L S1 introdhist 13-Hugues Capet et successeurs, 15p

Transcription

L S1 introdhist 13-Hugues Capet et successeurs, 15p
HUGUES CAPET ET LES CAPETIENS 1
Introduction : rappel
En 751 les mérovingiens cèdent la place au Carolingiens. Car après avoir assuré la paix du royaume et
relégué dans un monastère Childeric III, le dernier Mérovingien, Pépin le Bref, fils de Charles Martel, se fait
élire roi de Francs par une assemblée de grands, et pour la première fois en France, sacrer avec le saint chrême
par le saint Boniface. Mais sa légitimité paraissant douteuse son sacre est recommencé en présence de la reine et
de ses deux fils Carloman et le future Charlemagne, à Saint-Denis en 754 par le Pape Etienne II.
Ce dernier interdira par la même aux autres lignées de recevoir la couronne, et recevra en récompense
en 756 un territoire conquis sur les lombards.La mort de Pepin en 768 conduit pourtant à un nouveau partage du
royaume entre ses fils, partage qui prend fin à la mort prématurée de Carlomane (771), et laisse à Charlemagne
l'entière possession du royaume.
Charlemagne "Charles le Grand" règne alors sans partage, et malgré sa cruauté et une vie dissolue, ses
contemporains étaient frappés par sa piété. En 774 il conquis la Lombardie dont il se proclame roi, puis fait
sacrer par le pape ses fils Pepin et Louis, et en 778, année du désastre de Roncevaux, il conquit la Bavière. Il
suit sa lancé sur L'Espagne (future Catalogne), la Bretagne et la Saxe. Charlemagne est alors maître de tout
l'occident chrétien, hormis l'Angleterre. Alors le Pape Léon III pour mieux l'attacher à la bonne cause le
couronne empereur le 25 décembre 800, pour le plus grand mécontentement de la cour de Bysance ( qui ne le
reconnaîtra qu'après sa mort).
A sa mort en 814, Charlemagne ne laisse qu'un fils, Louis le Pieux, mais ce dernier confie le titre
impérial à son fils aîné Lothaire, en ne laissant au deux autres, Pépin et Louis, que de petits royaumes. Mais la
seconde épouse de Louis lui donne un quatrième fils, le future Charles le Chauve, et il décide de l'avantager par
rapport à ses trois frères aînés. Les trois fils font détrôner le père en 833, puis il est rétablit sur le trône, mais à
sa mort en 840 une guerre de succession éclate entre les fils restants.
En 843 est signé le traité de Verdun ; Lothaire garde le titre d'Empereur en recevant la France médiane
(de la mer du nord à Rome), Louis reçoit la partie orientale (de l'est du Rhin au nord des Alpes), et Charles le
Chauve la partie occidentale ( à l'est d'une ligne Escaut, Meuse, Saône, Rhône). Mais après la mort de Lothaire
en 855, et plusieurs partages du royaume, Charles le Chauve qui, pour son propre compte avait réussi à pacifier
l'Aquitaine, réussit à récupérer la couronne impériale (875 ) peut de temps avant sa mort (877). A la mort de
Charles le Chauve, son fils Louis II le Bègue contribuera fortement à l'affaiblissement du pouvoir royal en
distribuant des bénéfices. La couronne impérial lui échappe ainsi qu'à ses deux fils Louis III et Carloman , qui
se partagent le royaume.
A la mort de Carloman en 884 (dernier survivant) les grands appellent l'empereur Charles le Gros (fils
de Louis le Germanique) à régner sur la France. Mais son incapacité lui valut d'être déposé en 887. Dès 888 les
grands choisissent alors comme roi un non carolingien, Eude comte de Paris, fils de Robert le Fort (ancêtre des
futures capétiens), que Charles le Chauve avait jadis chargé de défendre la région située entre la Loire et la
Seine contre les Normands. A la tête de l'une de ses principautés qui affaiblissait le pouvoir royal, Eude ne
pouvait que combattre le carolingien légitime, Charles le Simple qui réussit à se faire sacrer en 893, mais qui ne
peut régner qu'à la mort de Eudes (898), lequel avant de mourir reconnaît ses droits. Charles le simple fait
l'erreur de s'emparer de la Lotharingie dont il avait été élu roi en 911, et les grands élisent à sa place en Francie
occidentale Robert I, le frère de Eude qui est tué au combat en 923 par Charles le simple, avant que ce dernier
ne soit lui même mis en déroute par Hugues le Grand (fils de Robert I), qui dès lors devient l'arbitre du jeu
politique. Il fait élire en 923 comme roi Raoul de Bourgogne qui n'est autre que son gendre.
A la fin de son règne en 936, Hugues le Grand continuant son rôle d'arbitre et ne voulant pas lui même
de la couronne (la réservant peut être pour son fils Hugues Capet) eut l'idée de faire appel au fils même de
Charles le Simple, Louis IV, donc un carolingien, qui vit en Angleterre, d'où son surnom Louis d'Outremer. Le
nouveau roi étant âgé de 15 ans, Hugues le Grand pensa le manipuler, mais Louis IV se révolte contre son
1
D’après Histoire des Capétiens, L’internaute magazine. Etc.
Les Capétiens
2
protecteur, et tout son règne ne fut qu'une tentative d'échapper à son emprise croissante qui après sa mort (954)
s'exerça aussi sur son fils Lothaire. Hugues le Grand avait d'ailleurs exigé en compensation de son accord à
l'élection de ce dernier, l'Aquitaine et le Duché de Bourgogne. Mais Lothaire ne se laisse pas manipuler.
Hugues le Grand meurt en 956, et Lothaire veut récupérer la Lotharingie, provoquant une réaction de
l'Empereur Othon II qui arrive en 978 aux portes de Paris. L'engrenage qui allait provoquer la chute des
Carolingiens était enclenchée. A la mort de Lothaire (986) son fils Louis V, qu'il avait jugé prudent de faire
sacre de son vivant lui succéda, mais son règne au cours duquel il s'opposa à l'archevêque Adalbéron de Reims
(ami de Hugues Capet) fut trop bref pour qu'il puisse arrêter l'ascension des futures capétiens. Et comme il
meurt en 987 sans enfants, l'archevêque Adalbéron pousse à l'élection Hugues Capet.
I. HUGUES CAPET (Né en 946, + 996, règne de 987 à 996)
Les Carolingiens s'éteignent à la mort de Louis V dit "Le fainéant". Un an après son avènement au
trône, ce dernier meurt d'une chute de cheval en 987. Logiquement, l'héritier devrait être l'oncle du défunt roi,
Charles le fils de Louis IV. Mais ce dernier a hérité du Duché de Basse-Lotharingie (Brabant), et à ce titre il est
le vassal de l'empire germanique. Comment les barons francs pourraient ils élire un roi vassal de l'Empire ?
Très vite, un homme fait figure de favori : Hugues Capet, le fils de Hugues le grand dit "Duc des Francs",
et descendant de Robert le Fort. Son surnom de Capet vient de chappet, désignant celui qui porte une chappe
d'Abbé, et Hugues est propriétaire de plusieurs abbayes. De plus, Hugues est assuré du concours de l'Archevêque
de Reims, Adalbéron qui est le premier prélat du royaume. Ce dernier convoque l'assemblée qui doit élire le roi à
Senlis où il fait un discours on ne peut plus éloquent en la faveur de Hugues :
"Nous n'ignorons pas que Charles a ses partisans qui soutiennent qu'il est digne du royaume parce que
ses parents le lui ont transmis. Pourtant, si l'on examine la question, on sait que le royaume ne s'acquiert
pas par droit héréditaire et que l'on ne doit élever à la royauté que celui qui s'illustre, non seulement par
la noblesse de son corps, mais aussi par la sagesse de son esprit, celui que sa loyauté protège et que sa
magnanimité fortifie. Choisissez le Duc, le plus illustre par ses actions, sa noblesse et sa puissance
militaire..."
Hugues Capet est élu puis sacré roi de France à Noyon. Ce couronnement marque à jamais la fin de la
dynastie carolingienne.
Il n'existe aucun portrait historique de Hugues Capet, il reste un roi sans visage et énigmatique. Les
appréciations de ces contemporains sont contradictoires ; pour certain il était un homme aimant la vie simple, pour
d'autre, sa bonté était immense... Il semblerait qu'il fut un roi pieux, ennemi du luxe, habile en politique plutôt que
combatif, et surtout doté d'une patience à toute épreuve et d'une volonté de durer qui lui ont permis de surmonter
des erreurs de jugement et des choix peu judicieux.
C'est un fait, sans son obstination, sa lignée déjà éminente n'aurait pu devenir une dynastie royale.
Son père, Hugues le Grand, était le duc des Francs et surtout l'arbitre du jeu politique entre l'empereur
d'Allemagne et les Carolingiens. Les possessions de Hugues Capet sont réduites aux comté d'Orléans et de Senlis,
ainsi que quelques lieux mineurs et des Abbayes dont St Martin de la Tour où il était l'abbé laïque et où était
conservée la Chape du Saint, d'où son surnom de Capet. Sa primauté politique entre Seine et Loire s'exerce sur de
nombreux vassaux et lui permet, après avoir pratiquer un jeu de bascule entre l'empereur d'Allemagne et les
derniers Carolingiens, d'être presque régent du royaume dès mars 987. Elu à Compiègne, il est sacré roi le 3 juillet
987 à Noyon.
Le principe qui a élu Hugues, c'est à dire l'élection par les grands (bien que de plus en plus formel par la
suite), subsistera jusqu'à Philippe Auguste. A noter que ce principe reste impuissant à remettre en question le
principe héréditaire, rapidement remis en avant par Hugues Capet. Hugues Capet lors de son sacre prononce un
serment qui sera repris par tous les rois de France à venir :
"Moi Hugues, qui dans un instant vais devenir roi des Francs par la faveur divine, au jour de mon sacre,
en présence de Dieu et des Saints, je promets à chacun de vous de lui conserver le privilège canonique,
la loi, la justice qui lui sont dus et de vous défendre autant que je le pourrai, avec l'aide du seigneur,
Les Capétiens
3
comme il est juste qu'un roi agisse, en son royaume, envers chaque évêque et l'Eglise qui lui est commise.
Je promet aussi de faire justice, selon ses droits, au peuple qui nous est confié."
Ce serment met en avant la carte de protecteur des églises et des monastères, donc adversaire de
l'anarchie naissante de la société féodale que les moines combattaient autant que les princes.
Quant à la justice envers les seigneurs et le peuple, qui à l'époque ne dépassait pas le stade des voeux pieux, elle
deviendra peu à peu l'idée force qui permettra à la monarchie capétienne de s'affirmer à la fois au sommet et en
face de la féodalité pour mieux la dominer.
Une fois sacré, Hugues Capet éprouve le besoin de mieux asseoir son pouvoir, bien que son élection n'ait
provoqué que de rares protestations. Pour cela il lui faut être sur que son fils lui succède. Hugues reprend une
coutume byzantine et demande à Adalbéron de sacrer de son vivant son fils Robert.
L'archevêque commence par refuser, mais le roi lui présente une lettre du Duc Borel (d'Espagne) lui
demandant secours contre les arabes. Le roi invoque la nécessité de la défense du royaume et du risque de la
disparition d'un chef unique. Adalbéron cède à ce que certain ont considéré comme un subterfuge pour imposer
son hérédité, bien que le jeune Robert était loin d'être dénué de mérite. Il fut sacré par l'Archevêque le jour de
Noël 987 à Orléans, et son père le marie à Rozala (la riche veuve du comte de Flandre), qu'il répudie rapidement
tout en conservant la dot (Montreuil sur mer). Mais Charles de Lorraine ne pouvait pas en rester là, surtout qu'il a
mal accepté d'être évincé du trône qui lui revenait de droit.
En 988, il s'empare de Laon par trahison, ainsi que d'Adalbéron de Reims, qui réussit à s'évader après le
deuxième siège et meurt en janvier 989. Alors qu'il avait désigné un successeur, Gerbert, le roi fait élire, comme
archevêque de Reims, Arnoul (un bâtard de Lothaire) qui s'engage à abandonner la cause de son oncle Charles de
Lorraine. Mais aussitôt investi, ce dernier trahit ses serments et livre Reims à Charles. Finalement Charles et
Arnoul finissent par être capturés. Arnoul est remplacé par Gerbert dont la fidélité est également douteuse
puisqu'il rallie la cause de l'empereur Othon III. Cependant, les évêques français se refusèrent à le condamner en
affirmant l'indépendance totale du clergé des Gaules.
Eudes I le comte de Blois, vassal de Hugues Capet, était un des grands féodaux à pouvoir rivaliser avec
lui. Mais prudemment, il choisit de s'attaquer aux alliés du roi notamment Bouchard (comte de Paris) et son
gendre Foulques Nerra (duc d'Anjou). Eudes s'empare de Melun (tenu par un vassal de Bouchard). L'affaire
échoue et provoque une guérilla de deux ans entre Eudes et Foulque Nerra. Le duc d'Anjou en profite pour
s'emparer de Nantes en juin 992, ce qui n'empêche pas en 994 et 995 une reprise des hostilités.
Eudes finit par assiéger au cours de l'hiver 995-996 le Château de Langeais, où Foulques s'était enfermé ; mais
heureusement le roi vient à son secours, et Eudes se voit contraint d'implorer une trêve avant de mourir en mars 996. Il
laisse une veuve, Berthe, qui épousera Robert II pour conserver l'héritage de ses fils. C'est à cause d'elle que les
derniers mois du règne de Hugues furent ternis par une discorde, car Robert II s'était épris de Berthe. De plus ce
mariage était canoniquement impossible (parenté au troisième degré), et Gerbert s'y oppose. Robert devra attendre
la mort du roi pour concrétiser une union qui s'avéra funeste.
Pour bien comprendre le règne de Hugues Capet il faut évoquer la France qu'il eut à gouverner.
Déjà la distinction entre les limites théoriques de son royaume, plus étendues au sud (comté de Barcelone) et plus
limité à l'est (par les royaumes de Lorraine et de Bourgogne) que la France actuelle ; et celle d'un pouvoir réel
n'excédant pas l'Ile de France et les régions voisines, l'hommage des grands féodaux étant resté théorique.
De plus le roi a été victime d'un double phénomène ; le relâchement des liens vassaliques entre le roi et
les grands féodaux (qui se résumait à la non hostilité envers le roi) ; et l'émiettement du pouvoir en de multiples
seigneuries où le pouvoir n'est plus exercé au nom du roi ou du comte, car son possesseur l'avait reçu en héritage
ou usurpé. Comme fondateur d'une nouvelle dynastie, Hugues Capet à su s'imposer habilement, en dépit de
certaines erreurs de jugement.
Dès son règne on peut discerner certaines constantes de la monarchie capétienne, comme le
gouvernement avec un conseil de fidèles où dominaient les évêques. Pourtant cela n'empêche pas le roi de
marquer son indépendance et celle de l'Eglise franque à l'égard de la papauté et de l'empire, ce qui donne une
ébauche de l'identité nationale.
Les Capétiens
4
II. ROBERT II LE PIEUX (970 à Orléans, + 1031 à Melun, règne de 996 à 1031)
Robert II est décrit par ses contemporains comme étant un homme séduisant. Grand, belle
chevelure, barbe fournie et épaule haute. Mais la caractéristique qui prédomine parmi les témoignages c'est
une piété digne d'un moine. Elève de Gerbert à l'école de Reims, il connaît le latin et s'intéresse fortement à
la théologie et à la musique. Mais sa générosité et sa piété n'excluent pas une vie privée fortement
mouvementée.
Après avoir épousé Rozala en 987, puis l'avoir répudié en 988, il s'éprend de Berthe, la veuve du Comte
Eudes de Blois au grand dam de Hugues Capet. Dès la mort de son père il l'épouse et s'écarte des lois de l'église,
ce mariage étant prohibé par le droit canonique. Il arrive avec l'aide de Gerbert à convaincre Archambaud,
l'êveque de Tours, de le marier. Cependant, le pape Grégoire V n'accepta pas cette union malgré les concessions
de Robert II, comme la libération de Arnoul (ancien Archevêque de Reims). Il excommunie le roi et son épouse
en 998 et leur impose une pénitence de 7 ans. Craignant la damnation, et Gerbert étant devenu pape en 999,
Robert II cède et répudie Berthe qui vient de perdre son enfant. Il épouse en 1003 Constance, la fille du comte
d'Arles Guillaume I. Mais après avoir envahie la cour de méridionaux elle se révèle être avare et acariâtre.
Elle donne deux fils à Robert qui lassé d'elle, emmène Berthe à Rome pour demander au pape la rupture
de son mariage et par là même la légitimation de son union avec Berthe. Mais le pape ne peut que refuser et le roi
reprend la vie commune avec Constance. En 1017, Robert II, tout comme son père, décide de faire sacrer son fils
aîné Hugues de son vivant. Mais l'acharnement de Constance, qui souhaite voir son troisième fils Robert sur le
trône aura raison de Hugues. Il commence par se révolter puis meurt prématurément en 1025. Malgré la farouche
volonté de la reine, c'est Henri, le deuxième fils, qui est sacré roi en 1026. Malgré sa grande piété, Robert II ne fut
pas le jouet de l'église. Déjà il s'était opposé au pape pour son mariage, et il n'hésita pas à imposer ses propres
candidats aux évêchés.
Robert II fut tenté par de grandes entreprises comme la conquête du duché de Bourgogne, (différent du
Duché ou du Royaume de Bourgogne), que la mort de son oncle Henri en 1002 fait passer entre les mains du
comte de Bourgogne, plus attaché à l'empire qu'à la France. Avec l'aide de l'Abbé Cluny, de l'Evêque d'Autun et
des Ducs de Normandie, il met plus de douze ans à conquérir le duché dont il confie l'administration nominal à
Henri. Voulant limiter le pouvoir de ses voisins les plus puissants, Robert II s'allie avec l'empereur Henri II
d'Allemagne et le comte de Flandre Baudoin IV à qui il donne sa fille Adèle en mariage. Son grand et principal
ennemi reste l'empereur qu'il rencontre pourtant à Ivois en 1023. Rencontre destinée à rétablir la paix dans l'église
et à soutenir la réforme du clergé, qui à la mort de l'empereur en 1024 n'aboutit à aucune entente durable.
Malgré son envie de défendre les lombards dans leur lutte contre l'empereur Conrad II, le roi refuse en
1024 la couronne de Lombardie qu'on lui offre. En fait Robert II mesure son impuissance politique, qui de plus est
aggravé par ses querelles domestiques qui assombrissent la fin de son règne et le pousse à trouver refuge dans la
religion. Il meurt en 1031 comme un saint aimé de son peuple, et laisse le royaume en grand péril à cause de la
rivalité de ses fils, fortement attisée par leur mère Constance.
Robert II consolide la jeune dynastie en conquérant le duché de Bourgogne (auquel Henri renoncera),
mais il n'eut pas les moyens d'une grande politique. A cette époque il importait avant tout de durer, et on le voit
surtout entouré de petit châtelains d'Ile-de-France à défaut des grands qui auraient dut lui rendre hommage.
Par contre on peut lui faire reproche d'avoir persécuté les juifs en 1010 et d'avoir brûlé en 1022 les premiers
cathares à Orléans.
III. HENRI I (1008, + 1060 à Vitry-aux-Loges. Règne de 1031 à 1060)
Henri I a un début de règne difficile. Il doit affronter la révolte de son frère Robert soutenu par
sa mère Constance et le comte Eudes II de Blois. Ce dernier s'empare de Sens et oblige Henri à trouver
refuge auprès de Robert le Diable, son allié avec Conrad II l'empereur d'Allemagne, le comte d'Anjou et
le comte de Flandre.
Heureusement, Constance meurt en 1034 et Henri vient à bout de ses adversaires. Mais ce n'est pas sans
amputer son domaine ; il donne à Robert le Diable le Vexin français et à son frère Robert le Duché de
Bourgogne.
Son principal adversaire Eudes II ne désarme pas, et il s'adresse au plus jeune frère du roi, Eudes, pour former
Les Capétiens
5
une nouvelle coalition. Cependant elle tourne à l'avantage du roi avec la prise de Sens, la capture de son frère
Eudes et la conquête de la Touraine par le comte Geoffroy-Martel.
Mais l'alliance de Henri I et des normands finit par se rompre. Parti en Terre Sainte, Robert le Diable
confie au roi son bâtard, futur Guillaume le Conquérant, et après sa mort en 1031, le roi aide Guillaume à
vaincre les barons normands à la bataille de de Val-ès-Dunes en 1047. Cependant la Normandie est trop
puissante et un conflit éclate entre le roi et Guillaume.
En 1053, le roi noue contre Guillaume une vaste coalition avec l'Anjou, la Bourgogne, l'Auvergne, la
Champagne et l'Aquitaine. Le roi essuie une défaite à Mortemer en 1054, puis une autre à Varaville en 1058, ce
qui consolide la Normandie. Bien que Henri I fut un roi pieux et irréprochable au niveau de sa vie religieuse, il
se heurta à une papauté voulant purger l'Eglise des pratiques simoniques (trafic d'objets sacrés, de biens
spirituels ou de charges ecclésiastique), et de réformer l'image des clercs.
L'hostilité du roi pour la papauté s'explique par les liens privilégiés de cette dernière avec Conrad II
l'empereur germanique. Conrad ayant acquit le royaume de Bourgogne pour son fils (1039), le roi obtient en
compensation de conserver un pouvoir nominal sur ce royaume. Après l'échec en 1044 d'un vassal de l'empereur
Henri III, le Duc Godefroy encouragé par le roi n'hésite pas à faire de grands préparatifs militaires en 1046. Il
réclame en "vertu de son droit héréditaire" le Palais d'Aix-la-Chapelle et le royaume de Lorraine. Mais faute de
moyens réels, ces menaces restent sans lendemain.
Après la mort de sa fiancée, fille de Conrad II, le roi épouse en 1043 Mathilde de Frise, la fille de Henri
III, mais elle meurt sans héritier après un an de mariage. Henri I décide de chercher une "lointaine princesse", et il
envoie Roger II, l'Evêque de Châlon à Kiev. Il lui ramène Anne, la fille du grand Duc Iaroslav le Boiteux, qu'il
épouse et fait sacrer à Reims en 1059. Elle lui donne l'année suivante le futur Philippe I, qui est sacré à Reims en
1059.
Le bilan territorial de Henri I est plutôt négatif ; il perd le Duché de Bourgogne et le Vexin français, et
ce n'est pas l'acquisition du Comté de Sens 1055 qui compense cette perte. Mais il réussit à asseoir son pouvoir,
comme lorsqu'il contraint en 1056 son allié Geoffroy-Martel à restituer le Vendômois à Foulques l'Oison.
La dynastie Capétienne commence à s'affermir, malgré sa faiblesse intrinsèque, que la ténacité des capétiens à
venir transformera en autorité incontestable.
IV. PHILIPPE I (1053, + 1108 à Melun, règne de 1060 à 1108.
Philippe I a souvent été décrit d'une façon peu flatteuse. Paresseux, gras et plus occupé par son estomac
que par le combat. Mais c'est probablement à l'Eglise qu'il doit cette réputation, car à l'époque seuls les
clercs écrivaient l'histoire. Son règne, qui devait durer quarante-huit ans, débute calmement après la
régence de son oncle Baudoin V, comte de Flandre, mis à part le scandale causé par Anne de Kiev qui,
après enlèvement, épouse Raoul de Crépy.
Après l'annexion au domaine royal du Gâtinais et du Valentinois (1068), il soutient les droit de la
Comtesse de Flandre Rachilde, contre Robert I le Frison. Mais battu par ce dernier près du mont Cassel en
1071, il s'allie à lui et épouse sa nièce Berthe de Hollande. Cela ne l'empêche pas en 1074, de lui prendre la ville
de Corbie.
Si en 1066 Philippe était trop jeune, treize ans, pour contrer Guillaume le Conquérant dans sa
conquête de l'Angleterre, il fit tout pour l'affaiblir sur le continent. Il l'oblige à lever le siège de Dol en 1076 ce
qui rend difficile à Guillaume l'annexion de la péninsule Bretonne à la Normandie, puis il sème la zizanie entre
le nouveau roi d'Angleterre et ses barons continentaux, puis entre lui et ses fils. Ainsi il soutient la révolte de
Robert Courteheuse contre son père (Guillaume). Ce dernier est battu à Gerberoy en 1079, ce qui permet à
Philippe I d'obtenir Gisors du fils, comme récompense pour son aide, et de l'argent du père pour lever le siège
d'un château.
A la mort de Guillaume en 1087, Philippe continue sa politique de division en soutenant alors Robert
Courteheuse (nouveau duc de Normandie) contre son frère Guillaume le Roux, devenu roi d'Angleterre.
Guillaume revendique le Vexin français et allié au Duc d'Aquitaine, il menace même le royaume, qui est sauvé
par Louis, le prince héritier et l'héroïsme des défenseurs de Pontois puis de Chaumont en 1098. La principale
Les Capétiens
6
faute de Philippe I se fait au déclin de son règne lorsqu'il laisse agir son fils Louis, qui mal conseillé ne sut pas
s'opposer en 1106 à la réunion par Henri Beauclerc (le successeur de Guillaume le Roux) de l'Angleterre et du
Duché de Normandie; il faudra attendre 1202 pour que la France récupère la Normandie.
La réforme de l'Eglise visant à faire disparaître la simonie, ne plaît pas à Philippe qui la pratique. Cette
réforme tend en fait à faire échapper les évêchés à son contrôle, ce qui ne peut que nuire à son pouvoir
politique. Le roi continue donc ses pratiques simoniaques, si bien que de 1076 à 1082, deux légats pontificaux
sillonnent le royaume en déposant et excommuniant les évêques royaux. Mais le pape Grégoire VII en proie à
des difficultés avec le Saint Empire, ménage politiquement Philippe I.
La vie privée du roi amène le nouveau pape Urbain II à plus de fermeté. En 1092, Philippe I répudie la
Reine Berthe, qui lui a donné le future héritier Louis VI. En effet, il répond à une déclaration d'amour
passionnée de Bertrade de Montfort qui se croit délaissée par son époux Foulques le Réchin Comte de Blois. Il
l'épouse après un enlèvement, au mépris des lois de l'Eglise mais avec le consentement de deux évêques.
Urbain II excommunie le roi et sa nouvelle épouse, et Philippe ne se séparant pas de Bertrade, qui lui
donne un fils Philippe de Mantes, son excommunication fut maintenue à de nombreuses reprises, en particulier
au Concile de Clermont (1095) où fut prêchée la première croisade, ce qui explique qu'il n'y participera pas.
Cela n'empêche pas la venue en France du nouveau pape Pascal II en 1106-1107, et pour les évêchés une
investiture spirituelle du pape et pour les bien temporels du roi.
Philippe I a sut agrandir sont royaume. Il annexe le Vermandois, le Gâtinais, le Vexin français, Corbie
et Gisors, de plus il achète en 1101 Bourges et la seigneurie de Dun au Vicomte Arpin qui partait en croisade.
Mais ce sont des acquisitions fragiles, car les abords du domaine royal étaient infestés de seigneurs pillards. En
1081, l'un d'eux, le Sire du Puiset inflige une grosse défaite à l'armée royale. Philippe continue de s'appuyer sur
les châtelains fidèle de l'Ile de France où il choisit ses grands officiers, alors que les évêques s'éloignent de lui à
cause de la réforme. Il améliore l'administration de son domaine en utilisant des prévôts. Leur but étant
d'administrer le domaine royal, en percevoir les revenus, y exercer la justice et récolter les amandes, et surtout,
y faire respecter la loi du roi.
Philippe I meurt en 1108, et à la fin de sa vie il est de plus en plus impotent, d'ailleurs, c'est en vérité
son fils Louis qui gouverne depuis 1101. Mais ces dernières années ne doivent pas ternir les acquis de son règne
notamment le freinage de l'expansion de Guillaume le Conquérant et de ses fils, et l'agrandissement du
royaume.Il sut conseiller à son fils la politique à suivre, et il suffira à ce dernier de la poursuivre dans ses
grandes lignes. Ainsi Louis VI deviendra pour les historiens, le roi dont le règne marque le "réveil de la
royauté" en France. Sans compter que la solidité interne du domaine permettait une extension des pouvoirs
royaux sans trop de difficultés.
V. LOUIS VI LE GROS (né en 1080, + 1137. Règne de 1108 à 1137)
D'après la description de l'Abbé Suger, il était "beau et bien fait" et dès douze ans "promettait de
ne pas tarder à procurer un honorable agrandissement à son royaume. Agréable, aimable et bienveillant, au
point que certaines gens le tenaient pour simple d'esprit, illustre et courageux, défenseur du domaine
paternel, il pourvoyait aux intérêts des églises et veillait au repos du clergé, des travailleurs et des pauvres."
Après la mort de son père, Louis VI est rapidement sacré le 3 août 1108 à Orléans, car sa marâtre
Bertrade qui a déjà tenté de l'empoisonner, essaye de placer son fils Philippe de Mantes sur le trône.
Heureusement, Louis VI qui gouverne officieusement depuis près de dix ans, n'a aucun mal à s'imposer.
Sous le règne de son père, le roi avait commencé à débarrasser le domaine royal des seigneurs pillards.
Mais la tâche est rude car certains de ces seigneurs sont très puissants. L'un d'eux, Hugues du Puiset,
qui au dire de l'Abbé Suger "dévorait toutes les terres ecclésiastiques du pays, ne fut éliminé au combat qu'en
1118, après que son château fut pris et brûlé trois fois. Un autre, Thomas de Marle, était en plus une brute
sanguinaire, et il faut attendre 1130 pour qu'il soit tué dans son château de Coucy.
On ne saurait compter toutes les batailles que le roi eu à soutenir pour venir à bout de ses pillards.
Ce qui prouve qu'avant de devenir Louis Le Gros, le roi n'ait pas rechigné au combat. Par ailleurs, lors des
premières années de son règne, son surnom était Louis l'éveillé.
Les Capétiens
7
Mais le roi ne se contente pas d'assurer la sécurité en son seul domaine. Il tente de nuire à l'indépendance des
grandes baronnies. Dès 1109 il intervient en Bourbonnais pour stopper la rébellion d'Aimon II (Vaire-Vache) qui
après avoir dépouillé Archambaud, son neveu, refuse de comparaître devant la justice royale. Il pousse même en
Auvergne à la demande de l'évêque de Clermont persécuté par Aimery, le comte d'Auvergne, où il brûle Montferrand
en 1126 pour l'obliger à se plier à sa justice. Roi d'Angleterre et duc de Normandie depuis 1100, Henri I de
Beauclerc, le plus jeune des fils de Guillaume le Conquérant, était le plus grand ennemi du roi. Dès 1109
commencent les hostilités. Les barons normands se divisent, mais cela n'empêche pas Louis VI de signer un traité qui
donne à Henri I la suzeraineté sur le Maine et la Bretagne en 1113.
Cela explique que le roi ait toujours soutenu Guillaume Cliton, fils de Robert Courteheuse, surtout
après la défaite de Brémule le 20 août 1119. Pour condamner son ennemi, le roi fait appel au pape Calixte II.
Mais ce dernier ne propose qu'une trêve que le roi est dans l'obligation de signer.
Le 25 décembre 1120, tout les héritiers directs de Henri I périssent lors de la catastrophe de la Blanche
Nef. En 1124, Henri I fait appel à son gendre l'empereur Henri V pour s'allier contre Louis VI, mais l'empereur
meurt en 1127. Le roi d'Angleterre a alors l'idée de remarier sa fille à Geoffroy le Bel, dit Plantagenêt, héritier
du fief angevin. De plus, Guillaume Cliton décède en 1128 ce qui affaiblit le poids du roi de France face au
souverain anglais. Mais Henri I meurt en 1135.
Louis VI choisit successivement deux clercs pour le conseiller : Etienne de Garlande et Suger. On
pourrait penser qu'il s'agit d'un gage de paix avec l'église, mais il n'en est rien. Étienne de Garland pratiquait
tout autant le cumul des bénéfices et des fonctions que le népotisme. Certes le roi s'appuya sur le clergé qui
avait aussi besoin de sa protection pour dompter les châtelains.
Mais il traita brutalement plusieurs évêques, et n'hésita pas à affirmer la supériorité de la justice royale
sur la justice d'église lors d'un conflit avec l'évêque de Paris. En revanche, il s'allie à la papauté, quitte à garder
son indépendance, comme en 1113 quand le pape voulut doubler l'évêché de Noyon-Tournai, et surtout quand
Calixte II voulut en 1121 accorder la primatie des gaules à Lyon au détriment de Sens. Quatre papes vinrent en
France sous le règne de Louis VI, et quand un schisme éclata en 1130, le roi soutint Innocent II le pape légitime,
contre Anaclet II.
Après avoir fait annuler son mariage avec Lucienne de Rochefort pour non consommation, le roi
épouse en 1115 Adélaïde de Savoie qui lui donne huit enfants, dont l'héritier Philippe qui est sacré en 1128.
Mais ce dernier meurt en 1131 et est remplacé dans l'année par son frère Louis, sacré à Reims par Innocent II.
Le roi conseillé par Suger négocie avant sa mort, le 1er août 1137, le mariage de Louis avec la fille du Duc
d'Aquitaine Guillaume X, qui n'est autre que la fameuse Aliénor d'Aquitaine.
Bien que Suger ait probablement exagéré ses éloges, Louis VI peut être considéré comme le premier
grand roi de France. Il agrandit le domaine de plusieurs châtelleries d'Ile de France et du comté de Corbeil, de
plus il pacifie le domaine royal et améliore son administration. Le mariage qu'il organise entre son fils et
Aliénor d'Aquitaine est une brillante manoeuvre pour étendre le pouvoir de la France, bien qu'il ne pouvait en
deviner l'issue désastreuse.
Louis VI avait coutume de dire : "Quelle misérable condition est la nôtre de ne jamais savoir et
pouvoir tout ensemble ! Jeune, si j'avais su, et vieux, si je pouvais, j'aurais conquis bien des royaumes !"
VI. LOUIS VII (né en 1120, + 1180 à l'abbaye de Saint-Port. Règne de 1137 à 1180)
Élevé pour être clerc et fort cultivé, Louis VII se trouve héritier du trône à la mort prématuré de
son frère aîné. Il demeura à certains égards timide et doux, facile à tromper, et à la fin de sa vie il tombe
dans la bigoterie. Actif et batailleur dès sa jeunesse, il resta toute sa vie capable d'accomplir les pires
cruautés.
Dès le début de son règne, Louis VII provoque la colère de Saint Bernard pour s'être montré hostile
en 1141 à l'élection de l'évêque de Poitiers. La même année il tente d'imposer Cadurc, son chancelier, à
l'archevêché de Bourges, contre le candidat du pape, Pierre de la Châtre. L'affaire se complique quant Pierre de
la Châtre se réfugie chez le comte Thibaud de Champagne, dont la nièce avait été répudiée par son mari Raoul
de Vermandois, qui épousa la soeur d'Aliénor d'Aquitaine.
Les Capétiens
8
Le pape Innocent II ayant déclaré cette union nulle, et Thibaud de Champagne ayant obtenu son
interdit sur les terres de Raoul, le roi en représailles envahit en 1142 la Champagne. Et après l'incendie de Vitry,
le roi se jugea responsable de la mort des trois mille personnes brûlées vives dans l'église. Il faut attendre le
nouveau pape Celestin II pour que en 1143 le roi s'incline : Pierre de la Châtre réintégra son évêché et Raoul de
Vermandois reprit sa première femme.
Le 25 décembre 1145, le roi annonce à Bourges son départ pour la croisade, probablement pour se
faire pardonner les morts de Vitry. La chute d'Edesse en 1145 rend indispensable la deuxième croisade. Prêchée
en 1146 par Saint Bernard, elle est conduite par l'empereur Conrad III et Louis VII. Par ailleurs, afin de mieux
surveiller sa femme Aliénor d'Aquitaine, Louis VII a le tord de l'emmener avec lui. Mais rapidement il y a
mésentente entre le roi et l'empereur, et après la défaite de Pisidie en janvier 1148, les français s'embarquent
pour Antioche. Et à Antioche, la reine retrouve son oncle Raymond de Poitiers avec lequel on l'accusa
d'entretenir des relations interdites. Si bien que après l'échec militaire de la croisade devant Damas, et les doutes
émis par Aliénor sur la validité de son mariage pour cause de consanguinité, les époux regagnent la France en
1149 sur des bateaux différents.
Pendant l'absence du roi Suger administre sagement le royaume, et dès son retour, il conseille à Louis
VII de ne pas répudier Aliénor. Mais l'Abbé Suger meurt en 1151, et le 21 mars 1152 le concile de Beaugency
reconnaît la nullité du mariage royal. Moins de deux mois plus tard, Aliénor épouse à Poitiers Henri Plantagenêt
comte d'Anjou, du Maine, de Touraine, et duc de Normandie. Il deviendra deux ans après roi d'Angleterre sous
le nom de Henri II.
Pour avoir contracté le mariage sans sa permission, Louis VII déchu Henri Plantagenêt de ses fiefs
français en 1152. Mais, malgré l'alliance de quelques vassaux, il manque de moyens réels pour faire exécuter sa
sentence. Louis VII renonce en échange de deux mille marcs à l'Aquitaine et impose à son royaume en 1155 la
"paix du roi". En 1156, le roi d'Angleterre lui rends hommage pour ses fiefs français et en 1158 un traité
d'amitié est signé entre les deux rois. Le jeune fils de Henri est fiancé à la fille de Louis qui apporte en dot le
Vexin normand.
Mais la querelle reprend entre la France et l'Angleterre quant Henri II prétend obtenir l'hommage de
Raymond V comte de Toulouse. En juin 1159, il pénètre en Languedoc et s'empare de Cahors, mais devant
l'intervention de Louis VII pour défendre Toulouse il se retire. Pendant que le roi combat à Toulouse, trois de
ses châteaux proche de Paris sont livrés aux mains de l'ennemi, et après le mariage forcé entre sa fille et Henri
le Jeune, il jure d'une trêve avec l'Angleterre à Chinon en 1160.
Hormis les problèmes avec l'Angleterre Louis VII doit faire face à un autre ennemi. Frédéric
Barberousse, l'empereur d'Allemagne depuis 1151 était devenu l'allié du roi d'Angleterre, et tentait de
détourner certains vassaux du roi de France. Pour lui résister, Louis après la mort de sa deuxième femme en
1160, Constance de Castille qui lui donne une fille, épouse Adèle de Champagne. Le roi est fondamentalement
opposé à l'Empereur car il reconnaît en accord avec Henri II un autre pape. Mais en 1165 ils signent le traité de
Vaucouleurs avec comme objectif l'extermination des brabançons.
En 1167, les hostilités reprennent entre Louis VII et Henri II. Le roi de France veut réconcilier le roi
d'Angleterre et son chancelier et archevêque de Cantorbéry Thomas Becket, qui s'était réfugié en France depuis
1164. Mais quant ce dernier rentre en Angleterre il se fait assassiner, ce qui contribue à rehausser le prestige de
celui qui l'avait accueillit. Si bien que de nombreux évêques et abbés demandèrent à Louis VII protection.
A l'instigation d'Aliénor, son ancienne épouse, Louis VII choisit de soutenir les fils d'Henri II, Henri le
Jeune, Richard et Geoffroy dans la lutte contre leur père. Mais la révolte échoue en 1174, Aliénor est
emprisonnée et un nouvel accord décide du mariage d'Adélaïde, fille de Louis VII avec Richard, fils de Henri II.
Mais la lutte reprend pourtant en 1177, lorsque Henri II prétend faire valoir ses droits sur l'Auvergne. La
situation est critique pour le roi de France qui est sauvé par l'intervention du légat pontifical qui menace
l'empire angevin d'interdit si la paix ne se signe pas. Elle est signée le 11 septembre 1177 à Nonancourt.
Le 1 novembre 1179 Louis VII fait sacrer son fils Philippe à Reims. Mais frappé d'hémiplégie, le roi ne peut
assister au sacre, et meurt le 18 septembre 1180 à l'abbaye de Saint-Port.
Le règne de Louis VII apparaît comme bénéfique avec le développement des villes qu'il favorisa plus
que son père, et aussi la multiplication des églises (comme la construction de Notre Dame de Paris qui débute
en 1163). En fait le principal reproche des historiens à l'égard de Louis VII c'est la répudiation d'Aliénor
d'Aquitaine, bien que pour d'autre ce serait plutôt une bonne chose, car les possessions d'Aliénor n'ont rien
apportés de bon à Henri Plantagenêt. De plus, face à Henri II, son principal ennemi, son effacement eut à la
longue plus d'effet que la fougue du souverain anglais, que son fils Philippe II allait réussir à abattre.
Les Capétiens
9
VII. PHILIPPE II AUGUSTE (1165, + 1223. Règne de 1180 à 1223)
D'après ses contemporains, Philippe II était un bel homme, avec une figure agréable, un teint
coloré et un tempérament porté sur la bonne chère, les femmes et le vin. Craintif pour sa vie et très émotif,
il savait néanmoins se montrer très dur pour ceux qui lui résistait. Louis VII n'était plus en état de prendre
des décisions durant la dernière année de son règne, et le jeune Philippe manifesta dès lors une forte
volonté politique.
Il épouse le 28 avril 1180 Isabelle de Hainaut (voire Les trois femmes de Philippe Auguste), la nièce de
Philippe d'Alsace Comte de Flandre, qui lui apporte l'Artois en dot à venir. La famille de sa mère, les
Champenois, se sentant mise à l'écart, fait appelle à Henri II Plantagenêt, mais ce dernier signe un traité d'alliance
avec Philippe II à Gisors. Alors les Champenois s'allient aux Flamands, et attaque début 1181 le domaine royal.
Mais le roi en profite pour revendiquer les droits d'Isabelle de Vermandois, la femme du comte de Flandre, que ce
dernier cède au traité de Boves (1185), ce qui lui permet de récupérer le Vermandois, la ville d'Amien et l'Artois à
la mort du comte de Flandre en 1191. Il ne lui reste qu'à se retourner contre le souverain anglais.
En 1183 et 1186, Henri le Jeune et Geoffroy de Bretagne, les deux fils aînés de Henri II Plantagenêt que
Philippe Auguste soutenait dans leur révolte contre leur père, meurent prématurément. Philippe Auguste s'allie
avec les deux survivants et rivaux Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre et attaque le souverain anglais en
1187. Il s'empare d'Issoudun et impose la paix de Châteauroux. Cela n'empêche pas la reprise d'une guerre où
Philippe Auguste obtient l'appui de l'empereur Frédéric Barberousse et qui aboutit à la capitulation de Henri II à
Azay le Rideau. Ce dernier, avant de mourir abandonné de tous le 6 juillet 1189 désigne Richard comme nouveau
roi, et abandonne à Philippe Auguste l'Auvergne, Issoudun et Châteauroux. Jean demeuré sans terres reçoit
quelques fiefs de son frère qui part avec le roi de France pour la troisième croisade.
Necessité par la perte de Jérusalem en 1187 après que le roi Gui de Lusignan soit vaincu par le célèbre
Saladin (Sala ed Din), la troisième croisade fut conduite par Richard Coeur de Lion, Philippe Auguste et Frédéric
Barberousse qui meurt accidentellement avant son arrivée en Terre Sainte. Mais Richard et Philippe Auguste ne
s'entendent pas, car Richard a refusé Alix, soeur du souverain français, en mariage. Mais grâce à sa bravoure Saint
Jean d'Acre est prise par les croisés le13 juillet 1191. Puis Philippe Auguste, soit disant malade de la suette (sorte
de typhoïde) rentre en France et laisse Richard échouer seul la prise de Jérusalem. Philippe aurait prétexter cette
maladie pour profiter de l'absence de Richard.
De plus, Richard est fait prisonnier par le Duc d'Autriche qui le livre à l'Empereur Henri VI qui exige
pour sa libération une énorme rançon. Philippe Auguste saute sur l'occasion et avec Jean sans Terre, il offre à
Henri VI une forte somme pour que Richard reste son captif. Mais la vieille Aliénor d'Aquitaine réussi à réunir
la rançon, et Richard est liberé en 1194 par l'empereur dont il se reconnaît le vassal.
Pendant ce temps, Philippe en accord avec Jean avait enlevé le Vexin et une partie de la Normandie,
Richard ne peut être que mécontent. Et bien que Philippe et Jean aient passé un accord, Jean préfère se ranger du
côté du Lion déchaîné qui bat Philippe Auguste en 1194 à Fréteval puis en 1198 près de Gisors. Le légat du pape
Innocent III s'étant interposé, une trêve est signée en janvier 1199 à Vernon. En 1200, Philippe Auguste marie
son fils Louis VIII avec Blanche de Castille (fille d'Alphonse VIII et petite fille d'Aliénor d'Aquitaine).
Richard meurt devant Châlus le 6 avril 1199 et Jean sans Terre devient roi d'Angleterre au détriment de
son neveu Arthur de Bretagne, que Philippe s'empresse de défendre en attaquant la Normandie. Puis les deux rois
se réconcilient momentanément par le traité du Goulet (22 mai 1200), ce qui permet à Philippe Auguste d'acquérir
Evreux et le Berry en échange de la reconnaissance de Jean comme roi d'Angleterre et vassal en France.
Richard meurt devant Châlus le 6 avril 1199 et Jean sans Terre devient roi d'Angleterre au détriment de
son neveu Arthur de Bretagne, que Philippe s'empresse de défendre en attaquant la Normandie. Puis les deux rois
se réconcilient momentanément par le traité du Goulet (22 mai 1200), ce qui permet à Philippe Auguste d'acquérir
Evreux et le Berry en échange de la reconnaissance de Jean comme roi d'Angleterre et vassal en France.
En 1202, Jean sans Terre enlève et épouse la fiancée de Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, qui
se plaint au roi de France. Reprenant la cause d'Arthur de Bretagne, Philippe fait citer Jean devant sa cour royale,
qui en l'absence de l'accusé, prononce la "commise", en fait la confiscation de tout ses fiefs français, sauf la
Normandie, dont le roi cède une partie à Arthur.
Les Capétiens
10
En 1203 Jean fait capturer Arthur puis le fait (soi disant) assassiner, et Philippe conquiert la Normandie
qui tombe après le siège de Château Gaillard, qui abouti en juin 1204 à la capitulation de Rouen. Philippe après
avoir occupé l'Anjou et le Poitou, réussit à s'emparer de l'Aquitaine et affirme son pouvoir sur la Bretagne, ne
laissant à Jean que la Guyenne, le Béarn et le Commingues. En 1208, la puissance anglaise est brisée en France,
ce qui n'empêche pas la guerre de prendre une dimension européenne.
L'Angleterre, fragile à la suite d'un conflit entre son roi et l'Archevêque de Cantorbéry Etienne Langton,
fut interdite par le pape Innocent III en 1212. Philippe Auguste songe à débarquer en Angleterre où la couronne
est offerte à son fils, mais finalement Jean sans Terre se soumet au pape dont il se proclame le vassal. Une alliance
est conclue entre le roi d'Angleterre, le Comte de Flandre Ferrand de Portugal et l'empereur d'Allemagne Othon
IV, que Philippe Auguste et le pape avait contrarié en soutenant la candidature à l'empire de Frédéric II de
Hohenstaufen. En mai 1213, Philippe essuie une cuisante défaite navale, les anglais coulent sa flotte devant
Damme et il doit brûler ce qu'il reste de sa flotte.
Jean sans Terre et ses alliés décident de prendre Philippe Auguste dans une tenaille en l'attaquant en
même temps par le nord et le sud. Mais le future Louis VIII fait échouer la première partie de leur plan en battant
Jean sans Terre à la Roche aux Moines le 2 juillet 1214.
L'épisode final fut le 27 juillet 1214 durant la bataille de Bouvines, où Othon IV faillit tuer Philippe
Auguste, mais qui tourne finalement à la faveur de ce dernier. Cette Bataille décisive marque le commencement
de la fin pour Jean sans Terre.Il évacue le territoire français et est contraint par le pape d'accepter le 18 septembre
1214 le traité de Chinon et en juin 1215, sous les revendications des barons révoltés , la Magna Carta (grande
Chartre) qui limita ses pouvoirs. Cela n'empêche pas le pape de casser la chartre et Philippe Auguste de soutenir
les barons. Louis le Dauphin débarque en Angleterre en mai 1216 et y est couronné, avant que la mort de Jean
sans Terre en octobre ne remette cela en question. Car Henri III, le fils de Jean, fort de l'appui du pape, réussit à se
faire couronner. Battu à Lincoln en avril 1217, le future Louis VIII rentre en France et renonce à la couronne
anglaise. En 1220, le traité de Chinon qui marque les pertes territoriales anglaises en France est confirmé.
On a souvent entendu dire que Philippe Auguste ne s'était pas mêlé de la croisade contre les cathares
(albigeois), mais si il ne l'a pas fait directement, il donna des ordres à ses vassaux, dont Simon de Montfort et le
future Louis VIII son fils. Après l'insuccès de la prédication de Saint Dominique en Languedoc, et l'assassinat en
1208 par des émissaires du Comte Raimond VI de Toulouse (favorable aux cathares) du légat pontifical Pierre de
Castelnau, qui venait lui transmettre une excommunication, la croisade se déchaîna.
De plus, en contradiction avec les règles féodales, Innocent III offre à l'avance à celui qui les prendrait,
tous les bien du Comte Raimond VI, qui du coup fait momentanément sa soumission au Pape. Les croisés
commencent alors par attaquer son vassal Roger Trencavel le Vicomte de Carcassonne, et se rendent coupable le
21 juillet 1209, du terrible massacre de Béziers, ou sept mille personnes sont tuées dans l'Eglise de la Madeleine.
Les propos prêtés au légat Arnaud Amalric, " Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens !", ont traversés les siècles
par leur fanatisme.
Finalement, le cruel Simon de Montfort battit l'armée du Comte de Foix et du Comte de Toulouse à
Castelnaudary, ne laissant à ce dernier que Toulouse et Montauban. Il fait ensuite appel à Pierre II d'Aragon, son
beau frère, qui intervient en 1213 mais qui est tué le 12 septembre à la bataille de Muret, qui après la fuite du
Comte de Toulouse en Angleterre, assure à Simon de Montfort la conquête de presque tous les biens de Raimond
VI. Raimond VII, fils du Comte de Toulouse, ne conserve que Nîme, Beaucaire et la Provence, mais son père
revient à Toulouse en 1217, et c'est en assiégeant cette ville que Simon de Montfort fut enfin tué le 25 juin 1218.
Son fils Amaury étant peu capable de conserver les terres conquises par son père, et compte tenu des succès des
barons méridionaux, Philippe Auguste autorise son fils Louis à entrer en lice. Mais après avoir pris Marmande en
1219, en y opérant un massacre effroyable, il échoue devant Toulouse et rentre dans le nord. A la mort de Philippe
Auguste en 1223, le conflit n'est pas résolut.
Durant son règne Philippe Auguste à su canaliser l'essor du mouvement urbain. Il favorisa hors de son
domaine le mouvement communal en s'alliant aux bourgeois contre leur seigneurs, dont les droits étaient
justement limités par les communes. Il avait tout intérêt à confirmer les privilèges communaux dans les pays
conquis, et il compris l'intérêt militaire des communes qui, en tant que seigneuries collectives, devaient le service
d'ost (service militaire) à leur seigneur, si bien qu'il les força à avoir les même intérêts que lui. Quant à Paris,
Philippe Auguste décidé de l'embellir et de l'assainir. Il veilla à ce qu'elle fut le siège d'une université de
renommée européenne, dont les statuts furent rédigés en 1215 par le légat pontifical Robert de Courçon.
Le domaine royal quadrupla sous son règne, ce qui entraîna des conséquences sur sa manière de
gouverner et de concevoir ses rapports avec ses vassaux.
Pour l'Eglise, Philippe Auguste intervint peu dans les élections, se contentant d'exiger des évêques le
service d'ost et de limiter l'emprise de la justice ecclésiastique. Quand au personnel gouvernemental utilisé par
Les Capétiens
11
Philippe Auguste et fixé dans la capitale, on note la spécialisation croissante qui entraîne la diminution des
pouvoirs des grands officiers (chancelier, sénéchal ...), au moment où les bourgeois parisiens voyaient grandir leur
rôle de défenseurs de la monarchie. Par exemple, dans le testament que le roi rédigea avant de partir pour la
croisade, c'est à des bourgeois qu'il confie la garde du sceau royal et les clefs de son trésor. Quand aux ressources
financières, nécessaires pour financer guerres, croisades et grands travaux, Philippe Auguste les tire de l'église et
des villes, où il transforme en taxes les services dus. Sans compter les serfs qui payèrent leur affranchissement et
les juifs, qui expulsés payèrent leur droits de retour.
Malgré sa fragilité mentale, Philippe Auguste fit preuve d'une ténacité retorse pour suivre sa politique de
conquêtes. Politique efficace car il sut toujours conserver et consolider ses acquisitions. Philippe Auguste fit de la
France un État comptant en Europe, et devant la puissance duquel le pape du s'incliner. On comprend alors le
couplet final de son éloge funèbre :
"Ce roi ressemblait à Charlemagne
Pour bien garder son domaine,
jamais on ne lui fit la guerre
Qu'il ne vainquît et mît en sierre (prison).
Ce roi doit-on bien comparer
A César-Auguste ..."
VIII. LOUIS VIII LE LION (1187, + à Montpensier en 1226. Règne de 1223 à 1226.
Louis VIII est décrit par ses contemporains comme étant un homme de taille moyenne avec de beaux traits
hérités de sa mère Isabelle de Hainaut. De santé fragile et pieux, il n'en aimait pas moins la guerre au point
de mériter le surnom de Lion. Louis VIII fut toute sa vie durant d'une fidélité exemplaire envers son épouse
Blanche de Castille qui lui donna 12 enfants.
Louis VIII a déjà 36 ans à la mort de son père. Heureusement durant le règne de ce dernier il avait eu sa
part de responsabilités politique. Il est sacré le 6 août 1223, quelques semaines après la mort de son père, avec la
reine Blanche qu'il avait épousé 23 ans auparavant. La cérémonie à lieu à la Cathédrale de Reims et est célébrée
par l'Archevêque Guillaume de Joinville. La fête est fastueuse, et même le demi-frère du roi Philippe Hurepel,
Comte de Boulogne et fils légitimé de Philippe Auguste et d'Agnès de Méran, est présent, et nul ne se doute de sa
trahison future.
Dès le début de son règne Louis VIII va rentrer en conflit avec les plantagenêts. Henri III d'Angleterre,
appuyé par le Pape demande au roi de France en vertu d'une soit disant promesse de Philippe Auguste, la
restitution des biens des Plantagenêts injustement confisqués à Jean Sans Terre. Louis VIII s'allie avec Hugues de
Lusignan Comte de la Marche (qui a épousé la veuve de Jean Sans Terre) et en juin 1227 envahit le Poitou, avant
de prendre Niort et la Rochelle le 3 août. Il avance même jusqu'à la Gascogne, mais devant les protestations du
Pape Honorius III il renonce à prendre Bordeaux.
Le 30 novembre 1225, un concile réuni à Bourges par le légat du Pape, le Cardinal Frangipani, après
avoir rejeté les offres de soumission de Raimond VII, Comte de Toulouse, décide des conditions et du
financement par l'Eglise de la croisade contre les Cathares. Louis VIII y participe car le roi d'Angleterre est
neutralisé par le Pape (qui lui interdit sous peine d'excommunication d'attaquer la France), et sous conditions que
les croisés bénéficient de l'indulgence plénière, jointe à la promesse de ne pas contester ses conquêtes futures.
Il se croisa le 30 janvier 1226 et convoque son armée à Bourges pour le 17 mai 1226. Tout comme Philippe
Auguste avant son départ vers l'orient, il a la prudence en juin 1225 de faire un testament. Il constitue des apanages
au profit des cadets royaux, il aliéna sur les acquits de son père un bon tiers de son domaine afin "que la discorde ne
pût naître entre ses fils. Robert eut l'Artois, Jean l'Anjou et le Maine et Alphonse l'Auvergne et le Poitou.
Le principal événement de la croisade fut le terrible siège d'Avignon qui dura 2 mois et s'acheva en
septembre 1226 avec la chute de la cité. Comme Toulouse continua à résister, le roi crée deux sénéchaussées à
Beaucaire et à Carcassonne pour administrer son nouveau domaine. Conformément à une ordonnance d'avril
1226, qui fut la première loi française à condamner au supplice du feu les hérétiques, les cathares pris et qui
refusèrent d'abjurer périrent.
Les Capétiens
12
Mais il subsista quelques foyers de résistance, surtout a Montségur. Puis une assemblé attribue au roi les
fiefs confisqués et à confisquer aux "hérétiques". Louis VIII finit à renoncer à Toulouse, et c'est sur le chemin qui
devait le ramener à Paris qu'il meurt le 8 novembre 1226 à Montpensier en Auvergne. Emporté par la dysenterie et
non pas comme la rumeur le prétend, empoisonné par Thibaud de Champagne soit disant "amoureux transi" de la
Reine. Cependant la prophétie de Merlin l'enchanteur " Au mont du ventre mourra le Lion paisible" laisse pensif.
Il laisse son royaume à un enfant de 12 ans, le futur Saint Louis et la régence à une forte femme, Blanche de Castille.
Louis VIII, du fait de la gloire de son père et de son fils, mais en plus de la brieveté de son règne,
demeure peu connu. Mais sa conduite sous le règne de son père, ainsi que sa bravoure et sa politique (les apanages
et la croisade) lui donnent la stature d'un grand roi.
IX. LOUIS IX (SAINT-LOUIS) (né en 1214, + 1270 à Carthage. Règne de 1226 à 1270).
Durant son enfance Saint Louis est décrit comme étant un beau petit garçon blond au regard angélique. Mais il
avait déjà un tempérament emporté et coléreux que son éducation dut adoucir. Seule l'intelligence supérieure de
sa mère parvenait à le calmer. Malgré ses qualités humaines pour les malades et les pauvres, à qui il donnait
l'espoir, il fit pourtant preuve d'une grande cruauté pour ceux qu'il considérait comme hérétiques.
Après la mort de Louis VIII, La régente Blanche de Castille (qui n'a jamais porté ce titre officiellement)
s'empresse de faire sacrer le jeune Louis IX à Reims le 29 novembre 1226. Mais l'absence de nombreux grands
seigneurs était déjà une indication sur les conflits auxquels elle devrait faire face.
Dès fin 1226 se forme une coalition comprenant le comte Thibault IV de Champagne, le Comte de la
Marche Hugues de Lusignan et le Comte de Bretagne Pierre Mauclerc, le tout soutenus par Henri III d'Angleterre.
Heureusement, Thibault de Champagne, probablement pour l'affection qu'il portait à Blanche de Castille, se retire
de la coalition et la fait échouer. Et c'est chèrement que la régente obtiendra l'hommage des autres conjurés au
printemps de 1227. Finalement, suivant Philippe Hurepel, le demi frère de Louis VIII, qui aurait voulu la régence,
les conjurés se retournent contre Thibault de Champagne. De son côté Pierre Mauclerc prête hommage au roi d'
Angleterre en octobre 1229, mais la régente convoque une armée contre lui et réussit à apaiser temporairement
(1230 à 1231) les querelles entre grands féodaux. En outre elle règle, non sans dégâts la révolte des étudiants
parisiens (1229 à 1231) et conclue la paix avec le Comte de Toulouse.
A la mort de Louis VIII, il était prévisible que les barons méridionaux restés en place ou dépossédés
eussent envie de prendre leur revanche, et la guerre reprit. Mais à l'initiative de la papauté, une trêve fut conclue
en novembre 1226, suivie d'un accord conclu à Meaux le 11 avril 1229. Cet accord maintenait Raimond VII dans
ses possessions toulousaines, et décidait que sa fille épouserait un frère du roi et lui imposait de financer une
université à Toulouse et d'extirper l'hérésie. De plus il était tenu de séjourner 5 ans en Terre Sainte.
Cependant l'institution de l'inquisition au Languedoc en 1233 n'arrange pas les choses, et fin 1235 les
inquisiteurs sont chassés de Toulouse. Et lorsque le Vicomte de Béziers Raymond Trencavel, tente de reprendre
Carcassonne, la guerre recommença.
Le 29 mais 1242 se produit un événement décisif à Avignonet, les cathares massacrent 2 inquisiteurs et
l'Archidiacre de Toulouse. De peur de paraître compromis le Comte de Toulouse, qui venait pourtant de prendre
Narbonne et Albi, préfère se soumettre et signer avec le roi le traité de Lorris en janvier 1243. Il renonce à
Narbonne et Albi, jure qu'il pourchassera l'hérésie, puis finalement excommunié par les inquisiteurs il part se faire
pardonner à Rome.
L'épisode du siège de Montségur d'avril 1243 à mars 1244, très douloureux dans la mémoire méridionale
et symbolique de la cruauté des inquisiteurs, apparaît alors comme une opération policière et religieuse, se que
montre bien le sort des assiégés ; la liberté pour les rebelles et le bûcher pour les hérétiques. Par contre le roi et la
régente on sut se montrer magnanimes à l'égard du versatile Raymond VII.
A l'instar des barons méridionaux, le roi d' Angleterre Henri III encouragé par les papes Honorius III et
Grégoire IX, avait une revanche à prendre sur le roi de France. Après son échec en avril/octobre 1230 et affaiblit
par la trêve de trois ans conclue entre son allié Pierre Mauclerc et le roi, il cherche l'appuis d'un nouvel allié, qu'il
trouve en la personne de Hugues de Lusignan qui avait épousé sa mère Isabelle (la veuve de Jean sans Terre). Le
20 mai 1242, il débarque à Royan, mais est battu à Taillebourg et à Saints en juillet, et Raymond III ne venant pas
à son secoure, il est obligé de conclure le 12 mars 1243 une trêve avec Saint Louis de cinq ans. Il faut attendre le
Les Capétiens
13
retour de Saint Louis de sa première croisade pour que le traité de Paris mette fin le 28 mai 1258 à la première
guerre de 100 ans. Traité surprenant, car si le roi d'Angleterre conservait la Guyenne, Saint Louis lui rendait le
Quercy, le Périgord, le Limousin et la Saintonge.
Depuis 1229, Pierre Mauclerc et Thibaud de Champagne menaient une croisade qui avait aboutie à la
reprise (1241), puis à la chute (1244) de Jérusalem. Saint Louis décide donc de se croiser, il confie la régence à
Blanche de Castille et part d'Aigues Mortes le 25 août 1248 avec sa femme Marguerite de Provence (qu'il a
épousé en 1234). Après un séjour à Chypre, il débarque en Egypte et prend Damiette le 6 juin 1249. Mais en
passant pas l'Egypte il commet une faute stratégique. Il s'y enlisa et échoua devant Mansourah, où son frère
Robert d'Artois fut tué. Lui même est fait prisonnier en avril, et son armée fut décimé par la peste. Il dut
abandonner Damiette et verser une grosse rançon pour sa libération et celle de ses barons. Une fois libre il se rend
avec les rescapés en Syrie où il aide les barons francs à fortifier les positions (Césaré et Saint Jean d'Acre). Mais la
mort de sa mère en novembre 1252 le décide à rentrer en juillet 1254 après 6 ans d'absence.
A son retour, Saint Louis rend la plus ancienne ordonnance de réformation. Influencé par le droit romain,
mais aussi par le sentiment que le roi devait exercer un devoir sacré autant qu'impérial de justice, il impose à ses
officiers des devoirs d'équité et d'intégrité autant que de dignité de vie (ni jeu de hasard ni fornication).
Cette ordonnance est étendue en 1256 à l'ensemble du domaine royal. Au delà même de la moralisation de la vie
publique (mise des villes de communes sous tutelle) celui ci fut amené à sévir contre les jeux de hasard, la
prostitution, les blasphèmes et l'ivrognerie, tout autant que contre les usuriers juifs (qu'il chasse en 1258), les
banquier lombards et usurier méridionaux.
Sous le règne de Saint Louis, la cour du roi commence à se tenir "en parlement" pour y juger, parfois en
sa présence et avec un personnel de plus en plus qualifié de juriste, les affaires les plus diverses. L'image
traditionnelle transmise par Joinville représente Saint Louis rendant la justice sous un chêne à Vincennes.
De plus le roi interdit en 1261 le recours au duel judiciaire, qui permettait à un accusé de combattre son adversaire
ou un témoin, voir même les juges !!!
Il est remplacé par la preuve testimonial et la procédure d'enquête. Il s'occupe également du système
monétaire ; en 1262 une ordonnance impose une monnaie de bon aloi à tout le royaume, sans pouvoir établir le
monopole royal de la frappe, mais interdisant aux seigneurs d'imiter la monnaie royale, la leur ne valant que pour
leur seigneurie.
Malgré son échec, sa première croisade lui donne une dimension internationale, qui jointe à son sens inné
de la justice et de la paix, en fait le conciliateur rêvé. Ainsi Saint Louis tente de contribuer à la paix en Europe. A
l'époque du traité de 1258 avec l'Angleterre, il conclu le 11 mai 1258 avec l'Aragon le traité de Corbeil, dans
lequel il renonce aux droits du royaume sur le Rousillon et le Comté de Barcelone, revendiqués depuis
Charlemagne, cela en échange de l'abandon par Jacques I d'Aragon de ses prétentions à intervenir en Languedoc
et en Provence. De plus, le mariage de son fils aîné, future Philippe le Hardi, avec Isabelle d'Aragon devait
consolider ce traité.
A la fin de la 7ème croisade, Saint Louis avait aidé les barons francs de Terre Sainte à se fortifier. Mais
dans les années 1260, la situation de ces derniers se détériore, et le Sultan mamelouk Baïbans réussit à s'emparer
de Césarée en 1265, ainsi que de Jaffa et Antioche en 1268. Saint Louis veut se croiser de nouveau dès mars 1267,
mais ses fidèles dont Joinville le lui déconseillent.
La préparation de la 8ème croisade fut longue. Elle part le 2 juillet 1270, toujours d'Aigues-Mortes.
Arrivé en Sardaigne, le roi précise que la Tunisie est le premier objectif. En fait Saint Louis espère que l'Emir,
séduit par la religion chrétienne, se convertira et l'aidera à combattre en Egypte et en Syrie. Aussitôt débarquée
l'armée des croisés réussit à prendre Carthage, mais loin de se faire convertir, l'Emir fait harceler les troupes
royales par des arabes nomades.
C'est dans une tente en dehors de Carthage, que emporté par une épidémie de dysenterie ou de typhus,
Saint Louis mourut comme un saint, étendu sur un lit de cendre le 25 août 1270. Charles d'Anjou arriva après sa
mort et put négocier avec l'Emir le départ des croisés.
Dès le 25 août, les barons avaient prêté serment au nouveau roi, à qui il appartint de ramener les
ossements de son père à Notre Dame de Paris, puis à Saint Denis pour l'inhumation de celui dont 1297 l'Eglise fit
un Saint. Juste avant son départ, Saint Louis écrivit une lettre à son fils Philippe, future roi, dans laquelle il
donnait ses dernières recommandations :
"Cher fils, s'il advient que tu devienne roi, prend soin d'avoir des qualités qui appartiennent aux rois,
c'est à dire que, quoi qu'il arrive, tu ne t'écarte pas de la justice. Et si il advient qu'il y ait une querelle
entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu'à ce que tu sache la
vérité, et, quant tu la connaîtras, fait justice. Et s'il advient que tu aies querelle contre quelqu un d'autre,
Les Capétiens
14
soutiens la querelle de l'adversaire devant ton conseil, et ne donne pas l'impression de trop aimer ta
querelle jusqu'à ce que tu connaisse la vérité, car les membres de ton conseil pourraient craindre de
parler contre toi, ce que tu ne doit pas vouloir."
X. PHILIPPE III LE HARDI (1245 Poissy - 1285 à Perpignan, règne de 1270 à 1285).
Manquant de personnalité et de clairvoyance, on ne sait si son surnom est dû à sa vaillance au
combat , ou au caractère parfois irréfléchi de ses entreprises. Malgré les deuils multiples qui marquèrent
son avènement, dont l'épouse Isabelle d'Aragon mourut accidentellement en Calabre le 28 janvier 1271 lors
du désastreux retour de la huitième croisade, le début de son règne fut plutôt prometteur.
Il est sacré le 15 août 1271 à Reims et eut le bon goût de garder les conseillers de son père. En octobre de
la même année , il perd son oncle Alphonse de Poitiers et sa femme, ce qui lui apporta en héritage le Poitou, la
Saintonge, le Toulousain, l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Provence et l'Auvergne. De plus parmi les barons
du midi, seul le comte de Foix, Roger-Bernard se rebelle et prête serment au roi d'Aragon. Il s'enferma dans son
château que le roi réussit toutefois à prendre, et fut fait prisonnier.
Philippe III veuf depuis 1271, décide de prendre en seconde noce Marie de Barbant. Mais ce mariage,
célébré en 1274 entraîna une rivalité entre la jeune épouse et la reine mère Marguerite. Le fils aîné du roi et
d'Isabelle d'Aragon étant mort en 1276, le favori du roi, Pierre de la brosse, accusa la reine Marie de l'avoir fait
empoisonner. Mais malgré les doutes du roi (probablement attisés par Marguerite), la situation se retourne quant
le favori est convaincu d'espionnage au profit d'Alphonse X de Castille. Il fut pendu au gibet de Montfaucon le 30
juin 1178. Le roi eut la sagesse de reprendre comme conseiller Mathieu de Vendôme.
Philippe III manifesta rapidement de timides ambitions européennes, en posant d'abord sans espoir sa
candidature à l'empire germanique en 1273. Mais c'est Rodolphe de Habsbourg qui fut élu à la condition qu'il
renonce à ses droits sur l'Italie. La mort d'henri III de Navarre, Comte de Champagne, en juillet 1274 fournit au roi
une occasion d'agrandir le royaume. La régente du royaume de Navarre, Blanche d'Artois (nièce de Saint Louis),
s'étant réfugiée en France avec sa fille Jeanne de Navarre, le roi s'arrangea pour la fiancer avec le futur Philippe le
Bel. Ce mariage en 1284 augmenta le domaine à la fois de la Champagne et de la Navarre. En attendant, le roi qui
s'était fait proclamer en 1275 régent de Navarre, se heurta à une révolte des navarrais qu'il fait écraser en 1276 par
son cousin Robert d'Artois.
Mais entre temps , le fils d'Alphonse X de Castille, Ferdinand de la Cerda, était mort en laissant deux
enfants qui, par leur mère , étaient les neveux de Philippe III, et que leur oncle Don Sanche prétendit écarter de la
couronne. Le roi de France prit parti pour eux, mais il échoua en 1276 dans une expedition contre la Castille, et
qui se conclura par la captivité des malheureux enfants chez le roi Pierre III d'Aragon. De plus le roi d'Aragon
émit des prétentions sur la Sicile, dont Charles d'Anjou (oncle de Philippe III) était encore roi. Mais la politique de
Charles d'Anjou était des plus hasardeuses, bien qu'il ait réussi à faire élire un pape en 1281, Martin IV.
Il ne réussit même pas à se concilier les siciliens, qui après un appel vain au pape et le soutien du roi
d'Aragon, se révoltèrent. Ce fut les fameuses Vêpres siciliennes, immortalisées par Verdi, et qui virent le massacre
des français de toute l'île. Le roi d'Aragon débarqua en Sicile, en fit la conquête et se proclama roi. Le pape Martin
IV l'excommunia en proposant le royaume d'Aragon à un prince capétien. Après hésitation, Philippe III eut la
faiblesse d'accepter, en réservant le titre de roi à son fils Charles de Valois après conquête. Et malgré la mort de
Charles d'Anjou et du pape début 1285, il persista à vouloir conduire la croisade d'Aragon.
Cette croisade, à laquelle participe le jeune Philippe le Bel, débute en mars 1285. Elle se dirige d'abord
vers le Roussillon, alors tenue par Jacques II de Majorque qui est le vassal de Philippe III pour Montpellier. Ce
dernier s'arrange pour le favoriser et les français réussirent à prendre Perpignan, et avant de franchir les Pyrénées,
ils massacrent honteusement tout les habitants d'Elne (alors tenue par les Aragonais).
En Espagne le jeune prince réussit à prendre Figueras et Gérone tombe en septembre. Mais la flotte
royale est détruite au large de Rosas, et le 13 septembre, laissant un contingent à Gérone, le roi ordonne la retraite
sans avoir pris Barcelone. Malade, probablement du typhus, le roi meurt sur le chemin du retour, le 5 octobre
1285, au palais des rois de Majorque de Perpignan, et huit jours après Gérone est reprise par les argonais.
Les Capétiens
15
Il faut reconnaître que Philippe III ne fut pas remarquable en ce qui concerne la politique extérieure.
Surtout si on songe que après que le roi d'Angleterre Edouard I lui eut , en 1272, prêté hommage pour les terres
qu'il tenait de la couronne de France, le roi lui rétrocéda sans aucune compensation l'Agenais par le traité d'Amien
(1279). Mais c'est pourtant sous son règne que le domaine royal s'est le plus agrandi, et bien que son règne ne fut
qu'une transition, son bilan n'est pas négatif.
tableau généalogique des Capetiens directs