Vietnam compte rendu APHG

Transcription

Vietnam compte rendu APHG
Journal du voyage APHG 2012 : Vietnam, Angkor
Vingt huit adhérents ont participé au voyage.
Après une longue nuit d’avion qui nous transporte de l’hiver à l’été, nous atterrissons le 26
février à Hô Chi Minh Ville, comme prévu, à 6 heures et demie heure locale. Nous avons parcouru
9 232 kilomètres. Nous sortons de l’aéroport un peu après huit heures, la chaleur est étouffante,
dépassant allègrement les 30° et l’opinion unanime : « Il ne manque plus qu’une bonne douche. »
Nous découvrons notre guide, Thuong, un homme de petite taille, à la tête toute ronde, arborant un
large sourire. Il se montre ravi de faire notre connaissance, et c’est réciproque. Tout au long du voyage
il sera d’une patience, d’une disponibilité à toute épreuve. Sans langue de bois, il aura à cœur de nous
faire découvrir toutes les facettes son pays en pleine mutation. Il nous précise d’emblée que Ho chi
Minh Ville est l’appellation officielle, des communistes, du Nord mais que les habitants continuent à
parler de Saigon.
Notre visite commence à Cholon, ville chinoise attenante à Saigon. Il y a une forte et ancienne
présence chinoise (500 000 personnes) à Saigon, qui parlent cantonais. Nous découvrons au grand
marché Binh Tay de nombreuses spécialités exotiques, nid d’hirondelles, œufs de cent ans, toutes
sortes de denrées séchées (champignons, sèches, crevettes et autres poissons) sans compter les fruits et
légumes pas toujours bien identifiés (châtaignes d’eau, liseron, patates douces, manioc etc…). La
place centrale est consacrée à Quách Đàm, 1863-1927, le constructeur du marché, devenu son génie
protecteur auquel est consacré un petit autel. Les commerçants ont à leur disposition une « boite aux
lettres céleste » brasero où ils viennent brûler quelques dollars factices pour faire prospérer leur
commerce.
Après le marché, nous visitons la pagode dédiée à Thien Hau, "la grande dame" ou "Dame
céleste", qui a protégé l’arrivée des Chinois en bateau. Elle a été construite au XVIIIème siècle et est
ornée de splendides figurines de céramique colorée. Le guide nous dit à ce sujet qu’il faut bien
différencier le temple, consacré à un génie, de la pagode, consacrée à Bouddha.
La circulation est très dense, surtout des motocyclettes, malgré le prix de l’essence, 1 $ 10 le
litre. Les Vietnamiens donnent la priorité d’abord à leur chère moto, malgré un prix élevé, puis au
téléphone portable, et enfin au poste de télévision. On achète toujours cash, parce qu’on n’a pas
confiance dans les banques, et que cela évite de payer les 10% de taxes !
La suite de la visite nous conduit dans la ville coloniale, de plus en plus réduite face à la
frénésie immobilière de cette métropole émergente, où fleurissent gratte- ciel, centres commerciaux et
boutiques de luxe particulièrement clinquants. La grande poste, le théâtre, la cathédrale en briques
importées de Toulouse, soigneusement restaurés, gardent cependant fière allure. La journée s’achève
par la visite d’une fabrique de laque et un diner spectacle sur la rivière Saigon.
Le jour suivant sera consacré à l’exploration du delta du Mékong. : comme il a 8 bras et que
ce chiffre est maudit, les Vietnamiens ont creusé un canal pour que le delta ait 9 bras !
Embarquement à bord du Cai Be Princess pour une croisière à la découverte de la vie au bord du
fleuve. Après un 1er arrêt dans des ateliers de confection de galettes de riz, de caramel, d’alcool de riz,
nous traversons le marché flottant. On reconnait ce que vend chaque bateau au fruit ou légume fixé
au bout d’une perche. Des pêcheurs s’infiltrent dans la mangrove entre les palétuviers et les kapokiers.
Des femmes au chapeau conique courent sur la rive, palanche sur les épaules. Le sampan glisse entre
les jacinthes d’eau qui servent de nourriture aux hommes et animaux.
Déjeuner sur la véranda ouverte aux 4 vents d’une villa coloniale : « le Longanier », du nom
d’un arbre portant des fruits proche des litchis. Ambiance « Indochine » garantie ! Les serveuses
vêtues d’ao dai noir orné d’un collier de perles nous découpent le panga grillé aux écailles recourbées
et nous préparent des rouleaux de printemps. Le thé est servi dans du céladon. Promenade digestive
dans un jardin paradisiaque avec des roses de porcelaine, des héliconias, des arbres du voyageur, des
aréquiers et des cocotiers.
De retour sur le bateau, on nous offre des fruits : œil du dragon (fruit du longanier), fruit du
dragon ou pitaya (rouge à l’extérieur, à la chair blanche piquetée des grains noirs), ramboutans à
1 l’écorce épineuse et petites bananes royales. Nous débarquons sur un îlot de pépinières de durians, de
jacquiers, de goyaviers pour déguster un énorme pamplemousse vert et autres fruits, du thé et de
l’alcool de riz, tout en écoutant de la musique traditionnelle, des chansons narrant la vie et les amours
des paysans.
A nouveau sur l’eau, nous croisons des barques à longues rames qui évitent ainsi de
s’ensabler à marée basse, chargées de paille de riz, de briques, de bois .
La route de Vinh Long à Can Tho se fait en car. A l’entrée de la ville nous passons sur un pont
construit par les Japonais et dont une pile en béton s’est écroulée en 2009, écrasant cent personnes.
Pour éloigner les mauvais esprits, une pagode a été érigée près du lieu du drame. L’hôtel Ninh Kieu 2
qui nous héberge a une étrange enseigne publicitaire proposant des « massages de pied et du poisson ».
Il semblerait qu’il s’agit de mettre les pieds dans un aquarium où de petits poissons mangent les peaux
mortes ! Le guide nous informe que cette ville est réputée pour la prostitution et qu’il ne faut pas
confondre « massage médical » et « massage amical ». Effectivement, c’est la seule fois que nous
avons des préservatifs dans la chambre d’hôtel. Après dîner, petit tour au marché de nuit où se vendent
des produits de confection bas de gamme. Cette ville, surnommée capitale de l’ouest est une plaque
tournante pour les transports. C’est la capitale politique et économique du delta du Mékong.
Après la nuit à Can Tho, nous allons prendre le bateau pour voir le marché flottant de Cai
Rang. Le bras du Mékong est assez large et les barques à moteur et à rames des acheteurs ou petits
commerçants naviguent entre des bateaux plus importants qui sont des « grossistes » : les
marchandises de ceux-ci sont visibles de loin, car quelques spécimens sont attachés à une perche, audessus du pont : les fruits comme les ananas, pastèques mangues…sont nombreux ; aussi les salades,
les tomates, les patates douces…Nous retrouvons le car pour une route à travers les rizières et Thuong
nous passe un film documentaire sur le riz, auquel il a participé, pour Canal +. Le riz est vital pour les
Vietnamiens ; pour dire bonjour, on demande « avez-vous mangé du riz ? ». Dans le delta du Mékong,
il y trois récoltes par an ; c’est actuellement la période du repiquage. La densité de population est
importante ; le Sud du pays attire les Vietnamiens du Nord et Saigon est la ville du pays la plus
peuplée et la plus dynamique.
Nous visitons la pagode bouddhiste Vinh Trang à My Tho. Son portail est décoré
d’incrustations de fragments de porcelaine multicolores qui font penser aux œuvres du Facteur Cheval.
Elle est précédée d’un énorme Bouddha ventru et souriant et de très beaux bonzaïs, taillés à la
vietnamienne. L’intérieur est encore occupé par des moines et nous profitons des décors en bois
sculpté et du calme.
Après le déjeuner, le voyage continue en car jusqu’à Saïgon ; Thuong nous explique les
« maisons tubes », conséquences d’une taxe foncière en fonction de la largeur donnant sur la rue. Ces
maisons, étroites, vont en profondeur et ont des pièces aveugles. La circulation est intense,
énormément de motos, où il y a parfois quatre personnes (monsieur, madame et deux enfants). Les
casques sont paraît-il obligatoires…et les masques sont très nombreux mais les uns comme les autres
ne semblent pas concerner les enfants.
La visite de la pagode de l’Empereur de Jade termine notre journée. Il s’agit d’un temple
taoïste chinois de la fin du XIXème siècle, précédé d’une cour avec quelques banians ; les quatre
gardiens entourent l’Empereur de Jade (dieu suprême). D’autres salles présentent des statues et des
panneaux de bois sculptés présentant les châtiments de l’enfer : magnifique et original.
Le quatrième jour, nous quittons le Sud, ancienne Cochinchine, pour rejoindre en avion
Danang. Le musée, construit dans les années trente par l’Ecole Française d’Extrème Orient, offre une
importante collection d'art Cham, peuple hindouiste, grand rival des khmers, qui dominait le royaume
du Champa avant l’arrivée des Annamites au XIVème siècle. Vishnou, Shiva, Ganesh, Garouda, sont
les principales divinités représentées sans oublier les nombreux lingas, symboles phalliques de Shiva,
parfois alignés, parfois associés au Yuni, symbole de la matrice et destiné à recueillir les eaux
lustrales. On y voit aussi la reconstitution d’un temple bouddhique avec un étonnant Bouddha assis sur
un trône, certains souverains Chams ayant été adeptes du Bouddha.
Nous rejoignons ensuite la petite cité portuaire d’Hoi An, plaque tournante des échanges entre
Chinois, Japonais, Espagnols et Annamites jusqu’au XVIIIème siècle. Le port est désormais ensablé.
Nous y visitons un atelier de tissage de soie, de broderie et de confection sur mesure. Les brodeuses
2 copient des personnages ou paysages d'après des cartes postales. C'est sidérant de réalisme! Mais pas à
forcément à notre goût...
La visite de la ville de Hoï An classée au patrimoine Mondial de l’UNESCO, offre des chefs d' oeuvre à ceux qui lèvent le nez des étals pour touristes. Petites maisons coloniales espagnoles à
galeries, peintes en jaune, agrémentées de cages à oiseaux siffleurs, de lanternes multicolores et de
bonzaïs sculptés. Des arbres immenses à lianes tombantes (des ficus d'après notre guide) ombragent
les places. Nous y visitons plusieurs maisons de bois, à la fois entrepôts et habitations, avec des
successions de cours intérieures, construites par les marchands chinois, dominant la place
commerciale.
Tout
cela
sous
le
babil
sonore
des
habitants.
Et puis le pont-pagode japonais enjambant des eaux sombres et ...nauséabondes. L'encens, fort
heureusement, masque tout! A la sortie, une femme au chapeau conique nous offre des fruits du
dragon cornus, des rambutans et bien d'autres variétés inconnues. Le tout sur une palanche. Rencontre
fugitive avec d'une vieille femme parcheminée et coquette (ses dents sont noircies de bétel).
Dans cette ville-musée, pagodes, sanctuaires, autels des ancêtres se succèdent. Un festival de
couleurs criardes, de dieux, déesses et génies auréolés de lumières électriques parfois clignotantes
(!) et baignant dans des nuages d'encens. Etrange mélange de dévotion et d'occupations plus
prosaïques: on vend, harangue, mange, boit le thé dans les temples. Le dîner se déroule au rythme des
danses chams, mais la fatigue terrasse la plupart d'entre nous.
Le lendemain lever 7h30 ! Après un petit déjeuner vitaminé ; banane, ananas, pastèque, fruit
du dragon, nous partons vers My Son , « la belle montagne » pour découvrir les ruines du principal
centre religieux du royaume de Champa.
Le peuple, Cham, d’origine indonésienne a aujourd’hui disparu nous laissant une série de
sanctuaires datant d’une période allant du VIII au XIIIème siècle. Chaque roi faisait édifier des
édifices en l’honneur des dieux hindous, Shiva surtout. Pour y accéder nous remontons une vallée et
découvrons le milieu rural. Le guide entretient le moral des troupes, nous sommes chanceux, dit –il car
dans la plupart des cas il fait la visite sous une pluie battante ou alors dans la fournaise. Nous quittons
notre bus climatisé pour nous lancer dans la jungle menaçante… mais non ! c’est un chemin
parfaitement carrossable qui nous amène sur le site malheureusement très endommagé par les
bombardements américains, les maquisards Vietcong l’ayant utilisé comme « bouclier
archéologique »lors de la grande offensive du Têt. Toute escapade dans la forêt reste d’ailleurs
proscrite car le terrain n’a pas été déminé !
Les « Kalans », tours représentant le mont Méru, domicile des dieux, construits en brique
recèlent des secrets de fabrication qui intriguent les archéologues: les briques Cham sont exemptes de
mousses ou formations végétales. Une hypothèse circule, ils auraient procédé à une cuisson sur site en
mettant le feu à un bucher placé sur l’édifice.
L’après midi libre à Hoi An nous permet de flâner dans les rues de découvrir le marché, et les
innombrables boutiques.
Après un copieux et délicieux diner, comme à l’habitude : ah cette salade de papaye verte, une rumeur
vient à notre oreille… l’hôtel nous offre ¼ d’heure de massage des pieds il suffit de se rendre au spa.
Le sort en est jeté, nous confions nos petits petons aux mains expertes de souriantes jeunes femmes.
Le baume du tigre laissera dans notre chambre son odeur camphrée. Que voila une bonne fin de
journée !
Le ton de la sixième journée est donné par Thuong dès le petit déjeuner « Finies les vacances,
au boulot ! » nous déclare-t-il en riant. Et chacun d’enfourcher son vélo pour une balade à la campagne.
Une heure et demi de découverte de l’habitat et surtout de la vie du petit peuple vietnamien qui
déjeune en famille , accroupi à l’ombre d’un palmier, qui marchande au bord de la route autour d’un
panier de poissons frétillants ou de légumes très colorés ; qui pêche ou travaille dans les rizières ; qui
fait sécher les palmes destinées à la confection d’un nouveau toit ; qui scie, cloue, découpe dans les
innombrables maisons en construction qui bordent les petites routes. Un releveur de compteur pédale
un moment à nos cotés, son échelle sous le bras ! les compteurs sont en hauteur, à cause des
inondations peut être ? Découverte aussi d’une végétation toujours aussi luxuriante et de cultures de
toutes sortes, prélude la suite de notre matinée.
3 A Tra Qué en effet une autre aventure nous attend. Dans un très grand terrain, partagé en
parcelles pour les habitants du village, nous voilà incités non seulement à reconnaitre le liseron d’eau,
la citronnelle, l’arachide, l’amarante …mais surtout à nous transformer pour quelques instants en
jardiniers « bio ». Nous revêtons pour ce faire une large veste de coton et nous coiffons du fameux
chapeau conique indispensable sous ce soleil de plomb. L’illusion (plutôt « comique » !! ) est presque
parfaite mais l’habit ne faisant pas le moine il va falloir prouver que nous sommes de bons élèves !
Après démonstration d’un professionnel les volontaires sont invités à manier bêche et râteau, à
enrichir la terre sableuse d’algues, à aplanir, puis à planter du basilic et arroser …pas toujours évident !
Pourtant certains semblent y retrouver leurs racines !
Puis pour tous un fabuleux moment de détente sous forme de massages (pieds, jambes, tête et
épaules) avant de passer en cuisine pour apprendre à confectionner de petites crêpes fourrées (Ban
Xeo) et des rouleaux de printemps. Cette fois, chacun joue le jeu, confectionne et mange sa production
avant de déguster toujours en plein air mais à l’abri des palmes un repas très parfumé.
Le reste de l’après midi s’effectue en grande partie dans le bus qui nous emmène à Hué.
Visite éclair d’une fabrique de sculpture sur marbre dont les montagnes regorgent. Arrêt-photo pour
admirer depuis « la côte d’Azur du Vietnam », les bateaux de pêche au lamparo et pour certains faire
une rapide trempette de pieds dans le Pacifique.
Nous nous engageons alors sur la route mandarine. En fait cette portion de route de montagne
n’est pratiquement plus empruntée que par les touristes. Trop dangereuse elle a été remplacée par un
tunnel pour les poids lourds et la circulation locale. Elle est bordée d’eucalyptus dont le bois est utilisé
pour fabriquer du papier et du contreplaqué et d’où l’on extrait une huile de massage vendue sur place
par les autochtones. Une quinzaine de kilomètres plus tard, après quelques arrêts pour profiter de
magnifiques points de vue sur la baie, ses plages interminables et ses eaux turquoises le soleil
disparaît brutalement pour faire place à des écharpes de brumes qui rendent le paysage parfaitement
irréel. Le célèbre Col des nuages, frontière climatique, porte bien son nom !
Après installation au Romance Hôtel - tout un programme !!- à Hué, nous voilà de nouveau
« au travail » au restaurant. La salle où nous reçoit notre hôtesse, qui parle français, nous fascine par
les somptueuses sculptures sur légumes et fruits qui la décore. Au Vietnam la présentation des plats
semble aussi importante que l’alliance des saveurs et les aliments se doivent d’être un plaisir pour les
yeux avant de l’être pour le palais. Va-t-on nous initier à cet art complexe ce soir ? Soulagement ?
Déceptions ? Toujours est-il est que c’est à un nouveau cours de cuisine que nous participons :
Confection de mini brochettes (sur tiges de citronnelles) de crêpes et de rouleaux de printemps que
nous mangeons en guise d’apéritif avant le somptueux repas qui clôture cette journée.
A Hué, nous avons plongé au cœur des croyances vietnamiennes. Depuis la géomancie, qui
détermine l’emplacement des grands sites, jusqu’au code des couleurs et des chiffres, sous la dynastie
des Nguyen. Nous avons rendu visite à la Dame Céleste, dans sa pagode, entre l’eau de la Rivière des
Parfums, et les montagnes barrant la route aux mauvais esprits. Elle date de 1601, mais elle a été
refaite en béton. Qu’importe ! On se laisse prendre par la beauté du paysage et le charme du site, par
l’orphelin frappant un pot de métal qui résonne dans le temple, ou par la cour arrière, bordée de
bonsaïs. Mais, gare à la reine, réincarnée en monstre pour avoir tué par dépit le bonze dont elle s’était
éprise !
Autre site canalisant les influences bénéfiques des esprits, le tombeau de l’empereur Tu Duc
est un havre de poésie romantique : chemins tortueux, étangs, pavillon de poésie, et vallons. Résidence
d’été puis tombe, on ne sait pas si l’Empereur y est réellement enterré, mais sa couleur jaune domine.
Petite anecdote : la flore de l’étang est envahie par des sortes de chewing-gum roses fluo : ce sont des
œufs d’escargots accrochés aux tiges de lotus…
Restons dans l’ambiance impériale et jetons un œil sur la Citadelle de Hué qui a constitué le
gros de la journée. Là encore du jaune, pour la porte réservée à l’Empereur, (la plus grande, et centrée),
sur les tuiles des parties de bâtiments lui étant réservées. Les mandarins se contentent du rouge. Les
chiffres dominent aussi l’architecture. Les chiffres impairs représentent la vie, les pairs la mort. Il y a
par exemple cinq portes du côté de l’entrée Sud de la Cité. Compliqué ? Ce n’est rien face à
4 l’organisation de la vie du Palais. Les Palais de l’Harmonie Suprême, celui des concubines, et celui de
la mère de l’Empereur séparent les vies de chacun. Mais partout des nuages stylisés, des dragons
(symbole de l’Empereur) ornent les bâtiments. On y ajoutera des fleurs et des poissons pour les
femmes. Dernière petite chinoiserie, la cérémonie du thé impérial est affreusement compliquée. En fin
d’après midi on met des feuilles de thé dans un lotus qui se ferme le soir. Le matin, le thé en feuille
imprégné du parfum du lotus reçoit la rosée. On recueille alors, goutte à goutte, la boisson.
Pour terminer l’initiation à la culture impériale, nous dînons en costumes de cour dans la
capitale de la gastronomie. Des musiciens ajoutent à l’ambiance ou à la gêne selon les convives…
Au lendemain de ce grand diner impérial, nous prenons, toujours le long de la rivière des
Parfums, la direction du mausolée de l’empereur Minh Mang, qui a régné de 1820 à 1841. La
construction du mausolée a commencé en 1840, et n’a été achevée qu’en 1843.
Le plan reproduit le corps d’un homme : la tête-mausolée, une allée-tronc qui y mène, l’allée
sacrée, longue de 700 mètres, et les pièces d’eau pour les pieds et les mains – un homme allongé au
repos, mais qui se tient bien droit, car, nous confie notre guide Thoung, « Minh Mang était un
empereur très droit et très sage ». Rien à voir avec son successeur Tu Duc, et ses allées qui tournent
façon Orangerie, afin de nous égarer dans sa rêverie mélancolique de souverain stérile.
Le pauvre Minh Mang est donc mort trop tôt pour savourer l’agrément de l’endroit. A nous de
le faire à sa place.
Depuis l’autocar, nous marchons une centaine de mètres, hélés par les enfants qui nous
proposent des fruits, avant de franchir l’enceinte du mausolée par la porte Dai Hong Mon. Il nous faut
emprunter une entrée latérale, car la porte centrale est réservée à l’empereur. Elle ne s’est ouverte
qu’une fois, pour accueillir sa dépouille, et elle est restée depuis, toujours close.
Nous nous trouvons dans une vaste cour d’honneur et passons entre un alignement composé de deux
éléphants et quatre chevaux, montures royales, et de huit grands dignitaires, mandarins civils et
militaires, bien campés sur leurs jambes. Devant nous, en haut d’une volée de marches et protégée par
un pavillon, la grande stèle où l’empereur Tien Tri a fait graver dans le marbre les vertus de son père.
Au-delà, d’autres escaliers, un pont, et devant nous le mausolée, au sommet d’une colline, dont on
n’aperçoit que la toiture. Les plus sportifs gravissent le grand escalier qui y mène, et tentent de voir
quelque chose entre les portes fermées, mais ils reviennent bredouilles : le mausolée garde son
mystère.
Alors nous nous en retournons sans hâte. Imaginez de jolies échappées vers les collines
boisées, les lacs, les petits temples tout semblables à ceux qui sont peints sur les grands pots de
porcelaine pour bonzaï. Rêverie et méditation devant le lac de "pure clarté", qui attend la floraison des
lotus et des frangipaniers.
Et puis, il faut bien reprendre le chemin par lequel nous sommes venus, retrouver les gamins
qui nous hèlent derrière le grillage, dans l’espoir de vendre leurs bananes et de glaner quelques dongs.
On nous presse d’acheter chapeaux et éventails.
La route qui nous ramène à Hué traverse la plaine, avec ses rizières et ses villages. Arrêt-photo
devant un buffle placide, qui accepte de se faire tirer le portrait vingt-sept fois sans tourner la tête, ce
qui nous fait rater l’express Hanoi-Saigon. On ne sait plus où donner de l’objectif. Nous nous
consolons, dès onze heures, devant un savoureux repas vietnamien, dans une jolie salle ouverte sur des
claustras qui laissent passer l’air.
A treize heures, nous sommes à l’aéroport de Hué pour l’enregistrement des bagages. Envol
pour Hanoi, où nous sommes accueillis par un petit crachin breton et un air frais… on nous avait
prévenus.
De l’aéroport à la ville, la route est encombrée par des nuées de motocyclettes. Toujours des
rizières, moins bien entretenues que dans le sud, des usines, et, tous les deux cents mètres, de
gigantesques panneaux publicitaires pour les banques, l’immobilier, les voitures. Oui, le Vietnam n’est
plus seulement le pays de l’oncle Ho. C’est un de ces "tigres" dont nous avons beaucoup parlé. Hanoi,
sa métropole, avec ses six millions d’habitants, est une ruche, et le carrefour sur lequel donne la
chambre nous le fait bien sentir.
5 Dîner dans une belle "maison-tube", à la périphérie de la ville.
9ème jour :Hanoi, baie d’Along
Sept heures - les »vingt-huit» quittent Hanoi et de suite
Font confiance au chauffeur avec ses acolytes
Ensemble, ils auront des yeux derrière la tête
Quand partout jailliront scooters et mobylettes
Avec phares et klaxon et sans un saint Christophe
Nous sortirons indemnes de mille catastrophes
Nous voilà donc partis et côtoyons le pont
Que fit construire Paul.D dont je tairai le nom
Car prononcer le nom de ladite personne
Serait en vietnamien dire le mot de Cambronne
Enjambant la couleur latérite asiatique
Qui teinte ce fleuve rouge , ce grand pont métallique
Que sa longueur fit mettre au livre des records
Fut longtemps seul moyen de relier sud au Nord
Il a perdu son rôle devenant obsolète
On n’y voit plus passer que des motocyclettes.
Au delà de quartiers de boutiques et gargotes
Surmontées de maisons aux formes de biscottes
Nous atteignons le pont construit par les nippons
Qui lui aussi franchit l’écarlate rivière
Du haut de cet ouvrage la vue est magnifique
Car à perte de vue verdissent les rizières
le guide le prétend de son ton ironique
Car nous n’avons rien vu tant Hanoi est couvert
Un véhicule transporte une cage prison
Où cohabitent des chats, des chiens, des chattes
Notre guide précise qu’une habile cuisson
Mettra dans un menu leurs saveurs délicates
Soudain un cri strident demande qu’on s’arrête
Car enfin devant nous la scène est bien concrète :
Au bord de la rizière quelqu’un a vu un buffle
Vingt huit objectifs veulent cadrer son mufle,
Son museau fait ma rime - mais son pas nonchalant
Procure aussi du riz pour tout un continent,
Car près de l’animal pataugeant dans la fange
On pique soigneusement de quoi remplir la grange
Et tous ceux qui s’appliquent à faire ce dur labeur
6 N’auront pas un regard vers les vingt-huit voyeurs
Laissez moi un moment pour vous parler du temps
Il est à cet instant loin d’être mirifique ,
Nous savons que ce soir nous serons sur la plage
Aussi nous souhaitons que le brouillard «dégage »
Mais oublions le temps météorologique
Car c’est bien l’autre temps, celui chronologique
Qu’ensemble maintenant il va falloir tuer .
Le guide s’y emploie , arborant ses dents blanches
Il raconte comment pour ne pas s’ennuyer
Il suffisait jadis de sortir de sa manche
La chique de bethel et puis la mâchouiller
Nantie de très nombreuses vertus thérapeutiques
( Elle tue le parasite et guérit les coliques )
Elle rendait sans efforts les corps encore plus forts
Et le bethel rend gais tous le mélancoliques
Il comprime le temps, rosit les éléphants
En répéter l’usage faisait devenir noires
Les dents qu’habituellement on a couleur d’ivoire
Mais c’était très branché
Il poursuit et explique afin qu’on les comprenne
Maints aspects ambigus de la vie quotidienne:
La frêle jeune fille sur sa motocyclette
Doit à Madame - Nhu - la tenue Ao Dai
Et s’abritant de tout sous son chapeau conique
Sa main pourra tenir les coins de sa tunique
L’autre main au guidon agite l’éventail
Ses autres mains auront à saluer les personnes ,
S’occuper des enfants , répondre au téléphone
Pour faire tout cela elle préfère être deux.
Nous espérons encore nous baigner à la plage
Le soleil un instant a nourri notre espoir
Brièvement aperçu en traversant les nuages
Dix minutes ont suffi à dissuader d’y croire !!!!!!!!!
Car nous nous approchons du port d’ Haiphong
Le ciel s’est obscurci des fumées de charbon
Les routes sont envahies de gadoues d’anthracite
Le chauffeur par hasard s’est-il trompé de site ???
Des «oufs» soulagés se font soudain entendre
Car les voilà enfin ces mamelons karstiques,
C’est bien peu dégagé mais nous saurons attendre
7 Avoir atteint Ha Long, c’est déjà fantastique .
Deux jonques nous attendent avec leurs capitaines
Qu’importent leurs diplômes - Il y a vingt huit brassières
Ils vont mettre le cap vers ces silhouettes brunes
Qui nous renvoient l’écho de la corne de brume;
Tout d’un coup se dévoile l’étrange paysage
Nous sommes «bouches bées» collés au bastingage
Et nous serons 2000 en arrivant au port
La foule débarquée monte vers la poterne
Qui donnera l’accès à l’immense caverne
Mais entre stalactites pas la moindre boutique ???
Enfin voilà la plage mais elle est minuscule :
Et s’y déshabiller vous rendrait ridicule .
Mais le cuistot a fait ses plats les plus subtils
Puis trouver le sommeil nous parut bien facile
Voir la baie dans la brume fut une chance inouie
Précédents et suivants l’auront vue sous la pluie.
Aucun d’eux n’aura vu le dragon vrai de vrai
Nous non plus ........heureusement
Tôt le matin, soit à 7h, nous nous sommes levés pour prendre un dernier petit-déjeuner sur la
jonque « huong hai junk », puis nous avons repris la route vers le port dans cette belle baie d’Halong :
les paysages étaient plus brumeux que la veille, mais encore très beaux.
Ensuite, route vers le village de Bo Duong, mais, comme ses confrères, Thuong, notre
valeureux guide, nous a aménagé une visite d’un centre de transformation de perles de culture, avec à
la clé, un magnifique magasins où dépenser des milliards de dong en colliers de perles et autre
colifichet. Puis route, à travers la campagne, entre rizières verdoyantes, villages et petites échoppes de
produits divers, surtout des ananas. Au village Bo Duong, nous sommes attendus par le chef du village,
dont la qualité de chef semble se marquer par la possession d’un magnifique vélo électrique qu’il
pousse fièrement en nous conduisant chez nos hôtes du jour. Là, comme toujours, un délicieux
déjeuner nous attendait. Le plus intéressant vient ensuite : un spectacle de marionnettes sur eau, avec
orchestre villageois : de petites saynètes de la vie quotidienne, comme pêche, cueillette, combat de coq.
Le plus amusant était sans doute le public : tout le village est venu, il paraît que le spectacle n’a lieu
qu’une ou deux fois par an ; les enfants ont déserté l’école, les parents aussi : tout ce petit monde
riait à gorge déployée et prenait bien du plaisir, que nous avons partagé avec eux.
Retour, ensuite sur Hanoï : longue route, parfois animée de scènes rurales dont les touristes
sont friands : rizières, buffles, retour d’école…L’entrée sur Hanoï reste très animée, avec ces
innombrables motocycles en tous genres, avec enfants, poules, chiens et autres passagers. On arrive
en ville sur une route –digue qui protège des inondations pendant la saison des pluies. A l’arrivée à
l’hôtel, notre nouvelle amie Marlène nous attend avec son lot de tee-shirts de toutes tailles, de toutes
couleurs.
Nous aller dîner dans un restaurant qui est une pure aberration : un self-service qui sert
environ 5000 couverts, des comptoirs de plats divers de près de 100m voire plus, un bruit inouï
d’enfants qui s’amusent et crient ; pour la première fois, peu de touristes européens, mais plutôt la
8 classe montante vietnamienne : jeunes aux cheveux teints, aux vêtements de marque, enfants uniques
« gavés », mets gaspillés laissés sur les tables ; bref une vision étrange qui nous a laissé un peu mal à
l’aise. Enfin, retour à l’hôtel, tiens Marlène est toujours là !
Notre visite d’Hanoi commence par le Temple de la Littérature dédié à Confucius. Enfin, une
reconnaissance des enseignants : même l’empereur doit descendre de cheval pour pénétrer dans ce qui
fut la première université. La connaissance est primordiale mais « le tigre peut égaler le dragon»,
c’est-à-dire que l’élève peut essayer de devenir aussi savant que le maître. Il faut, cependant, savoir
que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », phrase citée dans un français parfait par
notre guide. J’ai cherché vainement sur les stèles disposées autour du Puits de la Clarté Céleste, le
nom de nos collègues agrégés, leurs noms ont peut-être été martelés car leurs actions n’ont pas été
conformes à la morale confucéenne. Le Temple abrite des autels à Confucius et à quatre de ses
disciples, les effigies des empereurs de la dynastie Li veillent sur les manuels historiques. De
nombreuses classes maternelles s’éparpillent dans le Temple du Savoir.
Nous reprenons le bus direction la vieille ville où nous attendent, tout près de l’Opéra, 28
pousse-pousse. Ils se faufilent dans la circulation et les ruelles étroites portant des noms évocateurs :
rue de la Soie, du Café, des Volailles, … Une heure de repos et d’observation pendant laquelle nos
cyclistes pédalent.
A pieds, nous découvrons les vieilles ruelles du quartier des corporations, en direction du
« Lac de l’Epée restituée » à la Tortue dorée, qui récupéra son arme après qu’elle ait servi à la victoire
sur les envahisseurs chinois Ming.
Pour arriver au Lac et au Temple de la Montagne de Jade, nous empruntons un joli pont rouge
« romantique à souhait » d’où nous admirons de belles et grosses tortues. A côté du Temple, on peut
voir une tortue embaumée à la taille imposante.
Nous reprenons des forces au restaurant avant de partir à la découverte du Mausolée d’Ho Chi
Minh dans le plus pur style soviétique. La momie de l’oncle Ho part d’ailleurs régulièrement à
Moscou pour un toilettage. Nous avons le plaisir d’assister à la relève de la garde (pas très drôle
tout cela !!!). Dans un beau parc, où le Grand Homme a planté des manguiers, nous découvrons la
modeste « Maison sur pilotis », d’où il nourrissait lui-même les poissons du bassin. Derrière le
Mausolée, la Pagode à Pilier unique, en forme de lotus, date du 11e siècle. Il nous est rappelé que les
gestes d’affection sont interdits dans le parc et la pagode. Retour au bus, pour gagner l’aéroport et
nous envoler vers Siem Reap.
Nous sommes briefés dès notre installation à l’hôtel par un représentant de l’agence
cambodgienne; il nous rappelle les souffrances subies par le peuple cambodgien sous Pol Pot, les
séquelles que cette période a laissées et nous demande beaucoup d’indulgence lors de notre séjour. Ici,
le dollar règne et toutes les petites choses se règlent avec cette coupure magique, sans toujours
beaucoup de discernement, première surprise. Beaucoup d’enfants proposent de menus objets à un
dollar, des jeunes femmes demandent quelques dollars pour des tissus ou autre objet, si bien qu’il est
inutile d’avoir de la monnaie cambodgienne. Mais bon; nous sommes là pour Angkor, merveille du
monde.
Nous partons en touk touk, moto avec charrette, un mode de transport très sympa, et
traversons Siem Reap, ville -champignon du fait du tourisme, la forêt tropicale qui entoure les sites
d’Angkor, des espèces magnifiques, une route soigneusement balayée, et bientôt après avoir traversé
la grande porte, nous découvrons le premier ensemble d’Angkor Thom.
Là, commencent les merveilles: tout est immense, l’ensemble a été construit à partir de 1150
par Jayavarman VII, roi khmer. Il comptait des temples et le palais ; il ne reste que des parties. Le
guide nous propose un itinéraire qui permet d’admirer les bas-reliefs du Bayon qui racontent la vie
quotidienne, puis la guerre. La particularité de l’ensemble est l’association du bouddhisme et de
l’hindouisme, voulue par le roi afin d’éviter les guerres civiles. Le temple du Bayon ou temple
montagne est surmonté de 54 tours à visage très impressionnantes. Nous connaissons cette histoire
grâce au récit d’un Chinois, Zhou Daguan, qui a rapporté les évènements et décrit les constructions à
la fin du XIII ème siècle, avant qu’elles ne soient englouties par la forêt. Nous allons de tour en
galerie, toujours à la découverte de nouvelles sculptures.
9 Ensuite, nous visitons le Baphuon, un sous ensemble d’Anghor Thom, temple montagne, où
des bas reliefs étonnants nous retiennent: scènes avec équilibriste, sumo, funambule, course de
chevaux, palanche, le roi monté sur un éléphant... une forêt de pierres nous rappelle la multitude des
constructions originelles. Le Baphuon, construit au milieu du XI ème siècle, comprend une galerie
contournante que nous suivons d’un côté à l’autre pour enfin découvrir la trace de l’immense Bouddha
couché situé à l’Ouest. Le guide reprend l’histoire de la restauration du site par l’Ecole française
d’Extrème Orient dès les années 30 et qui s’est arrêtée en 2011. Ici encore, bas et hauts-reliefs nous
fascinent.
Nous terminons la matinée avec la grande esplanade qui domine la place royale, là où le roi
organisait de grandes fêtes, associant ainsi religion et politique. Il réunissait les 54 régions de son
royaume qui envoyaient des représentants qui défilaient devant lui. Nous terminons par la terrasse des
éléphants et celle du roi lépreux, aux sculptures impressionnantes: trompes et pattes d’éléphants
énormes, lions et têtes de chevaux. De nombreux Garudas, oiseaux mythiques véhicules de Vishnou,
supportent la terrasse tels des Atlantes.
Après un repas agréable comme à chaque fois mais sous un auvent plein de groupes de
touristes, nous repartons vers d’autres sites; certes, la chaleur nous accable mais c’est si beau. Le
Prasat Kravan est un sanctuaire plus ancien, du Xème siècle, majoritairement en briques; de
l’extérieur, cinq tours alignées, pas complètes, mais nous retenons particulièrement un temple en
briques dont les murs sont décorés. Un bas-relief, très grand, représente Vishnou et ses attributs,
massue, conque, roue et disque. En face, un autre bas-relief qui le montre juché sur Garuda.
L’autre site de l’après midi est le Ta Prohm, de la fin du XII ème siècle. Ici, c’est le choix de
laisser la végétation imbriquée au site: fromagers géants dont les racines englobent la pierre, arbre à
gomme et toujours cet effet «poésie ou charme des ruines». Un bonheur de circuler dans ce dédale de
pierre et de végétation. Un Bouddha nous accueille au détour d’un chemin. Et cet après-midi s’achève
au coucher du soleil au bord d’un lac réservoir, un baray, comme le nomme les Khmers.
Le deuxième jour à Angkor est consacré à Angkor Vat, le mieux conservé de tous les
temples Khmers, car il a toujours été occupé par les religieux.
Tout de suite les « Apsaras », nymphes célestes danseuses ou « Devatas » divinités féminines,
déesses gardiennes, nous accueillent avec des écharpes autour des hanches et le torse nu, des jupes qui
imitent la transparence et des coiffures à tiares avec 3 pointes.
Sur les bas reliefs de la partie Sud sur 50m est illustré un épisode du Mahâbhârata, (grande
épopée hindoue). Deux familles se déchirent, les Kaurava et les Pandava et la guerre fait rage entre ces
2 clans et leurs alliés.
Sur les bas reliefs de la Galerie Sud Ouest le roi constructeur du monument Suryavarman II, ce
bas relief a été réalisé en l'honneur du roi, semble-t-il après sa mort.
Les bas reliefs, partie Sud Est, représentent la croyance, sur 3 registres : l'enfer en bas, le
monde des hommes au milieu et au-dessus le paradis le dieu juge des morts Yama monté sur un
taureau. Les monstres lions et garudas supportent le ciel. Au paradis on vit dans de belles demeures
avec des serviteurs. Il y aurait 32 enfers et 36 paradis. Les châtiments de l’enfer ont attiré notre
attention; le gourmand est coupé en 2, celui qui ment aura un bâton enfoncé dans la bouche. et les
démons tirent par les cheveux les méchants sur le chemin de l'enfer.
Le bas-relief le plus intriguant est celui du barattage de la mer de lait destiné à produire la
liqueur d'immortalité. D'un coté les démons, de l'autre les dieux tirent à hue et à dia la queue du
serpent qui fait rouler un pivot central le Mont Mandapa qui agite l’océan primordial, la mer de lait.
Les démons tirent la tête du serpent, les dieux la queue. Vishnu préside, incarné en tortue. Il voit rouler
dans un sens puis dans l'autre le pivot central où est lové le serpent. D'après le mythe, l'opération de
barattage de la mer de lait dure mille ans... Au-dessus d'eux des Asparas dansent et un choeur d'esprits
féminins chante pour les encourager. Au milieu des dieux un personnage Kâlameni veut profiter de
l'opération. Mais Vishnu l'a repéré et veut le tuer en lançant son disque , mais en vain, la partie
supérieure du corps ayant bu la liqueur d'immortalité. Cette partie restera vivante et deviendra Kâla –
le temps- sur lequel personne n'a de prise.
Puis escaladons le 2ème niveau du temple avec vue sur la tour centrale. du 3ème niveau. Il
faut pour y accéder se présenter épaule et genoux couverts.
10 On est si nombreux qu'on n'a pas le temps de sentir l'effort de monter. Notre guide a beaucoup insisté
sur l'anastylose : une restauration qui montre la différence entre la partie d'origine et celle restaurée.
L'après midi après un repas excellent, en route vers le lac Tonlé, et les villages flottants. Le lac
multiplie sa superficie à la saison de pluies. Nous sommes dans des zones inondées sur le plan. La
route d'accès est surélevée et on traverse des villages de maisons sur pilotis en bambou (6 à 7m du
sol). Pour nous le sol était sec et le bétail de la maisonnée se reposait à l'ombre sous la maison. Mais
dès les moussons, la crue du Mékong, fait monter l'eau du lac, selon le guide de 2 m et les pêcheurs se
réfugient dans la forêt inondée et leurs maisons à pilotis.
On prend un bateau et l'on poursuit le chemin. Le guide nous indique que nous sommes en
aval du Lac Tonlé, circulant sur une voie d'eau où l'on rencontre des pêcheurs. La voie d'eau s'élargit
et de part et d'autres des maisons flottantes, certaines surprenantes « stations d'essence » ou bistrots
pour touristes, maisons bricolées avec une structure en bambou et du plastique transparent, ailleurs une
maison pagode flambant neuve sur une levée de terre un peu plus importante.
Ici a lieu le curieux phénomène du « retournement des eaux » : les eaux qui se déversent
habituellement du lac Tonlè dans le Mékong refluent en sens inverse lorsque le Mékong est en crue,
provoquant montée des eaux et augmentation de la superficie du lac.
Ce matin, pour notre dernier jour de voyage, départ dès 7h30, valises bouclées dans les soutes
du car, vers les profondeurs de la jungle, en direction de la rivière aux Mille Lingas. Le ciel est de
plus en plus chargé de nuages et la pluie se met à tomber en trombe. Les maisons d’une bien pauvre
campagne ont triste allure, les pilotis enfoncés dans une boue rougeâtre. Les enfants pataugent pieds
nus, indifférents aux giclées d’eau envoyées généreusement par les voitures. Mais, après 15 jours d’un
soleil imperturbable, capes de pluie et autres imperméables sont presque tous au fond des valises !
Heureusement les vendeurs à la sauvette sont plus prévoyants que nous : ils proposent pour un dollar
des « sacs poubelle » à manches et capuche, verts, bleus, jaunes, roses fluo, qui font très bien l’affaire!
La pluie a le mérite de faire ressortir toutes les nuances mordorées du grès de Bantey Srei,
temple miniature, construit par un brahmane, Guru du roi Jayavarman V, dentelle de pierre gardée par
les singes et les dvarapalas. Rinceaux, feuillages, nagas et dieux s’animent sous le soleil vite revenu.
Le Dieu Indra, monté sur son éléphant tricéphale, nous accueille à l’entrée du temple. Des bas reliefs
nous racontent les épisodes marquants du Ramayana comme le combat à mort des singes Valin et
Surgriva, ou du Mahabharata comme l’incendie de la forêt Khandava.
Il nous faut maintenant affronter la « jungle » et la montée vers la Rivière aux mille lingas. En
une demie heure, trois quarts d’heure maximum, nous voilà arrivés et les plus hésitants ne regrettent
pas leur effort! D’innombrables lingas sculptés, rabotés par le courant, forment un pavage dans le lit
de la rivière. Les eaux ainsi fécondées iront fertiliser les terres d’Angkor. Vishnou, couché, se laisse
bercer par le courant, tandis que Shiva et Parvati se promènent sur Nandi au pied de la cascade. Quel
calme ! C’est un lieu magique.
Nous déjeunons agréablement sous la tonnelle de « Monsieur Meuble » de soupes aussi
délicieuses qu’inédites : ananas tomate, poisson lait de coco herbes, sans compter les légumes sautés,
l’émincé de porc et l’assiette de fruits frais.
Point d’orgue du voyage, le nouveau musée archéologique de Siem Reap est une
incontestable réussite muséographique. Dans la salle principale des centaines de Bouddhas
nous regardent, couchés, debouts, assis, et même à plat ventre, en bois, en pierre, en bronze,
dans une salle couverte de niches disposées sur les quatre murs, comme dans une grotte. Les
autres salles où sont désormais déposées les pièces archéologiques trouvées sur le site nous
permettent une ultime « révision »
Mais le voyage est déjà fini : il nous reste à affronter une interminable nuit (merci le décalage
horaire) d’avion avant de retrouver l’humidité et le ciel bas de notre cher pays !
11 Journal de voyage, en prose ou en vers, écrit à plusieurs mains par des participants.
12 

Documents pareils