Journal de l`Association ouvrière des Compagnons du Devoir

Transcription

Journal de l`Association ouvrière des Compagnons du Devoir
Compagnon du Devoir
Journal de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France
Éditorial
Normand la Clef des Cœurs
APPRENTISSAGE ET BAVARDAGE
Rêve et démesure !
A l’heure où chacun s’emploie à trouver
dans la filière de l’apprentissage la réponse à des préoccupations de société, il nous
semble important que les Compagnons
du Devoir s’expriment sur ce sujet étant
depuis toujours directement acteurs et
concernés.
Tout d’abord, il paraît nécessaire de redire
des évidences : l’apprentissage est bien
une formation professionnelle pendant
laquelle on acquiert la connaissance d’un
métier. Même si chacun se plaît à rappeler
que l’on est apprenti toute sa vie, il est
important de resituer les choses dans leur
contexte. La période de formation est
plus ou moins longue selon le niveau recherché et aboutit toujours à un examen
professionnel. Le jeune en formation est
nommé apprenti, et pour ne pas tomber
dans quelques phénomènes de mode qui
consisterait à nommer étudiant toute
personne en formation, nous avons dû
argumenter quelque peu, notamment visà-vis des décideurs politiques. Le terme
d’étudiant nous paraissant en l’occurrence
inadapté et impersonnel par rapport à ce
terme qualifiant d’apprenti.
Le premier texte sur l’apprentissage, le
décret d’Allarde, date des 2 et 17 mars
1791. Il jette les bases de l’apprentissage
de l’ époque en posant le principe fondamental de la liberté du travail selon
lequel chaque homme est libre de travailler là où il le désire, et chaque employeur libre d’embaucher qui lui plaît
par la conclusion d’un contrat dont le
contenu est librement déterminé par les
intéressés. Depuis, de nombreux textes
modifiant considérablement ce décret
sont apparus, les derniers en date ayant
quelques semaines et faisant à chaque fois
quelques remous au sein de l’Assemblée
législative.
Rappelons aussi, et ce n’est pas anodin,
l’article 6 de la loi du 28 mars 1882 sur
l’enseignement primaire obligatoire : il est
institué un certificat d’études primaires ;
il est décerné après un examen public
auquel pourront se présenter les enfants
dès l’âge de onze ans. Ceux qui, à partir
de cet âge, auront obtenu le certificat
d’études primaires, seront dispensés du
temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. Autrement dit, ils pourront
apprendre un métier.
Entre les décisions concernant l’ école
obligatoire jusqu’à 16 ans, les obligations
européennes, la réglementation stricte du
travail et les lois liées à ce sujet tout à coup
devenu intéressant, force est de constater
que l’apprentissage -et par voie de conséquence les apprentis- n’a pas toujours été
et n’est toujours pas mis à l’honneur, loin
s’en faut. Et ce ne sont pas les dernières
déclarations, voire l’utilisation qui en a
été faite, où l’apprentissage devient la parade au phénomène des banlieues et des
quartiers difficiles, qui peuvent redorer le
blason de ce formidable outil d’insertion.
suite p. 2
Février 2006 - Numéro 140
n aime ou l’on n’aime pas mais l’on ne peut rester indifférent à l’œuvre
monumentale du célèbre facteur Cheval. Un Compagnon, en vacances
près de Hauterives, dans la Drôme, nous conte l’histoire de cet homme
simple passé à la postérité.
O
À découvrir page 9
Et, maintenant,
à vous de chausser vos souliers...
Paris vous attend
vec ce sixième épisode de « La ville de passage », nous terminons notre
périple dans la capitale. Paris n’a plus de secrets pour nous et beaucoup,
nous le savons, ont trouvé un réel plaisir à découvrir sur le papier
l’histoire de notre « bonne ville ». Il est temps de saisir sa canne et de partir
flâner au fi l du fleuve et du temps jadis.
A
À lire page 13
Dans ce numéro...
Apprentissage et bavardage, par Normand la Clef des Cœurs...........................................................................................................................................1
Une rencontre fraternelle et historique, par La Sagesse de Montreuil-sous-Bois .....................................................................................................2
Rallye découverte pour les itinérants de Tours, par L’équipe Robert Debré ..............................................................................................................5
Sur les pas des Magyars ..., par Breton ......................................................................................................................................................................................6
Le Palais Idéal, par Bugey la Fraternité .........................................................................................................................................................................................9
Carnet du Tour de France .............................................................................................................................................................................................................11
Table des matières pour l’année 2005 .................................................................................................................................................................................. 12
La ville de passage (VI), par Beaujolais le Bon Cœur ........................................................................................................................................................... 13
compagnons et commémoration
Une rencontre fraternelle
et historique
La Sagesse de Montreuil-sous-Bois
u cours du printemps 2005, le Compagnon
Jean-Paul Foucher, La Fraternité de Brayen-Val, alors Conseiller au Collège des
Métiers, me fait part du projet de célébration, en
Avignon, de la naissance d’un homme illustre et
bien connu des Compagnons : Agricol Perdiguier.
Ce dernier, Compagnon Menuisier du Devoir de
Liberté, est né en 1805 à Morières-lès-Avignon et
est mort en 1875 à Paris. Habitant le sud de la France
et, en conséquence, proche du Comité d’organisation,
le Compagnon Foucher représente l’Association
ouvrière des Compagnons du Devoir pour le
déroulement des deux journées prévues sur Avignon,
les 30 et 31 juillet 2005.
A
Rendez-vous
était pris dans la
cité des Papes,
à l’entrée du
square Agricol
Perdiguier,
du nom de
notre célèbre
devancier, gavot
de son état,
homme de rabot
et de lettres à
la fois, ouvrier
et humaniste
politique
visionnaire.
Ce Comité d ’orga nisation se compose de
Compagnons menuisiers issus principalement de la
Fédération Compagnonnique du Devoir de Liberté
et de l’Union Compagnonnique résidant dans le
département du Vaucluse. Les Compagnons du
Devoir de nos Provinces de Nîmes et de Marseille
sont associés à cette démarche.
Ne pouvant se rendre disponible fin juillet, le
Conseil, sur proposition du Compagnon Foucher,
me demande de représenter l’Association durant
ces festivités fraternelles. C’est ainsi que je pars en
Avignon sur les traces d’Agricol Perdiguier -en cette
belle ville ensoleillée que je connais bien pour m’y
rendre fréquemment- et que le samedi 30 juillet 2005
je retrouve quelque quatre cents Compagnons des
trois mouvements, de tous rites et de toutes sociétés.
Voilà bien longtemps que toutes les familles du
Compagnonnage français ne se sont rassemblées
pour un même temps de vie et de partage.
Rendez-vous était pris dans la cité des Papes, à
l’entrée du square Agricol Perdiguier, du nom
de notre célèbre devancier, gavot de son état,
homme de rabot et de lettres à la fois, ouvrier et
humaniste politique visionnaire. Nous retrouvons
là quelques Compagnons de l’AOCDTF, petit
groupe aux Couleurs reconnaissables
parmi celles flottantes au vent, fixées
à la boutonnière ou enrubannées sur le
chapeau haut-de-forme des deux autres
mouvements compagnonniques. Mais
là n’est pas l’essentiel puisque nous
sommes « entre nous », au milieu de la
foule estivale et vacancière, curieuse
et intriguée par nos mines réjouies et
nos allures endimanchées, quelque
peu décalées par rapport aux tenues
légères à base de shorts et tee-shirts
aérés...
Le Compagnon Jean-Pierre Courtin,
un homonyme que je ne connais pas,
président des Compagnons Menuisiers
du Devoir de Liberté, entouré de la
communauté compagnonnique, des
familles et d’amis, accueille sous une
chaleur torride, en milieu d’aprèsmidi, Madame Marie-José Roig, maire
d’Avignon. Nous écoutons Madame le Maire
rappeler l’importance des actions du Compagnon
Perdiguier, Avignonnais la Vertu, mais également
l’importance et la place du Compagnonnage en
ce début de XXIe siècle pour l’accès de la jeunesse
à la formation dans les métiers. Une plaque est
inaugurée au pied de la statue en pierre d’Agricol
Perdiguier puis nous formons, dans le calme, un
cortège pédestre et transpirant pour nous rendre
à l’Hôtel de Ville.
EDITORIAL SUITE
Rappelons que l’insertion, terme si souvent galvaudé, consiste à
créer des conditions permettant à l’être humain qui le souhaite
d’être accueilli et de se fondre dans la communauté qui l’accueille.
En l’occurrence, l’apprentissage permet, par sa formule originale
de contact dans la durée tant avec l’entreprise qu’avec ceux qui
la composent - en substance le monde des adultes, d’accéder dans
l’évidence à la connaissance d’un métier et de pouvoir par la
nécessité du moment continuer à se former sur un grand nombre
de sujets tout en acquérant le désir de s’y parfaire.
Tout cela ne peut se réaliser avec une approche scolaire qui consiste
à morceler l’enseignement et à juxtaposer des matières sans lien
entre elles à la grande différence de l’apprentissage dont la raison
d’être est le métier et où l’ensemble des matières constitue les sujets
nécessaires et complémentaires à la bonne compréhension puis
à la bonne réalisation du métier. Apprendre par le métier prend
son plein sens et n’a plus rien à voir avec apprendre, apprendre
un métier et, encore moins, étudier.
Tout cela ne peut être réservé qu’aux seuls jeunes des banlieues,
notamment ceux qui sont en marge ou le plus en difficulté parce
que souvent victimes du système sociétal, mais doit être offert à
un grand nombre issu de toutes les classes sociales parce qu’il est
noble de pratiquer un métier, de s’y perfectionner, de bien le vivre
et de bien en vivre, de devenir une femme ou un homme recherché,
et comme tout individu plein de courage, de bon sens et de sagesse,
d’être témoin et acteur de cette société en mutation.
Quant à l’âge - dont il est fortement question en ce moment - y
a-t-il vraiment un âge d’entrée en apprentissage ? Ne devrait-on
pas plutôt prendre en considération le moment où le jeune en
2
désir d’apprentissage a intégré une somme de bases suffisantes
lui permettant de comprendre ce que les hommes de métier vont
lui transmettre. Il faut de l’intelligence pour pratiquer un métier
injustement appelé manuel. C’était l’esprit de l’article 6 de la loi
du 28 mars 1882 sur l’enseignement primaire obligatoire.
En ce sens, les Compagnons du Devoir souhaitent, forts de leur
façon d’appréhender l’apprentissage et avec leurs spécificités,
être des acteurs et ainsi redorer le blason de l’apprentissage et
des métiers. Leur désir est de permettre à de nombreux jeunes
de pratiquer par apprentissage le métier de leur choix avant de
partir sur le Tour de France pour s’y perfectionner, apportant ainsi
la preuve qu’il est possible de réussir sa vie, de s’intégrer dans la
société, d’y tenir sa place et enfin d’accéder à de nombreux sujets
voire de multiples responsabilités au sein de cette société complexe
et complexifiée.
Le thème de leurs dernières Assises de Tours et les sept propositions
qui en ont découlé vont en ce sens et ils peuvent se féliciter que
cela retienne l’attention de nombreux décideurs.
Michel Guisembert
Normand la Clef des Cœurs
Premier Conseiller
Le cortège s’étire le long du boulevard, fermé à la circulation pour cette occasion, avec en tête
les bannières des Sociétés de la Fédération Compagnonnique et de l’Union Compagnonnique,
suivies des huit Compagnons menuisiers reçus le matin même et portant leurs travaux de
Réception à hauteur d’épaules sur des tréteaux.
Cinq cents mètres de marche sous un soleil de
plomb, plus incitatif à se mettre à l’ombre qu’à
rester en pleine lumière. Le cortège s’étire le long
du boulevard, fermé à la circulation pour cette
occasion, avec en tête les bannières des Sociétés
de la Fédération Compagnonnique et de l’Union
Compagnonnique, suivies des huit Compagnons
menuisiers reçus le matin même et portant leurs
travaux de Réception à hauteur d’épaules sur
des tréteaux. Puis viennent les Mères, dignement
représentées par notre Mère Jaussaud, de Marseille,
qui, malgré la distance et le voyage, a tenu à faire le
déplacement, accompagnant les Compagnons du
Devoir marseillais et leurs épouses. Parmi tous ceux
rencontrés, salués, je reconnais les Compagnons
Tortel, Guéniot, Mahé et bien d’autres encore. De
nombreux Compagnons se sont déplacés depuis
Orléans, Chartres... Les Dames-Hôtesses ne sont
pas en reste puisque deux d’entre elles assistent à ces
réjouissances, Madame Mahé, notre Dame-Hôtesse
de Marseille, et Madame Vernay, Dame-Hôtesse de
la Fédération, représentant la ville de Lyon.
Enfin nous voici arrivés à la mairie pour un
rafraîchissement bien mérité par cette chaleur,
abrités par les volumes imposants et les courants
d’air des vastes salons et couloirs. Monsieur Michel
Chirinian, adjoint au maire, nous y accueille,
rappelant que la société a besoin d’hommes de
métier et notant l’attachement des Compagnons à
les former pour leur permettre d’atteindre un certain
niveau de perfection et de maîtrise professionnelle.
Ce temps nous permet de lier connaissance avec
les uns et les autres par un regard, un sourire ou
un œil interrogateur... à moins que nos Couleurs
« associatives » ne posent question aux plus jeunes.
Les plus anciens ne sont d’ailleurs pas en reste pour
aborder les sujets si souvent étouffés. « Ah ! bonjour la
Coterie, tu es de quel métier, ... de l’Association... ? »,
semble dire chaque début de phrase dans un élan
de curiosité, de désir de partage, de discussion, bref
d’échange. C’est qu’il y en a des sujets à débattre entre
les trois mouvements depuis si longtemps éloignés :
l’Histoire, et toujours les histoires, les jeunes sur le
Tour de France, la fréquentation des Anciens sur
les chantiers ou dans les ateliers, les regrets et les
espoirs, les projets d’avenir pour le Compagnonnage...
Et si nous pouvions la refaire, l’Histoire, et si nous
refaisions le monde..., évoquant ce qui nous sépare
et ce qui pourrait nous rapprocher sur des thèmes
communs, chacun fort de ses particularités !
En fin de journée, mélangés au gré des rencontres
et des échanges, nous reprenons tous ensemble les
bus pour nous rendre à la réception et traversons la
ville depuis ses remparts en bordure du Rhône, près
du pont. Oui ! vous savez bien, le fameux pont de la
chanson « Sur le pont d’Avignon, l’on y danse, l’on
y danse, Sur le pont d’Avignon, l’on y danse tout en
rond... ». Ce n’est pas encore l’heure de danser mais
le temps des chansons approche car c’est bien pour le
banquet de la Sainte-Anne, fête patronale des menuisiers, que nous nous rendons au Parc des Expositions
d’Avignon. Les tables y sont déjà dressées par les
itinérants. Le banquet peut avoir lieu mais, auparavant, honneur est rendu à nos Mères et DamesHôtesses présentes, accompagnées par le Rouleur
de cérémonie. Nous arborons tous nos Couleurs,
certains canne en main, et les accueillons avec un
bouquet de fleurs, traditionnellement remis par l’un
des jeunes Reçus du matin. Ces jeunes Compagnons
se présentent à la communauté réunie en ce jour de
fête, moment historique de célébration du jour de
naissance d’Agricol Perdiguier et moment de partage entre les trois mouvements compagnonniques
de France. Le banquet se déroule comme tous les
banquets, ponctué par les chants des jeunes Reçus,
les discussions bon enfant et le plaisir d’être ensemble et de mieux se connaître.
C’est aussi l’occasion d’observer les points communs,
les différences, les formules d’invitation à « pousser
sa chanson », les remerciements, les bans, le nombre
et la qualité des applaudissements rythmés, bref ce
qui nous sépare dans la forme. Quant au fond, nous
constatons qu’il est bien le même, ni plus, ni moins.
Mais déjà minuit sonne et c’est la Ronde Fraternelle,
variante de la Chaîne d’Alliance des Gavots bien
connue chez les Compagnons du Devoir. Notre
Mère Jaussaud est mise à l’honneur en cette Ronde
puisque seule Mère présente ce soir-là et c’est avec
beaucoup d’émotion que notre Mère de Marseille
se retrouve au centre de cette noble assemblée dont
le Rouleur aura tout de même pris soin de vérifier la
tenue en passant devant chaque Compagnon. Une
fois la Ronde Fraternelle rompue, chacun reste en
suspend, tout comme dans une Chaîne d’Alliance,
conscient de vivre un moment unique de franche
et belle amitié : « Ô temps ! suspends ton vol ...»,
disait le poète...
Puis chacun s’achemine lentement vers ses amis,
sa famille ou d’autres Compagnons, à la recherche
de cette chaleur fraternelle, propice à la méditation
et « aux songes d’une nuit d’été ». Enfin tous s’en
retournent, remplis de cette quiétude intérieure,
sachant qu’une autre journée reste à vivre le
lendemain, dimanche 31 juillet 2005, second temps
fort de cette célébration.
C’est ainsi que nous nous retrouvons en ce dimanche
matin sur la place du village de Morières-lèsAvignon, tout juste situé en périphérie d’Avignon,
sa sœur aînée. Pourquoi Morières, me direz-vous ?
Eh, bien ! parce que, à Morières, se trouve la maison natale d’Agricol (il faut le dire avec l’accent
du midi, vous verrez,
c’est autre chose !).
Morières, une petite
ville de huit mille
habitants qui, en
1805, n’était qu’un
petit village de campagne au bout de la
route d’Avignon, avec
son église rurale, sa
place de village et,
à vingt-cinq mètres
de celle-ci, à l’angle
de deu x r ues , la
maison des parents
d’Agricol Perdiguier,
sa maison natale.
Une petite maison,
de deux modestes
étages sur rez-dechaussée, restaurée
par l’AOCDTF voici
quelques a nnées,
maintenant point de
passage de huit itinérants de l’Association,
parfaitement inscrits
dans la vie du village
et de ses habitants.
3
Nous voici partis pour la seconde journée de
réjouissances chaleureusement accueillis par
Monsieur Joël Granier, maire de Morières, avec au
programme discours, visite à pied de Morières pour
voir l’aménagement d’un rond-point à la mémoire
de notre cher Compagnon, retour pour un apéritif
offert par la ville de Morières au pied de l’église, fête
compagnonnique jusqu’au soir, suivie d’une Chaîne
d’Alliance et achevée par une soirée dansante pour
ceux possédant une résistance hors norme ! Ah !
j’allais oublier de vous dire : « Tout cela sous un
soleil de plomb, évidemment... »
échanges francs, sincères, libres sur tous les sujets :
le Tour de France, les Maisons de Compagnons,
le voyage à l’étranger, l’accueil des jeunes femmes
dans les métiers et le Compagnonnage, les rites, la
vision de la vie par le prisme compagnonnique, le
devenir des métiers, les interrogations des uns et
des autres, les doutes et les regrets, et les espoirs
aussi. En fait, tout ce qui fait que ces hommes de
métiers, professionnels convaincus, s’interrogent
sur le chemin à parcourir ou déjà emprunté, souvent
« embarqués » par le hasard de la vie dans telle ou
telle voie de parcours compagnonnique.
mémoire des jeunes générations ce qu’un homme
de conviction peut livrer comme combats pour la
défense d’intérêts communs. Nous vous rapportons
ci-après, modestement, le texte de mon intervention,
au nom de l’Association ouvrière, lu devant les
Compagnons et les personnalités officielles
rassemblés sur la place du village de Morières, en
ce dimanche de communion fraternelle.
Rassurez-vous, je ne vous ferai pas endurer le
récit de nos aventures de cette journée, du même
tonneau que la précédente, marquée par les très bons
moments passés avec tous ces Compagnons et des
Ce fut ainsi un temps d’écoute et de découverte
d’hommes aux préoccupations semblables ; nous
avons d’ailleurs pu nous exprimer lors de courtes
interventions durant la matinée pour rappeler à la
Thierry Courtin
La Sagesse de Montreuil-sous-bois
Compagnon passant Maçon du Devoir
Conseiller au Secrétariat
Vra i ment ce f ut u n bien beau week-end
Compagnonnique !
Agricol Perdiguier (1805-1875)
Célébration du bicentenaire de sa naissance
Morières-lès-Avignon, le 31 juillet 2005
Monsieur le Maire de Morièreslès-Avignon,
Messieurs les Présidents et élus,
Nos Mères et Dames-Hôtesses,
Chers Compagnons de l’Union,
de la Fédération et de l’Association,
Chers Amis,
Je voudrais tout d’abord m’adresser à
vous pour vous remercier de nous avoir
réunis tous ici aujourd’hui et avoir associé les Compagnons du Devoir à cette
manifestation. Cette journée de célébration constitue un temps fort de la
vie compagnonnique : rassemblement,
concorde et tolérance. Nous sommes
rassemblés pour célébrer un homme
illustre, par son parcours, ses pensées
mais surtout ses actions. Il a ainsi tenté
de forger une réalité conforme à ses aspirations, à son idéal d’humaniste, d’entraide et de rapprochement des hommes.
Nous témoignons par notre présence,
sur la place de son village natal, de la
force de notre action qui, malgré les
vicissitudes de l’Histoire et le caractère
des hommes, nous conduit encore à nous
souvenir de ses tentatives.
Par ce livre, et précisément au cours
du chapitre intitulé « Ce qu’ il (le
Compagnonnage) a été et ce qu’il doit
être », Agricol Perdiguier développe ses
premières théories sociales, voire socialistes, dans le cadre d’un humanisme
ouvrier fondé sur la justice et l’expression d’un idéal chrétien. L’acquisition
d’expériences, au travers de sa propre
élévation personnelle en matière de formation, l’incite à comprendre parmi les
premiers l’importance de la culture et de
l’éducation. C’est par ce cheminement
qu’il devient ouvrier du rabot et ouvrier
de la plume, porteur d’un projet historique pour le Compagnonnage.
Dès cette époque, son analyse structurelle
des Devoirs et de leur histoire, ses interrogations au-delà des rites, ses questionnements concernant l’organisation des
confréries du XIe siècle au XIIIe , puis
des corporations du XVe , l’ étude des
métiers selon leurs codes de préséance
dogmatique, l’origine des rixes et batailles
C’est pour lui lutter ou contrebalancer les
règles économiques appauvrissantes de
la mise en concurrence permanente des
employeurs ; c’est aussi faire comprendre
aux Compagnons eux-mêmes que les
luttes permanentes pour la « possession
des villes », par chefs-d’œuvre interposés
ou luttes sanglantes, ne peuvent qu’affaiblir le Compagnonnage et prédisposer l’ouvrier à une incessante pauvreté
matérielle, morale et spirituelle.
Nous voyons bien ici les relations de pensée
entre le monde ouvrier naissant, l’analyse
socio-économique d’Agricol Perdiguier, la
préoccupation du monde politique pour
les affaires dites sociales et les nouvelles
attentes collectives débarrassées de rites
anciens, de références passées et de la
religion. En fait, Agricol Perdiguier
envisage le rapprochement des hommes,
puis des métiers compagnonniques,
des Devoirs et, au-delà, de tous les
métiers et de tous les ouvriers dans leur
ensemble, par une unité, une association
Nos prédécesseurs ont su tout de même
traverser l’ histoire pour s’adresser
aujourd’hui à la jeunesse des XXe et XXIe
siècles. Sachons les en remercier et nous
en souvenir. Mais j’aimerais pour finir
rappeler très modestement la vocation
profonde du Compagnonnage : « Servir
et former la jeunesse par l’éducation
professionnelle, technique, humaine et
culturelle, lui permettant de prendre sa
place dans la Cité ; mais aussi servir les
métiers, les femmes et les hommes de
métiers et non l’entreprise. »
Nous avons souligné les parcours
politique, humaniste, littéraire et professionnel de cet homme aux multiples
génies. Il en est un qui aura marqué
l’ histoire du Compagnonnage mais
aussi la vie du monde ouvrier du XIXe
siècle, par sa vision prémonitoire inscrite
dans les préoccupations de son époque.
Je veux parler du rapprochement des
hommes de métiers, des Compagnons,
des métiers et des Devoirs.
Il nous faut rappeler ici, sans tomber
dans le cours d’ histoire, le contexte
général de ce XIXe siècle dans lequel
baigne Agricol Perdiguier. Travailleur
acharné à son élévation intellectuelle
et culturelle sur le Tour de France,
Avignonnais la Vertu se place par ses
lectures dans le droit fil du siècle des
Lumières, de ce XVIIIe siècle où philosophes, encyclopédistes, érudits façonnèrent le socle des idées qui allaient
porter les grands bouleversements de
la Révolution française et l’évolution
de tout le XIXe siècle.
Son Tour de France lui permet de
constater concrètement les dégâts
physiques et moraux qu’occasionnent les
rixes séculaires et les rivalités diverses
entre Devoirs. La parution de son « Livre
du Compagnonnage » en 1839, puis en
1841, lui donne la possibilité d’exprimer
ses premiers vœux de fraternité ouvrière.
Ce livre lui amène aussi la sympathie
des milieux intellectuels, littéraires,
républicains et la célébrité. Georges
Sand sera en cela un soutien indéfectible
de ses actions et engagements futurs.
4
Charpentiers du Devoir et du Devoir de
Liberté de 1845 ; la plaidoirie de l’avocat Berryer, fondateur de l’expression
du droit du travail et de la conscience
ouvrière collective ; bien d’autres encore
que nous n’avons pas le temps de citer.
Mais il nous semble que les échecs relèvent aussi de la transformation du monde
ouvrier par la « Révolution industrielle »,
des mutations opérées par la Première
Guerre mondiale, de la mise en place de
moyens productivistes et du taylorisme,
de l’ émergence de nouvelles valeurs
sociales issues du progrès technique et
de la foi en ce progrès, de la mécanisation des transports. En réponse à ces
évolutions, les Compagnons ont opposé
des cultures de métiers traditionnels et
anciens, la confusion entre autonomie,
réunification et fusion, la profonde différence des sensibilités compagnonniques,
la crainte d’intégrer de nouveaux métiers
liés à d’autres matériaux et procédés de
fabrication, voire l’absence de filiation
historique.
rangées, enfin la relation complexe du
Compagnonnage à la religion le conduisent tout naturellement à poser les bases
fondatrices d’un renouveau dont les premiers bénéficiaires seront les hommes
Compagnons d’abord, puis l’ensemble du
monde ouvrier.
Avignonnais la Vertu est le premier à
comprendre que le Compagnonnage participe bien plus de l’esprit que de l’organisation ; le premier à exprimer le fait que
l’organisation doit se mettre au service de
la promotion des ouvriers, de leur éducation et de leur évolution. Son projet tient
en quelques lignes : « Comment créer un
âge d’or de la classe ouvrière par l’accès
enfin reconnu à la culture ? » Ainsi, il propose, le premier, des Maisons communes
dans les villes de passage, ouvertes aux
différents métiers et Devoirs, comprenant
école de dessin, musée et bibliothèque.
C’est permettre à la jeunesse laborieuse
de progresser, d’évoluer dans le corps
social, réunie par une fraternité ouvrière.
universelle à travers les temps et les pays,
sans distinction aucune de sociétés,
fondateurs, origines.
Son projet idéaliste et visionnaire
connaîtra des réussites et des échecs.
L’échec le plus cinglant dans sa dimension
universelle tient sûrement au manque de
clairvoyance et de compréhension des
Compagnons face à la montée progressiste
des syndicats dès la seconde moitié du
XIXe siècle, correspondant à un monde
en rupture, plus industriel et libéral. Les
Compagnons malheureusement resteront
encore longtemps empêtrés dans leurs
débats internes. Nous sommes, nous
tous ici aujourd’hui réunis, les héritiers
légataires de l’Histoire.
Pour ce qui est des réussites, nous
pouvons noter les tentatives d’unification qui aboutirent à la création de
l’Union Compagnonnique ; les prémices des grands mouvements ouvriers
dont la grande grève des Compagnons
L’œuv re d ’Ag r icol Perdig uier, de
pacification ouvrière, fut accomplie
partiellement puis remise en cause au
début du XX e siècle. La création de
l’Association ouvrière, puis celle de la
Fédération Compagnonnique en furent à
la fois les prémices heureuses et l’exemple
de tentatives avortées de réunification. Les
générations actuelles n’ont pas à porter
le fardeau de l’héritage du passé. Nous
avons en revanche le devoir de guetter les
écueils masqués. Nous préoccuper de la
préséance des organisations serait vain
et suicidaire. Nous avons à enseigner la
tolérance à nos jeunes envers les autres
frères Compagnons, à témoigner de la
richesse de nos spécificités en agissant
pour le plus grand bénéfice de cette
jeunesse qui s’adresse à nous et nous
fait confiance, en sachant évoluer selon le
devenir de nos métiers pour la plus large
réussite du Compagnonnage. Travailler
à mieux nous connaître et à œuvrer pour
le Compagnonnage est sans doute notre
meilleur témoignage de l’action d’un
homme d’exception, Agricol Perdiguier,
Avignonnais la Vertu, Compagnon
Menuisier du Devoir de Liberté.
Thierry Courtin
compagnons et détente
Rallye découverte
pour les itinérants de Tours
L’équipe Robert Debré
ujourd’hui 1er octobre 2005, l’ensemble de
la communauté de Tours et quelques Anciens
(environ 80 participants) sont conviés à une
marche matinale pour effectuer un rallye découverte
dans notre si charmante ville de Tours.
A
Il est huit heures. Notre rôleur, qui a tout organisé,
donne le départ après avoir attribué à chacune
des douze équipes un nom de personnage célèbre
(Jacques Villeret, Honoré de Balzac, saint Martin,
Pierre de Ronsard, Jean Carmet, Jean-Claude
Narcy, Anatole France, Armand Trousseau, René
Descartes, François Rabelais, Robert Debré et
Pierre-Fidèle Bretonneau). Aussitôt, nous nous
élançons carte en mains, bien décidés à en découdre
avec le questionnaire qui nous départagera des
autres équipes à l’issue de cette matinée sportive.
La première question porte sur l’arbre situé dans la
cour du siège, un conifère : le « ginkgo biloba » ou
« arbre aux quarante écus », rare en Touraine.
Après avoir répondu à une série d’énigmes se situant
dans le quartier périphérique de notre Maison,
nous attaquons l’une des particularités de Tours, le
Compagnonnage. Puis, suite à un arrêt face au siège
de la Fédération Compagnonnique, plus ou moins
long selon la promptitude des équipes à compléter le
questionnaire, nous nous rendons place des Halles,
laquelle accueille en ce samedi matin le marché
hebdomadaire.
Il nous est demandé de ramener une spécialité
tourangelle et, pour nous équipe Robert Debré, ce
sera un fromage de chèvre de Sainte-Maure qui sera
mis dans notre besace.
La fin de la première étape est fi xée dans un lieu
unique en France, un bâtiment légué à l’Alliance
Compagnonnique par un Compagnon Tonnelier
Dôleur en 1933 afin de permettre le rapprochement
des diverses instances compagnonniques de
l’époque.
La seconde étape nous mène en direction de la
basilique Saint-Martin où il ne reste que quelques
vestiges de l’ancienne cathédrale, dont deux
immenses tours : la tour de l’horloge et la tour
Charlemagne (où fut inhumée la reine Luitgarde,
épouse de Charlemagne). L’édifice devait être
gigantesque.
Du faubourg Saint-Martin, nous devons poursuivre
notre périple vers le château de Tours en passant
devant le théâtre (construction inspirée par l’opéra
Garnier, à Paris) et l’ancien palais de l’Archevêque
qui abrite actuellement le musée des Beaux-Arts.
Quelle n’est pas notre surprise de voir dans la cour
du musée des Beaux-Arts un cèdre du Liban, haut de
31 mètres et d’une envergure impressionante. Une
halte pour contempler la cathédrale est obligatoire
avant de découvrir le château et de se remémorer
l’exploit du jeune duc de Guise. Enfermé dans la tour
qui porte maintenant son nom, au pied de laquelle
coule la Loire, le prince alors âgé de quinze ans s’en
échappe par une fenêtre, atterrissant vingt-cinq
mètres plus bas dans une barque qui l’attend.
Le second point de contrôle étant franchi, c’est dans
la rue Colbert que nous entamons notre troisième
questionnaire.
Après avoir emprunté le passage du Cœur Navré,
ruelle moyenâgeuse qui menait les condamnés au
pilori, nous faisons une halte sur la place Foire le Roi.
Nous pouvons dès lors répondre à l’énigme nous
demandant le nom du brigandinier. Il s’agit de Colas
de Montbazon, devenu célèbre pour avoir habillé la
Pucelle d’une cotte de mailles et l’avoir armée d’une
épée. La Touraine fut une étape importante dans
l’épopée de Jeanne d’Arc.
12 heures 30 sonnent au carillon de l’église. Le
temps imparti au rallye est écoulé et nous devons
rentrer. Une feuille pleine de questions demeurées
sans réponses nous reste sur les bras. Tant pis, le
musée du Compagnonnage attendra. De retour
au siège, nous rendons notre questionnaire que le
rôleur et Tourangeau s’empressent de corriger puis
le classement fait, chaque équipe reçoit des lots.
Après avoir emprunté le passage du Cœur
Navré, ruelle moyenâgeuse qui menait les
condamnés au pilori, nous faisons une halte
sur la place Foire le Roi.
Notre fromage trône en bonne place sur la table et
c’est dans une ambiance festive, entourés d’Anciens,
que nous prenons notre collation avant d’attaquer
l’après-midi.
Pour celui-ci, Champagne a invité chaque équipe à
rejoindre un Ancien. Pour nous, après la marche du
matin, ce sera la Loire à vélo : 20 kilomètres, départ
du quartier des Deux Lions, direction Savonnière.
Sur notre route, nous croisons le moulin de Ballan,
ancien moulin à eau, et des barques à fond plat,
typiques de la Loire.
Deux heures après ce périple, la journée se termine
chez l’Ancien, autour d’une table, en compagnie
des épouses des sédentaires qui ont eu l’amabilité
de nous recevoir.
Par ce récit, nous tenons à remercier les Anciens qui
nous ont fait découvrir la ville de Tours par leurs
anecdotes et leur culture tourangelle ainsi que notre
rôleur Champagne qui a beaucoup travaillé pour
organiser cette journée de la communauté.
L’équipe Robert Debré
Un apéritif et un buffet froid nous attendent. Le
chef, comme à son habitude, a fait des merveilles.
5
voyage et découverte
Sur les pas des Magyars...
Un chantier exceptionnel
Breton
on nom est Jérôme
Kervella, j’ai vingt-etun ans et j’habite SaintBrieuc. Depuis si x a ns je suis
couvreur, disons plutôt Aspirant
couvreur chez les Compagnons du
Devoir.
M
Aimant les voyages, je suis parti
en tant que touriste onze fois à
l’étranger (Canada, Chine, Europe
de l’Ouest...), il me paraissait donc
norma l que, fa isa nt pa r t ie de
l’Association ouvrière où, comme
chacun le sait, le voyage est un
incontournable, je décide de sortir
de l’hexagone pour effectuer une
nouvelle étape de mon Tour de
France.
Ne connaissant pas l’Europe de l’Est
et ayant au cours de ma scolarité
entendu parler de l’Empire AustroHongrois et de son architecture
sublime, je me tournais vers la
Hongrie pour aborder une nouvelle
expérience professionnelle, une
autre langue, une autre culture et,
bien sûr, acquérir une ouverture
d’esprit.
Il serait un peu long de vous conter
l’histoire très dense de cette contrée.
Sachez seulement que son existence
est connue depuis le néolithique,
époque à laquelle de nombreuses
tribus l’habitent. Elle sera par la
suite annexée à l’empire Romain et
prendra sous l’empereur Tibérius
en 14 avant Jésus-Christ le nom de
Pannonia. Quelques siècles plus
tard, les Huns, puis les Avars, les
Ostrogoths, les Slaves, les Bulgares et
les Francs l’envahiront à leur tour.
Le traité de Trianon signé le 4 juin 1920 par les vainqueurs
de la Grande Guerre consacrera la fin de l’Autriche-Hongrie,
réduisant de deux tiers la superficie de la Hongrie et
entraînant l’exode de millions de Hongrois vers la Roumanie,
la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.
Elle doit son nom de Hongrie à
l’arrivée de la dynastie Arpad dont l’un des
descendants Vajk deviendra roi chrétien sous
le nom de Etienne Ier, recevant sa couronne du
pape Sylvester II. Il sera canonisé. Cette dynastie
règnera 250 ans et s’éteindra en 1301. Dès lors,
la lutte pour la couronne de Hongrie éclatera
entre différentes familles royales européennes
et sera remportée par Charles Robert d’Anjou.
A son tour, sa petite-fille Marie d’Anjou deviendra reine de Hongrie en compagnie de son
époux Sigismund de Luxembourg, devenu roi
de Hongrie par mariage, et qui sera également
roi de Bohème et empereur du Saint Empire
Romain Germanique. A la mort de ce dernier,
l’un de ses généraux acquiert le titre de régent
du royaume de Hongrie. Janos Hunyadi, tel est
son nom, vaincra les Turcs à Belgrade en 1456, ce
qui entraînera le couronnement en 1458 de son
fils Matyas, plus connu sous le nom de Matthias
1er Corvin. Ce dernier modernisera son pays qui
sera alors reconnu comme l’un des pays phares
de l’Europe centrale.
6
L’invasion turque en 1526, sous le règne de Louis
II Jagellon, aboutira à l’anéantissement de l’armée
hongroise avec pour conséquence le partage en trois
du pays : le Centre autour de Buda deviendra turc,
l’Ouest avec comme capitale Pozsony se retrouvera
sous la domination des Habsbourg et l’Est deviendra
Principauté de Transylvanie et vassal de l’empire
Ottoman.
Parvenue à se libérer du joug turc, la Hongrie
demeurera sous la domination des Habsbourg
jusqu’à ce que, en 1848, sa volonté d’indépendance
l’amène à une confrontation armée avec eux et
entraîne la chute du gouvernement hongrois. En 1867,
un compromis verra néanmoins le jour, instaurant
une double monarchie « austro-hongroise ». Ce
sera pendant un demi-siècle un âge d’or à la fois
économique, culturel et intellectuel.
Malheureusement, la première Guerre Mondiale
éclate, cette double monarchie y participera en
qualité d’alliée de l’empire germanique. Le traité
de Trianon signé le 4 juin 1920 par les vainqueurs
de la Grande Guerre consacrera la fin de l’AutricheHongrie, réduisant de deux tiers la superficie de
la Hongrie et entraînant l’exode de millions de
Hongrois vers la Roumanie, la Tchécoslovaquie et
la Yougoslavie.
La seconde Guerre Mondiale permettra dans
un premier temps à la Hongrie de récupérer des
territoires sur la Roumanie et la Yougoslavie mais,
appartenant au camp des vaincus, elle sera en
1945 définitivement rétablie dans les frontières
imposées par le Traité de Trianon. Entrées en
Hongrie en octobre 1944, les troupes de l’Armée
Rouge donneront le départ d’une ère hongroise sous
joug soviétique qui durera plus de quarante ans.
Suite à la chute du mur de Berlin et à la fin de la
guerre froide, le 23 octobre 1989 la République
de Hongrie sera enfin proclamée et, le 1er mai
2004, la Hongrie deviendra membre de l’Union
Européenne.
Visiter la Hongrie, c’est faire connaissance avec
Budapest, Veszprém, Eger, le lac Balaton et le parc
national d’Hortobagy. Budapest, surnommée la Perle
du Danube est une ville de 2,1 millions d’habitants.
Le fleuve sépare la ville en deux, Buda sur la rive
droite en est le centre historique tandis que Pest sur
la rive gauche arbore un air moderne. Aujourd’hui,
la Hongrie prend le chemin de la démocratie mais,
en ville, richesse des uns et pauvreté des autres
forment un contraste parfois difficile à accepter.
Les Hongrois aiment leur pays, ils apprécient
les étrangers à partir du moment où ceux-ci
connaissent et respectent leurs coutumes et
leur culture.
Veszprém est une ville attrayante. Bâtie sur cinq
collines, elle offre au regard du visiteur des bâtiments
baroques, des ruelles étroites, des ponts et des
moulins. Centre culturel de la rive nord du Danube,
elle se trouve à environ 17 kilomètres du lac Balaton.
Ce dernier, d’une superficie de 596 km2 , reste la
destination préférée des Hongrois. Il se trouve à
environ une heure d’autoroute de Budapest.
Eger, très belle ville située dans une vallée entre
les monts Matra et le massif de Bükk, a un lourd
passé en héritage. Conquise par les Turcs en
1526, elle tomba aux mains des Habsbourg au
XVIIIe siècle. Ils en fi rent une ville lumière. De
style baroque, cette ville thermale attire par son
charme naturel des touristes de tous pays. Artistes,
architectes et artisans s’y côtoyaient et aujourd’hui
plus de 150 maisons d’artistes ont été classées
par les Monuments Historiques hongrois. Une
curiosité, son minaret érigé par les Turcs lors de
leur occupation de la ville.
Se rendre en Hongrie sans passer par le parc national
d’Hortobagy serait dommage. Créé en 1973, ce parc
est situé au cœur de la grande plaine de Hongrie, la
Puszta. Les visites se font obligatoirement avec un
guide et les véhicules à moteur y sont interdits. On
peut observer dans ce parc troupeaux de moutons,
de bœufs gris hongrois, de chevaux de race et, à
l’automne et au printemps, une très grande variété
d’oiseaux migrateurs. Du village situé au centre du
parc partent toutes les excursions.
Je suis arrivé en Hongrie le 1er août 2004. Après
vingt-six heures de bus, je posais enfin le pied
à Budapest. Finies les crampes, les courbatures
allaient s’estomper très vite et, même si je manquais
de sommeil, le fait d’être arrivé vous réveille vite, je
vous l’assure. C’était l’heure de la découverte.
A peine descendus du car, les voyageurs s’éparpillent,
chacun continue son chemin. Moi, je reste assis sur
mon sac, j’observe les Hongrois et j’attends Eric, le
couvreur arrivé ici il y a maintenant un an et demi
et, aujourd’hui, un peu en retard. Tout de suite, je
ressens autour de moi une certaine pauvreté. Les
Hongrois me paraissent très serviables, ne parlent pas
fort mais ils semblent regarder d’un œil particulier,
avec une certaine colère, les Roumains et les Tziganes.
Assis, avec mon ordinateur portable posé à côté de
moi, je ne passe pas inaperçu. Un homme vient me
parler. Naturellement il s’exprime en Hongrois (aie,
aie, aie !) mais voyant l’inscription « Paris » sur mon
sac, il se reprend et me demande très vite en français
« Tu es Français ! ». Quel plaisir cela me provoque.
Cette personne que je ne connais pas me parle de sa
Hongrie avec un tel amour que d’emblée un drôle de
sentiment pour ce pays m’envahit.
Eric et son amie arrivent enfi n et me conduisent
à l’hôtel. Là, nous discutons autour d’un Ricard.
Beaucoup de questions m’envahissent. « Comment
sont les Hongrois ? » « La vie est-elle dure ici ? » La
réponse à cette dernière question fuse. « Oui, la vie
est dure, mais découvre-le par toi-même, fais ton
expérience. » Ils ne m’en diront pas plus et d’un
certain côté, cela me plaît. Le soir venu, nous allons
chercher Laurent, le menuisier avec qui je vais partager la chambre pendant tout le mois d’août. Il vaut
mieux bien s’entendre !
Comme pour tout voyage d’itinérant à l’étranger, les
premiers jours sont consacrés à l’apprentissage de la
langue. Le bâtiment dans lequel vont avoir lieu les
cours se trouve à cinq minutes de l’hôtel en tramway et
fait face au Danube, non loin du parlement hongrois.
Là, nous faisons la connaissance de Zoltan Fekete
qui nous invite à boire un café à l’Institut Français
où se trouve Marc, notre professeur de hongrois.
Nous nous mettons d’accord sur les horaires (9 h 30
– 15 h) afin de pouvoir dormir le matin et profiter de
la fin d’après-midi pour visiter Budapest et faire nos
devoirs. Le seul problème est que nous ne sommes
que deux car Maxime, le deuxième couvreur, ne doit
arriver qu’en septembre. A cause de cela, notre budget
va en prendre un coup car les fournitures seront à
notre charge ainsi que les repas de midi et la carte de
transport, Evosz ne prenant les frais à sa charge qu’à
la condition qu’il y ait trois étudiants.
Notre premier jour de cours débute sous les
meilleurs auspices. Nous avons droit à un accueil
de roi, grand sourire du portier, café et gâteaux
offerts par la secrétaire et conversation en français
avec Marc. Mais nous ne sommes pas là pour
parler français, il va nous falloir malmener nos
cerveaux car le hongrois ne ressemble en rien aux
langues européennes. Par exemple, le verbe se
trouve en fin de phrase, le sujet qui normalement
se comprend en fonction du temps du verbe
ne nous apparaît plus aussi évident. L’alphabet
comporte des lettres que nous ne connaissons
pas, la prononciation des lettres est différente...
Bref, tout cela aboutit pour nous à un gros cassetête à la hongroise !
Heureusement, nous ponctuons nos efforts de
découvertes. Ainsi, fi n août, nous décidons avec
deux amis d’aller visiter Szentendre qui se trouve
à une heure en train de Budapest. C’est un petit
village pavé, abritant cinq églises. Il se trouve tout
près du Danube et est très réputé pour sa beauté.
Il attire le touriste et, le week-end, il est de bon ton
d’aller s’y promener en famille et d’y déjeuner ou
dîner au restaurant.
Peut-être, à lire mon récit, allez-vous penser que je
ne suis venu en Hongrie que pour le tourisme. Il n’en
est rien. Je suis venu y travailler et je vais maintenant
vous parler de mon entreprise.
Bien sûr, je suis très vite repéré pour être « le
Français ». Le premier jour, je suis reçu dans le
bureau du patron qui me présente un collègue de
travail lequel me montre ma chambre. J’apprends
que je vais y vivre avec dix de mes collègues qui,
habitant normalement à Debrecend, logent à
l’entreprise en cette période de beau temps et
ne rentrent chez eux qu’une fois toutes les deux
semaines. Les premiers jours de travail sont très
difficiles. Il me faut observer tout en évitant d’être
« dans leurs pattes » pour ne pas les gêner.
7
L e cha nt ier su r lequel je va is
travailler se trouve à Széchenyi,
c’est le plus grand centre thermal
d’Europe. Un superbe bâtiment néobaroque, construit au début du XXe
siècle, avec trois bassins en plein air
et une dizaine à l’intérieur où l’on
peut nager dans une eau aussi bien
à 38° qu’à 12°. S’y trouvent aussi des
jacuzzis et des hammams.
Cette expérience aura été pour moi un révélateur de mon
Mon premier constat est le manque
caractère. J’y ai découvert ma vraie nature, mon caractère
de matériel pour effectuer le travail.
et mon énorme soif de connaissances.
Les horaires me surprennent aussi.
Ils changent selon la période (hiver
ou été). En septembre, date à laquelle
je me trouve sur le chantier, nous
travaillons de 5 h 30 à 18 heures 30
avec une pause de trente minutes à midi, puis
France) m’intéresse drôlement. Beaucoup de
une fois de retour à l’atelier, nous façonnons pour
pièces sont produites chez nous, cela va des
le lendemain jusqu’à 21 heures ou 22 heures.
crochets de gouttière aux lucarnes ou faîtages. En
Mais les pauses sont nombreuses, les ouvriers
Hongrie, le travail me fait énormément penser
s’arrêtant de travailler au gré de leur fantaisie
à l’industrie. Les postes sont titrés : le soudeur,
pour téléphoner ou aller boire une bière. (Il est
le nettoyeur de soudure, etc. Pour ma part j’ai
vrai que les Hongrois boivent énormément sur
beaucoup de chance car je peux changer de
les chantiers !)
poste autant qu’il me plaît, néanmoins, après
les vacances de Noël et pendant six mois, je
Mon second constat est la manière de travailler
n’ai quand même fait que des vases (10, c’est
des ouvriers. Ils ne se préoccupent ni de l’esthébien mais 100, cela devient de la production
tisme, ni des problèmes futurs que leur travail
industrielle). Nous travaillons beaucoup en
pourrait engendrer. J’essaie de leur expliquer
rouleaux de cuivre et de zinc en raison de la
et de leur montrer comment faire mais ils ne
plieuse et de la guillotine de trois mètres.
veulent rien changer à leurs habitudes, sans
Le soir, ma vie n’a rien de particulièrement
doute les restes du système communiste. Ils ne
intéressant. Chacun fait sa cuisine, ce qui me
sont pas très ouverts au niveau des techniques
permet quand même d’apprendre des recettes.
de travail et ils manquent curieusement de
Après cela séance télévision et tout le monde au
précision. Ainsi, l’on constate vite que si une
lit après avoir refait le monde...
couverture est belle vue de loin, lorsque l’on est
dessus il n’en est plus de même et l’on prend vite
Quittons maintenant l’entreprise et abordons
peur. De plus, ils n’ont aucune garantie d’emploi
l’expérience culturelle de mon voyage.
lorsqu’un chantier se termine.
Le travail à l’atelier
est pou r moi le
plus intéressant. Je
suis là au cœur de
l’ornementation.
Les voir utiliser
les machines
qui permettent
de faire des
merveilles
(machines que
je n’ai pu voir
qu’une fois en
Les Hongrois sont généralement agréables et
chaleureux, notamment envers les touristes égarés
qu’ils aident spontanément. Entre collègues de
travail et amis, ils ont pour habitude de s’inviter
fréquemment à déjeuner ou à dîner.
D’une manière générale, je trouve les Hongrois
attachants, humains et pleins de finesse dans
leurs relations avec les autres. Leur comportement
est toujours poli et respectueux et ils ne sont pas
comme nous sûrs de leur bon droit sous prétexte
qu’ils paient des impôts.
L es Hong rois a i ment
leur pays, ils apprécient
les ét ra ngers à pa r t ir
du moment où ceu x-ci
connaissent et respectent
leu rs cout u mes et leu r
culture. Les familles hongroises sont petites mais
il n’est pas rare pour des
raisons financières et pratiques que plusieurs générations soient réunies au
sein d’un même foyer. Les
grands-parents et les personnes âgées en général
sont respectés. Toutefois,
divorces, unions libres et
enfants hors mariage sont
de plus en plus courants.
8
Leurs repas se composent le matin d’un petit
déjeuner semblable au nôtre, excepté à la campagne où ce premier repas est plus copieux, charcuterie et légumes en faisant partie. Le déjeuner
est le repas le plus important de la journée. Il
comporte une soupe, un plat avec de la viande
et un dessert. Quant au dîner, vers 18 heures, il
est plutôt composé de charcuterie, de fromage et
d’une salade faite avec les légumes de saison.
Au début du XXe siècle, les cafés ressemblaient
étrangement à nos cafés littéraires. Encore
aujourd ’ hui, l ’on y va pour se rencontrer,
bavarder dans un lieu sympathique mais aussi
pour lire son journal tout en déjeunant ou dînant.
Plusieurs cafés sont des chefs-d’œuvre de l’Art
Nouveau : L’Astoria, le Lukas, l’Incognito, le New
York ou encore le café Gerbeaud.
Les Hongrois apprécient l ’a lcool, sous ses
différentes formes : bière dont la fameuse Dreher,
vins dont certains ont acquis une renommée
internationale (Egri Bikaver ou « sang du taureau
d’Eger » ; Aszu et Szamorodni qui sont des vins
de dessert) ; alcools forts sous forme de digestif
(l’Unicum qui contient 23 herbes) ou d’eau-devie, dont la plus connue est le Barackpalinka.
Ils aiment aussi beaucoup les sodas alcoolisés
connus sous le nom de fröccs.
Avant de refermer cette page consacrée aux
plaisirs du palais, sachez que si vous êtes invité
dans une famille hongroise, plus vous mangerez
et plus vous serez considéré. Aussi, avant d’y
aller, un conseil : jeûnez.
Cette expérience aura été pour moi un révélateur
de mon caractère. J’y ai découvert ma vraie
nature, mon caractère et mon énorme soif de
connaissances. J’ai en Hongrie découvert ce que
signifiait « avoir de l’argent » et l’envie que cela
pouvait engendrer. Nous sommes à ce point de
vue des privilégiés et on nous le fait savoir. Il
faut donc apprendre lorsque l’on est à l’étranger
à vivre comme les locaux, en faisant attention
à ce que l’on dit et à ce que l’on fait, et surtout
faire en sorte de ne pas paraître au-dessus de
leur condition.
Un dernier mot pour dire merci à tous ceux,
Compagnons, entreprise, amis et organisme
grâce auxquels je peux effectuer ce séjour en
Hongrie et en profiter un maximum.
Jérôme Kervella
Breton
Aspirant Couvreur
compagnons et culture
Le Palais Idéal
Bugey la Fraternité
e retour chez moi pour les vacances
estiva les, je décidais par un beau
matin de motiver quelques proches
pour partir à la découverte du Palais Idéal, créé
et construit par Joseph-Ferdinand Cheval.
D
Ce palais se situe sur la commune de Hauterives,
dans la Drôme, entre Lyon et Valence. Deux
heures de voiture à travers nos belles montagnes
du Jura, puis des Alpes, nous amènent au pied
de cet édifice, complètement atypique, classé
Monu ment Historique en 1969 pa r A nd ré
Malraux, alors ministre de la Culture.
Né le 19 avril 1836, dans la Drôme, JosephFerdinand Cheval mène, jusqu’au début de la
construction du Palais Idéal en 1879, une vie
qui ne se distingue guère de celle des hommes
de sa génération. L’époque est dure, les disettes
et les épidémies courantes. Le monde paysan
dont il descend vit difficilement. Peu de paysans
portent des souliers ; Beaucoup ne mangent que
très rarement de la viande et leurs lits sont pour
la plupart faits à base de branchages. JosephFerdinand est un jeune homme qui, ayant été
peu scolarisé, parle mal sa langue maternelle
contrairement aux artistes du moment issus
dans leur grande majorité de la bourgeoisie.
Son père décède lorsqu’il est âgé de dix-neuf
ans. Une partie de la ferme lui revient mais il
préfère s’en séparer au profit de son frère et
partir exercer le métier de boulanger à Valence.
Le 20 mai 1858, il épouse Rosalie Revol, il a
vingt-deux ans. Puis il se fait embaucher comme
ouvrier boulanger à Lyon. Dès lors, il néglige
le domicile conjugal, y retournant rarement.
Certains prétendent qu’il aurait voyagé et se
serait rendu en Algérie. Il revient chez lui en
1864 pour la naissance de son premier enfant,
lequel décèdera un an plus tard. A partir de
cette date, il quitte le métier de boulanger et
devient ouvrier agricole. Arrivant à la trentaine,
il cesse d’être journalier et postule pour un
poste de facteur après avoir obtenu du maire de
Hauterives le certificat de bonne moralité alors
que l’époque est plutôt portée à la débauche.
Sa v ie fa mi l ia le est t rès ag itée et dev ient
douloureuse. La mort de sa femme l’oblige à
confier son deuxième enfant à son parrain. Il
se remarie, il a une fille, son troisième enfant
qu’il perd l’âge de quinze ans, ce qui lui cause
une grande souffrance.
Les tournées du
facteur Cheval
sont très long ues,
environ trente-deux
kilomètres. Il dessert
les fermes les plus
reculées. Durant ses
tournées pédestres,
le facteur pense
beaucoup, bâtit en
rêve un palais, un
château, des grottes...
Son rêve va prendre
forme lorsque,
un soir, en f in de
tournée, il heurte une
pierre. Celle-ci est
de forme si bizarre
qu’il la ramasse pour
l’admirer plus à son
aise à son domicile.
Voici ce qu’il en dit :
« C’est une pierre
molasse, travaillée
Né le 19 avril 1836, dans la Drôme, JosephFerdinand Cheval mène, jusqu’au début de
la construction du Palais Idéal en 1879, une
vie qui ne se distingue guère de celle des
hommes de sa génération.
par les eaux et endurcie par la force des temps, elle
devient aussi dure que des cailloux ; Elle présente
une sculpture aussi bizarre qu’il est impossible à
l’homme de l’imiter : elle représente toutes espèces
d’animaux, toutes espèces de caricatures. Je me
suis dit : ‘’Puisque la nature veut faire la sculpture,
moi, je ferai la maçonnerie et l’architecture. ‘’ »
La construction du Palais Idéal démarre en avril
1879. Joseph-Ferdinand Cheval commence par
creuser un bassin sur une parcelle de quatre
ares et seize centiares, au quartier des Moulins.
Entre 1881 et 1884, il va élever deux cascades : La
source de la vie et La source de la sagesse. Il creuse
également La grotte Saint-Amédée et Le tombeau
égyptien. Cette esquisse appartient encore au
domaine du rêve. Il tâtonne. Seul, il apprend les
rudiments de ce qui lui est indispensable pour
être à la fois architecte, dessinateur, sculpteur.
En 1886, il débute la réalisation de la façade Est
de son palais, où sont placés entre autres les trois
géants. Il continuera, à la suite de cette façade Est,
par Le temple Hindou. Nous sommes en 1891. Le
palais sera terminé en 1912. Il utilisera pour cette
9
construction différents matériaux : mâchefer
pour les voûtes du palais, pierre molasse pour
la façade Est et pour la terrasse, cailloux pour les
colonnes du tombeau égyptien, moellons pour le
sous-œuvre et la partie cachée, éclats de granit
rose, tuf clair et tendre, quartz noir, silex...
Cheval, additif au Cahier, 1914). Alexandre
Vialatte décrit, dans Dernières nouvelles de
l’ homme, le facteur fou : « Chez l’homme, la
tête pense, la main suit. Le reste y passe, parfois
pendant une vie entière. Le facteur Cheval en est
un exemple éclatant ».
Cet artiste, endurant les intempéries et les
hivers glacials, va jusqu’à l’âge de sa retraite
en 1896 bâtir son chef-d’œuvre de nuit ainsi
que le dimanche, son seul jour de repos. Toute
cette construction se réalisera à grands frais et
au mépris de sa santé. Il semble presque poussé
par quelques forces obscures. Ce facteur travaille
en-dehors de toutes références à l’art officiel
de l’époque puisqu’il n’a aucune connaissance
de l’Art Nouveau ou de l’Impressionnisme qui
dominent à ce moment. En fait, Joseph-Ferdinand
Cheval se révèle être, outre un artiste, un athlète
et apparaît, de plus, doué d’une volonté peu
commune. Ecoutons-le : « Après avoir terminé
mon palais de rêve à l’âge de soixante-dix-sept
ans et après trente-trois ans de travail opiniâtre,
je me suis encore trouvé assez courageux pour
aller faire mon tombeau au cimetière de la
paroisse. Là encore, j’ai eu le bonheur d’avoir
la santé pour achever le tombeau, appelé Le
tombeau du silence et du repos sans fin, à l’âge
de quatre-vingt-six ans » (témoignage du facteur
Le palais est à de nombreux endroits recouverts
d’inscriptions, de pictogrammes trouvés par
Cheval lors de ses lectures. Certains grands
écrivains de l’époque lui ont également dédié
quelques phrases ou poèmes, ainsi en est-il
de : « Quand le passant rêveur contemple cette
enceinte où ton labeur superbe a vaincu le néant,
il cherche je ne sais quelle effrayante empreinte
où puisse s’étaler une main de géant : car c’est
la récompense, ô sculpteur gigantesque, d’avoir
réalisé ton rêve surhumain. Va, tu peux bien
graver ton nom à chaque fresque, hier c’était le
labeur, c’est la gloire demain ».
De nombreuses inscriptions nous rappellent
cel les uti lisées par les bâtisseurs, dont les
Compagnons : « A cœur vaillant, rien d’impossible », « A la source de la sagesse seule, on trouve
le vrai bonheur » ou bien encore « Heureux
l’homme libre » et aussi « Bravant la chaleur, la
froidure et même l’outrage du temps, je forçais
parfois la Nature et triomphais des éléments. »
En construisant durant
les huit dernières années
de sa vie son tombeau,
Joseph-Ferdinand
Cheval donne à son
Palais Idéal un sens
ultime car ce tombeau
en est le prolongement
spirituel. « Ce tombeau
clôt l’épopée métaphysique d’un artiste qui,
à la fois, voulait se survivre et aurait aimé
faire corps avec son
œuvre, jusqu’à y être
englouti et enseveli. »
Ce tombeau se trouve
à un petit kilomètre de
Hauterives, son genre
de travail le rend très
original, à peu près
unique au monde, en
réalité, c’est l’originalité
qui en fait sa beauté.
10
Sur le fronton du palais, nous pouvons lire cette
inscription : « Je suis la mort, je suis cruelle, je
fauche sans cesse, je faucherai éternellement. »
On peut comprendre que le facteur accordait de
l’importance à la mort mais également au culte
des morts cher à la France rurale.
Cet artiste, endurant les intempéries et
les hivers glacials, va jusqu’à l’âge de sa
retraite en 1896 bâtir son chef-d’œuvre de
nuit ainsi que le dimanche, son seul jour de
repos. Toute cette construction se réalisera à
grands frais et au mépris de sa santé.
Ce Palais Idéal est pour notre pays, mais aussi
pour le monde, une prouesse architecturale
d’art naïf. Le fait d’avoir été classé Monument
Historique lui a permis de faire l’objet d’une
restauration, restauration nécessaire due aux différentes méthodes de construction, à la mauvaise
qualité des matériaux qui, très vite, ont posé des
problèmes de conservation à cet édifice de plus
d’un siècle maintenant. Les premiers travaux de
restauration débutèrent à titre expérimental en
1978 et se terminèrent en 1993.
Aujourd’hui, ce palais est ouvert à la visite une
grande partie de l’année, il émerveille, enthousiasme, effraie le visiteur qui, de toute façon,
s’interroge. Pour notre groupe, ce fut un retour
vers le XIXe siècle, une journée passée à découvrir
un style de vie mais aussi à plonger dans la folle
création du facteur Cheval qui réalisa un grand
chef-d’œuvre mais également son rêve.
Pierre Van Damme
Bugey la Fraternité
Compagnon Couvreur du Devoir
compagnonscarnet
Carnet du Tour de France
ADOPTIONS
Compagnon du Devoir se fait un plaisir de présenter
au Tour de France les Aspirants adoptés à :
Bordeaux, le 11 juin 2005
Charlie Airault, dit Poitevin, Tailleur de Pierre,
Pierre Briand, dit Tourangeau, Boulanger,
Pierre-François Haudin, Hainault, Peintre,
Marie Levraey, Rouergue, Peintre,
Jean-Baptiste Martin, dit Tourangeau, Electricien,
Bérangère Perrot, Poitevine, Peintre.
Troyes, le 26 novembre 2005
Arnaud Mollard, Auvergnat, Charpentier.
Baillargues, le 9 décembre 2005
Romain Delanoé, dit Nantais, Menuisier,
Baptiste Sarthou, dit Provençal, Menuisier.
Lyon, le 9 décembre 2005
Dorian Estevenon, dit Gévaudan, Mécanicien
Outilleur.
Bordeaux, le 10 décembre 2005
Sarah Barbancon, dite Limousine, Tapissier,
Carlo Basso, Manceau, Couvreur,
Ludovic Casties, Toulousain, Charpentier.
RÉCEPTIONS
La fête de l’Ascension a été l’occasion pour le corps d’état des Compagnons Plombiers du Devoir de recevoir
à Tours le 25 juin 2005 cinq enfants du Père Soubise : Julien Cabannes, Champagne Cœur Fidèle, Ludovic
Fave, Champagne la Persévérance, Cédric Paubon, Champagne la Bonne Volonté, Christophe Porcher, Nantais la
Générosité et Frédéric Thomas, Lyonnais la Franchise.
Les Compagnons Boulangers Pâtissiers du Devoir de la Province de Bordeaux ont reçu le 30 octobre 2005, à l’occasion de la fête de la Toussaint, le Pays Jimmy Marteau, Vendéen la Constance et ceux de la Province de Nantes donnèrent
Réception le 4 décembre 2005, à l’occasion de la fête de Noël, au Pays Pierre Henry Lalague, Landais Va sans Crainte.
Le corps de métier des Compagnons Carrossiers du Devoir est heureux de présenter au Tour de France le Pays
Eric Bernard, Vendéen Va de Bon Cœur, reçu à Paris le 19 novembre 2005, à l’occasion de la fête de Sainte-Catherine.
Les Honnêtes Compagnons passants Tailleurs de Pierre du Devoir ont donné réception à Toulouse, le 26
novembre 2005, aux Aspirants Régis Eroyan, La Persévérance de Charentay, Yann Margueray, La Vaillance de
Chevreuse et Nicolas Siegfried, La Persévérance de Neuville-la-Roche.
La fête de la Toussaint a été l’occasion pour le corps de métier des Compagnons passants Couvreurs du
Devoir, Bons Drilles du Tour de France, de recevoir le 26 novembre 2006 à Lyon, les Coteries Félix Caillot,
Nantais la Constance, et François Rousselle, Flamand Cœur Sincère, et à Paris, Sébastien Robert, Angevin la
Persévérance, et Pierre Spielmann, Alsacien la Générosité. La fête de l’Ascension a été quant à elle l’occasion de
recevoir le Coterie Fabien Villemin, Cevenol Cœur Loyal, le 26 novembre 2005, à Bordeaux.
Les Compagnons Mécaniciens et Mécaniciens Outilleurs du Devoir sont heureux de faire part au Tour de
France de la Réception à Lyon, le 10 décembre 2005, du Pays Thomas Maurin, Gévaudan la Générosité.
La fête de Noël a été l’occasion pour les Compagnons Menuisiers du Devoir de la Province de Paris de
recevoir le 17 décembre 2005, le Pays Julien Carnevale, Julien le Nantais.
Brest, le 10 décembre 2005
Olivier Maillon, Forézien, Charpentier.
Nîmes, le 10 décembre 2005
Rémy Candelier, dit Suédois, Métallier,
Sébastien Dubois, dit Provençal, Menuisier,
Rémi Faveau, Lyonnais, Peintre,
Kévin Raynel, dit Ile-de-France, Menuisier.
Saint-Egrève, le 10 décembre 2005
Flavien Betton, Limousin, Couvreur,
Jean-Marc Bernet, dit Breton, Métallier,
Antoine Catroux, Angevin, Charpentier,
Jean-Baptiste Schittly, Alsacien, Charpentier.
Saint-Etienne, le 10 décembre 2005
Julien Vialettes, dit Albigeois, Mécanicien.
Toulouse, le 10 décembre 2005
Fabien Supersax, dit Franc-Comtois, Chaudronnier,
Lionel Wolff, Alsacien, Couvreur.
Dijon, le 17 décembre 2005
Yann Genevois, Dauphiné, Charpentier,
Lionel Sporen, dit Lorrain, Serrurier.
Nantes, le 17 décembre 2005
Florian Bert, Bordelais, Plâtrier,
Vincent Hormière, Albigeois, Plâtrier,
Benjamin Martin, Angevin, Couvreur.
Pont-de-Veyle, le 17 décembre 2005
Pierre-François Monnot, Bourguignon, Couvreur,
Renaud Gauvain, dit Ardéchois, Métallier.
Reims-Muizon, le 17 décembre 2005
Julien Labarge, Bourguignon, Couvreur,
Rémy Gobillard, dit Champagne, Menuisier,
Damien Peruchon, dit Champagne, Tapissier.
NAISSANCE
Virginie et Christophe Possémé. La Sagesse de Breuilsur-Vesle, Compagnon Maçon du Devoir, ainsi que
Théo sont heureux de faire part au Tour de France de
la naissance le 13 novembre 2005 d’Alexi.
DÉCÉS
Hommage à Monsieur Michel Thebault
Un ami nous a quittés
Notre Mère Dixneuf, les Dames-Hôtesses des Maisons
de Tours, rues Littré et Saint-Symphorien, les prévôts
et quelques Compagnons de divers corps d’état ont
accompagné Monsieur Michel Thebault à la porte de
son dernier voyage, en ce jour du 29 novembre 2005.
Dans la salle du crématorium de Tours, sa famille et
ses nombreux amis se sont recueillis en déposant sur
la bière quelques pétales de roses en lui adressant
l’ultime adieu.
Michel Thebault était un ami des Compagnons, plus
qu’un ami. Il possédait cet esprit généreux, dévoué,
fraternel que chaque Pays ou Coterie lui reconnaissait
et certains regrettaient qu’il ne puisse porter canne
et Couleur. Il l’aurait largement mérité.
Commis d’architecte durant de longues années,
d’abord au Cabinet Marconnet, puis au Cabinet Boille,
il devait ensuite, l’heure de la retraite arrivée, mettre
toute sa compétence au service des Compagnons du
Devoir de Tours. Fin dessinateur, il exécuta tous les
relevés de nos Maisons de la Province pour mise à
jour des plans.
Combien de projets d’ouvrages d’Adoption ou de
Réception de nos jeunes profitèrent de ses judicieux
conseils. Le contact de nos jeunes était pour lui
source de joie. Ceux qui l’ont connu n’oublieront
ni son sourire d’accueil bienveillant ni son regard
qui s’illuminait dès le premier contact. Combien
d’esquisses et de projets de travaux confortatifs pour
les Maisons de notre Province et combien d’heures
offertes pour le suivi des travaux. Combien de temps
passé pour créer diverses décorations de salles
communes ou objets décoratifs extérieurs comme
la lanterne du Père Soubise suspendue dans la cour
de la rue Littré, réalisée en fer forgé par nos jeunes
serruriers ou bien encore ce motif en demi-bosse qui
orne la plate-bande de la porte d’entrée sur courette
de la rue Paul-Louis Courier et, combien d’autres...
On ne peut citer ici tous les travaux qu’il réalisa
gracieusement durant une vingtaine d’années,
toujours d’humeur égale et avec le sourire. On
peut encore citer le plan reconstitué de l’ancienne
basilique Saint-Martin de Tours qui servit aux jeunes
tailleurs de pierre pour la réalisation partielle de la
maquette de cette basilique exposée au musée SaintMartin. Ce plan décore toujours l’un des murs de
notre petite salle à manger de la rue Littré.
Michel Thebault, de soixante à quatre-vingts ans,
aima ainsi dessiner, écrire, construire ses maquettes
de projets en contreplaqué ou en carton dans le
minuscule bureau que les Compagnons lui avaient
aménagé rue Littré. Là, il était chez lui, heureux
d’œuvrer, heureux d’accueillir les apprentis,
stagiaires, Aspirants, jeunes Compagnons et même
Anciens, qui venaient chercher près de lui un conseil
ou tout simplement s’accorder un moment de
causette toujours instructive.
Il se réjouissait à la pensée d’une escapade dans
un congrès auquel il se trouvait invité ou dans un
« banquet », entouré de « ses » jeunes.
On pourrait encore écrire bien des lignes sur sa
discrétion, sur sa tolérance, sur son savoir et son
savoir-faire, sur sa connaissance des symboles, sur la
précision et la minutie avec lesquelles il accomplissait
le moindre ouvrage. Sur les cours de dessin à main
levée et les cours de relevés qu’il dispensa à nos
jeunes.
Michel Thebault nous a quittés avec autant de
discrétion qu’il nous avait aidés. C’était un ami. C’était
un Compagnon, sans canne ni Couleur, mais avec
l’esprit.
Adieu Monsieur Michel Thebault. Reposez en paix.
Les Pays et Coteries de la Province de Tours
11
Table des matières
pour l’année 2005
Articles de réflexion
Les Compagnons du Devoir ont adopté trois femmes de métier
Normand la Clef des Cœurs...............................................................................................février
Le voyage pour tous
Jean-Luc le Manceau ..........................................................................................................mars
Le projet de l’Itinérant
Angevin le Tolérant .............................................................................................................mars
Se sédentariser à l’étranger
Ile-de-France Cœur Loyal ...................................................................................................mars
Sédentaire en Pologne
Forézien la Bonne Volonté ..................................................................................................mars
Sédentaire en Afrique Noire
Rouergue l’Ami des Eléments .............................................................................................mars
Un séminaire de maréchalerie en Lituanie
Ile-de-France la Franchise du Devoir................................................................................... avril
Métiers en difficulté
Normand la Clef des Cœurs................................................................................................... mai
Des métiers sans jeunes et des jeunes sans métier !
Franc-Comtois la Fermeté et Angevin la Bonne Conduite.................................................... mai
Conseiller au sein de l’Association
La Fermeté de Pont-de-Vaux................................................................................................ juin
67e Assises nationales du Compagnonnage du Devoir
Tours, les 3 et 4 juin 2005
Normand la Clef des Cœurs...................................................................juillet-août-septembre
Les âges de la vie - IV Evoluer et s’adapter
Normand la Clef des Cœurs.............................................................................................octobre
Mosaïque – Noir ébène
Henri le Provençal ...................................................................................................... novembre
Activités de province
Un week-end très apprécié (12-13 juin 2004)
Languedoc Cœur Sincère...................................................................................................février
Ouverture du bureau de passage de Poitiers
Angevin la Bonne Conduite ................................................................................................. avril
La grande nuit des métiers
Lorrain la Constance d’Ellviller .............................................................................................. mai
Une Cayenne à Bruxelles
Beauceron la Fidélité............................................................................................................. juin
Première fête annuelle de l’AOCDTF au casino de Beaucaire
Johanna Houel .......................................................................................................... novembre
Hommages
Les jeunes à l’honneur : Olympiades 2004
.............................................................................................................................................. avril
L’outil « cadeau-souvenir »
Jean le Breton........................................................................................................................ juin
Métiers
M.O.F. en chaudronnerie
Angevin l’Ami des Arts......................................................................................................février
Clin d’œil à l’Histoire ou la naissance d’un nouveau métier
dans le Compagnonnage
La Fermeté de Salon-la-Tour ............................................................................................février
Aux vertus du Devoir
Picard l’Ami du Trait ..........................................................................................................février
Travail de carrosserie au concours des Meilleurs Ouvriers de France
Périgord la Persévérance ...................................................................................................... avril
Métiers en difficulté : le métier de mécanicien outilleur
va-t-il disparaître de la liste des métiers manuels
Normand le Désir de Bien Faire ............................................................................................ mai
« Manufacturing Team Challenge »,
nouvelle discipline aux Olympiades des Métiers
Breton la Persévérance.......................................................................................................... juin
Le grand chef-d’oeuvre dit « de Saint-Etienne »
Beaujolais le Bon Cœur ......................................................................................................... juin
Europain 2005, les chiens blancs racontent en direct
Les Compagnons Boulangers et Pâtissiers du Devoir ............................................juillet-août
Cheminement d’un Meilleur Ouvrier de France
Marc le Vivarais......................................................................................................... septembre
Rouen, un sixième franchissement sur la Seine
Réunionnais et L’Indulgence de Montmaur ...................................................................octobre
Vie professionnelle
La réfection du clocher de Mareuil-sur-Ay
Angevin la Bonne Conduite .................................................................................................. juin
Ebéniste aujourd’hui
Patrick le Vendéen................................................................................................................. juin
Chronique des jeunes
Versailles, la renaissance du bosquet des trois fontaines
Les itinérants plombiers de Reims................................................................................. janvier
12
Sortie à Chambord
La communauté de Blois ................................................................................................ janvier
Un abri à bois, en Normandie
Les lapins bois d’bout de Mont Saint-Aignan............................................................... janvier
Une journée à Lamotte-Beuvron
Les Compagnons et Aspirants Boulangers.................................................................... janvier
Etranger sur le Tour de France
Namurois.............................................................................................................................mars
Ferme métallique
Rémi Candelier ..................................................................................................................... mai
Couvreur chez les Compagnons du Devoir
Aurélien Angot ..................................................................................................................... mai
Un apprentissage en chaudronnerie
Cédric Marquet..................................................................................................................... mai
Couvreur, un métier d’avenir
Denis Desmoulière ............................................................................................................... mai
Un semi-remorque d’exception
Paul Chevallier...................................................................................................................... mai
Une journée à Fontainebleau
Les apprentis menuisiers de Paris...........................................................................juillet-août
Echange des « lapins » de Marseille et de l’Argentière :
un projet à renouveler
Les apprentis menuisiers .......................................................................................... novembre
Le soleil au cœur de la Bourgogne
Les Itinérants plombiers de Dijon .............................................................................décembre
A la découverte de l’escalier sur voûte sarrasine
Les lapins de Toulouse ...............................................................................................décembre
Une pocket-bike comme projet de ville
Ile-de-France la Tolérance ..........................................................................................décembre
Un nouvel orgue pour Saint-Thégonnec
Jean-François l’Angevin, Pierre-Eloi le Rouergue et Bruno le Nantais ......................décembre
Une balustre en pierre pour travail de Réception
La Sincérité de Bordeaux et La Constance d’Ambarès et Lagrave..............................décembre
Le Compagnonnage hors de nos frontières
Escale au Canada
Jérôme le Champagne ..................................................................................................... janvier
Mail de Chine
Richard le Lyonnais .......................................................................................................... janvier
Welcome to Grenada
Alsacien Va de Bon Cœur et Fabien l’Alsacien................................................................. janvier
Un stage d’apprentis maroquiniers en Tunisie
Carine, Nathalie, les 2 Alexandre, Romain, Thibault et Victor .................................... janvier
Balade irlandaise
Flamand Ile-de-France, Breton, Blésois et Thomas l’Angevin ........................................ janvier
Démarches à suivre pour partir hors de la Communauté Européenne
Nantais la Volonté...............................................................................................................mars
Commencer son Tour de France par l’étranger, pourquoi pas ?
Champagne.........................................................................................................................mars
Formation professionnelle par le voyage
Tourangeau la Clef des Cœurs.............................................................................................mars
Le Tour de France à l’étranger, une expérience professionnelle
mais aussi culturelle
Flamand la Vaillance ..........................................................................................................mars
Une valeur à ne pas négliger, la dignité dans la pauvreté
Toulousain...........................................................................................................................mars
Trois jours très intéressants pour les couvreurs en Belgique
Breton................................................................................................................................... avril
Cologne, dévoile-toi !
Lyonnais la Pondérance ........................................................................................................ juin
Le Tibet au cœur de l’Inde
Toulousain............................................................................................................................. juin
Une rumeur court sur le Tour de France
Flamand ....................................................................................................................juillet-août
La coutellerie en Allemagne
Namurois.........................................................................................................................octobre
Regard sur la Lituanie
Vosgien Cœur Loyal.................................................................................................... novembre
Un « toubab » à Bamako
Normand .....................................................................................................................décembre
La maréchalerie en Inde
Flamand ......................................................................................................................décembre
Mayotte, l’île au lagon
Bourguignon ...............................................................................................................décembre
De passage dans les Pays Baltes
Ile-de-France la Générosité.........................................................................................décembre
Mon expérience suédoise
Bressan ........................................................................................................................décembre
Informations générales
Le musée du Compagnonnage vous informe
.............................................................................................................................................. avril
De Favet à Miro, la gravure au 20e siècle
...................................................................................................................................juillet-août
Initiation et perfectionnement au dessin d’art
à la Maison des Compagnons de Paris
Patrick le Dauphiné................................................................................................... septembre
L’atelier d’Alquin, exposition de sculpture à la Fondation de Coubertin
Pascale Grémont Gervaise....................................................................................... septembre
Du Cœur à l’ouvrage : la passion du bois
Exposition à Bordeaux
Henri le Dauphiné ...........................................................................................................octobre
La céramique contemporaine
Maison de l’Outil et de la Pensée ouvrière ...................................................................octobre
Le Compagnonnage en deuil
Arle Raboteau, La Persévérance de Chadenac .................................................................février
François Bret, François l’Ardéchois ...................................................................................... avril
Marcel Chassat, Limousin l’Ami des Arts ............................................................................. mai
Xavier Rouaud ...................................................................................................................... mai
Pierre Gilly, Pierre le Provençal ............................................................................................. juin
Jérôme Peltier, Normand Franc-Cœur ..................................................................... septembre
Alain Billaquois, Nivernais le Courageux le Soutien des Couleurs .................................octobre
René Edeline, Tourangeau la Franchise .................................................................... novembre
Georges Gaignard, Francoeur de Tours..................................................................... novembre
Jean-Claude Boutillier, Jean-Claude le Picard ......................................................... novembre
Notes de lecture
Par les Compagnons du Devoir
Chant du Loriot – joie et liesse
Hervé Rougier...................................................................................................................... avril
Fragments d’histoire du Compagnonnage
Musée du Compagnonnage ............................................................................................février
L’outil
Paul Feller/Fernand Tourret ............................................................................................février
Par François Icher
Le monde fascinant des arbres
Eckart Pott ........................................................................................................................février
Le bois
Joseph Geldhauser ...........................................................................................................février
Un jardin de chartreux
Editions Glénat .................................................................................................................février
Egypte, pierre de lumières
Hervé Champollion, Diane Sarofim Harle.......................................................................... avril
Chroniques égyptiennes : voyage sur les chemins de traverse
Claudine et Cyril Le Tourneur d’Ison .................................................................................. avril
Images de l’Egypte chrétienne
Mahmoud Zibawi................................................................................................................ avril
Abbayes et monastères d’Europe
Bernard Schütz.........................................................................................................juillet-août
Mon papa en guerre
Jean-Pierre Guéno, Jérôme Pecnard....................................................................... septembre
Il y a un siècle, la France paysanne
Rosine Lagier ............................................................................................................ septembre
L’art et l’histoire de la brique
James W.P. Campbell............................................................................................... septembre
L’art des Celtes
Christiane Eluère ...................................................................................................... septembre
Nous, les derniers mineurs
Camille Oster et Elise Fischer.........................................................................................octobre
Culture générale
L’escalade : l’équilibre et l’art de la chorégraphie à la verticale
Manceau la Clef des Cœurs ...............................................................................................février
Naissance d’un jardin
Gilles Guillot ......................................................................................................................février
Le marathon de New York
Jean-Philippe le Breton........................................................................................................ avril
Tour de France en tandem par les canaux
Poitevin la Clef des Cœurs .................................................................................................... avril
La ville de passage (II–III–IV)
Beaujolais le Bon Cœur .......................................................................mai, octobre, novembre
George Sand et Agricol Perdiguier
Guépin la Persévérance ......................................................................................................... juin
Au Portugal
Beaujolais le Bon Cœur .............................................................................................juillet-août
Petite histoire d’une aubette
André le Nantais........................................................................................................ septembre
Voyage en Ethiopie
Ile-de-France l’Ami des Arts ..................................................................................... septembre
Les nœuds, patroimoine universel et lien entre les hommes de la terre
Manceau la Clef des Cœurs .............................................................................................octobre
Achèvement de l’une des œuvres de Le Corbusier, à Firminy
L’humilité de Villeneuve d’Ascq.................................................................................. novembre
compagnons et Tour de France
La ville de passage (VI)
Beaujolais le Bon Cœur
20ème arrondissement
16 fév r ier 20 0 4 . L a boucle se ter m i ne, le
cercle entier se précise. Nous sommes dans le
vingtième arrondissement. Après douze années
de recherche, de déplacements, de lecture, de
ratures, d ’additifs, d ’absence, de reprise, je
crois tenir le bon bout et je me suis promis de
terminer ce récit pour la Saint-Joseph 2004.
Le vingtième et dernier arrondissement. De
chaleureux souvenirs s’y rattachent car c’est le
lieu de ma première adresse, avec l’Alsacienne,
à la fois de Compagnon sédentaire et de jeune
marié. C’est aussi le lieu de naissance de notre
fille aînée Chantal.
L e 1er ja nv ier 18 6 0, Pa r i s cha nge . Pa r i s
s’ag ra nd it. Pa ris se d iv ise aussi, les v i ng t
arrondissements prennent forme.
L e v i ng t ième a r rond issement na ît su r les
territoires de la commune annexée de Belleville,
de Ménilmontant, du petit et du grand Charonne
et d’une portion de l’ancien village de SaintMandé. Au nouveau vingtième, revient la mairie
de Belleville : monument profane s’il en est.
C’est une ancienne guinguette. Grands coups
de badigeon et, pendant trente ans, la mairie du
vingtième arrondissement fonctionnera dans
ce lieu sombre, à l’aspect étrange. La nouvelle
mairie, programmée en 1887, achevée en 1897,
se situe place Léon Gambetta. Ses plans durent
être modifiés dans un souci d’économie pour
compenser les dépenses de consolidation du
sous-sol. En effet, les fondations dans ce site
truffé de carrières de gypse furent onéreuses
et exigèrent à l’époque une immense dalle en
béton de « 2 700 m 2 au sol ».
L’histoire du vingtième arrondissement pourrait
se lire par le nom de ses rues. Les rues des
Prairies, des Grands Champs, des Orteaux,
des Maraîchers, des Mûriers, etc.. rappellent
l’essence rurale de lieux qui ne se sont guère
urbanisés qu’au cours du siècle dernier. Les
rues du Pressoir et des Panoyaux (variété de
raisins sans pépins) rappellent la campagne,
le vignoble, la tradition ouvrière « française » ;
parmi tous les arrondissements parisiens, c’est
celui que l’on pourrait appeler le « vrai quartier
populaire ».
L e s qu at re qu a r t ier s s ont B el le v i l le (7 7 e
q u a r t i e r), S a i nt-Fa r g e au (78 e q u a r t i e r),
Père Lachaise (79 e quartier), Charonne (80 e
quartier).
Belleville, des vignes aux ateliers
Le village de Belleville a de très anciennes
origines. Il était situé sur un plateau dominant
Paris, limité au Nord par les Buttes Chaumont et
Beauregard et désigné au VIIe siècle sous le nom
de « Savies », dérivé de « Saxon » (Sawhardt),
ce qui signifie terre ingrate. L’origine de ce
nom demeure très incertaine. L’historien de
Paris, Jacques Hillairet, hasarde qu’il pourrait
s’agir d’une déformation de « Bellevue ». Sur
le plateau, vivent les paysans et les vignerons.
C’est là aussi que s’établiront, au début du
XIX e siècle, les Parisiens, surtout artisans et
commerçants.
St-Germain de Charonne. Milieu XVe siècle pour l'essentiel.
L’histoire du vingtième arrondissement pourrait se lire par le
nom de ses rues. Les rues des Prairies, des Grands Champs, des
Orteaux, des Maraîchers, des Mûriers, etc. rappellent l’essence
rurale de lieux qui ne se sont guère urbanisés qu’au cours du
siècle dernier.
L’histoire de Belleville ne peut être dissociée de
celle de la vigne. Aujourd’hui encore le parcellaire
en lanières étroites et profondes, hérité du vignoble,
reste perceptible en certains endroits, résultat de
la volonté des vignerons de partager leurs biens
afi n que chacun bénéficie des mêmes conditions
d’exposition et dispose du bas et du haut de la
pente.
Entre 1815 et 1860, le bourg rural s’industrialise à
une vitesse fulgurante, passant de 2 876 habitants
en 1817 à 57 700 en 1856.
L’agitation ouvrière monte aux barrières en 1848, la
colère gronde avant l’Insurrection ; le gouvernement
provisoire succédant à Louis-Philippe décide d’ouvrir
les Ateliers nationaux de Belleville. « Jusqu’à 5 000
ouvriers s’inscriront chaque jour à l’embauche ».
De Mesnil Mautemps à Ménilmontant
Ménilmontant est un hameau de Belleville.
Son nom apparaît au Moyen Age « Mesni l
Mautemps » (La ferme du mauvais temps), qui
évoluera en Mesnil Montant au XVIe siècle du
fait de la forte pente du quartier. Sur cette colline,
les communautés religieuses, propriétaires
de nombreux domaines, canalisent les eaux
qui ruissellent sur les glaises. La toponymie
conserve la mémoire vive de cette abondance
des eaux : rue des Cascades, de la Mare, des
Rigoles, passage de la Duée (passage le plus
étroit de Paris, 0,60 mètre). Les ruisseaux sont
conduits à des bassins collecteurs prolongés
de ca na lisat ions et d ’aqueducs desser va nt
les fontaines des environs et même certains
endroits de la capitale.
13
Le château du Seigneur de Saint-Fargeau. Le premier
château de Mesnilmontant a été construit au XVIe
siècle au milieu des terres et des bois de haute futaie
appelée forêt de Maudam. En 1685, le château est
acheté par Michel le Peletier, intendant des Finances,
qui va lui donner ses lettres de noblesse en même
temps que le nom de sa seigneurie dans l’Yonne
« Saint-Fargeau ». Le membre le plus célèbre de la
lignée Saint-Fargeau, Louis-Michel, s’empresse de
se défaire de la partie boisée et délaisse le château.
Préférant la politique à ses terres, Louis-Michel le
Peletier renonce à ses titres et privilèges en 1789
et, parmi les premiers, rejoint le Tiers-Etat. Ami
de la technique, il permet à Claude Chappe en
septembre 1792 d’utiliser le parc pour les premiers
essais de son fameux télégraphe. A la veille de
l’exécution de Louis XVI dont il a voté la mort,
ce converti de la République est poignardé par un
royaliste entendant lui faire payer le prix de ce qu’il
considérait être la plus infâme des trahisons. LouisMichel le Peletier a droit à des funérailles nationales
au Panthéon, Ménilmontant a gagné son grand
homme, mais perdu son château. Il est détruit en
1802 et le domaine se couvre de lotissements.
Les quarante-quatre hectares du Père
Lachaise
C’est le site qui attire le plus de visiteurs dans le
vingtième arrondissement. Sans doute parce qu’il
est plus qu’un cimetière. C’est une magnifique promenade de quinze kilomètres d’avenues et d’allées
ombragées de plusieurs milliers d’arbres (5 300).
C’est un gigantesque musée de recueillement à ciel
ouvert. En 1871, il devint célèbre par son Mur des
Fédérés contre lequel plus de 20 000 combattants
de la Commune furent fusillés.
Au Moyen Age, le terrain de l’actuel Père Lachaise
faisait partie de la paroisse de Charonne. Au lieu-dit
Champ-l’Evêque, domaine de l’Evêque de Paris, un
riche marchand achète ce terrain en 1386 et y fait
construire une maison de campagne en 1430. Le
domaine va changer plusieurs fois de mains jusqu’à
ce qu’il soit cédé en 1626 à Marie l’Huillier (qui agit
pour le compte des Jésuites de Saint-Louis) et prenne
le nom de domaine de Mont-Louis. Quelques mois
plus tard, les Pères font surélever de deux étages
l’habitation originelle se trouvant à l’emplacement de
l’actuelle chapelle du cimetière. Ils en font la maison
de repos de l’ordre. Le Père de La Chaise, confesseur
de Louis XIV, y possède un appartement et contribue généreusement à sa restauration. A sa mort, le
domaine sera vendu pour payer les créanciers des
Jésuites. Au fil des successions, les jardins seront laissés à l’abandon jusqu’à l’acquisition de la propriété
par le préfet de la Seine, Monsieur Frochot, en 1803
pour la transformer en cimetière. Depuis 1962, la
partie la plus ancienne située en haut de la colline
est classée parmi les sites historiques et pittoresques.
De très nombreuses sépultures
sont aussi classées monuments
historiques.
Charonne et la vigne
Renommé pour ses v ins,
le v i l l a ge d e C h a r on ne
est parsemé de nombreux
pressoirs appartenant à des
congrégations religieuses. Le
nom de Charonne apparaît aux
alentours de l’an Mil mais ce
n’est qu’à partir du XIIIe siècle
qu’il figure dans de nombreux
actes officiels.
L a première chapel le de
Charonne est édifiée au début
du Moyen Age. L’ édif ice
d’aujourd’hui, Saint-Germain
de Charonne (un des deux seuls
de Paris comparables à ceux
de nos campagnes, il possède
son cimetière attenant,) a
été reconstruit au XVe siècle
hormis l’étage inférieur du
clocher qui date du XIIIe siècle.
L’église a été restaurée plusieurs
fois au cours des XVIIIe et XIXe
siècles.
Vers 1810, Charonne commence
à s’industrialiser, cependant
plus lentement que Belleville,
et devient un foyer de contestation ouvrière à la suite de l’implantation d’industries souvent
très insalubres. On y trouve des
abattoirs de porcs, des fabriques de colle de pâte,
des lavoirs, des industries de fonte et affinage de
métaux, des scieries mécaniques, des fabriques d’allumettes, des vacheries, des fondoirs de graisse, des
poteries, des ateliers d’artificiers, des fabriques de
bleu de Prusse, de chandelles, de cartons, de feutres
cuir verni, des distilleries d’eau de vie, des ateliers
de travail de la corne, des fabriques de chapeaux,
des fours à plâtre et la plus grande manufacture
de bougies de la capitale. Voilà un inventaire presque complet dont le promeneur d’aujourd’hui ne
retrouve pas trace.
A Charonne, la campagne est dans Paris. Un village
blotti autour de son église depuis que le quartier
Saint-Blaise a été réhabilité et surtout depuis que la
ZAC du même nom a modifié la physionomie des
lieux. Même si le tracé ancien des rues a été respecté,
il est parfois difficile de retrouver l’atmosphère
d’antan. Charonne a cependant gardé par endroits
tout son cachet.
Des îlots insalubres, le vingtième arrondissement en a connus.
Il a été la proie, à l’époque des « cités radieuses » dans les
années soixante, de promoteurs peu scrupuleux qui faisaient
volontiers table rase des parcellaires originaux.
Passage Impasse St-Pierre
14
De s î lot s i n s a lu bre s , le
vingtième arrondissement en
a connus. Il a été la proie, à
l’époque des « cités radieuses »
dans les années soixante, de
promoteurs peu scrupuleux
qui faisaient volontiers table
rase des parcellaires originaux.
Ju s que d a n s le s a n né e s
soixante-dix, les bulldozers des
promoteurs ont pris possession
des lieux et n’y sont pas allés de
main morte. C’était l’époque
des tours sur dalle répondant
au nom poétique de ZAC :
Saint-Blaise, Les Amandiers,
Place des Fêtes...
Le quartier a bien failli ne pas
se remettre de ce gigantisme
architectural qui a gâché le
paysage. Sous la pression des
mouvements d’opinion hostiles
aux « grands ensembles » sont
heureusement apparus des
choix d ’urbanisme moins
radicaux, plus humains. Ils
émergeaient d’une génération
d ’architectes désireu x de
redécouvrir les vertus de
la v ra ie v i l le, v iva nte et
changeante, construite autour
de la rue. Heureusement, ces
lieux ont été protégés dans
le quartier de la Réunion en
même temps que la qualité de
vie, derrière les jardins privés
Passage Savart. Jardin au fond du passage
des petites impasses. L’impasse des Crins, l’impasse
Rançon avec une mise en valeur de l’ancien lavoir
ainsi que la rue des Vignobles...
Le vingtième arrondissement se félicite de posséder
vingt-deux squares et jardins représentant plus de
vingt hectares. Depuis 1992, le parc de Belleville a
été aménagé (extension de 7 000m2) et des projets
à moyen terme sont envisagés (6 500 m2, rue de la
Réunion).
Ateliers et portes ouvertes dans le vingtième
arrondissement
Les artistes du vingtième ont décidé de faire
découvrir à la population à la fois leurs œuvres et des
coins oubliés de leur arrondissement. Tous les ans,
en mai à Belleville, en septembre à Ménilmontant,
saisissez cette occasion pour aller baguenauder
dans les arrière-cours habituellement verrouillées
et découvrir les secrets du quartier.
ö
C'était Paris, notre capitale
Notre parcours et la balade se terminent. Ce n’est
qu’un aperçu de notre capitale. Espérant que ce
voyage aura levé pour vous un petit coin du voile
caché de Paris, je me permets de vous confier encore
ci-après quelques dates et chiffres.
Marcel Chervet
Beaujolais le Bon Cœur
Compagnon passant Charpentier du Devoir
Nota : Cet article sur Paris « La ville de passage » a été pour moi une
occupation « partielle » d’une douzaine d’années. En espérant qu’il vous a
intéressé, appris ou fait découvrir ou redécouvrir comme à moi-même des
lieux, des dates, des noms oubliés. Paris a été aussi quelque 2 000 kilomètres
à pied, en voiture, en métro (il n’y a plus de chevaux !). Paris, c’est aussi
plus de 400 photographies et 80 kilos de documentation.
PARIS EN DATES ET EN CHIFFRES
Beaujolais le Bon Cœur
Le blason de Paris
Les Parisii étaient des pêcheurs gaulois. Le lieu fut d’abord baptisé
Lutèce, nom celte signifiant « habitation au milieu des eaux ». Conquise par les Romains, la ville s’adonne à la batellerie. La nef qui figure sur
les armoiries de la capitale évoque cette activité ainsi que la forme de
l’île.
Lutèce devient Paris en 360, en hommage à ses premiers habitants.
La devise de Paris est celle des marchands de l’eau en 1268 « Fluctuat Nec Mergitur »
(Flotte, mais ne coule pas).
PARIS EN DATES
Vingt-cinq siècles de lumière. Depuis les
premiers Parisii, l’histoire de Paris est un
peu celle de la France. Paris a connu des
joies et des malheurs mais, tout au long
de son histoire, elle reste la ville lumière.
IIIe siècle av JC :
les Parisii s’installent sur
l’île de la Cité
52 av JC : les Romains conquièrent
Lutèce, les Parisii abandonnent l’île
après l’avoir brûlée
1er siècle : les Romains édifient les
thermes de Cluny et les arènes
280 : Invasions barbares ; le feu ravage
Lutèce
360 : Lutèce devient Paris, du nom de
ses premiers habitants
486 : Clovis, chef des Francs, repousse
définitivement Syagrius, chef galloromain (déclin définitif des Romains)
502 : Sainte Geneviève meurt. Elle sera
enterrée comme Clovis à la basilique
des Saints Apôtres sur la montagne
Sainte-Geneviève
511-558 : Childebert 1er , fils de Clovis,
roi pendant quarante-sept ans, fait
bâtir l’église Sainte-Croix-Saint-Vincent
(Saint-Germain des Prés)
VIIIe siècle : Paris cesse de jouer un grand
rôle. Charlemagne s’installe à Aix-laChapelle
885 : Paris, abandonnée par le Pouvoir,
est assiégée pour la cinquième fois par
les Normands. Eudes, comte de Paris,
défend la ville en élevant des remparts
mais la rive gauche est anéantie. Le
comte de Paris est élu roi en 888
XIIe siècle : De nouvelles paroisses voient
le jour aux portes de la ville : SaintPaul, Saint-Martin des Champs, les
Saints-Innocents
vers 1350 : L’importance politique, financière et marchande se développe ; la
ville s’étend sur la rive droite. Charles
V fera construire la Bastille vers 13701380
1429 : « Les revoilà ! » Paris est de nouveau livrée aux Anglais (Jeanne d’Arc
sera blessée au pied de l’enceinte, à la
porte Saint-Honoré). La guerre a ruiné
Paris et la reprise sera de longue durée
LA RENAISSANCE
1528 : François Ier établit sa résidence
à Paris. Il réaménage le Louvre ; il fait
démolir les enceintes, fait aligner les
rues, bâtir le premier quai en pierre.
Construction de l’Hôtel de Ville.
Ce roi oriente l’enseignement vers
l’humanisme et les sciences en créant
le Collège de France
1572 : Date lugubre. Dans la nuit du 24
août, les cloches de Saint-Germain
l’Auxerrois, paroisse des Guise,
donnent le signal du massacre de la
Saint-Barthélémy, les protestants sont
assassinés, environ 3 000 victimes rien
que dans la capitale
1589 : Henri de Navarre devient roi de
France et prend le titre de Henri IV.
Le roi entreprend de grands travaux.
Il achèvera le Pont Neuf commencé
depuis trente ans en l’an 1604. Il
améliore l’approvisionnement en eau
1605 : Construction de la Place Royale
« Place des Vosges »
1610 : Henri IV est assassiné par
Ravaillac.
L’avènement de Louis XIII marque le
début du Grand Siècle
1622 : Paris devient un archevêché.
Jusqu’en 1636, une soixantaine de
couvents seront ouverts, pratiquant
l’assistance aux malades et l’enseignement. Le cardinal de Richelieu fait détruire le rempart Charles V. Construction
du Palais Royal. Création de l’Académie
Française en 1635
1686 : Paris agrandit son enceinte suivant
les Invalides, l’Observatoire, la Salpêtrière,
l’édification des Portes de Saint-Denis et
Saint-Martin. Louis XIV fait tracer deux
nouvelles places, la place des Victoires et
la place Vendôme. Création du Procope,
le premier café parisien devient le lieu de
rencontre des gens de lettres
1702 : Louis XIV fait diviser la ville en vingt
quartiers de dimensions homogènes
1715 : Mort de Louis XIV après soixantedouze ans de règne. « La prospérité va
continuer ».
1722 : Première compagnie de
pompiers à Paris
1745 : Premier réverbère, lampe à huile.
Il y en aura 5 694 en 1789
1752-1774 : Louis XV fait édifier l’Ecole
Militaire, l’église Sainte-Geneviève (le
futur Panthéon), aménage une grande
place « la place Louis XV », future place
de la Concorde
1782 : Louis XVI mène une politique
d’urbanisme avec une législation sur
la hauteur des nouvelles maisons
ou immeubles. Aménagement des
premiers trottoirs à Paris, écoles de
médecine, de droit, Palais de Justice
(il n’a pas été récompensé !), théâtre
français.
1785 : La capitale compte 500 000
habitants. Les Fermiers Généraux font
construire un mur d’octroi qui cerne
Paris de cinquante-sept barrières (nos
péages d’autoroutes en sont le reflet
moderne)
1789 : LA RÉVOLUTION
14 juillet. Prise de la Bastille
17 juillet. Louis XVI se rend à l’Hôtel de
Ville pour assister à l’adoption, par la
milice parisienne de la Garde nationale,
de la « Cocarde tricolore »
26 août. Déclaration des Droits de
l’homme et du citoyen
1790 : Paris compte 650 000 habitants
1163 : L’évêque Maurice de Sully entreprend la construction de la cathédrale
Notre-Dame de Paris (achevée vers
1351), à l’emplacement de deux églises
mérovingiennes
1633-1636 : Enceinte du faubourg
Montmartre et du premier faubourg
Saint-Honoré. Nouveaux quartiers du
Marais et de la Bastille
1180-1223 : Philippe Auguste entoure
Paris d’une enceinte capable de
résister aux assauts du roi d’Angleterre.
C’est un urbaniste, il fait paver les rues,
fait capter les eaux pour alimenter les
fontaines publiques
1661 : Mazarin, trois jours avant son
décès, signe l’acte de fondation du
Collège des Quatre-Nations, futur
Institut de France
Création de la manufacture des
Gobelins
1200 : Paris compte 100 000 habitants.
C’est la plus grande cité de l’Occident
chrétien
1664 : Le grand Colbert va mener la
politique de Louis XIV
1667 : Création de l’Observatoire
1215 : Fondation de l’Université de Paris
1257 : Ouverture de la Sorbonne
1670 : Début de la construction de
l’Hôtel Royal des Invalides, destiné aux
mutilés de guerre
1226-1270 : Louis IX, « Saint Louis »,
réside à la Cité. Il fait agrandir le Palais
et bâtir la Sainte Chapelle
1682 : Louis XIV quitte définitivement
Paris pour Versailles
1792 : Le premier plan des rues de Paris
est dressé
On travaille beaucoup, on rédige de
nouvelles lois mais chez les Parisiens
« ça chauffe très vite sous les
bonnets ». Le 20 juin, le peuple envahit
les Tuileries où la famille royale réside
depuis un an. Les Gardes Suisses sont
massacrés.
Arrestation de Louis XVI
30 août-4 septembre. Les prêtres et
les royalistes sont massacrés par les
révolutionnaires.
1793 :
21 janvier. Exécution de Louis XVI
16 octobre. Exécution de MarieAntoinette
24 novembre. Fermeture des églises,
la plupart sont transformées en
entrepôts
« Cela va calmer un peu les esprits »
1794 : La grande machine à couper
les têtes est en route
5 avril. Exécution de Danton et de
Desmoulins (ils réclamaient la fin de
la terreur)
La Guillotine s’installe aux Tuileries,
puis à La Concorde, ensuite à la Bastille
puis à la Nation (on travaille sur place).
1 300 têtes tombèrent en quarante
jours.
27 juillet. La dictature de Robespierre
succombe. Il est exécuté le 10
thermidor
Tous les grands chefs de la Révolution
sont décapités.
1795 : 22 août. La Nouvelle Constitution
fonde le Directoire.
26 octobre. Paris est divisée en douze
municipalités indépendantes
1800 : Bonaparte mène une grande
politique d’urbanisme « grands travaux
énumérés tout au long de notre découverte des vingt arrondissements ». Il crée
les postes de préfet de la Seine, préfet de
Police et les maires. Début de la suppression des ruisseaux au milieu des rues
1804 : 2 décembre. Napoléon se fait
sacrer empereur à Notre-Dame
1804-1815 : Napoléon poursuit la
réorganisation et la centralisation
de la France révolutionnaire. Il a toutes
les Royautés d’Europe contre lui et les
Anglais qui manigancent en sousœuvre. Il est dommage que la guerre
accapare une bonne partie de son règne
car c’est un grand travailleur (18 heures
par jour !). Jusqu’à six secrétaires se
relayent autour de lui. Code Civil, code
Pénal, universités, légion d’honneur,
Banque de France, Institut de France,
etc. De grandes constructions aussi. Il
termine le Louvre, édifie l’Arc de Triomphe, la Madeleine, la Bourse, la colonne
Vendôme. Aménagement du bassin de
La Villette, du canal de l’Ourcq qui sert
de réservoir d’eau et alimente Paris
1815 : La chute de l’Empire amène par
deux fois les ennemis dans la capitale.
Les Cosaques et les Anglais (encore
eux) bivouaquent sur les Champs
Elysées. Louis XVIII rentre dans « sa
bonne ville »
1819 : Essai d’éclairage au gaz, place du
Carrousel, puis de l’Opéra
1830 : Renversement de Charles X
1832 : Epidémie de choléra : 44 victimes
1837 : Première ligne de chemin de fer
– Paris – Saint-Germain-en-Laye
1840 : Retour des cendres de Napoléon.
Son tombeau commandé au sculpteur
Visconti se trouve aux Invalides. Il est
façonné dans des blocs de porphyre
rouge et placé sur un socle de granit
vert des Vosges. Il est cerné d’une
couronne de lauriers et d’inscriptions
rappelant les grandes victoires de
l’Empire.
15
L’essor économique favorise la croissance
des villages autour de Paris.
Thiers les encercle d’une nouvelle
enceinte qui forme les limites de la
capitale
1848 : En février, une insurrection ouvrière
dégénère en révolution. Louis-Philippe
abdique
Proclamation de la IIe République
1851 : Coup d’Etat de Louis-Napoléon
Bonaparte
1852 : 2 décembre. Proclamation du
Second Empire – Sacre de Napoléon III
1853 : Georges Eugène Haussmann,
préfet de la Seine, dirige les grands
travaux d’urbanisme de la capitale : les
Halles par Baltard, les gares de l’Est et
du Nord, dix nouveaux ponts, les grands
boulevards, les réseaux d’égouts, les
mairies, les conduites d’eau potable, des
parcs, les bois de Vincennes et Boulogne.
Création des vingt arrondissements de
Paris. Pendant cette période (dix-sept
ans) 74 597 maisons et immeubles sont
construits mais l’on en démolit aussi
24 204
1867 : Exposition universelle
1870 : 4 septembre. Proclamation de la IIIe
République – gouvernement de défense
nationale
1871 : Paris assiégée par les Prussiens (ça
continue !) doit capituler. Paris compte un
million huit cent mille habitants
28 mars : Proclamation de la Commune
de Paris
21/28 mai : Semaine sanglante. Assaut
des troupes Versaillaises. De nombreux
monuments (Hôtel de Ville, Tuileries,
Palais de Justice) sont incendiés par les
fédérés. Après, l’on reconstruit...
1874-1876 : Reconstruction de l’Hôtel de
Ville
1876 : Recensement de la population.
Paris atteint deux millions d’habitants
1878 : Installation de l’éclairage électrique
place de l’Opéra et du Théâtre Français
1885 : Funérailles de Victor Hugo au
Panthéon
1889 : Exposition universelle à Paris.
Gustave Eiffel réalise le défi de la Tour
Eiffel. Les Compagnons Charpentiers
bois réalisent le levage en deux années.
Construction du Grand Palais, Petit Palais
et Pont Alexandre III
1900 : Mise en service de la première ligne
de métro Maillot-Vincennes
1901 : Paris compte 2 714 000 habitants
1914-1918 : C’est la Grande Guerre. Paris
est menacée par l’offensive allemande
(L’église Saint-Gervais Saint-Protais porte
encore les signes de la brutalité de cette
guerre). Paris est sauvée par la bataille de
la Marne
1920 : Inhumation du soldat inconnu à
l’Arc de Triomphe
1924 : Jeux Olympiques à Paris
1936 : Front Populaire
1937 : Exposition universelle dédiée aux
Arts et Techniques – Construction du
Palais de Chaillot
1940 : Les faubourgs de la capitale sont
bombardés. Paris est occupée par les
troupes allemandes
1944 : 25-26 août. Paris est libérée ! Charles
de Gaulle défile sur les Champs Elysées
1950 : Construction de l’UNESCO et de la
Maison de Radio France
1958 : Avènement de la Ve République. Le
général de Gaulle est élu Président de la
République
1962 : André Malraux, ministre de la
Culture, entreprend la rénovation
des quartiers et la restauration des
monuments de la capitale
1964 : Réorganisation de l’Ile-de-France,
la Seine est découpée en quatre
départements
1968 : C’est Mai 1968. Manifestations
estudiantines et ouvrières.
Paris compte 2 590 771 habitants
1969 : Transfert des Halles parisiennes à
Rungis
1970 : Mise en place du réseau express
régional « R.E.R. ».
Le nom de « place Charles-de-Gaulle » est
attribué à la « place de l’Etoile »
Treize universités sont créées autour de
Paris
1973 : Achèvement du boulevard
périphérique et de la tour Montparnasse
1974 : Inauguration du Palais des Congrès
1977 : 25 mars. Première élection
municipale du Maire de Paris en fonction
de la loi de réforme administrative de la
capitale (1975). Jacques Chirac restera
maire jusqu’en 1995
1980 : Visite officielle du Pape Jean-Paul II
1981 : Réaménagement du Louvre.
L’entrée principale par la pyramide de
verre (1989) donne accès au palais
1989 : L’opéra Bastille est inauguré
Bicentenaire de la Révolution
1995 : Inauguration de la Bibliothèque
Nationale de France « François Mitterrand »
1998 : La France gagne la coupe du Monde
de Football, au Stade de France de SaintDenis « inauguré pour l’occasion »
2000 : Nouvelle ligne de RER « EOLE » et du
métro « METEOR » (métro automatisé).
Aménagement de l’Est parisien autour
de Bercy
PARIS EN CHIFFRES
En toute modestie, quelques chiffres.
Commençons par le sous-sol :
LLES CATACOMBES DE PARIS (OSSUAIRE)
- superficie 11 000 mètres carrés
- longueur 1 kilomètre 5
- 5 à 6 millions d’individus y sont déposés
- température moyenne 11 ° hiver comme été
LES GALERIES D’ANCIENNES CARRIÈRES
- 300 kilomètres avec l’indication de
l’emplacement des rues en surface, leurs
noms et leurs numéros
LES ÉGOUTS DE PARIS
- 2 100 kilomètres
- 26 000 regards d’accès
- 18 000 bouches d’égout
- (dernière actualité) 515 bennes à
ordures sillonnent Paris chaque jour
LE MÉTRO
- 200 kilomètres (non compris Météor)
dont 157 kilomètres à l’intérieur de Paris
- 3 500 voitures de métro
- 560 rames aux heures de pointe
- 103 kilomètres de RER
Et en surface, que se passe-t-il ?
Superficie de Paris, bois de Vincennes et
de Boulogne compris, 10 539,7 hectares
Population en 1991, 2 154 678 habitants
(région Ile-de-France, 10 660 550
habitants)
1. SUR LA SEINE, LES PONTS DE PARIS
D’amont en aval, 36 ponts
a) le premier des ponts modernes de
Paris et le plus célèbre (il date de la
période du Moyen Age) est le Pont
Neuf (1578-1604)
b) Le dernier, équipé d’un système de
transport nécrométrique, qui double
en amont le pont d’Austerlitz, est le
pont Charles-de-Gaulle (1991-1998)
2. LE NOMBRE D’ARBRES DE PARIS INCLUANT CEUX
DES BOIS DE BOULOGNE ET DE VINCENNES
476 725 (Boulogne, 144 000 et Vincennes
146 000)
Environ une vingtaine d’essences, les
plus nombreux sont les platanes et les
marronniers. Les arbres d’alignement de
voiries sont de l’ordre de 85 668.
A savoir :
La ville de Paris souhaite enrichir la
diversité arborée de la capitale en y
introduisant des espèces et des variétés
nouvelles. L’objectif serait d’atteindre
en 2007 le chiffre de 100 000 arbres en
alignement des rues et des avenues de
la capitale.
Un transpondeur implanté dans
chaque arbre d’alignement, une puce
électronique, permet via un ordinateur
de connaître l’état sanitaire du sujet.
3. LES LIEUX DE CULTE
Ce sont plus de 200 lieux de culte.
Les églises catholiques sont en plus
grand nombre, 108 dont 55 classées
monuments historiques
Outre celles-ci, ce sont :
- chapelles catholiques étrangères
- rite oriental
- culte protestant – églises luthériennes
- armée du salut
- postes d’évangélisation
- églises réformées de France
- églises protestantes étrangères
- science chrétienne
- églises adventives
- églises baptistes
- églises orthodoxes
- culte israélite
- culte islamique
4. L’EAU DE PARIS
Quelques chiffres
a) l’alimentation de Paris en eau potable :
- 63 zones de captage de sources sur
un rayon de 150 kilomètres (régions
Sens, Provins, Nemours, Dreux)
- 3 usines de potabilisation d’eaux
et rivières
- 600 kilomètres d’aqueducs
- 1 800 kilomètres de conduites
- 9 réservoirs pouvant stocker
1,2 million de mètres cubes et
700 000 mètres cubes produits
chaque jour pour la consommation
des Parisiens
b) Le réseau d’eau non potable :
- 1 601 kilomètres, assuré aussi par
les canaux. Il faut 200 000 m3
d’eau par jour pour le nettoyage
des égouts, de la voirie et
l’arrosage des parcs et jardins.
5. L’ARTISANAT
35 050 entreprises
- alimentation
- bâtiment
- fabrication
- services
11 %
23 %
33,2 %
32,8 %
6. LE COMMERCE
Il y a 58 878 commerces à Paris
7. LA CULTURE
Quelques chiffres de fréquentation à
l’année.
- Centre National d’Art et de la Culture,
Georges Pompidou : 8 300 000 visiteurs
- Tour Eiffel : plus de 5 000 000 visiteurs
- Le Louvre : 4 000 000 (80% étrangers)
- La Géode : 5 500 000 en 5 ans
Paris, c’est 31 monuments du XIIe au XXe
siècle, c’est aussi 60 musées.
sont prises pour protéger la voirie, le
métro et les trains,
- à 6,10 m, fermeture totale des voies sur
berge,
- à 7,10 m (crue de 1995), la circulation, les
trains, le métro, le chauffage urbain, l’électricité et la collecte des ordures sont fortement
perturbés. Les immeubles situés près de la
Seine sont inondés et privés d’électricité,
- entre 7,30 m et 8,60 m, de nombreux
habitants doivent être évacués,
- à 8,62 m (crue de 1910), des zones
entières sont inondées. L’électricité est
coupée, les principaux réseaux sont
hors service.
La menace d’une crue centenaire existe
pour la région parisienne.
En 1910, la Seine avait atteint 8,62 m
à l’échelle du pont d’Austerlitz. Si une
crue comparable se produisait dans
les prochaines années, elle pourrait
concerner 322 communes franciliennes et
650 000 habitants, dont 250 000 à Paris.
Depuis plusieurs années, quatre lacs
réservoirs situés sur la Marne, l’Aube,
la Seine et l’Yonne protègent la région
parisienne des inondations et soutiennent un débit suffisant de la Seine et de
la Marne en période de sécheresse.
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Guillaume Apollinaire
La sécurité dans la ville (fin 1990)
LA POLICE
21 253 personnes (personnel actif de la
police nationale)
6 309 personnes (personnel de statut
communal)
7 994 846 contraventions relevées dont
7 506 419 (règles de stationnement non
respectées)
5 741 suspensions de permis de conduire
152 avertissements
LES SAPEURS POMPIERS
7 178 personnes
343 904 interventions
438 424 sorties de véhicules
La poésie et Paris
De nombreuses poésies, de nombreuses
chansons ont été écrites en s’inspirant de Paris.
La rue à Paris l’emporte sur tous les musées
François Mauriac
(académicien français, prix Nobel 1952)
Tant que Paris ne périra
Gaieté du monde existera
Nostradamus (1503-1566)
Compagnon du Devoir
8. LES TRANSPORTS
a. La R.A.T.P.
E n 1990, c’étaient déjà 21 millions de
coupons mensuels de carte orange
vendus par an.
b. La S.N.C.F.
En 1990, c’étaient 520 millions de
voyageurs par an.
Journal mensuel de l’Association ouvrière
des Compagnons du Devoir du Tour de France
9. LA SEINE
En 1990, trafic des treize ponts de Paris
- Chargements et déchargements :
2 833 371
- Les canaux : 330 566
Total : 3 163 937
Site internet :
www.compagnons-du-devoir.com
Les crues de la Seine, comment les
prévenir ?
Cette éventualité n’est pas à écarter,
aussi des plans officiels de prévention et
de sécurité ont-ils été mis en place.
Les seuils de risque. Le niveau de la Seine
est indiqué sur une échelle située sous
le pont d’Austerlitz avec une hauteur
moyenne située à un mètre.
- à partir de 3,20 m, fermeture partielle
des voies sur berge,
- à 6 m, la partie centrale du RER C est
hors service et les premières mesures
NDLR « Compagnon du Devoir » n’ayant pu vérifier toutes les dates et tous les chiff res énoncés ci-dessus précise à ses lecteurs que ces
éléments n’engagent que leur auteur.
Reconnue d’utilité publique
N°ISSN : 1240-1730
82, rue de l’Hôtel-de-Ville
75180 Paris cedex 04
Téléphone : 01 44 78 22 50
Télécopie : 01 44 78 20 90
Michel Guisembert
Directeur de la publication
François Bastien
Directeur de la rédaction
Copyright photos
Les Compagnons du Devoir
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Abonnement annuel 2006
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tout changement d’adresse.
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