Thérapie Comportementale et Cognitive de la dépression
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Thérapie Comportementale et Cognitive de la dépression
Initiation aux Thérapies Comportementales et Cognitives Damien Fouques MCF Psychologie Clinique EPP ème 5 année 10-11 Bibliographie • Cottraux J., Les thérapies comportementales et cognitives, Paris, Masson, 1998 (Partie 1 : théories et principes) • Lelord, F. (1993). Les contes d’un psychiatre ordinaire. Paris : Odile Jacob. • Samuel-Lajeunesse, B. (dir.) (1998). Manuel de thérapie comportementale et cognitive. Paris : Dunod. • De Vries, H. (2000). Une phobie des papillons. Texte paru dans Psychologues et Psychologies, n° 154, pp. 5-11. • Palazzolo, J. (2007). Cas cliniques en thérapies comportementales et cognitives. Paris : Masson. pp.107-129. Introduction • Développement dans les années 50 • Face au modèle unique : la psychanalyse • Conflits entre ces deux modèles ont commencé dès l’arrivée des TCC. • En France, il faudra attendre les années 70, surtout 80. CH .I. TCC : 3 principes de base • 1. Les comportements sont appris • 2. Issues de la psychologie expérimentale • 3. Centrées sur l ’ici et maintenant 1. Les comportements sont appris • Fonction des interactions / environnement • Notion d’apprentissage : – Volontaires, conscients et bien d’autres non contrôlés – exemple • Comportements : sens large – un acte, une pensée – le comportement peut être observable (ouvert) ou interne (couvert). • Apprentissage de comportements adaptatifs – la plupart • Apprentissage de comportements non adaptatifs – Cas des symptômes • En TCC, les symptômes sont la résultante d’un apprentissage mal adapté Buts de la TCC : • Désapprendre les comportements inadaptés ou réduire leur fréquence, • Apprendre des comportements plus adaptés à notre environnement. 2. TCC : issues de la psychologie expérimentale • Filiation scientifique • Application de recherches en laboratoire au contexte clinique • Démarche scientifique : – On mesure, évalue, quantifie (échelles questionnaires, fréquence et intensité des symptômes) – / traitement : • on produit une hypothèse sur la manière dont le trouble a été appris (même si ce n’est pas indispensable) et surtout ce qui l’a maintenu. • Puis, on propose alors un plan de traitement, une démarche thérapeutique, avec des outils et techniques spécifiques, que l’on va tester, avec le patient. • Les techniques thérapeutiques ont été scientifiquement validées • Les TCC revendiquent leur approche scientifique 3. Les TCC sont centrées sur l’Ici et Maintenant • Comment le symptôme s’exprime aujourd’hui • Ce qui fait qu’il est toujours là • ≠ Psychanalyse : – Pas centré sur l’histoire ancienne CH. II. Les 3 lois de l’apprentissage Ivan PAVLOV (1849-1936) 1.Le conditionnement pavlovien (répondant) Le chien de Pavlov – stimulus inconditionnel rép. inconditionnelle (viande) (salivation) – s. incond + s. neutre. idem (viande) + (cloche) (salivation) – s. conditionnel réponse conditionnée (cloche) (salivation) • Il faut le plus souvent répétition • Sauf si vécu émotionnel intense • Une fois l’apprentissage fait : – Généralisation – Discrimination – Extinction John Broadus WATSON (1878-1958) • Travaux repris par Watson : – Behaviorisme ou Comportementalisme – S’intéresse au schéma : stimulus → réponse – Uniquement ce qui est observable (pas la « boîte noire ») • → un peu réducteur… • Skinner (années 40), s’intéresse au rôle de l’environnement : enrichit le modèle de Pavlov Burrhus Frederic SKINNER (1904-1990) 2. Le conditionnement skinnerien (opérant) • Le conditionnement skinnerien (opérant) • S Réponse Conséquences – Csq neutre : rien – Csq aversive : diminue probabilité de réponse – Renforcement : augmente probabilité de réponse – positif : R+ – négatif : R- • Attention !!! – R+ et R– R- ≠ Csq aversive • Différents types de renforçateur/ conséquences aversives : – – – – Physiologique : anxiété, stress Matériel : argent, cadeau Symbolique : reconnaissance Affectif : amour, affection • Lois qui le gouverne : – Acquisition : le renforçateur doit être proche dans le temps – Extinction survient quand le renforçateur s’interrompt – Généralisation – Discrimination Ex :Trouble panique avec agoraphobie • Pavlov : attaque de panique dans la voiture, • Généralisation : tous les moyens de transport : Bus, Metro, RER • Skinner : évite ses situations / R - : évite l’anxiété : renforce le trouble 3. L’apprentissage social ou vicariant. A. Bandura Albert BANDURA né en 1925 Grâce au modèle cognitif : Avancées de la psychologie cognitive : Ouverture de la boîte noire : étude des modalités du traitement de l’information. Le modèle de l’ordinateur : je saisis une information (input), je la traite : analyse, la stocke en mémoire et elle peut ressortir (output) Application de la psychologie cognitive aux troubles mentaux : psychopathologie cognitive Travaux de Beck et Ellis sur la dépression (détaillés plus loin) Aaron BECK né en 1921 Albert ELLIS (1913-2007) Travaux de Bandura • Apprentissage social (ou vicariant) par imitation • Dès fin des années 60 et surtout en 1977 • Des éléments cognitifs sont pris en compte dans les apprentissages ce qui n’était pas ou peu le cas jusqu’alors. • → Approche beaucoup plus sociale, cognitive, donc plus humaine que les précédentes. • Bandura critique : – la psychanalyse : où les motivations sont uniquement internes (les pulsions) – le behaviorisme : où les motivations sont uniquement externes (les renforcements). Pour Bandura, il y a une constante interaction entre l’individu et l’environnement et le comportement externe. • Pour Bandura, l’apprentissage vicariant se fait par imitation. • Deux types de processus régissent cet apprentissage : – les processus symboliques ou cognitifs (pensée, images mentales, croyances, …) – l’imitation : on apprend en observant des modèles réel, ou imaginaires • Bandura insiste beaucoup sur la dimension d’anticipation comme majeure dans les processus d’apprentissage • Dans l’apprentissage par imitation, Bandura distingue 4 stades : – 1 : l’attention : permet d’observer le modèle et de coder l’information – 2 : La rétention mnésique avec codage symbolique : on organise l’information, on la répète mentalement – 3 : la reproduction motrice : on agit – 4 : la motivation : qui intervient à chacun des 3 précédents stades • Il distingue 3 types de renforcements : • 1 : externe • 2 : vicariant : on observe un sujet puni ou récompensé • 3 : l’autorenforcement : lié à l’anticipation de la récompense, qui déclenche du coup l’attention en vue d’imiter le modèle. • L’échec peut s’expliquer par : – une absence d’observation, un mauvais codage, une incapacité, une motivation insuffisante • Quelques applications : – – – – Le comportement tabagique Les comportements violents (TV jeux video) La théorie de l’accessibilité du modèle Technique du modeling ou modelage et thérapie Ch. III. La Thérapie cognitive : introduction • • • • Modèle de la psychologie cognitive Années 60 A. Beck et A.Ellis modèle de la dépression Traitement de l ’information Situation Réaction Situation évaluation Réaction cognitive III.1.Le modèle de Beck • Dépression = traitement de l ’information dysfonctionnel • 3 éléments cognitifs : – Schémas – Processus de distorsion – Cognitions III.1.1Les cognitions • • • • • Pensées, images mentales Automatiques Involontaires Peu conscientes Plausibles – « je suis pas capable de … c ’est de ma faute » Les différents types de cognitions Interprétations: « il m ’ a dit ça uniquement pour me faire plaisir » Jugements de valeurs : « je suis nulle d ’avoir dit ça » Anticipations: « je vais m ’ennuyer à ce dîner » Ruminations : « j ’aurais dû me taire » La triade cognitive de Beck (1976) • Les cognitions dysfonctionnelles du déprimé concernent : – Lui-même : « je suis un raté » – L ’environnement : « rien ne va plus de nos jours » – L ’avenir : « ça ne s ’arrangera pas » III.1.2.Les distorsions cognitives INFERENCE ARBITRAIRE : « il ne m ’a pas parlé parce que je ne suis pas de bonne compagnie » ABSTRACTION SELECTIVE : se focaliser sur le négatif SURGENERALISATION : « ma fille a eu 2/20 en maths, elle va rater sa vie » Les distorsions cognitives PERSONNALISATION « ma fille a eu 2/20 en maths, c ’est de ma faute, j ’étais aussi nulle en maths » MAXIMALISATION DU NEGATIF MINIMALISATION DU POSITIF RAISONNEMENT DICHOTOMIQUE III.1.3.Les schémas cognitifs • Ensemble de croyance sur soi et sur le monde • Structures stables, acquises, élaborées en fonction des expériences passées • Influencent le traitement de l ’information (métaphore du prisme) • Schémas fonctionnels vs dysfonctionnels Nature des schémas dysfonctionnels Impératifs, ayant trait, par exemple, à : L ’AMOUR : « il faut que tout le monde m ’aime pour que je sois heureux » LA PERFORMANCE : « Je dois réussir tout ce que j ’entreprends » L ’APPROBATION : « si je contrarie les autres je vais perdre leur affection » Activation des schémas dépressifs Evénement : Marie n ’est pas venue alors que c ’était prévu Cognition : Marie se moque de moi, (inférence arbitraire), personne ne m ’aime (surgénéralisation) Schéma : Si je ne compte pas pour les autres, ça ne vaut pas la peine de vivre Conséquences : tristesse, pensées négatives, ... Le modèle de Beck • Expériences précoces (enfance) • Evénements de vie • traitement cognitif erroné • Élaboration de schéma dysfonctionnels • activation des schémas • cognitions dépressives • • • • • • CH IV. Pratique psychothérapeutique IV.1. principes généraux Thérapie contractuelle Thérapie ciblée sur le symptôme Patient actif (tâches à effectuer) Partage de la théorie Démarche empirique Travail collaboratif Modèle tridimensionnel de Lang (1968) Émotion Comportement Cognition IV.2.Style relationnel • • • • • • Empathie Questions ouvertes Reformulation Implication personnelle du thérapeute Feed back Notion d ’accessibilité du modèle IV.3. Les techniques de bases comportementales • • • • Exposition : trb anxieux +++ Désensibilisation systématique : relaxation Auto-observation Jeux de rôle IV.4.Les techniques cognitives • Restructuration cognitive: – – – – – repérant les cognitions identifier leurs conséquences (émotions, cpt) critiquer les cognitions repérer les schémas assouplir les schémas Les techniques thérapeutiques : repérer les cognitions • Les trois colonnes de Beck : – Situation : Marie n ’est pas venue aujourd’hui – Émotion : tristesse, découragement – Cognition : « Elle ne m ’aime plus » Les techniques thérapeutiques : critiquer les cognitions • Statut hypothétique : « admettons que Marie ne vous aime plus, et que c ’est pour cela qu ’elle n ’est pas venue; mais pourrions trouver d ’autres explications au fait qu ’elle ne soit pas venue vous voir? » • % de croyance en la cognition Les techniques thérapeutiques : critiquer les cognitions • 5 colonnes de Beck : (situation, émotion, cognition, pensée alternative, résultat) • Puis, même technique pour les schémas • • • • IV.6.Le déroulement d’une thérapie cognitive exemple de la dépression Séances hebdomadaires (3 à 18 mois) 45 min environ Structurées avec objectifs Feed back réciproque Le déroulement de la thérapie • Séances 1 à 3 : analyse fonctionnelle, objectifs spécifiques, information, contrat, échelles • Séances 4 à 6 : premiers exercices • Séances 7 à 11 : modifications des cognitions • Séances 12 à 16 : travail sur les schémas • Séances 17 à 20 : prévention des rechutes Les techniques thérapeutiques : le comportement dans le traitement de la dépression • Planning d ’activités (progressif) • Développement d ’activités de plaisir • Si besoin : Relaxation, affirmation de soi Objectifs • Amélioration thymique par le travail sur les cognitions, les schémas • Apprentissage chez le patient de stratégies efficaces pour prévenir les rechutes L’analyse fonctionnelle • • • • • Point crucial de la thérapie (cf : TD) Kanfer et Saslow (1969) Schéma SORC Grille BASIC IDEA (1985) Grille SECCA (1990) Intérêt et indications de la thérapie cognitive de la dépression • • • • • Efficacité démontrée Traitement des épisodes Prévention des rechutes Améliore l ’observance Dépression résistante, trouble de la personnalité, trouble bipolaire Ch. V. Exemples de Modèles étiopathogéniques • V.1.Attaques de panique et agoraphobie – Pavlov + skinner : • Conditionnement interoceptif : – Vulnérabilité biologique : att. déclenchée sans lien avec un stimulus externe – L’att devient un stimulus inconditionnel associé à la situation externe : situation devenant phobogène – Répétition dans différents lieux = généralisation – Ajout de conditionnements interoceptifs (accélération cardiaque = att) – Évitement (conditionnement opérant par renforcement négatif) – Evolution (alcool, EDM, hypochondrie) pour réduire l’ anxiété Modèles étiopathogéniques • Modèles cognitifs : – Schémas cognitifs de danger chez les phobiques ( MLT) – - ’tunnelisation’ des perceptions : • De l’environnement • Des sensations corporelles Modèles étiopathogéniques • Modèles cognitifs : • Modèle de Barlow (2002) : – Vulnérabilité génétique – Évènements de vie – Réaction de stress : vraie alarme, puis fausses alarmes – Vulnérabilité psychologique : alarme apprise : croyance en l’imprévisibilité de l’événement, absence de contrôle Modèles étiopathogéniques • V.2. Exemple de la dépression : – Lewinsohn (1974) : Perte de R+ – Seligman (1975) : impuissance apprise : • EDM = perte de lien entre acte et R+ • Modèle expé. d’inhibition de l’action : – Expé sur les chiens – Impuissance apprise et modifs biologiques – Dimension cognitive : contrôle sur l’environnement Ch VI. Indications des TCC • Troubles anxieux, dépressifs, sexuels, addictifs, de la personnalité, … • Problème ciblé • Personnalité du patient • les comorbidités augmentent la durée et la complexité du traitement Conclusion : Limites et critiques • Question du déplacement? • Prise en compte du « sujet » ? • Suprématie du « scientifique »?