Dossier - Ville de Troyes

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Dossier - Ville de Troyes
Dossier
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Press’Troyes | Octobre 2015 | n°245
Popsentimentale
aux Nuits de Champagne
Laurent, c’est le côté Pop ; Alain, c’est la
version Sentimentale. Pour la 28e édition des
Nuits de Champagne, Alain Souchon et Laurent
Voulzy sont de retour à Troyes comme invités
d’honneur du festival. Les deux inséparables
de la chanson française ont concocté une
programmation de haut-niveau qui mariera une
fois encore les styles autour d’artistes confirmés
ou en devenir. De Brigitte à Selah Sue, en
passant par Oxmo Puccino, Izia, Melody Gardot,
Tri Yann, Maceo Parker, Yael Naïm ou Michel
Jonasz entre autres, c’est une riche semaine
qui s’annonce, du dimanche 18 au samedi 24
octobre. Avec une nouveauté, la Nuit des Nuits,
un live électro pop le jeudi 22 octobre au Cube,
et en point d’orgue les deux temps forts tant
attendus chaque année : les concerts de l’Aube
à l’Unisson en ouverture, et ceux du Grand
Choral en clôture. On a hâte d’y être…
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Souchon et Voulzy,
deux grands amis des Nuits
Avant la grande semaine
du festival, Press’Troyes
a rencontré les deux
invités d’honneur de cette
édition 2015 : Laurent
Voulzy et Alain Souchon.
Ils dessinent ainsi leur
vision de la profession,
leur amitié depuis quatre
décennies et leur rapport
aux Nuits de Champagne.
Press’Troyes : Vous étiez déjà venus chacun de
votre côté comme invité d’honneur du festival,
vous revenez ensemble. Quel lien vous unit aux
Nuits de Champagne ?
Alain Souchon : « C’est toujours un moment émouvant
de voir ces gens qui ont appris nos chansons et les
chantent parfaitement bien, sur des arrangements très
beaux. C’est extrêmement agréable car c’est chanté
avec tellement de cœur. On est toujours bouleversé.
Et pour le fait d’être à deux, ça… il faut demander à
Laurent (il se tourne vers Laurent Voulzy). »
Laurent Voulzy : « Ah, qui ne connaît pas les Nuits
de Champagne ? Nous avons une attache particulière
avec le festival. J’y suis venu deux fois et je garde un
souvenir extrêmement ému de toutes les soirées que
j’ai passées là-bas, la soirée avec la chorale entre
autres. Pour cette
année, je suis ravi d’y
revenir avec Alain. Je
me souviens de ma
chambre d’hôtel, près
de la Cathédrale. C’est
dans cette chambre où
j’étais seul, le soir, que
m’est probablement
venue l’idée d’un
album qu’on a écrit
après avec Alain, qui s’appelait Lys & Love. Après, je
suis allé dans la Cathédrale et ils m’ont laissé jouer de
l’orgue. Un autre de mes souvenirs, c’est que comme
je suis passionné par le Moyen Âge, le Festival m’avait
organisé une visite à la Médiathèque où l’on m’avait
montré des documents extraordinaires que peu
de gens voient, notamment la Bible de Bernard de
Clairvaux. Ça m’a marqué à vie. J’ai été très touché. »
« Nous avons
une attache
particulière avec
ce festival »
Est-ce pour vous l’occasion de redécouvrir vos
chansons ?
A.S. : « Moi, j’aime les chœurs, les chœurs d’églises…
J’adore ça ! Là, on est servi. Donc oui, c’est tout à fait
différent, beaucoup plus musical. Mais la musique,
c’est plus Laurent… (il se retourne à nouveau vers
son comparse) »
L.V. : « C’est un honneur d’avoir, pendant une semaine,
la ville autour de nous. Et 950 choristes qui chantent
vos chansons, c’est très émouvant. La première fois
que je suis venu, j’ai assisté aux répétitions de Liebe
(NDLR : chanson de Laurent Voulzy sortie en 1988),
et les larmes ont coulé d’un coup. Je n’avais jamais
entendu ça, c’était extrêmement fort. »
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Vous présenterez notamment votre album
commun. A-t-il été facile à composer ?
L.V. : « Non, car quand on écrit des chansons, on
part dans une optique. Par exemple, si on écrit des
chansons pour moi, Alain me connaît bien, il va
raconter des histoires de ma vie, il va me faire dire
des choses que je n’osais pas dire moi-même. Et
quand on fait des chansons pour Alain, la musique va
être taillée pour lui, je me mets complètement à son
service. On est très différents tous les deux, sa vision
du monde fait un peu peur, elle est assez… »
A.S. : « Négative, dis-le franchement… »
L.V. : « Allons-y pour négative. Moi, j’aurais plutôt une
tendance à l’optimisme. Et là, on chante à deux, donc
il faut qu’on soit heureux dans ces chansons. »
A.S. : « Quand on fait des chansons pour Laurent, on
sait ce qu’on va dire, on sait qu’on va vers ce qu’il
aime... Il a ses tourments et moi j’en ai d’autres,
souvent opposés aux siens. Là, il fallait faire des
trucs qui nous correspondent, des chansons qui nous
concernent tous les deux. Ce n’était pas commode.
Lui, ces musiques, elles sont toujours bien, mais moi,
les paroles, j’ai eu du mal… mais on y est arrivés
parce qu’il y a un tas de sujets sur lesquels on se
retrouve : la nature, les filles, les vieilles voitures, se
balader… On a aussi plein de trucs en commun. »
L.V. : « Les Nuits de Champagne, là-dessus on était
d’accord. »
Justement pour les Nuits, vous avez participé à la
programmation. Y avez-vous des coups de cœur ?
A.S. : « (il plaisante) Alain Souchon, j’adore ! Izia, elle
est démente ! Oxmo Puccino, c’est un mec profond,
il fait des choses très senties. »
L.V. : « Melody Gardot, ça j’aime bien ! Sinon, ce qui
est génial, c’est qu’on peut découvrir de nouveaux
artistes. Si on me conseille certains concerts durant
le festival, ça me fera plaisir d’aller les voir. »
40 ans que vous collaborez, vous devez bien
avoir un secret pour faire perdurer cette amitié ?
A.S. : « Je crois qu’il n’y a pas de secret. C’est
comme ça, il y a un bon feeling, ça se fait tout seul.
Laurent est sympa à vivre. Quand je dis des conneries
pendant qu’il parle, il ne me met pas de baffe. »
L.V. : « (rires) Une amitié de 40 ans, ça existe, j’en
suis sûr. Pour nous, ce qui est un peu étrange, c’est
qu’on a créé des chansons qui ont eu du succès, qui
sont dans la mémoire des gens. Et ça a sûrement
consolidé quelque chose… »
A.S. : « On est tenus par ce lien mystérieux, qui nous
dépasse un peu, qui est que si je fais des chansons
tout seul, bon ça va, mais quand je les fais avec
Laurent, elles sont 1000 fois mieux. Je rame sur ma
guitare et je me dis que je vais demander à Laurent et,
tout de suite, c’est miraculeux. Professionnellement,
nos personnalités se complètent admirablement.
C’est plus facile à deux. »
L.V. : « Quand je rame sur les mots, je vais voir Alain.
C’est assez étrange, car on est très différents tous
les deux… »
A.S. : « Ah, déjà, moi, je suis très beau (rires).
Non mais, c’est vrai qu’on a des personnalités
complètement différentes. »
Et ce côté indissociable, vous le vivez comment ?
A.S. : « C’est agréable à vivre ! C’est un ami qui fait
partie de ma vie, on aime travailler ensemble. Tout est
positif dans notre association. On pourrait croire qu’il
ne pense qu’à l’argent ou qu’il pourrait me piquer ma
femme, mais pas du tout. »
Quelle est la plus grande qualité de l’autre ?
A.S. : « Une espèce de sérénité admirable qui vient
de sa façon de voir le monde. Et ça, ça me plaît
beaucoup. »
L.V. : « Probablement qu’il m’a aidé dans la vie par sa
fantaisie et par la distance qu’il a sur certaines choses.
Une espèce d’extra-lucidité sur les événements. Et il
a su me faire découvrir des choses que je ne voyais
pas, comme ces murs de pierre en Bretagne sur des
centaines de mètres, ou la beauté d’une porte en
chêne. »
Diriez-vous que vous avez su conserver une âme
d’enfant ?
A.S. : « Non. Dans ce métier, on a tous une âme
d’adolescent. Aujourd’hui, tout le monde revendique
une âme enfantine, qui serait synonyme de pureté de
vision du monde. Je n’aime pas trop cette expression.
On grandit, c’est tout… »
L.V. : « Je ne suis pas tout à fait d’accord. Je me
sens réellement adolescent… Keith Richards dit :
“Je vieillis mais je ne grandis pas”. Je me sens un
peu comme ça. Quand je prends une guitare, j’ai
les mêmes sensations que quand j’allais répéter
avec mes copains. Quand on
fait une chanson avec Alain, j’ai
l’impression que j’ai 17 ans. »
A.S. : « On est conforté dans un
état adolescent. On va se balader
et les gens applaudissent. Mais
dans la vie, je n’ai pas les mêmes
opinions sur le monde, sur la vie,
que quand j’avais 14 ans. J’ai
changé, j’ai vieilli un peu, je me suis patiné… »
« J’aime les chœurs,
les chœurs d’églises…
Là, on est servi »
Quelle aurait été votre vie si vous ne vous étiez
pas rencontrés ?
A.S. : « J’aurais travaillé dans une banque. Mais je
serais à la retraite là, j’irais pêcher à la ligne. (À Laurent
Voulzy) Toi, tu ferais de la course automobile ! »
L.V. : « Peut-être que j’aurais été musicien ou
orchestrateur. Et j’aurais essayé de faire des
chansons qui n’auraient peut-être jamais marché.
C’est très difficile de savoir. Mais le fait de rencontrer
Alain, ça a transformé ma vie. »
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Julie et Floris chantent à l’unisson
Chaque année, depuis
1999, les Nuits de
Champagne ouvrent
le festival sur les
représentations de
l’Aube à l’unisson,
chorale composée de
700 collégiens venus du
département. Réunis une
première fois en juin, puis
en octobre pour se caler
avant le spectacle, les
jeunes chanteurs n’ont
que quelques semaines
pour s’approprier le
répertoire des invités
d’honneur, Alain Souchon
et Laurent Voulzy.
Press’Troyes a suivi Julie
et Floris, deux collégiens
des Jacobins, qui nous
racontent leur expérience
dans cette chorale hors
norme.
Première rencontre : le 26 juin - Ils répètent pour la première fois avec 500 des 700 collégiens du
chœur et nous en parlent pendant leur courte pause.
Press’Troyes : Vous allez, interpréter des chansons
de Souchon et Voulzy. Connaissiez-vous leur
répertoire ? Est-ce le type de musique que vous
écoutez habituellement ?
Julie : « J’en connaissais quelques-unes, Foule
sentimentale, Derrière les mots, Allo Maman bobo…
je les ai entendues à la radio, enfin, celle de la voiture
de mes parents. C’est plus ce qu’ils écoutent, moi je
suis plutôt électro ! Mais, je connais les bases de la
chanson française. »
Floris : « Je ne connaissais que Foule sentimentale...
ça change complètement de ce que j’écoute. Moi,
c’est plus Pharell Williams ! »
Ça n’est pas votre première participation. Qu’estce qui vous plaît dans cette aventure ?
J. : « C’est ma 4e participation ! Ce sera même ma
dernière année. Je rentre en 3e et le chœur de l’Aube
ne va pas au-delà. Ce qui me plaît, c’est le mélange
de différentes chorales, de rencontrer des grands
de la chanson et c’est une bonne occasion de se
produire à Argence ! »
F. : « C’est ma première interview ! Pour la chorale,
ce sera ma deuxième participation. C’est énorme,
700 collégiens ! C’est pour ça que je recommence. »
Lors du concert, vous aurez l’occasion de chanter
avec Julie Rousseau (en concert au Millésime le
21 octobre dans le cadre des Afters) et peut-être
les têtes d’affiche. Pas trop impressionnant ?
Quel effet cela vous a-t-il fait la première fois de
chanter devant tant de monde ?
J. : « Ça va maintenant. Et puis, comme on est 700,
si on chante des fausses notes, ça ne s’entend pas
beaucoup ! »
F. : « C’est impressionnant tout ce public qui nous
regarde. J’ai un peu le trac au début, après ça passe. »
Comment en êtes-vous arrivés au chant choral ?
J. : « J’étais déjà dans la chorale du Conservatoire.
J’ai arrêté en 5e mais j'ai poursuivi au collège. »
F. : « Je ne chantais pas trop. C’est ma sœur qui m’a
entraîné à la chorale du collège et j’ai adoré ! »
Pensez-vous continuer à chanter même quand
vous serez adultes ?
J. : « Oui, sûrement, pour le plaisir. »
F. : « Oui ! J’aimerais peut-être continuer professionnellement… »
Julie, 13 ans, en 3e
Floris, 11 ans, en 5e
Après deux mois de vacances, les répétitions ont débuté au collège. Les jeunes choristes (près de 25
pour les Jacobins) se retrouvent chaque lundi durant trois quart d’heure. Seulement six répétitions avec
leur professeur pour apprendre sept chansons (dont deux qu’ils chanteront avec le public) et beaucoup
de travail personnel pour être prêts. Julie et Floris sont tous deux dans le groupe des sopranos (voix
qui chantent la mélodie). Press’Troyes les a retrouvés lors d’une répétition assez physique.
Press’Troyes : Vous connaissez bien les chansons ?
J. : « Un peu, je me suis entraînée mais c’est plus dur
cette année, je connaissais plus les chansons de Brel,
invité d'honneur l'année dernière. »
F. : « Non, je n’ai pas vraiment répété… mais je
trouve les paroles plus faciles, les chansons sont plus
d’actualité. »
À un mois de la représentation, comment vous
sentez-vous ?
J. : « Je suis un peu inquiète car nous ne sommes pas
prêts. Aux répétitions, nous ne sommes pas encore
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en rythme avec les altos. Mais je veux vraiment
en profiter car c’est ma dernière fois aux Nuits de
Champagne »
F. : « Détendu ! Mais pour les répétitions, c’est vrai
qu’il est compliqué de chanter tous en même temps. »
Comment vous préparez-vous ?
J. & F. : « On se passe le disque et il y a les répétitions
avec la chorale. »
Oxmo Puccino :
« La vie m’inspire »
Press’Troyes : Qui ou qu’est-ce qui vous a donné
le goût d’écrire et de conter des histoires ?
Oxmo Puccino : « Je suis né pour ça. J’ai eu la
chance de le savoir très tôt. On a tous un capital
qui correspond à une vocation. Une vocation, pas
un talent. Le talent est le fruit du travail. L’héritage
familial et musical est également très important… »
Quelles sont vos principales inspirations ?
O.P. : « La vie m’inspire, dans tout ce qu'il s’y passe
et dans toute sa complexité. Les expériences et les
émotions de chacun, des femmes, des hommes,
sont une source d’inspiration énorme. Je peux très
bien écrire une chanson sur la famille en observant
un arbre et ses racines ou en voyant un cure-dents
perdu parmi des allumettes. Pour la musique, il y a
tellement d’artistes dans le monde pour nous faire
vibrer… Bach, Brahms, des Satie de notre époque…
Les musiques d’Amérique latine, d’Afrique, des ÉtatsUnis au 20e siècle et la chanson française m’inspirent
et me plaisent beaucoup. »
La presse vous attribue souvent le surnom de
« Jacques Brel du hip-hop ». Quelques mots sur
cette comparaison flatteuse ?
O.P. : « Je suis flatté de ce rapport mais ça ne dit
rien de plus sur ce que je fais. Je dirais que cette
comparaison est une invitation à écouter mon travail.
Brel a eu une grande influence sur ma carrière et
j’ai aimé très tôt ses chansons. Mais aujourd’hui je
suis dans un discours positif. Lui n’était pas vraiment
connu pour cela... Il était dans le descriptif, je suis
plutôt dans la démarche. »
Vous montez sur scène en trio acoustique depuis
2012. Comment le définiriez-vous ?
O.P. : « Magique, expérimental, humain, chaleureux,
extrêmement musical et silencieux… »
Silencieux ?
O.P. : « Oui. Le silence est ce qui donne sa valeur à
la musique. Le silence permet de réfléchir à ce qu’on
entend et donne de l’importance à nos mots. »
Quel terrain d’expression et de jeu supplémentaire
vous offre-t-il ?
O.P. : « Nous improvisons beaucoup durant nos
concerts, en captant les vibrations du moment. Nous
ne donnons jamais le même concert. Ces pirouettes
artistiques ajoutent des valeurs ponctuelles à nos
rencontres avec le public. »
Connaissiez-vous le festival Nuits de
Champagne et Troyes ?
O.P. : « J’ai joué plusieurs fois à Troyes
mais je vais découvrir ce festival avec
plaisir. »
« Le silence est ce
qui donne sa valeur
à la musique »
Voulzy et Souchon en quelques mots ?
O.P. : « Une histoire de la France contemporaine, des
textes intemporels, une légèreté extra-générationnelle.
Je travaille d’ailleurs actuellement sur un projet de
reprises d’Alain Souchon… »
Troyes, destination électro
Le temps d’une soirée, des pointures de la scène électronique française s’empareront de la cité tricasse.
The Shoes, Superpoze, Aaron et Las Aves enflammeront le Cube, qui prendra des airs de club branché…
Avis aux amateurs : la première édition de La Nuit des Nuits se tiendra jeudi 22 octobre.
Superpoze
Originaire de Caen, le vingtenaire Gabriel Legeleux,
alias Superpoze, distille une électro cérébrale,
sensible et mélodique. Inspiré par Air, Massive Attack
ou encore Bonobo, le « petit prodige de l’électro »
devrait régaler les connaisseurs…
The Shoes
Depuis 2011 et son premier album Crack my Bones,
le duo rémois électro-pop The Shoes enchaîne les
projets artistiques aussi ambitieux que fructueux.
Aaron
Révélés par leur désormais classique U-Turn (Lili),
chanson-phare du film Je vais bien, ne t’en fais pas,
Simon Buret et Olivier Coursier, aka Aaron, excellent
dans le genre pop mélancolique.
Las Aves
De drôles d’oiseaux que voilà… Les quatre
Toulousains de Las Aves envoient une pop atypique
mêlant claviers cabossés, rythmes exotiques et
batterie sauvage.
Le duo électro-pop
rémois The Shoes
Jeudi 22 octobre - 20h30
Le Cube, Parc des Expositions
22 €
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Dossier
Yael Naïm : « Chanter avec 900 choristes,
c’est un peu du sport extrême ! »
Press’Troyes : Dans votre 3e album, Older, vous
multipliez et jouez avec les styles musicaux.
Yael Naïm : « C’est inconscient ! Le fait de travailler
avec David (NDLR : David Donatien, musicien,
compositeur et compagnon de Yael Naïm) mixe nos
cultures et nos influences. Je viens de la musique
classique, écoute du folk, de la soul… David vient du
jazz et de beaucoup d’autres influences musicales.
C’est difficile de se définir. Je crois au métissage
et il s’exprime dans la musique. »
Quelles sont vos prochaines étapes ?
Y.N. : « Avec David, nous continuons de travailler sur
nos prochains projets, on ne peut pas s’arrêter de
créer. Être sur scène et faire naître de nouvelles choses
en même temps, c’est comme ça qu’on travaille !
Nous sommes sur un projet avec un chorégraphe, un
autre avec un orchestre symphonique… la création
en continu est indispensable. »
Cela fait dix ans que vous évoluez à deux tout
en étant restés indépendants dans le travail. Sur
Older, vous avez véritablement travaillé ensemble.
Qu’est-ce que ça a changé dans votre manière de
faire ?
Y.N. : « La composition m’arrive très rapidement,
chaque jour, de manière spontanée… Nous avons
toujours travaillé ensemble mais il est vrai que pour
notre premier album, j’avais déjà écrit beaucoup
de morceaux. Alors, pendant deux ans et demi,
nous avons travaillé sur les arrangements. Pour le
deuxième, David a composé Go to the river. Pour
Older, nous sommes partis d’improvisations ensemble
sur un nouvel instrument que nous venions de
récupérer. Pour la première fois, nous avons composé
quatre chansons ensemble, puis nous nous sommes
enfermés pendant un an et demi pour enregistrer.
Nous avons deux studios à la maison et le besoin de
nous isoler pour mieux nous retrouver ensuite. Cela
donne des styles encore plus mélangés ! »
Souchon et Voulzy sont les invités d’honneur des
Nuits de Champagne. Avez-vous déjà travaillé
avec eux ?
Y.N. : « Ce sera la première fois que je les côtoierai et
je suis très contente de les rencontrer. »
Les Nuits de Champagne sont un festival sur la
chanson française, vous êtes une chanteuse
franco-israélienne qui vivez à Paris, cependant
vous chantez essentiellement en anglais et un
peu en hébreu. Est-ce un choix ou un ressenti, un
besoin par rapport aux sonorités ?
Y.N. : « C’est dû à mon histoire personnelle. Je suis
née à Paris mais ai été élevée en Israël où mon
éducation s’est faite en hébreu et en anglais. Je
m’exprime donc plus facilement et plus librement
dans ces langues. Cependant, j’aimerais pouvoir
écrire en français. »
Vous collaborez avec les 3SomeSisters qui
assurent les chœurs sur votre album. Saviez-vous
que la particularité des Nuits de Champagne est
de mettre en avant le chant choral ?
Y.N. : « Oui, d’ailleurs, nous collaborons sur deux
morceaux autour de Souchon et Voulzy avec le Grand
Choral. Sur nos trois albums, il y a eu un vrai travail
d’écriture pour les chœurs mais là, ce sera une
première. Chanter avec 900 choristes, c’est un peu
comme faire un sport extrême ! »
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Sylvie Hoarau de Brigitte :
« Il y a beaucoup d’amour autour de nous »
Press’Troyes : À bouche que veux-tu sonne comme
un épisode de série américaine des années 70.
Qu’est-ce qui a changé dans vos chansons ?
Sylvie Hoarau : « Avec Aurélie Saada, nous
aimons avoir des styles très différents avec des
ballades, de la disco... On est dans la continuité
mais avec un envie de rythme et de sensualité.
Dans le premier album, on se demandait si on allait
être obligées d’arrêter la musique, alors c’était
plutôt l’histoire d’une femme qui veut sortir la tête
de l’eau, qui se bat et là, nous sommes plus dans
le plaisir, l’envie de profiter du moment présent.
Nos chansons sont très liées à notre histoire. Nous
l’avons écrit à la fin d’une tournée incroyable où nous
avons vécu quelque chose d’exceptionnel.»
Pourquoi avoir attendu quatre ans entre vos deux
albums ?
S.H. : « Le premier est sorti en 2011 mais a mis
du temps à trouver son public. Pour la tournée, on
a commencé par des petites salles en 2011 et en
2012, nous sommes retournées dans les mêmes
villes pour des plus grosses salles ! Du coup, on
a écrit le deuxième album fin 2013 début 2014
mais on voulait le tester avant de le graver. Et puis,
avec deux enfants chacune, une tournée intense et
l’écriture, soit on arrêtait de dormir, soit on vendait
nos enfants... on a donc préféré prendre un peu plus
de temps et profiter ! »
Pour cette nouvelle histoire, vous avez choisi de
devenir quasi-jumelles, même coupe de cheveux,
tenues identiques. Pour quelle raison ?
S.H. : «Alors là, je suis incapable de me rappeler
pourquoi ! On écrit nos chansons comme des scènes
de films, on plante notre décor. Pourquoi jumelles ?
Ça nous amusait de brouiller les pistes. On en avait
un peu assez des différences sexy/timide, délurée/
intello alors que nous sommes très proches. La
gémellité est partie d’un délire, comme beaucoup de
ce qu’on fait et ensuite, il y a eu une évidence, c’était
finalement logique. En plus, c’est hyper graphique
visuellement tout en étant un peu troublant. En règle
générale, on fait les choses et on voit après ! Nous
sommes fusionnelles, on compose, écrit ensemble…
à tel point qu’avant notre tout premier concert, en
imaginant nos robes de scène, on a pensé qu’on
pourrait avoir une robe pour deux ! »
Le thème général de vos chansons reste l’amour.
D’où vient ce besoin irrépressible ?
S.H. : « Il s’agit plus d’un hymne à la joie ou à la
vie. On goûte le plaisir d’un succès, d’un projet qui
n’était pas parti pour fonctionner. Il y a
également beaucoup d’amour autour
de nous. D’ailleurs, les personnes
avec qui nous travaillons nous le font
remarquer et nous disent qu’on diffuse
plein d’amour ! Clairement, on fait de la
musique parce qu’on a envie de plaire et qu’on nous
aime, sinon, on aurait choisi une autre carrière. »
« Nous sommes
fusionnelles... »
Vous avez déjà participé aux Nuits de Champagne
en 2012. Quels souvenirs avez-vous gardé de
votre venue à Troyes ?
S.H. : « Malheureusement, pas un très bon souvenir
mais absolument pas lié aux Nuits. Ce soir-là, un de
nos techniciens devait partir tout de suite et nous
avons été obligées de rentrer en annulant notre
séance de dédicace. Pour nous, ça a été l’horreur, on
avait abandonné notre public et on ne veut plus que
ça se reproduise. D’autant que c’est vraiment sympa
de venir chanter en Champagne ! »
Pour que la fête continue...
Incontournables et populaires, les afters se tiendront du lundi 19 au samedi 24 octobre au
Millésime, dans les murs de la Chapelle Argence. Accessibles gratuitement, dès 22h30, ces
rendez-vous musicaux et festifs permettent de découvrir les « nouvelles têtes » de la scène
locale. Au menu de ces 28e nuits : The Krooks (funk, groove) ; Diboum Afro Ratata (world
music) ; Nico’ZZ band (blues) ; Léon Phal Quartet (funk) ; Evok (DJ set) ; Maât (DJ set) ;
Scarfinger (live machine) et Disko Diskount (collectif de DJ funk et groove). Le Millésime
accueillera également Julie Rousseau, La Déclam’ et le concours «Petit Remix entre Amis»
autour du répertoire de Souchon et Voulzy.
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