Question : Qu`est-ce que la lecture analytique

ACADEMIE DE LILLE
Question : Qu’est-ce que la lecture analytique ?
Comment choisir et aborder un texte au collège comme au lycée ?
Marc Fesneau - Lycée Gustave Eiffel, Armentières
Domaine : Lecture
Niveau(x) concerné(s) : Lycée et Collège
Extrait du programme :
« La lecture analytique se définit comme une lecture attentive et réfléchie, cherchant à éclairer le sens des textes
et à construire chez l’élève des compétences d’analyse et d’interprétation.
Elle permet de s’appuyer sur une approche intuitive, sur les réactions spontanées de la classe, pour aller vers une
interprétation raisonnée. » B.O. n°6 du 28 août 2008 / Programmes de collège
« La lecture analytique vise la construction progressive et précise de la signification d'un texte, quelle qu'en soit
l'ampleur ; elle consiste donc en un travail d'interprétation que le professeur conduit avec ses élèves, à partir de leurs
réactions et de leurs propositions. » BO n°9 du 30 septembre 2010 / Programmes de lycée général et technologique
REPONSE
1. Il faut d’abord savoir que :
-
... lire, c’est construire progressivement du sens (« le roman est une machine à générer de l’interprétation » écrit
Humberto Eco
...lire c’est relire : faire passer l’élève d’une lecture naïve à une lecture plus distanciée, plus experte
...l’œuvre littéraire produit un effet sur le lecteur. Elle fait rire, émeut, trouble, et renvoie à sa vie affective et
sociale, elle lui parle de lui et du monde, même si elle use de codes qui lui sont peu familiers ou étrangers. Elle
propose avec force des idées et suscite des débats.
-
Il s’agira donc toujours de partir de la réception des élèves, de la manière dont ils ont ressenti et compris ce
qu’on leur a lu.
2. ...le cours de français vise à donner le plaisir de lire, à faire acquérir des principes humanistes et littéraires et non
des dispositifs ou des techniques qui ne doivent être que des outils.
La lecture analytique, ce doit donc être pour les élèves :
- La transformation d’une expérience intime et parcellaire (lecture personnelle) en une interprétation collective,
validée par les recherches conduites en classe et le professeur.
- Une démarche qui conduit de l’informulé au formulé
1.
Je prépare mon cours :
Le choix du texte
Je le considère toujours d’abord pour sa valeur littéraire propre, pour le sens qu’il revêt. Le sens du texte est
premier.
Je choisis le texte dont je peux imaginer qu’il fera réagir les élèves, en fonction de leur niveau, de leur âge, de
ce que je connais d’eux et des programmes.
-
Le texte abordé n’est jamais isolé. Il s’inscrit dans une séquence problématisée qui ait du sens pour la classe de
telle sorte que la lecture des textes suivants en sera facilitée. On devient lecteur en lisant.
Je choisis un texte pour sa valeur littéraire
La littérarité du texte se définit par sa résistance à l’interprétation. L’œuvre littéraire est celle qui ne
s’épuise pas à la première reformulation
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La préparation à la maison : Il ne s’agit pas de préparer un commentaire composé que je restituerais. Il ne s’agit
pas de restituer en classe un sens préconçu que je demanderais ensuite aux élèves de valider ou de confirmer.
Comme je vais partir du ressenti des élèves ou de ce qu’ils ont compris du texte, je me demande quelles vont être
leurs réactions.
Je me demande ce vers quoi je veux les amener et prévois des activités de recherche sur le texte au cas où les
élèves n’auraient rien à proposer. Je n’enferme pas mes élèves dans des questionnaires préconstruits
2. Comment réussir l’activité ?
Je pars des réactions de lecture des élèves.
Cette première étape est fondamentale, or elle est le plus souvent expédiée, soit que le professeur écarte
d’emblée telle ou telle remarque, soit qu’il l’ignore ou qu’il passe vite à ce qu’il juge essentiel, or cette étape va donner
du sens à l’explication puisque la classe devra valider ou non les hypothèses et sera d’autant plus intéressée qu’elle les a
formulées. Je n’écarte aucune hypothèse de lecture et reçois même les réactions de rejet du texte en invitant l’élève à la
justifier ou les autres à la discuter
Je peux partir aussi de ce que les élèves comprennent, mais je ne passe pas une demi-heure à éclaircir le sens de
tel ou tel mot. Le sens du texte s’appréhende d’abord dans sa globalité avant que le retour sur le texte permette
d’éclaircir le sens de tel ou tel mot.
Comment recueillir la réception ?
-
après la lecture magistrale du professeur propre à en faire ressentir les effets, je pose au tableau les réactions de la
classe recueillies oralement
ou je fais écrire ces première remarques par les élèves, ramasse les notes et les dépouille.
Cela permet de prendre en compte la participation de tous. Cela permet aussi à l’élève de mesurer la différence
entre ce qu’il a trouvé par lui-même et qu’il collera par exemple dans son cahier et de visualiser en fin d’heure le
parcours de la classe pour aller à la quête du sens du texte.
Des exemples de mise en activité
1 . Par un cours dialogué
Les remarques sont alors développées et validées ou non par un retour collectif sur le texte, elles peuvent être
aussi mises en débat, ce qui contribue à animer la classe.
2. Par un travail de groupe
Les élèves sont invités à construire en groupe la justification de l’hypothèse de leur choix. Selon leur niveau,
un transparent peut leur être distribué et on peut leur demander de construire un plan ramifié qui pourra ainsi
être projeté à la classe et donner lieu à un petit exposé.
Foire à questions :
Dois-je donner une préparation et des questions sur le texte avant l’étude ?
Non, car la préparation déflore le travail de lecture. Les élèves ne débattent plus, soucieux de placer leurs réponses. A
cela s’ajoute pour le professeur la tentation de « corriger » leur travail. La réponse à un questionnaire va scléroser un
rapport au texte qui doit d’abord être vivant.
Est-il utile d’exiger des élèves qu’ils prennent des notes ?
Non, il est plus utile qu’ils participent. En revanche, il est important qu’ils soient très vite amenés à reformuler ce qui a
été trouvé par la classe, au fur et à mesure de la quête du sens. On peut aussi demander à la classe de réaliser en fin
d’heure une synthèse de ce qui a été trouvé en lui demandant de répondre sous forme de plan à une question sur le
texte à laquelle il a été répondu. On peut aussi demander à l’élève de revenir sur ses premières impressions en lui
demandant de dire si sa lecture initiale a été enrichie et en quoi, s’il aime ce texte en définitive ou non. L’important est
que l’élève s’engage et sorte d’un rapport scolaire au texte de sorte qu’il se l’approprie et comprenne que l’auteur
s’adresse à lui et non à son professeur et aux seuls adultes.
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Utilisation des TICE & déroulement et évaluations :
-
Réaliser en postparation une carte heuristique avec le logiciel Free mind justifiant l’hypothèse développée. La carte
heuristique permet d’ordonner tout ce qui a été trouvé collectivement et de faire une synthèse. Elle entraîne les
élèves à structurer leur pensée et à faire des plans. Elle facilite la rédaction de ce qui peut devenir un commentaire.
-
Faire réaliser un diaporama par l’élève : le diaporama revient à faire redéployer le travail collectif par l’élève en
une suite de diapositives, chacune amenant ou introduisant la suivante. Comme la carte heuristique, il facilite la
structuration du discours, peut servir d’appui à un exposé oral et permet à l’élève de se réapproprier le texte en
insérant des images.
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Bilan : compétences mobilisées au cours des différentes activités du projet
Compétences de lecture : compréhension, reformulation
Compétences génériques : rattacher un texte à un genre
Compétences d’argumentation : justifier un point de vue, une réaction
DE LA QUESTION
Rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages, les motiver en créant
les conditions d’un rapport vivant et non scolaire à l’œuvre littéraire.
EFFETS
SUR LA GESTION DE LA
CLASSE
Des élèves qui vont s’intéresser au cours de français et participer
davantage, qui, entraînés à réagir, seront mieux à même d’exercer leur
liberté de jugement.
Une classe dynamisée par le débat interprétatif et pour laquelle les textes
feront sens.
INTERET ET ENJEU(X)
Ne pas mettre l’enseignement de la littérature au service d’un objectif
techniciste !
ECUEILS A EVITER
- ne pas choisir le texte pour mettre en place un outil (schéma narratif,
figure rhétorique, notion de grammaire...) et oublier de travailler sur le
sens du texte. Baudelaire n’a pas écrit « L’Ennemi » pour qu’on étudie
la métaphore filée !
- Réduire l’enseignement de la littérature à la seule mise en œuvre des
procédés d’écriture. Hugo n’a pas écrit « l’Enfant » ou « La nuit du
quatre » pour qu’une classe réponde à un questionnaire !
L’articulation entre la réception et le retour sur le texte est parfois difficile,
les élèves ne voyant pas l’intérêt d’un retour sur le texte. Mieux ne pas
séparer dans le temps la phase d eréception et le retour sur le texte.
Bibliographie
Jauss (Pour une esthétique de la réception), Picard (La lecture
comme jeu), Eco (Lector in fabula) mettent le lecteur au centre.
-« L’explication de texte littéraire, un exercice à revivifier », par M.
Patrick Laudet, Inspecteur général
http://media.eduscol.education.fr/file/Francais/09/5/LyceeGT_Ressour
ces_Francais_Explication_Laudet_182095.pdf ou faite sur Google la
requête suivante « Laudet explication «
Sitographie
-« La lecture analytique », intervention de M. Jean Jordy, Inspecteur
général ; compte-rendu :
http://ensprof.acdijon.fr/Francais_lettres/Formation/FrancaisFormation/JORDY/Titre.
htm
- Annie Rouxel « Qu’entend-on par lecture littéraire ? sur le site
EDUSCOL
http://eduscol.education.fr/cid46315/qu-entend-on-par-lecturelitteraire%A0.html
- Un exemple pour commencer l’année :
http://lettres.discipline.ac-lille.fr/ressources/projets-lycee/seconde/leroman-et-la-nouvelle-au-xixe-siecle/la-nouvelle-fantastique-au-xix-emesiecle
Questions liées, prolongements :
Qu’est-ce-que lire ?
Comment faire lire ? Comment faire entrer dans un texte ?
Comment évaluer la lecture en collège ?
Comment évaluer la lecture en lycée ?
Comment aborder une œuvre intégrale au lycée ?