Le serial-branleur pirate Ça se se discute - christian
Transcription
Le serial-branleur pirate Ça se se discute - christian
BD: 50 pages dthumour drôle SFIO]'PING -5!.e;':. ESCROLOGI POLITIGIUC Faites votre Alerte aux faux marché labels verts Le premi er m agazine d'inve stig ation j ub llat o ir e ATENTICDNBIDON 33 HISTOIRES DE BIDONNAGE rvlÉo ntQue POLtTtQUe SGIENTIFIGIUE lrrÉnalRE NOTRE TMPOSTEUTI S'TNVITE GHEZ DET.ARUE nùil:.oo ruR. ceu 5,95 cAD. LUX 3 50 EUR - T0r,/ s a-., TOtr/ A 12OO XPF-, PORT CONT 3 80 EUR CH 6 5O CH:. ::D0[i1 [drniria\1ffifu S 3.80 EUR - D0[/] A:4 80 EUR :l : -branleurpirab - "Çl Je me masturbe tous les jours, parfois plusieurs fois par iour... (rlcanements du public et des invités). Delarue au public C'est facile de ricaner, non mais... je vous en supp1ie... - Oul, on peut parler sérieusement, ce n'est pas forcément sujet à plaisanterie : - - Qu'est-ce que vous apporte la masturbation par rapport aux rapports à deux ? - Je suis très cérébral... - Donc la machine ? - Ouais, ça foncti.onne à pleins Je peux me - Hier, je me suis fait à fantasmes fonctionne à plein tubes. faire toutes les femmes du monde... 38 I fÉcfro des Savanes / numéro 269 Carla Sarkozy, par exemple. EIle était assez chaude, d'ailleurs Gros malaise sur le plateau. Delarue reprend - Pas de détalls, merci...Tout ça est évidemment imagé, hein : ?wQ ttloilfpiw a ArcuK C'€S'( 11trft 66(,oissÉ t,r '/ vous NllwzJAl4aû I ConsotLlÉ uN rcq? ^ ou u^J StaoLooàt (. c'Éruîssail, c'6r /.A 49 cttoîÉ QtVVous €AûëS fuq(z (F.ouwq alE tfuWfroÛQ le discute" e faire passer pour un témoin bidon sur le plateau de Ça se dlscute quand on a déjà piraté d'autres émissions télé, c'est limite. Mais profiter qu'on est en direct pour balancer des propos salaces sur la Première dame de France, là ça dépasse les bornes. Consâtruence de l'imposture : Delarue se fait remonter les bretelles par France 2, qui lui interdit à l'avenir tout sujet trash. Retour sur une imposture qui a bien secoué le petit monde de la télévision. 16 avril 2OOB Je suis en direct sur France 2, assis au milieu de I'arène mediatique de l'émission Ça se drscufe. Jean-Luc Delarue fait trois pas vers moi : - Bonsoir Fred. Vous êtes marié, vous aimezvotre femme... Vous aimeztous les deux le sexe, mais vous fatfes frès peu I'amour Pourquoi ? Près de 3 millions de Français attendent que je leur déballe mon intimité. Comment ai-je atterri dans cette galère ? 25 mars Je viens d'écrire le point final d'une autofiction en bande dessinée, Pattes d'eph et col roulé, où je raconte ma folle jeunesse. Sur 130 pages, quelques-unes sont consacrées à la branlette, activité essentielle de tout ado qui se respecte (exceptés les adolescents incultes, pour paraphraser Desproges). Et juste là, paf, je tombe sur un appel à témoin pour l'émission de Delarue : "Vous préférez la masturbation à des rapports sexuels ,. Mon sang ne fait qu'un tour (dans mes corps caverneux), j'appelle normaux Estelle de Réservoir Prod : Voilà : depuis que j'ai découvert la masturbation, je n'ai jamais connu de - plaisir aussi intense. J'y ai d'ailleurs consacré un livre... Ferrer sals pas si c'est une bonne idée qu'il passe à /a télé... par rapporl à sa famille, le poisson tout ça...". Le poisson est fené : elle me rappelle, enthousiaste, me donne des précisions Je multiplie les détails graveleux, elle mord à l'hameçon. Toutes mes ex m'ont sur la date d'enregistrement. Je demande : - suis même fait virer quand mon patron C'est en direct ? - Ah oui, /à sl vous dlles des bétises, on ne pouna pas vous couper, hein ! Bon, je ne me fais pas trop d'illusions. ll m'a surpns en flag à m'astiquer sous mon suffit de taper mon nom sur un moteur bureau ;je suis un cérébral, mes fantasmes seront toujours plus puissants que n'importe quel rapport bêtement charnel : Bardot jeune, Priscilla vieille, des meufs avec trois seins, des bimbos hermaphrodites... No limit ! Jefais mon expert: - Je peux prolonger I'orgasme pendant des heures, ou me faire jouir par une simple pression du doigt. - Vous faites du tantrisme ? - Non, de I'onanr'sme (ça ne la fait même pas rire). de recherche pour avoir la collection com- largué à cause de ma branlomanie, sauf ma femme qui s'est fait une raison : je me Elle insiste pour parler à ma femme, histoire de vérifier mes dires : - Vous savez, on tombe partols sur des imposteurs, on doit recouper les informations... - Ah bon ? Bien, je vais lui demander; mais c'est pas gagné, elle est plutôt timide. En efiet, ma chérie refuse net. La pauvre a déjà le mérite de supporter mes canulars continuels, mais elle ne veut pas s'im- pliquer personnellement. Qu'à cela ne tienne, je donne à Estelle le téléphone de Fabrice Tarrin, mon complice d'impostures. Qui joue bien le jeu, rajoute des détails truculents ('7 ame btbn demander des précisions sur I'intimité de ma copine, ç nourrit ses fanfasmes'), et pousse le vice jusqu'à ajouter "Mals le plète de toutes mes farces (impostures de l' Echo,caméras cachées pour l'émission d'Ardisson, etc.) En plus, j'ai déjà joué au témoin bidon, notamment pour C'est mon cho,k, également produit par Réservoir Prod, la boîte de Jean-Luc Delarue. La dernière émission que j'ai couillonnée avait fait trois pages dans Entrevue, difficile de faire moins discret. En plus, j'ai donné mon vrai nom à Estelle, étant donné qu'ils vérifient souvent les identités avant les émissions. ll y a une chance sur mille pour que j'arrive jusque devant les caméras de Ça se dlscute. À moins qu'ils soient vraiment super crâins. D'ailleurs, pas de coup de téléphone la semaine suivante. Je me dis " c'est mort ", quand la belle Estelle (j'ai sévèrementfantasmé sur elle entre-temps) me rappelle pour m'annoncer que ma candidature est définitivement retenue. Un instant, je me demande s'ils ne préparent pas une émission sur les imposteurs, avec un thème à la con, la branlette, pour drainer tous les farceurs... Mais non, je suis trop parano" Deux jours plus tard, je reçois deux allers-retours pour Paris (sympa pour ma chérie) et une réseruation dans un trois étoiles. ooVous savez, on tombe parfois sur des imposteursl.." LiÉcho des Savanes / numéro zes t 39 00... évitez les histoires avec les hermaphrodites ... le public noaime pas trop..." Les coulisses de l'exploit Jour J. Un taxi affrété par Réservoir Prod me dépose devant le Studio VCF, Plateau 900, à la Plaine-Saint-Denis.20h, soit H moins 3. On me guide à travers bâtiments et couloirs, jusqu'à une salle de restauration, où quelques convives aux allures de losers sexuels bien castés sont déjà en train de grignoter. Je rafle quelques sand- wichs que j'emporte dans ma loge, Beurk, ils sont tout congelés à l'intérieur (les sandwichs, hein). Je suis bien décidé à m'isoler jusqu'à la dernière minute, histoire de ne pas tomber sur quelqu'un qui me reconnaisse. Je me suis bien laissé pousser une moustache gay-friendly pour changer mon apparence, mais c'est dérisoire. Sur la porte de la loge, une étiquette : . Frédéric et Aude ', Voilà que rapplique une grande rouquine. Je me lance : - Euh... Vous allez.témoigner pour quoi ?... Sl c'esi pas rndlscref... - Oh, pas du tout... Je vais en parler devant des millions de gens, alors... La conversation prend un ton surréaliste. Elle m'explique que I'acte sexuel la dégoûte, que son pauvre copain, qu'elle aime pourtant, doit faire ceinture (de Une fille de la production l'amène dans la pièce à côté pour la rebriefer encore un petit coup. Je saisis quelques bribes : - Là, Jean-Luc vavous demander... Alors Ià vous pouvez dire : "pour moi, faire I'amour, c'est aller au charbon." En sofiant du maquillage, je rencontre Estelle en live. Elle me rebriefe à mon tour, habillée un peu sexy. Moi, bien à fond dans mon perso de branleur cérébral, je mate ses jambes ostensiblement. J'ai droit au tutoiement : - Donc, quand il te demande en quoi la masturbation est préférable à I'acte sexuel, tu lui parles de tes fantasmes... Par contre, faudrait éviter les hlstolres avec les hermaphrodites, là... Le public n'aime pas trop ce genre de trucs, hein... Mais tu pounais dire "les plus belles femmes du monde". - Je pourrais citer des noms ? - Bien sûr ! H moins 10'. Tous les invités sont ras- semblés dans les coulisses. Tout le monde a le trac, sauf le sexologue de service qui fanfaronne. H moins 5'. On se pose dans nos fauteuils respectifs. Le public est déjà là. Le chauffeur de salle enchaîne ses vannes nulles. Soudain, je vois passer devant moi une meuf, queue de cheval, casque et micro... Merde ! Je I'ai déjà vue quelque par1, celle-là ! Mais oir ? ChezSacrée chasteté). Laurence l'an dernier ? Elle passe devant Je lui parle de mon cas. On se trouve des points communs. Le serial-branleur et la moi, je me baisse en faisant mine de refaire mon lacet. Ça y est, je me souviens ! C'est elle qui m'avait incendié quand j'avais traîné Fabrice, dans un fauteuil roulant de location, au milieu coincée du cul : on forme un beau couple dans notre petite loge. Je compatis intérieurement, elle a l'air plutôt cool comme fille. Je lui demande -Vous n'avezjamais consulté un psychologue ? Ou un sexologue ? : - Non. - Donc... l'émission, c'est la première chose que vous faites, concrètement, pour trouver une solution ? Ben oui. - du plateau du Téléthon, il y a deux ans. Elle repasse, je tourne la tête de I'autre côté. H moins 1', ce serait trop con de tout foirer au dernier moment. Delarue apparaît. On tourne. Sauvé par le gong ! La suite, vous la connaissez. 2007 : squat en direct sur le plateau du TéIéthon. 40 tl:Éctrc des Savanes / numéro 269 Quelques iours anrès avoir étd posfé,e surpailymotion, lâ vidéo de la peiformanôe est étrangement retirée... Pas fiers, cllez Réservoir Prod ? Bilan ae l'imposture l- affaire enfle : triple passage au Zapprng, tnterviews sur Canal +, Europel, Direct 8, gros buzz dans les journaux et sur le net, et comble d'infortune, Raffarin qui brocarde Delarue en direct sur le plateau du Grand Journal. .. Voils ?ouutz vgttT Uu'lsreW? ott * uN KoqlÈlq€ AWc vïrÆ lvtkKo/çAttr tÉ CHA^J&,,, H/vu4,u,,, Ç.A LE V^jf (outs(,,, ] La semaine suivante, la direction de France 2 sermonne l'animateur-producteur. Patricia Boutinard Rouelle, Directrice de I'unité documentaires et magazines 9Eart de la Deux se confie à 20 minutes : "Les propos tenus sont inacceptables pour une chaîne de service public. ll faut être plus vigilant au moment des pré- ?oUK- enquétes sur/es invités (.. ) À l'avenft les suTefs cholsis pour les directs seront moins délicats." Ou comment une imposture de L'Écho boute la trash-W hors du service public ! Plus tard, j'apprendrai qu'Estelle Gilles, ma "coach", a été licenciée, Une question demeure : fallait-il que Delarue punisse une simple employée, histoire de marquer le coup, ou est-ce le principe "sujets glauques en direct" qui est en cause, comme le justifie jus- tement la direction de France 2 Ça se discute. 6tt ùi@r w ruur! ), ^(cHë. ? Quoi qu'il en soit, soyons rassurés pour Jean-Luc, la sécurité de son emploi est, elle, préservée, comme le précise une 'EYrT€((lglZ, T€(euy brève sur le site web de Réservoir prod qui stipule que "suite à quelques paru- tions récentes, France 2 et Jean-Luc Delarue reaffirment lzur confiance mutuelle et la poursuite de leur collaboration". Ouf. f**û iI**r{**T *pÉqT*Àlti* *s l'*3ûfûs?tr*! Notre serial-branleur fait Ia une., UÉcho des Savanes / numéro zeg t 41 (N' 'PassoirepourProd."' travail d'amateur salaire de nabab Jean-Luc Delarue, I'homme qui gagne 120 000 euros par mois bâcte-t-il son boulot En 2003, je piège sa boîte (qui produit l'émission C'est mon choix) ; 5 ans plus tard, je récidive, toujours sous mon vrai nom ! Le radin bidon que - Et Le producteur (qui se présente comme celui de Pékin Express) arrive, il m'in- y a cinq ans, Fabrice me fait une petite il répond en mon nom à un aPPel vite à faire quelques pas dehors, ll m'ex- farce: plique que ce n'est pas possible de payer les invités, que c'es| "contraire à à témoin, pour l'émission C'est mon chox. Le thème : "Vous êtes le pire des radins". Je décide de jouer le jeu, je me la déontologie iournallstrque" (sic). li me dit qu'ils ont été réglos, qu'ils nous ont défrayé ma femme et moi, train, hôtel, compose un personnage abominable, pilleur de fleurs dans les cimetières et chapardeur de papier-cul, qui ne tire la chasse qu'une seule fois par jour... Et je suis sélectionné pour figurer au panthéon de la beauferie télévisuelle, en compagnie d'un copain qui joue le rôle de mon frère. resto... Je réponds que c'était la condition de départ pour que je leur donne mon aprèsmidi. S'ils veulent que je reste après 1B heures, il faut me verser une compensation. Je demande 150 euros. Le Roi !. Quelques années passent, et un jour je reçois un coup de fil d'Europe 1 . La jour- naliste travaille pour l'émission de des Dechavanne, aujourd'hui on parle des radins, et justement un copain à elle, qui bosse chez Réservoir Prod, lui a ('ai mauvais fond). Sacré Finalement il dégaine son portefeuille 42 mépris dans son regard. lls ont voulu le Roi des radins ? ils l'ont eu ! Je lui dis que je suis peut-être rateau, mais pas escroc : je lui enverrai une facture. Je L'Écho des savanes... mais, visiblement, - Allez Frédériq c'esf pas posslb/e... On note ses nom et coordonnées. Une minute avant l'enregistrement, toujours flanqué de mes deux intermittentes, je soupire : - Allez, j'en ai marre, je me casse. - Ah non Frédéric, vous n'avez Pas le droit, vous avez été payé pour rester ! - Non, je plaisantais ! Elles rient jaune. ça ne les refroidit pas ! l-enregistrement est prévu pour le début d'après-midi. Mais les cafouillages s'accumulent : pannes de courant, manque de public pour faire la claque.,. En définitive, on a un retard de plus de cinq heures. a tout préparé pour vous, le plateau, et tout... ll y a beaucoup d'argent en ieu... - Je m'en fous. Vous, vous êtes PaYés, moi je touche pas un centime. Bon, ie mon show pour C'est mon choix. Les "hooouuuu !" du public me replongent quelques années en arrière, Je me peÊ 2OO7 : copié-collé sur M6 ! mais ils essaient de garder le sourire PqVç pour bidonnage Malgré ce "coming out" radiophonique, quelques années plus tard, je suis à nouveau sollicité par Studio 89, une filiale du groupe M6, pour une nouvelle émission, Sacrée Laurence. Quatre ans que mes références de super radin circulent de prod en prod... Studio 89 est allé chercher des infos sur mon blog, ils savent que je suis imposteur professionnel pour ! et me tend un billet de cinquante : "C'esf de ma poche." Là, je lis clairement le prends à ce moment pourquoi on voit toujours les mêmes têtes dans ce genre d'émission : ils se refilent les fiches des "bons clients"... Peut-être même qu'il y a un marché parallèle : "ll est beau mon radin, qui n'en veut ?" La fille me Prie de ne pas préciser que c'est elle qui m'a appelé, étant donné que ce sont les les auditeurs qui appellent...". Gros embarras dans le studio. Mon ancien "coach" de Réservoir m'appelle aussi sec, horrifié. J'en profite pour le narguer fâdlns La n{Tociation se prolonge vingt minutes. transmis mes coordonnées. Je com- audlteurs qui sont censés se manifester. Je passe en direct à l'antenne. Dechavanne : " Alors Frédéric, vous éfes un gros radin !" . Moi : "Pas du tout. Votre collaboratrice m'a contacté parce que Ie suis passé à C'est mon choix, mals c'était bidonné. Votre émission aussi on dirait, vu que vous faites croire que c'est sinon, tu fais de la BD ? C'est super intéressant !... Iepaf s'ur*achu ll ? temorgner Tout le monde est stressé, et pour couronner le tout, ce connard de radin fait des siennes : "ll est hors de quesflon que je reste jusqu'à 19 heures ! J'étais OK pour vous donner gratuitement mon après-midi, mais maintenant ie me bane." Je lis dans leurs yeux qu'ils sont super emmerdés, j'y vois même de la haine, t t:Écno des Savanes / numéro 269 : mets toutefois une petite nouveauté me barre. - Qu'esf-ce que vous voulez : - ? Champagne ? n'ai ien à foutre du champagne. Ce que je veux, c'est de I'argent. L assistante du réalisateur vire au - J'en cramoisi C'est parti. Je fais un copié-colié de : Vous savez qu'en plus, fe me suls arrangé pour me faire payer par le producteur ? Je sors mon billet de cinquante, ça jette un gros froid. Évidemment, le passage sera coupé au montage. L'affaire est reprise par la presse. C'est pas possrb le Fredéic, on ne peut pas vous payer... On paye pas les invités... Entrevue y consacre trois Pages. - Alors je me barre. À la rentrée suivante, l'émission n'est - Grosse panique. Eile part chercher le producteur. Pendant ce temps, deux gentilles intermittentes me font la conversation. On sent qu'elles ont été briefées pour me faire patienter : pas reconduite.