Angela Merkel de plus en plus contestée, à gauche et à droite

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Angela Merkel de plus en plus contestée, à gauche et à droite
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22 septembre 2010
Angela Merkel de plus en plus contestée, à
gauche et à droite
Le regain de popularité du mouvement antinucléaire, des manifestations contre un projet ferroviaire
et des critiques contre les immigrés musulmans alimentent en Allemagne un malaise et un
mécontentement auxquels les partis politiques traditionnels peinent à faire face.
Angela Merkel de plus en plus contestée, à gauche et à droite
Le regain de popularité du mouvement antinucléaire, des manifestations contre un projet ferroviaire
et des critiques contre les immigrés musulmans alimentent en Allemagne un malaise et un
mécontentement auxquels les partis politiques traditionnels, et notamment la chancelière Angela
Merkel, peinent à faire face. (Reuters/Jessica Rinaldi)
Ces problèmes très différents les uns des autres traduisent l’apparition d’une lame de fond de
protestation qui profite aux deux extrêmes du spectre politique.
Comme en témoignent les récentes déclarations de la députée CDU (chrétiens-démocrates) Erika
Steinbach, un parti pourrait apparaître tôt ou tard à la droite de la CDU, s’inspirant du "Tea Party"
américain, qui déborde sur leur droite les républicains. "Il y a un parfum de ’Tea Party’ dans le pays",
écrivait dimanche le journal conservateur Welt am Sonntag.
"Il est clair que le mécontentement monte dans les deux camps", analyse le politologue Claus
Leggewie, directeur de l’Institut d’études supérieures à Essen.
A gauche, les Verts atteignent un record de popularité à 24% d’intentions de vote et font jeu égal
avec les sociaux-démocrates du SPD, selon un sondage Forsa publié mercredi par le magazine Stern.
Au total, Grünen et SPD sont à 48%, soit 14 points d’avance sur la coalition de centre droit au pouvoir,
composée de la CDU-CSU (chrétiens démocrates et chrétiens sociaux) et des Libéraux du FDP. Dans
le détail, la CDU-CSU est à 29% et le FDP à 5%.
"STUTTGART 21", UN SYMBOLE
L’un des facteurs expliquant le bond de la gauche tient à son opposition claire et nette à l’énergie
nucléaire. Or, la coalition au pouvoir a décidé le 5 septembre de prolonger en moyenne de douze ans
la durée de vie des 17 centrales atomiques allemandes.
Le mouvement antinucléaire a organisé une grande manifestation samedi dernier à Berlin contre
cette mesure, qui, selon les organisateurs, était la plus importante de ce genre depuis la catastrophe
de Tchernobyl en 1986.
Une autre grande manifestation de protestation est prévue en novembre contre le transfert annuel de
déchets nucléaires d’une usine de retraitement française vers le site de stockage de Gorleben, dans
le Land de Basse-Saxe.
Les habitants de la région ne décolèrent pas contre la décision de reprendre, après une interruption
de dix ans, ces tests destinés à déterminer si les mines de sel utilisées pour stocker temporairement
des déchets pourraient servir à les entreposer de manière permanente.
Les Verts tirent également profit, de même que le SPD, du mécontentement de la population face à
un projet de transformation de Stuttgart en une plaque tournante ferroviaire internationale, ce qui
implique de raser une partie du centre et d’abattre des arbres séculaires.
Il se passe rarement une journée sans qu’une manifestation ait lieu contre le projet "Stuttgart 21".
Certains rassemblements ont attiré des dizaines de milliers de personnes.
Le mécontentement grandit de pair avec l’évaluation des coûts du projet, qui, selon les études,
devrait s’élever à 18 milliards d’euros, soit quatre fois l’estimation initiale.
"Stuttgart 21 est tout particulièrement devenu le symbole de l’arrogance du pouvoir", estime Claus
Leggewie.
Angela Merkel a lié son avenir à ce projet en déclarant que les élections régionales dans le Land de
Bade-Wurtemberg, en mars, seraient ni plus ni moins un référendum sur "Stuttgart 21 et de
nombreux autres projets touchant à l’avenir du pays".
Les sondages laissent penser que la CDU risque de perdre ce Land qu’elle dirige depuis 1953, au
profit d’une alliance du SPD et des Verts, événement dont l’onde de choc se propagerait jusqu’à la
chancellerie à Berlin.
VERS L’APPARITION D’UN PARTI "POPULISTE"
Ce n’est pas pour autant que tous les opposants au projet ferroviaire voteront pour les Verts, fait
remarquer Leggewie. "De tels mouvements ne sont pas automatiquement de gauche ou de droite.
D’une certaine façon, les réactions à Stuttgart 21 rappellent le mouvement (américain) du Tea Party",
dit-il.
Tout comme aux Etats-Unis, un nombre grandissant de conservateurs, en Allemagne, ne pensent plus
que leur parti naturel, la CDU, porte leurs valeurs.
Les médias, certains commentateurs politiques et hommes politiques conservateurs prédisent
l’apparition d’un nouveau parti à la droite de la CDU, qui serait soutenu entre autres par ceux qui
approuvent les points de vue de Thilo Sarrazin, qui a dû démissionner du directoire de la Bundesbank
en raison des opinions qu’il a affichées sur les musulmans d’Allemagne.
"Si quelqu’un doté de charisme fondait un nouveau parti authentiquement conservateur, il franchirait
aisément la barre des 5%" (seuil nécessaire pour avoir des sièges au Bundestag, ndlr), a dit Erika
Steinbach, qui dirige l’influente Fédération allemande des expulsés de guerre (BdV).
Pour Claus Leggewie, il existe actuellement une accumulation de facteurs qui militent en faveur de la
création d’un parti de droite populiste en Allemagne. Un tel mouvement pourrait selon lui obtenir 15%
des suffrages. L’institut de sondage Emnid affirme quant à lui qu’il pourrait atteindre 20%.
"Il règne une atmosphère de contestation de l’establishment en général, et cela va s’amplifier",
estime Sigrid Baringhorst, doyenne de la faculté de sciences sociales à l’université de Siegen.