n°3092 9 novembre 2007
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FRANCE FRANCE Catholique Catholique FRANCE Catholique 83 e année - Hebdomadaire n°3092 - 9 novembre 2007 www.france-catholique.fr ISSN 0015-9506 Sainte M 01284 - 3092 - F: 2,90 E 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@t@c@a; Catherine de Hongrie 2,90€ le cœur retrouvé pages 8 à 14 Des nouvelles de l’ d’ Œuvre Orient pages 19 à 21 Cardinal Vingt-Trois Quel avenir le pour catholicisme français ? BRÈVES MONDE EUROPE : La Commission européenne proposera le 13 novembre de créer une autorité de régulation unique à Bruxelles pour obliger les différents pays à accélérer la libéralisation des communications téléphoniques en Europe. ESPAGNE : 28 personnes proches d'Al Quaïda ont été jugées à Madrid par l'Audience nationale, plus haute instance pénale espagnole, pour leur responsabilité dans la dizaine d'attentats à la bombe simultanés de mars 2004 dans des trains de banlieue madrilènes (191 morts et plus de 1 800 blessés). 21 ont été condamnées, le 31 octobre, à de lourdes peines mais devraient faire appel. L'Audience nationale a accordé aux victimes des réparations s'échelonnant de 30 000 à 1,5 million d'euros. Ces attentats avaient provoqué la défaite du gouvernement conservateur de José Maria Aznar et précipité le retrait du contingent espagnol d'Irak. MAROC : La visite du roi Juan-Carlos et de la reine Sophie, les 5 et 6 novembre, dans les deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla a provoqué une vive réaction diplomatique du Maroc. SOMALIE : De nouveaux combats entre milices gouvernementales et islamistes ont obligé près de 90 000 personnes à fuir la capitale pour des camps de fortune le long des routes où vivent déjà près de 300 000 personnes dépendant de l'assistance alimentaire des Nations Unies. TURQUIE : Les 8 soldats turcs enlevés par les combattants kurdes du PKK le 21 octobre dernier ont été libérés, le 4 novembre, au nord de l'Irak, grâce à la médiation du gouvernement irakien qui, au cours d'une réunion à Istanbul avec les Américains, a cherché à donner des gages aux Turcs pour les dissuader d'envahir le Kurdistan irakien. SRI-LANKA : Le général S.P. Thamilselvan, n°2 de la rébellion tamoule au SriLanka a été tué le 2 novembre dans un bombardement des forces aériennes sri-lankaises. ECONOMIE : A New York, le prix du pétrole a franchi le 1er novembre, pour la première fois de son histoire, les 96 dollars le baril. Le cours de l'euro a dépassé 1,45 dollar. Les chiffres "maudits" de 100 dollars le baril de pétrole et de 1,50 dollar pour un euro sont presque atteints. GRANDE-BRETAGNE : Le jury du tribunal de l’Old Bailey à Londres a rendu, le 1er novembre, un jugement reconnaissant les défaillances collectives de la police lors de la bavure du 25 juillet 2005 : un Brésilien de 27 ans, confondu sans raison objective avec un terroriste islamiste, avait été tué de 7 balles, sans sommation. CARAÏBES : La tempête tropicale "Noël" a fait au moins 150 morts dans les diffé rentes îles des Caraïbes (Haïti, République dominicaine, Cuba…) qu'elle a traversées depuis le 28 octobre. MEXIQUE : 80 % des territoires de l'État du Tabasco au sud du Mexique sont recouverts d'eau après des pluies diluviennes qui ont obligé un million de personnes à fuir leurs logements. ITALIE : L'Italie recense 560 000 Gitans venus de Roumanie, dont 100 000 arrivés depuis le 1er janvier dernier. Installés dans des campements insalubres, ils sont à l'origine d'une explosion de l'insécurité dans les banlieues et notamment dans celles de Rome. Un décret-loi du 31 oc tobre, pris dans l'émotion après un horrible meurtre, prévoit la possibilité d'une expulsion immédiate et sans recours des étrangers coupables de délits mêmes mineurs. PAKISTAN : Après une série d'attentatssuicides islamistes, le président Pervez Musharraf a décrété, le 3 novembre, l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire pakistanais et suspendu la Constitution. Il a fait mettre en résidence surveillée un demi-millier de ses principaux opposants démocrates, dont le président de la Cour suprême qui s'apprêtait à mettre en cause la validité de sa récente réélection. AFGHANISTAN : La chancelière allemande Angela Merkel s'est rendue le 3 novembre en Afghanistan inspecter les forces allemandes qui comptent 3000 instructeurs dans le nord du pays et ont perdu 27 hommes depuis 2002. GUATEMALA : Le social-démocrate Alva ro Colom, 56 ans, a remporté l'élection présidentielle du 4 novembre au Guatemala, avec 53% des voix, aux dépens du général conservateur Otto Perez Molina qui n'a recueilli que 28 % des suffrages. La campagne électorale a été endeuillée par plusieurs centaines d'assassinats politiques. BANQUE : Charles Prince, 57 ans, a dû abandonner la tête de Citigroup, le premier groupe bancaire au monde, après avoir annoncé 5 à 7 milliards de dollars de pertes potentielles dans le secteur des prêts immobiliers. 2 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 FRANCE GREVES : Six des huit syndicats de la SNCF ont appelé, le 31 octobre, à une grève illimitée à partir du 13 novembre à 20h00 pour le maintien de régimes spéciaux de retraite. Dans le secteur de l'énergie, deux syndicats sur cinq ont lancé un appel à la grève pour la journée du 14 novembre. CORSE : Le deuxième conseil des ministres décentralisé de la présidence Sarkozy s'est tenu à la préfecture d'Ajaccio, le 31 octobre. La Compagnie Corse Méditerranée (CCM) avait annulé tous ses vols à destination de Paris, Marseille et Nice ce matin-là, ses syndicats ayant appelé à une grève surprise pour répliquer à une déclaration de Nicolas Sarkozy en faveur des compagnies aériennes à bas coût. Le procès d'Yvan Colonna, accusé d'être le responsable de l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, doit s'ouvrir le 12 novembre à Paris. GAZ : L'explosion d'une conduite de gaz, le 31 octobre à Bondy (Seine-St-Denis) lors d'un chantier sur la voie publique a tué une personne et en a blessé une cinquantaine d'autres dont certaines gravement brûlées. Gaz de France et l'entreprise de travaux publics se rejettent désagréablement la responsabilité de l'accident. PêCHE : La montée du prix du gazole (pourtant détaxé) à 0,52 euro le litre rend durablement la pêche en hautemer non rentable, car il n'est pas possible de répercuter cette hausse sur le prix du poisson sauvage, en concurrence avec le poisson d'élevage. Les pêcheurs demandent, à grand renfort d'opérations médiatiques - menaces de blocage des dépôts de pétrole dans l'Ouest - des aides structurelles et surtout conjoncturelles, en plus de 24 millions d'euros prévus, dont Michel Barnier, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, laisse entendre que la Commission européenne ne les acceptera pas. THÉRAPIE GÉNIQUE : Le Professeur Patrick Aubourg, de l'hôpital St-Vincent de Paul à Paris, a annoncé, lors d'un congrès à Rotterdam, avoir traité avec succès deux petits enfants atteints d'une maladie génétique des gaines nerveuses, l'adrénoleucodystrophie (ALD), sans avoir recours à une greffe de moelle osseuse, mais en utilisant des cellules souches. (voir la suite en page 7) EdITORIAL SOMMAIRE ACTUALITé ETATS-UNIS 5 INSTITUTIONS 6 SOCIéTé 7 Climat et politique Yves La Marck Un nouvel équilibre Alice Tulle Mise à nu permanente Tugdual Derville Coup de crayon POLITIQUE Emmanuel Chaunu dOSSIER 8 JUBILé Sainte Elisabeth de Hongrie Suzanne de La Messelière / Brigitte Pondaven ESPRIT 15 16 Karol MéMOIRE dES JOURS Robert Masson Iran : dans la tourmente éGLISE Marc Fromager 17 B.d. 18 LECTURES Premières lueurs sur la Résurrection 19 éGLISE 23 ECCLESIA 24 ŒCUMéNISME L'Aventurier de dieu, 24/36 Dominique Bar, Guy Lehideux Père Michel Gitton L'Œuvre d'Orient Mgr Philippe Brizard Le travail des évêques Cardinal Ricard Le document de Ravenne Mgr Gérard Daucourt MAGAzINE 26 HISTOIRE 29 30 31 L'acharnement théologique Bernard Quilliet / Denis Lensel "darling", "dans la vallée d'Elah" "L'heure zéro", "Les promesses de l'ombre" CINEMA M.-C. Renaud d'André - M.-L. Roussel Poulbot affichiste EXPOSITIONS Alain Solari Sac au dos sans trêve, 5/40 B.d. Albéric de Palmaert - Palmar 32 THéÂTRE descartes ou Pascal 33 THéÂTRE "Marie" 34 MUSIQUE Musique de chambre 35 TéLéVISION 36 TéLéVISION 38 BLOC-NOTES A.S. Pierre François François-Xavier Lacroux "The Queen", "René Bousquet", "Hooligans" Marie-Christine Renaud d’André Votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. Vie associative et d’église Brigitte Pondaven Couverture : Philippe GLORIEUX/CIRIC Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur : Mgr Vingt-Trois à la présidence L 'élection de l'archevêque de Paris à la présidence de la Conférence des évêques de France était depuis quelques mois une hypothèse à envisager sérieusement. Nous l'avions évoquée ici-même à l'annonce de son cardinalat. Maintenant qu'elle est advenue, il n'est plus possible de maintenir les réserves qu'une relative incertitude imposait. Cette élection a un sens déterminant pour l'Église de France. Le fait qu'elle intervient si peu de temps après la mort du cardinal Lustiger renforce encore plus le sentiment d'une étape nouvelle pour le catholicisme en France. Cette étape ne s'annonce pas facile et l'on ne saurait l'inaugurer par des satisfecits intempestifs. D'ailleurs la personnalité du cardinal Vingt-Trois à elle seule - il est vraiment le dernier à qui on puisse en compter - nous renvoie au réalisme et à l'humilité de notre situation présente. Mais l'unanimité morale qui a permis cette élection est déjà un gage de légitimité pour le nouveau président, qui bénéficie aussi des relais de son prédécesseur, le cardinal Ricard, dont la sagesse aura été précieuse par Gérard LECLERC ces dernières années. Les évêques de France savent assez, pour labourer sans cesse le terrain, les fragilités de leur Église, et qu'il s'en faut de beaucoup pour que l'avenir de nos communautés soit assuré. La raréfaction du clergé constitue un tourment continuel et l'appel aux suppléances par le laïcat ne saurait cacher l'impossibilité de paroisses sans prêtres, d'autant que le laïcat lui-même a besoin d'être fortifié, formé, et que la question de sa pérennité est également posée. Le choix d'une personnalité pour répondre aux nécessités du moment est donc solidaire d'un consensus quant à la perception de ce qu'est aujourd'hui l'Église catholique en France et des moyens à mettre en œuvre pour susciter des énergies nouvelles et mobilisées pour l'Évangélisation. Le réalisme n'impose pas de voir l'avenir uniquement sous les aspects les plus sombres. Nos évêques ont aussi accordé leur confiance à un homme dont ils connaissent la détermination et le sens de l'action. Ce qui a été réalisé à Paris, sous l'autorité du cardinal Lustiger depuis plus d'un quart de siècle, doit beaucoup à Mgr Vingt-Trois qui, par ailleurs, depuis 2005, dirige sûrement ce diocèse dont le rayonnement s'impose même hors de nos frontières. Avec le nouveau Président, on peut être assuré que la barre sera fermement tenue, les objectifs clairement fixés, les moyens envisagés avec lucidité. Le souci pour l'éveil aux vocations sera prioritaire, avec la formation spirituelle et intellectuelle des futurs prêtres. Les laïcs seront conviés à approfondir leur foi et leurs engagements. La pastorale de l'intelligence (conformément aux orientations de Fides et Ratio) accompagnera la pastorale des paroisses et des mouvements avec une insistance particulière sur la pratique eucharistique. Certes, l'étape qui commence, n'est pas encore écrite, mais on peut envisager que ce qui a été source de renaissance sera encouragé et généralisé. ■ FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 D.R. 4 3 ACTUALITE ETATS-UNIS par Yves LA MARCK Climat et politique Al Gore n’est pas prophète dans son pays. Prix Nobel de la Paix, il n’a aucune chance d’être président des Etats-Unis. P de la Paix 2007 qu’il partage avec le Panel intergouvernemental des Nations Unies sur le changement climatique, l’ancien vice-président de Bill Clinton, candidat élu mais malh eureux contre George Bush en 2000, Al Gore s’était passionné pour les conséquences du changement climatique. Il s’est porté à la tête d’un mouvement mondial de prise de conscience de la nécessité de contrôler les effets de serre. Son film, décrivant notamment la fonte des glaces aux extrémités polaires, a beaucoup fait pour populariser les drames qui attendent l’humanité dès cette décennie et la prochaine : élévation du niveau des mers, inondations, cyclones, épidémies, sécheresse. Le Tsunami et le cyclone Katrina qui a partiellement détruit La Nouvelle Orléans ont fait le reste, alors que ni l’un ni l’autre ne sont liés aux changements climatiques. Il n’en reste pas moins que ceux-ci sont indéniables et qu’il est bon de chercher dès a présent à les connaître pour mieux les gérer. ( rix nobel Al Gore a eu recours aux mét hodes éprouvées de la prédication dans son Tennessee natal. Depuis toujours, les prêcheurs comme dans l’Ancien Testament annoncent l’Apocalypse, illustrée par des phénomènes naturels exceptionnels. Le Déluge est une figure qui n’est pas propre au judaïsme. Les grandes religions se rencontrent autour des questions de Création. Les religions orientales dont l’attrait est connu aux EtatsUnis parce qu’elles mettent l’accent, plus directement que le christianisme, sur les équilibres naturels : taoïsme, shintoïsme, bouddhisme, hindouisme, parlent toutes du rapport de l’homme avec la nature physique. On assiste aujourd’hui à un regain d’intérêt en Occident pour cette alliance entre religions et p r o tection de l’environnement. Le paradoxe est que l’Inde et la Chine sont aujourd’hui les pays l e s p l u s pollués au monde pour avoir laissé libre cours à des formes d’industrialisation sauvage sans égard pour l’environnement. L’autre source d’étonne- La grande majorité du peuple américain se refuse à coopérer avec le reste du monde 4 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 ment est qu’en dépit de cet attrait en Occident et de la personnalité d’Al Gore, ses thèses n’ont pas réussi à renverser la politique de Washington. Certes les sondages révèlent une montée de la conscience des périls ; le Congrès a commencé de prendre des mesures. Mais la grande majorité du peuple américain et son président se refusent à faire les sacrifices nécessaires et à coopérer avec le reste du monde. Le candidat aux prochaines élections présidentielles qui se hasarderait a en parler serait éliminé. Al Gore a obtenu le prix Nobel : il sera exécuté. Sarkozy l’a invité au Gre nelle de l’environnement et repris en chœur ses formules: « notre modèle de croissance est condamné ; le maintien de la paix dans le monde est condamné ». Mais le pays au climat tempéré que nous sommes, hormis quelques gros orages, peut-il imaginer les extrêmes des variations climatiques qui frappent les Etats-Unis d’est en ouest ? Les Américains sont habitués à vivre avec, nous pas. Nicolas Hulot a-t-il pour autant plus de chances qu’Al Gore de déclencher un mouvement ? Le monde est loin d’être égal face aux catastrophes naturelles. La renégociation prévue pour 2012 du pro tocole de Kyoto devra en tenir compte et réintégrer les grands pays qui en sont absents : Inde, Chine et EtatsUnis. L’ordre du monde est à ce prix. Des centaines de millions de personnes en sont la rançon... n ACTUALITE INSTITUTIONS par Alice TULLE Un nouvel équilibre Présidé par Edouard Balladur, un comité de réflexion propose un rééquilibrage de la Ve République largement conforme au programme de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle. I nstallé le 18 juillet, le «com ité Balladur» a rapidement travaillé. Il en résulte un texte d’une centaine de pages comprenant des analyses d’ensemble et 77 propositions détaillées, qui devraient être soumises à discussion parlementaire en février puis au Parlement réuni en congrès. L’idée principale du rapport est d’équilibrer la fonction prés identielle - qui s’est renforcée depuis l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel (1962) - par l’augmentation des droits du Par lement et des citoyens. Cette réforme s’impose d’autant plus, selon le rapport, que l’adoption du quinquennat et « l’inversion du calendrier électoral » qui lie étroitement les élections présidentielle et législatives depuis 2002, a «accentué la présidentialisation du régime ». Ainsi, le Parlement pourrait en partie retrouver la maîtrise de son ordre du jour tout en réservant au gouvernement la moitié du temps des débats pour qu’il puisse présenter rapidement les projets et propositions de loi qu’il juge prioritaires. Par ailleurs, le comité Balladur souhaite une limitation au domaine budgétaire et au financement de la Sécurité soc iale du fameux article 49-3, qui permet qu’un texte soit adopté sans vote si le gouvernement a engagé sa responsabilité sans qu’il y ait dépôt d’une motion de censure. Diverses dispositions devraient enfin permettre une meilleure préparation du travail législatif et un élargissement des pouvoirs de contrôle du Parlement. Les droits des citoyens seraient étendus par le recours à la proportion- exceptionnels, nomination aux emplois publics, procédure de révision constitutionnelle. Ces propositions permettraient un rééquilibrage entre les pouvoirs exécutif et législatif – qui serait pour partie form el lorsque la majorité présidentielle est en position nelle pour une vingtaine ou une trentaine de sièges, par la reconnaissance du droit au référendum d’initiative populaire et par une réforme du Conseil économique et social. Le comité Balladur propose aussi que les pouvoirs du Président soient limités dans plusieurs domaines : recours à l’article 16 sur les pouvoirs de force à l’Assemblée nationale et au Sénat – si deux propositions ne venaient jeter un doute sur la cohérence du rapport. La première concerne la répartition des rôles au sein de l’exécutif. Depuis 1958, le Président est désigné comme un arbitre et le Premier ministre est chargé de « déter- miner » et de « conduire la politique de la nation ». Or le comité Balladur souhaite que l’on prenne acte de la prééminence du Président en décidant qu'il « définit la politique de la Nation » et que le Premier min istre serait seulement chargé de « conduire » cette politique. Ce qui déclencherait un affrontement sans solution en cas de cohabitation mais aussi en cas de conflit entre un Président et un premier ministre de même couleur (V. Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, François Mitterrand et Michel Rocard…). Par ailleurs, le rapport prop ose que le Président puisse « rendre compte de son action devant la représentation nationale » ce qui pourrait l’exposer à un processus de mise en responsabilité devant l’Assemblée nationale et le Sénat – même si le rapport s’y refuse – au cas où la majorité parlementaire serait ou deviendrait hostile au chef de l’Etat. Ces deux dernières propositions soulèvent de vives protestations à gauche, mais aussi à droite et l’introduction de la proportionnelle est rejetée par nombre de députés de la majorité. Il est par conséquent douteux que la réforme aille à son terme : un référendum est hors de question (le Président y risquerait gros) et il faut une majorité des trois cinquièmes des parlementaires pour que la révision constitutionnelle soit acceptée. n Le Parlement pourrait en partie retrouver la maîtrise de son ordre du jour ) FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 5 ACTUALITE SOCIÉTÉ Mise à nu permanente par Tugdual DERVILLE De plus en plus de militants croient devoir se déshabiller « pour la bonne cause ». Leur exposition médiatique est assurée, comme celle des artistes qui les couchent sur la pellicule. E de revendication, la mode est au minimalisme. Contre le réchauffement climatique, Greenpeace a montré, en septembre, 600 corps nus se fondant sur un glacier alpin. Au printemps dernier, à Paris, des «vélorussionnaires» ont défié la préfecture de police en pédalant tout nus «contre la voiture». Certains furent embarqués sans ménagement sous l’œil excité des caméras. Deux poids, deux mesures : les traditionnels exhibitionnistes – très minoritaires mais bien réels – de la gay-pride, qui suivait cette manifestation d’une semaine, ont pu défiler sans être inquiétés. Depuis longtemps, l’ambiguïté est entretenue en matière de prévention du Sida : au nom de l’efficacité des campagnes on publie les clichés les plus crus. Les ruraux se sont mis de la partie. Non contents de s’être fait photographier en 2005 en plus simple appareil afin d’exprimer leur « ras-lebol de passer pour des ploucs », des agriculteurs de la région de Parthenay ont récidivé cette année en associant à la fête six de leurs compagnes. Des poses dans la paille, à la pêche ou au flanc de quelque bête. À la clef, 8 000 calendriers et un bénéfice escompté de 56 000 € reversé au Téléthon. Suffit-il que la cause soit juste pour désinhiber ? Le photographe des ( n matiere paysans naturistes d’un jour, Daniel Mar affirme : « ça permet de démythifier les préjugés ». Pour le moment, il a pris soin de masquer l’essentiel par quelques végétaux cache-sexe. Démarche inverse pour les « dieux du stade », calendrier commercial bien lancé, où s’exhibent annuellement des joueurs de rugby parisiens. Au fil des années, la nudité est planétaire : en vrac, les pompiers de New York, des personnes handicapées et, prétend-on, certains Mormons ont décidé de sortir du bois pour montrer qu’ils étaient eux aussi dignes d’être vus tels quels. Plus compréhensible, mais dans la même veine, la brochette des femmes de l’actuel gouvernement a tenu à lancer une campagne de prévention du cancer du sein devant de grandes affiches de femmes torse nu. Pas de quoi s’effaroucher au regard de ce qui précède, et de de plus en plus explicite, les pauses lascives et les mises en scène jouent avec l’ambiance pornographique. Se dénuder pour un sportif devient un must : escrimeurs, acrobates, footballers, hockeyeurs, surfeurs… c’est à qui posera dans l’exercice de son sport, sans l’habit. De juteuses opérations « vestiaires ouverts » se multiplient. Le phénomène est ce qui suit : les photographies de pères Noël naturistes d’un Jurassien ont soulevé une vague de protestation. Quant à celle d’une jeune femme anorexique publiée il y a un mois par une marque de vêtements italienne, elle a provoqué l’indignation, bien que le modèle décharné ait affirmé avoir voulu se montrer nue pour témoigner de son combat contre la maladie. "La tyrannie du déballage de soi, transformant la vie intime en publicité" 6 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 Le nu public est devenu un phénomène de masse avec le New-Yorkais Spencer Tunick. Depuis 1994, on ne compte plus les volontaires qui se sont prêtés à ses mises-en-scène dans les capitales du monde. Récusant toute idée de provocation, il affirme « explorer le rapport entre le corps et son environnement ». 3 500 volontaires étaient inscrits pour l’édition de Caracas (Venezuela). Un publicitaire se joignant à un déshabillage à Lyon a toutefois avoué sa gêne ; certaines photos de Spencer lui font « penser aux charniers » : « J’y suis allé en m’efforçant d’oublier cette image, sauf que quand je me suis retrouvé nu, à 5 h du matin, marchant dans le froid, sur un sol humide, parmi des milliers d’autres corps et obéissant aux ordres d’un homme grimpé sur une estrade… inévitablement, j’y ai pensé. » La surenchère finira-t-elle par lasser ? Une publicité pour Canal satellite se démarque d’une improbable chaîne de télévisions « Tout nu TV » : on y voit une course cycliste en pays naturiste où spectateurs et champions sont floutés. « Se montrer nu » semble être devenu « le comble de l’authenticité » ironise à son tour, dans le magazine Elle, Dorothée Wermer qui dénonce « la tyrannie du déballage de soi, transformant la vie intime en publicité ». Faut-il relier l’impudeur au déficit de vie intérieure ? C’est en tout cas le voyeur qu’on vient réveiller en nous. Et tout cela comme s’il n’y avait pas d’enfants dans l’espace public. n Retrouvez Tugdual Derville, chaque semaine sur : Le coup de crayon de Chaunu TCHAD : Le président Sarkozy s'est rendu au Tchad le 4 novembre, pour ramener en Espagne et en France les quatre hôtesses de l'air espagnoles et les trois journalistes français qui avaient participé à l'opération de l'association humanitaire l'Arche de Zoé visant à faire adopter par des familles françaises une centaine d'enfants tchadiens ou soudanais. Ces sept personnes avaient été mises hors de cause et libérées par la justice tchadienne quelques heures auparavant. Les neuf autres participants à cette équipée, six Français et trois Espagnols, devront attendre quelques semaines pour savoir s'ils seront jugés au Tchad. FMI : Dominique Strauss-Kahn a pris, le jeudi 1er novembre, ses fonctions à la tête du FMI. Il a consacré sa première déclaration au sort de la dette argentine et au niveau anormalement bas du dollar. BUDGET : Au nom de la transparence, l'Assemblée nationale a plus que doublé, le 30 octobre, la rémunération du chef de l'Etat, désormais alignée sur celle du Premier ministre et comparable à celle de ses collègues allemand ou britannique elle passe de 8 000 euros à 18 690 euros mensuels - et triplé le budget de l'Elysée. FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 7 DOSSIER (1207-1231) Sainte Elisabeth princesse des p ■■ Suzanne de La Messelière, vous êtes ophtalmologiste à Paris et vous venez de soutenir une thèse de doctorat en théologie sur sainte Élisabeth de Hongrie. Pouvez-vous nous dire deux mots de ce parcours universitaire peu commun ? D.R. Nous célébrons les huit cents ans de la naissance de sainte Elisabeth de Hongrie (cf. France Catholique n°3091). Des colloques, des expositions, des concerts lui sont consacrés à travers toute l’Europe. Catholiques et protestants s’unissent pour lui rendre gloire et cette unanimité montre quelle influence pacifique Elisabeth exerce dans l’Église. Des historiens de nombreux pays lui consacrent des études remontant aux sources les plus authentiques et la présentent comme l’idéal de la femme du Moyen Âge. À Paris, deux grands colloques se disputent l'honneur de partager les derniers travaux universitaires sur la sainte. La piété n'est pas en reste : la relique de son cœur sera portée en procession de la paroisse Ste-Élisabeth à la cathédrale Notre-Dame, et le manteau que saint François donna à la sainte sera vénéré. Pour mieux comprendre les raisons de l'ampleur de ce jubilé, nous avons rencontré Suzanne de La Messelière, qui vient d'obtenir son titre de docteur en théologie à la Faculté de Fribourg en Suisse pour sa thèse sur sainte Elisabeth. 8 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 Suzanne de La Messelière, Docteur designata en Théologie de l’Université de Fribourg/Suisse, D.E.A. Histoire des religions, Paris IV Sorbonne, Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Auteur de la Thèse : « Sainte Elisabeth de Hongrie, biographie et hagiographie », soutenue en 2007 à l’Université de Fribourg / Suisse. Je suis née en Hongrie, dans une famille de l'ancienne noblesse. Les communistes avaient confisqué nos biens après la seconde guerre mondiale. Nous avons fui, en passant la frontière à pieds, du fait de la révolution de 1956 où mon père avait pris une part active. Je suis arrivée en France à six ans. J’ai alors été hospitalisée et c’est un jeune médecin qui m’a appris à parler le français. En sortant de l’hôpital, j’avais décidé de devenir médecin et je n’ai jamais changé d’avis. J’aime beaucoup mon métier. J’ai obtenu la naturalisation française en 1972, lorsque je me suis inscrite à 17 ans à la faculté de médecine. ■■ Et la théologie ? Lorsqu'on vit dans un pays où la pratique religieuse est opprimée, la foi s’ancre encore plus fortement au fond de notre âme. J’ai découvert en France la liberté du culte. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours désiré connaître Dieu. Je ne pensais pas au départ aller jusqu’à la thèse. Je n’arrivais simplement pas à m’arrêter, tant je me sentais portée par ces études. J’ai démarré mes études de théologie la même année où je finissais celles d’ophtalmologie. La difficulté fut d’étudier alors que j’avais mes malades à soigner à mon cabinet médical et à l’hôpital, mon fils Imre à m’occuper. Imre a grandi entre mes livres de médecine et de théologie. Mon mari m’a beaucoup aidé à tout concilier. ■■ Et pourquoi sainte Élisabeth de Hongrie ? Nous venons du même pays, nous l’avons quitté au même âge. Le fait de parler le hongrois et de DOSSIER de Hongrie auvres propos recueillis par Brigitte PONDAVEN connaître l’allemand m’a permis de faire la synthèse bibliographique indispensable pour un tel travail… ■■ Quelles découvertes avez-vous faites ? J’ai découvert dans les archives du Vatican un manuscrit inédit sur sainte Élisabeth, en rapport avec son dossier de canonisation, jamais publié, un des plus ancien qui soit parvenu jusqu’à nous. Je travaille actuellement sur sa traduction. Mais permettez-moi de vous raconter un peu ma plus grande "trouvaille". J'avais entendu parler des liens d'Élisabeth avec Cambrai dans le nord de la France. Elle avait, de son vivant, fait de grands dons, tant pour les travaux d’achèvement de la Cathédrale Notre-Dame de Cambrai, qu’en faveur des pauvres et des malades de cette ville. Une Chronique des Évêques de Cambrai relate cela et un manuscrit de la Bibliothèque municipale de Cambrai, de 1235, contient l'un des récits les plus anciens de la vie et des miracles de sainte Élisabeth. La première fois que je suis venue pour consulter ces archives, à ma grande surprise, on m'a demandé si j’envisageais également d’aller voir le cœur de sainte Élisabeth conservé à la cathédrale de Cambrai. Je n’avais jamais entendu parler de cette relique, il n’y avait aucune trace d’elle dans aucune bibliographie ni dans aucune biographie. J'ai demandé à rencontrer Monsieur le Curé, en l’occurrence, le Père Denis Lecompte. Il m'a reçue avec une grande gentillesse. Je lui ai expliqué que je venais d'étudier un manuscrit à propos d'Élisabeth de Hongrie, et que j’avais entendu dire que le cœur de la sainte se trouvait dans la cathédrale. Était-il au courant ? Avec un grand sourire, il m'a répondu que le cœur se trouvait dans la pièce à côté, sur son bureau. Avant même que je ne réussisse à reprendre mes esprits, le Père Denis Lecompte était déjà revenu, tenant le reliquaire. Il me le donna dans la main. Ce fut pour moi un moment bouleversant. J’avais l’impression de sentir battre le cœur d’Élisabeth dans ma main ! Il me raconta alors que, jusqu’à la Révolution française, le cœur était vénéré dans l’ancienne ca- Elle a affirmé, par son puissant exemple, le droit de toute femme à vivre sa vocation Élisabeth et l'enfant pauvre, statue par Karoly Senyei, XXe siècle, basilique Saint-Étienne, Budapest, Hongrie. thédrale. Ensuite il fut enchâssé dans le déambulatoire, à l’arrière du Maître-autel de l’actuelle cathédrale - et d'ailleurs, à l’entrée de ce déambulatoire, un vitrail représente sainte Élisabeth de Hongrie. La pierre y fut travaillée en forme de cœur pour recevoir le reliquaire. Mais, en 1990, un malotru l'a volé FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 D.R. 9 ■■ Comment Élisabeth a-t-elle marqué son époque ? Élisabeth de Hongrie correspond à une nou velle façon de définir l'espace de la sainteté. Laïque, elle a atteint les plus hauts degrés de la perfection chrétienne et cela sans jamais avoir vécu dans un couvent. Profondément amoureuse de son mari, elle n’en aima pas moins Dieu. Dans l’amour unissant Élisabeth et Louis, les historiens voient la haute conception de l’amour conjugal, empreint de tolérance et de soutien mutuel, qui perdure par-delà la mort. Il y a là un idéal qui a marqué son époque et qui demeure. Née princesse royale de Hongrie, épouse du Landgrave de Thuringe, elle choisit volontairement de renoncer aux fastes de la cour et de partager la vie simple des pauvres. Au siècle où vécut Élisabeth, l’influence des femmes allait en augmentant. C’était l’époque des grandes abbesses mais aussi des grandes reines. Élisabeth a conquis dans cette Histoire une place hors du commun, celle d’une des plus grandes saintes de l’époque. Elle a, à sa manière, lutté avec force pour l’émancipation de la femme. Elle puisait dans sa foi et dans l’amour des pauvres le courage et la confiance en sa mission de charité. Elle a affirmé, par son puissant exemple, le droit de toute femme à vivre sa vocation. Élisabeth a connu la vie des femmes de son époque. Mais elle eut un regard sur le monde différent de celui de ses contemporains. Elle fut confrontée aux douloureux problèmes de la misère sociale, de la famine et des épidémies qui sévissaient alors. 10 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 Elle instaura la conception vraie du secours des malheureux La cathédrale gothique Ste-Élisabeth de Marbourg, Allemagne, et le tombeau de la sainte dans la cathédrale. ■■ Comment se matérialise la durabilité de cette influence ? Afin de cerner au plus près la vérité historique, je me suis rendue dans les pays où vécut Élisabeth. D.R. Elle ne pouvait prétendre guérir toutes les misères, mais elle s’efforça de son mieux d’y remédier. Pour cela elle ne fonda aucun ordre religieux, ni aucune association. Elle ne fit pas une simple coopération Fresques de la vie de sainte à des œuvres de bienfaisance pour calmer sa Elisabeth, par Moritz von Schwind, au château de la Wartbourg. conscience, elle instaura 1854, Le miracle des roses, le départ à la la conception vraie du croisade de Louis IV de Thuringe, secours des malheureux. la mort d'Élisabeth... Elle savait s’approcher des pauvres, ne pas les humilier par une pitié condescendante, partager leur vie avec amour et simplicité. Elle accomplit ainsi le don le plus élevé, celui qui consiste à se donner soi-même dans l’intérêt d’autrui. Ainsi s’explique la grande popularité dont jouissait Élisabeth. Le peuple la saluait avec respect et joie, il admirait cette grande dame qui se faisait leur égale, qui vivait l’Évangile comme il était enseigné dans l’Église, mais comme jamais il ne l’avait encore rencontré. Son cheminement spirituel reste un mystère que nous essayons d’élucider en marchant sur ses traces et en relisant les sources anciennes. Éclatant contraste entre sa somptueuse tenue princière au château de la Wartbourg, et sa robe grise de pénitente dans sa petite maison de Marbourg, toute la vie d’Élisabeth défile entre ces deux états. Ce n’est pas par son pouvoir politique de fille de roi et d’épouse de prince régnant qu’elle mérita cet honneur de marquer l'Histoire, mais par son ardente charité. Devenue veuve, Élisabeth n’eut aucun pouvoir politique, c’est par son humilité et son renoncement à toutes les prérogatives dues à son rang qu’elle remporta toutes ses victoires, qu’elle confondit tous ses adversaires. Le cœur des pauvres fut le royaume où Élisabeth régna. Elle remplit un rôle moral et social qui eut sur le peuple une influence bien plus grande que celle des reines qui gouvernèrent de puissants royaumes et dont les noms tombèrent ensuite dans l’oubli. D.R. pour s’emparer du métal, précieux. Il a jeté par terre le cœur dont il ne voulait pas et s’est enfui avec son butin. Le lendemain matin, le Père Denis Lecompte n'a pu que constater le désastre. Méticuleusement il a ramassé le cœur réduit en poussières, l'a remis dans un petit reliquaire en or qu’il possédait et l'a déposé sur son bureau en attendant d’avoir un nouveau reliquaire digne de lui. Et le cœur de ma sainte, que je vénérais tant, était là, dans ma main. Quel moment merveilleux ! C'était il y a quatre ans. Avec le Père Denis Lecomte et Mgr Garnier, nous souhaitons emmener le cœur d’Élisabeth en Hongrie, un retour dans son pays après huit cents ans d’absence, pour qu’il y soit vénéré, pendant une semaine. Nous sommes actuellement en échange de courrier à ce sujet avec le Primat de Hongrie, j’espère que cela pourra se faire cette année de jubilé. D.R. DOSSIER DOSSIER D.R. ses mérites, la musique et la littérature chantent son nom en des lieder et des légendes, en des drames et des oratorios. Élisabeth inspira Franz Liszt et Richard Wagner. Des artistes de grand renom ont reproduit son portrait, des scènes de sa vie et des aspects de son œuvre, pour des églises ou des hôpitaux, des images pieuses ou des reliquaires. Des exemples particulièrement beaux se trouvent dans l'église dédiée à Élisabeth à Marbourg, dans l'hôpital de Lübeck, ou au château de la Wartbourg en Thuringe. Divers ordres féminins, comme celui des Elisabéthaines, ou des sœurs de sainte Élisabeth, autrefois appelées Sœurs grises, apparurent et essaimèrent partout dans le monde. En Europe, des églises furent consacrées à sa mémoire, des hôpitaux et des maisons de retraite portent son nom, des soignants lui dédièrent leurs foyers de charité, des associations se sont créées, cherchant à suivre son exemple. ■■ La spiritualité d'Élisabeth est-elle franciscaine ? "Nous avons l'obligation de rendre les gens heureux" Élisabeth n'avait pas attendu les prédications des Frères Mineurs pour se montrer charitable, mais lorsqu'elle connut les enseignements de François d'Assise, elle y trouva un idéal répondant à toutes ses aspirations, et dès que les circonstances le lui permirent, elle y conforma ses actions. Auprès de son directeur spirituel, Maître Conrad de Marbourg, Élisabeth trouva le juste équilibre entre l’obéissance et l’indépendance. Intelligemment, elle sut contourner les prescriptions du prêtre lorsque celles-ci allaient à l’encontre de sa conception de la charité. Nous trouvons chez Élisabeth, l’équilibre des contraires. Elle unissait à la fois la soumission à la volonté de Dieu et la juste compréhension des nécessités de la vie. n D.R. J'ai pu ainsi constater l'exceptionnelle actualité de son culte et l'ampleur de la dévotion des fidèles qui défie le temps. Lorsque nous avons marché sur ses pas, à Marbourg, nous avions l’impression qu’elle allait surgir au coin d’une rue, comme autrefois, tant elle a marqué de sa présence lumineuse les habitants de cette ville. Nombre de fontaines portent son nom, nombre de chapelles lui sont dédiées. Que de personnes interpellées au hasard et questionnées sur sainte Élisabeth avaient spontanément la réponse à nous donner. Quel chemin empruntait-elle quotidiennement ? À quel endroit se produisit tel miracle rapporté dans son dossier de canonisation ? Les questions ne restaient pas sans réponse, surtout aucune question n’étonnait, et nous fûmes conduits sans hésitation à la fontaine où elle puisait de l’eau, sur le sentier qu’elle parcourait. Élisabeth, qui a vécu dans ces lieux il y a près de huit cents ans, fait partie intégrante encore de nos jours de la vie des habitants. En considérant le pauvre petit village qu’était Marbourg au moment où elle s’y installa, et ce qu’il devint en quelques siècles, nous pouvons juger du rôle capital qu’elle joua dans sa fantastique transformation en centre religieux de pèlerinage et en ville universitaire. Une grande partie de l'activité charitable et sociale de la Hongrie et de l'Allemagne est placée sous le patronage d’Élisabeth, c'est son nom que portent les femmes dévouées qui soignent les malades, c'est par son nom que l'on désigne les œuvres d'assistance, c'est lui encore que l'on donne aux hôpitaux car c'est son image qui remplit le cœur et l'esprit de tous ceux qui comprennent le message de sainte Élisabeth : « Nous avons l’obligation de rendre les gens heureux ». La Hongrie et l'Allemagne la revendiquent. L'une comme pays de naissance dans l’illustre lignée dynastique des Árpàd, l'autre comme pays d'adoption, toutes deux comme parure patriotique. Presque toutes les familles royales d’Europe revendiquent l'honneur de l’avoir parmi leurs ancêtres. Des poètes, tel Rutebeuf, décrivent en vers des plus tendres Elisabeth prend Conrad de Marbourg pour confesseur, dans Scènes de la vie et de la légende de Sainte Elisabeth, vers 1420, Hôpital du Saint Esprit, Lübeck, Allemagne DOSSIER Qui fut Elisab É D.R. lisabeth est née dans une famille chrétienne qui est également une famille royale engagée dans la défense de l'Eglise. Son père, le roi André II de Hongrie (1177-1235) est parti lors de la cinquième croisade en Terre Sainte pour reprendre aux Infidèles le tombeau du Christ. Il appartient à l'illustre dynastie des Árpád qui fut établie par le roi apostolique saint Etienne 1er (975-1038) et qui donna de nombreux saints à l'Eglise. Le désir de Dieu qui enflamme le cœur d’Élisabeth s’inscrit déjà à l’âge de cinq ans. Guda, sa compagne de jeu, relatera qu’elle embrassait en secret la porte de la chapelle. D’emblée Élisabeth s’inscrira avec grandeur dans la vie spirituelle. Elle commencera, dès ses jeunes années, l’ascèse qui soutiendra les fondements de son ardente charité. Ce comportement est étonnant dans cette cour princière si brillante, réputée pour ses fêtes et ses banquets où rivalisaient les minnesänger, et dans laquelle l’enfant grandissait. Le chroniqueur Thierry d’Apolda racontera qu’Élisabeth, assistant à la messe avec toute la famille princière, somptueusement vêtue, au moment de l’élévation de l‘Hostie, retira sa couronne et la posa à terre. Sa belle-mère, très mécontente, lui en faisant durement le reproche, Élisabeth se défendit en expliquant qu’elle ne pouvait pas se présenter ainsi couronnée devant son Seigneur et Roi Jésus-Christ, alors que Lui avait porté une couronne d’épines. « Si la montagne se transformait en or » Seule en pays étranger, loin de sa famille, Élisabeth était comme une barque qui chavire parmi les souffrances et les humiliations qu'elle subissait à la cour de Thuringe, en réponse à ses élans de ferveur religieuse. Son attitude était vécue comme une provocation ouverte et un rejet du mode de vie princier. Les puissants du royaume essayèrent d’éloigner le jeune souverain de son projet de mariage avec la princesse hongroise qui avait cessé d'être un parti avantageux pour la Thuringe, tant le pouvoir de son père, le roi André II de Hongrie s'était affaibli. Le chevalier Walther von Vargila demanda alors au jeune souverain : « Prendrez-vous Élisabeth pour 12 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 épouse, ou bien retirerez-vous votre parole ? » Le Landgrave pointa du doigt vers la montagne et dit : « Si elle se changeait en or pur et que tout cet or dût m'appartenir à condition de renoncer à Élisabeth, je m'y refuse à jamais. Élisabeth m'est plus chère par sa vertu et sa piété que toutes les richesses du monde ». Après son mariage avec Louis IV de Thuringe, les choses changèrent pour Élisabeth, car Louis, très amoureux, lui accorda le droit de vivre à sa convenance. Le Landgrave était décrit par Berthold, son chapelain, comme ayant à cœur d’observer parfaitement la loi divine, et craignant Dieu, sa devise était Piété, Pureté, Justice. Élisabeth se levait fréquemment la nuit pour prier. Son mari lui disait de ne pas se rendre malade ce faisant, et parfois lui tenait sa main dans la sienne tout le temps de sa prière, mais en lui demandant tendrement de revenir se coucher parce qu'il était inquiet pour sa santé. Élisabeth demandait à Ysentrude, sa dame de compagnie, de l'éveiller au milieu de la nuit pour prier, en tirant sur son orteil, pendant que son mari dormait… Une fois Ysentrude se trompa d’orteil et réveilla Louis ! Fille de roi et épouse de prince régnant, Élisabeth a toujours considéré comme de son devoir de veiller au bonheur de ses sujets. Elle disait souvent : « Nous avons l’obligation de rendre les gens "Saint François heureux ». Elle porta cette obligation jusqu’aux revêtant de son manteau plus hauts sommets de la charité. Elle visitait sainte Elisabeth". les maisons pour secourir les pauvres, soigner C'est ce manteau qui sera vénéré dans l'église les malades, se proposait comme marraine au baptême des enfants, payait les dettes des insoldu 11 au 17 novembre en l'église Ste Elisabeth vables, aidait les femmes en couches, aidait au à Paris (où on peut voir toilettage des morts et aucune œuvre de charité cette enluminure d'un n’échappait à sa vigilance. canon d'autel, de Féron). L'histoire du « miracle des roses » est émouvante: Élisabeth alla dans les cuisines du château chercher du pain pour les mendiants. Alors qu'elle descendait le raidillon de la Wartbourg, ainsi chargée, Louis IV de Thuringe, revenant de la chasse, la rencontre et lui demande de montrer ce qu'elle porte dans les pans de son manteau. Élisabeth obéit et son époux voit dans le manteau entrouvert des roses rouges et blanches. Ce miracle, si célèbre, et qui existe pour d'autres saintes avec des variantes, appartient à la légende. Aucune source ancienne n'atteste de cet événe- "La légende est une enveloppe qui cache un trésor de vérités plus hautes" "Sainte Elisabeth déposant sa couronne devant le Christ couronné d'épine". A l'arrière plan le château de la Warburg. Tableau de Blondel. eth ? par Suzanne de LA MESSELIERE ment. Ni le Libellus, ni la Vie de Thierry d'Apolda ou celle de Césaire d'Heisterbach ne le mentionnent. Il ne figure pas non plus dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Il s'insère comme un élément merveilleux dans l'hagiographie, à partir des dernières décennies du XIIIe siècle. La plus ancienne version de ce miracle apparaît dans la littérature avec la compilation effectuée par Hermann de Frizlar, vers 1345, le Rythmicus. Hippolyte Delehaye, bollandiste, expliquait dans Les légendes hagiographiques, que « la légende est une enveloppe qui cache un trésor de vérités plus hautes ». Nous voyons ainsi apparaître la profondeur de l’empreinte que laissa la charité d’Élisabeth dans le cœur de ses sujets. La progression de la charité d’Élisabeth va lentement du simple geste au miracle. Élisabeth donne un peu, puis beaucoup, puis de plus en plus, sa charité dépasse alors les possibilités humaines pour devenir une charité surnaturelle où ce n’est plus Élisabeth qui donne mais Dieu qui donne à travers elle, avec des miracles. Ainsi Élisabeth soigna les pauvres, puis les lépreux, puis les embrassa pour les consoler et enfin ce miracle, raconté par le chapelain Berthod, où Élisabeth coucha un lépreux dans le lit conjugal. Sa belle-mère affolée prévint Louis qui arriva en courant mais ce qu’il vit à la place du malheureux, c’était le Christ en Croix. Une fresque représentant ce miracle est peinte sur le mur de l’église Sainte-Élisabeth de Marbourg où est conservée la magnifique châsse en or qui contenait les os de la sainte. La châsse fut profanée et ses os dispersés durant la Réforme luthérienne par le descendant d’Élisabeth, Philippe le Magnanime. C’est au moment de la diète de Crémone, où se rendit Louis, que la famine et l’épidémie s’abattirent sur la Thuringe. Élisabeth, régente en l’absence de son époux, réalisa une extraordinaire œuvre de charité. Sur son ordre, les granges du château furent ouvertes et tout le blé distribué aux pauvres, les fours marchèrent jour et nuit, les champs furent intensivement labourés, le pain fut quotidiennement distribué, les vêtements en nombre furent tissés, un hôpital s’éleva aux pieds de la Wartbourg. Élisabeth prouva une nouvelle fois, qu’il D.R. Du simple geste au miracle Eglise Ste-Élisabeth à Paris. Concilier une charité intense et un engagement spirituel avec une vie d'épouse amoureuse était possible de concilier dans le monde une charité intense et un engagement spirituel avec une vie d’épouse amoureuse. C’est alors que le miracle apparut, comme pour sceller cette réussite du sceau de Dieu. Ysentrude raconta : « elle avait versé le peu de cervoise qui restait dans un broc, or bien que tous eussent été servis, la quantité n'avait pas diminué dans le broc. » Maître Conrad de Marbourg Dès le début de sa direction spirituelle Maître Conrad de Marbourg, grand théologien mais aussi redoutable Inquisiteur chargé par le pape de traquer l’hérésie, demanda à Élisabeth de faire entre ses mains vœu d’obéissance et de chasteté perpétuelle, au cas où elle resterait veuve. Cela impliquait qu’en retour il s’engageait envers elle à l’obligation de la soutenir dans ses efforts vers la perfection chrétienne. Un jour, au lieu d’écouter le sermon de Maître Conrad, Élisabeth préféra recevoir sa belle-sœur avec laquelle Louis était FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 13 DOSSIER en conflit, pour essayer d’aplanir leurs tensions. Offensé, Maître Conrad lui fit savoir qu'il refuserait désormais de s'occuper d'elle. Elle lui demanda pardon. Alors il lui imposa comme réparation d'être fouettée, vêtue d’une seule chemise. Élisabeth, par obéissance à Maître Conrad de Marbourg, devait respecter la prescription des mets licites et illicites, donc refuser de manger des aliments provenant de récoltes faites sur des terres ayant été injustement confisquées. Élisabeth s’informait à chaque plat de leur origine et jeûnait en cas de provenance douteuse. Son comportement fut considéré comme une prise de position officielle dans les affaires de l’Etat, avec de lourdes conséquences politiques car Élisabeth maintenait cette attitude même lors des voyages officiels. Par cet ordre, Maître Conrad de Marbourg mettait en cause la légitimité même de la gestion princière par Louis IV de Thuringe des biens du royaume. D‘autre part il prenait Elisabeth donne le risque de créer entre Élisabeth et Louis une son manteau, 1885, discorde pouvant déstabiliser leur vie de couple. Louis laissa faire Élisabeth mais dut assumer avec Liezen-Mayer, Keresztény Museum, Esztergom, elle les critiques de sa famille jetées en public et Hongrie en pleine face. Apprenant la mort de Louis en croisade, elle s’écrira que le bonheur est parti avec lui et mettra des vêtements de deuil qu’elle ne retirera que pour revêtir l’habit gris des pénitents. Lorsque les croisés ramèneront les os de Louis, Élisabeth tremblera de chagrin à l’ouverture du cercueil : « La douleur qu'elle ressentit alors en son cœur, personne ne peut le savoir sinon celui qui seul connaît le fond de tous les cœurs ». Élisabeth repoussa la demande en mariage que lui fera l’empereur d’Allemagne. Te Deum Devenue veuve, Élisabeth sera chassée de la Wartbourg par son beau-frère qui usurpa le trône. Après une nuit d’errance dans les rues d’Eisenach, elle trouvera refuge dans une porcherie, et c’est aux franciscains qu’elle demandera de "J'ai vu les cieux ouverts et le doux Jésus mon Seigneur se penchait vers moi et me consolait" Château de la Wartbourg chanter le Te Deum lors des matines. Elle partit pour Marbourg, revêtit le vêtement gris des pénitents, utilisa tout son argent à construire un nouvel hôpital où elle travailla aux soins des pauvres et des malades et distribua en une seule journée la totalité de sa dot en disant à ses compagnes : « Nous avons l’obligation de rendre les gens heureux ». Saint François d’Assise lui fera envoyer son manteau qu’elle revêtira chaque fois qu’elle souhaitera obtenir une faveur de la part de Dieu car elle était sûre d’être alors exaucée. Halos lumineux autour du visage d‘Élisabeth décrits par un prêtre, apparitions de Jésus racontées par Élisabeth elle-même à Ysentrude : « J'ai vu les cieux ouverts et le doux Jésus mon Seigneur se penchait vers moi et me consolait de toutes les angoisses et des tribulations qui m'ont entourée ». Les faveurs exceptionnelles se multipliaient. Ce fut tout un peuple en larmes qui suivit son cortège funéraire et les témoins racontèrent D.R. « la profonde douleur des pauvres qui accouraient comme s'ils avaient perdu leur mère». L’empereur Frédéric II posera sur la tête d'Élisabeth, lors de la canonisation, une couronne en or et pierreries, en disant: « Puisque je n'ai pas pu couronner Élisabeth comme impératrice sur terre, je la couronnerai comme reine immortelle dans le royaume de Dieu ». Élisabeth a renoncé à tous ses biens matériels, ses bijoux, ses robes, sa fortune, sa dot et les gens la verront marcher dans les rues d’Eisenach vêtue comme une simple travailleuse, puis à Marbourg dans le pauvre vêtement gris des pénitents. Elle renoncera également à toutes ses prérogatives princières, son rang social, ses honneurs et ses titres. Elle renoncera à l’estime de la cour qui la tiendra en haut mépris, allant jusqu’à la traiter de folle. Elle renoncera à sa réputation, seul bien qui lui restait, et sera obligée de se justifier aux yeux du chevalier Rudolf von Vargila, face aux calomnies qui circuleront dans la ville de Marbourg au sujet de ses relations avec son directeur spirituel, montrant alors son dos strié par les traces des coups et du fouet administrés par Maître Conrad. Elle renoncera à la tendresse et la chaleur de la présence de ses enfants confiés, chacun selon son destin, aux personnes devant veiller sur eux dans le quotidien, ne pouvant aller les voir ellemême que rarement. Élisabeth, ayant renoncé à tout, dira à Irmingarde : « Je n'aime rien sinon Dieu seul ». n D.R. http://www.sainteelisabethdehongrie.com http://www.sainte-elisabeth.org 14 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 ESPRIT En mémoire des jours Le soir venu Par Robert Masson I arrive parfois qu'on ait des surprises à la télévision. Et dans le meilleur sens du terme. Arte, par exemple, vient de nous offrir quatre soirées de suite centrée sur Jean-Paul II et son pontificat, avec un bon film diffusé en quatre épisodes. Ce n'est pas si habituel que la télévision se risque à des émissions de cette qualité. La personnalité de Jean-Paul II s'y prêtait évidemment. Ce pape fut un grand communicateur, et il était une présence rare, qui s'y prêtait, une personnalité au sens le plus profond du terme. Le temps qui passe, qui érode beaucoup de choses, garde intacte l'étonnante présence d'un homme qui venait de loin et nous portait plus loin encore. Ce n'était pas pour peu dans son rayonnement qui le faisait proche de tous. Ce n'était pas seulement le pape des chrétiens, mais de tous ceux que sa parole rejoignait au plus profond d'eux-mêmes. Il n'obéissait pas aux artifices, auxquels se prêtent souvent nos moyens de communication moderne. l C'était de la quête la plus profonde dont il parlait, et non seulement avec des mots, mais par ses gestes, qui n'avaient pas besoin d'être traduits pour être compris. Qui ne se souvient de ce petit enfant du sida, qu'il prit dans ses bras en Amérique latine ? À l’avance on y trouvait une certaine crainte, quant à la capacité de la télévision de nous faire entrer dans ce qui n'était rien de moins que le mystère d'un homme. Malgré sa puissance d'image et de son, la télévision reste généralement en deçà de ce qu'on peut pressentir d'une histoire qui fut celle de Jean-Paul II et la nôtre. Il lui suffisait d'ailleurs de nous le redire, pour que nous comprenions nous aussi. La grâce des moments qui nous furent donnés, c'est de comprendre un peu mieux cette conduite de Dieu, dont ce pape nous donnait une image éclatante. Dans la totale modestie, qui était celle d'un pauvre devant Dieu, de quelqu'un dont Il avait fait de longue date son serviteur. Qu'il ait beaucoup souffert n'avait pas de quoi nous surprendre. Celui qui s'appelait encore Karol Wojtyla était quel qu'un plein de promesses, dont on pouvait deviner à l'avance qu'elles se traduiraient un jour dans l'histoire. La Pologne, sa patrie, n'en finissait pas de s'enfouir dans une sorte de trou noir, comme en connaissent quelquefois les peuples. Il fallait avoir l'espérance chevillée à l'âme, pour ne pas sombrer dans des abîmes comme Caïn peut en creuser de longue date, quand il se croyait le maître du monde, ou sur le point de le devenir. Tout près de Cracovie, la ville du futur pape, le paysage est complètement assombri par ce lieu de misère qui s'appelait Auschwitz. Il fallait avoir l'espérance chevillée à l'âme pour ne pas sombrer nous-mêmes, quand Hitler était en passe de réunir tous les pouvoirs, y compris d'effacer à ja mais l'empreinte divine, qui était celle de l'humanité depuis les origines, et marquée du sceau de Dieu. La terre polonaise était à l'épicentre d'une prétention sans nom. On sait à peu près tout de cette période, où il en allait de l'âme humaine et de la condition qu'on lui imposait. De ces temps il reste donc ces lieux d'effroi que furent Auschwitz et Birkenau. L'enfer était sur terre, et ce qu'il menaçait, c'était tout ce que la Pologne avait de plus cher, son âme, pour tout dire. Karol Wojtyla fit ainsi son apprentissage d'homme dans les pires conditions. Jusqu'à devoir casser des pierres pour survivre. De partout on montrait une volonté d'effacer un passé de gloire, malgré toutes les tourmentes. Comme tout ce qui relevait de la nation polonaise, les chrétiens et bien sûr les prêtres étaient comme en sursis. On ne voit pas ces images sans éprouver de grands sentiments de douleur. Qui aurait pu croire que se formait là un pape, comme on en connaissait dans les premiers temps du christianisme ? De nuit, Karol refaisait lecture du passé chrétien pour mieux comprendre ce qu'il en était de leur condition. L'étonnant c'est que des peuples puissent survivre, quand règne le malheur à ce niveau. Wojtyla allait son chemin d'un pas résolu, qui le désignait comme malgré lui à l'attention de ceux qui, dans l'Église, ont charge de discerner les desseins de Dieu sur chacun. Il est encore tout jeune quand se précise le cours des choses, qui va l'amener ou plutôt le ramener à Cracovie, comme évêque, en attendant d'autres développements. À l'étonnement d'un monde qui n'avait pas vu venir ce que l'Esprit préparait sans avoir demandé l'autorisation. Quand du haut de la place St-Pierre, fut proclamé l'avènement de ce pape inattendu, l'onde choc, dont les effets se feraient à nouveau sentir, se propagea sur toute la terre. Ce ne seront pas les effets d'un instant, mais de tout un pontificat qui ne cessera d'étonner, et les jeunes en particulier. n FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 15 ÉGLISE IRAN Les chrétiens dans la tourmente par Marc FROMAGER Les minorités religieuses, et particulièrement les chrétiens (0,2 % de la population) ont tout à craindre des conséquences de la fuite en avant nucléaire de Téhéran. © AED Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur : d’Iran. "C’est la première fois que l’Église arménienne lance une telle initiative et cela s’explique par les divers défis que lance le monde moderne aujourd’hui aux religions", a déclaré le porte-parole du siège de l’Église d’Arménie, à Etchmiadzine, le père Vagram Mélikian. L’idée d’entamer un dialogue interreligieux avec l’Iran est venue aux dignitaires arméniens lors de la visite en 2004 de l’ancien président Khatami, visite qui a été suivie d’une collaboration active avec l’ambassade iranienne à Erevan. "Nous nous efforcerons d’abord de rapprocher la culture spirituelle de deux religions, vieilles de plusieurs siècles", a ajouté le père Mélikian. Pour l’Arménie, soumise au blocus de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, l’Iran représente, avec la Géorgie, une voie de secours vers le monde extérieur. Ces dernières années, la collaboration économique s’est développée entre l’Arménie et l’Iran. L’Église arménienne espère que le dialogue interreligieux pourra avoir une influence positive sur la vie des chrétiens en Iran. Mais l’horizon reste sombre pour l’ensemble de la population, avec une situation économique difficile malgré les fabuleux cours mondiaux du pétrole. On signale chaque jour des soulèvements dans les zones kurdes, azéris et baloutchis, sans compter le mécontentement des Perses laïcs, surtout les jeunes, qui ne peuvent plus supporter les restrictions aux échanges culturels avec le monde imposées par la dictature théocratique des mollahs. La tension politique est accrue par les menaces d’intervention militaire américaine. Il faut dire qu’en plus du dossier nucléaire, Téhéran continue d’armer le Hezbollah pour affaiblir le régime libanais et alimente la guerre en Irak et à Gaza. Ce régime extrémistes court le risque de soumettre son propre territoire au déluge de feu américain, avec le calcul d'en profiter pour fermer définitivement la bouche à tous ses possibles opposants. Dans la tourmente qui s'annonce, les chrétiens ne seront que des fétus de paille. ■ Lois et règlements doivent être en accord avec l'interprétation actuelle de la charia 16 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 ( I l faut beaucoup de courage pour vivre, en Iran, en disciples du Christ. La détérioration de la liberté religieuse, commencée avec la victoire des partis conservateurs au début de 2004, a continué après l’élection du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2005. Ce dernier a proclamé son triomphe comme une nouvelle révolution islamique. Depuis, "on assiste à une vague croissante de harcèlements, d’emprisonnements et d’agressions physiques contre les minorités religieuses, de descentes dans les églises lors de services religieux, de détentions de fidèles et de responsables d’Église", a déploré Michael Cromartie, président de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale. Les chrétiens sont autorisés à exprimer leur foi à l’intérieur des murs de leurs églises, mais ceux qui sont d’origine musulmane courent un énorme danger. Les Églises ont d'ailleurs l’interdiction de soutenir des croyants d’origine musulmane. Certains ont donc retiré leur soutien à ces frères et sœurs, qui doivent maintenant se réunir en secret. L’islam est la religion officielle de l’Iran : lois et règlements doivent être en accord avec l’interprétation actuelle de la charia. Pourtant, les chrétiens, et notamment les Arméniens, qui sont les plus nombreux, ne baissent pas les bras. L’Église aposto lique arménienne, qui compte trois diocèses en Iran et 110 000 fidèles réunis en 63 communautés, veut engager un dialogue interreligieux avec la République Islamique Eglise catholique de Téhéran, restaurée après un pillage L'Aventurier de Dieu Werenfried van Straaten par Dominique Bar, Guy Lehideux, d'après l'œuvre originale de Jean-Yves Clouzet et Pierdec. FRANCE CATHOLIQUE 24/36 © Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris à suivre... ESPRIT 32 dimanche ordinaire e Premières lueurs sur la Résurrection Martyrs d’Israël (ce qu’on appelait jadis le livre des Macchabées) que nous lisons aujourd’hui est une des pre mières affirmations fortes de la ré surrection des morts. Elle retentit dans un contexte de bouleversement où l’attente séculaire d’Israël est bat tue en brèche : non seulement les justes ne sont pas récompensés, mais c’est l’inverse, ceux qui sont fidèles à Dieu doivent le payer de leur vie. Non seulement la fidélité ne conduit pas au bonheur, mais c’est elle qui cause le malheur ! Dans ce contexte d’extrême tension, on pourrait s’attendre à ce que la leçon soit : d’accord aujourd’hui cela va mal pour vous, mais demain, dans le ciel, vous connaîtrez le bonheur. C’est un peu ce que dit Socrate avant de mourir, condam né par la méchanceté de ses conci toyens : il vaut mieux mourir pour avoir fait le bien que pour avoir fait le mal, je quitte sans regret ce monde passager et décevant pour un monde meilleur. Les sept frères qui sont massacrés pour le respect de leur foi juive ne disent pas tout à fait la même chose. Pour eux, ce n’est pas l’immortalité de l’âme qui les fascine et leur donne du courage, c’est la perspective d’une résurrection. Ressusciter veut dire : "se relever" et la Bible, qui est fort peu spiritualiste, envisage ce relèvement de manière très concrète, comme la reprise des fonctions vitales. Espérer en la résurrection, ce n’est pas imaginer un happy end après le cauchemar, c’est faire confiance à Dieu qui a voulu créer ce monde comme une "bonne chose". Même si notre séjour en ce monde semble rugueux et se terminer par une impasse, Dieu n’est pas à court de moyens pour réaliser autrement ce qu’il a voulu. Sa victoire ne sera pas ailleurs, dans un autre monde, elle est ici-bas avec ce que nous sommes, dans ce corps qui souffre et qu’on peut torturer. Sans doute cela Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour : www.france-catholique.fr ne pourra se faire qu’au prix d’une métamorphose totale, dont nous ne savons ni les temps ni les moyens. Mais Dieu sait. Sur un point au moins l’espérance de Socrate et celle des frères Mac chabées se rejoignent : la certitude d’un jugement. La Résurrection ne se fera pas sans une confrontation avec Dieu, où la vérité de nos vies apparaîtra. On ne conquiert pas l’audelà, on ne se bâtit pas une éternité, on reçoit la résurrection, comme un don. C’est pourquoi il est dit que le persécuteur, lui, "ne connaîtra pas la résurrection pour la vie éternelle". Non pas qu’il ne reprendra pas vie au moment du Jugement, mais en ce sens que cette résurrection ne débouchera pour lui sur aucune vie bienheureuse. Le recours au futur permet de résoudre l’équation du présent. Mais ce n’est pas une fuite, ou un rêve : la résurrection s’appuie sur toute la foi biblique en un Dieu de vie, qui n’a pas créé la mort, qui ne se réjouit pas de la perte des vivants : "Il a créé toutes choses pour la vie ; les créatures du monde sont salutaires ; il n'y a en elles aucun principe de destruction, et la mort n'a pas d'empire sur la terre" (Sagesse 1, 14). Loin de tout soupçon sur la chair, elle croit que Dieu est constant dans ses choix et qu’il n’a pas créé l’homme à la jointure du matériel et du spirituel pour changer d’avis en cours de route et le faire un jour un pur esprit. n Lectures du dimanche 11 novembre. Lecture du second livre des Martyrs d’Israël (7, 1-2.9-14). Psaume 16. Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (2, 16 – 3, 5). Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (20, 27-38) La Résurrection ne se fera pas sans une confrontation avec Dieu ns JADE Les Éditio t le DVD présenten "N’ayez pas peur !" Les Voyages de Jean-Paul II ( L e texte du second livre des par le Père Michel GITTON Durée : 2 heures 20 e À l’occasion du spectacle de Robert Hossein qui souhaite présenter Jean-Paul II dans toute sa vérité à travers une fresque historique exceptionnelle, ce DVD offre deux heures d’images souvent inédites sur les voyages d’un pape qui a marqué son temps. "En étudiant la vie et l’œuvre de Jean-Paul II, je me suis convaincu que, par son charisme, la force de sa foi, sa croyance inébranlable en Dieu et en les hommes, et tout autant sa défense acharnée de la liberté dans le monde, il était l’un des personnages les plus considérables de notre temps." Robert Hossein • Voyage apostolique en Pologne : 8-14 juin 1987 ; Voyage apostolique au Brésil : 12-21 octobre 1991 ; Xes Journées Mondiales de la Jeunesse, Philippines : 10-15 janvier 1995 ; Voyage apostolique à Yaoundé (Cameroun) à l’occasion du synode des évêques pour l’Afrique et à Johannesburg/Pretoria (Afrique du Sud) : septembre 1995 ; XIes Journées Mondiales de la Jeunesse : Paris, 21-24 août 1997 ; Pèlerinage jubilaire en Terre Sainte : 20-26 mars 2000. Éditions Jade, 43 rue de Rennes 75006 Paris, tél. 01.44.50.59.94, fax 01.44.50.59.99. [email protected] 18 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 19 20 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 21 22 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 ASSEMBLEE PLENIERE DES EVEQUES A LOURDES D ans son discours d'ouverture le 3 novembre, Mgr JeanPierre Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la Conférence des évêques de France pour quelques heures encore, a fait un bilan de ses six années de présidence, au cours desquelles ont été mises en places le découpage de la France en neufs régions apostoliques - regroupant les évêchés autour des archevêques métropolitains - et a été ouverte la Maison de la Conférence des évêques, av. de Breteuil à Paris regroupant tous les services des évêques de France. Il a rappelé les grands dossiers ouverts : "Pendant ces six ans, nous avons abordé un certain nombre de dossiers pastoraux : Des temps nouveaux pour l’Evangile, l’avenir de nos Eglises diocésaines, la pastorale du mariage, la catéchèse, la place de l’Eglise dans la société française et notre conception de la laïcité (au moment du centenaire de la loi de séparation de 1905), l’éducatif, l’attention aux différences structurantes dans la société, l’Enseignement catholique, le ministère des prêtres et la vie des communautés chrétiennes. Il y a aussi les dossiers que nous aborderons durant cette présente assemblée. Nous avons eu à parler ensemble de la situation des banlieues, de la pédophilie, de la situation de KTO et de ses liens avec le CFRT, de nos relations avec les groupes traditionalistes et de la perspective de publication prochaine du Motu proprio, libéralisant l’usage des livres liturgiques, en vigueur en 1962." Il est notamment revenu sur la catéchèse qui avait fait l'objet d'un rassemblement de 7000 personnes, la semaine précédente à Lourdes sous le nom d'Ecclesia 2007 : "Nous avons voulu désenclaver la catéchèse du seul domaine de la catéchèse des enfants en la situant bien sur l’horizon de la responsabilité catéchétique de l’Eglise (« une catéchèse à tous les âges de la vie » et « une catéchèse davantage portée communautairement »)". Il a aussi parlé de l'application du Motu proprio qui doit faciliter les célébrations de messes selon l'ancien rite dit de Pie V. Il a enfin rappelé que les évêques français s'étaient, ces der nières années, penchés sur différentes questions de société : bioéthique, écologie, déclin démographique, mondialisation... et qu'ils avaient eu le souci d'améliorer leurs relations avec l'Etat. Il a ensuite donné le programme de travail de cette assemblée : 1) Ministère des prêtres et vie des communautés chrétiennes Nous poursuivons là le travail d’un dossier déjà abordé l’an dernier en assemblée. La diminution du nombre des prêtres amène à répartir le travail sur ceux qui restent. La surface géographique du territoire pastoral confié à un prêtre devient de plus en plus étendue. Nous percevons que nous ne pourrons plus continuer longtemps dans cette logique. Se pose non seulement le problème de l’équilibre de vie des prêtres (humain, intellectuel et spirituel) mais aussi de l’équilibre ministériel : comment peut-on être un pasteur proche si on est toujours en train de courir entre deux réunions ? Faut-il que toute la vie ecclésiale soit centralisée autour du prêtre ? Que faire devant le poids de la demande sacramentelle présente dans certains secteurs ? Il est évident qu’on ne peut répondre à ces questions sans resituer les prêtres au sein d’un presbyterium et au sein des communautés chrétiennes qu’ils sont appelés à servir. Un certain nombre de prêtres se sont exprimés sur ces questions. Mais, ils attendent de nous maintenant une écoute, une prise en compte et des propositions. 2) La formation des futurs prêtres Cette question n’est pas sans lien avec ce qui vient d’être évoqué. Notre préoccupation est bien celle-ci : comment accueillir des jeunes, tels qu’ils sont aujourd’hui, avec leur histoire, leur expérience précédente, leur aspiration spirituelle, leur générosité et leurs fragilités, et les préparer à être les prêtres diocésains aujourd’hui, pour le service d’une Eglise et d’une Evangélisation qui ne sont plus celles d’il y a vingt, trente ou quarante ans ? A quoi doit-on être attentif dans leur accompagnement, dans la façon de voir leur formation humaine, intellectuelle, spirituelle et pastorale ? Quelles incidences institutionnelles tout cela a-t-il quand on pense au fonctionnement d’un séminaire aujourd’hui ? Notre assemblée bénéficie de l’expérience de beaucoup d’entre nous en ce domaine. Cela devrait contribuer à la richesse de nos échanges. Qui ne voit que parler de séminaires et de séminaristes renvoie automatiquement à la pastorale des vocations, et en particulier des vocations au ministère presbytéral. Nous savons bien que sur ce point nous n’avons pas à relâcher notre attention, bien au contraire. Nous avons à redire chaque jour ce que Pierre répond dans l’évangile à Jésus : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » (Lc 5, 5) 3) Catholiques et musulmans dans la France d’aujourd’hui Nous poursuivons aussi sur ce dossier une réflexion commen cée l’an dernier. Le titre dit bien l’axe de notre travail. Il ne s’agit pas d’abord d’une approche théorique des rapports entre Christianisme et Islam. Certes, les questions fondamentales ne seront pas éludées, mais ce sont davantage les questions pratiques des rencontres entre individus ou entre groupes sociaux qui seront privilégiées. Il s’agit de prendre en compte, non plus une religion de travailleurs immigrés en transit dans notre pays mais bien l’inscription de l’Islam dans le paysage français, avec tous les problèmes pratiques que cela pose. Comme Eglise catholique, nous sommes invités à entrer en dialogue avec des musulmans et leurs organisations et en même temps nous sommes confrontés à tous ceux qui, au sein de notre société française, ont peur de l’Islam, ou tout au moins de certaines de ses formes. Les fiches de travail qui nous ont été communiquées balisent bien les lieux où se vit cette rencontre entre catholiques et musulmans et les questions qui en surgissent. Nous sentons qu’il nous faut tenir ensemble dans une attitude qui se veut pleinement fidèle à l’Evangile : accueil, connaissance mutuelle, discernement, respect, dialogue et évangélisation. **** L’Assemblée plénière des évêques de France a élu, le 5 novembre, président de la Conférence des évêques Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris. Elle a élu vice-présidents Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Chambéry et évêque de Maurienne et Tarentaise. FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 23 ŒCUMENISME EGLISE DIALOGUE ENTRE CATHOLIQUES ET ORTHODOXES Le document de La Commission Mixte internationale de dialogue théologique entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe a tenu à Ravenne, du 8 au 15 octobre dernier, sa dixième session plénière. Elle a poursuivi ses travaux, commencés à Belgrade en 2006, sur "Les conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Église". Un document portant ce titre est rendu public ces jours-ci. Il sera sans doute cité souvent sous le nom de Document de Ravenne. Il fait suite aux documents de Munich (1982), Bari (1987), Valamo (1988) et Balamand (1993). P ( Mgr Daucourt est membre de la Commission Mixte Internationale de dialogue entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes © DIOCESE DE NANTERRE our saisir la portée du Do cument de Ravenne, il est nécessaire de rappeler le but du dialogue entre catholiques et orthodoxes, sa méthode et ses premiers fruits. En 1980, un plan avait été établi pour la mise en route de ce dialogue. Il spécifie : "Le but du dialogue entre l’Église catholique ro maine et l’Église orthodoxe est le réta blissement de la pleine communion entre ces deux Églises." Pour la méthode, il était indiqué : "Le dialogue doit partir des éléments qui unissent les Églises or thodoxe et catholique romaine. Cela ne signifie nullement qu'il est désirable ou même possible d'éviter les problèmes qui divisent encore les deux Églises. Ce la signifie seulement que l'amorce du dialogue doit se faire dans un esprit positif et que cet esprit doit prévaloir dans le traitement des problèmes qui se sont accumulés lors d'une séparation de plusieurs siècles." On jugea alors que l'étude des sacrements était propice pour commencer positivement le dialogue. À l’issue de la session de Munich, les membres de la Commission exprimèrent ensemble leur foi dans un document : Le mystère de l’Église et de l'Eucharistie à la lumière du mystère de la Sainte Trinité. Poursuivant leurs travaux, ils purent publier le document de Bari sur Foi, Sacrements et Unité de l’Église, puis celui de Valamo sur Le sacrement de l'Ordre dans la structure sacramentelle de l'Église – en particulier l'importance Ne pas exiger plus que ce qui a été vécu pendant le premier millénaire 24 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 de la succession apostolique pour la sanctification et l'unité du peuple de Dieu. Modifiant son programme initial, la Commission a abordé, à Balamand, la question de L'uniatisme, méthode d'union du passé, et la recherche actuelle de la pleine communion. La progression normale du dialogue a repris en 2006. Sur la base des affirmations communes qu'ont permises ses précédents travaux, la Commission s'est demandée comment la nature sacramentelle de l’Église se manifeste. Au terme de deux sessions plénières, elle peut aujourd'hui publier le Document de Ravenne : Conséquences ec clésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Église. Ce Document aborde, dans une pre mière partie, les fondements de la di mension conciliaire (ou synodale) et de l'autorité dans l’Église. Dans sa deuxième partie, il présente la triple actualisation de cette dimension conciliaire et de cette autorité : au niveau local, régional et universel. La dimension conciliaire manifeste d'abord que chaque membre de l’Église exerce une forme d'autorité dans le Corps du Christ. Dans ce sens, tous les fidèles (pas seulement les évêques) sont responsables de la foi professée à leur baptême (N°7). En ce qui concerne l'autorité, on peut lire : Dans l'Église, l'autorité appartient à Jésus-Christ luimême, unique Chef de l’Église… L'autorité liée à la grâce reçue dans l'ordination n'est pas le bien privé de ceux qui la reçoivent, ni quelque chose qui leur est délégué par la communauté ; au contraire, c'est un don de l'Esprit Saint destiné au service de la communauté et qui ne s'exerce jamais en dehors d'elle. Son exercice comprend la participation de toute la communauté, l'évêque étant dans l’Église et l’Église dans l'évêque (cf. saint Cyprien, Ep. 66, 8). Le contenu des termes conciliarité (synodalité) et autorité étant complexe, le Document de Ravenne en donne des éléments essentiels. Il répond alors à Ravenne ces questions : comment les éléments institutionnels de l’Église manifestentils et servent-ils visiblement le mystère de la communion ecclésiale ? Comment les structures canoniques des Églises expriment-elles la vie sacramentelle de celles-ci ? Un premier regard est alors porté sur l’Église locale réunie par l'Eucharistie présidée directement par son évêque ou à travers ses prêtres. La collaboration des prêtres et des diacres, la participation active des laïcs, la tenue de synodes et d'autres structures de collaboration (par exemple, chez les catholiques, le conseil presbytéral, le conseil diocésain de pas torale, etc.) manifestent la dimension synodale de l’Église locale. Toutefois, la dimension synodale implique également tous les membres de la communauté dans l'obéissance à l'évêque qui est le "protos" et le chef (képhalè, en grec, veut dire la tête) de l'église locale. (N°20) "Protos", en grec, veut dire premier. Il ne s'agit pas ici d'une question de protocole, mais d'une autorité s'exerçant par celui qui, par la grâce de l'ordination, a été institué pour tenir la place du Christ, Tête de son peuple, et participer ainsi à son autorité s'exerçant dans la forme du service. La communion ecclésiale ne se ma nifeste pas seulement au niveau du dio cèse. La catholicité de l’Église requiert que se manifeste aussi la communion des autres Églises locales (diocèses) entre elles au niveau régional. Au cours des siècles, une telle communion a été exprimée par plusieurs pratiques souvent codifiées. Dans l’Église catholique, on peut citer ac tuellement les Conférences épiscopales ou les assemblées provinciales d'évêques. Mais la communion se manifeste aussi au niveau régional par des synodes ou des conciles provinciaux ou nationaux et par l'exercice de l'autorité de celui qui, à ce niveau régional, est reconnu "le premier" parmi les évêques (métropolite, archevêque métropolitain, primat, etc.). La référence la plus fréquente à cette réalité est le canon apostolique 34 cité intégralement dans le document de Ravenne. Ce canon demande que les évêques d'une région ne fassent rien sans le consentement de celui qu'ils reconnaissent comme "le premier" d'entre eux, mais que lui-même ne fasse rien sans le consentement de tous. Ceci va s'appliquer aussi au niveau universel : la communion doit s'y exprimer par les conciles œcuméniques et par la com munion entre tous les évêques et en par ticulier entre les patriarches et "le premier" d'entre eux qui est l'évêque de Rome. C'est ce que reconnaissent ensemble les membres de la Commission. Ils sont donc convaincus que leur accord sur la communion ecclésiale, la conciliarité et l'autorité représente une avancée positive et significative de leur dialogue et qu'il fournit une base solide pour les futures discussions sur la question de la primauté au niveau universel de l’Église (N°46). Le thème de leur prochaine session sera donc : "Le rôle de l'évêque de Rome dans la communion de l’Église au premier mil lénaire." Le Cardinal Ratzinger, alors qu'il était professeur de théologie puis lorsqu'il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a affirmé que pour rétablir la pleine communion avec l’Église orthodoxe, nous ne devrions pas exiger d'elle plus que ce qui a été vécu pendant le premier millénaire. (1) Dans son encyclique Ut unum sint, le pape Jean-Paul II a invité à deux reprises (N°55 et 61) à s'inspirer de l'expérience du premier millénaire pour rétablir la pleine communion entre l'Orient et l'Occident. On mesure donc l'importance des futurs travaux de la Commission. Le Document de Ravenne est un do cument d'accord entre des théologiens dûment mandatés par les deux Églises. Il n'est pas un document officiel d'accord théologique ratifié par les deux Églises mais, dès maintenant, il peut aider tous les catholiques et tous les orthodoxes à mieux vivre la communion ecclésiale. Nous, catholiques, nous pouvons le lire pour vérifier comment notre pratique de D.R. par Gérard DAUCOURT, évêque de Nanterre la synodalité et de l'autorité nous permet d'exprimer la nature sacramentelle de l'É glise et de vivre son mystère de communion dans le diocèse, la Province ecclésiastique, etc. L'articulation entre autorité au niveau universel et synodalité concerne le minis tère du Pape, mais aussi les relations entre ses proches collaborateurs (Curie, nonciatures) et les diocèses et Conférences épiscopales. Laïcs, diacres, prêtres et évêques doivent s'interroger tout autant, car on peut repérer dans notre Eglise en France des courants qui, soutenus par des mouvements divers et des revues, entretiennent le complexe anti-romain et critiquent systématiquement ou re fusent ce qui vient de Rome. Des courants contraires, eux aussi soutenus par des mouvements et revues, "court-circuitent" la synodalité locale ou régionale et l'autorité de l'évêque ou de la Conférence épiscopale, en se référant toujours de préférence directement à Rome. Ces divers courants créent ainsi des déséquilibres dans la pratique des moyens que donne l'Esprit pour vivre la communion ecclésiale. Dans Ut unum sint, le pape JeanPaul II disait qu'il priait l'Esprit Saint d'éclairer les pasteurs et théologiens des Églises, afin que nous puissions chercher évidemment ensemble les formes dans lesquelles le ministère de l'évêque de Rome pourra réaliser un service d'amour reconnu à nouveau par les uns et par les autres (N°95). Le Document de Ravenne apporte une contribution importante à cette recherche. n (1) Voir Primauté et épiscopat, in "Le nouveau peuple de Dieu" (Aubier, 1971) p. 68. FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 25 HISTOIRE EGLISE Entretien avec Bernard Quilliet Grâce et Libert L’acharnement thé Le feuilleton de la querelle la grâce ou plus à la liberté. Alors qu’on dit souvent que tout est rigide dans le sur les rapports de la liberté catholicisme, on voit là une latitude accordée aux fidèles. Peut-être parce humaine et de la grâce pouvait pas faire autrement… divine a son historien, qui qu’onLesneplus grands théologiens se sont sait en révéler clairement donc contentés de dire : « J’attribue plus la grâce, j’attribue plus à la liberté. » bien des saveurs amères. àCela est bien résumé par Bossuet, re n Bernard Quilliet, avec dix-huit siècles de débats théologiques sur les rôles respectifs de la grâce de Dieu et de la liberté humaine dans l’économie du salut, c’est la pesanteur des querelles qui l’emporte… En quoi la grâce divine est-elle toute puissante sans altérer la liberté ? La dif ficulté du problème explique l’acharne ment des discussions. Grâce et liberté, l’intelligence humaine ne peut pas voir l’articulation profonde qu’il y a entre les deux. Et dans l’histoire de l’Eglise, face aux polémiques, en particulier au XVIIe siècle entre jansénistes et jésuites, les papes interviennent pour dire : « Main tenant, halte ! Nous ne discutons plus de cette question, car elle est inaccessible à l’intelligence humaine. » Mais au bout de peu de temps, les uns et les autres reprennent leurs querelles avec le même acharnement… Le Concile de Trente a énoncé les limites à ne pas franchir. Le décret du 12 janvier 1547 rappelle l’impossibilité d’adhérer aux thèses de Pélage, qui donne tout à la liberté et, de fait, rien à la grâce. Le Concile interdit aussi d’aller jusqu’à Calvin, qui donne tout à la grâce et, pratiquement, rien à la liberté. Mais entre ces deux interdictions, l’Eglise a laissé aux fidèles la possibilité d’accorder dans l’œuvre du Salut plus à ( commandant de tenir les deux bouts de la chaîne sans chercher à trouver une définition tout à fait satisfaisante d’une articulation entre deux termes apparemment antithétiques. Mais certains sont allés plus loin, en particulier Thomas d’Aquin, qui en s’interrogeant sur la science de Dieu, dis tingue en Lui la « science de vision » et la « science de simple intelligence ». La première permet à Dieu de voir tout ce qui se passera réellement. La seconde lui permet de voir l’infinité des possibles. Le fort estimable jésuite Molina pro pose, lui, une formule intermédiaire entre « science de vision » et « science de simple intelligence », la « science moyenne ». Dans l’infinité des possibilités, Dieu laisse l’homme user de sa liberté, mais sait à l’avance ce que l’homme choisira, sans toutefois dicter ce choix. On touche ici à une différence entre Augustin et Thomas d’Aquin, qui est re prise par Molina. Augustin a introduit la notion de temps en philosophie, dans la succession linéaire du passé, du présent et de l’avenir. Thomas va plus loin, et cela donne plus de liberté à l’homme. Il dit que Dieu sachant tout, voit en même temps le passé, le présent et l’avenir, de façon synthétique. Il est alors plus facile pour Molina d’introduire sa notion de science moyenne. Mais cette conception de Molina a été contestée, et a même failli être condamnée par l’Eglise… On a dit que l'augustinisme est le ventre d'où sont sorties les pires hérésies 26 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 n Au commencement de la querelle, Pélage et son continuateur Célestius, plus radical que lui, et puis, en réaction, saint Augustin… D’après Pélage, « l’homme peut, s’il en a le vouloir, s’exempter du péché »… en vertu d’une liberté complète. Cette conception vient à rompre avec la notion du péché originel, et à vider de son contenu celle de la rédemption. Cette manière de voir n’est-elle pas revenue sur le devant de la scène ces dernières décennies ? Le malheur de Pélage est d’avoir eu des disciples qui ont forcé sa pensée… Et il a eu Augustin d'Hippone en face de lui. Depuis le concile de Carthage, Pélage est déclaré hérétique. Que la conception pélagienne soit de retour en Occident ces derniers temps, oui, je le crois. n Car la notion de péché originel semble souvent oubliée… Les Lumières sont passées par là… La conception de l’œuvre du salut en a été affectée. Quand on parle de la grâce, beaucoup de gens pensent à la grâce universelle. n D'où une faible fréquentation du sacrement de la réconciliation… On dit que Dieu est bon, et on s’en tient là… n A l’inverse de Pélage, Augustin considère que toute bonne action humaine est le fruit d’un don divin, et il fonde son système sur la toute-puissance de la grâce, la réa lité du péché originel et la notion de pré destination… Mais cette idée de la pré destination n’est-elle pas devenue une racine de dérives théologiques, jusqu’au calvinisme, et au jansénisme parti en guerre contre les positions des jésuites ? Professeur émérite à l'université de Paris-VIII, Bernard Quilliet est l'auteur de très nombreux ouvrages historiques. propos recueillis par Denis LENSEL é ologique Benoît XVI est un spécialiste de saint Augustin. En France, beaucoup sont ve nus à cet auteur spirituel grâce à la qua lité littéraire des Confessions, mais la théologie de saint Augustin parle moins à l’homme du XXe siècle que la théologie des jésuites. La notion de prédestination est en général conçue ainsi : Dieu sait dès le départ qui il sauvera et qui il réprouvera parmi les hommes. Mais chez Augustin, il en va autrement : il s’agit de la prédes tination des saints à la gloire. Quant au sort des autres hommes, Augustin n’était pas loin d’affirmer aussi la prédestination des réprouvés. Mais avec une grande honnêteté, à la fin de sa vie, il reconnaît avoir évolué sur ce sujet. Malheureusement, certains ont affir mé que des hommes étaient prédestinés par Dieu à l’enfer. On a dit, de façon ex cessive, que l’augustinisme est le ventre d’où sont sorties les pires hérésies ulté rieures. J’appelle « fils dénaturés de saint Augustin », d’abord Luther et encore davantage Calvin, et sa postérité, qu’on retrouve aujourd’hui chez les « évan géliques » américains, et puis ceux qui vont aller le plus loin, les jansénistes. Calvin forçait la pensée de saint Augustin, avec une tendance fataliste prononcée. Quant aux jansénistes, leur pensée s’est développée à partir de l’Au gustinus de Janssen, dit Jansénius, un ancien élève des jésuites en rupture de ban, - un texte énorme rédigé en latin et jamais traduit - et des écrits du Grand Arnauld. Plusieurs lecteurs de Jansénius ont constaté qu’il avait déformé la pen sée de saint Augustin dans un sens plus radical. Proche collaborateur et ami de Jan sénius, l’abbé de Saint-Cyran a été pra © Denis LENSEL n Les disciples de saint Augustin ont-ils dé formé sa pensée ? tiquement un co-auteur de l’Augustinus. Quant au Grand Arnauld, auteur de nombreux textes, il extrapole aussi la pensée d'Augustin, mais plutôt dans des applications pratiques, comme si tout avait déjà été dit sur le plan théologique. Pascal se défaussera en conseillant de recourir à la lecture de l’interminable Augustinus comme un livre qu’il prétend facile à lire, alors qu’il ne l'a lui-même probablement pas lu… tout en estimant que les erreurs et déformations qu’on impute à cet ouvrage n’y figurent pas ! n Au XIIIe siècle, Thomas d’Aquin a fait le tour de cette question-cactus de la liberté humaine et de la grâce divine. Vous dites qu’il a trouvé une « prudente solution », et vous évoquez la notion de grâce « ponctuelle » et que si l’homme possède le libre arbitre, celui-ci est d’essence divine, sachant que Dieu « jouit aussi du libre arbitre ». Thomas soulignait la nécessité pour l’homme de collaborer à la grâce divine. Pourquoi les gens d’Église ne s’en sont-ils pas tenus à cette prudente solution thomiste ? Certes, le thomisme a été défini par Léon XIII à la fin du XIXe siècle comme philosophie principale de l’Église mais, entre-temps, des penseurs catholiques plus augustiniens que Thomas d’Aquin l’ont écarté de leur chemin. Le thomisme a même été combattu par l’Université de Paris et par les Franciscains… n Orgueil intellectuel… ? Probablement, sans oublier des riva lités de personnes, et plus simplement une certaine diversité de réflexion… Dès l’époque de saint Thomas, il existait un FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 27 HISTOIRE autre inspirateur, saint Bonaventure. Quant à la conception thomiste de la grâce, quand je parle de grâce « ponc tuelle », il s’agit de la « grâce actuelle » évoquée par Thomas d’Aquin, c’est-à-dire non pas celle d’aujourd’hui, mais la grâce qui détermine les actes. n Luther est arrivé avec son système, mais Erasme a été amené à lui répondre bon gré, mal gré… Puis Luther a répliqué par un traité intitulé « Du serf arbitre ». Les « fils dénaturés de saint Augustin » ont « une sorte de fond commun », à savoir l’idée « que le fait d’adhérer à une certaine religion fait de vous, presque automatiquement, un élu »… Face à un Luther très offensif, Erasme a utilisé son savoir de lecteur d’Origène après avoir appris le grec, une langue que saint Augustin lui-même ne connaissait presque pas… Et Origène, théologien de l’École orientale, était un penseur de la liberté. Quant à l’idée de se considérer comme un élu de Dieu, elle a été condamnée par le Concile de Trente. n Voilà en effet que Rome, non sans peine, organise le Concile de Trente et lance la Contre-Réforme… Pourquoi cette initiative n’a-t-elle pas éteint la querelle théologique ? Ce concile a laissé une latitude entre deux limites. Mais cette prudence a peutêtre eu un effet contraire à la pacification espérée, en laissant un champ libre à de nouvelles polémiques… n Et voilà qu’arrivent les probabilistes, les casuistes et les laxistes... Le probabilisme s’interroge sur le bien-fondé d’une décision, en se de mandant jusqu’où elle est acceptable et à partir de quel point elle ne l’est plus. C’est une sorte d’atténuation des décisions du magistère. La motivation de cette attitude consiste à donner priorité aux soucis de la pastorale, et à éviter de se montrer pointilleux, afin de sauver le plus grand nombre possible d’âmes. Cette attitude se situe évidemment loin de la notion de prédestination… Les autres sont mieux connues. ( n Face à la Compagnie de Jésus, et sa ca suistique, le courant janséniste reprend la bataille. Cette guerre intestine n’a-t-elle pas laissé de graves séquelles ? Certains casuistes avaient atteint des positions caricaturales, notamment en matière de morale sexuelle, mais avec une totale bonne foi et les meilleures intentions… Rappelons qu’un François de Sales a lui-même emprunté les chemins de la casuistique, cela notamment dans le but de ramener dans le giron de l’Église catholique les âmes passées au protestantisme. Il fallait leur présenter une image avenante de la religion. Le courant de l’« humanisme dévot » chrétien a suivi la même voie. Concernant la grâce, les jansénistes vont disparaître sans gloire dans le cou rant du XIXe siècle. C’est la fin d’une pensée qui s’appauvrit, s’aigrit et se sclé rose. - La grâce dans l'Ancien Testament - La grâce dans le Nouveau Testament - La grâce dans les premiers temps de l’Église - Le défi pélagien - La réplique augustinienne - L'augustinisme face à de premières réticences - Rétrécissement du domaine de la lutte (VIe-XIIIe s.) - La prudente solution thomiste - Trouble et confusion à la fin du Moyen Âge - Erasme et le libre arbitre - Les fils dénaturés de saint Augustin et le serf arbitre - La sagesse tridentine - Du bon usage de la latitude conciliaire - Probabilistes, casuistes, laxistes - L'humanisme dévot - Résistance au molinisme, naissance du jansénisme - Prémices d'un conflit majeur - Au plus fort de la lutte - Un apaisement provisoire - Ultimes crispations et solution finale - Le XVIIIe siècle - Le XIXe siècle (1789-1914) - L'époque récente Bernard Quilliet, L’acharnement théologique, Histoire de la grâce en Occident IIIe-XXIe siècles, éd. Fayard, 700 pages, 30 €. La discussion va redémarrer entre jésuites et dominicains, ces derniers n’é tant certes pas jansénistes, mais sou haitant redonner une plus grande place à la grâce. De nouvelles polémiques ont éclaté entre revues théologiques, Les Études contre la Revue thomiste. Que la querelle sur la liberté et la grâce ait continué, oui, mais sous Les jansénistes vont disparaître sans gloire dans le courant du XIXe siècle 28 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 d’autres formes, en particulier entre des catholiques de sensibilité traditionnelle et d’autres qui, sans le savoir, ont repris la tradition jésuite. Chez les seconds, certains ont estimé d’une façon presque kantienne qu’il faut avant tout faire son devoir, et que Dieu s’y retrouvera bien, sans qu’on ait eu tellement besoin de penser spécifiquement à Lui… n Dans quelle mesure l’opposition entre gallicans et ultramontains a-t-elle interféré dans la querelle entre jésuites et jansénistes sur la liberté et la grâce ? Chez les jésuites, il y avait le 4e vœu, celui de l’obéissance au Pape, dans un esprit certes ultramontain. Quant aux jansénistes, au XVIIe siècle, ils ne sont pas forcément assimilables aux gal licans : certains se sont fréquemment plaints auprès de Rome de la « dureté » des jésuites à leur égard… En outre, à l’inverse, à la fin du XVIIe siècle, il y a eu un Pape, Innocent XI, qui était considéré comme jansénisant. n Innocent XI a bataillé contre Louis XIV… Et au XXe siècle, il sera béatifié par Pie XII. Quant aux jansénistes, ils vont passer peu à peu du terrain théologique à une sorte de solidarité clanique avec PortRoyal, aussi par opposition au pouvoir royal. Au XVIIIe siècle, un affaiblissement du pouvoir du Saint-Siège va profiter aux gallicans. n Au moment de la Révolution française, certains jansénistes, comme l’abbé Grégoire, artisan de la Constitution civile du clergé et évêque constitutionnel avant de devenir un des pèlerins de Port-Royal des Champs, n’ont-ils pas été tentés de prendre leur revanche sur le catholicisme ultramontain lié aux jésuites devenus ennemis héréditaires, et sur une monarchie s’étant montrée trop répressive sous Louis XIV ? Plus encore que Grégoire, un certain Camus, à la fois janséniste et gallican, a en effet vengé à sa façon Port-Royal, même si la Constitution civile du clergé était dictée de ce côté par des sentiments authentiquement catholiques dénués de toute hostilité à l’Eglise… Et malgré une volonté concomitante de destruction du catholicisme manifestée lors de la Révolution, le catholicisme a survécu, mais pas le jansénisme… n CINÉMA Dans la vallée d’Elah DARLING Un jour, Hank, un ancien membre de la police militaire, apprend que son fils, parti combattre en Irak, a disparu alors qu'il était de retour au pays pour sa première permission. Lorsque le corps de son fils est retrouvé, Hank tente de comprendre ce qui s'est passé. La rentrée cinématographique est marquée par les nombreuses œuvres engagées en provenance de Hollywood. Paul Haggis a choisi d'évoquer la guerre en Irak à travers le parcours de ce père en quête de vérité, face au silence de l'armée. Si le récit est habilement mené et l'interprétation digne de louanges, certaines questions soulevées par l'intrigue auraient pu être davantage explorées, et le portrait de l'armée manque de nuances. Le film montre que ces soldats, qui ont subi des souffrances physiques et psychiques, ont besoin d'être entourés et encadrés. Mais la vision du cinéaste est monolithique. Des scènes dures et un langage assez cru. M.-L. R. Drame américain (2007) de Paul Haggis, avec Tommy Lee Jones (Hank Deerfield), Charlize Theron (Emily Sanders), Jason Patrick, Susan Sarandon (2 h). (Grands adolescents). Sortie le 7 novembre 2007. L’heure zéro Camilla Tressilan est retrouvée assassinée dans son vieux manoir breton. Pascal Thomas signe une brillante adaptation du roman d'Agatha Christie. Une atmosphère mystérieuse, une palette de suspects potentiels, un récit riche en coups de théâtre, tout est mis en place pour éveiller la curiosité du spectateur. Toute la lumière sera faite sur cette sombre affaire. Un bref flash sensuel. M.-L. R. Policier français (2007) de Pascal Thomas, avec François Morel (le commissaire Martin Bataille), Danielle Darrieux (Camilla Tressilian), Melvil Poupaud (1h47). (Grands adolescents) Sortie le 31 octobre 2007. Le silence des blessures par Marie-Christine RENAUD d’André Cette Un film qui n'est pas sans rappeler le cinéma social anglais, dont Ken Loach est le représentant le plus connu. L e cinéma est un divertissement, mais aussi l'art qui peut nous amener au plus près de la réalité, dans ce qu'elle a de lumineux comme dans ses parts les plus sombres. Le nouveau film de Christine Carrière nous invite à découvrir une histoire que nous préférerions ne pas voir, tant elle porte les stigmates de l'injustice, et de la souffrance. Mais le film ne tombe jamais dans le misérabilisme, car il est porté par une énergie, un hu mour et une poésie qui sauvent le per sonnage d'une réalité trop sordide. Catherine a grandi dans une famille paysanne de Basse-Normandie et a été élevée à la dure, sans marque d'amour ni d'affection. Quand elle sera grande, elle ne veut pas devenir «pay sante». Mais depuis son mariage avec Roméo, le routier, sa vie est devenue un cauchemar. histoire s'inspire de faits authentiques que Jean Teulé a racontés en détail dans son ouvrage intitulé Darling. Un jour, une cousine éloignée est venue lui confier tous les maux de son existence et, à travers son livre, l'écrivain a voulu prêter ses mots à ses souffrances anonymes. En racontant l'histoire du point de vue de l'héroïne, Christine Carrière affuble le récit d'un mélange de ( Guillaume Canet incarne le rôle très difficile du mari, dont il se sort avec brio tendresse et d'autodérision. Marina Foïs apporte beaucoup de justesse à son personnage. Les humiliations subies par Catherine sont filmées avec un souci de pudeur. L'héroïne force l'admiration par son courage, même si elle n'a pas toujours fait preuve de discernement. Le film montre bien, à travers ce personnage de mal-aimée, que l'amour est une grâce de tous les instants. ■ Darling. Drame français (2006) de Christine Carrière, avec Marina Foïs (Darling), Guillaume Canet (Roméo), Océane Decaudain (Catherine, Darling petite), Anne Benoît (Suzanne, la mère), Marc Brunet (Georges, le père), Chantal Clément (Sissi Duparc, la boulangère), Hervé Lassince (Vincent Blandamour) (1h33). (Adultes). Sortie le 7 novembre 2007. Les promesses de l’ombre Un soir de Noël, une jeune femme décède à la suite de son accouchement, sans laisser d'identité... Cette œuvre impressionnante, qui nous plonge dans les arcanes de la mafia russe, est habilement menée et le scénario ne manque pas de brio. Quant à l'interprétation, elle se révèle prodigieuse. Mais le propos du film donne le sentiment qu’il manque un peu d'authenticité. Le personnage d'Anna est positif. Mais l'on déplore de nombreuses scènes complaisantes, qu'elles soient érotiques ou d'une très grande violence. Marie-Lorraine Roussel Thriller américain (2007) de David Cronenberg, avec Viggo Mortensen (Nicolaï), Naomi Watts (Anna), Vincent Cassel (Kirill), Armin Mueller-Stahl (Semyon), Jerzy Skolimowski (Stepan Khitrov), Donald Sumpter (Yuri), Sarah-Jeanne Labrosse (Tatiana), Gergo Danka (le jeune serveur russe), Michael Sarne (Valery Nabokov) (1h40). (Adultes). Sortie le 7 novembre 2007. FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 29 expositions Bibliothèque Forney Poulbot par Alain SOLARI affichiste Le nom de Francisque Poulbot évoque surtout "le petit Poulbot", gamin de la butte Montmartre. La Bibliothèque Forney fait revivre l’affichiste. Visite dans le Paris de l’entre-deux guerres. Q ui ne connaît, aujourd’hui encore, le petit Poulbot, gamin espiègle de la butte Montmartre, héritier de Gavroche ? Mais qui se souvient de son créateur : Francisque Poulbot (1879–1946) ? La Bibliothèque Forney rend hommage, avec plus de 130 affiches, au talent du graphiste et du dessinateur, mais aussi à l’homme de cœur. L’affichiste, né à Saint-Denis, est réformé en 1915 pour cause de maladie osseuse. Il va néanmoins servir son pays à sa façon, sans agressivité dans le dessin, mais avec patriotisme. "Grande matinée de bienfaisance, Montjoie Saint-Denis", lit-on sur une lithographie "au profit des mobilisés et de leurs familles de la ville de Saint-Denis" (1916). Poulbot dessine sa première affiche à 19 ans. Intéressées par le thème de l’enfant, de nombreuses marques vont le solliciter pour leur publicité. "Et maintenant, vive le jouet français !", proclame en 1919 une affiche du Bon Marché. Celle qui vente le "Biberon Pyrex" est de 1929. Après le premier conflit mondial, Poulbot crée © ADAGP Arbre de Noël, Les Fratellini. 1922. H. Chachoin, Paris. 116 x 75cm (Fonds M. Gouvernon) La petite chocolatière. 1909. Publicité Wall, Paris. 100 x 95 cm (Fonds M. Gouvernon) © ADAGP © ADAGP Cirque Médrano, les Fratellini. Sans date. Édition Publicitas, Paris. 67 x 315 cm (Fonds M. Gouvernon) 30 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 en 1921, avec des amis artistes, la République de Montmartre. Deux ans plus tard, il met en place le Dispensaire des Petits Poulbots "… pour faire le bien dans la joie". L’homme croit aux vertus du rire et de la solidarité pour affronter les épreuves de la vie. A Montmartre, il organise des fêtes de Noël avec de grands artistes (les Fratellini, Gabin, Mistinguett…). Dans les années 20 et 30, plusieurs affiches sont consacrées à l’arbre de Noël pour les gosses de la Butte, au Moulin de la Galette ou au Moulin Rouge. Francisque Poulbot attire aussi l’attention sur les problèmes immobiliers (déjà…). "Aidez la Ligue Nationale contre le Taudis", demande-t-il par voie d’affiche en 1938. Les grandes affiches panoramiques, créées pour annoncer les romans-feuilletons publiés dans la presse quotidienne, constituent un autre versant du talent de Poulbot. "Le Journal" fait notamment appel à lui. "Arsène Lupin… grand roman inédit par Maurice Leblanc" ou "Aux Bat. D’AF." par Aristide Bruant illustrent un genre où le graphisme de Poulbot s’éloigne des enfants gouailleurs. On y trouve un luxe de détails, un sens de la foule, une dramatisation aptes à attirer le chaland. Poulbot a également conçu des affiches pour des spectacles. Rien qu’entre 1900 et 1910, on en relève 7 pour le théâtre, le cirque ou le music-hall. En 1944, sa dernière affiche illustrait "la Cage aux Rossignols", un film dont la vedette était Noël-Noël et qui n’est autre que la première version des "Choristes". C’est un univers de tendresse, d’humour et de poésie qui domine l’exposition de la Bibliothèque Forney. Elle rend hommage à la diversité du talent de dessinateur et à la générosité de Francisque Poulbot. ■ "Francisque Poulbot affichiste", jusqu’au 5 janvier 2008, à la Bibliothèque Forney, Hôtel de Sens, 1 rue du Figuier, 75004 Paris, tél. 01.42.78.14.60. Du mardi au samedi (13h30-19h). Fermetures 11 novembre, 25 décembre et 1er janvier 2008. Texte de A. de Palmaert Dessins de Palmar La vie de Jacques Sevin 5/40 sac au dos sans trêve... © Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - 01 42 41 37 75 FRANCE CATHOLIQUE à suivre... théâtre Théâtre de l’œuvre Descartes ou Pascal par Alain SOLARI Avec "l’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune", le Théâtre de l’Œuvre nous livre à travers le texte exigeant de J.C. Brisville, un spectacle d’une haute tenue. 32 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 D.R. L a rencontre entre Descartes et Pascal est historique : le premier, au soir de sa vie, avait alors 51 ans ; le second, à 24 ans, était déjà malade. Leur entretien, au couvent des Minimes, eut lieu à huis clos le 24 septembre 1647. On en sait donc peu de chose. Il a fallu à Jean-Claude Brisville imaginer l’essentiel de leur dialogue. Et pourtant, son "Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune", est convaincant malgré quelques imperfections. Il est vrai que les interprètes, Daniel et William Mesguich, ne sont pas des débutants. Il y a, chez les deux personnages, tout à la fois de la fascination réciproque et des points de vue opposés. Pascal est, dans la pièce de Brisville, un personnage intransigeant, mystique, tourmenté, hanté par la mort (il mourra jeune, même pour l’époque). "Si mon âme ne tremblait pas, mon corps serait peut-être moins malade", lui fait dire l’auteur de la pièce. Ou encore : "j’ai déjà donné trop de moi-même à la science… on meurt quand Dieu le veut". Il y a chez lui une exaltation de la souffrance, un dolorisme très présent. A l’opposé, Descartes, rationaliste et pragmatique, voyage beaucoup. C’est aussi un homme qui ne dédaigne pas les plaisirs de ce monde. "Je crois que nous ne voyons pas Dieu, Monsieur, avec les mêmes yeux… Je fais plus confiance à Dieu que vous… Je crois en Dieu, tout comme vous, mais sans en menacer les autres", déclare-t-il. Dans ce duel, face à un personnage intolérant, l’humaniste est bien plus proche d’une sensibilité moderne. Et l’on voit vite où va la préférence de Brisville. Ce déséquilibre est sans doute la seule faiblesse d’un texte très brillant. Elle est accentuée par une mise en scène un peu statique (les protagonistes sont assis de part et d’autre d’une table) et par les acteurs : Daniel Mesguich (Descartes) semble davantage "... Je fais plus confiance à Dieu que vous... Je crois en Dieu, tout comme vous, mais sans en menacer les autres" "habiter" son personnage que William. Il est vrai que le premier a le beau rôle. Il n’en demeure pas moins que Brisville est habile et que son texte est profond. On y trouve notamment tout un développement sur le problème de la détermination : "Dieu m’a fait libre", affirme Descartes. Et ce n’est pas par hasard que le spectateur assiste, au milieu de la pièce, à un fait en apparence anodin qui constitue un vrai rebondissement. Pascal est sans doute venu voir Descartes pour lui arracher un soutien à Antoine Arnauld* : le janséniste, auteur d’un traité sur la fréquente communion, est en délicatesse avec le pouvoir royal. Cet artifice permet à Brisville d’introduire un développement sur l’affrontement entre Port-Royal et les Jésuites. Le tout ponctué, là comme ailleurs, de traits d’humour qui viennent aérer un texte dense. Quant à l’écriture, elle est si habile qu’on la croirait parfois du 17e siècle, tout en l’entendant parfaitement. "Adieu, Monsieur, nous ne pouvions rien nous donner, mais je ne vous oublierai pas", fait dire Brisville à un Descartes en partance pour la Suède où l’appelle la reine Christine. Les spectateurs n’oublieront pas non plus cette pièce où les arguments échangés parlent toujours à notre temps. n * Antoine Arnauld (Paris, 1612 – Bruxelles 1694) : prêtre, théologien, philosophe et mathématicien ; frère d’Angélique et d’Agnès Arnauld, abbesses de Port-Royal. Il fut l’un des chefs de file des jansénistes. "L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune", au Théâtre de l’œuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris. Du mardi au samedi (19h) et le dimanche (17h30), jusqu'au 31 décembre, tél. 01.44.53.88.88. théâtre "Marie" Prêtde talent par Pierre François C ertes, Françoise Thuriès est celle qui a joué dans "Léon Morin, prêtre", de Nortel ou "Pas", de Beckett. Mais il arrive qu’elle monte aussi son spectacle. Ainsi a-t-elle conservé le même titre à ce qui était au début un récital poétique : "Marie". Aujourd’hui, elle le donne seule en scène, sans la collaboration de musiciens comme dans les trois versions antérieures. Versions ? Pour les précédents, peut-être, pour ce dernier, sûrement pas : il a été entièrement refondu, au point que les textes qui figuraient dans les autres ont été supprimés pour la seule raison de leur utilisation antérieure. D.R. Françoise Thuriès a du mal à parler de Marie, mais elle prête le talent de sa voix et de son jeu théâtral aux poètes qui ont écrit des pages sublimes sur celle qui fut tout humaine et si proche du divin. Françoise Thuries cherche à entrer en communion d'âme avec son public Obsession "Le médecin de son honneur"(1) est une pièce étrange du siècle d’or espagnol, qui prend aujourd’hui l’aspect de curiosité archéologique théâtrale. Bien jouée – la question n’est pas là – elle tourne entièrement autour du drame que constitue la mise en cause de la réputation d’une femme et de la façon dont le mari qui se croit trompé réagit. On y fait connaissance avec une poésie baroque et des personnages qui, en plus de leur rôle, livrent aussi leurs pensées et des commentaires sur la situation créée. Le texte comporte plusieurs saillies intéressantes, le déroulement de l’action est sans cesse suspendu à l’éventualité d’une évolution différente, l’interprétation des rôles va de la caricature (pour le palefrenier) à la raideur officielle (pour le roi). Il semble que la pièce plaise aux jeunes. Mais on ne peut s’empêcher de se demander l’intérêt qu’elle présente pour des non-initiés au théâtre du siècle d’or espagnol. ■ (1) "Le médecin de son honneur", de Calderon. Avec Karim Abdelaziz, Geneviève Esménard... du mercredi au samedi (20h30), le dimanche (17h) jusqu’au 17 novembre au théâtre de l’Opprimé, 78, rue du Charolais, 75012 Paris. Places à 15 et 10 e. Tél. 01.43.40.44.44. Puis le 19 novembre au théâtre Firmin Gémier d’Antony, 22 novembre au Centre d’art et de culture de Meudon, 27 novembre au Relais culturel de Haguenau, 30 novembre au théâtre de Corbeil-Essonnes. Entre Marie et Françoise, il y a une longue mais inénarrable histoire. Pourquoi Françoise est-elle fascinée par celle dont elle réalise des icônes depuis des années ? Elle ne peut que confesser combien elle est touchée par la beauté de celle qui fut aussi totalement femme que mère, crucifiée dans son cœur tandis que son fils l’était dans son corps, celle qui alors a aimé et eu une confiance absolue dans la vie et la providence. Là est la différence avec "aimer la vie" au sens populaire et charnel, qui exclut la confiance. Même si le temps de la représentation théâtrale est pour elle un moment sacré, solennel, au sens où toute familiarité avec le public devient incongrue, tout contact réel inapproprié (ainsi joue-t-elle jusqu’au regard tourné vers ce dernier, qui en fait vise au-dessus des spectateurs), elle trouve que le mot de Dieu a trop été galvaudé pour accepter d’inclure dans son spectacle des prières manifestes. Il s’agit en effet d’une représentation d’abord poétique et, confie-t-elle, "comme en plus on a de très grands poètes qui ont écrit des choses sublimes sur la Vierge, il n’y a que l’embarras du choix" : de Rilke (qu’elle utilise abondamment) à Sartre (!) en passant par Rictus, Péguy, Nortel ou Max Jacob… Le public devient alors son partenaire unique, avec qui elle cherche à entrer en communion d’âme, par la magie du spectacle, autour de ces œuvres poétiques. On ne doute pas de la réussite de l’entreprise dans la mesure où elle a choisi de ne privilégier aucune vision de Marie. Sa seule réserve concerne les textes trop éthérés, qui la révèlent moins qu’une poésie parfois rocail leuse, parfois tendre, à l’instar de la sensibilité de chaque auteur. Cette façon d'opérer a, au surplus, l'avantage de n’exclure aucun public, eu égard à la nature avant tout poétique du spectacle. n "Marie", adapté par et avec Françoise Thuriès, mise en scène de Lila Redouane. Crypte SaintSulpice, 33, rue St-Sulpice, 75006 Paris. Du mardi au vendredi (20h), le samedi (17h30), dimanche (15h). Places à 15 et 10 e. Réservation indispensable en raison de la jauge très réduite. FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 33 MUSIQUE EGLISE FAURÉ, FRANK, GRAZIANI, LISZT... Musique de chambre par François-Xavier LACROUX Le caractère intimiste de la musique de chambre, dans son âge d’or de la fin du XIXe siècle, suscite parfois un émerveillement comparable à une élévation spirituelle. Sonates pour flûte et piano – Fauré et Franck – Emmanuel Pahud, Eric Le Sage – Skarbo – DSK 4074 – 2007 – Distr. Intégral P remière flûte solo du Philarmonique de Berlin, exception remarquable pour un Français, Emmanuel Pa hud, prouve une fois de plus, que sa réputation n’est pas usurpée. Réunir César Franck et Gabriel Fauré sur un même disque est en effet osé. Franck est souvent considéré comme un Fla mand dont les œuvres sont lourdes. A contrario, Fauré incarne la légèreté pa risienne. Pourtant, à l’écoute de la so nate de Franck, originellement pour violon mais transcrite par l’auteur luimême, on goûte une écriture charmante. Et sa mise en valeur par Pahud lui offre un élan rarement connu. Les pièces de Fauré ne sont pas toutes des compositions originales pour flûte, car l’auteur a peu écrit pour cet instrument. Fauré, bien que Français, s’exprimait souvent à travers des formations de type germanique. La flûte n’était donc pas son instrument de prédilection. Une commande du Conservatoire de Paris, et de son professeur de flûte, le célèbre ( Paul Taffanel, lui permit d’écrire cette admirable sonate en la. Fauré écrivit alors à Saint-Saens que cette œuvre lui donna bien du fil à retordre… Et pourtant, quelle légèreté, quelle mo bilité harmonique, quelles envolées vocales !… C’est toute l’Ecole Française qui s’exprime ici, parfois sous couvert de virtuosité. Notre flûtiste s’en sort avec une facilité déconcertante. ensemble qui met en valeur l’écriture. Il ne faut cependant pas chercher de trait de génie (n’est pas Paganini qui veut), mais ce disque mérite qu’on s’y attarde et n’est pas à réserver qu’aux amateurs de harpe.. Vicenzo-Maria Graziani, Œuvres – Rachel Talitman, harpe ; Luc Loubry, Basson ; Etienne Plasman, flûte ; Philippe Gonzalez, hautbois – Harp&Co – CD 5050-05 – Distr. Integral – Ed. 2005 F G raziani (mort en 1874) semble in connu. Harpiste, il est pourtant une sorte de Paganini pour son ins trument. Son travail de prédilection fut la transcription d’opéras italiens, parfois avec quelque humour et beaucoup de libertés… Ces pages ont une vraie ori ginalité, de par les formations qu’elles proposent, même si c’est bien la harpe qui est au premier plan. On redécouvre alors toutes les capacités de cet ins trument. Mais c’est aussi l’occasion de faire dialoguer le basson avec elle, notamment dans le très beau duo final tiré de chansons de Bellini. La prise de son ne rend pas toujours totalement compte de la qualité de ce quatuor insolite, à cause d'une spa tialisation souvent trop réverbérée et par conséquent par un manque de précision dans les différentes sonorités (la harpe paraît trop en avant et parfois assourdie). Mais les chambristes ne sont pas 4 musiciens côte à côte : ils forment un vrai Fauré s'exprimait souvent à travers des formations de type germanique 34 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 Liszt – Harmonies Poétiques et Reli gieuses – Pascal Amoyel, piano – Calliope – CAL9371.2 – HM64 – Distr. Harmonia Mundi – 2 CD – Mai 2007 ranz Liszt possède une personnalité aux mille visages. L’œuvre est à l’image de l’homme : changeante, mutante, autonome… Chaque page s’apprête à nous dévoiler des surprises. Et elle nous prépare des Debussy, Berg, Schönberg, Scriabine… A la lumière d’une foi chrétienne vive, puisant ses inspirations chez Bach, mais aussi chez les poètes, comme ici Lamartine, Liszt poursuit la quête de sa vie. Dans une véritable adoration mys tique, il compose ces Harmonies, dont le titre seul est un appel à la profondeur. Cherchant dans le chant de l’Église, chez Palestrina, dans la Messe de Morts, ses sources, Liszt nous touche par tant de grâce, de déli catesse, mais aussi de force, d’envolées fougueuses, puis de réflexion profonde, d’arrêt sur soi, de silence… Pascal Amoyel, spécialiste des ré pertoires mystiques, en donne une lec ture, qui, tout en étant parfaitement virtuose, est totalement imprégnée de cet esprit. Et il sait envelopper l’auditeur de tant de force et de beauté. L’écoute en est haletante, passionnante, toujours d’une pertinence saisissante. De quoi entrer sans réserve dans le monde Lisz tien et de s’arrêter avec lui sur sa propre vie… n TÉLÉVISION René Bousquet ou le grand arrangement The Queen par Marie-Christine RENAUD d’André Peu à peu, les chaînes de télévision françaises s’enhardissent et abordent des sujets historico-politiques brûlants, soit parce qu’ils sont très controversés, soit parce qu’ils sont d’actualité. La période de la dernière Guerre mondiale et de la collaboration représente une mine d’or pour les scénaristes. Administrateur de différentes sociétés, René Bousquet mène la vie tranquille d’un grand bourgeois, lorsque son passé le rattrape. En 1978, un article de «l’Express» fait grand bruit, car, lors d’une interview de Darquier de Pellepoix, celui-ci fait allusion à la responsabilité de René Bousquet dans la rafle du Vel’ d’Hiv’. Daniel Prévost est sensationnel dans son rôle d’ancien haut fonctionnaire qui se défend pied à pied et ne semble jamais éprouver le moindre doute sur les décisions qu’il a prises. Les scénaristes ont mis l’accent sur l’arrangement qui a consisté, à la Libération, à «blanchir» la plupart des hauts fonctionnaires qui s’étaient compromis avec les Allemands. C’est bien écrit, avec des dialogues per cutants, et la reconstitution de l’époque est bien faite. Tout au long de ce téléfilm, René Bousquet a maintes fois l’occasion de présenter sa défense, ce qui est un progrès. Mais, comme souvent, les auteurs de cette œuvre de qualité minimisent l’impact de la présence des Allemands et de leur brutale mainmise sur les autorités françaises. Tout semble se passer comme si chacun, à l’époque, était entièrement libre de faire ce qu’il voulait. Signalons, toutefois, qu’il est fait brièvement allusion à la condamnation des persécutions de Juifs par certains évêques. Téléfilm français (2006) de Laurent Heynemann, avec Daniel Prévost (René Bousquet), Ludmila Mikaël (la femme), Philippe Magnan (Louis Bousquet), Macha Méril (Evelyn Baylet), Michel Aumont (le juge Moatty), Philippe Duclos (Jean-Paul Martin), Dominique Guillo (Guy Bousquet), Yves Gasc, Philippe Laudenbach, Hubert Saint-Macary (1h39). Diffusion le vendredi 16 novembre, sur Arte, à 20h40. silence, et la presse ne tarde pas à se déchaîner contre la famille royale. Stephen Frears parvient à éviter tous les pièges d'un tel sujet. Il ne tombe jamais dans la caricature. Et si certaines attitudes un peu figées de la famille royale prêtent à sourire, le réalisateur n'est pas plus tendre envers les conseillers de Tony Blair ni envers une presse opportuniste. Ses personnages sont dotés d'une réelle complexité, et c'est ce qui rend son film passionnant. La mise en scène est Un film d'atmosphère dans lequel le style visuel traduit la confrontation d'univers aux fonctionnements différents. I l n'est jamais aisé d'évoquer un événement récent, surtout lorsqu'il a eu une répercussion aussi forte que la mort tragique de la princesse de Galles. Stephen Frears a eu la bonne idée de s'intéresser, non pas tant à la tragédie en elle-même, qu’à la réaction de la famille royale et à la façon dont elle a géré cet événement. Avec un souci de réalisme et un soin accordé au moindre détail, il confronte tradition et modernité. Le 31 août 1997, la princesse Diana meurt à Paris, dans un tragique accident de voiture. Le monde entier est sous le choc. Le Premier ministre Tony Blair lui rend hommage. La famille royale, retirée en Écosse, garde le silence. La population, traumatisée par ce drame, vit mal ce ( Certaines images d'archives donnent une force particulière au récit soignée, et la narration fluide. Remarquable directeur d'acteurs, le réalisateur tire le meilleur de ses comédiens, en misant sur la justesse de leur jeu. Si le cinéaste s'attache à montrer les différents types de réactions, c'est pour en dépeindre leur pertinence et leur vérité. La relation entre la Reine et le Premier ministre est décrite avec beaucoup de subtilité. ■ The Queen. Comédie dramatique britannique (2006) de Stephen Frears, avec Helen Mirren (la reine), Michael Sheen (Tony Blair), James Cromwell (le prince Philip), Alex Jennings (le prince Charles), Roger Allam, Sylvia Syms, Tim McMullan (1h39). Diffusion le mercredi 14 novembre, sur Canal +, à 20h50. Hooligans Matt, étudiant en journalisme, est renvoyé d'Harvard pour une faute qu'il n'a pas commise. Il se rend en Angleterre chez sa sœur qui a épousé un Anglais. Il découvre avec surprise l'engouement que suscite le football chez les jeunes de son âge, et la rivalité qui existe entre les groupes de supporters. Il sympathise avec Pete, qui fait partie d'un groupe de supporters très violents. La qualité de ce film tient à la fois au décryptage percutant et réaliste, sans manichéisme ni concession, d'un univers déroutant et effrayant, et à la peinture d'une mutation intérieure, celle d'un jeune homme d'abord totalement étranger à cet univers, qui se laisse peu à peu fasciner par l'esprit de camaraderie de ces supporters et par l'attrait de la violence, avant une prise de conscience salutaire. Le récit n'est pas sans maladresses, mais le crescendo dramatique tient le spectateur en haleine. La violence, très présente et explicite, appelle de sérieuses réserves, même si l’évolution du héros est positive. Drame britannico-américain (2004) de Lexi Alexander, avec Elijah Wood (Matt Buckner), Charlie Hunnam (Pete Dunham), Claire Forlani (Shannon Dunham), Leo Gregroy (Bower), Mark Warren (Steve Dunham) (1h55). Diffusion le mardi 13 novembre, sur Canal +, à 20h50. FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 35 television Samedi 10 novembre Dimanche 11 novembre Lundi 12 novembre Mardi 13 novembre TF1 20.50 Qui sera le prochain ? TF1 TF1 TF1 20.50 Le cœur des hommes A. 20.50 Commissaire Cordier «Attaque au fer» A. Téléfilm avec 20.50 Freaky friday «Dans la peau de ma mère» J. Comédie «Spéciale paranormal». Comédie (2003) de Marc Esposito, Divertissement présenté par avec Gérard Darmon (1h42). Pierre Mondy, Linda Hardy, Christophe Dechavanne, avec Sur fond de totale licence Guillaume de Tonquédec. Arturo Brachetti, Arthur Jugnot, de mœurs, cet excellent film cho Excellent, mais atroce. etc. ral est très bien interprété. 22.40 Preuve à l’appui. Série 23.10 New York, unité spéciale. 22.45 Les nerfs à vif A/Ø. Drame avec Jill Hennessy 2. Série avec Chris Meloni 3. (1991) de M. Scorsese, avec Robert 00.20 Vol de nuit. Magazine de P. 00.50 New York, police judi De Niro (2h08) 3. Excel Poivre d’Arvor, avec Marcel Rufo, ciaire. Série avec J.L. Martin 2. lent, mais d’une violence atroce. Daniel Pennac, Sophie AudouinMamikonian, François Rivière, France 2 France 2 Bernard Werber, Martine Delerm, 20.55 Le plus grand cabaret Patrick Rambaud. Émissions religieuses : du monde. Divertissement France 2 présenté par Patrick Sébas 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses tien, avec Adriana Karembeu, bouddhistes», «Islam», «À Bible ouverte», 20.50 Cold case, affaires Michel Lebb, Patrick Bosso, classées : «Compte à «Chrétiens orientaux», «Présence protestante» Anne Richard, Hugues Aufray, 10h30 Le jour du Seigneur «Tout à la foi : Un rebours», «Une course sans Johnny Clegg, Évelyne Bouix, évêque aujourd'hui, pour qui, pour quoi ?» fin», «Daniela». Série avec Shirley et Dino, Roland 11h00 Messe, célébrée en la basilique de la col Kathryn Morris, Dany Pinno 2. Magdane, Yves Rénier, etc. 23.15 Mots croisés. légiale Sainte-Gertrude, à Nivelles (Belgique). 23.15 On n’est pas couché. Magazine de Yves Calvi. Magazine de Laurent Ruquier. 20.50 La tranchée des espoirs 01.50 Musiques au cœur «La GA. Téléfilm avec Yves Bertheloot, guerre et la paix - Prokofiev France 3 Christiana Reali (1h46) 2. (1/2)». Magazine. 20.50 Autopsy A/Ø. Téléfilm avec Un émouvant réquisitoire contre France 3 Stéphane Freiss, Thierry Neuvic, la guerre, mais une fin décevante. Sara Martins 2. Cette 20.50 36, quai des Orfèvres : «La 23.10 Marthe A/Ø. Comédie dra histoire de coup de foudre d’un brigade de répression du proxéné matique (1996) de J.-L. Hubert, hétérosexuel pour un homme est tisme», «La brigade de protection avec Guillaume Depardieu (1h55) prenante. Mais les images sont des mineurs» A. Documentaire 3. 2. Un grand amour très crues. Très moyen et racoleur. émouvant, mais crûment illustré. 22.55 Personnel et confidentiel 22.50 Ce soir (ou jamais) (et à France 3 «Premières dames». Documentaire. 23h25). Magazine. 00.10 La case de l’oncle Doc 20.50 The closer : «Au nom des 00.45 NYPD blues. Série. «Malika, de la nuit à la vie». siens», «Un cercueil pour deux» Arte Documentaire. GA. Série avec Kyra Sedgwick. 20.40 2001 : L’odyssée de l’es 01.05 Rêves d’étoiles «La Excellent, mais macabre. pace GA. Science-fiction (1968) Bayadère (2)». Documentaire avec 23.00 Duel sur la 3. Magazine. de S. Kubrick, avec Keir Dullea Isabelle Guérin, Laurent Hilaire et 00.40 Les rats GA. Comédie dra (2h40). Un chef-d’œu Élisabeth Platel. matique en NB (1955) de Robert vre. Mais c’est long et peu adapté Siodmak, avec Maria Schell, Curd Arte au petit écran. Jurgens (1h28). Sinistre. 22.55 À la recherche des extra Arte terrestres (1/2). Documentaire. DR (2003) de Mark Walters, avec Jamis Lee Curtis, Lindsay Lohan, Chad Michael Murray (1h37). Amusant et émouvant. 22.35 Le droit de savoir «Charlatans et guérisseurs : Enquête sur les médecines paral lèles». Magazine présenté par Charles Villeneuve. France 2 20.50 Guerre et Paix (2/4) GA. Téléfilm d’après, Tolstoï, avec Alexander Beyer, Clémence Poésy, Alessio Boni (1h40). Excellent, mais un peu sensuel. 22.40 Faites entrer l’accusé «Les frères Jourdain : Meurtre au car naval». Magazine présenté par Christophe Hondelatte 2. 00.35 Histoires courtes «Vent d’Ouest : Spéciale Brest». France 3 20.50 U-571 GA. Film de guerre (2000) de Jonathan Mostow, avec Matthew McConaughey, Bill Paxton, Harvey Keitel (1h52) 2. Bien ficelé, mais pas très nouveau. Les Américains s’attri buent un fait d’arme anglais ! 22.50 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine. 00.45 NYPD blues. Série avec Jimmy Smits. Arte 1917, la révolution russe Nos terroirs sont-ils foutus ? 20.40 La guerre du camembert. DR 20.45 Aventure humaine Documentaire. ténor à Hollywood. Documentaire. 23.35 Histoires de familles «Comme un lundi». Téléfilm avec Michael Gichael Günther (2h40). M6 20.50 Jericho : «L’inconnue», «Alerte», «Vivre ensemble». Série avec Skeet Ulrich, Ashley Scott 2. 23.20 Stargate SG-1. Série avec Ben Browder. Canal + 20.50 Boxe «Réunion de Levallois : Mormeck/Haye». KTO 20.50 VIP «Corinne Touzet». 21.45 Lully «Persée», avec Cyril Auvity, Alain Coulombe, etc. DR DR «Bornéo, la mémoire des grottes» J. Très intéressant. Musica 22.35 Mario Lanza, un grand 20.45 Reds GA. Comédie drama tique (1981) de et avec Warren Beatty, et avec Diane Keaton (3h14). Spectaculaire, mais assez naïf et orienté. 23.55 1917, la révolution russe J. Intéressant, mais orienté. M6 20.50 Capital «Enquête sur les nouveaux business du plaisir». Magazine. 22.50 Secrets d’actualité «Les diaboliques». Magazine. Canal + 21.00 Football «Lyon/Marseille». KTO 20.50 La foi prise au mot «L’actualité des Pères de l’Église». 21.45 Blessant mon cœur. 36 FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 23.50 Grand format «Le prix de la paix» GA. Passionnant, mais dur. M6 20.50 D & Co «Une semaine pour tout changer». Divertissement. 22.10 Nouveau look pour une nouvelle vie «Transformation radicale». Divertissement. 23.10 John Q. GA. Drame (2002) de Nick Cassavetes, avec Denzel Washington, Robert Duvall (2h52) 2. Bien fait, mais dur. Canal + 20.50 Allons donc à London. Documentaire. KTO 20.50 Keur Moussa, vingt-et une cordes pour une louange. 21.40 Un jour, une foi «Chemins de vie». 21.30 Quand les pêcheurs boi vent la tasse J. Intéressant. 22.15 Débat. 22.45 Il vaut mieux vivre A/Ø. Téléfilm avec Dagmar Manzel (1h29). Émouvant, mais lent et érotique. M6 20.50 Incroyable talent. Divertissement présenté par Alessandra Sublet. 22.55 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine pré senté par Marc-Olivier Fogiel. Canal + 20.50 Hooligans GA. Drame (2004) de Lexi Alexander, avec Elijah Wood (1h55) 4. (Voir notre analyse page 35) KTO 20.50 Tant qu’il y aura du papier. 21.45 Un jour, une foi «Église du monde». tÉlÉvision Mercredi 14 novembre Jeudi 15 novembre Vendredi 16 novembre TF1 TF1 TF1 20.50 Les experts, Manhattan : 20.50 Une femme d’honneur «Une journée d’enfer» GA. Téléfilm 20.50 Football «Match amical : «Cœur de verre», «Le prestige». Série avec Gary Sinise, Melina Kanakaredes 3. 22.25 Esprits criminels : «Les proies», «Code d’honneur». Série avec Mandy Patinkin 3. France 2 20.50 Les 100 qui font bouger la France «Anti-kilos, anti-malbouf fe !». Magazine présenté par Béatrice Schönberg, avec MichelÉdouard Leclerc, Daniel ServanSchreiber, Carole Bouquet, Christophe Lambert, Jean-Pierre Coffe, etc. 23.15 Les tabous du… «Plaisir féminin». Magazine présenté par Karine Lemarchand 4. France 3 20.50 Questions pour un cham pion «Spéciale juniors». Divertissement présenté par Julien Lepers. 22.55 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéi. 00.45 NYPD blues. Série avec Jimmy Smits. Arte re «1914-1918, la guerre moder ne» J. Assez bien fait. 22.10 Zoom Europa. Magazine présenté par Bruno Duvic. 22.55 Le dessous des cartes «Mondialisation des épidémies». 23.10 Orange mécanique Ø. Drame en VO (1971) de Stanley Kubrick, avec Malcom McDowell, Patrick Magee (2h11). Brillant et passionnant, mais racoleur et pénible. 01.35 Court-circuit. M6 20.50 Mariage surprise GA. Téléfilm avec Axelle Lafont, Serge Hazanavicius (1h32). Une comédie mineure et agaçante. 22.40 The unit «Commando d’éli te». Série avec D. Haysbert 2. Canal + 20.50 The Queen J. Comédie dra matique (2006) de Stephen Frears, avec Helen Mirren, Michaël Sheen, James Cromwell (1h39). (Voir notre analyse page 35) KTO 20.50 Lala ma mère, quand la guerre se fait chair. 22.00 Un jour, une foi «La famille en questions». 22.30 VIP «Bernard Werber». France2 - J Loew France3 - C Médale DR 20.40 Les mercredis de l’histoi Une soirée de polars 20.50 Boulevard du Palais «Rituels barbares» GA. Téléfilm Marthe Keller, Jacques Frantz, Juliette Lamboley, Jacques Spiesser, Olivia Brunaux, Léopoldine Serre. (Voir notre ana lyse page 37) 22.35 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéi. 00.00 Le meilleur pour la fin. Magazine culturel régional. 01.00 NYPD blues. Série avec Jimmy Smits. Arte 20.40 Docteur Folamour GA. Comédie en NB (1964) de Stanley Kubrick, avec Peter Sellers, George C Scott, Sterling Hayden (1h31). Une excellente satire. 22.15 La vie en face «Le viol, une arme de guerre au Congo» GA. Poignant, mais terrible. 23.15 Tracks. Magazine. M6 20.50 Prison break «L’appât du gain». Série avec Wentworth Miller, Dominic Purcell 2. 21.40 Kidnapped : «L’alternative», «Double enlèvement», «La morsure du passé. Série avec J. Sisto 3. Canal + 20.50 Desperate housewives : (22 et 23/23) «Deux gars deux filles», «Quand la mère se montre» GA. Série avec Teri Hatcher 2. Une touche tragique clôt cette excellente série. KTO 20.50 La tête dans les toiles. Une alternative à la psy chiatrie traditionnelle. 21.45 Un jour, une foi «Art et culture». avec Anne Richard, Jean-François Balmer (1h38) 2. Pas mal, mais l’histoire est atroce. Heureusement, il y a beaucoup d’humour, et l’interprétation est sensationnelle. 22.35 Avocats et associés «Retour de flammes» GA. Téléfilm avec F.-É. Gendron (0h50). Émouvant et bien fait, mais bana lisant l’homosexualité. 23.30 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand. France 3 20.55 Thalassa «Le tour du monde de Thalassa : Shanghai/ Xiamen». Magazine de Georges Pernoud. 23.25 Passé sous silence «L’énigme René Bousquet». Documentaire. Arte 20.40 René Bousquet ou le grand arrangement J. Téléfilm de Laurent Heynemann, avec Daniel Prévost, Ludmila Mikaël, Macha Méril, Philippe Magnan, Michel Aumont, Philippe Duclos (1h39). (Voir notre analyse page 35) La révolution oubliée et ses enfants 22.25 Cent ans de révolution GA. Intéressant. 23.20 Lénine, plus vivant que les vivants GA. Très moyen. 00.30 La lucarne «Dans le silence du monde». Documentaire. M6 20.50 N.C.I.S. enquêtes spécia les : «L’esprit de famille», «Code d’honneur», «Sous couverture». Série avec Mark Harmon 2. 23.10 Sex and the city. Série avec Sarah Jessica Parker 2. Canal + 20.50 Désaccord parfait A. Comédie (2006) de Antoine de Caunes, avec Charlotte Rampling, Jean Rochefort (1h31). Bien fait, mais assez sensuel. KTO 20.50 KTO magazine «Le dévelop pement durable». 21.45 Un jour, une foi «La vie des diocèses». Radios Samedi 10 novembre 12h Face aux chrétiens Mgr JeanPierre Ricard (Président de la Conférence des Evêques de France), forum France/Maroc». 22.55 Sans aucun doute. Magazine de Julien Courbet. France 2 avec Corinne Touzet, Maxime Leroux, Anne-Charlotte Pontabry. Invraisemblable. 22.30 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet. France 2 20.50 Envoyé spécial : «Aveux et désaveux», «Comment devient-on Français ?», «Fort-de-France, Bagdad». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 23.00 Infrarouge : «IRCGN, les vrais experts (2/2)», «Crimes suprêmes à Shanghai». Documentaires. France 3 20.55 Le lien J. Téléfilm avec RCF animé par Frédéric Mounier. 13h30 Contre courant "Mozart à l'hôpital" (Rediffusion à 22h) 14h Equateur "Développement durable, un enjeu majeur pour une copropriété citoyenne", avec Danielle Dubrac (Vice-Présidente de la Confédération Nationale des Administrateurs de Biens) Dimanche 11 novembre 15h Connaître le judaïsme "Qu’est-ce qu’un chrétien peut retenir du judaisme ?" Lundi 12 novembre 10h A votre service "Chauffage au gaz : comment éviter les intoxications ?" (Vos appels au 04.72.38. 20.23) 14h Musiphonie A deux, c'est encore mieux (duos d'opéras, piano à 4 mains, sonates et concertos) (1/5, tous les jours à 14h ou 23h30) 14h30 Halte spirituelle "La spiri- tualité du cœur", avec Michel Evdokimov (prêtre orthodoxe) (1/5, tous les jours à 14h30 ou 20h45) Mercredi 14 novembre 13h Equateur "Le tram est à la mode" 13h30 Témoin aujourd’hui "Un jour, j’ai pris conscience que j’étais chrétien". Rencontre avec Frédéric Canévet (Rediffusion jeudi 22h) France Culture Dimanche 11 novembre 10h Messe, en direct de l'église St-Etienne du Mont, place Ste Geneviève, 75005 Paris, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Ollier. Marie BIZIEN sur France 3 Jeudi 15, à 20h55 Le lien J Quinze ans après la fin de la guerre, Éva croit reconnaître le milicien qui a déporté toute sa famille en la personne du père d’une de ses élèves. Et si celle-ci était sa petite-fille ? Marthe Keller tient à bout de bras cette histoire poignante, mais assez prévisible. La reconstitution de l’époque est assez bien faite, et l’interprétation est d’une grande sensibilité. Il y a beaucoup d’amour et de respect de l’autre dans cette histoire terrible, ainsi qu’un bel amour conjugal. T : Tout public Repères J : Adolescents GA: Grands adolescents A : Adultes Ø : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 37 BLOC-NOTES Paris ✔ L'association "Sénevé" vous invite le 21 novembre (19h30), salle de conférences du Mouve ment pour l'Unité, 7 rue Palatine, 75006 Paris, à une conférence du Père de Villefranche (profes seur à l'école cathédrale) et Gérard Leclerc, "Jésus de Nazareth", La parole de Jésus mise en lumière par Benoît XVI. Libre participa tion aux frais, Rens. : Sénevé ✆ 01.47.09.00.87, www.seneve.eu ✔ A l'espace Georges Bernanos, Association "Les Amis de Saint Louis d'Antin", 4, rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26.65.25, une confé rence est proposée "La vie inté rieure", l'identification au Christ dans l'expérience des martyrs, par le père Michel Gitton, le 19 novembre (19h, salle Péguy). Entrée libre, participation sou haitée. ✔ L'IPC, Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie, 70 av. DenfertRochereau, 75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50, fax 01.43.35.59.80 / propose des cours tout public, notam ment "Les principes d'une éco logie chrétienne", par Florence Eibl : 6 séances le samedi (10h 12h), les 10 et 24 novembre, 1er et 22 décembre, 12 et 26 janvier 2008. Prix : 96 e. www.ipcas so.com ipc.infos@ipcasso.com ✔ L’ensemble de mandoline baroque "Artemandoline" pré sente des œuvres de Vivaldi, Brescianello, Scarlatti, Castello... le mardi 27 novembre (20h30 dans l'église des Billettes, 22, rue des Archives, 75004 Paris. Tarifs : 20 e / 15 e (tarif réduit). Réservations : Editions Jade / Mathilde Dubois ✆ 01. 44.50.59.25 / 06.67.35.01.18 / [email protected] ✔ Les Franciscaines répara trices de JésusHostie, 127 av. de Villiers, 75017 Paris, ✆ 01.43.80.38.12 vous invitent à leur "Vente de Charité" (servi ces brodés, art religieux, papeterie, parfumerie, confiserie, librairie, jouets, linge de maison, tricots...) , du 15 au 19 novembre (à partir de 10h) [S'inscrire pour les repas, il n'y a pas de repas le lundi 19]. ✔ A l'auditorium JeanPaul II, de la Bibliothèque polonaise de Paris, 6 quai d'Orléans, 75004 Paris, une rencontre proposée par Guy de Thé (président de l'Aca démie Européenne des Sciences, des Arts et des Lettres) et Pierre Zaleski (président de la société historique et littéraire polonaise) aura lieu le 10 novembre (18h21h) sur le thème "Musique des mots et des cou leurs". Rens. ✆ 01.55.42.83.83, fax 01. 46.33.36.31. ✔ Le 7e salon du Mariage et de la Fête aura lieu les 16, 17 et 18 novembre (10h19h) à l'espace Champerret, place Champerret, 75017 Paris. Entrée 10 e. Défilés de mode à 12h, 15h, 17h. Rens. www.salonmariagefete.com Bas-Rhin ✔ Du 23 (9h30) au 25 novembre (17h), une "Formation à l'accom pagnement spirituel personnel" est prévu à la Communauté du Puits de Jacob, 12, rue des Dentelles, 67000 Strasbourg, ✆ 03.88.22.11.14, fax 03.88.32. 40.65/[email protected] site : www.puitsdejacob.com Côte-d'Or ✔ "La doctrine sociale de l'E glise : un humanisme chrétien", conférence de Michel Coquillion (VicePrésident de la CFTC, et du Conseil Economique et Social), le 15 novembre (20h30) dans l'am phithéâtre du Centre universi taire catholique de Bour gogne (CUCDB), 69, av. AristideBriand, 21000 Dijon, dans le cadre du cycle des conférences de l'Association Renaissance, ✆ 03. 80.66.87.44. Entrée libre. Hauts-de-Seine ✔ Le 10 novembre (15h17h), une conférence "Les Khatchkars d'Arménie : quand la foi s'ins crit dans la pierre", autour de la projection d'un documen taire "Les Khatchkars entrent au Louvre", est prévue dans les salons de la Médiathèque, 6 place du Château SteBarbe, 92260 Fon tenayauxRoses, avec Patrick Donabédian (profes seur d'histoire de l'art), et Alain Tyr (auteur du documentaire) . Entrée libre. Rens. ✆ 01.41.13.52.01 ou 01.40.91.00.62. www.accolades armenie.net Pas-de-Calais ✔ Le Foyer de Charité, BP 105, 62240 Courset, ✆ 03.21.91.62. 52 pro pose une retraite du 26 novem bre au 2 décembre "Suivre Jésus avec Charles de Foucauld", avec le père Etienne Ducornet. Une halte spirituelle est pré vue le 15 novembre (9h3016h) "Voyager dans la Bible", avec ✂ FRANCE Catholique hebdomadaire Abonnez-vous ! Offrez un abonnement ! 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Courriel : [email protected] site : www.foyer-courset.fr Saône-et-Loire ✔ Une retraite Biblique sur le thème "Le Cœur de Jésus" se déroulera du 30 novembre au 2 décembre, prêchée par le père Jean-Rodolphe Kars, aux Sanctuaires de Paray-le-Monial, BP 104, 71603 Paray-le-Monial Cedex, ✆ 03.85.81.62.22. [email protected] Savoie ✔ Du 7 au 9 décembre, à Stras bourg, un temps de rencontre dans la fête, l’échange et la prière autour d’adultes handicapés mentaux est prévu "Accueillir notre humanité", avec Jean Vanier. Ouvert à tous. Rens. Association des Amis de l’Ar che en Alsace, Claire Pauly, ✆ 03.88.82.18.93, http://arche. alsace.free.fr Var ✔ Les Missionnaires du SaintSacrement (Institut fondé par Mgr Dominique Rey évêque de FréjusToulon), proposent un temps de retraite et de ressourcement de 5 jours sur le thème "Pourquoi ador er le Saint-Sacrement au jourd'hui?", animé par le Père Ludovic Lécuru, au monastère de Sainte-Marie-Madeleine, route de Barjols, 83470 SaintMaximin-la-Sainte-Baume, du 21 (18h) au 25 novembre (14h). Chaque jour : messe, enseigne ment, temps d'adoration eucha ristique. Pèlerinage à la grotte de sainte Marie-Madeleine. Rens. ✆ 06.23.11.23.17/[email protected] ✔ Au Sanctuaire Notre Dame de Grâces, 83570 Cotignac, le 1er week-end du cycle de formation "Marche dans la lumière" est organisé les 17 et 18 novembre. Au programme, philosophie "Avons-nous une âme ?" ; Théo logie "Le Christ : vrai Dieu ? Vrai homme ?" ; Théologie spiri tuelle "L’accompagnement spiri tuel, est-ce nécessaire ?". Rens./ insc. Foyer de la Sainte Famille, ✆ 04.94.04.65.28 / association. [email protected] Yonne ✔ Au centre Sophie Barat, 11 rue Davier, 89300 Joigny, ✆ 03. 86.92.16.40, http://centre.barat. free.fr des rencontres sont pro posées sur le thème «Apprendre à prier sans se retirer de la vie quotidienne». La première (des 5 rencontres) aura lieu le 28 novembre (19h30-21h), avec Sr Solange Kauffeisen (rsj). Yvelines ✔ Au Foyer de Charité la PartDieu, 108 rue de Villiers, 78300 Poissy, ✆ 01.39.65.12.00, une retraite sacerdotale est orga nisée, du 18 au 23 novembre, "L'Evangile avec Madeleine Del brêl" présidée par Mgr Gérard Daucourt et animée par le père Gilles François (président de l'as sociation des amis de Madeleine Delbrel). Ecrivains catholiques ✔ L'Association des écrivains catholiques tiendra son Salon du livre 2007, le 21 novembre (14h30-19h30) à la Mairie du VIe 78 rue Bonaparte, 75006 Paris. Plus de 70 auteurs participent à cette vente-dédicace. Rens. : AEC, 82 rue Bonaparte, 75006 Paris, ✆ 01.43.29.03.65 (perma nence lundi de 15h à 18h). Union pour la Vie ✔ Le douzième colloque de l’Union pour la Vie aura pour thème, dans la perspective des États Généraux de la Santé, "Petites cellules... grands espoirs ? La vie au prix de la vie", le 20 novembre (18h30-22h), à la Salle Rossini, 8 rue de l’Annoncia tion, 75016 Paris, avec Michel Berger (président de l’Union Pour la Vie), Alexandre Varaut (avocat à la Cour de Paris), Nicolas Forraz (biologiste, docteur de l’Univer sité de Londres) , Jean Sevillia (journaliste,écrivain)... Inscriptions : aocpa Choisir la vie, 6 square du Trocadéro, 75116 Paris, ✆/fax 01.53.70.84.27. Tarifs : ménage 20 e, individuel 15 e, étudiant 5 e (Chèque à l’ordre de l’UPV). Créée en 1993, l’Union Pour la Vie (31 rue Rennequin, 75017 Paris, ✆ 01.47.66.21.91) réunit 20 associations dont l’objectif est de préserver le caractère sacré de toute vie humaine et la dignité de la procréation. Œuvre d’Orient ✔ Les prochains événements de l’Œuvre d’Orient sont prévus : le 27 novembre (19h) à l’ASIEM, à Paris, avec une table ronde «La situation des chrétiens irakiens au Proche-Orient», animée par Jean-Marie Guénois (chef du ser vice Religion de La Croix) avec la participation d’évêques d’Irak, de Turquie, de Jordanie et de Syrie ; le 13 décembre (18h30) à la Fondation Cino del Duca, à Paris, vente aux enchères d’œuvres d’art au profit du Liban ; du 19 au 29 mai 2008, pèlerinage en Terre Sainte sous la direction de Mgr Philippe Brizard (directeur général). Rens. ✆ 01.45.48.54.46 / oeuvre. [email protected] Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le directement sur notre site internet : www.france-catholique.fr abonnementS à France Catholique France, 6 mois : 58‑ / 1 an (47 numéros) : 110‑ / Etranger, 1‑an‑: 122‑. Abonnement soutien : 250‑. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. 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Adressez votre candidature à Ecclesia-DRH, 9, rue de l'Isly 75008 Paris, tél. 01.58. 22.22.05, fax 01.58.22.22.49 - après avoir consulté le site : www.ecclesia-rh.com - Responsable de la communication du sanctuaire Notre-Dame du Laus, proximité de Gap (05). Bac + 2, expérience 10 à 20 ans. Animé par un Recteur et une équipe de 4 prêtres, le sanctuaire souhaite intégrer un nouveau salarié en qualité de Responsable de la Communication. Poste à pourvoir le 1er janvier 2008. Réf. : NDL01. - Assistant(e) du service parrainage à l'association Enfants du Mékong. Niveau Bac + 2. 2 à 5 ans d'expé rience. A Asnière-sur-Seine (92). Réf. : EDM06. - Directeur des études Classes préparatoires du lycée catholique Saint-Joseph du Loquidy à Nantes (44). Niveau Bac + 5. Expérience 10 à 20 ans. Réf. : SJL01. ➥ Région parisienne : pour couverture, charpente, maçonnerie, peinture ; tuile, ardoise, zinguerie ; net toyage de toiture et façades ; pose de vélux ; clô ture et toiture en alluminium, contactez "rc couverture" et demandez votre devis gratuit au tél./fax : 01.69.07.31.39, portable : 06.33.21.86.45. ➥ A louer appartement à Tignes Val Claret (110 m211/13 personnes) au pied des pistes, grande terrasse au soleil, 3 salles de bains, 3 wc, hors vacances scolaires parisiennes. Prix selon la période (1000 à 1800 e/ semaine). Tél. 01.47.09.03.37. ➥ Cède au plus offrant collection de la revue Ecclesia, n°1 au n° 128 (1949 à 1959), tél. 02.98.95.87.75. FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 377.376 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆‑06. 08.77.55.08) - Conseiller‑de la direction : Robert Masson - Editorialiste‑: Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Comptabilité‑: Marie-José Carreira. Imprimé par ippac-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. France Catholique est une marque déposée à l'Inpi. http://www.france-catholique.fr FRANCECatholique n°3092 9 novembre 2007 39 pub france catho nov 2007 30/10/07 14:20 Page 1 « Olivier Germain-Thomas est un des derniers écrivains voyageurs. » Patrick Poivre d’Arvor, LCI - Place aux livres. « Ce livre allie la beauté de l’écriture et la justesse de la vision. » Alfred Eibel, Valeurs Actuelles. « Suivez les traces d’Olivier Germain-Thomas ! Cet infatigable voyageur raconte son périple dans un ouvrage aussi amusant qu’instructif. » Anna Topaloff, Marianne.