description et analyse de la fontaine stravinsky

Transcription

description et analyse de la fontaine stravinsky
Analyse faite par Marie-Pierre DAUTANE
DESCRIPTION ET ANALYSE DE LA FONTAINE STRAVINSKY
PRESENTATION :
TITRE : Fontaine Stravinsky ou Fontaine des Automates
NATURE : « Fontaine sculpture »
ARCHITECTES :
 Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle, dite NIKKI DE SAINTPHALLE (née à Neuilly-sur-Seine le 29 octobre 1930, décédée à
San Diego le 21 mai 2002)
 Jean TINGUELY (né à Fribourg le 22 mai 1925 et décédé à Berne
le 31 août 1991).
Ils sont tous deux, deux artistes plasticiens, peintres et sculpteurs. Nikki
de SAINT-PHALLE était aussi réalisatrice de films.
Ils font partie du courant des « Nouveaux réalistes », avec d’autres
artistes comme Yves KLEIN.
Ils étaient mariés depuis 1961 et collaboraient à des projets communs. La
Fontaine Stravinski est l’un d’entre aux…
[Pour la biographie de ces deux architectes se référer à vos biographies
personnelles]
QUELQUES DATES :
 1981, le projet est confié à Jean TINGUELY et Nikki de SAINTPHALLE.
 Le 29 septembre 1982, ils sont officiellement désignés pour réaliser
la « Fontaine Stravinsky ».
 Le 16 mars 1983, inauguration de la Fontaine.
LIEU : Place Igor-Stravinski, 4ème arrondissement de Paris, quartier
Beaubourg. C’est une place piétonne.
Elle se situe entre la façade sud du Centre Georges Pompidou*, l'église
Saint Merri et l'IRCAM*, dont les 5 niveaux souterrains situés sous la
fontaine sont invisibles, pour des raisons d'isolation acoustique.
* [Pour identifier ces deux lieux se reporter à l’analyse du Centre
Georges Pompidou]
DIMENSIONS : 36 m x 16,5 m et 580 m2 pour le bassin.
MATERIAUX :
 Aluminium, acier et moteurs pour les sculptures de Jean TINGUELY.
 Polyester armé de fibres de verre et structure en acier pour les
sculptures de Nikki de SAINT-PHALLE.
CONTEXTE HISTORIQUE :
Nous sommes sous la présidence de François Mitterrand, élu en 1981, 4ème Président de la Vème République, qui succède à Valery Giscard d‘Estaing.
C’est le 1er Président socialiste de la Vème République.
Son arrivée au pouvoir a entrainé de nombreuses réformes comme « l’abolition de la peine de mort », la 5ème semaine de congés payés, la décentralisation… Et, pour ce qui
concerne la culture, la création du « 1er Ministère de la culture », l’autorisation des « radios libres »…
Il est à l’origine de la création du « Grand Louvre », le musée actuel, avec la construction de « la Pyramide » dans la Cour carré, de l’architecte PEI, et des fameuses
« Colonnes de BUREN », Place du Palais royal, mais aussi de la « Grande arche » de la Défense... Autant de projets qui ont suscités une vive polémique à cette époque…

La Fontaine Stravinsky est une commande publique, de Jacques CHIRAC, alors Maire de Paris, en partenariat avec le Ministère de la culture et le Centre Georges
Pompidou.

C’est Pierre BOULEZ, fondateur et directeur de l’IRCAM, qui est à l’origine de cette œuvre, en hommage à Igor STRAVINSKY.

Son financement est prélevé sur le budget de construction du Centre Georges Pompidou ainsi que sur des fonds privés.

Elle a été inaugurée par Jacques CHIRAC.
DESCRIPTION : C’est une œuvre colorée, toujours en mouvement, sonore, ludique, qui attire le regard des passants. Elle rappelle les manèges de foire ou les spectacles
de ballets.
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La Fontaine a une forme rectangulaire.
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Elle se compose d’un bassin avec 16 sculptures :
7 sont de Jean TINGUELY
6 sont de Nikki de SAINT-PHALLE
3 sont des réalisations conjointes des 2 artistes.
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Ces sculptures sont disposées de manière relativement égale dans le bassin.
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Toutes les sculptures sont animées par des moteurs électriques.
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On observe des jets d’eau qui sortent des sculptures :
Les arrosages sont circulaire (la grenouille), par brassage puissant de l’eau (le renard) et unidirectionnel, en diagonale, vers le haut, chez TINGUELY.
Unidirectionnels, jaillissant des sculptures comme de la trompe de l’éléphant, de la couronne de l’Oiseau de feu, des seins de la sirène…), chez Nikki de
SAINT-PHALLE.
a) Les sculptures de TINGUELY :
Elles sont en aluminium et acier peints en noir composées de rouages (bras articulés, engrenages, manivelles, ressorts, pistons…).
Il introduit le mouvement qui actionne les jeux d’eau (rotations, va et vient, balancements, cliquetis…). Elles bougent harmonieusement dans un bruit de
ferraille.
Elles rappellent les jeux de mécanos enfantins. Elles sont le symbole de son travail autour des « machines-sons », car l’étude du mouvement est le
thème fondamental de son travail…
Les mécanismes qu’il met mis au point sont à l'opposé de ce que l'on entend ordinairement par " machine ". Elles sont imprécises, se trompent,
grincent. Avec ces imperfections, il " humanise " la machine. Pour lui, n'existe que ce qui bouge.
« Tout ce qui est fixe se délabre, tout ce qui est mouvement demeure. Le mouvement de mes sculptures est un mouvement pour la stabilité... la grande stabilité,
c'est l'instabilité » Jean TINGUELY
b)
Celles de SAINT-PHALLE :
Elles sont en polyester peint, avec une structure métallique.
Elles ont des formes rondes, généreuses, référence aux fameuses « Nanas » de cette artiste.
Elles sont colorées, gaies, semblent légères comme des ballons.
«[…] Je faisais en sorte que mes couleurs soient encore plus vives pour que (sa) ferraille paresse plus foncée. » Nikki de SAINT-PHALLE
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Elles sont une référence au monde ludique de l’enfance.
Elles tournent le plus souvent sur un axe.
Quand on observe la fontaine on comprend que la collaboration des deux artistes a été complémentaire et harmonieuse, et qu’ils étaient en communion artistique.
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La Fontaine est conçue comme un point de rencontre, de promenade, au centre d’une place, entourée par des cafés, des terrasses…
Accentuant cet effet, le plan d’eau est entouré d’un rebord de béton, dont la forme de »banc » invite le promeneur à s’assoir.
Elle est donc un lieu de spectacle mobile, de rendez-vous, de rencontre. On y passe, on s'y promène, on s'y arrête, on s'y installe, on y discute…
La Fontaine est en lien avec le Centre Georges Pompidou : les sculptures métalliques sont en rapport avec le squelette métallique du Centre et les couleurs, avec les
tuyaux de la façade.
Elle fait le lien entre un bâtiment contemporain et une église gothique, l’église Saint Merri de 1552, et plus loin avec Notre-Dame. Cela établit un contraste entre
la modernité et l’architecture classique.
QUELQUES PISTES D’INTERPRETATION : Ce ne sont que des points de vue que vous devez bien sûr enrichir de votre propre interprétation et sensibilité…
a) L’hommage à Igor Stravinsky : Cette œuvre est une tentative de rendre visible la musique. La fontaine est une partition jouée par l'eau.
 Elle rend hommage à une œuvre musicale. Elle célèbre l’un des plus grands compositeurs du XXème siècle, Igor STRAVINSKY*.
*[Pour la biographie de Stravinsky, vous reporter à votre travail fait avec Mme Lesvignes]
 Elle cite des compositions de STRAVINSKY : « L’oiseau de feu » (1910), « Le Sacre du Printemps » (1918), « Les Noces de Petrouchka » (1911),
« Ragtime » (1918), « Le Renard » (1916).
 On y trouve des éléments de l’œuvre du compositeur : la clé de sol, le rossignol, le serpent, l’oiseau de feu, l’éléphant, la mort, l’amour…
 Par ses formes, ses couleurs, elle a certainement scandalisé, comme d’ailleurs le compositeur lui-même. Sa 1ère représentation du Sacre du Printemps
en 1913, avait profondément choqué la critique, qui parla de « massacre du printemps »…
b) Les points de vue multiples : Ils rajoutent à l’idée du mouvement perpétuel de la Fontaine
 Quand on se promène autour de la Fontaine, qu’on s’assoit sur son bord, le point de vue de l’œuvre se modifie en permanence.
 La mobilité des sculptures ajoute encore à cette multiplicité des angles de vue et de points de vue.
 La Fontaine est donc toujours la même et en même temps toujours différente.
 Comme on peut circuler autour d’elle, on a une vision panoramique de l’ensemble. Il faut ajouter les différents points de vue de la Fontaine depuis les
différents niveaux de Beaubourg.
 L’eau et son bruit : Qui vient compléter le mouvement et le bruit des machines, volonté de TINGUELY de créer un ballet ludique à l’image de
STRAVINSKY.
 Elle est en rapport avec la vie, « source de vie », « mère », en rapport avec « la sirène » avec ses formes généreuses et maternelles, le « cœur »,
« la bouche ».
 La Fontaine est comme une partition dont l’eau est l’instrument principal.
 L’eau est sonore : jaillissant, ruisselant, éclaboussant, clapotant. Les sons produits évoquent la musique.
 L'eau projetée des sculptures sur les formes en polyester ou sur les constructions métalliques, sur les bords du bassin ou encore sur la surface de
l'eau produit des sons qui se répondent et qui varient en fonction des déplacements du spectateur-auditeur.
 Le bruissement de ces multiples jets offre un fond sonore, qui évoque des rythmes. Mais, contrairement aux fontaines classiques, où l'on entend un
rythme régulier, ici le passant est surpris par la diversité des jets d'eau et de leur trajectoire, provoquant un « mélange » de rythmes variés.
« Le son bouleverse les conditions du spectacle visuel : il introduit une autre dimension de la perception, qui choque, agresse, surprend; il
remet en question les données de la sensation visuelle, nous empêchant de fixer intellectuellement l'image animée en l'insérant dans un concept
visuel. » Jean TINGUELY
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Mais TINGUELY y a ajouté les crissements et les grincements des machines, pour créer un fond sonore inhabituel. Ainsi on peut établir une relation
avec la musique de Stravinsky, audacieuse et en rupture avec la musique « reconnue » de son époque.
Chaque jet a sa direction, parfois inattendue (le vent parfois jouant avec l’eau arrose les passants)
c)
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La thématique des sculptures : Ils ont tous un rapport avec les compositions de STRAVINSKY.
Les animaux : L'Eléphant, Le Renard, Le Serpent, La Grenouille, Le Rossignol
Les œuvres de STRAVINSKY (voir ci-dessus)
Les créatures de légende : La sirène, l’oiseau de feu, le Phénix qui renait de ses cendres, symbole du cycle de la vie.
La géométrie : La spirale, la diagonale.
La condition humaine : La mort (la tête de mort), la vie (la corne d’abondance), l’amour (le cœur, la bouche).
La musique : La clé de sol, la sirène (par son chant), le ragtime (genre musical)
Le cirque : Le chapeau de clown, l’éléphant.
CONCLUSION : La Fontaine Stravinsky est donc un « monument synthèse », entre le très contemporain Centre Beaubourg,
l’église Saint Merri et l’IRCAM, lieu de la recherche musicale. La sculpture, la peinture, l’architecture et la musique y sont représentés
ensembles.
QUELQUES PHOTOS
Nikki de SAINT-PHALLE et Jean
TINGUELY
La sirène
L’oiseau de feu
L’éléphant
Analyse faite par Marie-Pierre DAUTANE
Le cœur
Le serpent
Le chapeau de clown
La bouche
La clé de sol
Analyse faite par Marie-Pierre DAUTANE
Le rossignol
La vie (la corne d’abondance)
La mort
La spirale
La grenouille
Analyse faite par Marie-Pierre DAUTANE
Ragtime
La diagonale
Le renard
La Fontaine, un lieu de promenade
Analyse faite par Marie-Pierre DAUTANE