ponts et musées) et en a
ƟPCNKUÅRNWUFG500, parmi
lesquels l’Unity Church
à Oak Park (Illinois) – la
première «prouesse archi-
tecturale en béton coulé
des États-Unis», Taleisin
III dans le Wisconsin –
«autobiographie de Wright
en bois et en pierre» –
et le musée Guggenheim
à New York, l’un des
plus importants monuments architecturaux du
XX e siècle.
Mais sa réalisation la
plus célèbre est sans
doute Fallingwater, la
retraite emblématique
construite pour Edgar
J. Kaufmann dans la campagne de Pennsylvanie.
L’homme d’affaires voulait
un cottage surplombant
une cascade sur l’aire de
pique-nique préféré de
sa famille. Il obtient une
remarquable structure
construite en porte-à-faux
sur trois niveaux audessus de la cascade,
entourée d’arbres et
de rochers et reflétant
la passion de Wright
pour l’architecture japonaise et l’harmonie entre
l’hom me et la nature.
Finalisée en 1939, la
maison de la cascade,
désormais un musée,
a coûté USD 155 000 ,
pour un budget initial
d’ USD 35 000 . Comme
pour nombre des créations de Wright, la
maintenance est extrêmement onéreuse.
Les récentes réparations
structurelles ont coûté
USD 11.4 mio.
La beauté éternelle a
un prix. Mais aussi des
avantages: une étude de
2011 menée par la
London School of Economics révèle que
des acheteurs étaient
prêts à payer une
prime de 8.5% pour vivre
près des maisons
d’Oak Park de Wright.
53
Mot compte triple
Un design simplissime: un plateau avec des cases, des lettres en bois et un petit
chevalet pour les cacher des autres joueurs. Mais l’inventeur du Scrabble, Alfred
Mosher Butts, un architecte au chômage pendant la crise de 1929, a passé des
heures à analyser la fréquence des lettres dans les mots croisés et des années
à parfaire son jeu. Sans succès. En 1948, il en vend les droits. Tout change en 1952,
lorsqu’un des propriétaires de Macy’s voit des vacanciers y jouer et décide de le
mettre en vente. Aujourd’hui, la marque Scrabble est la propriété d’Hasbro aux
États-Unis et au Canada, et de Mattel dans le reste du monde. Plus de 150 millions
d’exemplaires ont été vendus. Quant à son inventeur, il aurait gagné trois cents
par jeu, soit assez pour «couler des jours heureux.»
—31
55
Sensuel
et essentiel
C’est l’incontournable
du maquillage, présent
dans le sac de toutes
les femmes, le symbole
éternel de la sensualité,
et pour les jeunes filles
du monde entier, le premier signe de la féminité.
Le premier bâton de
rouge à succès a été
lancé à Paris dans les
années 1880 par Aimé
Guerlain, le célèbre parfumeur, racheté par le
groupe LVMH . Toutefois,
il faudra attendre les
années 1920 pour que
le rouge à lèvres soit
adopté en masse.
Max Factor, un maquilleur d’Hollywood,
commercialise son
premier gloss à lèvres
en 1928. En 1936,
Guerlain fait sensation
avec son Rouge Automatique, le premier stick
sans capot, qui s’ouvre
en un seul geste en
poussant un petit piston.
Dans les années 1950,
Revlon lance des teintes
coordonnées aux
couleurs de la mode.
Aujourd’hui, le rouge à
lèvres est considéré
comme un indicateur
économique: en pé riode
d’instabilité, les femmes
préfèrent s’offrir un
petit produit cosmétique
de luxe plutôt qu’un
vêtement cher.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—32
58
Maître de la
ville simulée
56
Charles et Ray Eames
ont contribué à façonner
l’Amérique moderne.
Connus pour leur apport
novateur à l’architecture, au mobilier, à
la con ception et fabrication industrielle,
les époux ont dessiné
les contours d’une
approche ouverte, biologique, expressive
du design. Leur maison
avant-gardiste de Californie, en forme de
parallélépipède, est une
référence de l’architecture moderne du milieu
du siècle. Iconiques,
leurs chaises rembourrées en structure en aluminium sont présentes
dans tous les bureaux du
monde. Mais ils doivent
Bâtisseur de l’ère numérique, Toyo Ito est un
éminent représentant de
l’architecture qui fait appel
à la notion contempo raine de ville «simulée».
L’un des architectes les
RNWUKPƠWGPVUCWOQPFGKN
est connu pour ses
structures conceptuelles
qui expriment simultanément le monde physique
et le monde virtuel.
Construite en 1986CƟP
de masquer les sorties
de climatisation, la Tour
des Vents est un
monument interactif de
Yoko hama. D’apparence
homogène le jour, les
structures en aluminium
perforé se «dissolvent»
la nuit au gré du niveau
sonore. Récemment,
Ito a conçu un musée
dédié à son œuvre, le
Toyo Ito Museum of Architecture, qui a ouvert
l’automne dernier sur la
petite île d’Omishima.
Lors de l’inauguration ont
été exposés 900 dessins
d’architectes et d’enfants
proposant de nouvelles
structures pour les victimes
du séisme de 2011.
57
Ordre et symétrie
Le jardin à la française ordonne la nature pour y
imposer la symétrie. Les jardins de Versailles,
les plus célèbres au monde, en sont l’expression
ultime. Conçus pour Louis XIV par le paysagiste
André Le Nôtre, ils ont été copiés par toutes les
cours d’Europe pour leur formalisme. Les jardins
paysagers présentent un attrait durable et les
propriétés qui en incluent constituent un marché
immobilier de niche.
ABCDEFGHIJKL
MNOPQRSTUVWXYZ
abcdefghijkl
mnopqrstuv w xyz
1234567890,.;:!?+
Le siège
du succès
leur notoriété au fauteuil
lounge et son reposepied, lancés en 1956 pour
la société d’ameublement Herman Miller.
Conçu pour le haut de
gamme, il est l’aboutissement des efforts
déployés pour créer
un siège en contreplaqué
moulé, technique mise
au point dans les années
1940. Charles Eames
voulait un fauteuil qui offrait «la chaleur et l’allure
conviviale d’un vieux
gant de base-ball bien
patiné». Luxueux et
confortable, le fauteuil
en contreplaqué revêtu
de cuir est devenu
une icône des années
1960 et 1970 – l’incontournable du bureau de
PDG. Herman Miller
en assure la production
aux États-Unis depuis
son lancement. En Europe, elle est produite
par Vitra. D’autres sociétés l’ont copié mais
seuls Herman Miller et
Vitra le vendent sous
le nom Eames. Le fauteuil
d’origine fait partie de
la collection permanente
du Musée d’art
moderne de New York.
59
Élégante, claire et neutre
Quiconque sait lire connaît bien Helvetica, l’une des
polices de caractères les plus populaires de tous les temps.
Conçue en 1957 par Max Miedinger et Eduard Hoffmann
pour la Fonderie Haas à Münchenstein (Suisse), Helvetica
est une police linéale, sans empattements. Un peu comme
celle que vous lisez en ce moment. Élégante et moderne,
Helvetica incarne le design International Suisse, qui met
l’accent sur la clarté, la lisibilité et l’objectivité.
Dérivée de Helvetia, l’appellation latine de la Suisse,
Helvetica est considérée par FontShop Germany comme
la meilleure police de tous les temps. Elle est omniprésente,
sur les logos, les sites Internet et les emballages. Les
designers en apprécient la neutralité. Une police décorative
CWPGHHGVKOOÅFKCVUWTNoCRRCTGPEGFoWPGCHƟEJGQWFG
la jaquette d’un livre. Avec Helvetica, c’est le design global
de l’objet qui l’emporte. Après plusieurs fusions et réorganisations, Helvetica a trouvé sa place dans les banques
de polices de Monotype Imaging, une société de polices
de caractères et de logiciels située à Delaware dont la
valeur de marché atteint USD 489 mio. et qui a enregistré
un chiffre d’affaires d’USD 123.2 mio. en 2011.
58
63
GLOBAL INVESTOR 1.12
—35
63
La déesse des voitures
60
Démarrage sur
les chapeaux
de roues
En lançant la FLH Electra
Glide en 1965, HarleyDavidson créé un classique.
Le secteur de la moto
est alors en plein chamboulement, les marques
japonaises arrivant sur
le marché avec des modèles légers, plus petits
mais très performants. À
côté, les Harley sont les
«poids lourds» de l’Amérique, les icônes de la moVQ,QWCPVFGƟPGUUGNC
société sort un modèle à
la fois innovant et traditionnel. Elle maintient encore pendant un an le
célèbre moteur «panhead»
1200 cm3, utilisé sur toutes
les grosses Harley de
la série Glide depuis 1948,
puis la propulse dans le
futur avec un tout nouveau
démarreur électrique et
un système électrique 12
volts. Démarrage sur les
chapeaux de roues garanti!
L’Electra Glide reste
équipée d’un kick destiné
aux puristes. Fidèle à
son approche alliant tradition et nouveauté, Harley
équipe ses modèles de
deux sélecteurs de vitesses
– à pied et à main, anticipant que le sélecteur à
pied séduirait les jeunes
motards et les amateurs
de modèles britanniques.
En 2011, les ventes mondiales de Harley-Davidson
atteignent USD 4.7 mrd.
61
Un imprimé qui fait fureur
Outre ses articles rafƟnés – ses trenchs, ses parfums,
son chevalier équestre, Burberry est connu pour
son célèbre imprimé, qui apparaît en 1924 sur la doublure de ses manteaux. Il faudra toutefois attendre
50 ans pour que la maison de luxe londonienne commence à l’utiliser sur ses parapluies, sacs, écharpes et autres accessoires. En 1997, cherchant à donner un nouveau soufƠe à la marque, la société sort
une casquette de baseball en imprimé. Mais les hooligans s’en emparent et la société voit son image
de marque entachée. L’enseigne retire l’article de la
vente et réduit la visibilité de son motif ofƟciel sur
ses produits. Par la suite, elle cherchera à regagner
ses galons de noblesse. En 2011, le Groupe a
enregistré un chiffre d’affaires de GBP 1.5 mrd.
62
Le plastique,
c’est
fantastique!
Du celluloïd à la bakélite
en passant par le polyéthylène, les plastiques
ont façonné le monde,
révolutionnant l’industrie,
redynamisant les économies, redéƟnissant les
limites de la créativité,
libérant entrepreneurs,
artistes et artisans des
contraintes du bois, de la
pierre et du métal.
Comme le dit la chanson,
le plastique, c’est fantastique! Depuis un siècle, il
fait l’objet d’un nombre
incalculable de procédés
et de brevets.
Cherchant à créer un
vernis de qualité, le
chimiste Leo Hendrik
Baekeland invente
la bakélite en 1909. En
1933 , Dow découvre
accidentellement le saran. Deux ans plus tard,
Wallace Carothers
met au point le nylon
pour DuPont. En 1946,
James Hendry révolutionne la production avec
sa première machine
de moulage par injection
à vis, donnant naissance
à un marché mondial
de plus d’ USD 1000 mrd.
Consommation
de plastique en Suisse
Source: «Recyclage de plastique en
Suisse,» étude réalisée par Redilo GmbH
RQWTNo1HƟEGHÅFÅTCNFGNoGPXKTQPPGOGPV
Agriculture
Médecine
Autres
Ameublement
Articles
ménagers
Électronique
Véhicules
Emballage
Bâtiment
On a dit qu’elle était la plus belle voiture qui soit. Lancée
en 1955 au Salon de l’Automobile de Paris, la Citroën
DS était révolutionnaire: basse, aérodynamique, roues
CTTKÄTGECOQWƠÅGUGVKPPQXCVKQPUHWVWTKUVGUEQOOG
la suspension hydropneumatique et les freins à disques.
Dessinée par le sculpteur italien Flaminio Bertoni
et l’ingénieur aéronautique français André Lefèbvre, la
luxueuse DS – la Déesse – fait immédiatement fureur,
avec 12 000 commandes le jour de son lancement. En
1975, date d’arrêt de sa production, il s’en était vendu
près de 1.5 million dans le monde. De Gaulle en a fait la
voiture de la présidence: elle lui aurait permis d’éch apper à la mort lors de l’attentat de 1962. PSA Peugeot
Citroën – deuxième fabricant automobile européen – a
réintroduit la marque DS en 2009.
64
Identité visuelle du futur
Il y a 50 ans, l’influence de Wim
Crouwel était omniprésente en
*QNNCPFGCHƟEJGUGVECVCNQIWGURQWT
le Stedelik Museum d’Amsterdam,
typographies facilement lisibles sur
les écrans. Total Design (aujourd’hui
Total Identity), l’agence dont il est le
co-fondateur, façonne l’identité
visuelle du futur. L’un des grands designers du siècle dernier, W. Crouwel
est au cœur de l’ère numérique et
spatiale émergente. Il crée des polices
de caractères (New Alphabet,
Fodor et Gridnik) et invente, avec Josef
Müller-Brockman, un système de
grilles pour ses créations modulaires.
65
Classique et
fantomatique
Prendre un classique
d’il y a 250 ans et le propulser au XX I e siècle,
Philippe Stark, designer
provocateur à succès,
l’a fait, en créant en 2002
la chaise Louis Ghost
pour le fabricant de
meubles italien Kartell.
Fabriquée en polycarbonate transparent injecté
dans un moule simple,
un processus mis au
point par Kartell, la chaise
Louis Ghost est rapidement devenue l’un de
ses produits phares.
66
Notre planète
tangible
L’expérience fascine et
effraie. La Terre tangible
de Shinichi Takemura –
un immense globe littéralement branché sur
la planète – montre en
temps réel les changements dynamiques
au niveau des courants
océaniques, des températures, ainsi que les
séismes et les déplacements de la pollution.
tangible-earth.com/en
GLOBAL INVESTOR 1.12
—36
67
69
Les clefs de la
perfection
Des personnes,
une planète,
des proƟts
Grand fabricant d’instruments de musique, Steinway
serait à l’origine du piano moderne. Fondé en 1853
à New York par un fabricant de pianos allemand immigré
aux États-Unis, Steinway & Sons produit actuellement
environ 2500 instruments par an, fabriqués un à un et
dotés de plus de 125 fonctionnalités brevetées mises
au point durant les 160 dernières années. Plus de 1500
concertistes dans le monde portent le titre d’Artiste
Steinway, indiquant qu’ils possèdent et utilisent un
Steinway. Le premier piano de la marque est exposé au
Metropolitan Museum of Art. Dans les années 1960,
la concurrence croissante du japonais Yamaha contraint
la famille Steinway à vendre l’entreprise à CBS.
Celle-ci l’a cédée à un groupe d’investisseurs de Boston
qui l’ont rebaptisée Steinway Musical Instruments.
68
L’histoire des sacs Freitag
ressemble à un conte
de notre temps. En 1993,
deux graphistes zurichois,
Markus et Daniel Freitag,
cherchent un sac fonctionnel et imperméable qu’ils
puissent transporter à vélo.
N’ayant pas trouvé leur
bonheur, ils décident d’en
fabriquer un avec des
matériaux recyclés. Mais
lesquels? Regardant par la
fenêtre, Markus voit un
LQWTFGUECOKQPUFÅƟNGTUWT
l’autoroute. La plupart
sont recouverts de bâches
bigarrées de logos et
motifs colorés. C’est le déclic. Un phénomène marketing est né. Aujourd’hui,
Freitag vend plus de
300 000 sacs et accessoires par an – en ligne
ou dans ses magasins
du monde entier – tous
fabriqués en bâche de
camion, en chambres à air
de vélo et en vieilles
ceintures de sécurité recyclés (cf. chiffres).
Chaque sac est unique.
Chacun a son histoire.
Tous s’adressent à un
nombre croissant de
consommateurs prêts à
mettre le prix pour
incarner l’écologie.
Le design pour le quotidien
Matériaux utilisés (par an)
Tonnes de bâches de camion
.G$CWJCWUCÅVÅNoÅEQNGFoCTVOQFGTPGNCRNWUKPƠWGPVG
du siècle dernier. Fondé en 1919 par l’architecte Walter
Gropius à Weimar (Allemagne), le Bauhaus – la maison du
bâtiment – rapproche les arts plastiques des problématiques de la société industrielle moderne. Le mouvement
nivelle la traditionnelle hiérarchie des arts et ouvre la
voie à nombre d’idées qui ont inspiré artistes, architectes
et designers du XXe siècle.
Suite à sa fermeture par les Nazis en 1933, enseignants
et élèves du Bauhaus diffusent leurs idées dans le monde
entier. Walter Gropius part enseigner à Harvard, l’architecte
Mies van der Rohe à l’Institut de technologie de l’Illinois,
l’artiste Josef Albers au Black Mountain College en Caroline du Nord, László Moholy-Nagy, à qui l’on doit la
paternité du multimédia, fonde ce qui deviendra l’Institut
du design de Chicago, et l’architecte/designer Max Bill
crée l’Institut du design à Ulm (Allemagne).
390
390 tonnes de bâches
exprimées en kilomètres
de camions
70
Une révolution
en poche
Un bon parapluie est une
merveille mécanique,
un assemblage de mâts,
d’anneaux coulissants,
de baleines et de ressorts
dont l’objectif est de
nous garder au sec. On
l’ouvre et il nous protège
instantanément de la
pluie. Sa conception remonte à des milliers
d’années; hormis le cadre
en acier léger apparu
dans les années 1850, il
n’a pas beaucoup évolué
jusqu’en 1928 , lorsque
Hans Haupt, un blessé
de guerre berlinois qui
trouve difƟcile de se
déplacer à la fois avec
une canne et un parapluie, invente le premier
parapluie télescopique
que l’on peut glisser sous
le bras ou dans la
poche. Haupt le baptise
le «mioche» – «knirps»
en allemand – et fonde
une marque mondiale qui
révolutionne le secteur,
imposant une norme
pour les parapluies portatifs de qualité. AƟn
de démarquer Knirps des
copies, la société introduit le Point Rouge (label
d’authenticité) dans
les années 1950 et intègre
d’autres innovations au
fil des ans. Aujourd’hui,
tout le monde connaît
Knirps. Et l’on aura toujours besoin de parapluies. Rien qu’aux
États-Unis, il s’en vend
quelque 33 millions
par an. Le parapluie fait
aussi l’objet de constantes améliorations ou
réinventions: chaque
année, les brevets déposés sont si nombreux
que l’ofƟce américain
des brevets emploie des
inspecteurs à plein
temps pour les examiner.
Même les designers s’y
intéressent: ces dernières années, Christian
Lacroix, Chanel, Prada
et Burberry ont ainsi
ajouté des vêtements et
accessoires de pluie
à leurs collections.
71
Un tourbillon d’idées
98
Nombre de chambres
à air de vélo
36 000
Nombre de ceintures
de sécurité
220 000
m3 d’airbags recyclés
1200
5QWTEGYYYHTGKVCIEJHCEVUƟIWTGU
Designer industriel, Sir James Dyson met longtemps
avant de parvenir à commercialiser son invention, l’aspirateur à séparation cyclonique sans sac. Les réticences
étaient nombreuses, les multinationales estimant qu’elle
UKIPGTCKVNCƟPFWOCTEJÅFWUCEFGTGEJCPIGSWKTG
présentait USD 500 mio. par an. En 1985, James Dyson
décide d’importer son invention au Japon. L’accord de
licence qu’il signe lui permet de fabriquer son aspirateur
sous son propre nom. C’est le DC01. Dix ans plus tard,
c’est un best-seller au Royaume-Uni. L’histoire de Dyson
est une leçon de créativité et de persévérance. Il lui
aura fallu quinze ans et 5127 prototypes pour parfaire sa
technologie. Depuis, avec son équipe de designers, il a
mis au point d’autres produits révolutionnaires tels que les
sèche-mains Airblade et les ventilateurs sans hélice. Aujourd’hui, Dyson Appliances emploie plus de 3100 personnes
et génère un chiffre d’affaires de plus d’USD 6 mrd.
71
GLOBAL INVESTOR 1.12
—38
72
Voler sur l’eau
C’est le voilier le plus
rapide au monde.
Lors d’un essai, il a
dépassé les 60 nœuds
avant de basculer.
Conçu sous la houlette
du navigateur français
Alain Thébault, l’Hydroptère est un plan porteur
proƟlé et immergé multicoque qui «vole» sur
l’eau. Comme un avion,
il utilise la portance
dynamique, les foils
jouant le rôle d’ailes
immergées. La portance
augmente avec la vitesse,
et une fois qu’elle excède le poids du bateau,
celui-ci s’envole. Ce
catamaran proƟlé n’aurait pas pu être construit
sans l’invention de
nouveaux matériaux très
résistants. Les bras sont
en titane et les voiles
sont tissées en Ɵbre de
carbone.
À lui seul, le mât
coûte EUR 400 000. Alain
Thébault et son équipe
d’ingénieurs ont bénéƟcié
du soutien de Dassault
Aviation, Airbus et du
groupe français de défense navale DCNS .
Le 4 septembre 2009,
l’Hydroptère a battu le
record mondial de
vitesse sur 500 mètres,
avec 51,36 nœuds
(95,12 km/h), atteignant
même une vitesse de
pointe de 55,5 nœuds.
73
Inspiration
canine
Inspiré par les coussinets de son chien,
le yachtman Paul Sperry invente en
1935 la chaussure bateau antidérapante. La marine américaine, puis le
monde entier, adopte ses Topsiders.
%QPHTQPVżFGUFKHƟEWNVÅUUWTWPOCTEJÅ
en perte de vitesse, Collective Brands,
qui détient entre autres Sperry, a
été récemment vendu pour USD 2 mrd.
74
Verrerie d’art
En 1900, René Lalique
était le joaillier le plus
connu au monde, l’un des
maîtres de l’Art nouveau;
25 ans plus tard, en pleine
période Art déco, il est
le verrier le plus célèbre au
monde. De la création
d’objets d’art et de bijoux
uniques, Lalique s’est
tourné vers la production
en série d’objets usuels
et innovants en verre.
Artiste de renommée
mondiale, Lalique devient
un industriel d’envergure
internationale. Il fabrique
des vases, des horloges,
des statues, mais aussi des
lampes et des services
de table. Certaines de ses
œuvres les plus emblématiques sont les mascottes,
de forme humaine et
animale, qu’il a créées pour
des marques de l’âge
d’or automobile – Hispano
Suiza, Isotta Fraschini,
Bugatti, Bentley et
Mercedes-Benz – la plus
célèbre étant «Victoire»
(Esprit du vent), présentée
en 1928 sur une Minerva
au Salon de l’Automobile
de Paris.
Recherché par les
collectionneurs du monde
entier, un «Renard»
Lalique s’est vendu pour
USD 204 750 l’an dernier
lors d’une vente aux
enchères. Certaines pièces
QTKIKPCNGUFGNCƟPFW
XIX e siècle sont exposées
au Metropolitan Museum
of Art à New York City, au
Musée d’Orsay à Paris,
et au Victoria and Albert à
Londres. Aujourd’hui, la
marque Lalique, détenue
par Art & Fragrance,
continue de produire des
objets décoratifs en
verre et des bijoux haut de
gamme et les vend dans
le monde entier.
75
Le cerveau de Braun
Braun est connu pour ses designs simples
et fonctionnels. Son succès et ses innovations,
Braun les doit à Dieter Rams. Celui-ci, dont
l’approche minimaliste a été adoptée par Steve
Jobs et Jonathan Ive d’Apple, est l’un des
designers les plus inƠuents au monde. Et ses
dix principes du bon design – innovateur, utile,
esthétique, compréhensible, discret, honnête,
durable, cohérent jusqu’au moindre détail, écologique et enfin, minimaliste – restent les
principaux fondements de la créativité industrielle universelle. Au cours de ses 40 ans
de carrière en tant que responsable du design
chez le fabricant allemand de biens de consommation, Rams a participé à la conception
de plus de 500 produits – des cafetières aux
centrifugeuses en passant par les réveils, calculatrices, haut-parleurs et phonographes.
Il a contribué à mettre au point le fameux
phonographe SK4, précurseur du système
hi-fi moderne, et a conçu la première chaîne
audio. Ses designs font désormais partie
des collections permanentes de musées tels
que le Musée d’art moderne à New York, le
Victoria and Albert à Londres et le Stedelijik à
Amsterdam. Aujourd’hui, Braun est une Ɵliale
de Procter & Gamble. Le marché mondial des
petits appareils ménagers devrait atteindre
plus de 615 millions d’unités d’ici la fin 2015 .
GLOBAL INVESTOR 1.12
Le secteur du design
Une Inde
créative
En Inde, le design est une discipline en gestation. Ainsi, le design de packaging
est un secteur relativement mûr, contrairement au design de l’électronique
grand public et des appareils électroménagers. Nous vous invitons à lire une
conversation avec l’un des plus grands designers indiens sur les spécificités
culturelles de son pays et sur la façon d’améliorer la prise en compte des coûts,
le potentiel commercial et le calendrier du design.
Michael Foley a fait ses études au National Institute of Design d’Ahmedabad et a dirigé
le service du design à Titan Industries, en se spécialisant dans les accessoires,
plus précisément les montres, avant de démissionner pour créer son propre studio,
Foley Designs, à Bangalore. Foley Designs a créé le bâton destiné à l’édition 2010
des Jeux du Commonwealth et s’intéresse désormais à la façon dont le design peut
être générateur d’améliorations urbaines.
Illustration: Matthew Cook
Cet article en écoute sur la plate-forme d’information Global Investor:
www.credit-suisse.com/globalinvestor
—39
Giselle Weiss: Comment qualifieriez-vous
le design en Inde?
Michael Foley: Les différentes disciplines du design n’y sont pas toutes sur un
pied d’égalité. Les plus courantes sont
le branding et l’identité. La majorité des
entreprises voient ce qu’un designer
peut leur apporter. Le design d’espace
connaît aussi un essor, qu’il soit design
de meuble, d’architecture ou d’architecture
intérieure. La discipline la moins
connue reste le design de produit, mais
elle s’impose peu à peu.
Qu’est-ce que le public imagine que le
design de produit peut lui apporter?
Michael Foley: Plusieurs choses. Si
le design est d’ordinaire associé superficiellement à certaines fonctionnalités
d’un bon produit, comprendre le potentiel
du design de produit va au-delà. Nous
touchons à la simplicité, à l’intuition et à
la fonctionnalité, au mariage entre
ingénierie, artisanat et production. Les
entreprises commencent à réaliser
que le design peut faire la différence.
Dans quelle mesure ces changements
sont-ils liés à la croissance économique?
Michael Foley: La profession a commencé à s’implanter en Inde dans les années
1960. De nos jours, certains marchés sont
saturés de produits présentant des différences minimes en termes d’avantages pour
le consommateur – comme la texture
ou la finition – ce qui induit un désir de différenciation. On assiste aussi à une plus
grande prise en compte des coûts, avec à
la clé des économies d’échelle et des
processus plus intelligents. Ces facteurs
sont au cœur du design industriel. En
Inde, petites villes et régions rurales sont
une opportunité unique pour le design.
Il faut donc bien davantage réfléchir aux
solutions de design.
En Inde, où s’arrête l’artisanat et où
commence le design?
Michael Foley: En Inde, nous avons un
formidable bouquet de métiers et toute une
palette de petites entreprises qui créent
des objets suivant des procédés de fabrication traditionnels. Or, cette industrie artisanale s’est banalisée sans véritablement
évoluer dans le sens du design. Le design
permet aujourd’hui à ces métiers de se redéfinir pour les consommateurs actuels,
même si, pour l’instant, cela concerne surtout les textiles. C’est sensiblement ce
qui s’est passé en Italie avec la verrerie de
Murano, qui a vraiment pris son essor
grâce à des designers et des créateurs. >
GLOBAL INVESTOR 1.12
—40
Vous évoquez souvent le problème de
l’adaptation au marché indien.
Michael Foley: Prenez le téléphone
portable. Ici, on ne se le colle pas à
l’oreille, car il circule très souvent parmi les
membres de la famille, ce qui influence
la conception des contrôles du volume. En
fait, nombre de paramètres ont évolué
au rythme des coutumes locales telles que
faire un appel manqué pour prévenir
qu’on arrive quelque part. L’Inde a énormément de petits entrepreneurs, et tout ce
qui permet de développer l’entreprise peut
influer sur la conception de ces appareils.
Comment cela se traduit-il depuis la
perspective d’une entreprise de design?
Michael Foley: Certains fabricants
mondiaux ont un modèle de recherche intéressant pour l’Inde et l’Asie du Sud-est,
basé sur les retours des designers locaux.
Nous avons travaillé pour des groupes
internationaux et sommes souvent approchés pour structurer des plateformes
innovantes destinées, par exemple, à des
appareils portables pour le marché
indien. Nous menons une étude complète
dans et autour de villages et de villes
d’Inde pour déterminer les domaines d’opportunité. Nous définissons des concepts
renvoyés aux fabricants et intégrés à leurs
gammes de produits.
Steve Jobs a déclaré un jour que le
consommateur ne sait pas ce qu’il veut tant
qu’il n’a pas vu le produit. Est-ce valable
pour l’Inde?
Michael Foley: Il est important d’être
à l’écoute de ce que le consommateur comprend et accepte. De nombreuses entreprises se focalisent sur les prétendues innovations de proximité, un peu différentes,
mais assez satisfaisantes pour que le
consommateur ne les rejette pas d’emblée.
Il s’agit là d’une approche relativement
sage. Plus l’on comprend le consommateur,
plus l’on peut prendre de risques.
Comment les différents secteurs
se comportent-ils en termes de maturité?
Michael Foley: Pour certains secteurs
comme le packaging, les références
sont mondiales et sans véritable point de
référence indien. La plupart des comparaisons se font en fonction du reste du
monde. Du fait des économies d’échelle,
vous pouvez investir dans l’innovation,
amortir sur de plus grands volumes et obtenir quelque chose de voisin à ce qui se
fait dans le monde entier. Le même phénomène s’observe dans l’hygiène personnelle
et l’alimentation.
«En Inde, petites villes
et régions rurales sont
une opportunité unique
pour le design. Il faut
donc bien davantage
réfléchir aux solutions
de design.»
Quelles leçons l’Inde peut-elle tirer des
marchés développés?
Michael Foley: Du point de vue du
design, la grande leçon tient à la longévité
des marques. Je crois que le design
peut contribuer à faire évoluer les produits
tout en conservant leur identité. Les marchés développés nous l’ont prouvé, et il est
intéressant de voir comment cela se
traduit ici. En Inde, nous avons l’embarras
du choix. Les marques font leur maximum
pour garder leurs consommateurs. Les marchés développés sont aussi des points
de référence pour l’Inde. La conception des
systèmes aéroportuaires est un bon
exemple. D’une certaine manière, vous
pouvez examiner le futur, examiner le
passé, ce qui est possible, puis l’adapter
au mieux au schéma indien.
Et les mises en garde?
Michael Foley: L’Inde a un modèle de
développement durable intéressant, ancré
dans la famille. La plupart des familles
pauvres recyclent tout: la majorité des objets a une deuxième vie. Les marques
présentes sur le marché doivent donc veiller
à la durabilité de leurs produits. Le
packaging dispose de nombre de procédés
intéressants: les vendeurs de rue utilisent
ainsi des journaux et d’autres matériaux recyclables, ce qui diminue les volumes
de déchets, mais ces procédés ne peuvent
rivaliser avec le plastique pour les
économies d’échelle.
Un débat fait actuellement rage dans
les pays occidentaux pour savoir si le design
n’est pas simplement devenu du branding.
Michael Foley: C’est un peu le problème
de la poule et de l’œuf. La plupart des
entreprises qui débutent commencent par
proposer tout ce qu’une marque doit
avoir avant que le reste ne suive. Quand la
marque existe depuis un certain temps,
le point de vue change et l’accent est mis
sur l’expérience du consommateur, sur son
homogénéité et la capacité à la fournir.
C’est du moins ainsi que ça devrait se passer dans un monde idéal.
Vous dites que l’écosystème du design
n’est pas complètement formé
en Inde. Comment évolue-t-il?
Michael Foley: Pour commencer, nous
sommes une communauté discrète. Nous
devons faire de notre mieux pour gagner
GPKPƠWGPEG%oGUVWPFÅƟSWGPQWUTGNGXQPU
tous, chacun à notre façon. Ensuite, les
entreprises ne voient pas toutes de la
même façon ce que le design peut apporter
et quand il doit intervenir. Celles qui s’y
prennent très tôt lors de leur réflexion sur
leur stratégie s’en sortent bien mieux
que celles qui s’y mettent beaucoup plus
tard, durant un brief marketing. Du point de
vue de l’écosystème, le design industriel
demande obligatoirement une plus grande
interaction entre les agences – sociétés
d’ingénierie, de prototypage ou d’étude
des consommateurs. Or, pour cela, nous
devons être beaucoup plus ouverts.
Vous croyez fermement que le design peut
entraîner un changement systémique…
Michael Foley: Donner une vraie place
au design en Inde est l’un de mes défis.
Dans mon studio, nous avons choisi d’étudier les villes pour comprendre comment de
légers changements, la gestion des déchets, les feux de signalisation ou la modification des trottoirs peuvent transformer la
société. L’Inde a vraiment besoin que
chaque consommateur découvre et ressente le design.
Et comment faire?
Michael Foley: Nous voulons faire
valider diverses idées sous forme d’une
«représentation d’opportunités»
itinérante pour les entreprises, montrant
ce qui est faisable avec quelques idées
et technologies simples. Nous cherchons
à nouer un partenariat avec des entreprises
pour faire avancer certaines d’entre elles.
Nous concevons un réverbère intelligent qui
se transforme en petit abri selon les
variations climatiques (soleil, pluie, …) Nous
voulons créer un mouvement qui placera
l’Inde sur l’échiquier mondial du design.
Interview par Giselle Weiss, rédactrice freelance
Pour plus d’informations sur le sujet
Ɩ
10 , 44 , 95
p 09
p 24
p 49
GLOBAL INVESTOR 1.12
Musée du 21è siècle
Quand le
design domine
Fondé en 1897, le musée national du Design Cooper-Hewitt du Smithsonian
est le seul musée dédié au design historique et contemporain aux États-Unis.
Au terme de l’actuel chantier de rénovation de 54 millions de dollars,
le musée aura pour objectif avant-gardiste d’aider les gens, entre autres, à
recourir au «Design Thinking» pour résoudre des problématiques complexes.
Caroline Baumann est suisse-américaine. Elle a grandi dans un environnement
familial favorable à la création puisqu’il s’y trouvait même une presse en état de
fonctionnement. Après avoir obtenu une maîtrise en art médiéval à l’Institut
des Beaux-Arts de l’Université de New York, elle a travaillé au musée d’Art moderne
de New York pendant dix ans. En 2001, elle a rejoint le musée Cooper-Hewitt en
tant que première recrue de l’ancien directeur, Paul Thompson.
Illustration: Matthew Cook
Bill Moggridge est britannique et concepteur industriel de formation. On lui doit
notamment le design du premier ordinateur portable. En 1969, Bill Moggridge a ouvert
une chaîne à Londres, avant de développer son activité à San Francisco dix ans
plus tard. En 1991, il s’est allié à deux autres sociétés pour cofonder IDEO, un cabinet
de conseil en création. En 2010 , il a été nommé directeur du musée national du
design Cooper-Hewitt à New York.
—41
Giselle Weiss: Quel doit être le rôle d’un
musée du design dans la société?
Bill Moggridge: Pour la plupart des
gens, le mot «musée» évoque souvent de
vieux objets poussiéreux. En tant que
ressource nationale du design, nous avons
l’occasion d’aider les gens à comprendre
comment fonctionne le design, en quoi
il consiste, comment s’y former, comment
créer autour de nouvelles idées – tout
ce qui peut affecter la manière dont les
gens appréhendent leur environnement
et qui va bien au-delà de la notion de muséeentrepôt. Nous sommes actuellement
en plein milieu d’un projet de rénovation
de deux ans. Bien sûr, la réouverture se
traduira par un musée physique, un
musée passionnant et rafraîchi du 21è siècle.
Mais nous voulons également être
reconnus comme l’endroit à visiter pour
apprendre des choses sur le design,
que ce soit dans des galeries physiques
ou sous forme virtuelle.
Dans l’esprit des gens, que peut leur
apporter le design de produits?
Caroline Baumann: Bill et moi-même
considérons avec admiration nos amis
et collègues en Europe où, à l’âge de cinq
ans, un enfant comprend déjà qu’une
assiette ou une cruche à lait est le fruit du
design. Nous visons le même résultat
à travers notre éducation aux États-Unis.
Nous voulons sensibiliser très tôt les
gens au fait que tout ce qui nous entoure
a fait l’objet d’une conception.
De quelles expositions êtes-vous les plus
fiers ces dernières années et pourquoi?
Caroline Baumann: «Color Moves: Art
and Fashion by Sonia Delaunay», qui a
remporté un prix de l’Association internationale des critiques d’art, fait partie de mes
préférées. Simultanément, nous proposions
une exposition sur les bijoux Van Cleef &
Arpels au premier étage, attirant ainsi deux
publics totalement différents. L’exposition
sur les couverts, appelée «Feeding Desire»,
a aussi remporté un franc succès, les
fourchettes, couteaux et cuillers étant des
objets que chacun connaît. Ces expo sitions
permettent d’illustrer l’impact du design
sur la vie quotidienne.
Bill Moggridge: Les jeunes se sont
montrés particulièrement intéressés
par notre série «Design with the Other
90%» qui a débuté en 2007 et passe
en revue des produits et des objets utilisés
partout dans le monde. La deuxième
exposition de la série, présentée récemment aux Nations Unies, se consacre
>
GLOBAL INVESTOR 1.12
—42
«Nous voulons sensibiliser
très tôt les gens au
fait que tout ce qui nous
entoure a été conçu.»
à une vingtaine de villes en forte croissance
démographique et aux opportunités qui
en découlent pour le design. Les gens
semblent fascinés par l’idée de créer de
nouvelles choses bénéficiant non seulement
à eux-mêmes, mais aussi aux sociétés
du monde entier.
En quoi le rôle du design change-t-il?
Bill Moggridge: Le contexte s’élargit.
À l’époque où j’ai obtenu mon diplôme, l’optique était de concevoir des objets pour
les gens pendant toute une carrière, principalement en métal ou en plastique.
Maintenant, les créateurs ont une vision
plus holistique des gens en tant que
clients. Leurs œuvres prennent désormais
en compte la santé et le bien-être. Les
architectes qui, auparavant, créaient «simplement» des bâtiments, visent désormais
l’innovation sociale et imaginent des
structures individuelles. L’idée de démontage et de recyclage à des fins de durabilité
a également été délaissée au profit
d’une conception plus largement axée sur
l’environnement.
L’ère du numérique complique-t-elle
la vie des créateurs?
Bill Moggridge: Je pense plutôt
qu’elle leur ouvre des opportunités. L’élargissement du contexte, tel que je l’ai
expliqué, n’aurait pas été possible sans le
numérique. La connectivité est ce qui
réduit le monde. Au fond, concevoir, c’est
essayer de résoudre un problème avec
une intention particulière. Et cette intention
peut être de n’importe quel ordre. Dès
lors que vous pensez le design en termes
de nouvelle intention, y compris le monde
numérique, les possibilités se multiplient
au lieu de se réduire.
Caroline Baumann: Le prototypage
rapide ou le papier peint numérique actuellement produit par Maharam sont de
parfaits exemples de créativité et de succès. Ingo Maurer conçoit aussi beaucoup
de choses originales avec le numérique,
telles que le papier peint à LED.
En quoi réside la difficulté de réaliser un
musée du design tel que vous l’envisagez?
Caroline Baumann: L’un de nos plus
grands défis est de faire en sorte qu’une
visite au musée en appelle d’autres. Veiller
à ce qu’un enfant de douze ans s’amuse,
soit suffisamment intéressé pour revenir et
à ce que ce musée devienne rapidement
pour lui un lieu de prédilection. En fait, la
difficulté est la même pour tous les âges:
comment varier suffisamment les expositions pour que les gens reviennent?
Bill Moggridge: On peut parler d’une
nouvelle série de défis. Il ne s’agit pas
de remplacer les choses physiques mais
de combiner l’ancien et le nouveau, la
par ticipation active (l’apprentissage par
la pratique) et traditionnelle (l’apprentis sage
par les yeux).
En quoi votre expérience en tant que
cofondateur et gérant d’IDEO contribue-telle à votre vision de Cooper-Hewitt?
Bill Moggridge: Le «Design Thinking»
est un courant de pensée qui a été réellement initié par le travail effectué au sein
d’IDEO. L’objectif était d’intégrer dans des
équipes interdisciplinaires des dirigeants qui
n’avaient pas forcément de formation en
design et de les aider à appliquer des processus de conception industrielle pour
résoudre des problèmes à première vue extrêmement complexes et ingérables.
Cette approche, que l’on doit à l’expérience
d’IDEO, s’est répandue dans le milieu
universitaire et a même conquis des instituts comme la «D.School» de Stanford.
Pouvez-vous citer quelques-unes de vos
créations préférées?
Caroline Baumann: Je suis une grande
adepte des chaises et des sculptures de
Harry Bertoia, y compris des chaises Diamant et Petit Diamant de notre collection.
J’aime beaucoup aussi la chaise «honey
pop» de Tokujin Yoshioka, que nous possédons d’ailleurs. Mes favoris, ce sont nos
papiers peints, en particulier une paroi acquise récemment, conçue par Javier
Mariscal, un créateur né en 1950. Il s’agit
d’un magnifique papier peint orange
représentant des esquisses de chaises.
J’adore. Je veux le même chez moi!
Bill Moggridge: La lampe Tizio de
Richard Sapper, une lampe noire à balancier qui ressemble à un insecte, est un
design classique en vogue depuis longtemps. J’aime aussi la toute récente lampe
Leaf d’Yves Behar, qui s’est installé à
San Francisco pour fonder «fuseproject» il y
a quelques années.
Que devraient ramener chez eux les
visiteurs de Cooper-Hewitt?
Bill Moggridge: L’idée que tout est
design. Rares sont ceux qui y pensent ou
qui en sont conscients. Or, tout ce
qui est fait par l’être humain implique une
décision créative.
Caroline Baumann: Dès le réveil, le
design est partout!
Interview par Giselle Weiss, rédactrice freelance
Pour plus d’informations sur le sujet
Ɩ
06 , 43 , 98
p 08
p 23
p 49
GLOBAL INVESTOR 1.12
—43
80
78
76
Des trains à grande vitesse
Élégants, puissants et rapides, les
Shinkansen – ces fameux trains à
grande vitesse japonais, possession
depuis 1987 du groupe Japan
Railways, formé de East Japan Railway
Company (la plus grande société
de chemins de fer au monde), Central
Japan Railway Company et West
Japan Railway Company – offrent
un transport interurbain de masse depuis 1964. L’accélération de la technologie s’est accompagnée d’une envolée des coûts – près d’USD 50 mio.
par mile de voie – dans un secteur
qui devrait atteindre USD 900 mrd
dans le monde entier d’ici 2015.
77
Gourou des
tendances
Avec des bureaux à Paris, New York et Tokyo, Li Edelkoort
est l’une des plus grandes prêtresses de tendances
de la planète. L’archéologie du futur est sa profession.
Tout le monde l’écoute: les multinationales comme
Coca-Cola, Estée Lauder, L’Oréal, Gucci, Shiseido,
Siemens, les fabricants automobiles, les banques,
même les gouvernements. Ses fameux cahiers de tendances décrivent les évolutions des couleurs, matières,
formes et styles avec deux ans d’avance. Depuis
plusieurs années, la visionnaire néerlandaise annonce la
Ɵn de la mondialisation – «Nous sommes las de voir
les mêmes enseignes partout» – et une renaissance des
styles et goûts régionaux. C’en est Ɵni de la culture
dominante! Notre rythme ralentit, nous sommes en quête
d’authenticité, d’honnêteté et de vérité. Et l’industrie
du bien-être est en plein essor.
Des bottines
très mode
Après leur adoption par
les Beatles, elles deviennent l’incontournable
des sixties. Créées à
l’époque victorienne, les
bottines Chelsea font
d’abord fureur parmi la
jeunesse dorée de Kings’
Road au milieu des
années 1950. Les chausseurs Anello & Davide
lancent leur version au
début des années 1960 :
plus Ɵnes, avec une
couture au milieu et un
talon cubain. En 1961,
John Lennon et Paul
McCartney les remarquent dans une boutique
Anello. Au milieu de la
décennie, elles deviennent LA chaussure des
musiciens rock et LA
référence mode de New
York à Liverpool.
Un classique en verre
La table Noguchi – deux pieds en cerisier inversés
surmontés d’un panneau triangulaire en verre
épais – est à mi-chemin entre l’œuvre d’art et le
meuble fonctionnel. Créé par le sculpteur
Isamu Noguchi pour le fabricant de mobilier
américain Herman Miller, qui en détient les droits,
ce classique moderne est produit depuis 1947.
82
Droit au cœur
79 81
Une chaise
pour tous
Lancée par le fabricant
de meubles Michael
Thonet en 1859, la chaise
en bois cintré Thonet
N°14 est la première
chaise produite en masse
du monde: 50 millions
s’en vendent entre 1860
et 1930, et bien plus
depuis. La société familiale Gebrüder Thonet
la fabrique encore, avec
d’autres modèles, à
Frankenberg (Allemagne).
Motifs végétaux
D’une certaine façon, nous le côtoyons tous au quotidien.
Designer, artisan, poète, imprimeur et fervent socialiste,
l’anglais William Morris est à l’origine du mouvement Arts
and Crafts en Angleterre et révolutionne le goût victorien.
Il dessine toutes sortes d’objets: carrelages, tapis,
vitraux et meubles. Aujourd’hui, il est plus connu pour ses
textiles et ses papiers peints – dont les fameux motifs
végétaux recouvrent encore les murs de nombreux foyers
– et les cartes, emballages-cadeaux et foulards utilisés
au quotidien qui en sont dérivés. Depuis le lancement de
Trellis en 1864, ses textiles et ses papiers peints n’ont
jamais cessé d’être produits. Morris & Co., la société qu’il
a créée, a fermé ses portes en 1940, mais ses imprimés sont vendus aujourd’hui via des licences contrôlées
par Arthur Sanderson & Sons Ltd., qui commercialise la
marque Morris & Co. Le marché mondial des revêtements
de murs devrait atteindre USD 26 mrd d’ici 2015.
Olivetti doit sa renommée
à son souci du design.
La Valentine, une machine
à écrire portative aux
lignes modernes lancée
le 14 février 1969, en
est un exemple probant.
Dessinée par Ettore
Sottsass, la Valentine était
conçue pour être transportable. Produite en
rouge, gris, vert et bleu,
elle se déleste du métal
et embrasse la mobilité du
plastique léger et moderne. Malgré son style
affirmé, ce modèle n’est
pas rentable: son prix
était trop élevé et la technologie de la machine
à écrire est très vite supplantée par l’arrivée
massive des ordinateurs.
#WLQWTFoJWKƟNKCNGFG
Telecom Italia, Olivetti
s’est recentré sur
les imprimantes et
l’informatique.
84
GLOBAL INVESTOR 1.12
83
84
La guerre des jeux
L’innovation est le moteur
de la concurrence, le
milieu impitoyable des
consoles de jeux est
là pour en témoigner. À
la Ɵn des années 1980,
le secteur est dominé
par Nintendo et Sega
(aujourd’hui Sega Sammy). Sony entre dans
la bataille en 1991, travaillant au départ avec
Nintendo sur un système
de CD de jeux pour
ordinateurs. Lorsque leur
partenariat prend Ɵn,
Sony fait cavalier seul et
utilise la technologie
mise au point pour lancer
en 1994 la PlayStation,
une console multi-usages
d’une nouvelle génération qui sonne le glas de
la traditionnelle cartouche de jeu. En mai
1995, plus d’un million
de consoles se sont
déjà vendues au Japon.
Aux États-Unis,
100 000 unités s’écoulent
les deux premiers jours.
Mais en 2006 , Nintendo
renverse la vapeur avec
la Wii, une plateforme
intuitive basée sur le
mouvement et pionnière
sur un énorme marché
encore vierge. Sa télécommande sans fil permet à toute la famille
de jouer au bowling, au
tennis ou au golf. Ses
ventes explosent celles
de la PlayStation.
Quatre ans plus tard,
Microsoft va encore
plus loin avec Kinect,
pour sa Xbox 360. Finie
la télécommande, il
sufƟt d’agiter sa main
devant l’écran. Huit
millions de Kinect se
vendent en 60 jours.
La bataille continue avec
les sorties régulières
et très médiatisées des
nouvelles générations
de consoles.
Comparaison Wii PlayStation 2004 – De nos jours
Source: Google Insights for Search
2004
—45
2012
Recherches sur Internet – Playstation Recherches sur Internet – Wii
Horloge
multicolore
Directeur du
design chez
Herman Miller,
George Nelson
est l’un des
fondateurs du
modernisme
américain.
Créée en 1948,
Ball – avec
ses tiges en
métal inimitables finies
par des
boules multicolores représentant les
chiffres – est
son horloge
la plus célèbre.
La collection
d’horloges
Nelson est
fabriquée par
la société
privée suisse
Vitra.
87
85
La puissance du Web
Journaliste de mode américaine,
Natalie Massenet crée une niche en
2000 en lançant Net-a-Porter, un
site de vente en ligne de vêtements de
luxe. Dix ans plus tard, elle cède
son entreprise au groupe suisse RicheOQPVTÅCNKUCPVWPDÅPÅƟEGFGRNWU
d’USD 80 mio. Le site attire plus de
2.5 millions de femmes par mois.
86
Métro nouveau
En quinze ans à peine, l’architecte Hector Guimard,
le plus célèbre représentant actuel de l’Art
nouveau, a fait montre d’une créativité proliƟque.
L’entrée de la station de métro Porte Dauphine
à Paris, avec sa structure en fer forgé et sa
verrière en éventail, est l’une de ses œuvres les
plus connues.
La bataille des
marques
Le monde du prêt à
porter à changé. Deux
de ses plus grands
acteurs – Uniqlo, l’enseigne nippone du
groupe Fast Retailing, et
l’espagnol Desigual –
entendent écouler leurs
vêtements partout
dans le monde. Adeptes
de la «fast fashion», ils
créent des collections
selon les dernières
tendances, concevant et
fabriquant leurs vêtements dans des délais
rapides pour offrir aux
consommateurs des modèles actuels à bas prix.
S’appuyant sur leur Ơair,
ils affûtent leurs armes:
guerre marketing, ventes
interactives, ventes en
ligne et réseaux sociaux.
Les inaugurations
de magasins sont des
événements. Avant-gardistes, leurs étalages
rompent avec les conventions. Coté à Tokyo,
Uniqlo, avec son
approche «made for all»
a de plus de 1000 magasins dans douze pays
et projette d’ouvrir
jusqu’à 300 points de
vente par an dans le
monde entier. Desigual,
et ses vêtements «qui
respirent le bonheur», se
targue déjà de plus de
7300 points de vente
dans 75 pays et envisage
d’ouvrir 100 nouveaux
magasins par an. Leur
cible: un marché juteux
du textile et de l’habillement d’ USD 400 mrd.
GLOBAL INVESTOR 1.12
—46
93
90
Un usage
ancien
88
La rayure esprit marin
Picasso en portait, Coco Chanel et James Dean
aussi. Depuis plus de 120 ans, Saint James
produit parmi les plus beaux tricots au monde
dans son usine normande. Mais sa notoriété
s’est forgée sur le vrai T-shirt breton. Ses
origines remontent à 1858 , lorsque la France
impose le tricot rayé comme uniforme pour
tous les marins. Le modèle d’origine avait 21
rayures, une pour chaque victoire de Napoléon.
89
Pas seulement
pour les
astronautes
Créé en 1848, Omega
appartient aujourd’hui
au groupe Swatch. Forte
de 25 ans d’expérience
en tant que chronométreur
QHƟEKGNFGU,GWZ1N[Opiques, la marque horlogère lance en 1957
un chronographe de sport
multifonctions baptisé
Speedmaster qui comprend un tachymètre,
un chronographe à trois
compteurs et des index
à contraste élevé. La qualité de son design est
EQPƟTOÅGNQTUSWoGNNGFGXKPV
la seule montre retenue
par la NASA après avoir été
testée dans des conditions extrêmes pour être
utilisée dans l’espace.
Portée par Buzz Aldrin
quand il fait ses premiers
pas sur la Lune avec
Neil Armstrong lors de la
mission Apollo 11 en
juillet 1969, elle est rebaptisée la Montre de la
Lune et entre dans l’histoire. Kevin Lyne-Smith
Entre les bonnes mains,
ces deux petits bâtons
de bois permettent
de saisir un grain de riz.
L’usage des baguettes
est attesté en Chine dès
1500 av. J.-C. mais il
se répand à l’époque de
Confucius (500 av. J.-C.),
les couteaux et autres
objets coupants, synonymes d’agression, n’ayant
pas leur place à table.
Sur le plan pratique, elles
permettent de préparer,
d’attraper et de manger
des mets chauds coupés,
réduisant ainsi le temps
de cuisson. De Chine, les
baguettes se répandent
en Corée, au Japon, au
Vietnam et en Thaïlande
et restent le couvert de
choix en Extrême Orient.
Aujourd’hui, la Chine
produit chaque année 57
milliards de paires de
baguettes en bois jetables
– un problème pour
la consommation du bois.
91
Une chaussure
qui décoiffe
92
Montagnes
de chocolat
Mandatés par le
détaillant britannique
Liberty, le styliste
Stephen Jones et le
chausseur Manolo
Blahnik ont revisité le
chapeau-chaussure,
fruit de la collaboration
d’Elsa Schiaparelli
et de Salvador Dalí en
1937. Leur création,
aux tons violet et orange,
s’est vendue aux
enchères USD 1300
avant Noël 2010.
Pour 2013 , le groupe
de luxe coté Tod’s
veut repositionner la
marque Schiaparelli,
acquise en 2007,
sur le segment du
«prêt-à-couture».
Créé en 1908, Toblerone
se classe parmi les
plus célèbres chocolats
suisses. Outre un goût
inimitable, il a une forme
triangulaire embléma tique qui rappelle les Alpes
suisses. Autre atout: il
se vend dans les boutiques
duty free en Suisse et
à l’étranger. En 1970, la
chocolaterie Tobler
fusionne avec Suchard,
et avec Jacobs en 1982.
En 1990, l’entreprise
est vendue au groupe
américain coté en
Bourse Kraft Foods.
Aujourd’hui, grâce not amment à sa forme
unique, Toblerone est
le seul produit de la
marque Tobler encore
en production.
Olivier P. Müller
Il y aura
toujours
l’Angleterre
Jaguar Land Rover (JLR)
s’articule autour des
deux plus célèbres
marques britanniques de
voitures de luxe. En
2008 , elle est rachetée
par Tata, un groupe
familial indien devenu
multinational. Malgré
son manque d’expérience sur le segment
des voitures de luxe,
Tata Motors parvient à
sortir JLR de l’ornière
grâce à un renouvellement de la marque
et à des lancements de
nouveaux produits.
Aux États-Unis, le
Range Rover Evoque a
été couronné World
Design Car of the Year
2012 . La société a
demandé à Victoria
Beckham de l’aider à
concevoir une édition
spéciale limitée Ɵnie
à la main du modèle
Evoque pour GBP 79 995.
La Jaguar Type E,
lancée en 1961, est si
emblématique qu’elle
est exposée en permanence au Musée d’art
moderne de New York.
Début avril, Jaguar
annonce le lancement
en 2013 d’une nouvelle
voiture de sport, la
Type F, qui selon ses
promesses restera
fidèle à la légendaire
Type E. Toral
Munshi. Toral Munshi
96
GLOBAL INVESTOR 1.12
94
Élégant et
multifonction
Un objet purement fonctionnel au design élégant.
Voilà qui décrit bien le
couteau de l’armée suisse,
la petite boîte à outils
rouge synonyme de qualité. Karl Elsener, maître
coutelier, n’avait pas prévu
un tel succès en ouvrant
son atelier en 1884, dans
le village suisse d’Ibach.
Il voulait simplement produire des couteaux de
qualité suisse. En 1891,
il obtient un contrat avec
l’armée suisse pour un
couteau pliant pour ses
soldats, comprenant
une lame, un tournevis,
un ouvre-boîte et un poinçon. Six ans plus tard,
en 1897, il invente le
95
La marque
sans marque
‡%QWVGCWFoQHƟEKGTUWKUUG
et de sports», y ajoutant
une seconde lame, plus
petite, et un tire-bouchon:
une icône était née.
Sa société prend le nom
de Victorinox, associée
depuis aux couteaux au
même titre que Wengler.
L’emblème de la marque,
la croix et le bouclier,
apparaît en 1909#WƟN
des ans, l’offre ne cesse
de s’étoffer, avec plus de
350 modèles, du sublime
CWUWRGTƠW.GOQFÄNG
Traveller inclut une montre,
un réveil, un chronomètre,
un altimètre, un thermomètre et un baromètre. Le
Rescue propose en plus
un brise-vitre et un coupeceinture, tandis que le
modèle Flash comprend
un module mémoire, le
Bluetooth et un laser.
Avec 87 outils, le Giant
est le plus complet.
Multifonctions, le
couteau suisse est d’une
élégante simplicité.
Il a voyagé dans l’espace,
au pôle Nord, au
sommet de l’Everest,
et est exposé au Musée
d’art moderne de New
York et au Musée des arts
appliqués de Munich.
Dans le sillage du
11 septem bre, les ventes
de Victorinox ont
plongé de 30%. Mais
le recentrage sur de
nouveaux produits et
marchés a permis à
l’entreprise familiale de
survivre et de prospérer.
/KPKOCNKUVG5CPUƟQTKVWTG
Bien avant la mode
verte, Muji s’est engagé
sur la voie du développement durable: produits
emballés dans des sacs
en papier recyclé non
blanchi et mot d’ordre bio.
C’était il y a 30 ans.
Muji, abréviation de «mujirushi ryohin» (biens
de qualité sans marque)
est lancé en 1980 pour
la chaîne de supermarchés
Seiyu. Avec 40 produits
au début, Muji vend désormais de tout: vêtements,
produits de toilette,
cosmétiques, articles
ménagers, meubles,
électronique. La société
envoie des équipes
dans le monde entier en
quête de produits à «MujiƟGT—EQPHQTOÅOGPV¼
son esthétique sobre et
minimaliste. Propriété
de Ryohin Keikaku, Muji
ouvre son premier magasin à l’étranger à Londres
en 1991. Aujourd’hui, la
société a 359 boutiques
au Japon, plus de 130
dans le monde, et a enregistré un chiffre d’affaires
d’USD 1.89 mrd en 2011.
—49
96
Il vaut son
pesant d’or
Coté en Suisse,
Lindt & Sprüngli est un
fabricant de chocolat
de luxe avec un pos itionnement unique.
Forte d’une croissance
régulière et solide
des volumes et d’un
important pouvoir
de Ɵxation des prix, sa
marque s’est avérée
très prospère au cours
de la décennie. Présents depuis le début
des années 1990, son
CEO Ernst Tanner et son
CFO Dieter Weisskopf
ont régulièrement investi
dans la qualité des
produits, mettant l’accent
sur la marque Lindt.
Outre leur qualité supérieure, les produits
Lindt sont connus pour
leur caractère innovant (type, ingrédients
et packaging). Le
Lapin Or est un très bon
exemple de produit
griffé, bien conçu et très
bien positionné dans
le portefeuille de
produits saisonniers
de Lindt. Olivier P. Müller
99
97
Éternel rebelle
Des cow-boys à James Dean, le denim a toujours su
garder son allure rebelle. Le blue jean naît dans
les années 1870 en Californie, lorsque Levi Strauss et
Jacob Davis utilisent des rivets en cuivre pour renforcer les vêtements de travail des mineurs. Fabriqué au
départ en toile, le jean est ensuite réalisé avec un
solide tissu français, le «serge de Nîmes» – très vite
appelé denim. Levi Strauss & Co. lui ajoute le label
d’authenticité en cuir en 1886. Popularisé par les cowboys d’Hollywood dans les années 1930, le jean devient
emblématique dans les années 1950, lorsque Marlon
Brando se pavane dans «L’équipée sauvage» en T-shirt
et Levis retroussé, et que James Dean en porte dans
«La Fureur de vivre.» Il reste le vêtement de choix des
cow-boys, rebelles, branchés, hippies, dirigeants et
adeptes de la mode du monde entier. Il s’en vend deux
milliards chaque année, pour un marché mondial de
plus d’USD 53 mrd. Quant à son nom, il vient du français
«bleu de Gênes», couleur des pantalons de marins.
La domination
du monogramme
En 1896, le malletier
Louis Vuitton commence
à couvrir ses malles
de luxe d’un nouveau
matériau, une toile monogramme unique ornée
de quatre-feuilles et de
motifs Ơoraux orientaux.
Il y appose son logo
distinctif LV et dépose
des brevets dans le
monde entier pour lutter
contre la contrefaçon.
Aujourd’hui, Louis Vuitton
est une locomotive
de la mode. Son monogramme fait toujours
autant effet. Et si Louis
Vuitton est devenu la
marque la plus contrefaite de l’histoire, le
fabricant parisien de produits de luxe afƟche un
chiffre d’affaires annuel
de plus d’USD 3.3 mrd.
Lindt & Sprüngli –
Chiffre d’affaires par région
Source: Lindt & Sprüngli
Reste
du monde
Reste de
l’Europe
Amérique
du Nord
GrandeBretagne
Italie
Suisse
Allemagne
France
98
100
Imprime ça!
Empilable
et ajustable
Depuis toujours, les designers utilisent des modèles
(en argile, en plâtre ou en bois) pour donner corps
à leurs idées. De nos jours, ils peuvent imprimer leurs
prototypes ou leurs créations. À partir de données
informatiques, une imprimante 3D peut créer un objet
en superposant des couches de plastique ou de
métal. Les imprimantes actuelles peuvent aussi produire
des objets avec des parties creuses et mobiles:
un progrès signiƟcatif par rapport aux versions antérieures. L’impression 3D est toutefois encore loin
de menacer les processus de fabrication traditionnels.
Mais la technologie continue de passionner; pour
preuve, l’édition 2012 du salon du meuble de Milan
présentait des bols et des tables «imprimés».
Empilable, ajustable, c’est
la première chaise en
plastique moulé par injection.
Créée par le designer
RTQNKƟSWGKVCNKGP,QG%QNQObo en 1965, la chaise
colorée Universale arrive
sur le marché en 1967
et devient rapidement un
classique pop. Elle a depuis
donné naissance à la très
populaire chaise en plastique d’une seule pièce qui
coûte USD 3 à produire.
Illustration: iStockphoto
Découvrez le design, et faites-le voler …
Sur la plate-forme Global Investor:
www.credit-suisse.com/globalinvestor
Mode d’emploi
Découpez le long des perforations et pliez
la page en deux verticalement, dessin
vers l’extérieur. Rouvrez la page. Repliez
les deux coins supérieurs vers l’intérieur le
long du pli 1 . Tout en maintenant ce pli,
pliez 2 vers l’extérieur, puis 3 également
vers l’extérieur. Pliez les stabilisateurs 4
vers le bas, à angle droit. Saisissez au
niveau de 5 et lissez pour aligner les ailes.
1
1
5
5
2
3
2
3
4
4
Global Investor
Global Investor
NotiƟcation sur les risques
Guide des analystes
Les investisseurs devraient considérer que ce rapport n’est qu’un des éléments guidant
leur décision d’investissement. Pour une discussion sur les risques afférents aux placements
dans les titres mentionnés dans ce rapport, veuillez consulter ce lien Internet:
https://research.credit-suisse.com/riskdisclosure
Performance relative du titre
#WPKXGCWFWVKVTGNCUÅNGEVKQPRTGPFGPEQPUKFÅTCVKQPNoCVVTCKVTGNCVKHFGUCEVKQPUKPFKXKFWGNNGU
RCTTCRRQTVCWUGEVGWT¼NCRQUKVKQPUWTNGOCTEJÅCWZRGTURGEVKXGUFGETQKUUCPEG¼NC
structure du bilan et à l’évaluation. Les recommandations sectorielles ainsi que celles des
pays sont «sur-pondérées», «neutres» et «sous-pondérées» et sont assignées selon leur
performance relative par rapport aux indices de référence régionaux et globaux respectifs.
Il se peut que le Credit Suisse n’ait pris aucune mesure pour assurer que les titres auxquels il
est fait référence dans ce rapport conviennent à un investisseur particulier. Le Credit Suisse ne
considérera pas les destinataires du présent document comme ses clients par le simple fait qu’ils
reçoivent ce document. Il est possible que les investissements et services décrits ou mentionnés
dans ce rapport ne conviennent pas à votre situation et il est recommandé de consulter un
EQPUGKNNGTƟPCPEKGTKPFÅRGPFCPVUKXQWUCXG\FGUFQWVGUUWTEGUKPXGUVKUUGOGPVUQWUGTXKEGU
d’investissement. Ce document ne contient aucune recommandation de nature juridique ou en
matière de placements, de comptabilité ou d’impôts; il n’implique pas qu’un placement ou une
stratégie est adaptée ou appropriée à vos circonstances individuelles ou constitue d’une autre
manière une recommandation personnelle. Le prix, la valeur ou le revenu de tout titre ou instruOGPVƟPCPEKGTOGPVKQPPÅFCPUEGTCRRQTVRGWXGPVFKOKPWGTQWCWIOGPVGT.CXCNGWTFGUVKVTGU
GVKPUVTWOGPVUƟPCPEKGTUGUVUWDQTFQPPÅGCWZƠWEVWCVKQPUFGUVCWZFGEJCPIGSWKUQPVUWUEGRtibles d’affecter positivement ou négativement le prix ou le revenu de ces titres ou instruments
ƟPCPEKGTU.GUKPXGUVKUUGWTUSWKQPVGHHGEVWÅFGURNCEGOGPVUGP#&4FQPVNCXCNGWTGUVCHHGEtée par la volatilité des monnaies, assument effectivement ce risque. Les titres structurés constiVWGPVFGUKPUVTWOGPVUƟPCPEKGTUEQORNGZGUSWKEQORQTVGPVFGUTKUSWGUÅNGXÅUGVSWKUQPVFGUtinés uniquement aux investisseurs avertis qui sont en mesure d’analyser ces risques et de les
CUUWOGT.CXCNGWTDQWTUKÄTGFGVQWVKPUVTWOGPVUVTWEVWTÅRGWVÆVTGCHHGEVÅGRCTFGUEJCPIGOGPVU
ÅEQPQOKSWGUƟPCPEKGTUGVRQNKVKSWGU
PQVCOOGPVNGUVCWZFoKPVÅTÆVGVVCWZFGEJCPIGCWEQORVCPVGV¼VGTOGNCFWTÅGLWUSWo¼NoÅEJÅCPEGNGUEQPFKVKQPUFWOCTEJÅGVNCXQNCVKNKVÅNCSWCNKVÅ
FWETÅFKVFGNoÅOGVVGWTQWFGNoÅOGVVGWTFGTÅHÅTGPEG6QWVKPXGUVKUUGWTKPVÅTGUUÅRCTNoCEJCVFoWP
RTQFWKVUVTWEVWTÅFGXTCKVOGPGTUGURTQRTGUTGEJGTEJGUGVCPCN[UGUUWTNGRTQFWKVGVEQPUWNVGT
UQPEQPUGKNNGTRTQHGUUKQPPGNUWTNGUTKUSWGUNKÅU¼EGVCEJCV%GTVCKPUFGUKPXGUVKUUGOGPVUFÅETKVU
dans ce rapport comportent un niveau élevé de volatilité. Les investissements soumis à une forte
volatilité sont sujets à des baisses soudaines et fortes de valeur causant une perte au moment
FGNCXGPVGFGUVKVTGU%GURGTVGURGWXGPVÅICNGTXQVTGKPXGUVKUUGOGPVKPKVKCN&CPUNGECUFG
certains investissements, le risque de perte est même susceptible d’excéder le montant de
l’investissement initial et vous pourriez dans de telles circonstances être tenu de débourser une
somme plus élevée pour couvrir ces pertes. Les rendements des investissements peuvent
ƠWEVWGTGVRCTEQPUÅSWGPVKNGUVRQUUKDNGSWGNGECRKVCNKPKVKCNXGTUÅUQKVWVKNKUÅCƟPFoCUUWTGTWPG
partie du rendement. Il se peut que certains investissements ne soient pas aisément réalisables
GVSWoKNUUQKGPVFÄUNQTUFKHƟEKNGU¼XGPFTGQW¼TÅCNKUGT&GOÆOGKNXQWUUGTCRGWVÆVTGFKHƟEKNG
FoQDVGPKTFGUKPHQTOCVKQPUƟCDNGUUWTNCXCNGWTFoWPVGNRNCEGOGPVQWUWTNGUTKUSWGUCWZSWGNUKN
est exposé.
NotiƟcation
Auteurs externes et interviewés
Les opinions exprimées par les auteurs externes ou les interviewés ne reflètent pas
nécessairement celles du Credit Suisse.
CertiƟcation par les analystes
%JCEWPFGUCPCN[UVGUOGPVKQPPÅUFCPUNGRTÅUGPVFQEWOGPVEGTVKHKGSWGNGURQKPVUFGXWG
GZRTKOÅU FCPU EGVVG DTQEJWTG ¼ NoGPFTQKV FGU GPVTGRTKUGU GV FGU VKVTGU SWoKN QW GNNG GUV
COGPÅ
G¼ÅXCNWGTTGHNÄVGPVRTÅEKUÅOGPVUQPQRKPKQPRGTUQPPGNNG+NCHHKTOGSWGUCTÅOWnération n’est et ne sera jamais liée, directement ou indirectement, à des recommandations
et opinions particulières émises dans ce document.
Les analystes Knowledge Process Outsourcing -21 mentionnés dans le présent rapport
UQPVGORNQ[ÅURCT%TGFKV5WKUUG$WUKPGUU#PCN[VKEU
+PFKC2TKXCVG.KOKVGF
Indications importantes
.G%TGFKV5WKUUGRWDNKGUGUDTQEJWTGUCWOQOGPVSWoKNGUVKOGNGRNWUCRRTQRTKÅ%oGUVNG
ECUFÄUNQTUSWoKNLWIGSWGNoÅXQNWVKQPFGNoGPVTGRTKUGFWUGEVGWTQWFWOCTEJÅUQWOKU¼
son évaluation est susceptible d’avoir des répercussions sensibles sur les points de vues
GVQRKPKQPUGZRTKOÅUFCPUNCDTQEJWTG.G%TGFKV5WKUUGUGHCKVHQTVFGRWDNKGTWPKSWGOGPV
FGUCPCN[UGUKORCTVKCNGUKPFÅRGPFCPVGUJQPPÆVGUENCKTGUGVKPVGNNKIKDNGU
.GEQFGFGEQPFWKVGFW%TGFKV5WKUUGCWSWGNNCVQVCNKVÅFGUGORNQ[ÅUFQKVCFJÅTGTGUV
accessible par Internet sous:
https://www.credit-suisse.com/governance/doc/codeAofAconductAfr.pdf
2QWT FGU FÅVCKNU EQORNÅOGPVCKTGU UWT NC OÅVJQFQNQIKG FG PQVCVKQP FW %TGFKV 5WKUUG
XGWKNNG\XQWUTÅHÅTGTCWZKPHQTOCVKQPUUWTNoKPFÅRGPFCPEGFGUTGEJGTEJGUHKPCPEKÄTGUSWK
se trouvent sous:
https://www.credit-suisse.com/legal/pbAresearch/independenceAen.pdf
.oCPCN[UVGTGURQPUCDNGFGNCTÅFCEVKQPFGEGVVGDTQEJWTGUGXQKVTÅVTKDWÅGPHQPEVKQPFG
RNWUKGWTURCTCOÄVTGURCTOKNGUSWGNUNCVQVCNKVÅFGUTGXGPWUVQWEJÅURCTNG%TGFKV5WKUUG
dont une partie est générée par les activités d’investment banking du Credit Suisse.
NotiƟcations complémentaires pour les juridictions suivantes
Hong Kong:#NoGZEGRVKQPFGSWGNSWGUKPVÅTÆVUFÅVGPWURCTNoCPCN[UVGGVQWUGUCUUQEKÅUVGNU
SWoKPFKSWÅUFCPUEGTCRRQTV%TGFKV5WKUUG*QPI-QPI$TCPEJPGFÅVKGPVCWEWPKPVÅTÆVFQPVNC
publication est requise. 4Q[CWOG7PK'PEGSWKEQPEGTPGNCPQVKƟECVKQPFGUKPHQTOCVKQPUUWT
VKVTGU¼TGXGPWƟZGRQWTNGUENKGPVUFG%TGFKV5WKUUG
7- Limited et de Credit Suisse Securities
'WTQRG.KOKVGFXGWKNNG\VÅNÅRJQPGTCW+41 44 333 33 99.
2QWTVQWVGUKPHQTOCVKQPUEQORNÅOGPVCKTGU[EQORTKUNGUPQVKƟECVKQPUTGNCVKXGU¼VQWVCWVTG
ÅOGVVGWT XGWKNNG\ XQWU TÅHÅTGT CW UKVG FG %TGFKV 5WKUUG )NQDCN 4GUGCTEJ &KUENQUWTG UQWU
https://www.credit-suisse.com/research/disclaimer
Performance absolue du titre
Les recommandations d’actions sont, quant à elles, désignées par les termes $7;*1.&et
SELL
CEJCVEQPUGTXCVKQPXGPVG.GWTCVVTKDWVKQPFÅRGPFFGNCRGTHQTOCPEGCDUQNWGGUEQORVÅGRQWTEJCSWGCEVKQPUWTWPJQTK\QPEQORTKUIÅPÅTCNGOGPVGPVTG 6 et 12 mois sur la base
des critères suivants:
$7;
2TQITGUUKQPFGQWRNWUFWEQWTUCDUQNWFGNoCEVKQP
*1.&
8CTKCVKQPFWEQWTUCDUQNWFGNoCEVKQPEQORTKUGGPVTGsGV
SELL
4GRNKFGQWRNWUFWEQWTUCDUQNWFGNoCEVKQP
4'564+%6'&
&CPUEGTVCKPGUEKTEQPUVCPEGUKNGUVRQUUKDNGSWGFGUFKURQUKVKQPUTÅINGOGPVCKTGU
internes ou externes interdisent la publication de certains rapports, y compris
des recommandations de placement, lorsque le Credit Suisse ou l’une de ses sociétés
CHƟNKÅGURCTVKEKRG¼FGUVTCPUCEVKQPUFoKPXGUVOGPVDCPMKPI
6'4/+0#6'&
7PGEQWXGTVWTGFGTGEJGTEJGCÅVÅEQPENWG
Performance absolue des obligations
Les recommandations sur les obligations sont basées sur des prévisions rendement total
RCTTCRRQTV¼NoKPFKEGFGTÅHÅTGPEGEQPEGTPÅUWTWPJQTK\QPFG3 à 6 mois et se définissent
comme suit:
$7;
Cette recommandation fait référence à un titre obligataire qui devrait surperformer son
indice de référence.
*1.&
Cette recommandation fait référence à un titre obligataire qui devrait performer son
indice de référence.
SELL
Cette recommandation fait référence à un titre obligataire qui devrait sous-performer
son indice de référence.
4'564+%6'&
&CPUEGTVCKPGUEKTEQPUVCPEGUKNGUVRQUUKDNGSWGFGUFKURQUKVKQPUTÅINGOGPVCKTGUK
nternes ou externes interdisent la publication de certains rapports, y compris des
recommandations de placement, lorsque le Credit Suisse participe à des transactions
d’investment banking.
Credit Suisse HOLT
'PEGSWKEQPEGTPGNoCPCN[UGƟIWTCPVFCPUEGTCRRQTVDCUÅGUWTNCOÅVJQFQNQIKG HOLT
VONG
%TGFKV5WKUUGEGTVKƟGSWG NGUQRKPKQPUGZRTKOÅGUFCPUNGTCRRQTVTGƠÄVGPVCXGERTÅEKUKQP
NCOÅVJQFQNQIKGHOLT et qu’aucune partie de la rémunération de l’Entreprise n’a été, n’est
QW PG UGTC NKÅG FKTGEVGOGPV CWZ QRKPKQPU ÅOKUGU FCPU EG TCRRQTV .C OÅVJQFG HOLT du
%TGFKV5WKUUGPoCHHGEVGCWEWPGPQVCVKQP¼WPVKVTG%GVVGOÅVJQFGFoCPCN[UGFCPUNCSWGNNGUQPV
KPVÅITÅUWPGUÅTKGFoCNIQTKVJOGUSWCPVKVCVKHUGVFGUECNEWNUFGXCNQTKUCVKQPCHHGEVÅUFÅXGNQRRÅU
GPKPVGTPGGUVCRRNKSWÅGFGOCPKÄTGEQPUÅSWGPVG¼VQWVGUNGUGPVTGRTKUGUƟIWTCPVFCPUUC
DCUGFGFQPPÅGU.GUFQPPÅGUGPRTQXGPCPEGFGVKGTU
[EQORTKUNGUÅXCNWCVKQPUFGDÅPÅƟEGU
consensuelles) sont converties systématiquement en une série de variables standard, puis
KPVÅITÅGUFCPUNGUCNIQTKVJOGUKPVÅITÅUCWOQFÄNG HOLT du Credit Suisse. Les données de
DCUGTGOKUGURCTFGUVKGTUVGNNGUSWGFGUEQORVGUCPPWGNUFGUEJKHHTGUTGNCVKHUCWEQWTUGV
CWZDÅPÅƟEGUUQPVUQWOKU¼WPGCPCN[UGSWCNKVCVKXGGVNGECUÅEJÅCPVGNNGUUQPVCFCRVÅGU
CƟPFGOGUWTGTRNWURTÅEKUÅOGPVNCTGPVCDKNKVÅUQWULCEGPVGFGNCRGTHQTOCPEGFGNoGPVTGRTKUG
Ces adaptations procurent la consistance nécessaire lorsqu’une entreprise individuelle doit
être analysée dans l’intervalle de temps prescrit ou que des entreprises issues de plusieurs
secteurs économiques ou pays doivent l’être. Le scénario standard élaboré par le modèle
HOLT du Credit Suisse détermine une évaluation de base pour un titre, un utilisateur pouvant
CLWUVGTNGUXCTKCDNGURCTFÅHCWVCƟPFGRTQFWKTGFGUUEÅPCTKQUCNVGTPCVKHUFQPVEGTVCKPURQWTTCKGPV
UGRTQFWKTG.COÅVJQFGHOLT du Credit Suisse n’affecte aucun objectif de cours à un titre.
Le scénario standard fourni par le modèle HOLT du Credit Suisse détermine une marge de
EQWTURQWTWPVKVTGGVNGUOCTIGUFGEQWTURGWXGPVEJCPIGTGPHQPEVKQPFGNCOKUG¼LQWTFGU
données en provenance de tiers. Les variables standard peuvent également être adaptées,
GPEQTGSWGFoCWVTGUOCTIGUFGEQWTUsÅICNGOGPVRNCWUKDNGUsRGWXGPVGPFÅEQWNGT&oCWVTGU
informations sur le modèle HOLT du Credit Suisse sont disponibles sur demande.
%(41+
T %(41' *1.6 *1.6HQNKQ *1.65GNGEV *5 *5 8CNWG5GCTEJ #IITG)CVQT
Signal Flag et «Powered by HOLT» sont des marques commerciales déposées du Credit Suisse
QWFGUGUUQEKÅVÅUCHƟNKÅGUCWZ'VCVU7PKUGVFCPUFoCWVTGURC[U HOLT est un service de
performance d’entreprise et de conseil en évaluation du Credit Suisse.
Pour la recherche technique
Lorsque des tables de recommandations sont indiquées dans ce rapport, «Close» est le dernier
cours de clôture coté en Bourse. «MT» implique une notation pour la tendance à moyen terme
RGTURGEVKXGUFGsOQKU‡56—HCKVTÅHÅTGPEG¼NCVGPFCPEG¼EQWTVVGTOG
RGTURGEVKXGUFG
sUGOCKPGU.GUPQVCVKQPUUQPV‡—RQWTFGURGTURGEVKXGURQUKVKXGU
NGEQWTUGUVUWUEGRVKDNG
FGRTQITGUUGT‡—RQWTPGWVTG
RCUFGEJCPIGOGPVOCLGWTGUEQORVÅGV‡s—RQWTFGURGTURGEVKXGUPÅICVKXGU
NGEQWTUGUVUWUEGRVKDNGFGƠÅEJKT1WVRGTHQTOFCPUNCEQNQPPG‡4GNRGTH—
implique une performance escomptée des tires par rapport au référentiel. La colonne «Comment»
EQPVKGPVNCFGTPKÄTGTGEQOOCPFCVKQPHQWTPKGRCTNoCPCN[UVG&CPUNCEQNQPPG‡4GEQO—NCFCVG
GUVKPFKSWÅGNQTUSWGNGVKVTGCÅVÅTGEQOOCPFżNoCEJCV
CEJCVFoQWXGTVWTG‡ P&L» indique le
DÅPÅƟEGQWNCRGTVGUWDKUFGRWKUSWGNCTGEQOOCPFCVKQPFoCEJCVCÅVÅFQPPÅG2QWTWPGKPKVKCVKQPTCRKFG¼NCVGEJPKSWGFoCPCN[UGXGWKNNG\XQWUTÅHÅTGT¼NoCPCN[UGVGEJPKSWGKPFKSWÅGUQWU
https://www.credit-suisse.com/legal/pbAresearch/technicalAtutorialAen.pdf
Clause de non-responsabilité générale / Information importante
Pour une discussion sur les risques afférents aux placements dans les titres mentionnés
dans ce rapport, veuillez consulter ce lien Internet:
https://research.credit-suisse.com/riskdisclosure
.GUTÅHÅTGPEGUGHHGEVWÅGUFCPUEGVVGDTQEJWTGCW%TGFKV5WKUUGEQORTGPPGPVUGUUWEcursales et ses sociétés affiliées. Pour plus d’informations sur notre structure, veuillez
consulter le lien suivant:
https://www.credit-suisse.com/whoAweAare/fr/
Les informations et opinions exprimées dans ce rapport sont celles du département Global
4GUGCTEJFGNC&KXKUKQP2TKXCVG$CPMKPIFW%TGFKV5WKUUGCWOQOGPVFGNCTÅFCEVKQPVQWVG
OQFKƟECVKQPFGOGWTGTÅUGTXÅGUCPURTÅCXKU.GUQRKPKQPUGZRTKOÅGUGPTGNCVKQPCXGEWPVKVTG
URÅEKƟSWGFCPUEGTCRRQTVRGWXGPVÆVTGFKHHÅTGPVGUQWPGRCUEQPEQTFGTCXGENGUQDUGTXCVKQPU
GVNGUQRKPKQPUFWFÅRCTVGOGPV4GUGCTEJFGNC&KXKUKQP+PXGUVOGPV$CPMKPIFW%TGFKV5WKUUG
en raison de différences dans les critères d’évaluation. Ce rapport n’est pas destiné à être
distribué à, ou utilisé par, quelque personne ou entité que ce soit qui serait citoyenne, résidente
ou située dans une localité, un État, un pays ou une autre juridiction où une telle distribution,
publication, disponibilité ou utilisation serait contraire à la législation ou réglementation ou
UQWOGVVTCKV%TGFKV5WKUUG#)NCDCPSWGUWKUUGQWUGUUWEEWTUCNGUGVUQEKÅVÅUCHƟNKÅGU
NG«CS»)
à des obligations d’enregistrement ou de licence au sein de ladite juridiction. Sauf indication
contraire, tous les éléments de ce rapport sont la propriété du CS et soumis à droits d’auteur.
#WEWPÅNÅOGPVQWUQPEQPVGPWPKCWEWPGEQRKGFGEGFGTPKGTPGRGWVÆVTGCNVÅTÅVTCPUOKU
copié ou distribué à toute autre partie de quelque manière que ce soit, sans l’accord écrit explicite préalable du CS. Toutes les marques de commerce, marques de service et logos utilisés
dans ce rapport sont des marques de commerce, des marques de service ou des marques de
commerce ou des marques de service enregistrées du CSQWFGUGUUQEKÅVÅUCHƟNKÅGU.GU
informations, outils et éléments présentés dans ce rapport sont fournis uniquement à titre
d’information et ne doivent pas être utilisés ou considérés comme une offre ou une invitation à
CEJGVGTXGPFTGQWUQWUETKTG¼FGUVKVTGUQWCWVTGUKPUVTWOGPVUƟPCPEKGTU.GCS n’offre pas de
EQPUGKNUUWTNGUEQPUÅSWGPEGUFoQTFTGƟUECNNKÅGUCWZKPXGUVKUUGOGPVUGVXQWUTGEQOOCPFGFG
EQPUWNVGTWPEQPUGKNNGTƟUECNKPFÅRGPFCPV8GWKNNG\VQWVRCTVKEWNKÄTGOGPVPQVGTSWGNGUDCUGUGV
niveaux d’assujettissement à l’impôt peuvent varier. Le CS est d’avis que les informations et les
QRKPKQPURWDNKÅGUFCPUNoCRRGPFKEGUQWU‡0QVKƟECVKQP—UQPVGZCEVGUGVEQORNÄVGU.GUKPHQTOCVKQPUGVNGUQRKPKQPUƟIWTCPVFCPUNGUCWVTGUUGEVKQPUFWTCRRQTVQPVÅVÅQDVGPWGUQWVKTÅGU
FGUQWTEGULWIÅGUƟCDNGURCTNG CS; toutefois le CS décline toute responsabilité quand à leur
GZCEVKVWFGQWNGWTKPVÅITCNKVÅ&GUKPHQTOCVKQPUEQORNÅOGPVCKTGUUQPVFKURQPKDNGUUWTFGOCPFG
Le CS décline toute responsabilité à l’égard de toute perte découlant de l’utilisation des éléments
présentés dans ce rapport; cette exclusion de responsabilité ne saurait être invoquée dans les
cas prévus par la législation ou la réglementation applicable au CS. Ce rapport ne doit pas être
substitué à l’exercice d’un jugement indépendant comme fondement à la prise de décision. Le
CS peut avoir émis ou pourrait émettre dans l’avenir une idée d’investissement concernant ce
titre. Les idées d’investissement sont des opportunités à court terme basées sur des événements
GVFGUÅNÅOGPVUFÅENGPEJGWTUUWTNGUOCTEJÅUVCPFKUSWGNGUPQVCVKQPUFGUUQEKÅVÅUUoCRRWKGPV
sur la performance absolue escomptée sur une période de 12OQKUVGNSWGEGNCGUVFÅƟPKFCPU
NCUGEVKQPPQVKƟECVKQP.GUKFÅGUFoKPXGUVKUUGOGPVGVNGUPQVCVKQPUFGUQEKÅVÅUTGƠÄVGPVFGU
J[RQVJÄUGUUQWULCEGPVGUGVFGUOÅVJQFGUFoCPCN[UGFKHHÅTGPVGU2CTEQPUÅSWGPVKNGUVRQUsible que les idées d’investissement n’aillent pas dans le même sens que les notations de sociétés. En outre, le CS peut avoir publié d’autres rapports, ou pourrait en publier dans l’avenir, qui
contredisent les informations présentées dans ce rapport ou qui en tirent des conclusions difHÅTGPVGU%GUTCRRQTVUTGƠÄVGPVNGUFKXGTUGUUWRRQUKVKQPUXKUKQPUGVOÅVJQFGUFoCPCN[UGUFGU
analystes qui les ont rédigés et le CS n’est nullement tenu de garantir que lesdits rapports soient
portés à l’attention de tout destinataire du présent rapport. Le CS est impliqué dans plusieurs
opérations commerciales en re-lation avec les entreprises mentionnées dans ce rapport. Ces
opérations incluent notamment le négoce spécialisé, l’arbitrage des risques, les activités de
VGPWGFGOCTEJÅGVCWVTGUCEVKXKVÅUFGPÅIQEGRQWTEQORVGRTQRTG.GUKPHQTOCVKQPUQRKPKQPU
GVÅXCNWCVKQPURTÅUGPVÅGUFCPUEGTCRRQTVTGƠÄVGPVNGLWIGOGPVÅOKURCTNG CS à la date de
RWDNKECVKQPKPKVKCNGGVUQPVUWUEGRVKDNGUFoÆVTGOQFKƟÅGUUCPURTÅCXKU%GTCRRQTVRGWVHQWTPKT
des adresses de sites web ou contenir des liens qui conduisent à ces sites. Sauf dans la mesure
où le rapport fait état du contenu web du CS, le CS n’a pas procédé au contrôle des sites web
NKÅUGVFÅENKPGVQWVGTGURQPUCDKNKVÅSWCPVCWEQPVGPWFGUFKVUUKVGU%GUCFTGUUGUQWJ[RGTNKGPU
[EQORTKUNGUCFTGUUGUQWJ[RGTNKGPUXGTUNGEQPVGPWYGDFWUKVGFWCS) ne sont fournis que
pour votre confort et votre information et le contenu des sites liés ne fait partie d’aucune manière
du présent document. L’accès à un tel site web ou le suivi d’un tel lien par le biais de ce rapport
ou via le site web du CS se fait à vos propres risques.
Distribution des rapports de recherche
#NoGZEGRVKQPFoWPGÅXGPVWGNNGOGPVKQPEQPVTCKTGEGTCRRQTVGUVFKUVTKDWÅRCT%TGFKV5WKUUG#),
WPGDCPSWGUWKUUGCITÅÅGGVTÅINGOGPVÅGRCTNo#WVQTKVÅHÅFÅTCNGFGUWTXGKNNCPEGFGUOCTEJÅU
ƟPCPEKGTU#NNGOCIPG%TGFKV5WKUUG
&GWVUEJNCPF#)GUVCITÅÅGGVTÅINGOGPVÅGRCTNG$WPFGUCPUVCNVHWGT(KPCP\FKGPUVNGKUVWPIUCWHUKEJV
$C(KPGNNGCFTGUUG¼UGUENKGPVUFGUÅVWFGUSWK
QPVÅVÅRTÅRCTÅGURCTNoWPGFGUGUUQEKÅVÅUCHƟNKÅGU#WUVTCNKG Ce rapport est distribué en
#WUVTCNKGRCT%TGFKV5WKUUG#)5[FPG[$TCPEJ
%55$
#$0 #(5.
UGWNGOGPVCWZENKGPVU‡9JQNGUCNG—EQOOGFÅƟPK¼NCUGEVKQPU)QHVJG%QTRQTCVKQPU#EV
. CSSBPGICTCPVKVRCUNCRGTHQTOCPEGFGURTQFWKVUƟPCPEKGTUOGPVKQPPÅUFCPUNGTCRRQTV
et ne fournit aucune assurance quant à la performance de ces produits. $CJCOCU Ce rapport
CÅVÅRTÅRCTÅRCT%TGFKV5WKUUG#)NCDCPSWGUWKUUGGVKNGUVFKUVTKDWÅRQWTNGEQORVGFG
%TGFKV5WKUUG#)0CUUCW$TCPEJUQEKÅVÅCHƟNKÅGFGNCDCPSWGUWKUUGGPTGIKUVTÅGGPVCPVSWG
DTQMGTEQWTVKGTCWRTÄUFGNC5GEWTKVKGU%QOOKUUKQPQHVJG$CJCOCU$CJTGËP Ce rapport est
distribué par Credit Suisse #)$CJTCKP$TCPEJSWKGUVCWVQTKUÅGGVTÅINGOGPVÅGRCTNC%GPVTCN
$CPMQH$CJTCKP %$$ comme un Investment Firm Category 2. &WDCË Cette information est
distribuée par Credit Suisse #)&WDCK$TCPEJF×OGPVCITÅÅGGVTÅINGOGPVÅGRCTNC&WDCK
(KPCPEKCN5GTXKEGU#WVJQTKV[
&(5#.GURTQFWKVUQWNGUUGTXKEGUƟPCPEKGTUNKÅUPGUQPVFKURQPKDNGU
qu’à des clients grossistes disposant d’actifs liquides de plus de 1 million d’75& qui disposent
FoWPGGZRÅTKGPEGGVFoWPGEQORTÅJGPUKQPUWHƟUCPVGURQWTRCTVKEKRGTCWZOCTEJÅUƟPCPEKGTU
FCPUWPGLWTKFKEVKQPFGITQUUKUVGGVSWKUCVKUHQPVCWETKVÄTGFGTÅIWNCVKQPCƟPFGFGXGPKTENKGPV
Espagne:%GTCRRQTVGUVFKUVTKDWÅGP'URCIPGRCT%TGFKV5WKUUG#)5WEWTUCNGP'URCÍC
autorisée sous le numéro FCPUNGTGIKUVTGFGNC$CPEQFG'URCÍCFrance: Ce rapport est
FKUVTKDWÅRCTNG%TGFKV5WKUUG
(TCPEGSWKGUVCWVQTKUÅRCTNo#WVQTKVÅFG%QPVTÐNG2TWFGPVKGN
#%2
GPVCPVSWGHQWTPKUUGWTFGUGTXKEGUFGRNCEGOGPV%TGFKV5WKUUG
(TCPEGGUVRNCEÅUQWUNCUWRGTXKUKQPGVNCTÅINGOGPVCVKQPFGNC#WVQTKVÅFG%QPVTÐNG2TWFGPVKGNCKPUKSWGFGNo#WVQTKVÅFGU
/CTEJÅU(KPCPEKGTUGibraltar:%GTCRRQTVGUVFKUVTKDWÅRCT%TGFKV5WKUUG
)KDTCNVCT.KOKVGF
%TGFKV5WKUUG
)KDTCNVCT.KOKVGFGUVWPGGPVKVÅNÅICNGOGPVKPFÅRGPFCPVGFÅVGPWGGPVQVCNKVÅRCT
Credit Suisse et elle est réglementée par la Gibraltar Financial Services Commission. Guernsey:
.GRTÅUGPVTCRRQTVGUVFKUVTKDWÅRCT%TGFKV5WKUUG
)WGTPUG[.KOKVGFWPGGPVKVÅLWTKFKSWGKPFÅpendante enregistrée à Guernesey sous le numéro et ayant son adresse enregistrée à
*GNXGVKC%QWTV.GU'EJGNQPU5QWVJ'URNCPCFG5V2GVGT2QTV)WGTPGUG[%TGFKV5WKUUG
)WGTPsey) Limited est détenu à par le Credit Suisse et est régulé par la Guernsey Financial
Services Commission. La copie des derniers comptes révisés est disponible sur demande.
Hong Kong:.GRTÅUGPVFQEWOGPVCÅVÅRWDNKż*QPI-QPIRCT%TGFKV5WKUUG#)*QPI-QPI
$TCPEJSWKRQUUÄFGWPGNKEGPEGGPVCPVSWGUQEKÅVÅCITÅÅGRCTNC*QPI-QPI/QPGVCT[#WVJQTKV[GVSWKGUVTÅINGOGPVÅGRCTNC5GEWTKVKGUCPF(WVWTGU1TFKPCPEG
EJCRKVTG de la législation
du pays). Inde:%GTCRRQTVGUVFKUVTKDWÅRCT%TGFKV5WKUUG5GEWTKVKGU
+PFKC2TKXCVG.KOKVGF
‡%TGFKV5WKUUG+PFKC—SWKGUVTÅINGOGPVÅRCTNG5GEWTKVKGUCPF'ZEJCPIG$QCTFQH+PFKC
5'$+.
Italie:%GTCRRQTVGUVFKUVTKDWÅGP+VCNKGRCTNG%TGFKV5WKUUG
+VCN[5R#DCPSWGFGFTQKVKVCNKGP
inscrite au registre des banques et soumise à la supervision et au contrôle de la Banca d’Italia,
de la%1051$ et de Credit Suisse agissant à titre de banque suisse autorisée à fournir des
RTGUVCVKQPUDCPECKTGUGVƟPCPEKÄTGUGP+VCNKGJersey:6JKUTGRQTVKUFKUVTKDWVGFD[%TGFKV5WKUUG
)WGTPUG[.KOKVGF,GTUG[$TCPEJYJKEJKUTGIWNCVGFD[VJG,GTUG[(KPCPEKCN5GTXKEGU%QOOKUUKQP6JGDWUKPGUUCFFTGUUQH%TGFKV5WKUUG
)WGTPUG[.KOKVGF,GTUG[$TCPEJKP,GTUG[
is: TradeWind House, 22 Esplanade, St Helier, Jersey ,'3#. Luxembourg: Ce rapport est
FKUVTKDWÅRCT%TGFKV5WKUUG
.WZGODQWTI5#., une banque du Luxembourg autorisée et réglementée par la Commission de Surveillance du Secteur Financier %55(. Mexique: Les inforOCVKQPUƟIWTCPVFCPUNCRTÅUGPVGPGEQPUVKVWGPVRCUWPGQHHTGRWDNKSWGFGVKVTGUCWUGPUFGNC
NQKOGZKECKPGUWTNGUVKVTGU%GVVGDTQEJWTGPGUGTCRCURWDNKÅGFCPUWPGSWGNEQPSWGRWDNKECVKQP
QWOQ[GPFGEQOOWPKECVKQP¼ITCPFVKTCIGCW/GZKSWG%GVVGDTQEJWTGPGEQPVKGPVCWEWPG
publicité concernant l’intermédiation ou l’offre de services bancaires ou de conseils en placement
au Mexique ou à des citoyens mexicains. Qatar: Cette information a été distribuée par Credit
5WKUUG(KPCPEKCN5GTXKEGU
3CVCTL.L.C qui a été autorisée et qui est réglementée par la FinanEKCN%GPVTG4GIWNCVQT[#WVJQTKV[
3(%4# sous le n° 3(%. Tous les produits et les services
ƟPCPEKGTUNKÅUPGUQPVFKURQPKDNGUSWoCWZENKGPVUEQOOGTEKCWZQWCWZEQPVTGRCTVKGUFWOCTEJÅ
VGNUSWGFÅƟPKURCTNC3CVCT(KPCPEKCN%GPVTG4GIWNCVQT[#WVJQTKV[
3(%4#, y compris les individus qui ont opté pour être classés en tant que client commercial avec des actifs liquides de
plus de 1 million d’75& et qui disposent de connaissances, d’une expérience et d’une compréJGPUKQPNGWTRGTOGVVCPVFGRCTVKEKRGT¼FGVGNURTQFWKVUGVQWUGTXKEGU4Q[CWOG7PK Ce document est publié par Credit Suisse
7-.KOKVGFGV%TGFKV5WKUUG5GEWTKVKGU
'WTQRG.KOKVGF
%TGFKV5WKUUG5GEWTKVKGU
'WTQRG.KOKVGFGV%TGFKV5WKUUG
7- Limited sont des sociétés assoEKÅGUTÅINGOGPVÅGURCTNC(KPCPEKCN5GTXKEGU#WVJQTKV[OCKUKPFÅRGPFCPVGUFW%TGFKV5WKUUG
sur le plan juridique. Elles sont agréées et soumises à la surveillance de la Financial Services
#WVJQTKV[.GURTQVGEVKQPUQHHGTVGURCTNC(KPCPEKCN5GTXKEGU#WVJQTKV[¼NCENKGPVÄNGRTKXÅGPG
UnCRRNKSWGPVRCUCWZRNCEGOGPVUGVUGTXKEGUHQWTPKURCTFGURGTUQPPGUUKVWÅGUGPFGJQTUFW
4Q[CWOG7PK.G(KPCPEKCN5GTXKEGU%QORGPUCVKQP5EJGOGGUVKPCRRNKECDNGNQTUSWGNoÅOGVVGWT
n’a pas satisfait à ses obligations. 4WUUKG.GUTGEJGTEJGUƟIWTCPVFCPUEGVVGDTQEJWTGPG
EQPUVKVWGPVGPCWEWPGHCÃQPWPGRWDNKEKVÅPKWPGRTQOQVKQPRQWTFGUVKVTGUURÅEKƟSWGUPKRQWT
FGUKPUVTWOGPVUƟPCPEKGTUGPTGNCVKQP%GVVGDTQEJWTGFGTGEJGTEJGUPGEQPUVKVWGRCUWPG
ÅXCNWCVKQPCWUGPUFGNCNQKHÅFÅTCNGUWTNGUCEVKXKVÅUFoÅXCNWCVKQPFCPUNC(ÅFÅTCVKQPFG4WUUKG
GVGNNGGUVRTQFWKVGGPHCKUCPVCRRGNCWZOQFÄNGUGV¼NCOÅVJQFQNQIKGFoÅXCNWCVKQPFW%TGFKV
Suisse. Singapour:&KUVTKDWÅRCT%TGFKV5WKUUG#)5KPICRQTG$TCPEJTÅINGOGPVÅGRCTNC
/QPGVCT[#WVJQTKV[QH5KPICRQTG6JCËNCPFG Ce rapport est distribué par Credit Suisse SecuTKVKGU
6JCKNCPF.KOKVGFSWKGUVTÅINGOGPVÅRCTNo1HƟEGQHVJG5GEWTKVKGUCPF'ZEJCPIG%QOOKUUKQP6JCËNCPFGGVFQPVNoCFTGUUGGPTGIKUVTÅGGUV #DFWNTCJKO2NCEG$WKNFKPI (,
4COC+84QCF5KNQO$CPITCM$CPIMQMVÅN.
'6#6570+5.'24'5'06&1%7/'06'05#(14/'14+)+0#.'17%12+¥'0'5#74#+6
'64' '081;¥ +0641&7+6 17 &+564+$7¥ #7: ¥6#6570+5 17 # &'5 2'45100'5
+/215#$.'5#7:'6#6570+5.
,#210 .' 24¥5'06 &1%7/'06 '0 5# (14/' 14+)+0#.' 17 %12+¥' 0'
5#74#+6¦64''081;¥+0641&7+617&+564+$7¥#7,#210
Les informations et opinions exprimées dans ce rapport sont celles du département Global
4GUGCTEJFGNC&KXKUKQP2TKXCVG$CPMKPIFW%TGFKV5WKUUGCWOQOGPVFGNCTÅFCEVKQPVQWVG
OQFKƟECVKQPFGOGWTGTÅUGTXÅGUCPURTÅCXKU.GUQRKPKQPUGZRTKOÅGUGPTGNCVKQPCXGEWPVKVTG
URÅEKƟSWGFCPUEGTCRRQTVRGWXGPVÆVTGFKHHÅTGPVGUQWPGRCUEQPEQTFGTCXGENGUQDUGTXCVKQPU
GVNGUQRKPKQPUFWFÅRCTVGOGPV4GUGCTEJFGNC&KXKUKQP+PXGUVOGPV$CPMKPIFW%TGFKV5WKUUG
en raison de différences dans les critères d’évaluation. Ce rapport n’est pas destiné à être
distribué à, ou utilisé par, quelque personne ou entité que ce soit qui serait citoyenne, résidente
ou située dans une localité, un État, un pays ou une autre juridiction où une telle distribution,
publication, disponibilité ou utilisation serait contraire à la législation ou réglementation ou
soumettrait Credit Suisse #)NCDCPSWGUWKUUGQWUGUUWEEWTUCNGUGVUQEKÅVÅUCHƟNKÅGU
NG
«CS») à des obligations d’enregistrement ou de licence au sein de ladite juridiction. Sauf indication contraire, tous les éléments de ce rapport sont la propriété du CS et soumis à droits
FoCWVGWT#WEWPÅNÅOGPVQWUQPEQPVGPWPKCWEWPGEQRKGFGEGFGTPKGTPGRGWVÆVTGCNVÅTÅ
transmis, copié ou distribué à toute autre partie de quelque manière que ce soit, sans l’accord
écrit explicite préalable du CS. Toutes les marques de commerce, marques de service et logos
utilisés dans ce rapport sont des marques de commerce, des marques de service ou des
marques de commerce ou des marques de service enregistrées du CS ou de ses sociétés
CHƟNKÅGU6QWVGTGRTQFWEVKQPKPVÅITCNGQWRCTVKGNNGFWRTÅUGPVFQEWOGPVGUVUQWOKUG¼NoCWVQTKUCVKQPÅETKVGFW%TGFKV5WKUUG%QR[TKIJV…%TGFKV5WKUUG)TQWR#)GVQWUGUUQEKÅVÅU
CHƟNKÅGU6QWUFTQKVUTÅUGTXÅU
%#
Coordination des thématiques dans ce numéro:
Christine Schmid a rejoint Credit Suisse Private Banking en 1993. Avant d’intégrer l’équipe Global Research en 2000,
elle s’occupait de la gestion de porteHeuille. 1utre la direction d’une équipe d’anal[stes Ɵnanciers, Christine est également
chargée des titres bancaires européens et de la coordination des analyses du secteur bancaire mondial.
Elle est CFA et titulaire d’un master d’économie de l’Université de Zurich.
Thomas Claudio Kaufmann a rejoint Credit Suisse Private Banking en 2006 comme analyste actions pour la nanotechnologie
dans le secteur de la santé. Il est actuellement Senior Equity Analyst en charge du secteur pharmaceutique mondial et
dirige la recherche sur l’innovation, l’une des mégatendances mondiales du Credit Suisse. Thomas est titulaire d’un master
de biochimie et d’un doctorat de biophysique, tous deux obtenus à l’Université de Bâle.
Le Global Investor a obtenu une médaille d’or au BCP
(Best of Corporate Publishing) 2011, le plus important
concours de l’édition d’entreprise en Europe.
GLOBAL INVESTOR 1.12
Services—54
1.12_Auteurs
Credit Suisse Global Research
Impressum
Credit Suisse AG , Global Research,
case postale 300, CH- 8070 Zurich
Directeur
Giles Keating
Rédaction
Christine Schmid, Thomas C. Kaufmann
Clôture de la rédaction
|OCK|
Coordination technique
Markus Kleeb, Katharina Schlatter
Conception et création
arnold.kircherburkhardt.ch
Michael Suter, Giselle Weiss, Michele Iseppi, Angélique Bolter
Sacha Steiner, Nadia Bucher (gestion de projet)
Traitement rédactionnel
arnold.kircherburkhardt.ch
Giselle Weiss, Richard Hall, Ruth Hafen, Jost Dubacher
Réalisation
gdz AG, Zurich
Impression
5VÀORƠK#)$GTPG
Cette publication peut être commandée auprès des conseillers
à la clientèle ou directement sur Netshop pour les collaborateurs.
Elle est également diffusée sur Internet:
www.credit-suisse.com/globalinvestor
Accès Intranet pour les collaborateurs du Credit Suisse Group:
http://research.csintra.net
.GUCPCN[UGUƟPCPEKÄTGUUQPVHQWTPKGURCTNGTÅUGCWFG
représentation mondial du Credit Suisse.
Reto Hess, CFA, CAIA ..........................................................
Sources des illustrations
Photo page de couverture: Ivan Kmit
Robert P. Ruschak, avec l’aimable autorisation de
Western Pennsylvania Conservancy | Christian Richters | RATP |
Daici Ano | Luke Hayes | Musée Vitra, Hans Hansen | Vitra |
Thonet | Musée d’Art Moderne (MAM) | Kartell by Starck | Emanuel Ammon, AURA | Vitra | Uniqlo | ddp | Jaguar, Land Rover |
Harley-Davidson | Getty, Hemis | Bugatti | akg-images, Dieter
E. Hoppe | www.georgehart.com | Prisma/Tibor Bognar |
Musée Victoria et Albert de Londres | Ray Ban | Sperry
Top-Sider | ddp, fourni par Capital Pictures | Saint James |
V&A Images | Burberry | ActionPress, Rex Features Ltd. |
Mathias Hofstetter | Corbis | Getty, Marco Cristofori | Getty,
Gilles Rigoulet | Robert Estall, Corbis | Barry Lategan, Corbis |
ddp images, AP | Prada | Photo d’Hiroshi Iwasaki, Miyake
Design Studio | iStockphoto | knirps.ch | Thomas and Betts |
Getty, Transcendental Graphics | Getty, Hulton Archive |
Lalique Paris | Victorinox | Mathias Hofstetter | Nespresso |
V&A Images | Interfoto, V&A Images | Black Diamond
Equipment | Jingjing Naihan Li | Credit Suisse | Van Cleef &
Arpels | Louis Vuitton | RHPL, vario images | Getty, Gavin
Hellier | Robert Estall, Corbis | Fondation Bauhaus Dessau,
Yvonne Tenschert | Getty | Getty, Koichi Kamoshida |
Geri Born, Corbis | Chupa Chups | Laif, Pool Demange, Reglain,
Gamma | Isamu Noguchi © Vitra | Getty, William Morris |
Omega | Interfoto, Musée national de la marine | V&A Images |
Senior Equity Analyst, Industrie automobile et biens d’équipement monde .........
+41 44 334 56 24 .......................................................................................
[email protected] ........................................................................
Ulrich Kaiser, CEFA ..............................................................
Senior Equity Analyst, Technologies de l’information et médias monde ..............
+41 44 334 56 49 .......................................................................................
[email protected] ....................................................................
Kevin Lyne-Smith ..................................................................
Head of Global Equity Research, Produits de luxe ...........................................
+41 44 334 56 41 ........................................................................................
[email protected] ...............................................................
Olivier P. Müller, CFA, CAIA, FRM .........................................
Senior Equity Analyst et responsable d’équipe, Biens de consommation de base
Europe et États-Unis .....................................................................................
+41 44 333 01 46 .......................................................................................
[email protected] ................................................................
Toral Munshi, CFA ................................................................
Senior Research Analyst, Recherche Inde .......................................................
+91 22 6777 3842 ......................................................................................
[email protected] .....................................................................
Uwe Neumann, CEFA ...........................................................
Senior Equity Analyst, Technologie et télécommunications Europe et États-Unis
+41 44 334 56 45 .......................................................................................
[email protected] ..................................................................
Andreas Tomaschett, CFA ....................................................
neutral
Imprimé
No. 01-12-349552 – www.myclimate.org
© myclimate – The Climate Protection Partnership
Senior Equity Analyst, Tabac, boissons et commerce de détail Europe et États-Unis
+41 44 333 37 39 .......................................................................................
[email protected] .........................................................
ƒ Commandez le GI
.G)NQDCN+PXGUVQTCUUQEKGFGUCPCN[UGUFGHQPFFGVJÄOGUCEVWGNU¼FGUVGPFCPEGU
d’avenir susceptibles d’avoir des répercussions significatives sur les marchés financiers
et les placements. Voici quelques-uns des sujets traités dans les numéros antérieurs
du Global Investor:
Vous pouvez commander ces publications à l’adresse www.credit-suisse.com/shop (Publication Shop).
8QWURQWXG\GPQWVTGEQOOCPFGTQWVÅNÅEJCTIGTFGUPWOÅTQUFW)NQDCN+PXGUVQTRQTVCPVUWTFoCWVTGUVJÄOGU
d’investissement, ainsi que de nombreux rapports et manuels d’intérêt.
*OREDO ,QYHVWRU PDUV &RQVHLOV GŒH[SHUWV HQ SODFHPHQW SRXU OHV FOLHQWV GX &UHGLW 6XLVVH
*OREDO ,QYHVWRU VHSWHPEUH &RQVHLOV GŒH[SHUWV HQ SODFHPHQW SRXU OHV FOLHQWV GX &UHGLW 6XLVVH
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3KLO %ORRPHU 2[IDP 0DUFK«V HW «FKDQJHV FRQWULEXHQW IRUWHPHQW ¢
OD OXWWH FRQWUH OD SDXYUHW« PDLV OŒDLGH D HQFRUH XQ U¶OH FRQVLG«UDEOH ¢ MRXHU
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(OOH PDVTXH OH IDLW TXH OHV GRQDWHXUV LPSRVHQW OHXUV YXHV DX[ SD\V SDXYUHV
/XLV )HOLSH 'HUWHDQR $&3 *URXS 8Q PRGªOH «FRQRPLTXH TXL «YLWH DX[
SOXV G«PXQLV OŒH[FOXVLRQ VRFLDOH HW «FRQRPLTXH
3RLQWV GH YXH GH -DYLHU 6DQWLVR 'LUHFWHXU GX &HQWUH GH G«YHORSSHPHQW GH
OŒ2&'( 'DQQ\ 4XDK 3URIHVVHXU ¢ OD /RQGRQ 6FKRRO RI (FRQRPLFV
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*HRUJHWRZQ 0LFKHO 'HPDU« 'LUHFWHXU ƟQDQFLHU GŒ$%% 3DWULFN .URQ 3'*
GŒ$OVWRP 9LQGL %DQJD 3U«VLGHQW 3URGXLWV DOLPHQWDLUHV SURGXLWV P«QDJHUV HW
VRLQV SHUVRQQHOV FKH] 8QLOHYHU $* /DƠH\ 3'* GH 3URFWHU *DPEOH
Global Investor 2.09, octobre 2009
Conseils d’experts en placement pour les clients du Credit Suisse
*OREDO ,QYHVWRU DYULO &RQVHLOV GŒH[SHUWV HQ SODFHPHQW SRXU OHV FOLHQWV GX &UHGLW 6XLVVH
‹ODERUHU GHV VWUDW«JLHV GH SODFHPHQW
/D JHVWLRQ GHV ULVTXHV HQ IRQFWLRQ GHV F\FOHV HW GHV VXSHUF\FOHV
:ROIJDQJ 'UREHW] /H VW\OH LQYHVWLQJ DSSURFKH VWUXFWXU«H VLPSOLƟDQW OHV FKRL[
SRXU OHV LQYHVWLVVHXUV IDLW VRQ UHWRXU =KDQJ ;LQ 6WUDW«JLHV GH ULSRVWH DX
UHSOL GH OŒLPPRELOLHU HQ &KLQH 7KRPDV 6WUDXEKDDU 8QH DSSURFKH VFLHQWLƟTXH
SRXU WLUHU GHV HQVHLJQHPHQWV SU«FLHX[ HQ S«ULRGH GH FULVH GX FU«GLW
1DQF\ 0F.LQVWU\ /D U«DFWLRQ GX VHFWHXU GHV P«GLDV IDFH ¢ OD U«FHVVLRQ PRQGLDOH
Mégatendances mondiales
Préparez-vous au futur
Rajendra K. Pachauri La réduction des émissions de CO2 ouvre la voie à un
nouveau marché mondial de technologies propres. Ray Kurzweil Avec
l’accélération des technologies de l’information, l’intelligence non-biologique
pourrait égaler voire dépasser l’intelligence humaine. Zhouying Jin
Comment passer de «Made in China» à «Created in China». Richard Watson
Nous avons le pouvoir de modeler le futur en observant le présent.
GI 2.08
Au-delà de l’aide
caritative
GI 3.08
Retour à un monde
multipolaire
GI 1.09
Élaborer des stratégies
de placement
GI 2.09
Mégatendances
mondiales
La lutte contre l’exclusion
économique n’est plus
l’apanage des États et de
l’aide caritative. Aujourd’hui,
leur travail est complété
par des initiatives du secteur
privé qui emploient des
méthodes entrepreneuriales
pour combattre la pauvreté,
CKPUKSWGRCTFGUƠWZFG
capitaux attirés par le seul
RTQƟV.GITQWRGACP, à
Lima, est un pionnier du
développement rentable. Ce
numéro du Global Investor
propose un aperçu des
nouveaux «instrum ents
socialement responsables», qui assurent des
rendements à la fois
ƟPCPEKGTUGVUQEKCWZ
Les marchés émergents
ressentent les effets
du ralentissement général:
forte chute de la demande
d’exportations, fuite de
capitaux et correction des
EQWTUFGUOCVKÄTGU
RTGOKÄTGU6QWVGUEGU
VGPFCPEGURÄUGPVUWTNGU
exportateurs de produits
de base. Néanmoins, ces
RC[UEQPVKPWGPVFoCHƟ E JGT
des opportunités de
croissance structurelle à
plus long terme. Le
monde continue d’évoluer
vers la multipolarité,
avec une répartition plus
égale de la puissance
et de la richesse économiques.
Sur l’ensemble du globe,
NCTÅEGPVGETKUGƟPCPEKÄTG
est source d’incertitude
pour les investisseurs.
Nombre d’actifs se déprécient à cause de la volatilité des marchés et de la
récession mondiale.
Les turbulences du cycle
imposent d’améliorer
les outils de gestion des
risques, voire d’en concevoir de nouveaux. Étant
donné les incertitudes
liées au risque, l’élaboration de stratégies de
placement solides est à
la fois une science et
un art. Dans ce numéro du
GI, nous examinons les
aspects pratiques et
théoriques des stratégies
de placement dans une
optique de conseil.
Ces prochaines décennies,
les mégatendances
auront un fort impact sur
la croissance mondiale,
NGUÅEJCPIGUNGUƠWZFG
capitaux, les entreprises
et les choix des autorités
politiques et réglementaires. Nous examinons
les forces massives de
changement libérées par
l’émergence d’un
monde multipolaire, les
évo lu tions démographiques et les questions
pressantes du développement durable et de
l’inventivité humaine.
Ce numéro explore l’évolution des mégatendances,
les opportunités générées
et les anciennes certitudes qui risquent d’être
détrônées.
Global Investor 1.11, mai 2011
Conseils d’experts en placement pour les clients du Credit Suisse
*OREDO,QYHVWRURFWREUH
&RQVHLOVGŒH[SHUWVHQSODFHPHQWSRXUOHVFOLHQWVGX&UHGLW6XLVVH
*OREDO,QYHVWRUPDL
&RQVHLOVGŒH[SHUWVHQSODFHPHQWSRXUOHVFOLHQWVGX&UHGLW6XLVVH
Oui
Ac
hete
…
,QIODWLRQ
5LVTXHVHWFRQV«TXHQFHVSRXUOHVLQYHVWLVVHXUV
+DUROG-DPHV3DUWRXWHWHQWRXWHVFLUFRQVWDQFHVOŒLQƠDWLRQHVWXQ
SK«QRPªQHSROLWLTXH7KRPDV-RUGDQ5DQGDOO6.URV]QHU0DUW¯Q5HGUDGR
+DUWDGL$6DUZRQR,YDQĝUDPNR&LQTEDQTXLHUVFHQWUDX[LQWHUQDWLRQDX[
G«EDWWHQWGXQRXYHORUGUHƟQDQFLHU4XLHVW¢EO¤PHUSRXUOHVKDXWV
HWOHVEDVVXUOHVPDUFK«VPRQGLDX["4XHOOH«YROXWLRQSRXUOŒLQIODWLRQ
¢PR\HQWHUPH"(WFRPPHQWDWWHLQGUHODVWDELOLW«"
Et
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pu
zut!
r!
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Ooh
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Émotions et marchés
$ODLQ7KLHUVWHLQ3RXUTXRLOHVYLOOHVMRXHQWWRXMRXUVXQU¶OHLPSRUWDQWGDQV
OŒ«FRQRPLHGXVDYRLU0DUWLQGH-RQJ6KHQ]KHQPLVHVXUOHVWHFKQRORJLHV
GXUDEOHVGHSRLQWH&KDUOHV&RUUHD‚0XPEDLODFURLVVDQFHHVWIXOJXUDQWH
HWOHVLQIUDVWUXFWXUHVQHVXLYHQWSDV$QQD7LEDLMXND/HVKDELWDQWVGHV
Jonah Lehrer Exit l’excès de liquidités ou la réglementation laxiste: la vraie cause
des bulles financières pourrait se trouver dans nos cerveaux cupides.
Thorsten Hens Apprendre à reconnaître leurs erreurs permet aux investisseurs
d’améliorer leurs décisions. Camelia|M. Kuhnen Pourquoi la théorie financière
classique est si inapte à prévoir ce que font réellement les gens. Brian Knutson
La science apporte un nouvel éclairage sur l’interaction entre passion et raison.
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Global Investor 2.11, novembre 2011
Conseils d’experts en placement pour les clients du Credit Suisse
Le pourquoi des booms et des krachs
Héritage
Relier le passé et l’avenir
Table ronde d’experts Transmission d’une entreprise familiale à la génération
suivante. Kenneth Scheve et David Stasavage L’étude de l’histoire des droits
de succession mène à une étonnante conclusion. Jens Beckert L’héritage
n’accroît pas les inégalités sociales, mais les répand à travers les générations.
Kishore Rao Comment une action de sauvetage des temples d’Abou Simbel
est devenue un mécanisme international de préservation du patrimoine mondial.
GI 1.10
InƠation
GI 2.10
Urbanisation
GI 1.11
Émotions et marchés
GI 2.11
Héritage
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mondiale, les gouvernements et banques centrales ont pris des mesures
stri c tes pour stabiliser
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l’intervention comporte
des risques, tels que reprise
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dans les pays dé vel o p p és,
d’où un risque de forte
volatilité du marché. Pour
restaurer la stabilité,
les gouvernements et le
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trouver ensemble des
solutions globales. Faute
de quoi nous risquons
une longue période de
troubles économiques
et politiques.
Dans les pays avancés,
80% de la population
vit dans les villes. Au niveau
mondial, ce chiffre est
de 50% et atteindra 75%
d’ici 2050. Une chose
est sûre: les villes seront
toujours le centre de la
création de richesse. Or, la
hausse de la demande
en services est proportionnelle à l’augmentation
de la richesse. Les moteurs
de l’urbanisation – infrastructures de transport
de qualité, télécommunications modernes et offre
culturelle novatrice –
offrent donc des opportunités attrayantes
aux investisseurs malins.
Émotions et marchés
Presque tout le monde est
influencé par des traits
comportementaux oblitérant
la logique rationnelle des
objectifs de placement.
Qui peut en toute honnêteté prétendre être
disposé à vendre autant à
perte qu’à profit, même
si le résultat final est identique? Qui est immunisé
contre la panique ou
l’euphorie collective? Des
études ont cherché à
comprendre l’influence
de tels facteurs sur les
marchés et les spécialistes
en placement se sont
servis de ces connaissances
pour améliorer leur
perception de l’orientation
des marchés.
Au vu du ralentissement
de la croissance, le
patrimoine hérité pourrait
regagner en importance.
L’héritage revêt de
nombreuses formes et va
du legs de fortune et
d’institutions à la transmission d’idées aux
générations futures. Dans
ce numéro du Global
Investor, un panel d’auteurs spécialisés et
d’experts du Credit Suisse
examinent les effets de
l’héritage sur les individus,
la société et l’économie.
Conseils d’experts en placement
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