Lipides du film lacrymal et succès du port de lentilles de contact
Transcription
Lipides du film lacrymal et succès du port de lentilles de contact
LIPIDES DU FILM LACRYMAL ET SUCCES DU PORT DE LENTILLES DE CONTACT Un choix réfléchi des lentilles et un conseil avisé du porteur de lentilles de contact (PLC) peuvent diminuer le dépôt de lipides lors du port de lentilles de contact. Christine W. Sindt, OD, FAAO Le port de lentilles de contact altère et affine le film lacrymal Les zones hydrophobes sur la surface des lentilles de contact attirent les lipides du film lacrymal Les dépôts lipidiques adhérents se décomposent, ce qui diminue encore la mouillabilité des lentilles La couche lipidique est cruciale pour la fonction normale du film lacrymal : elle limite l’évaporation aqueuse, crée une surface réfractive lisse et stable et procure une barrière contre les matériaux étrangers. De structure complexe, la couche lipidique est composée d'une fine couche de lipides polaires, qui stabilise la couche plus épaisse de lipides non polaires qui s’étale sur celle-ci (et qui agit comme barrière à l'environnement). Cette interface de lipides polaires fait adhérer les lipides non polaires au compartiment aqueux et permet à la couche lipidique de s’étaler uniformément sur la partie aqueuse polaire du film lacrymal.1 DYNAMIQUE LENTILLE-FILM LACRYMAL Lorsqu’une lentille de contact est placée sur l’œil, cela modifie la chimie physique de l’environnement oculaire, en altérant la production de mucine, diminuant la stabilité du film lacrymal et augmentant l’osmolarité des larmes.2 La lentille de contact divise le volume des larmes, ce qui crée un film lacrymal prélentille sur la surface de la lentille et un film lacrymal post-lentille entre la lentille et la cornée. Le film lacrymal moyen, non rompu présente une épaisseur d’environ 4 µm, mais le film lacrymal pré-lentille n’est épais que d’environ 2,5 µm.2 Un film lacrymal plus fin est moins stable, et une couche lipidique plus fine est associée à un temps de rupture du film lacrymal (TRFL) réduit : sur une lentille de contact, le TRFL est typiquement d’environ 5 à 10 secondes, par rapport à 20 à 30 secondes sans lentille.3 Les lipides lacrymaux peuvent adhérer aux domaines microscopiques hydrophobes sur la surface d’une lentille en hydrogel de silicone. Lors d’une exposition prolongée à la lumière et à l’oxygène, ces lipides adhérents peuvent se dégrader, ce qui réduit encore la mouillabilité de la lentille. L’instabilité du film lacrymal, le dépôt sur les lentilles et une mouillabilité réduite des lentilles peuvent tous contribuer aux symptômes de sécheresse et d’irritation chez les porteurs. INFLUENCE DU MATÉRIAU DE LENTILLE Il existe des différences au niveau de la chimie du film lacrymal entre les personnes, ce qui explique dans une certaine mesure la variation de l’aptitude des PLC à tolérer le matériau des lentilles de contact souples ; l’autre facteur important est l’hydrophobie de la surface de la lentille. Les lentilles « classiques » à base de méthacrylate d’hydroxyéthyle (HEMA, hydroxyéthyl methacrylate) et les lentilles en hydrogel de silicone contiennent toutes deux des chaines polymères hydrophiles et hydrophobes. Ces chaines polymères tendent à s’orienter selon leur environnement. Une sécheresse de l’environnement des lentilles, par exemple par un TRFL plus court que l’intervalle entre les clignements, va attirer les chaines hydrophobes (lipophiles) du polymère de la lentille vers la surface de la lentille, ce qui peut rompre davantage l’étalement du film lacrymal et conduire au dépôt lipidique. La chimie des silicones établit que les lentilles en hydrogel de silicone ont beaucoup plus de chaines polymères hydrophobes que les lentilles à base de HEMA ; il en résulte que les lentilles en hydrogel de silicone doivent compter sur des modifications de surface pour « séquestrer » ces chaines hydrophobes. De telles modifications comprennent un traitement par plasma, un changement de la composition et de la longueur des chaînes polymères et l’addition d’agents mouillants (à la lentille elle-même ou dans la solution de trempage). Chacune de ces techniques produit un environnement de surface différent et, par conséquent, un degré différent de résistance au dépôt lipidique.1 Un traitement de surface par plasma peut produire une surface hydrophile sur les lentilles en hydrogel de silicone, ce qui les garde relativement résistantes aux dépôts PENDANT L’EXAMEN Sur la surface de la lentille, les effets des dépôts de lipides peuvent aller d’une diminution de la mouillabilité et du TRFL à un encrassement net et visible et à une diminution de la clarté optique. Lorsque je vois un PLC avec des lentilles à dépôt lipidique important, j’analyse le matériau de la lentille, la solution d’entretien, le mode de nettoyage et l’hygiène des paupières. J’identifie et traite une blépharite et tout dysfonctionnement associé aux glandes de Meibomius afin de m’assurer de la qualité initiale du film lacrymal. Si un PLC ne peut pas (ou ne veut pas) porter des lentilles jetables journalières, je sélectionne un matériau de lentille de contact réutilisable avec une surface très mouillable et l’associe à une solution qui va efficacement réduire les dépôts lipidiques et aider à maintenir la mouillabilité de la surface. Je conseille également les patients, précisément, au sujet des procédures de nettoyage de leurs lentilles et insiste sur l’importance de la friction manuelle pour aider à déloger les dépôts. Finalement, mon objectif est de conserver les yeux du PLC en bonne santé, et de lui assurer une bonne vue et du confort. Le port de lentilles de contact affecte la surface oculaire de nombreuses manières et modifie indubitablement la stabilité du film lacrymal. Mais en choisissant des lentilles et un système de nettoyage qui peut maintenir la mouillabilité de la surface de la lentille (tout en réduisant le dépôt lipidique) cela peut aider à maintenir la stabilité du film lacrymal du patient et la satisfaction de ce dernier. Christine W. Sindt, OD, FAAO, est directrice du service lentilles de contact et professeur agrégé de clinique en ophtalmologie et sciences de la vue à l'université d'Iowa, Iowa City, IA. PERFORMANCE DRIVEN BY SCIENCE™ Voir les instructions d'utilisation pour des informations complètes sur le port, les soins et la sécurité. RÉFÉRENCES 1. Carney FP, Nash WL, Sentell KB. The adsorption of major tear film lipids in vitro to various silicone hydrogels over time. Invest Ophthalmol Vis Sci. 2008;49(1):120-4. 2. Keir N, Jones L. Wettability and silicone hydrogel lenses: a review. Eye Contact Lens. 2013;39(1):100-8. 3. Rohit A, Willcox M, Stapleton F. Tear lipid layer and contact lens comfort: a review. Eye Contact Lens. 2013 May;39(3):247-53. © 2014 Novartis MR2014-855 10/2014