Cadran de berger

Le cadran de berger.
Cadran en cuivre du musée de Tessé. Le Mans.
L’astronomie appliquée à la lecture de l’heure ou au positionnement par
rapport au soleil et aux étoiles est fort ancienne.
Par expérience, voyageurs au long cours, Paysans et Marins, ont toujours su
« lire » l’heure en observant des ombres projetées. Celle d’un homme debout,
celle du mât ou celle d’un bâton fiché en terre. Basés sur ces observations, un
grand nombre d’appareils ont été inventés.
Parmi eux, l’horologium viatorum, l’horloge de voyageur, utilisée de tous temps
par les voyageurs et adoptée par les bergers des régions pratiquant l’estive loin
des fermes et hameaux habités. D’où son nom de cadran de berger, aussi appelé
montre de berger.
Les atouts du cadran de berger, petit cadran solaire à lecture verticale, sont
sa petite taille, la lecture directe et sans boussole, son faible coût et la facilité de
fabrication personnelle. Il n’est pas nécessaire de déterminer le nord. Pour précis
et simple qu’il soit, il n’est précis que pour une latitude donnée. Sa précision est
alors de l’ordre du quart d’heure. Lors de fouilles à Este près de Padoue il en a
été retrouvé un, daté du 1er siècle.
Le cadran de berger est un petit cylindre haut d’une dizaine de cm. Des
courbes horaires qui dépendent de la saison et de la latitude sont tracées sur un
papier ou directement sur le cylindre en bois ou métallique. L’ombre dont on lit la
longueur sur ce cylindre est celle d’un petit appendice horizontal, en général en
fer, appelé gnomon, style, stylet, doigt, lame, etc.
Le stylet est solidaire d’un anneau, couvercle ou chapeau qui tourne sur
l’extrémité supérieure du cylindre.
Graduations de l’association Méridienne, à Nantes.
Pour lire l’heure :
o on tourne le stylet pour l'aligner par rapport aux traits verticaux marquant
les mois, et, entre eux, les quinzaines ou décades.
o on tourne le cylindre et le style ensemble face au soleil de façon à obtenir
une ombre bien verticale.
o on lit la longueur de l'ombre sur les courbes graduées en heures.
L’extrémité de l’ombre donne l'heure.
Ce qui signifie que c’est la hauteur du soleil qui donne l'heure et non l’angle
horaire comme c’est le cas sur beaucoup de cadrans solaires.
Latitude1 du Puy en Velay, place du Breuil : 45°02’
Latitude du centre bourg d’Allègre : 45°12’
L’ombre devant être verticale, le long du tait du jour, le cadran de berger doit
lui aussi être tenu verticalement, d’où l’anneau, le ficelle ou la chaînette qui
permet de le suspendre à la manière d’un fil à plomb. La nécessité de verticalité
explique que le cylindre ne doive pas être trop léger car le stylet le fait pencher.
Le stylet doit être léger. Par commodité il est en général repliable, ce qui permet
au berger de ranger son cadran dans sa poche ou sa besace.
Maints bergers fabriquaient eux-mêmes leur cadran, notant par l’observation la
longueur de l’ombre et traçant ainsi les courbes horaires. Certains ont gravé leur
nom, un dessin, ou une inscription en patois Occitan telle que celle-ci à
l’attention d’un passant qui lui demanderait l’heure : « Aresto ti, passant,
regardo quanto es d'ouro é fouto me lo camp ».
Au XIe s, Herman de Reichenau (dit Herman Contractus, le contrefait, car il
était paralysé), possédant de grandes connaissances en histoire, musique,
mathématiques et astronomie, a inventé un astrolabe et amélioré l’horloge de
voyageur.
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Latitudes simplifiées, en degrés et minutes… C’est bien siffisant.
Au XIVe s, Jean Fusoris, religieux, astrologue et mathématicien, né en
Meurthe-et-Moselle et qui a contribué à améliorer les cadrans solaires, dont le
cadran de berger.
Pour parfaire la verticalité lors de l'utilisation, Jean Fusoris a notamment
conseillé :
1. d’équilibrer le poids du gnomon en plaçant deux styles en opposition, ou
un contrepoids à l'intérieur ;
2. de placer le marquage des mois qui se trouve en bas du cylindre dans la
partie supérieure, pour une meilleure précision ;
3. d’indiquer sur le gnomon la longueur de celui-ci. C’est une information
utile pour les mesures, rarement fournie avant son intervention.
Dessin de cadran de berger dû à Jean Fusoris.
L’association Méridienne explique sur son site la fabrication d’un cadran de
berger simple et efficace. Basée à Nantes Méridienne donne les courbes pour la
latitude locale.
Voici les dimensions usuelles d’un cadran de berger :
Diamètre : 3,2 cm ; Hauteur : 12,5 cm ; longueur utile du stylet : 5,5 cm.
L'ombre du soleil est portée sur les lignes horaires imprimées sur le cylindre,
variables suivant les saisons, et calculées pour une latitude donnée. Très simple
à utiliser, ne nécessitant pas de boussole, ce type de cadran de voyage, appelé
aussi montre de berger se vendait cinq francs en 1849 à Paris.
Références.
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L’association Méridienne, à Nantes.
Le logiciel Shadows. Il donne les courbes en fonction de la latitude.
Cadrans solaires. Les comprendre et les construire. Jean-Noël Tardy.
Edisud. 1995.
Cadran du musée Galilée
Association La Neira
2014
G. Duflos