analy se oeuvre - E

Transcription

analy se oeuvre - E
Vénus et Cupidon
Alessandro Allori
ANALYSE
OEUVRE
D’
GIRAUD Sophie
LASSARADE Mélanie
GUAZZAGALOPPA Florence
INTRODUCTION
Alessandro Allori 1535-1607, dit Le Bronzino, est un peintre florentin maniériste. Il
a eu pour maître Michel-Ange. Allori est le
dernier de la lignée d’éminents peintres
florentins qui laissèrent ensuite place aux
peintres Baroques.
Venus et Cupidon est une œuvre mythologique, ce thème a été repris par de très
nombreux artistes.
Nous allons donc voir en quoi cette œuvre
s’inscrit dans le courant maniériste.
Après avoir décrit les éléments qui la composent nous procéderons à son analyse
qui nous permettra de répondre.
DESCRIPTION
Au premier plan, on distingue deux figures,
une femme allongée par terre sur un drap
bleu, et un jeune homme nu derrière elle.
La femme est presque nue, au buste allongé,
seulement vêtue d’un voile autour des hanches, et elle porte une couronne dans les cheveux. L’homme est plus petit, il a dans le dos
des ailes d’anges de couleur bleutée.
Il porte une sangle dorée à l’épaule et l’on
distingue qu’elle maintient un carquois dans
son dos.
Les deux personnages se regardent, la femme
tient dans sa main gauche un arc et une flèche
que le jeune homme cherche à récupérer, elle
le maintient donc par l’autre main pour l’en
empêcher.
La femme prend toute la longueur de la toile
et paraît très imposante. Les deux corps forment une courbe et une contre-courbe qui
s’équilibrent.
Devant la femme on distingue deux colombes
se bécotant sur un sol de roses. Juste à coté
on voit une boule d’or.
Le premier plan est très lumineux et très éclatant alors que le second plan est ténébreux et
isolé, à l’ombre des arbres.
Dans cette partie on distingue un lièvre ainsi
que la silhouette de deux hommes, l’un portant l’autre sur son dos.
A l’arrière plan on voit apparaître une ville située sur des collines boisées.
Le ciel est bleu et un peu nuageux.
ANALYSE
Maintenant que nous avons vu les différents
détails du tableau nous pouvons l’analyser.
Les deux personnages, le titre nous le montre
bien, sont Venus et Cupidon.
Venus est la déesse de l’amour et de la
beauté et Cupidon est son fils. On comprend
donc qu’ici la mère joue avec son enfant en
lui volant son arc. Les deux figures sont nues
puisque ce sont des dieux. Et la longueur du
buste de la déesse paraissant anormale, nous
laisse nous inscrire dans un travail maniériste
en comparaison avec Le Parmesan et sa Ma-
done au long cou.
La Venus est un sujet récurent chez les peintres.
On l’a vu apparaître avec Sandro Botticelli et
sa Naissance de Venus,
avec Cabanel, avec Le Titien et sa Venus d’Urbin,
et puis plus tard avec Manet et Olympia.
ANALYSE
Il existe aussi beaucoup de représentations
de Cupidon avec sa mère.
Vénus et Cupidon de Lorenzo Lotto ou Vénus
et Cupidon par Agnolo Bronzino, un autre des
maîtres de Allori.
Dans cette oeuvre on retrouve également
la boule d’or. Cette boule est en réalité une
pomme d’or.
On la retrouve dans Vénus tenant la pomme
de Pâris de Helst Bartholomeus.
La mythologie raconte que lors d’un mariage
de mortels auquel assistaient les dieux, Eris
déesse de la discorde lança un pomme d’or
où était gravée la mention « à la plus belle »
Pour départager Héra, Athena et Aphrodite
(Vénus), Zeus demanda à Pâris d’être juge.
Les trois déesses se présentèrent devant lui,
dans leur nudité et chacune lui offrit un cadeau pour tenter de fléchir son choix.
Héra lui promit la souveraineté sur l’Asie et de
l’Europe, Athéna, la gloire des guerriers, et
Aphrodite, lui offrit son amour. Ce fut à cette
dernière que Pâris offrit la pomme d’or. Mais,
jalouses de n’avoir point été choisies, Athéna
et Héra témoignèrent à l’avenir, d’une haine
farouche à l’égard du Troyen Pâris et
protégèrent les Grecs lors de la guerre de
Troie contre Venus qui protégea Pâris et les
Troyens.
Cette pomme est donc un des attributs de la
Vénus mais aussi un symbole du déclenchement de la guerre de Troie.
Les colombes, les roses et le lièvre sont aussi
des attributs de venus et marquent les symboles d’amour et de tendresse dont elle fait
preuve envers son fils. Ce thème mythologique, cette image très symbolique représentée
ici nous fait apparaître le mouvement maniériste car c’est un art qui se dédie aux érudits,
à la cour, aux lettrés, c’est un art de codes et
de symboles.
ANALYSE
Le second plan est plus mystérieux car il se
situe dans l’ombre.
Les personnages aux premier plan sont en
pleine lumière et cela crée un effet de clair
obscur comparable à celui de Rembrandt
dans ses autoportraits.
Ce décalage créé par la lumière permet grâce
au deuxième plan, d’isoler les personnages
du reste du monde.
La lumière est tellement forte qu’elle en devient acide et nous fait penser a la fresque de
Michel-Ange dans la chapelle Sixtine.
Cette obscurité cache les deux hommes que
l’on distingue difficilement.
Ces deux hommes sont en fait Anchise et son
fils Enée qu’il a eu avec la déesse.
Vénus lui a fait croire qu’elle était mortelle
pour le séduire et quand il apprit la vérité il
ne dut rien dire, mais un jour où il était soûl il
dévoila le secret et Zeus lui lança un éclair de
colère qui le rendit boiteux.
Bien plus tard lors de la guerre de Troie, Enée
doit fuir la ville en portant son père sur son
dos.
C’est à ce moment que fait référence l’œuvre.
Encore une fois on retrouve Vénus mêlée à la
guerre de Troie dans ce tableau.
Cette référence est cachée dans l’obscurité du
tableau, cette obscurité qui est aussi une des
caractéristiques du mouvement maniériste.
ANALYSE
Le dernier plan est une fenêtre sur la ville,
sur le monde extérieur, comme, une ouverture
utilisé par Veermer avec les fenêtres dans ses
toiles.
La fenêtre, l’ouverture, marque une séparation, une évolution, ici elle marque la séparation avec le monde des humains, la Venus
sur son drap bleu, comme sur un nuage, vit
un moment de complicité avec son fils pendant que la guerre éclate sur le monde des
mortels.
Cette fenêtre marque aussi un effet de profondeur, on plonge vers l’arrière du tableau et les
deux corps nous incitent à y aller grâce à
leurs bras qui nous montrent la direction, qui
nous entraînent vers le fond du tableau.
Cette œuvre montre donc deux sens de mouvement différent.
Le mouvement de profondeur de la droite vers
le fond gauche du tableau guidés par les bras,
et le mouvement de la courbe ascendante de
la gauche vers la droite formé par le corps
des divinités.
La présence de ce mouvement dans l’œuvre
nous confirme bien qu’il s’agit de maniérisme.
CONCLUSION
CONCLUSION
Cette œuvre de Alessandro Allori est
donc bien une œuvre fondamentalement
maniériste puisqu’elle présente toutes
les caractéristiques de ce courant : une
déformation et une torsion du buste de
la déesse, une obscurité très présente
autour des deux figures, des tons acides
et crus, hérités de Michel-Ange, une recherche du mouvement, un art de codes,
de symboles, un art de cour, qui s’adresse
à des gens cultivés et lettrés.