Dossier - Ville de Troyes
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Dossier 8 Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 Popsentimentale aux Nuits de Champagne Laurent, c’est le côté Pop ; Alain, c’est la version Sentimentale. Pour la 28e édition des Nuits de Champagne, Alain Souchon et Laurent Voulzy sont de retour à Troyes comme invités d’honneur du festival. Les deux inséparables de la chanson française ont concocté une programmation de haut-niveau qui mariera une fois encore les styles autour d’artistes confirmés ou en devenir. De Brigitte à Selah Sue, en passant par Oxmo Puccino, Izia, Melody Gardot, Tri Yann, Maceo Parker, Yael Naïm ou Michel Jonasz entre autres, c’est une riche semaine qui s’annonce, du dimanche 18 au samedi 24 octobre. Avec une nouveauté, la Nuit des Nuits, un live électro pop le jeudi 22 octobre au Cube, et en point d’orgue les deux temps forts tant attendus chaque année : les concerts de l’Aube à l’Unisson en ouverture, et ceux du Grand Choral en clôture. On a hâte d’y être… Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 9 Dossier Souchon et Voulzy, deux grands amis des Nuits Avant la grande semaine du festival, Press’Troyes a rencontré les deux invités d’honneur de cette édition 2015 : Laurent Voulzy et Alain Souchon. Ils dessinent ainsi leur vision de la profession, leur amitié depuis quatre décennies et leur rapport aux Nuits de Champagne. Press’Troyes : Vous étiez déjà venus chacun de votre côté comme invité d’honneur du festival, vous revenez ensemble. Quel lien vous unit aux Nuits de Champagne ? Alain Souchon : « C’est toujours un moment émouvant de voir ces gens qui ont appris nos chansons et les chantent parfaitement bien, sur des arrangements très beaux. C’est extrêmement agréable car c’est chanté avec tellement de cœur. On est toujours bouleversé. Et pour le fait d’être à deux, ça… il faut demander à Laurent (il se tourne vers Laurent Voulzy). » Laurent Voulzy : « Ah, qui ne connaît pas les Nuits de Champagne ? Nous avons une attache particulière avec le festival. J’y suis venu deux fois et je garde un souvenir extrêmement ému de toutes les soirées que j’ai passées là-bas, la soirée avec la chorale entre autres. Pour cette année, je suis ravi d’y revenir avec Alain. Je me souviens de ma chambre d’hôtel, près de la Cathédrale. C’est dans cette chambre où j’étais seul, le soir, que m’est probablement venue l’idée d’un album qu’on a écrit après avec Alain, qui s’appelait Lys & Love. Après, je suis allé dans la Cathédrale et ils m’ont laissé jouer de l’orgue. Un autre de mes souvenirs, c’est que comme je suis passionné par le Moyen Âge, le Festival m’avait organisé une visite à la Médiathèque où l’on m’avait montré des documents extraordinaires que peu de gens voient, notamment la Bible de Bernard de Clairvaux. Ça m’a marqué à vie. J’ai été très touché. » « Nous avons une attache particulière avec ce festival » Est-ce pour vous l’occasion de redécouvrir vos chansons ? A.S. : « Moi, j’aime les chœurs, les chœurs d’églises… J’adore ça ! Là, on est servi. Donc oui, c’est tout à fait différent, beaucoup plus musical. Mais la musique, c’est plus Laurent… (il se retourne à nouveau vers son comparse) » L.V. : « C’est un honneur d’avoir, pendant une semaine, la ville autour de nous. Et 950 choristes qui chantent vos chansons, c’est très émouvant. La première fois que je suis venu, j’ai assisté aux répétitions de Liebe (NDLR : chanson de Laurent Voulzy sortie en 1988), et les larmes ont coulé d’un coup. Je n’avais jamais entendu ça, c’était extrêmement fort. » 10 Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 Vous présenterez notamment votre album commun. A-t-il été facile à composer ? L.V. : « Non, car quand on écrit des chansons, on part dans une optique. Par exemple, si on écrit des chansons pour moi, Alain me connaît bien, il va raconter des histoires de ma vie, il va me faire dire des choses que je n’osais pas dire moi-même. Et quand on fait des chansons pour Alain, la musique va être taillée pour lui, je me mets complètement à son service. On est très différents tous les deux, sa vision du monde fait un peu peur, elle est assez… » A.S. : « Négative, dis-le franchement… » L.V. : « Allons-y pour négative. Moi, j’aurais plutôt une tendance à l’optimisme. Et là, on chante à deux, donc il faut qu’on soit heureux dans ces chansons. » A.S. : « Quand on fait des chansons pour Laurent, on sait ce qu’on va dire, on sait qu’on va vers ce qu’il aime... Il a ses tourments et moi j’en ai d’autres, souvent opposés aux siens. Là, il fallait faire des trucs qui nous correspondent, des chansons qui nous concernent tous les deux. Ce n’était pas commode. Lui, ces musiques, elles sont toujours bien, mais moi, les paroles, j’ai eu du mal… mais on y est arrivés parce qu’il y a un tas de sujets sur lesquels on se retrouve : la nature, les filles, les vieilles voitures, se balader… On a aussi plein de trucs en commun. » L.V. : « Les Nuits de Champagne, là-dessus on était d’accord. » Justement pour les Nuits, vous avez participé à la programmation. Y avez-vous des coups de cœur ? A.S. : « (il plaisante) Alain Souchon, j’adore ! Izia, elle est démente ! Oxmo Puccino, c’est un mec profond, il fait des choses très senties. » L.V. : « Melody Gardot, ça j’aime bien ! Sinon, ce qui est génial, c’est qu’on peut découvrir de nouveaux artistes. Si on me conseille certains concerts durant le festival, ça me fera plaisir d’aller les voir. » 40 ans que vous collaborez, vous devez bien avoir un secret pour faire perdurer cette amitié ? A.S. : « Je crois qu’il n’y a pas de secret. C’est comme ça, il y a un bon feeling, ça se fait tout seul. Laurent est sympa à vivre. Quand je dis des conneries pendant qu’il parle, il ne me met pas de baffe. » L.V. : « (rires) Une amitié de 40 ans, ça existe, j’en suis sûr. Pour nous, ce qui est un peu étrange, c’est qu’on a créé des chansons qui ont eu du succès, qui sont dans la mémoire des gens. Et ça a sûrement consolidé quelque chose… » A.S. : « On est tenus par ce lien mystérieux, qui nous dépasse un peu, qui est que si je fais des chansons tout seul, bon ça va, mais quand je les fais avec Laurent, elles sont 1000 fois mieux. Je rame sur ma guitare et je me dis que je vais demander à Laurent et, tout de suite, c’est miraculeux. Professionnellement, nos personnalités se complètent admirablement. C’est plus facile à deux. » L.V. : « Quand je rame sur les mots, je vais voir Alain. C’est assez étrange, car on est très différents tous les deux… » A.S. : « Ah, déjà, moi, je suis très beau (rires). Non mais, c’est vrai qu’on a des personnalités complètement différentes. » Et ce côté indissociable, vous le vivez comment ? A.S. : « C’est agréable à vivre ! C’est un ami qui fait partie de ma vie, on aime travailler ensemble. Tout est positif dans notre association. On pourrait croire qu’il ne pense qu’à l’argent ou qu’il pourrait me piquer ma femme, mais pas du tout. » Quelle est la plus grande qualité de l’autre ? A.S. : « Une espèce de sérénité admirable qui vient de sa façon de voir le monde. Et ça, ça me plaît beaucoup. » L.V. : « Probablement qu’il m’a aidé dans la vie par sa fantaisie et par la distance qu’il a sur certaines choses. Une espèce d’extra-lucidité sur les événements. Et il a su me faire découvrir des choses que je ne voyais pas, comme ces murs de pierre en Bretagne sur des centaines de mètres, ou la beauté d’une porte en chêne. » Diriez-vous que vous avez su conserver une âme d’enfant ? A.S. : « Non. Dans ce métier, on a tous une âme d’adolescent. Aujourd’hui, tout le monde revendique une âme enfantine, qui serait synonyme de pureté de vision du monde. Je n’aime pas trop cette expression. On grandit, c’est tout… » L.V. : « Je ne suis pas tout à fait d’accord. Je me sens réellement adolescent… Keith Richards dit : “Je vieillis mais je ne grandis pas”. Je me sens un peu comme ça. Quand je prends une guitare, j’ai les mêmes sensations que quand j’allais répéter avec mes copains. Quand on fait une chanson avec Alain, j’ai l’impression que j’ai 17 ans. » A.S. : « On est conforté dans un état adolescent. On va se balader et les gens applaudissent. Mais dans la vie, je n’ai pas les mêmes opinions sur le monde, sur la vie, que quand j’avais 14 ans. J’ai changé, j’ai vieilli un peu, je me suis patiné… » « J’aime les chœurs, les chœurs d’églises… Là, on est servi » Quelle aurait été votre vie si vous ne vous étiez pas rencontrés ? A.S. : « J’aurais travaillé dans une banque. Mais je serais à la retraite là, j’irais pêcher à la ligne. (À Laurent Voulzy) Toi, tu ferais de la course automobile ! » L.V. : « Peut-être que j’aurais été musicien ou orchestrateur. Et j’aurais essayé de faire des chansons qui n’auraient peut-être jamais marché. C’est très difficile de savoir. Mais le fait de rencontrer Alain, ça a transformé ma vie. » Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 11 Dossier Julie et Floris chantent à l’unisson Chaque année, depuis 1999, les Nuits de Champagne ouvrent le festival sur les représentations de l’Aube à l’unisson, chorale composée de 700 collégiens venus du département. Réunis une première fois en juin, puis en octobre pour se caler avant le spectacle, les jeunes chanteurs n’ont que quelques semaines pour s’approprier le répertoire des invités d’honneur, Alain Souchon et Laurent Voulzy. Press’Troyes a suivi Julie et Floris, deux collégiens des Jacobins, qui nous racontent leur expérience dans cette chorale hors norme. Première rencontre : le 26 juin - Ils répètent pour la première fois avec 500 des 700 collégiens du chœur et nous en parlent pendant leur courte pause. Press’Troyes : Vous allez, interpréter des chansons de Souchon et Voulzy. Connaissiez-vous leur répertoire ? Est-ce le type de musique que vous écoutez habituellement ? Julie : « J’en connaissais quelques-unes, Foule sentimentale, Derrière les mots, Allo Maman bobo… je les ai entendues à la radio, enfin, celle de la voiture de mes parents. C’est plus ce qu’ils écoutent, moi je suis plutôt électro ! Mais, je connais les bases de la chanson française. » Floris : « Je ne connaissais que Foule sentimentale... ça change complètement de ce que j’écoute. Moi, c’est plus Pharell Williams ! » Ça n’est pas votre première participation. Qu’estce qui vous plaît dans cette aventure ? J. : « C’est ma 4e participation ! Ce sera même ma dernière année. Je rentre en 3e et le chœur de l’Aube ne va pas au-delà. Ce qui me plaît, c’est le mélange de différentes chorales, de rencontrer des grands de la chanson et c’est une bonne occasion de se produire à Argence ! » F. : « C’est ma première interview ! Pour la chorale, ce sera ma deuxième participation. C’est énorme, 700 collégiens ! C’est pour ça que je recommence. » Lors du concert, vous aurez l’occasion de chanter avec Julie Rousseau (en concert au Millésime le 21 octobre dans le cadre des Afters) et peut-être les têtes d’affiche. Pas trop impressionnant ? Quel effet cela vous a-t-il fait la première fois de chanter devant tant de monde ? J. : « Ça va maintenant. Et puis, comme on est 700, si on chante des fausses notes, ça ne s’entend pas beaucoup ! » F. : « C’est impressionnant tout ce public qui nous regarde. J’ai un peu le trac au début, après ça passe. » Comment en êtes-vous arrivés au chant choral ? J. : « J’étais déjà dans la chorale du Conservatoire. J’ai arrêté en 5e mais j'ai poursuivi au collège. » F. : « Je ne chantais pas trop. C’est ma sœur qui m’a entraîné à la chorale du collège et j’ai adoré ! » Pensez-vous continuer à chanter même quand vous serez adultes ? J. : « Oui, sûrement, pour le plaisir. » F. : « Oui ! J’aimerais peut-être continuer professionnellement… » Julie, 13 ans, en 3e Floris, 11 ans, en 5e Après deux mois de vacances, les répétitions ont débuté au collège. Les jeunes choristes (près de 25 pour les Jacobins) se retrouvent chaque lundi durant trois quart d’heure. Seulement six répétitions avec leur professeur pour apprendre sept chansons (dont deux qu’ils chanteront avec le public) et beaucoup de travail personnel pour être prêts. Julie et Floris sont tous deux dans le groupe des sopranos (voix qui chantent la mélodie). Press’Troyes les a retrouvés lors d’une répétition assez physique. Press’Troyes : Vous connaissez bien les chansons ? J. : « Un peu, je me suis entraînée mais c’est plus dur cette année, je connaissais plus les chansons de Brel, invité d'honneur l'année dernière. » F. : « Non, je n’ai pas vraiment répété… mais je trouve les paroles plus faciles, les chansons sont plus d’actualité. » À un mois de la représentation, comment vous sentez-vous ? J. : « Je suis un peu inquiète car nous ne sommes pas prêts. Aux répétitions, nous ne sommes pas encore 12 Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 en rythme avec les altos. Mais je veux vraiment en profiter car c’est ma dernière fois aux Nuits de Champagne » F. : « Détendu ! Mais pour les répétitions, c’est vrai qu’il est compliqué de chanter tous en même temps. » Comment vous préparez-vous ? J. & F. : « On se passe le disque et il y a les répétitions avec la chorale. » Oxmo Puccino : « La vie m’inspire » Press’Troyes : Qui ou qu’est-ce qui vous a donné le goût d’écrire et de conter des histoires ? Oxmo Puccino : « Je suis né pour ça. J’ai eu la chance de le savoir très tôt. On a tous un capital qui correspond à une vocation. Une vocation, pas un talent. Le talent est le fruit du travail. L’héritage familial et musical est également très important… » Quelles sont vos principales inspirations ? O.P. : « La vie m’inspire, dans tout ce qu'il s’y passe et dans toute sa complexité. Les expériences et les émotions de chacun, des femmes, des hommes, sont une source d’inspiration énorme. Je peux très bien écrire une chanson sur la famille en observant un arbre et ses racines ou en voyant un cure-dents perdu parmi des allumettes. Pour la musique, il y a tellement d’artistes dans le monde pour nous faire vibrer… Bach, Brahms, des Satie de notre époque… Les musiques d’Amérique latine, d’Afrique, des ÉtatsUnis au 20e siècle et la chanson française m’inspirent et me plaisent beaucoup. » La presse vous attribue souvent le surnom de « Jacques Brel du hip-hop ». Quelques mots sur cette comparaison flatteuse ? O.P. : « Je suis flatté de ce rapport mais ça ne dit rien de plus sur ce que je fais. Je dirais que cette comparaison est une invitation à écouter mon travail. Brel a eu une grande influence sur ma carrière et j’ai aimé très tôt ses chansons. Mais aujourd’hui je suis dans un discours positif. Lui n’était pas vraiment connu pour cela... Il était dans le descriptif, je suis plutôt dans la démarche. » Vous montez sur scène en trio acoustique depuis 2012. Comment le définiriez-vous ? O.P. : « Magique, expérimental, humain, chaleureux, extrêmement musical et silencieux… » Silencieux ? O.P. : « Oui. Le silence est ce qui donne sa valeur à la musique. Le silence permet de réfléchir à ce qu’on entend et donne de l’importance à nos mots. » Quel terrain d’expression et de jeu supplémentaire vous offre-t-il ? O.P. : « Nous improvisons beaucoup durant nos concerts, en captant les vibrations du moment. Nous ne donnons jamais le même concert. Ces pirouettes artistiques ajoutent des valeurs ponctuelles à nos rencontres avec le public. » Connaissiez-vous le festival Nuits de Champagne et Troyes ? O.P. : « J’ai joué plusieurs fois à Troyes mais je vais découvrir ce festival avec plaisir. » « Le silence est ce qui donne sa valeur à la musique » Voulzy et Souchon en quelques mots ? O.P. : « Une histoire de la France contemporaine, des textes intemporels, une légèreté extra-générationnelle. Je travaille d’ailleurs actuellement sur un projet de reprises d’Alain Souchon… » Troyes, destination électro Le temps d’une soirée, des pointures de la scène électronique française s’empareront de la cité tricasse. The Shoes, Superpoze, Aaron et Las Aves enflammeront le Cube, qui prendra des airs de club branché… Avis aux amateurs : la première édition de La Nuit des Nuits se tiendra jeudi 22 octobre. Superpoze Originaire de Caen, le vingtenaire Gabriel Legeleux, alias Superpoze, distille une électro cérébrale, sensible et mélodique. Inspiré par Air, Massive Attack ou encore Bonobo, le « petit prodige de l’électro » devrait régaler les connaisseurs… The Shoes Depuis 2011 et son premier album Crack my Bones, le duo rémois électro-pop The Shoes enchaîne les projets artistiques aussi ambitieux que fructueux. Aaron Révélés par leur désormais classique U-Turn (Lili), chanson-phare du film Je vais bien, ne t’en fais pas, Simon Buret et Olivier Coursier, aka Aaron, excellent dans le genre pop mélancolique. Las Aves De drôles d’oiseaux que voilà… Les quatre Toulousains de Las Aves envoient une pop atypique mêlant claviers cabossés, rythmes exotiques et batterie sauvage. Le duo électro-pop rémois The Shoes Jeudi 22 octobre - 20h30 Le Cube, Parc des Expositions 22 € Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 13 Dossier Yael Naïm : « Chanter avec 900 choristes, c’est un peu du sport extrême ! » Press’Troyes : Dans votre 3e album, Older, vous multipliez et jouez avec les styles musicaux. Yael Naïm : « C’est inconscient ! Le fait de travailler avec David (NDLR : David Donatien, musicien, compositeur et compagnon de Yael Naïm) mixe nos cultures et nos influences. Je viens de la musique classique, écoute du folk, de la soul… David vient du jazz et de beaucoup d’autres influences musicales. C’est difficile de se définir. Je crois au métissage et il s’exprime dans la musique. » Quelles sont vos prochaines étapes ? Y.N. : « Avec David, nous continuons de travailler sur nos prochains projets, on ne peut pas s’arrêter de créer. Être sur scène et faire naître de nouvelles choses en même temps, c’est comme ça qu’on travaille ! Nous sommes sur un projet avec un chorégraphe, un autre avec un orchestre symphonique… la création en continu est indispensable. » Cela fait dix ans que vous évoluez à deux tout en étant restés indépendants dans le travail. Sur Older, vous avez véritablement travaillé ensemble. Qu’est-ce que ça a changé dans votre manière de faire ? Y.N. : « La composition m’arrive très rapidement, chaque jour, de manière spontanée… Nous avons toujours travaillé ensemble mais il est vrai que pour notre premier album, j’avais déjà écrit beaucoup de morceaux. Alors, pendant deux ans et demi, nous avons travaillé sur les arrangements. Pour le deuxième, David a composé Go to the river. Pour Older, nous sommes partis d’improvisations ensemble sur un nouvel instrument que nous venions de récupérer. Pour la première fois, nous avons composé quatre chansons ensemble, puis nous nous sommes enfermés pendant un an et demi pour enregistrer. Nous avons deux studios à la maison et le besoin de nous isoler pour mieux nous retrouver ensuite. Cela donne des styles encore plus mélangés ! » Souchon et Voulzy sont les invités d’honneur des Nuits de Champagne. Avez-vous déjà travaillé avec eux ? Y.N. : « Ce sera la première fois que je les côtoierai et je suis très contente de les rencontrer. » Les Nuits de Champagne sont un festival sur la chanson française, vous êtes une chanteuse franco-israélienne qui vivez à Paris, cependant vous chantez essentiellement en anglais et un peu en hébreu. Est-ce un choix ou un ressenti, un besoin par rapport aux sonorités ? Y.N. : « C’est dû à mon histoire personnelle. Je suis née à Paris mais ai été élevée en Israël où mon éducation s’est faite en hébreu et en anglais. Je m’exprime donc plus facilement et plus librement dans ces langues. Cependant, j’aimerais pouvoir écrire en français. » Vous collaborez avec les 3SomeSisters qui assurent les chœurs sur votre album. Saviez-vous que la particularité des Nuits de Champagne est de mettre en avant le chant choral ? Y.N. : « Oui, d’ailleurs, nous collaborons sur deux morceaux autour de Souchon et Voulzy avec le Grand Choral. Sur nos trois albums, il y a eu un vrai travail d’écriture pour les chœurs mais là, ce sera une première. Chanter avec 900 choristes, c’est un peu comme faire un sport extrême ! » 14 Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 Sylvie Hoarau de Brigitte : « Il y a beaucoup d’amour autour de nous » Press’Troyes : À bouche que veux-tu sonne comme un épisode de série américaine des années 70. Qu’est-ce qui a changé dans vos chansons ? Sylvie Hoarau : « Avec Aurélie Saada, nous aimons avoir des styles très différents avec des ballades, de la disco... On est dans la continuité mais avec un envie de rythme et de sensualité. Dans le premier album, on se demandait si on allait être obligées d’arrêter la musique, alors c’était plutôt l’histoire d’une femme qui veut sortir la tête de l’eau, qui se bat et là, nous sommes plus dans le plaisir, l’envie de profiter du moment présent. Nos chansons sont très liées à notre histoire. Nous l’avons écrit à la fin d’une tournée incroyable où nous avons vécu quelque chose d’exceptionnel.» Pourquoi avoir attendu quatre ans entre vos deux albums ? S.H. : « Le premier est sorti en 2011 mais a mis du temps à trouver son public. Pour la tournée, on a commencé par des petites salles en 2011 et en 2012, nous sommes retournées dans les mêmes villes pour des plus grosses salles ! Du coup, on a écrit le deuxième album fin 2013 début 2014 mais on voulait le tester avant de le graver. Et puis, avec deux enfants chacune, une tournée intense et l’écriture, soit on arrêtait de dormir, soit on vendait nos enfants... on a donc préféré prendre un peu plus de temps et profiter ! » Pour cette nouvelle histoire, vous avez choisi de devenir quasi-jumelles, même coupe de cheveux, tenues identiques. Pour quelle raison ? S.H. : «Alors là, je suis incapable de me rappeler pourquoi ! On écrit nos chansons comme des scènes de films, on plante notre décor. Pourquoi jumelles ? Ça nous amusait de brouiller les pistes. On en avait un peu assez des différences sexy/timide, délurée/ intello alors que nous sommes très proches. La gémellité est partie d’un délire, comme beaucoup de ce qu’on fait et ensuite, il y a eu une évidence, c’était finalement logique. En plus, c’est hyper graphique visuellement tout en étant un peu troublant. En règle générale, on fait les choses et on voit après ! Nous sommes fusionnelles, on compose, écrit ensemble… à tel point qu’avant notre tout premier concert, en imaginant nos robes de scène, on a pensé qu’on pourrait avoir une robe pour deux ! » Le thème général de vos chansons reste l’amour. D’où vient ce besoin irrépressible ? S.H. : « Il s’agit plus d’un hymne à la joie ou à la vie. On goûte le plaisir d’un succès, d’un projet qui n’était pas parti pour fonctionner. Il y a également beaucoup d’amour autour de nous. D’ailleurs, les personnes avec qui nous travaillons nous le font remarquer et nous disent qu’on diffuse plein d’amour ! Clairement, on fait de la musique parce qu’on a envie de plaire et qu’on nous aime, sinon, on aurait choisi une autre carrière. » « Nous sommes fusionnelles... » Vous avez déjà participé aux Nuits de Champagne en 2012. Quels souvenirs avez-vous gardé de votre venue à Troyes ? S.H. : « Malheureusement, pas un très bon souvenir mais absolument pas lié aux Nuits. Ce soir-là, un de nos techniciens devait partir tout de suite et nous avons été obligées de rentrer en annulant notre séance de dédicace. Pour nous, ça a été l’horreur, on avait abandonné notre public et on ne veut plus que ça se reproduise. D’autant que c’est vraiment sympa de venir chanter en Champagne ! » Pour que la fête continue... Incontournables et populaires, les afters se tiendront du lundi 19 au samedi 24 octobre au Millésime, dans les murs de la Chapelle Argence. Accessibles gratuitement, dès 22h30, ces rendez-vous musicaux et festifs permettent de découvrir les « nouvelles têtes » de la scène locale. Au menu de ces 28e nuits : The Krooks (funk, groove) ; Diboum Afro Ratata (world music) ; Nico’ZZ band (blues) ; Léon Phal Quartet (funk) ; Evok (DJ set) ; Maât (DJ set) ; Scarfinger (live machine) et Disko Diskount (collectif de DJ funk et groove). Le Millésime accueillera également Julie Rousseau, La Déclam’ et le concours «Petit Remix entre Amis» autour du répertoire de Souchon et Voulzy. Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245 15