Un film indépendant, avec la portée d`un Star Wars

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Un film indépendant, avec la portée d`un Star Wars
metro
MOVIES
Jeudi 15décembre 2016
11
GARETH EDWARDS A SURVECU AU TOURNAGE DE ROGUE ONE : A STAR WARS STORY
EN QUELQUES
LIGNES
« Un film indépendant,
avec la portée d’un Star Wars »
dire qu’on tourne une meilleure
idée, qu'on n'avait pas eue avant.
Au montage, un film peut durer
trois heures. Pour le réduire à
deux, vous devez enlever des éléments, réécrire des scènes. Donc il
y a des choses qu'il faut refaire différemment. »
PARIS C’est sa passion
pour Star Wars qui a donné
envie à Gareth Edwards de
faire du cinéma. Alors
imaginez sa réaction
quand il a réalisé que le
réalisateur de ce ‘spin-off’
de la saga galactique, ça
allait être lui ! Artisan passionné embarqué dans la
grosse machine Disney et
Lucasfilm, il nous a raconté comment il a voulu combiner la vision indépendante et le budget d’un
blockbuster pour donner
naissance à ‘Rogue One : A
Star Wars Story’.
Ph. Lucas’s Film
Vous avez débuté avec ‘Monsters’, un film indépendant où
vous étiez maître de tout. Quel
est le plus difficile, faire un premier film comme ça, ou une superproduction à gros budget
comme ‘Rogue One’ ?
Gareth Edwards: « Je pense que
c'est plus facile de faire un bon
film avec peu d'argent, car tu as
moins de pression. Faire un bon
film avec des centaines de millions
de dollars est beaucoup plus difficile, parce qu'il y a beaucoup plus
d'enjeux. Mais avec Rogue One, on
a voulu combiner le meilleur des
deux mondes. J'ai eu la chance de
collaborer avec beaucoup de gens
talentueux, et on s’est fixé plein de
règles pour que le film soit réaliste, beau et émouvant, avec des
vrais personnages, comme un film
indépendant… Mais avec la portée
d'un film Star Wars. »
Concrètement, vous vous y êtes
pris comment ?
« Par exemple, on a filmé en Jordanie, à Wadi Ram, là où a été tourné 'Lawrence d'Arabie'. On tournait les scènes importantes sur la
première moitié de la journée, et
l'autre moitié on cherchait des
idées, on essayait des choses, qui
marchaient ou non. Les producteurs nous ont beaucoup soutenus
dans cette approche, ils aimaient
le résultat donc ils nous ont laissé
continuer. Bien sûr quand vous
faites un film comme Star Wars il
y a des limites à l'expérimentation,
mais j'étais surpris d'à quel point
on a pu le faire. »
Les décors du film sont surprenants, et assez réalistes : on voit
des stormtroopers dans un lagon, des combats dans la
jungle... Comment avez-vous
choisi ?
« Si vous regardez la trilogie originelle, celle avec laquelle j’ai grandi, vous verrez que George Lucas
s'inspirait beaucoup d'endroits qui
existent vraiment. En fait il a parcouru le catalogue des écosystèmes, et il les a presque tous choisis ! En cherchant le style visuel du
film, on a parcouru des photos de
guerre, du Moyen Orient au Vietnam en passant par le Pacifique
Sud. On a ‘photoshopé’ les soldats
pour qu'ils aient des casques de rebelles, on a rajouté quelques
stormtroopers, et le résultat était
vraiment intéressant. Très émouvant, très réel. Celles au Pacifique
Sud avaient des faux airs de paradis, et j’aimais l’idée de contraster
les scènes de bataille avec un endroit paradisiaque. Il y a aussi
l'idée que si l'Empire envahit la galaxie, ils détruiront tout ce qu'il y a
de beau. Ils feront de cette planète
paradisiaque un complexe industriel. »
Vous êtes un fan de Star Wars
depuis l’enfance. Vous souvenezvous de la première fois où vous
avez réalisé que vous alliez tourner ce film ?
« Grâce à la recommandation d'un
ami, j’ai reçu un jour un email de
Lucasfilm qui me proposait de les
rencontrer. C’était l’époque où ils
venaient d’annoncer que J.J.
Abrams allait réaliser l’Episode 7,
et j'ai supposé qu'ils sortiraient un
film tous les trois ans, comme
George Lucas. Donc je ne pensais
vraiment pas qu’ils voulaient me
voir pour ça -je ne savais pas trop
pourquoi ils voulaient me voir en
fait (rires). En plus je sortais de mon
premier gros film hollywoodien
(‘Godzilla’, NDLR), et j'étais épuisé.
Donc à la rencontre j'étais très détendu, parce que je n'avais pas
l'impression de passer un entre-
tien. En rentrant, je reçois un
email de leur part : "Pourrais-tu
lire ces documents et nous dire si
quelque chose t'intéresse ?" Il y
avait deux idées. La première était
super, mais ce n’était pas pour
moi. Et puis j’ai lu la deuxième,
et… Au début, honnêtement, je
me suis dit : "On ne peut pas faire
ce film, c'est un sacrilège". (rires).
Ça a duré environ dix secondes,
puis j'ai décroché le téléphone
pour leur dire que je serais ravi de
le faire. Mais je pensais qu'ils me
diraient : "On est en pourparlers
avec dix autres réalisateurs, mais
merci pour ton retour" (rires). Mais
plus j'ai échangé avec eux, plus j'ai
réalisé qu'ils ne parlaient à personne d'autre. C’est là que j’ai réalisé. Mais je n’ai pas eu le droit
d’en parler à personne pendant six
mois ! »
Apparemment certaines scènes
du film ont dû être tournées de
nouveau (la presse anglophone
parle de ‘reshoots’, NDLR) ?
« ‘Reshoots’ n'est pas exactement
le terme dans notre cas. Un ‘reshoot’ c'est quand on réalise
qu’une scène n'était pas bonne.
Ici, c'est des ‘pick-up shots’, c'est-à-
Pourtant tout est censé être en
place… Comment cela peut-il arriver ?
« Vous savez on ne termine jamais
vraiment l'écriture d'un film…. Ce
n'est plus comme avant. Faire un
film à Hollywood aujourd'hui, ce
n'est pas forcément écrire un scénario, puis le tourner, puis le monter. Vous repensez et retravaillez
constamment. Donc on tourne
tout, puis on monte un peu, puis
on tourne encore un peu, puis on
monte encore… C’était comme ça
sur 'Monsters', et c’était pareil sur.
‘Godzilla’. Je pense que je travaillerai toujours comme ça, parce que
c'est plus organique. Mais ce qui
est unique avec ce film, c'est que
tout le monde nous regarde. Donc
chaque petit truc qui sort devient
une grosse info pendant 24
heures, et il faut juste laisser les
choses se passer. J'espère juste que
le film plaira. »
Ça vous affecte, ces rumeurs ?
« Non, ça fait partie du job maintenant. Il y a tant d'aspects du cinéma qui ne sont pas du cinéma...
J'aimerais pouvoir juste m'enfuir
avec une caméra, faire le film, et
voir tout le monde à l'avant-première, mais ça ne marche pas
comme ça. Il faut être diplomate,
politicien, et toutes ces choses
qu'on ne vous apprend pas à
l’école. Mais je ne pense que jamais dans ma carrière je n'aurai
un film qui attire autant l'attention que celui-ci. Et on le sait
d'entrée de jeu. Donc on ne peut
pas se plaindre, c'est un vrai privilège. »
Elli Mastorou
Pour les fans de ‘Star Wars’,
c’est déjà Noël: ‘Rogue One’
est sorti. Ce n’est pas un ‘épisode’ officiel, mais une aventure indépendante avec de
nouveaux personnages. Indépendante,
entendonsnous: ‘Rogue One’ se situe
avant les événements de
l’Episode IV. Une poignée de
rebelles, dirigés par Jyn Erso
(une Felicity Jones très tenace), essaient de voler les
plans de l’Etoile Noire. Le fait
de savoir déjà à l’avance comment tout cela se terminera
ne s’avère pas un handicap.
Au contraire: cela donne au
réalisateur la liberté de se focaliser sur ce qui se passe
dans SON film, à une époque
où les blockbusters ne
donnent souvent guère plus
qu’un avant-goût prolongé
de la suite. Edwards s’avère
d’ailleurs un apport enrichissant pour l’univers ‘Star
Wars’: il filme souvent caméra à l’épaule et ses images restent -malgré les millions de
dollars dépensés- claires et
organiques. Les scènes de
guerre sont de vrais ballets
dans l’espace, peut-être les
meilleurs qu’on ait jamais
pu voir. Que de bonnes nouvelles donc? Quand même
pas. De ce genre de film, on
attendait qu’il explore des
voies un peu différentes des
‘épisodes’ à part entière,
mais ‘Rogue One’ offre peu
d’innovation. Nous avons en
outre eu le sentiment désagréable que le mysticisme de
‘Star Wars’ commençait déjà
à s’effriter Jusque 2020 au
moins, nous devrions avoir
chaque année à un nouveau
film d’une galaxie lointaine,
très lointaine. Aurons-nous
toujours, d’ici-là, la chair de
poule à la vue d’un sabre laser, ou hausserons-nous les
épaules?
(lt)
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@cafesoluble
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