Londres menace la domination

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Londres menace la domination
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02.04.2007
Londres menace la domination
de New York conime place financkre
Finance La City verse les bonus les plus levs et les socites des pays emergents prförent s'y coter plutöt qu'ä Wall Street
Eric Albert, Londres
Kensington Palace Gardens, au
bord de Hyde Park Londres, est
sans doute i'une des rues les plus
chres au monde. Garde L l'entr€e
comme ä la sortie, eile a longtemps
mi habit€e parles ambassadeurs (la
r&idence de l'ambassadeur de
France y est encore) et ehe &aitjusqu'a peu considmie comme inabordable pour des propri€taires priv€s.
Mais au moins trois riches banquiers et hommes d'affaires s'y sont
install€s depuis peu. Londres est
une ville qui flambe, car i'argent
de francs.
Les m&iers les plus pointus de ia
contre 18,4 miiliards aux Etats-Unis.
Si les entreprises des pays €mer-
fmance sont d&elopp€s Londres.
Pour Shaun Springer, directeur de
gents boudent New York, c'est en
Napier Scott, la llamb€e des bonus
britanniques s'explique avant tout
par ie sucnis des hedge funds. »Ils
ont choisi Londres parce que c'est le
meilleur endroit pour y trouver des
g€rants de talent)) Ui forte concentration de g€rants de private equity
(Apax Partners, 3i, Permira, Cando-
nes-Oxiey (lire ci-dessous). Schon
une €tude de ha Bourse de Londres
auprin des entreprises qui s'y sont
ver) et l'essor du ngoce de d&ivs
ont gaiement contribu€ ö l'envol€e
des nimun&ations. Dans la structuration de cnidit, par exemple, un directeur ex€cutif gagne 140000 Ii-
coule ä flots au bord de la Tamise.
«Londres est ie premier centre 11nancier au monde», n'a pas h€sini
vres sterling (336000 francs) de
proclamer ia semaine dernire Ed
million de llvres (3,7 millions de
Balls, ie secr€taire d'Etat au Tr€sor.
Tout tient en un chiffre: les bonus
des banquiers d'affaires londoniens
sont jusqu'ä 50% sup€rieurs ceux
qui vivent ä New York. «L'&art entre
Wall Street et ia City continue de se
creuser et les Etats-Unis sont maintenant au niveau des salaires asiati-
salaire, en plus d'un bonus de 1,56
francs), contre 114000 livres et 1,24
million pour son homologue newyorkais. ))La concentration de financiers de haut niveau ä Londres a per-
mis d'apporter plus d'innovations
dans les produits, et donc d'attirer
plus mintreprises. C'est un cercle
vertueux)), conclut Shaun Springer.
ques piutöt que britanniques», asnine l'€tude salariale annuefle du
Mais pour Jonathan Said, €cono-
consuitant Napier Scott.
et Business Research), auteur d'une
&ude sur l'importance de la City, il
faut remettre les choses en perspective: »New York reste presque deux
fois plus grande que Londres en ter-
Concentration de talent.s
La capitale britannique est-elle
en trab de devenir la premiire
place financaire mondiaie? A voir
les maisons vendues nigulirement
L 10 miillons de livres sterling (24
miliions de francs), les objets d'art
qui pulv€risent ies enchres de Sotheby's, ou encore les cocktails recouverts de poudre d'or servis dans
miste au CEBR(Centre for Economic
cot€es, ie quart d'entre ehies ont
choisi ha City ö cause de son environ-
nement r€glementaire l€ger. Man
Brown, directeur de l'investissement chez Schroders, confirme:
«Notre r€glementation se base sur
les grands principes, sans entrer
dans les d€taiis. C'est plus leger, sans
tre pour autant moins efficace.»
Une €tude publi€e en mars par ha
City of London place Londres au
premier rang mondiai en termes de
comptitivini pour les services 11nanciers, juste devant New York. La
capitale britannique d€passe la
place am€ricaine sur chacun des
cinq crinires: niveau de comp€tence
des emphoy€s, r€guhation et impöts,
infrastructure, acnis aux march€s et
comp€titivini g€n&ahe. Mieux:
l'€cart entre hes deux villes s'est accentim par rapport ä l'€tude pr&€dente de 2005.
mes de production financi&e. Si
Londres attire actuellement davantage ies entreprises internationales,
l'€conomie am€ricaine reste nettement plus importante que celle de
la Grande-Bretagne.»
Reste que 1'&art se r€duit. L'expli-
LundiFinance
Londreii,enaceladoi,,a»oii_deNeweoikcornme piace finaiieeer
cation est ä chercher en Inde, en
certains hötels hupp€s, ia City sem-
Russie ou en Chine. Les entreprises
ble effectivement rapporter gros.
des pays mergents s'introduisent
de plus en plus ia Bourse de Lon-
Bob Diamond, le pr€sident de Barclays et CEO de sa division banque
d'affaires, a reu l'an dernier l'astronomique somme de... 52 mfflions
grande partie ä cause de ha hoi Sarba-
dres. Les IPO r€alis&s Londres au
deuxime semestre 2006 taientvaloris€es
19,8 milliards d'euros,
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tu Ci, attire les entr& enBornse internationales & cause de son euvirouijement i€glernentaire kger. ]mCHIVES
Une domination fragile?
Mais cc classcmcnt est cl from-
pe-ftril: au total, Londres obtient
765 points, peine devant New
York, qul a 760 points. Toutes ks
auftes villes anivent bin dente
(Genve est IDe, avec 628 points).
tiailleurs, Man Browi avertit quc
la domination dc Londres est ha-
laires de chaque c6t de IAtlantique. II souligne aussi que Londres a
sans doute mang son paili blanc.
«L'aigent heile a
gagn& Les Etats-
Unis commencent ä gommerles pires aspects de Sarbanes-Oxley, et ii
ne faul pas s'attendre cc que New
York ne se batte pas.Je ne pense pas
gut Londres va soudain s'effondrer,
mais cela deviendra plus difficile dc
progresser.
gile: «Les bonus &aicnt trs €Iev&
Londres rette ann€e parre quc cst
lä que se sont conclnes les transactions. Mais cela peut repartir trs
vite New York.» II aftirme gut chez
Schroders, tes salaires sont trs
simi-
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Salaires et bonus en 2006
En millions de
Royaume-Uni
Etats-Unis
Asie
1,5
Iivres sterling
Structuration dc crddit
1,7
1,3
Crddits exotiques
2,1
1,7
1,8
Crddits intdgrds
1,1
0,9
0,9
(Ces chiftres concernent les directeurs gdndraux des dtablisserments dits dc Tier 1, cest-ä-dire
les mieux payds)
Face ä la City, la riposte new-yorkaise sbrganise
trent dome pour l'heure autour dm
allgement de cette loi. Le 20 mars,
la SEC a vot€ l'unanimit€ de mou-
L'avantage londonien attise la civalini s€culaire entre New York et la
contre les entreprises cot€es, facilit€
par l'usage ä des Ems priv€es d'une
nigle de la Securities and Exchange
Commission (SEC): RulelOb-5.
Cette nigle, la plus redouule des patrons de
cot€es aux Etats-
City. A coups d'€tudes et de rap-
Unis, interdit ia pulsentation
ports, New York n'en finit plus de
inexacte de faits mat€riels et h'information frauduleuse en vue de tromper les investisseurs. Ehe €tait l'ori-
aux soci&s llOll am&xcaimes
Les plaintes collectives et la
loi Sarhanes-Oxley devront
subir des modifications
s'aiarmer: si rien n'est fait, Wall
Street sera d&rön& dans la d€cen-
nie. Le dkiin de la Bourse am&icaine «provient de biessures autoinflig€es», a nisum Hai Scott, ie
professeur de Harvard qui pilote
l'important «Comittee on Capitai
Markets Regulations», dans un rapport paru en novembre 2006.
Ces «biessures» ont deux causes
majeures. Premirement, la ioi Sarbanes-Oxley («SOX»), introduite en
2002. Ehe a coftt€ des millions de
dollars aux entreprises pour mettre
en piace de stricts contröles comp-
tabies internes (comme l'exige sa
Section 404), accapani le management, et rendu les entreprises, ies
patrons et ies auditeurs beaucoup
pius vuln&ables ä des poursuites
pnales s'ils contreviennent ha ioi.
Deuximement, he risque de
plaintes collectives («dass actions»)
gine destin& au seuh usage du
gendarme boursier dans soll röle de
surveillant des march€s. Mais ia jurisprudence a gn€ralini ia pratique
des «dass actioms» de particuhiers en
vertu de la nighe lOb-5. Ds lors,
toute soculni soumise ä ia SEC vit
avec le risque d'affronter de teiles
plaintes lorsque son cours d€cline.
D€cotalions facilit€es
Le risque total de iitige devemamt
ing€rabhe, les cotations d'entreprises €trangres aux Etats-Umis se sollt
effondules. Em 2006, l'Europe a re-
cueilli trois fois plus d'entnies en
Bourse que New York et rkolt€ pres-
que le double de fonds, um nihec
que Wall Street a impuul d'abord ä
la loi «SOX». Les r€formes se comcen-
velles nigles facihitamt ha d€cotation
des
&rangres des Bourses
am&icaines. Ces nigles permettellt
d'€chapper ä ha surveillance de ha
SEC si le vohume de ngoce de leurs
titres na
que 5% ou
moins du n€goce momdial de ces
mmes titres au cours des douze
mois
Ces nouvelhes nigles
elltrerollt em vigueur mi-anne.
Ell outre, la SEC a assoupli ses
exigences sur hes comtröles imtermes
des comptes, d€veloppant une approche «bas€e sur he risque», qui serait moims cociteuse. Mais ha partie
m'est pas gagm€e: ha notiom de risque
diffre largememt entre la SEC, les
soci€uls et les auditeurs.
Les plaintes colhectives savremt
plus d€licates niformer. Reste que,
pour la premi&e fois, un s€mateur
dmocrate, Charles Schumer, a appel em janvier um usage plus restreint de la Rgle lOb-5 pour les pcivs, souhaitant que la SEC tellte de
dissuader les plaintes les plus «probl€matiques». New York n'a pas dit
soll dernier mot... Myret Zaki
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Wall Street amnage en Europe
Commentaire
Lt si Blackstone se cotait ä
Londres? Ce serait la gffle suprme
Stock Exchange-Euronext, Wall
Street travcrsc l'Atlantiquc pour
attaquer Londres dc front. Euro-
pas si farfelu: Steve Schwarzman,
CEO dc la puissante firme de
private equity, ta1e son aversion ä
la loi Sarbanes-Oxley, talon
d'Achille de NewYork. Tout
next devient son extension pour
pour Wall Street. Cc scnario n'est
comme sa situation gographique. Londres, l'inverse, est sise
dans le fuseau horaire et sur le
mridien ida1 pouraccueilirles
entrcs en Bourse (IPO) d'Europe,
du Moycn-Oricnt et dsie. Un
capter les WO globales qui se
rservaientjusqu'ici Londres.
Paradoxe: Euronext devient le
pivot dc la comp&itivit finan-
cire amricaine, confirmant
l'inversion du rapport dc forces
transatlantique. Si c'est le cas, les
financiers du Vieux Continent sc
partageront avec Londres et Hong
Kong lcs plus haut.s bonus... M.Z
espoir: avec la fusion NewYork
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