actes atelier enda M.. - diapode

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actes atelier enda M.. - diapode
ATELIER NATIONAL DU PROGRAMME DIAPODE
« DIASPORAS POUR LE DEVELOPPEMENT »
Les Marocains du monde, des acteurs du développement
Le vendredi 23 avril 2010 à l’hôtel Golden Tulip Farah, Rabat-Maroc
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Actes de l’Atelier
I- Allocutions d’ouverture
- Mot de Mme la représentante du Ministère de la Communauté Marocaine de l’Etranger
Après avoir salué Enda pour son initiative d’organiser au Maroc cet atelier national de réflexion sur les
diasporas et le développement, Mme la représentante du MCME, a présenté la stratégie et la vision du
Ministère. Celles-ci se résument par les principaux axes d’intervention suivants :
 La diaspora marocaine est importante : 3300.000 des migrants résident en Europe ; ceux-ci ils
représentent 85% de l’ensemble des marocains résidant à l’étranger ;
 Renforcement de la contribution des MRE dans le développement économique et humain notamment
par la mobilisation et le transfert des compétences scientifiques et techniques ;
 Volet investissement : créer des facilités pour les Marocains Résidant à l’Etranger ;
 Secteur du tourisme : MRE représente 40% des touristes au Maroc ;
 Principaux axes de la vision :
-
Accompagner et soutenir les MRE dans leurs démarches et leurs projets
Défendre leurs intérêts et leurs droits
Faire participer par l’inclusion dans les différents cadres de concertation et de consultation
Encourager l’investissement
- Mot d’un Représentant des Marocains de l’Etranger
Au nom des émigrés marocains, M. Issam MASSOUDI (Acteur associatif membre de la fédération de Figuig),
a donné un aperçu historique de la migration au niveau de la région de Figuig, puis a apporté un témoignage
et des exemples d’actions menées par les émigrés natifs de Figuig dans le développement de leur région, et
ce, en coordination avec les associations locales organisées par quartiers appelés « ksars ». Il a ainsi abordé
les points suivants :
Le début de l’émigration date des années 50 et a pour première destination les pays d’Europe.
60% des immigrés originaires de Figuig résident en France.
La région de Figuig a été et est encore en partie une zone délaissée par les pouvoirs publics.
L’organisation des associations membres de la Fédération est originale. Elle est à la fois une
force et peut être une faiblesse : chaque association locale à Figuig et son antenne en France
sont fondées sur l’unité géographique du ksar (l’équivalent du quartier). Les ressortissants des
associations répartis sur le territoire français et notamment dans la région Ile de France
contribuent pour beaucoup au financement des associations locales au Maroc, les fonds
associatifs des ksars restant faibles. Cette organisation garantit un ancrage et une dynamique
locale très forte de la fédération de Figuig et de ses membres en France. Les domaines
d’intervention sont nombreux et contribuent directement à l’amélioration de vie des
populations (santé, éducation, eau et assainissement).
On a tout à l’heure mentionné les « compétences » des marocains résidant à l’étranger. Or l’exemple de
Figuig montre que le champ des compétences ne se réduit pas aux compétences scientifiques et techniques
d’immigrés qualifiés. De nombreux immigrés originaires de Figuig en France ont travaillé de nombreuses
années dans les services d’assainissement de la Ville de Paris. Ces derniers ont très activement participé à
l’accès à l’assainissement de base à Figuig et cela n’a nécessité aucun recours à des compétences techniques
extérieures.
Les principaux défis sont aujourd’hui la capacité de la Fédération de Figuig à porter ses propres projets au
delà des intérêts locaux des différents ksars, une participation renouvelée notamment de la part des jeunes
générations et l’investissement de nouveaux domaines d’actions relatifs notamment à la protection de
l’environnement.
- Mot du Coordinateur d’Enda Maghreb
Mr Hamid CHRIFI , au nom d’Enda Maghreb, a remercié les participants pour leur présence, puis a rappelé
les objectifs de l’atelier et du programme DIAPODE qui concordent parfaitement aux principes et missions
d’Enda Maghreb. Il a aussi précisé que l’atelier vise, au- delà d’une simple rencontre ponctuelle centrée sur
la diaspora, une meilleure coordination entre les différents acteurs incluant les acteurs « migrants ». C’est
cette coordination qui manque trop souvent et qui pourtant permet d’enclencher des dynamiques pérennes
de développement. En guise d’éléments de cadrage de l’atelier, il a mis l’accent sur :
- dépasser la vision consistant à considérer le migrant comme un pourvoyeur de fonds, mais bien
plutôt comme un gisement de compétences ;
- identifier des relais socioéconomiques locaux pour une meilleure coordination et une circulation de
l’information entre acteurs locaux au Maroc et les ressortissants marocains ;
- élargir les champs d’action vers une gestion durable et concertée de l’environnement ;
- renforcer et améliorer les cadres de concertation existants au sujet des stratégies nationales de
développement : exemple de l’adoption de la charte nationale pour l’environnement et le
développement durable selon une approche pluraliste
II- Séance plénière
1- Présentation du programme DIAPODE (voir
résumé de l’intervention en annexes)
Après un aperçu succinct sur l’ONG
internationale Enda Maghreb (missions, vision,
démarches, etc.),M Souleymane B AH a fait une
présentation de DIAPODE (objectifs, résultats
attendus, pays concernés, rencontres et études
réalisées) et des perspectives (lancement de
site web, partenariats stratégiques, intégration
de dimensions migration et développement)
Participants à l’atelier de restitution, Rabat, le 23 avril 2010
2- Présentation de l’étude intitulée « L’impact des transferts collectifs sur le développement du Maroc »
(voir résumé de l’intervention en annexes)
Mlle Hajar ELMOUKHI a présenté un résumé de l’étude citée au dessus. Elle a mis l’accent sur la
méthodologie adoptée, la problématique, les hypothèses de travail, les résultats retenus et la synthèse
générale de cette étude ainsi que les contraintes rencontrées.
3- Présentation de l’étude Nord (voir résumé de l’intervention en annexes)
Mlle Mélodie BEAUJEU (Enda Europe) a apporté des éclairages complémentaires sur l ’étude Nord (objectifs
de l’étude, données statistiques, conclusions), dans une optique de réinscrire l’expérience marocaine dans le
contexte plus global des actions d’Enda Tiers-Monde. Enda = 1 et plusieurs (mêmes visions, missions,
principes mais diversité des entités) – et d’une vision commune des migrations comme un apport mondial
positif.
III- Discussion/Débat
Un débat a ensuite été ouvert, les principaux éléments abordés ont été les suivants:
Intervention de l’association Khouribga :
 Montage de projets et partenariat : Quels partenariats peuvent être envisagés avec des associations
de ressortissants, comment communiquer ?
 Quels services communs d’appui les acteurs locaux peuvent-ils proposer aux migrants qui souhaitent
s’investir dans des activités sociales
Intervention d’une responsable associative de Fès :
Il existe une coopération décentralisée entre la Ville de Montpellier et la Ville de Fès mais pas, à sa
connaissance, de participation des associations de ressortissants marocains. Quelles seraient les pistes et
passerelles à construire pour travailler d’avantage avec ces associations ?
Intervention de l’association Elhocima

Il serait souhaitable de contacter pour ce type d’atelier d’autres associations de développement
local oeuvrant dans le domaine de la migration et d’avoir un ancrage plus local par l’organisation
des prochains rendez-vous dans les différentes localités en lien avec les activités d’Enda Maghreb.
Deux intervenants, dont un universitaire spécialiste des problématiques migratoires et deux responsables de
l’Association GADEM ont attiré l’attention sur plusieurs points de vigilance :
La notion de co-développement est centrale dans le travail amorcé par Enda Maghreb dans le cadre de
Diapode. Or, il convient dans le contexte politique actuel d’être très vigilant quant à la définition donnée au
co-développement : s’agit-il de l’utilisation des transferts de l’argent des migrants ? La vision aujourd’hui
proposée par les Etats d’origine comme les Etats d’accueil est étroitement utilitariste, restreinte à la
contribution des compétences des migrants ou « diasporas qualifiées » à la croissance économique. Il s’agit
de savoir pour quel développement en appelle-t-on à la participation de la diaspora et, d’autre part, qu’en
est-il de la reconnaissance des droits humains qui devraient être au fondement de l’approche défendue et
qui se trouvent, de fait, de plus en plus écartés et transgressés dans le cadre des politiques actuelles
nationales et européennes. Cela est particulièrement vrai pour les migrants d’Afrique subsaharienne qui
sont chassés aux portes de l’Europe par le Maroc. Quelle place leur donne-t-on dans un programme comme
Diapode ? Il est important qu’une organisation comme Enda Maghreb se positionne clairement sur ces
questions dans un contexte connu.
Participants à la plénière, Rabat, 23 avril 2010
Des éléments de réponses ont été
fournis par Souleymane Bah, d’Enda
Maghreb et Mélodie Beaujeu d’Enda Europe.
Concernant la première série de questions relatives aux moyens de communication et d’informations à
développer entre acteurs locaux et associations de migrants en France et en Europe, le programme Diapode
vise justement à favoriser ces liens ; et ce, par différents moyens :
-
un site internet : http://diapode.enda-europe.org, qui donne une visibilité aux projets d’ONG
locales de développement au Maroc et les associations de ressortissants en France et en Europe en
contact avec Enda Europe.
-
Des rencontres qui seront encore organisées tout au long de l’année 2010 en veillant autant que
possible à la présence des associations de ressortissants
-
et, enfin un travail de mise en relation par les responsables de Diapode à Enda Europe et à Enda
Maghreb.
Cependant, il est clair que d’autres acteurs de la société civile doivent se mobiliser si on souhaite un
véritable impact. L’espace associatif, dont plusieurs représentants sont présents aujourd’hui, pourrait être
un lieu pertinent de renforcement de la thématique migrations et développement, et de renforcement des
liens entre associations locales et associations de migrants.
En ce qui concerne les questions relatives à l’approche du co-développement et la place des droits des
migrants, le contexte politique actuel est bien connu. Enda participe aux différentes mobilisations (Des Ponts
pas des Murs en France) et aux groupes de travail s’efforçant de replacer les droits des migrants (droits
fondamentaux mais aussi droits sociaux, civiques, droits au regroupement familial) au centre des pratiques
de co-développement. Une plate-forme a été spécialement créée au niveau européen, Eu-Nomad, et Enda
Europe en assure la vice-présidence. Il convient aussi de rappeler qu’Enda Tiers-Monde à travers ses
différentes antennes, au Nord comme au Sud, promeut la dimension sociale et humaine du développement
durable ; et ce, bien une vision et une pratique du développement durable fondée sur le volet social et
humain (amélioration des conditions de vie des populations dans le respect de l’environnement) en
opposition à une approche étroitement économiste et productiviste. Ce sont ces mêmes pratiques et cette
vision que nous nous efforçons de défendre en y intégrant la dimension « migrations » et les organisations
de migrants en tant qu’acteurs à part entière de cet effort commun.
IV- Synthèse des ateliers 1 et 2
Après avoir présenté en succinct une récapitulation des résultats ressortis de la séance plénière, les
travaux de l’après midi ont été dédiés intégralement aux réflexions des groupes de travail, afin
d’aborder les programmes d’actions menés par les acteurs de développement au Maroc favorisant
l’implication de la diaspora, et de réfléchir sur le renforcement des capacités et le partage des
expériences.
Il a été souligné qu’au Maroc, l’action d’Enda consiste essentiellement à contribuer à améliorer
l’impact des initiatives portées par les migrants et les associations en terme s de développement (et
pas de gestion migratoire), tant sous l ’ angle opérationnel qu’ analytique, dans les efforts nationaux de
développement. Une priorité est accordée à la lutte contre la détérioration de l’état de
l’environnement, un domaine d’expérience importante d’Enda Maghreb.
Les ateliers ont été des moments importants de réflexion, d’échange et de partage de pratiques et
d’idées entre les différents acteurs participants (associations de développement local, recherche,
Conseil Consultatif des Marocains Résidant à l’Etranger, presse). Ces ateliers ont visé à élaborer des
recommandations et des alternatives relatives aux deux thématiques suivantes :
Atelier 1 : Comment intégrer la dimension « migration et développement » dans les actions de
développement des acteurs classiques ?
Atelier 2 : Quelles implications de la diaspora autour des enjeux environnementaux au Maroc ?
Déroulement /Débat :
Les principales questions soulevées et propositions ont été les suivantes :
Un premier enjeu important déjà souligné pendant la plénière est de favoriser la communication et
concertation entre acteurs de la société civile marocaine au Maroc et en Europe (les ressortissants) : d’abord
en organisant des rencontres localement et en les capitalisant (résultats des échanges, activités des
associations) au sein d’un point focal qui pourraient être Enda Maghreb et/ou l’Espace associatif.
Pour instaurer la confiance entre les différents acteurs qui se connaissent peu du fait de la distance
géographique, il est aussi souhaitable de développer des actions directes de terrain, à petite échelle pour
ensuite généraliser l’expérience à une échelle nationale et régionale par le biais de partenaires
internationaux (PNUD-Communauté Européenne). Il existe bien sûr des réseaux qui oeuvrent déjà en
ce sens tels qu’IDD ou Migration et développement, mais seules les organisations membres de ces
réseaux sont concernées. Il convient donc d’élargir plus systématiquement aux autres acteurs de
développement local peu sensibilisés sur la thématique migrations et développement.
Le problème qui se pose lorsque l’on évoque le changement d’échelle est de savoir si les instruments
actuels de financement peuvent favoriser l’intégration de la dimension migration dans les actions de
développement, sachant que les organisations de migrants sont généralement de petite taille
composées pour l’essentiel de bénévoles. On voit émerger certaines initiatives telles que l’initiative
UE-PNUD mais celles-ci restent à ce jour isolées et la question de leur pérennité se po se. Il faut donc
que le travail en réseaux entre acteurs de développement et associations de migrants intègrent un
fort aspect de formation/appui au montage de projets et les institutions responsables doivent se
mobiliser en ce sens pour se donner les moyens de leurs ambitions.
Un autre enjeu important est la participation des ressortissants dans l’élaboration en amont des
politiques et stratégies de développement local et national. Si l’on prend le niveau national , des
espaces de concertation ont été mis en place ; ce qui n’était pas le cas auparavant. Cela a été par
exemple le cas pour l’élaboration de la charte nationale de l’environnement. Mais la méthodologie
s’est révélée assez décevante : juxtaposition des expériences de manière non structurée. La qu estion
se pose de savoir ce qui est tiré concrètement en tant que recommandations et propositions de ce
type d’expériences et de s’interroger sur la volonté politique qui les motive. Dans la mesure où la
diaspora est si souvent manipulée pour des visées politiques, sans lien nécessaire avec des objectifs
de développement en tant que tels, la société civile devrait créer une plateforme propre à elle et être
davantage à l’initiative de ces exercices de concertation. Il parait clair en effet qu’à un moment ou à
un autre le volet politique/démocratique doit être présent. Par exemple le Maroc va créer l e Conseil
économique et social. La question est de savoir quelle place occuperont les MRE et les ONG dans ce
conseil ?
- Relevés de décisions en réponse aux différentes suggestions :
Enda Maghreb en coopération avec Enda Europe continueront dans le cadre du programme Diapode
qui se termine fin 2010 à faciliter par l’organisation de rencontres, l’inclusion aussi souvent que
possible de la dimension migrants/migrations dans les projets et les cadres de concertation collectifs
existants et par l’information sur le site internet afin de faciliter les liens et l’information entre les
migrants et les autres acteurs du développement. Néanmoins , il est important que d’autres
organisations de la société civile se mobilisent pour un impact réel de l’action engagée. Enda Maghreb
ne peut entreprendre seul ce travail de longue haleine qui se veut collectif.
Une prochaine journée sera organisée en juin/juillet 2010. Elle sera r éservée aux débats et réflexions
sur une thématique environnementale. Cette journée sera tenue à Fès ou au sud du Maroc (selon le
degré d’implication des associations et des acteurs locaux). En s’appuyant sur les contacts existants au
niveau des institutions un travail de plaidoyer sera mené auprès des instituions européennes et
internationales (PNUD, …) pour une adaptation des outils de financement aux contraintes des
nouveaux types de partenariats. Il est aussi important d’inscrire les actions dans les coopérations
centralisées (exemple avec le Secrétariat d’Etat à l’Eau et l’Environnement) et décentralisées (centres
provinciaux d’Education environnementale/Observatoires régionaux de l ’environnement).
V- Conclusion des travaux des ateliers
Une restitution des travaux des groupes a permis de faire ressortir une synthèse et une série de
recommandations, elle a été suivie de débat/discussions qui ont donné lieu au contenu d’une
stratégie qui va servir pour renforcer l’action des associations/acteurs institutio nnels/secteur privé, et
pour favoriser la mise en place d’une plateforme et/ou de réseau fonctionnels, dans le domaine du
développement.
A cet effet, l’ONG Enda Maghreb a été proposée comme plateforme/coordination pour le suivi et la mise
en œuvre des recommandations ressorties de cet atelier national.
Remerciements