Vietnam compte rendu APHG
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Vietnam compte rendu APHG
Journal du voyage APHG 2012 : Vietnam, Angkor Vingt huit adhérents ont participé au voyage. Après une longue nuit d’avion qui nous transporte de l’hiver à l’été, nous atterrissons le 26 février à Hô Chi Minh Ville, comme prévu, à 6 heures et demie heure locale. Nous avons parcouru 9 232 kilomètres. Nous sortons de l’aéroport un peu après huit heures, la chaleur est étouffante, dépassant allègrement les 30° et l’opinion unanime : « Il ne manque plus qu’une bonne douche. » Nous découvrons notre guide, Thuong, un homme de petite taille, à la tête toute ronde, arborant un large sourire. Il se montre ravi de faire notre connaissance, et c’est réciproque. Tout au long du voyage il sera d’une patience, d’une disponibilité à toute épreuve. Sans langue de bois, il aura à cœur de nous faire découvrir toutes les facettes son pays en pleine mutation. Il nous précise d’emblée que Ho chi Minh Ville est l’appellation officielle, des communistes, du Nord mais que les habitants continuent à parler de Saigon. Notre visite commence à Cholon, ville chinoise attenante à Saigon. Il y a une forte et ancienne présence chinoise (500 000 personnes) à Saigon, qui parlent cantonais. Nous découvrons au grand marché Binh Tay de nombreuses spécialités exotiques, nid d’hirondelles, œufs de cent ans, toutes sortes de denrées séchées (champignons, sèches, crevettes et autres poissons) sans compter les fruits et légumes pas toujours bien identifiés (châtaignes d’eau, liseron, patates douces, manioc etc…). La place centrale est consacrée à Quách Đàm, 1863-1927, le constructeur du marché, devenu son génie protecteur auquel est consacré un petit autel. Les commerçants ont à leur disposition une « boite aux lettres céleste » brasero où ils viennent brûler quelques dollars factices pour faire prospérer leur commerce. Après le marché, nous visitons la pagode dédiée à Thien Hau, "la grande dame" ou "Dame céleste", qui a protégé l’arrivée des Chinois en bateau. Elle a été construite au XVIIIème siècle et est ornée de splendides figurines de céramique colorée. Le guide nous dit à ce sujet qu’il faut bien différencier le temple, consacré à un génie, de la pagode, consacrée à Bouddha. La circulation est très dense, surtout des motocyclettes, malgré le prix de l’essence, 1 $ 10 le litre. Les Vietnamiens donnent la priorité d’abord à leur chère moto, malgré un prix élevé, puis au téléphone portable, et enfin au poste de télévision. On achète toujours cash, parce qu’on n’a pas confiance dans les banques, et que cela évite de payer les 10% de taxes ! La suite de la visite nous conduit dans la ville coloniale, de plus en plus réduite face à la frénésie immobilière de cette métropole émergente, où fleurissent gratte- ciel, centres commerciaux et boutiques de luxe particulièrement clinquants. La grande poste, le théâtre, la cathédrale en briques importées de Toulouse, soigneusement restaurés, gardent cependant fière allure. La journée s’achève par la visite d’une fabrique de laque et un diner spectacle sur la rivière Saigon. Le jour suivant sera consacré à l’exploration du delta du Mékong. : comme il a 8 bras et que ce chiffre est maudit, les Vietnamiens ont creusé un canal pour que le delta ait 9 bras ! Embarquement à bord du Cai Be Princess pour une croisière à la découverte de la vie au bord du fleuve. Après un 1er arrêt dans des ateliers de confection de galettes de riz, de caramel, d’alcool de riz, nous traversons le marché flottant. On reconnait ce que vend chaque bateau au fruit ou légume fixé au bout d’une perche. Des pêcheurs s’infiltrent dans la mangrove entre les palétuviers et les kapokiers. Des femmes au chapeau conique courent sur la rive, palanche sur les épaules. Le sampan glisse entre les jacinthes d’eau qui servent de nourriture aux hommes et animaux. Déjeuner sur la véranda ouverte aux 4 vents d’une villa coloniale : « le Longanier », du nom d’un arbre portant des fruits proche des litchis. Ambiance « Indochine » garantie ! Les serveuses vêtues d’ao dai noir orné d’un collier de perles nous découpent le panga grillé aux écailles recourbées et nous préparent des rouleaux de printemps. Le thé est servi dans du céladon. Promenade digestive dans un jardin paradisiaque avec des roses de porcelaine, des héliconias, des arbres du voyageur, des aréquiers et des cocotiers. De retour sur le bateau, on nous offre des fruits : œil du dragon (fruit du longanier), fruit du dragon ou pitaya (rouge à l’extérieur, à la chair blanche piquetée des grains noirs), ramboutans à 1 l’écorce épineuse et petites bananes royales. Nous débarquons sur un îlot de pépinières de durians, de jacquiers, de goyaviers pour déguster un énorme pamplemousse vert et autres fruits, du thé et de l’alcool de riz, tout en écoutant de la musique traditionnelle, des chansons narrant la vie et les amours des paysans. A nouveau sur l’eau, nous croisons des barques à longues rames qui évitent ainsi de s’ensabler à marée basse, chargées de paille de riz, de briques, de bois . La route de Vinh Long à Can Tho se fait en car. A l’entrée de la ville nous passons sur un pont construit par les Japonais et dont une pile en béton s’est écroulée en 2009, écrasant cent personnes. Pour éloigner les mauvais esprits, une pagode a été érigée près du lieu du drame. L’hôtel Ninh Kieu 2 qui nous héberge a une étrange enseigne publicitaire proposant des « massages de pied et du poisson ». Il semblerait qu’il s’agit de mettre les pieds dans un aquarium où de petits poissons mangent les peaux mortes ! Le guide nous informe que cette ville est réputée pour la prostitution et qu’il ne faut pas confondre « massage médical » et « massage amical ». Effectivement, c’est la seule fois que nous avons des préservatifs dans la chambre d’hôtel. Après dîner, petit tour au marché de nuit où se vendent des produits de confection bas de gamme. Cette ville, surnommée capitale de l’ouest est une plaque tournante pour les transports. C’est la capitale politique et économique du delta du Mékong. Après la nuit à Can Tho, nous allons prendre le bateau pour voir le marché flottant de Cai Rang. Le bras du Mékong est assez large et les barques à moteur et à rames des acheteurs ou petits commerçants naviguent entre des bateaux plus importants qui sont des « grossistes » : les marchandises de ceux-ci sont visibles de loin, car quelques spécimens sont attachés à une perche, audessus du pont : les fruits comme les ananas, pastèques mangues…sont nombreux ; aussi les salades, les tomates, les patates douces…Nous retrouvons le car pour une route à travers les rizières et Thuong nous passe un film documentaire sur le riz, auquel il a participé, pour Canal +. Le riz est vital pour les Vietnamiens ; pour dire bonjour, on demande « avez-vous mangé du riz ? ». Dans le delta du Mékong, il y trois récoltes par an ; c’est actuellement la période du repiquage. La densité de population est importante ; le Sud du pays attire les Vietnamiens du Nord et Saigon est la ville du pays la plus peuplée et la plus dynamique. Nous visitons la pagode bouddhiste Vinh Trang à My Tho. Son portail est décoré d’incrustations de fragments de porcelaine multicolores qui font penser aux œuvres du Facteur Cheval. Elle est précédée d’un énorme Bouddha ventru et souriant et de très beaux bonzaïs, taillés à la vietnamienne. L’intérieur est encore occupé par des moines et nous profitons des décors en bois sculpté et du calme. Après le déjeuner, le voyage continue en car jusqu’à Saïgon ; Thuong nous explique les « maisons tubes », conséquences d’une taxe foncière en fonction de la largeur donnant sur la rue. Ces maisons, étroites, vont en profondeur et ont des pièces aveugles. La circulation est intense, énormément de motos, où il y a parfois quatre personnes (monsieur, madame et deux enfants). Les casques sont paraît-il obligatoires…et les masques sont très nombreux mais les uns comme les autres ne semblent pas concerner les enfants. La visite de la pagode de l’Empereur de Jade termine notre journée. Il s’agit d’un temple taoïste chinois de la fin du XIXème siècle, précédé d’une cour avec quelques banians ; les quatre gardiens entourent l’Empereur de Jade (dieu suprême). D’autres salles présentent des statues et des panneaux de bois sculptés présentant les châtiments de l’enfer : magnifique et original. Le quatrième jour, nous quittons le Sud, ancienne Cochinchine, pour rejoindre en avion Danang. Le musée, construit dans les années trente par l’Ecole Française d’Extrème Orient, offre une importante collection d'art Cham, peuple hindouiste, grand rival des khmers, qui dominait le royaume du Champa avant l’arrivée des Annamites au XIVème siècle. Vishnou, Shiva, Ganesh, Garouda, sont les principales divinités représentées sans oublier les nombreux lingas, symboles phalliques de Shiva, parfois alignés, parfois associés au Yuni, symbole de la matrice et destiné à recueillir les eaux lustrales. On y voit aussi la reconstitution d’un temple bouddhique avec un étonnant Bouddha assis sur un trône, certains souverains Chams ayant été adeptes du Bouddha. Nous rejoignons ensuite la petite cité portuaire d’Hoi An, plaque tournante des échanges entre Chinois, Japonais, Espagnols et Annamites jusqu’au XVIIIème siècle. Le port est désormais ensablé. Nous y visitons un atelier de tissage de soie, de broderie et de confection sur mesure. Les brodeuses 2 copient des personnages ou paysages d'après des cartes postales. C'est sidérant de réalisme! Mais pas à forcément à notre goût... La visite de la ville de Hoï An classée au patrimoine Mondial de l’UNESCO, offre des chefs d' oeuvre à ceux qui lèvent le nez des étals pour touristes. Petites maisons coloniales espagnoles à galeries, peintes en jaune, agrémentées de cages à oiseaux siffleurs, de lanternes multicolores et de bonzaïs sculptés. Des arbres immenses à lianes tombantes (des ficus d'après notre guide) ombragent les places. Nous y visitons plusieurs maisons de bois, à la fois entrepôts et habitations, avec des successions de cours intérieures, construites par les marchands chinois, dominant la place commerciale. Tout cela sous le babil sonore des habitants. Et puis le pont-pagode japonais enjambant des eaux sombres et ...nauséabondes. L'encens, fort heureusement, masque tout! A la sortie, une femme au chapeau conique nous offre des fruits du dragon cornus, des rambutans et bien d'autres variétés inconnues. Le tout sur une palanche. Rencontre fugitive avec d'une vieille femme parcheminée et coquette (ses dents sont noircies de bétel). Dans cette ville-musée, pagodes, sanctuaires, autels des ancêtres se succèdent. Un festival de couleurs criardes, de dieux, déesses et génies auréolés de lumières électriques parfois clignotantes (!) et baignant dans des nuages d'encens. Etrange mélange de dévotion et d'occupations plus prosaïques: on vend, harangue, mange, boit le thé dans les temples. Le dîner se déroule au rythme des danses chams, mais la fatigue terrasse la plupart d'entre nous. Le lendemain lever 7h30 ! Après un petit déjeuner vitaminé ; banane, ananas, pastèque, fruit du dragon, nous partons vers My Son , « la belle montagne » pour découvrir les ruines du principal centre religieux du royaume de Champa. Le peuple, Cham, d’origine indonésienne a aujourd’hui disparu nous laissant une série de sanctuaires datant d’une période allant du VIII au XIIIème siècle. Chaque roi faisait édifier des édifices en l’honneur des dieux hindous, Shiva surtout. Pour y accéder nous remontons une vallée et découvrons le milieu rural. Le guide entretient le moral des troupes, nous sommes chanceux, dit –il car dans la plupart des cas il fait la visite sous une pluie battante ou alors dans la fournaise. Nous quittons notre bus climatisé pour nous lancer dans la jungle menaçante… mais non ! c’est un chemin parfaitement carrossable qui nous amène sur le site malheureusement très endommagé par les bombardements américains, les maquisards Vietcong l’ayant utilisé comme « bouclier archéologique »lors de la grande offensive du Têt. Toute escapade dans la forêt reste d’ailleurs proscrite car le terrain n’a pas été déminé ! Les « Kalans », tours représentant le mont Méru, domicile des dieux, construits en brique recèlent des secrets de fabrication qui intriguent les archéologues: les briques Cham sont exemptes de mousses ou formations végétales. Une hypothèse circule, ils auraient procédé à une cuisson sur site en mettant le feu à un bucher placé sur l’édifice. L’après midi libre à Hoi An nous permet de flâner dans les rues de découvrir le marché, et les innombrables boutiques. Après un copieux et délicieux diner, comme à l’habitude : ah cette salade de papaye verte, une rumeur vient à notre oreille… l’hôtel nous offre ¼ d’heure de massage des pieds il suffit de se rendre au spa. Le sort en est jeté, nous confions nos petits petons aux mains expertes de souriantes jeunes femmes. Le baume du tigre laissera dans notre chambre son odeur camphrée. Que voila une bonne fin de journée ! Le ton de la sixième journée est donné par Thuong dès le petit déjeuner « Finies les vacances, au boulot ! » nous déclare-t-il en riant. Et chacun d’enfourcher son vélo pour une balade à la campagne. Une heure et demi de découverte de l’habitat et surtout de la vie du petit peuple vietnamien qui déjeune en famille , accroupi à l’ombre d’un palmier, qui marchande au bord de la route autour d’un panier de poissons frétillants ou de légumes très colorés ; qui pêche ou travaille dans les rizières ; qui fait sécher les palmes destinées à la confection d’un nouveau toit ; qui scie, cloue, découpe dans les innombrables maisons en construction qui bordent les petites routes. Un releveur de compteur pédale un moment à nos cotés, son échelle sous le bras ! les compteurs sont en hauteur, à cause des inondations peut être ? Découverte aussi d’une végétation toujours aussi luxuriante et de cultures de toutes sortes, prélude la suite de notre matinée. 3 A Tra Qué en effet une autre aventure nous attend. Dans un très grand terrain, partagé en parcelles pour les habitants du village, nous voilà incités non seulement à reconnaitre le liseron d’eau, la citronnelle, l’arachide, l’amarante …mais surtout à nous transformer pour quelques instants en jardiniers « bio ». Nous revêtons pour ce faire une large veste de coton et nous coiffons du fameux chapeau conique indispensable sous ce soleil de plomb. L’illusion (plutôt « comique » !! ) est presque parfaite mais l’habit ne faisant pas le moine il va falloir prouver que nous sommes de bons élèves ! Après démonstration d’un professionnel les volontaires sont invités à manier bêche et râteau, à enrichir la terre sableuse d’algues, à aplanir, puis à planter du basilic et arroser …pas toujours évident ! Pourtant certains semblent y retrouver leurs racines ! Puis pour tous un fabuleux moment de détente sous forme de massages (pieds, jambes, tête et épaules) avant de passer en cuisine pour apprendre à confectionner de petites crêpes fourrées (Ban Xeo) et des rouleaux de printemps. Cette fois, chacun joue le jeu, confectionne et mange sa production avant de déguster toujours en plein air mais à l’abri des palmes un repas très parfumé. Le reste de l’après midi s’effectue en grande partie dans le bus qui nous emmène à Hué. Visite éclair d’une fabrique de sculpture sur marbre dont les montagnes regorgent. Arrêt-photo pour admirer depuis « la côte d’Azur du Vietnam », les bateaux de pêche au lamparo et pour certains faire une rapide trempette de pieds dans le Pacifique. Nous nous engageons alors sur la route mandarine. En fait cette portion de route de montagne n’est pratiquement plus empruntée que par les touristes. Trop dangereuse elle a été remplacée par un tunnel pour les poids lourds et la circulation locale. Elle est bordée d’eucalyptus dont le bois est utilisé pour fabriquer du papier et du contreplaqué et d’où l’on extrait une huile de massage vendue sur place par les autochtones. Une quinzaine de kilomètres plus tard, après quelques arrêts pour profiter de magnifiques points de vue sur la baie, ses plages interminables et ses eaux turquoises le soleil disparaît brutalement pour faire place à des écharpes de brumes qui rendent le paysage parfaitement irréel. Le célèbre Col des nuages, frontière climatique, porte bien son nom ! Après installation au Romance Hôtel - tout un programme !!- à Hué, nous voilà de nouveau « au travail » au restaurant. La salle où nous reçoit notre hôtesse, qui parle français, nous fascine par les somptueuses sculptures sur légumes et fruits qui la décore. Au Vietnam la présentation des plats semble aussi importante que l’alliance des saveurs et les aliments se doivent d’être un plaisir pour les yeux avant de l’être pour le palais. Va-t-on nous initier à cet art complexe ce soir ? Soulagement ? Déceptions ? Toujours est-il est que c’est à un nouveau cours de cuisine que nous participons : Confection de mini brochettes (sur tiges de citronnelles) de crêpes et de rouleaux de printemps que nous mangeons en guise d’apéritif avant le somptueux repas qui clôture cette journée. A Hué, nous avons plongé au cœur des croyances vietnamiennes. Depuis la géomancie, qui détermine l’emplacement des grands sites, jusqu’au code des couleurs et des chiffres, sous la dynastie des Nguyen. Nous avons rendu visite à la Dame Céleste, dans sa pagode, entre l’eau de la Rivière des Parfums, et les montagnes barrant la route aux mauvais esprits. Elle date de 1601, mais elle a été refaite en béton. Qu’importe ! On se laisse prendre par la beauté du paysage et le charme du site, par l’orphelin frappant un pot de métal qui résonne dans le temple, ou par la cour arrière, bordée de bonsaïs. Mais, gare à la reine, réincarnée en monstre pour avoir tué par dépit le bonze dont elle s’était éprise ! Autre site canalisant les influences bénéfiques des esprits, le tombeau de l’empereur Tu Duc est un havre de poésie romantique : chemins tortueux, étangs, pavillon de poésie, et vallons. Résidence d’été puis tombe, on ne sait pas si l’Empereur y est réellement enterré, mais sa couleur jaune domine. Petite anecdote : la flore de l’étang est envahie par des sortes de chewing-gum roses fluo : ce sont des œufs d’escargots accrochés aux tiges de lotus… Restons dans l’ambiance impériale et jetons un œil sur la Citadelle de Hué qui a constitué le gros de la journée. Là encore du jaune, pour la porte réservée à l’Empereur, (la plus grande, et centrée), sur les tuiles des parties de bâtiments lui étant réservées. Les mandarins se contentent du rouge. Les chiffres dominent aussi l’architecture. Les chiffres impairs représentent la vie, les pairs la mort. Il y a par exemple cinq portes du côté de l’entrée Sud de la Cité. Compliqué ? Ce n’est rien face à 4 l’organisation de la vie du Palais. Les Palais de l’Harmonie Suprême, celui des concubines, et celui de la mère de l’Empereur séparent les vies de chacun. Mais partout des nuages stylisés, des dragons (symbole de l’Empereur) ornent les bâtiments. On y ajoutera des fleurs et des poissons pour les femmes. Dernière petite chinoiserie, la cérémonie du thé impérial est affreusement compliquée. En fin d’après midi on met des feuilles de thé dans un lotus qui se ferme le soir. Le matin, le thé en feuille imprégné du parfum du lotus reçoit la rosée. On recueille alors, goutte à goutte, la boisson. Pour terminer l’initiation à la culture impériale, nous dînons en costumes de cour dans la capitale de la gastronomie. Des musiciens ajoutent à l’ambiance ou à la gêne selon les convives… Au lendemain de ce grand diner impérial, nous prenons, toujours le long de la rivière des Parfums, la direction du mausolée de l’empereur Minh Mang, qui a régné de 1820 à 1841. La construction du mausolée a commencé en 1840, et n’a été achevée qu’en 1843. Le plan reproduit le corps d’un homme : la tête-mausolée, une allée-tronc qui y mène, l’allée sacrée, longue de 700 mètres, et les pièces d’eau pour les pieds et les mains – un homme allongé au repos, mais qui se tient bien droit, car, nous confie notre guide Thoung, « Minh Mang était un empereur très droit et très sage ». Rien à voir avec son successeur Tu Duc, et ses allées qui tournent façon Orangerie, afin de nous égarer dans sa rêverie mélancolique de souverain stérile. Le pauvre Minh Mang est donc mort trop tôt pour savourer l’agrément de l’endroit. A nous de le faire à sa place. Depuis l’autocar, nous marchons une centaine de mètres, hélés par les enfants qui nous proposent des fruits, avant de franchir l’enceinte du mausolée par la porte Dai Hong Mon. Il nous faut emprunter une entrée latérale, car la porte centrale est réservée à l’empereur. Elle ne s’est ouverte qu’une fois, pour accueillir sa dépouille, et elle est restée depuis, toujours close. Nous nous trouvons dans une vaste cour d’honneur et passons entre un alignement composé de deux éléphants et quatre chevaux, montures royales, et de huit grands dignitaires, mandarins civils et militaires, bien campés sur leurs jambes. Devant nous, en haut d’une volée de marches et protégée par un pavillon, la grande stèle où l’empereur Tien Tri a fait graver dans le marbre les vertus de son père. Au-delà, d’autres escaliers, un pont, et devant nous le mausolée, au sommet d’une colline, dont on n’aperçoit que la toiture. Les plus sportifs gravissent le grand escalier qui y mène, et tentent de voir quelque chose entre les portes fermées, mais ils reviennent bredouilles : le mausolée garde son mystère. Alors nous nous en retournons sans hâte. Imaginez de jolies échappées vers les collines boisées, les lacs, les petits temples tout semblables à ceux qui sont peints sur les grands pots de porcelaine pour bonzaï. Rêverie et méditation devant le lac de "pure clarté", qui attend la floraison des lotus et des frangipaniers. Et puis, il faut bien reprendre le chemin par lequel nous sommes venus, retrouver les gamins qui nous hèlent derrière le grillage, dans l’espoir de vendre leurs bananes et de glaner quelques dongs. On nous presse d’acheter chapeaux et éventails. La route qui nous ramène à Hué traverse la plaine, avec ses rizières et ses villages. Arrêt-photo devant un buffle placide, qui accepte de se faire tirer le portrait vingt-sept fois sans tourner la tête, ce qui nous fait rater l’express Hanoi-Saigon. On ne sait plus où donner de l’objectif. Nous nous consolons, dès onze heures, devant un savoureux repas vietnamien, dans une jolie salle ouverte sur des claustras qui laissent passer l’air. A treize heures, nous sommes à l’aéroport de Hué pour l’enregistrement des bagages. Envol pour Hanoi, où nous sommes accueillis par un petit crachin breton et un air frais… on nous avait prévenus. De l’aéroport à la ville, la route est encombrée par des nuées de motocyclettes. Toujours des rizières, moins bien entretenues que dans le sud, des usines, et, tous les deux cents mètres, de gigantesques panneaux publicitaires pour les banques, l’immobilier, les voitures. Oui, le Vietnam n’est plus seulement le pays de l’oncle Ho. C’est un de ces "tigres" dont nous avons beaucoup parlé. Hanoi, sa métropole, avec ses six millions d’habitants, est une ruche, et le carrefour sur lequel donne la chambre nous le fait bien sentir. 5 Dîner dans une belle "maison-tube", à la périphérie de la ville. 9ème jour :Hanoi, baie d’Along Sept heures - les »vingt-huit» quittent Hanoi et de suite Font confiance au chauffeur avec ses acolytes Ensemble, ils auront des yeux derrière la tête Quand partout jailliront scooters et mobylettes Avec phares et klaxon et sans un saint Christophe Nous sortirons indemnes de mille catastrophes Nous voilà donc partis et côtoyons le pont Que fit construire Paul.D dont je tairai le nom Car prononcer le nom de ladite personne Serait en vietnamien dire le mot de Cambronne Enjambant la couleur latérite asiatique Qui teinte ce fleuve rouge , ce grand pont métallique Que sa longueur fit mettre au livre des records Fut longtemps seul moyen de relier sud au Nord Il a perdu son rôle devenant obsolète On n’y voit plus passer que des motocyclettes. Au delà de quartiers de boutiques et gargotes Surmontées de maisons aux formes de biscottes Nous atteignons le pont construit par les nippons Qui lui aussi franchit l’écarlate rivière Du haut de cet ouvrage la vue est magnifique Car à perte de vue verdissent les rizières le guide le prétend de son ton ironique Car nous n’avons rien vu tant Hanoi est couvert Un véhicule transporte une cage prison Où cohabitent des chats, des chiens, des chattes Notre guide précise qu’une habile cuisson Mettra dans un menu leurs saveurs délicates Soudain un cri strident demande qu’on s’arrête Car enfin devant nous la scène est bien concrète : Au bord de la rizière quelqu’un a vu un buffle Vingt huit objectifs veulent cadrer son mufle, Son museau fait ma rime - mais son pas nonchalant Procure aussi du riz pour tout un continent, Car près de l’animal pataugeant dans la fange On pique soigneusement de quoi remplir la grange Et tous ceux qui s’appliquent à faire ce dur labeur 6 N’auront pas un regard vers les vingt-huit voyeurs Laissez moi un moment pour vous parler du temps Il est à cet instant loin d’être mirifique , Nous savons que ce soir nous serons sur la plage Aussi nous souhaitons que le brouillard «dégage » Mais oublions le temps météorologique Car c’est bien l’autre temps, celui chronologique Qu’ensemble maintenant il va falloir tuer . Le guide s’y emploie , arborant ses dents blanches Il raconte comment pour ne pas s’ennuyer Il suffisait jadis de sortir de sa manche La chique de bethel et puis la mâchouiller Nantie de très nombreuses vertus thérapeutiques ( Elle tue le parasite et guérit les coliques ) Elle rendait sans efforts les corps encore plus forts Et le bethel rend gais tous le mélancoliques Il comprime le temps, rosit les éléphants En répéter l’usage faisait devenir noires Les dents qu’habituellement on a couleur d’ivoire Mais c’était très branché Il poursuit et explique afin qu’on les comprenne Maints aspects ambigus de la vie quotidienne: La frêle jeune fille sur sa motocyclette Doit à Madame - Nhu - la tenue Ao Dai Et s’abritant de tout sous son chapeau conique Sa main pourra tenir les coins de sa tunique L’autre main au guidon agite l’éventail Ses autres mains auront à saluer les personnes , S’occuper des enfants , répondre au téléphone Pour faire tout cela elle préfère être deux. Nous espérons encore nous baigner à la plage Le soleil un instant a nourri notre espoir Brièvement aperçu en traversant les nuages Dix minutes ont suffi à dissuader d’y croire !!!!!!!!! Car nous nous approchons du port d’ Haiphong Le ciel s’est obscurci des fumées de charbon Les routes sont envahies de gadoues d’anthracite Le chauffeur par hasard s’est-il trompé de site ??? Des «oufs» soulagés se font soudain entendre Car les voilà enfin ces mamelons karstiques, C’est bien peu dégagé mais nous saurons attendre 7 Avoir atteint Ha Long, c’est déjà fantastique . Deux jonques nous attendent avec leurs capitaines Qu’importent leurs diplômes - Il y a vingt huit brassières Ils vont mettre le cap vers ces silhouettes brunes Qui nous renvoient l’écho de la corne de brume; Tout d’un coup se dévoile l’étrange paysage Nous sommes «bouches bées» collés au bastingage Et nous serons 2000 en arrivant au port La foule débarquée monte vers la poterne Qui donnera l’accès à l’immense caverne Mais entre stalactites pas la moindre boutique ??? Enfin voilà la plage mais elle est minuscule : Et s’y déshabiller vous rendrait ridicule . Mais le cuistot a fait ses plats les plus subtils Puis trouver le sommeil nous parut bien facile Voir la baie dans la brume fut une chance inouie Précédents et suivants l’auront vue sous la pluie. Aucun d’eux n’aura vu le dragon vrai de vrai Nous non plus ........heureusement Tôt le matin, soit à 7h, nous nous sommes levés pour prendre un dernier petit-déjeuner sur la jonque « huong hai junk », puis nous avons repris la route vers le port dans cette belle baie d’Halong : les paysages étaient plus brumeux que la veille, mais encore très beaux. Ensuite, route vers le village de Bo Duong, mais, comme ses confrères, Thuong, notre valeureux guide, nous a aménagé une visite d’un centre de transformation de perles de culture, avec à la clé, un magnifique magasins où dépenser des milliards de dong en colliers de perles et autre colifichet. Puis route, à travers la campagne, entre rizières verdoyantes, villages et petites échoppes de produits divers, surtout des ananas. Au village Bo Duong, nous sommes attendus par le chef du village, dont la qualité de chef semble se marquer par la possession d’un magnifique vélo électrique qu’il pousse fièrement en nous conduisant chez nos hôtes du jour. Là, comme toujours, un délicieux déjeuner nous attendait. Le plus intéressant vient ensuite : un spectacle de marionnettes sur eau, avec orchestre villageois : de petites saynètes de la vie quotidienne, comme pêche, cueillette, combat de coq. Le plus amusant était sans doute le public : tout le village est venu, il paraît que le spectacle n’a lieu qu’une ou deux fois par an ; les enfants ont déserté l’école, les parents aussi : tout ce petit monde riait à gorge déployée et prenait bien du plaisir, que nous avons partagé avec eux. Retour, ensuite sur Hanoï : longue route, parfois animée de scènes rurales dont les touristes sont friands : rizières, buffles, retour d’école…L’entrée sur Hanoï reste très animée, avec ces innombrables motocycles en tous genres, avec enfants, poules, chiens et autres passagers. On arrive en ville sur une route –digue qui protège des inondations pendant la saison des pluies. A l’arrivée à l’hôtel, notre nouvelle amie Marlène nous attend avec son lot de tee-shirts de toutes tailles, de toutes couleurs. Nous aller dîner dans un restaurant qui est une pure aberration : un self-service qui sert environ 5000 couverts, des comptoirs de plats divers de près de 100m voire plus, un bruit inouï d’enfants qui s’amusent et crient ; pour la première fois, peu de touristes européens, mais plutôt la 8 classe montante vietnamienne : jeunes aux cheveux teints, aux vêtements de marque, enfants uniques « gavés », mets gaspillés laissés sur les tables ; bref une vision étrange qui nous a laissé un peu mal à l’aise. Enfin, retour à l’hôtel, tiens Marlène est toujours là ! Notre visite d’Hanoi commence par le Temple de la Littérature dédié à Confucius. Enfin, une reconnaissance des enseignants : même l’empereur doit descendre de cheval pour pénétrer dans ce qui fut la première université. La connaissance est primordiale mais « le tigre peut égaler le dragon», c’est-à-dire que l’élève peut essayer de devenir aussi savant que le maître. Il faut, cependant, savoir que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », phrase citée dans un français parfait par notre guide. J’ai cherché vainement sur les stèles disposées autour du Puits de la Clarté Céleste, le nom de nos collègues agrégés, leurs noms ont peut-être été martelés car leurs actions n’ont pas été conformes à la morale confucéenne. Le Temple abrite des autels à Confucius et à quatre de ses disciples, les effigies des empereurs de la dynastie Li veillent sur les manuels historiques. De nombreuses classes maternelles s’éparpillent dans le Temple du Savoir. Nous reprenons le bus direction la vieille ville où nous attendent, tout près de l’Opéra, 28 pousse-pousse. Ils se faufilent dans la circulation et les ruelles étroites portant des noms évocateurs : rue de la Soie, du Café, des Volailles, … Une heure de repos et d’observation pendant laquelle nos cyclistes pédalent. A pieds, nous découvrons les vieilles ruelles du quartier des corporations, en direction du « Lac de l’Epée restituée » à la Tortue dorée, qui récupéra son arme après qu’elle ait servi à la victoire sur les envahisseurs chinois Ming. Pour arriver au Lac et au Temple de la Montagne de Jade, nous empruntons un joli pont rouge « romantique à souhait » d’où nous admirons de belles et grosses tortues. A côté du Temple, on peut voir une tortue embaumée à la taille imposante. Nous reprenons des forces au restaurant avant de partir à la découverte du Mausolée d’Ho Chi Minh dans le plus pur style soviétique. La momie de l’oncle Ho part d’ailleurs régulièrement à Moscou pour un toilettage. Nous avons le plaisir d’assister à la relève de la garde (pas très drôle tout cela !!!). Dans un beau parc, où le Grand Homme a planté des manguiers, nous découvrons la modeste « Maison sur pilotis », d’où il nourrissait lui-même les poissons du bassin. Derrière le Mausolée, la Pagode à Pilier unique, en forme de lotus, date du 11e siècle. Il nous est rappelé que les gestes d’affection sont interdits dans le parc et la pagode. Retour au bus, pour gagner l’aéroport et nous envoler vers Siem Reap. Nous sommes briefés dès notre installation à l’hôtel par un représentant de l’agence cambodgienne; il nous rappelle les souffrances subies par le peuple cambodgien sous Pol Pot, les séquelles que cette période a laissées et nous demande beaucoup d’indulgence lors de notre séjour. Ici, le dollar règne et toutes les petites choses se règlent avec cette coupure magique, sans toujours beaucoup de discernement, première surprise. Beaucoup d’enfants proposent de menus objets à un dollar, des jeunes femmes demandent quelques dollars pour des tissus ou autre objet, si bien qu’il est inutile d’avoir de la monnaie cambodgienne. Mais bon; nous sommes là pour Angkor, merveille du monde. Nous partons en touk touk, moto avec charrette, un mode de transport très sympa, et traversons Siem Reap, ville -champignon du fait du tourisme, la forêt tropicale qui entoure les sites d’Angkor, des espèces magnifiques, une route soigneusement balayée, et bientôt après avoir traversé la grande porte, nous découvrons le premier ensemble d’Angkor Thom. Là, commencent les merveilles: tout est immense, l’ensemble a été construit à partir de 1150 par Jayavarman VII, roi khmer. Il comptait des temples et le palais ; il ne reste que des parties. Le guide nous propose un itinéraire qui permet d’admirer les bas-reliefs du Bayon qui racontent la vie quotidienne, puis la guerre. La particularité de l’ensemble est l’association du bouddhisme et de l’hindouisme, voulue par le roi afin d’éviter les guerres civiles. Le temple du Bayon ou temple montagne est surmonté de 54 tours à visage très impressionnantes. Nous connaissons cette histoire grâce au récit d’un Chinois, Zhou Daguan, qui a rapporté les évènements et décrit les constructions à la fin du XIII ème siècle, avant qu’elles ne soient englouties par la forêt. Nous allons de tour en galerie, toujours à la découverte de nouvelles sculptures. 9 Ensuite, nous visitons le Baphuon, un sous ensemble d’Anghor Thom, temple montagne, où des bas reliefs étonnants nous retiennent: scènes avec équilibriste, sumo, funambule, course de chevaux, palanche, le roi monté sur un éléphant... une forêt de pierres nous rappelle la multitude des constructions originelles. Le Baphuon, construit au milieu du XI ème siècle, comprend une galerie contournante que nous suivons d’un côté à l’autre pour enfin découvrir la trace de l’immense Bouddha couché situé à l’Ouest. Le guide reprend l’histoire de la restauration du site par l’Ecole française d’Extrème Orient dès les années 30 et qui s’est arrêtée en 2011. Ici encore, bas et hauts-reliefs nous fascinent. Nous terminons la matinée avec la grande esplanade qui domine la place royale, là où le roi organisait de grandes fêtes, associant ainsi religion et politique. Il réunissait les 54 régions de son royaume qui envoyaient des représentants qui défilaient devant lui. Nous terminons par la terrasse des éléphants et celle du roi lépreux, aux sculptures impressionnantes: trompes et pattes d’éléphants énormes, lions et têtes de chevaux. De nombreux Garudas, oiseaux mythiques véhicules de Vishnou, supportent la terrasse tels des Atlantes. Après un repas agréable comme à chaque fois mais sous un auvent plein de groupes de touristes, nous repartons vers d’autres sites; certes, la chaleur nous accable mais c’est si beau. Le Prasat Kravan est un sanctuaire plus ancien, du Xème siècle, majoritairement en briques; de l’extérieur, cinq tours alignées, pas complètes, mais nous retenons particulièrement un temple en briques dont les murs sont décorés. Un bas-relief, très grand, représente Vishnou et ses attributs, massue, conque, roue et disque. En face, un autre bas-relief qui le montre juché sur Garuda. L’autre site de l’après midi est le Ta Prohm, de la fin du XII ème siècle. Ici, c’est le choix de laisser la végétation imbriquée au site: fromagers géants dont les racines englobent la pierre, arbre à gomme et toujours cet effet «poésie ou charme des ruines». Un bonheur de circuler dans ce dédale de pierre et de végétation. Un Bouddha nous accueille au détour d’un chemin. Et cet après-midi s’achève au coucher du soleil au bord d’un lac réservoir, un baray, comme le nomme les Khmers. Le deuxième jour à Angkor est consacré à Angkor Vat, le mieux conservé de tous les temples Khmers, car il a toujours été occupé par les religieux. Tout de suite les « Apsaras », nymphes célestes danseuses ou « Devatas » divinités féminines, déesses gardiennes, nous accueillent avec des écharpes autour des hanches et le torse nu, des jupes qui imitent la transparence et des coiffures à tiares avec 3 pointes. Sur les bas reliefs de la partie Sud sur 50m est illustré un épisode du Mahâbhârata, (grande épopée hindoue). Deux familles se déchirent, les Kaurava et les Pandava et la guerre fait rage entre ces 2 clans et leurs alliés. Sur les bas reliefs de la Galerie Sud Ouest le roi constructeur du monument Suryavarman II, ce bas relief a été réalisé en l'honneur du roi, semble-t-il après sa mort. Les bas reliefs, partie Sud Est, représentent la croyance, sur 3 registres : l'enfer en bas, le monde des hommes au milieu et au-dessus le paradis le dieu juge des morts Yama monté sur un taureau. Les monstres lions et garudas supportent le ciel. Au paradis on vit dans de belles demeures avec des serviteurs. Il y aurait 32 enfers et 36 paradis. Les châtiments de l’enfer ont attiré notre attention; le gourmand est coupé en 2, celui qui ment aura un bâton enfoncé dans la bouche. et les démons tirent par les cheveux les méchants sur le chemin de l'enfer. Le bas-relief le plus intriguant est celui du barattage de la mer de lait destiné à produire la liqueur d'immortalité. D'un coté les démons, de l'autre les dieux tirent à hue et à dia la queue du serpent qui fait rouler un pivot central le Mont Mandapa qui agite l’océan primordial, la mer de lait. Les démons tirent la tête du serpent, les dieux la queue. Vishnu préside, incarné en tortue. Il voit rouler dans un sens puis dans l'autre le pivot central où est lové le serpent. D'après le mythe, l'opération de barattage de la mer de lait dure mille ans... Au-dessus d'eux des Asparas dansent et un choeur d'esprits féminins chante pour les encourager. Au milieu des dieux un personnage Kâlameni veut profiter de l'opération. Mais Vishnu l'a repéré et veut le tuer en lançant son disque , mais en vain, la partie supérieure du corps ayant bu la liqueur d'immortalité. Cette partie restera vivante et deviendra Kâla – le temps- sur lequel personne n'a de prise. Puis escaladons le 2ème niveau du temple avec vue sur la tour centrale. du 3ème niveau. Il faut pour y accéder se présenter épaule et genoux couverts. 10 On est si nombreux qu'on n'a pas le temps de sentir l'effort de monter. Notre guide a beaucoup insisté sur l'anastylose : une restauration qui montre la différence entre la partie d'origine et celle restaurée. L'après midi après un repas excellent, en route vers le lac Tonlé, et les villages flottants. Le lac multiplie sa superficie à la saison de pluies. Nous sommes dans des zones inondées sur le plan. La route d'accès est surélevée et on traverse des villages de maisons sur pilotis en bambou (6 à 7m du sol). Pour nous le sol était sec et le bétail de la maisonnée se reposait à l'ombre sous la maison. Mais dès les moussons, la crue du Mékong, fait monter l'eau du lac, selon le guide de 2 m et les pêcheurs se réfugient dans la forêt inondée et leurs maisons à pilotis. On prend un bateau et l'on poursuit le chemin. Le guide nous indique que nous sommes en aval du Lac Tonlé, circulant sur une voie d'eau où l'on rencontre des pêcheurs. La voie d'eau s'élargit et de part et d'autres des maisons flottantes, certaines surprenantes « stations d'essence » ou bistrots pour touristes, maisons bricolées avec une structure en bambou et du plastique transparent, ailleurs une maison pagode flambant neuve sur une levée de terre un peu plus importante. Ici a lieu le curieux phénomène du « retournement des eaux » : les eaux qui se déversent habituellement du lac Tonlè dans le Mékong refluent en sens inverse lorsque le Mékong est en crue, provoquant montée des eaux et augmentation de la superficie du lac. Ce matin, pour notre dernier jour de voyage, départ dès 7h30, valises bouclées dans les soutes du car, vers les profondeurs de la jungle, en direction de la rivière aux Mille Lingas. Le ciel est de plus en plus chargé de nuages et la pluie se met à tomber en trombe. Les maisons d’une bien pauvre campagne ont triste allure, les pilotis enfoncés dans une boue rougeâtre. Les enfants pataugent pieds nus, indifférents aux giclées d’eau envoyées généreusement par les voitures. Mais, après 15 jours d’un soleil imperturbable, capes de pluie et autres imperméables sont presque tous au fond des valises ! Heureusement les vendeurs à la sauvette sont plus prévoyants que nous : ils proposent pour un dollar des « sacs poubelle » à manches et capuche, verts, bleus, jaunes, roses fluo, qui font très bien l’affaire! La pluie a le mérite de faire ressortir toutes les nuances mordorées du grès de Bantey Srei, temple miniature, construit par un brahmane, Guru du roi Jayavarman V, dentelle de pierre gardée par les singes et les dvarapalas. Rinceaux, feuillages, nagas et dieux s’animent sous le soleil vite revenu. Le Dieu Indra, monté sur son éléphant tricéphale, nous accueille à l’entrée du temple. Des bas reliefs nous racontent les épisodes marquants du Ramayana comme le combat à mort des singes Valin et Surgriva, ou du Mahabharata comme l’incendie de la forêt Khandava. Il nous faut maintenant affronter la « jungle » et la montée vers la Rivière aux mille lingas. En une demie heure, trois quarts d’heure maximum, nous voilà arrivés et les plus hésitants ne regrettent pas leur effort! D’innombrables lingas sculptés, rabotés par le courant, forment un pavage dans le lit de la rivière. Les eaux ainsi fécondées iront fertiliser les terres d’Angkor. Vishnou, couché, se laisse bercer par le courant, tandis que Shiva et Parvati se promènent sur Nandi au pied de la cascade. Quel calme ! C’est un lieu magique. Nous déjeunons agréablement sous la tonnelle de « Monsieur Meuble » de soupes aussi délicieuses qu’inédites : ananas tomate, poisson lait de coco herbes, sans compter les légumes sautés, l’émincé de porc et l’assiette de fruits frais. Point d’orgue du voyage, le nouveau musée archéologique de Siem Reap est une incontestable réussite muséographique. Dans la salle principale des centaines de Bouddhas nous regardent, couchés, debouts, assis, et même à plat ventre, en bois, en pierre, en bronze, dans une salle couverte de niches disposées sur les quatre murs, comme dans une grotte. Les autres salles où sont désormais déposées les pièces archéologiques trouvées sur le site nous permettent une ultime « révision » Mais le voyage est déjà fini : il nous reste à affronter une interminable nuit (merci le décalage horaire) d’avion avant de retrouver l’humidité et le ciel bas de notre cher pays ! 11 Journal de voyage, en prose ou en vers, écrit à plusieurs mains par des participants. 12