La croissance économique et ses différentes phases

Transcription

La croissance économique et ses différentes phases
Thème 1 : Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le milieu du ème
XIX s iècle : La croissance économique et ses différentes phases depuis 1850 Introduction : Le premier thème d’histoire retrace l’évolution de l’économie mondiale depuis le milieu du XIXe siècle, période de la première révolution industrielle, jusqu’à aujourd’hui. Deux éléments principaux caractérisent cette évolution : la croissance économique et la mondialisation. Le premier chapitre d’histoire concerne d’abord les différentes phases de la croissance économique depuis 1850, et le second concerne les phases de la mondialisation. Depuis 1850, la croissance économique mondiale est continue. Cela signifie que la production de richesses à l’échelle mondiale ne cesse d’augmenter. Il y a toutefois des périodes où cette richesse augmente plus ou moins rapidement, mais il y a aussi des régions du monde qui sont plus ou moins concernées par cette croissance. Plan du cours : I.
Les débuts de la croissance (1850-­‐1945) II.
Les Trente Glorieuses (1945-­‐1973) III.
La croissance de 1973 à nos jours I. Les débuts de la croissance (1850-­‐1945) a) Les causes de la croissance : Le XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par deux Révolutions Industrielles. Ces Révolutions permettent aux être humains de produire plus de richesses plus rapidement. En conséquence, elles provoquent les débuts de la croissance économique ! La Première Révolution Industrielle : • Elle commence en 1850 en Grande-­‐Bretagne. • Elle représente le passage d’une économie dominée par le secteur primaire, donc une économie agraire et artisanale à une économie dominée par le secteur secondaire, donc par l’industrie et la machine. • Elle est provoquée par l’invention de la machine à vapeur (1769) dans le but d’accélérer et de réduire le coût du tissage, qui devient très important à cette époque car les anglais commencent à importer la nouvelle matière première qu’ils ont découverte dans leurs colonies, le coton. Des grandes usines sont construites pour permettre de regrouper les machines de tissage. La machine à vapeur permet ensuite l’essor de la sidérurgie (industrie du fer), du chemin de fer (locomotive à vapeur dès 1817) et des navires à vapeur. • La matière première clé de cette époque est le charbon. La Seconde Révolution Industrielle : • Elle commence vers 1890 en Europe de l’Ouest et aux Etats-­‐Unis. • Les matières premières clés de cette époque sont l’électricité et le pétrole. • L’invention principale est le moteur à explosion, qui fonctionne avec le pétrole, et permet de créer des voitures et des avions. 1 La croissance est aussi stimulée par des nouvelles techniques de production. Le taylorisme (1880), le fordisme (1908) et la standardisation sont inventées aux Etats-­‐
Unis et se diffuseront en Europe et dans le reste du monde pendant les Trente Glorieuses. Les révolutions industrielles entrainent donc une augmentation de la production de richesses grâce aux innovations technologiques, aux innovations dans les méthodes de travail mais aussi à l’abondance monétaire. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la quantité de monnaie en circulation dépend de la quantité de métal précieux qui circule (or, argent). Donc quand il y a essor de la production de minerai, on dispose de moyens de paiement supplémentaires ce qui augmente la richesse mondiale. Dès 1848 a lieu la ruée vers l’or en Californie, un moteur de croissance essentiel. b) Les conséquences de la croissance : • La croissance économique permet à l’Europe d’imposer sa domination sur le monde grâce à sa supériorité dans les domaines économiques, technologiques et militaires. Elle contrôle les échanges commerciaux internationaux. Cette domination explique le succès de la colonisation dans la 2e moitié du XIXe siècle. • La croissance économique permet une élévation du niveau de vie des populations : urbanisation, émergence de classes moyennes… Mais elle provoque aussi des exodes ruraux et une grande pauvreté dans les nouvelles villes. c) Les irrégularités de la croissance : La croissance économique est continue depuis 1850 mais elle a des moments de plus ou moins fort dynamisme. Quand il y a moins d’innovations, la croissance est moins forte parce que les usines fabriquent trop de produits et ne trouvent pas de clients pour les écouler, ou alors parce qu’il y a des pénuries monétaires. On parle de périodes de récession, de dépression et de crise économique. La première crise économique moderne s’appelle la Grande Dépression (1873-­‐1896). • Elle début avec un krach de la Bourse de Vienne qui a pour conséquence la faillite de plusieurs banques d’affaires. La crise s’étend dans toute l’Europe et aux Etats-­‐Unis, les faillites se multiplient et le chômage de longue durée s’installe. • Cette crise s’atténue avec la Seconde Révolution Industrielle. Entre 1929 et 1932 a lieu une nouvelle crise économique due au Krach de Wall Street. • Wall Street est la Bourse de New York. Son krach se propage dans le monde entier. • Cette crise a des conséquences sociales (augmentation du chômage et de la pauvreté) mais aussi politiques (arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, fascisme en Italie). En général, quand il y a des crises économiques, les pays mettent en place des mesures de protectionnisme, tandis que dans les périodes de forte croissance, ils favorisent le libre-­‐
échange. Ainsi, on dit que le protectionnisme qui suit la crise de 1929 est une des causes de la Seconde Guerre mondiale, car les pays se ferment au commerce et ne dépendent plus les uns des autres économiquement. •
II. Les Trente Glorieuses (1945-­‐1973) a) Les causes de la croissance : • Après la Seconde Guerre mondiale, on pense que pour assurer la paix, il faut de la stabilité économique, mais aussi du libre-­‐échange. En effet, si tous les pays 2 •
•
commercent entre eux, ils dépendent les uns des autres économiquement et n’auraient donc logiquement pas intérêt à faire la guerre. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce sont les Etats-­‐Unis qui dominent le monde militairement et économiquement. Ce sont donc eux qui vont fixer les nouvelles règles qui vont régir l’économie mondiale à travers quatre initiatives principales : o Accords de Bretton Woods (1944) : organisation d’un système monétaire international reposant sur le dollar américain : la valeur de chaque monnaie est fixée par rapport à celle du dollar américain. o Création de deux Banques Internationales (1944) : le Fond Monétaire International (FMI), qui sert à prêter de l’argent aux Etats en faillite, et la Banque Mondiale qui finance des programmes de développement. o Plan Marshall (1947) : plan qui vise à la reconstruction de l’Europe d’après-­‐
guerre à travers des prêts des Etats-­‐Unis. o Accord Général sur les Tarifs Douaniers ou GATT (1947) : En 1947, 23 pays signent à Genève le GATT. Il s’agit d’un accord qui invite les signataires à adopter le libre-­‐échange. La croissance des Trente Glorieuses est donc due à des innovations surtout dans le domaine du commerce, avec la généralisation du libre-­‐échange. On peut produire plus de richesse car on sait qu’on peut revendre les produits partout. L’industrie est elle aussi boostée par la généralisation du fordisme dans les pays industrialisés, ainsi que par certaines innovations dans les secteurs nucléaires, aéronautiques, pharmaceutiques et des télécommunications. b) Conséquences de la croissance : • De 1945 à 1970, les pays industrialisés ont un taux croissance moyen d’environ 5%, ce qui est énorme, et un taux de chômage d’environ 1,5%, ce qui est très faible. On parle d’une situation de plein emploi (quasi tout le monde a du travail). • Cette croissance concerne surtout les pays industrialisés qui entrent dans l’ère de la société de consommation. Sous cette ère, la production de richesses stimule la consommation qui à son tour stimule la production, ce qui favorise la croissance. C’est à cette époque qu’apparaissent les grandes surfaces, le crédit, la publicité, les innovations permanentes (exemple Apple), la diffusion de produits comme la voiture, le téléviseur, les appareils ménagers… • Dans les pays industrialisés, on assiste à une chute du secteur primaire, car l’agriculture se modernise et nécessite de moins en moins de main d’œuvre. La population qui travaille dans le secteur secondaire augmente jusque dans les années 1970. Le secteur tertiaire progresse énormément à partir de 1950 jusqu’à devenir le secteur le plus important dans les années 1980. • Les pays du Sud non-­‐industrialisés ne connaissent pas la même phase de croissance et de prospérité et les écarts entre les pays riches du Nord et les plus pauvres au Sud se creusent pendant les Trente Glorieuses (qui ne sont donc pas glorieuses pour tout le monde). La croissance de 1973 à nos jours a) Causes de la dépression des années 1970 : • A la fin des années 1960, les Etats-­‐Unis sont de moins en moins riches. En effet, ils sont alors en pleine Guerre Froide contre l’URSS et dépensent trop d’argent dans la course à l’espace, à l’armement ou dans des conflits comme la guerre du Vietnam. 3 •
•
Du coup, de nombreux pays veulent reconvertir leurs dollars, qui valent de moins en moins, en or. Pour éviter cela, le Président Nixon met fin à la convertibilité du dollar en or. Cette décision marque la fin des Accords de Bretton Woods. Le système international de taux de changes fixes est remplacé par un régime de changes flottants (s’établissent en fonction des forces du marché et non d’un type de métal/monnaie). Ce système provoque des désordres économiques et met fin à la stabilité monétaire qui régnait depuis 1945. En 1973 et 1979 ont lieu deux chocs pétroliers. Pour des raisons économiques et politiques, les pays producteurs de pétrole décident d’augmenter brutalement le prix du pétrole pour déstabiliser économiquement les pays occidentaux. Cette augmentation provoque une crise dans les pays industrialisés : hausse des prix de l’énergie et des coûts de fabrication, inflation, baisse de la consommation et augmentation du chômage. b) Conséquences de la dépression : • Depuis 1973, le PIB continue de croitre dans les pays industrialisés mais beaucoup plus lentement (moins de 2% par an), grâce aux innovations de ces pays notamment dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Toutefois, entre 2007 et 2009 a lieu la plus grosse récession depuis 1929. • Le fordisme est remis en question car les salaires augmentent trop rapidement dans les pays industrialisés. Pour pallier à ce problème, les industries se robotisent (cela permet d’avoir moins de main-­‐d’œuvre à payer) et se délocalisent. Les entreprises qui possèdent des filiales dans plusieurs pays sont appelées des Firmes Transnationale (FTN). A partir de 1970, elles délocalisent leurs activités vers les pays en développement et ferment leurs usines dans les pays développés. • Les pays du Nord passent par un processus de désindustrialisation et le secteur tertiaire passe à dominer l’économie. La conséquence la plus importante de cette désindustrialisation est la montée du chômage dans les pays industrialisés. • C’est donc surtout dans les pays en développement que la croissance économique prend de l’élan… De nouveaux pôles économiques émergent car la crise économique affecte surtout l’Europe et les Etats-­‐Unis. Les premiers Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) sont les Quatre Dragons d’Asie : Corée du Sud, Taïwan, Singapore, Hong Kong. Dès 1979, la Chine devient un acteur majeur de la vie économique internationale (PIB progresse de 9% par an depuis 1973 !) • Jusque dans les années 1980, l’objectif de tous les pays est donc la croissance économique. A partir de cette époque, cet objectif est de plus en plus critiqué : o Un pays riche n’est pas forcément un pays qui utilise ses richesses en faveur de ses habitants. La croissance économique devrait donc s’accompagner de progrès sociaux. Dans ce cas là seulement, on parle de développement. o Ensuite, le développement économique et technologique a des effets très néfastes sur l’environnement. Il faudrait donc promouvoir un nouveau modèle qui allie croissance économique, progrès social et préservation de l’environnement. Ce modèle s’appelle le développement durable. 4