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De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL De tout temps, l’homme a cherché à reproduire de la musique ou la voix humaine par des machines. Des procédés mécaniques aux procédés électromagnétiques, quelles sont les étapes qui ont donné vie au mp3 ? Au XIXème, c’est l’essor des instruments mécaniques automatisés. Les tabatières musicales font fureur. C’est seulement en 1866, à Leipzig, que Paul Lochmann eut l’idée de remplacer le cylindre pointé par un disque métallique. Ce dernier est garni sur une face d’aspérités qui sont de fines lamelles de métal coupées par emboutissage sur la surface du disque et recourbées sur elles-mêmes sur l’autre face. Au départ, l’idée est de réduire l’encombrement vertical afin d’intégrer plus facilement des boîtes à musique dans les montres à gousset. Naissent alors une nouvelle génération de machines musicales, appelées Polyphon ou Symphonion (du nom de leur marque). Le disque peut être disposé soit verticalement (machine à disque en buffet), soit horizontalement (musique à disque de table). Ces instruments permettent une attaque plus franche et donnent des basses plus profondes. Les disques mesurent de 10 à 70 cm de diamètre. I. LE TEMPS DES AUTOMATES 1. Les boîtes à musique Les premiers automates musicaux datent du IIIème siècle av. J.-C en Egypte. A l’époque, les automates soufflent dans des flûtes, mais sans essayer de reproduire une mélodie. Le but est avant tout d’être spectaculaire. Il faut attendre les années 813-833 et les trois frères Banu Musa à Bagdad pour trouver les premiers exemples de musique programmée à l’aide d’un cylindre. En 1796, Antoine Favre invente à Genève la boîte à musique. C’est un peigne de lamelles métalliques mises en vibration par les picots d’un cylindre. Débute alors l’âge d’or des automates. Certains personnages animés jouent désormais réellement de leur instrument, comme Le Joueur de Flûte de Vaucanson ou La Musicienne de Jaquet-Droz. Les boîtes à musique accompagnent alors des automates, la musique permettant de masquer les bruits mécaniques engendrés par leurs mouvements. La construction de ces nouveaux instruments est beaucoup moins compliquée et demande une précision moindre que celle des boîtes à musique à cylindre. Les disques étant fabriqués par emboutissage, ils pourront être reproduits sans difficulté. Les mécanismes et les coffrets des différents modèles seront fabriqués en série, ce qui permet de réduire considérablement le prix d'un instrument. De plus, le système de disques permet à l’utilisateur d’augmenter sa collection, rendant les boîtes à musique à disques plus attrayantes que les musiques à cylindre. Plus robustes, plus sonores et moins coûteuses, on pourra souvent 1 La joueuse de tympanon, 1784, Inv. 075010001 ; Cette automate peut jouer jusqu’à huit airs différents sur un véritable tympanon. 1 De la boîte à musique à la musique numérique trouver dans les cafés des boîtes à musique de grandes dimensions munies d'un monnayeur et d’une grande caisse de résonance, voir même d’un chargeur de disque automatique. Libre alors à l’utilisateur de choisir le disque qu’il souhaite écouter. C’est l’ancêtre du juke-box. LE PETIT JOURNAL La crise des années 30 mettra fin à leur commercialisation, le piano mécanique étant plus cher et plus encombrant que les nouveaux moyens de reproduction du son. 3 Pianola Piano, 1905, Inv. 21812- 2 Polyphon, 1892, Inv. 44228-0001- 2. Les instruments mécaniques Apparaissent à cette période des instruments mécaniques. L’idée est d’utiliser de véritables instruments qui joueraient tous seuls. Il existe nombre d’instruments mécaniques qui furent créés : pianos, violons, voir même des ensembles de plusieurs instruments, le tout automatisé. Les pianos mécaniques auront un rôle important dans la sonorisation du cinéma muet. A l’époque, les films sont rythmés par une musique jouée par un pianiste sur place qui essaie d’adapter son jeu à ce qui se passe à l’écran. Avec les pianos mécaniques, un projectionniste peut désormais jouer du piano pendant le film, sans l’apport d’un professionnel. Il est intéressant de noter qu’un piano mécanique peut aussi être utilisé comme un piano classique. II. Invention et progrès de l'enregistrement sonore acoustique de 1877 à 1970 1. Les phonographes (1877-1930) Le 18 décembre 1877, Thomas A. Edison dépose en France le brevet du premier appareil capable d'enregistrer et reproduire les sons. Il remet le 15 janvier 1878 un certificat d'addition dans lequel l'appareil est baptisé « phonographe ». Le principe de cet appareil est simple. Le son est une vibration mécanique se propageant dans un milieu matériel. Edison imagine donc un dispositif permettant de convertir ces vibrations en un sillon, gravé sur un support solide, dont les variations de profondeur suivent celles du son. On a ainsi converti le signal sonore en un « signal » d'une autre nature, la déformation du milieu matériel. Le phonographe est formé d'un cylindre métallique horizontal monté sur un axe fileté. Une manivelle située au bout de cet axe permet ainsi d'entraîner le cylindre selon un mouvement hélicoïdal le long de cet axe. Pour enregistrer, on enroule tout d'abord une feuille d'étain sur le cylindre : c'est dans cette feuille que le sillon est gravé. Ce sillon est gravé par un stylet relié à une plaque vibrante disposée au fond d'un pavillon : lorsqu'on parle dans le pavillon, les Au début du XXème siècle, le Pianola Piano constituait avec le phonographe la principale source de musique au sein des foyers. Les plus grands pianistes et compositeurs de ce temps (Debussy, Joplin, Strauss, Ravel, Stravinsky…) ont réalisé des enregistrements pour piano mécanique. Au total, deux millions de pianolas sont fabriqués dans les trente premières années du XXe siècle, avec un répertoire comprenant plusieurs milliers de titres. 2 De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL procurer des disques préenregistrés pour l'alimenter. ondes sonres font vibrer la plaque et donc le stylet. Il suffit donc de tourner la manivelle tout en parlant dans le pavillon pour réaliser l'enregistrement. La reproduction se fait en ramenant le cylindre à son point de départ et en remplaçant la tête enregistreuse par une tête lectrice. Le point faible de cette invention avait été le choix de la feuille d'étain : le son obtenu était de mauvaise qualité et disparaissait après quelques lectures, l'étain étant trop malléable pour garder longtemps la trace reçue. Edison absorbé par son invention de la lumière électrique et délaissant quelque peu l'enregistrement sonore, il fallut attendre près de dix ans et le graphophone de Tainter et Bell (l'inventeur du téléphone) pour que les premiers appareils soient commercialisables. D'un point de vue technique, la feuille d'étain est remplacée par un cylindre de carton recouvert d'une couche de cire, le « récepteur » (tête enregistreuse) et le « parleur » (tête lectrice) sont encore différenciés et améliorés. Profitant de ces améliorations, phonographes et graphophones furent présentés aux Expositions de Londres (1888) et Paris (1889) où ils suscitèrent l'admiration. A ces variantes d'une même invention, phonographe et graphophone, s'ajoute bientôt une troisième, le gramophone de Berliner, inventé en 1888 mais dont la commercialisation débutera réellement en 1909 seulement. Le support d'enregistrement est pour la première fois un disque. De plus, la gravure n'est plus en profondeur, c'est une inscription latérale présentant l'avantage d'exiger moins de puissance pour la mise en mouvement du stylet. Le gramophone inaugure aussi la série des machines parlantes non réversibles : il est impossible de réaliser soi-même ses enregistrements et il faut donc se 1 Phonographe d’Edison, 1878, Inv. 08920 Ces premières machines reproduisent correctement la parole mais ne possèdent aucune qualité musicale. Au début des années 1890, ses promoteurs songent alors à la mettre en location (sur le même modèle que le téléphone) pour faire une machine postale, créant ainsi la « lettre parlée » : les enregistrements sur cylindre remplacent les lettres écrites. Mais la poste parlée est un fiasco. Certains phonographes servent aussi de machines à dicter. Cependant, peu à peu, ces machines de bureau sont reconverties par leur loueur en machines à sous débitant les dernières chansons à la mode. Cet usage musical du phonographe s'impose alors très rapidement. En France, Charles Pathé découvre ainsi le phonographe d'Edison à la Foire de Vincennes de 1894 : devant le succès rencontré par ces Juke-box avant la lettre, il décide de rassembler les 1800 F nécessaires à l'achat et parcourt les foires. Les autres forains sont étonnés du profit que tire Pathé de son phonographe, ce qui lui donne l'idée d'importer de Londres des phonographes achetés à un prix de gros. Cela lui permet de commencer une carrière commerciale. En 1896, il fonde avec son frère Emile une industrie nationale du disque et du 3 De la boîte à musique à la musique numérique cinéma, la société Pathé Frères, qui commercialise phonographes et graphophones importés, édite des cylindres puis fabrique progressivement ses propres phonographes. En 1906, Pathé lance ses disques à gravure verticale, ainsi que les phonographes pour les jouer : le Pathéphone de 1910 exposé au musée en est un exemple. Les cylindres sont ainsi abandonnés au profit du disque plus rapidement en France (dès 1910) qu'aux Etats-Unis ou en Angleterre. LE PETIT JOURNAL (ou celle de la tête lectrice). C'est l'enregistrement magnétique qui, le premier, résoudra ces difficultés. 2. Electrophone et microsillon (19241970) Les différents types de phonographes exposés jusqu’ici font uniquement appel à l’inscription mécanique des sons : que ce soit lors de l’enregistrement ou de la lecture, aucun n’utilise l’intermédiaire de l’électricité (la manivelle permettant de faire tourner le disque est remplacée par un moteur électrique mais l’enregistrement et la lecture se font par des procédés purement mécaniques). Dès 1919, les compagnies GramophoneColumbia (en Angleterre) et Bell Laboratories (aux Etats-Unis) travaillent pour appliquer au disque les moyens électriques utilisés par la radiophonie naissante. En 1925, grâce aux progrès de l’amplification des signaux électriques et de la microphonie, le premier enregistrement électrique sur disque est réalisé aux Etats-Unis. Le disque mesure 25 cm de diamètre et permet d’enregistrer sur une durée de 5 minutes. L’électrophone est né. 2 Phonographe Pathé, 1910, Inv. 20704 De nombreuses améliorations seront apportées aux phonographes : la galvanoplastie (procédé permettant de réaliser par électrolyse un moule en métal du disque) et le pressage des disques, les dispositifs d'amplification du son permettront d'améliorer la qualité de l'enregistrement et de la reproduction. Les premiers appareils à pavillon intérieur (et donc plus facilement transportables) apparaissent en 1913. Leur prix diminuant, les phonographes se répandent dans de nombreux foyers de 1906 à 1930. Mais un problème demeure, celui de la longue durée : la durée maximale d'enregistrement n'excède pas quatre minutes par disque. Cela pose notamment problème pour la radiodiffusion, en plein essor au début des années 1930 : les opérateurs doivent changer les disques très fréquemment. De plus, le problème de l'usure du support d'enregistrement est insoluble : le contact mécanique nécessaire entre le stylet et le disque engendre nécessairement son usure 3 Microphone à charbon Voxia, 1925, Inv. 20812 Le principe de cet enregistrement électrique est simple. Le but est toujours de graver un sillon dans un disque de cire. Mais, au lieu de faire vibrer le stylet graveur directement grâce aux ondes sonores, on passe par l’intermédiaire d’un microphone. Ce microphone convertit les ondes sonores en oscillations électriques. Celles-ci sont amplifiées puis transmises à un graveur 4 De la boîte à musique à la musique numérique fonctionnant sur le principe électrodynamique (le même principe que les microphones). Ce graveur est donc constitué d’un aimant entouré d’une bobine dans laquelle circule le courant variable provenant du microphone. Ce courant variable induit un champ magnétique variable à l’intérieur de la bobine, ce qui fait osciller l’aimant. En plaçant le burin graveur au bout de cet aimant, on a réalisé un graveur électrodynamique. A la lecture, le processus est inversé : les oscillations de l’aiguille (reliée à un dispositif bobine-aimant) dans le sillon sont transformées en courant électrique variable amplifié ensuite pour alimenter un haut-parleur restituant le son enregistré. LE PETIT JOURNAL 4 Electrophone 78 tours « La voix de son maître », vers 1950, Inv. PR067 Dans les années 40, l’apparition de nouveaux matériaux, en particulier le PVC (polychlorure de vinyle), va permettre de remplacer la cire et d’améliorer grandement la qualité de l’enregistrement : le vinyle est bien plus souple et résistant à l’usure, et surtout sans « grain » ce qui réduit considérablement le bruit de fond. Il devient alors possible de réduire la taille du sillon pour augmenter la durée de l’enregistrement. Bien que l’électrophone fasse son apparition en 1925, son coût élevé le réserve dans un premier temps à un usage professionnel : c’est seulement lors de l’enregistrement que ce procédé est utilisé. Cet enregistrement électrique permet ainsi d’augmenter le spectre des fréquences enregistrées. La lecture du disque se fera encore pendant longtemps à l’aide d’un phonographe. Ces électrophones ne se diffuseront dans les foyers qu’après la Seconde Guerre Mondiale, l’apparition des transistors en 1948 permettant de diminuer considérablement la taille et le coût des dispositifs d’amplification. En 1947, Peter Goldmark, un hongrois travaillant pour la Columbia Record, réussit à mettre au point un système de gravure où les motifs sont de la largeur d'un cheveu (environ 70µm soit 0,07mm). La largeur du sillon est ainsi divisée par trois par rapport au 78 tours. Ce type de gravure, appelé « microgroove » ou microsillon, est associé à un lecteur capable de suivre ces fins motifs ainsi qu'un système d'égalisation électrique permettant de compenser la perte de fidélité créée par ce système. A cette amélioration du graveur s’ajoute une amélioration du support d’enregistrement. Celui-ci est un disque 78 tours à gravure latérale : c’est ce format qui s’est imposé définitivement à la fin des années 20. En 1948, Columbia présente ainsi un nouveau produit révolutionnaire, le Long Playing Record dit « LP », permettant un enregistrement de 23 minutes par face pour un disque de 30 cm de diamètre. Le disque vinyle tourne à une vitesse de 33 tours 1/3 par minute. La grande force de Columbia Record est que, en plus de présenter ce système révolutionnaire, elle avait, depuis des années, enregistré des copie des « masters » (originaux) de chaque 5 De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL sonorité si particulière, ainsi que l'emploi de ces disques par les DJ (mixant plusieurs morceaux enregistrés sur différents disques pour en créer un nouveau), le maintiennent toujours en vie. session d'enregistrement et donc était prête à presser en masse de très nombreux disques dénués de tout bruit parasite. L’année suivante la compagnie RCA, concurrente directe de la Columbia, présente une évolution du 33 tours pour les durées d’audition inférieures à 10 minutes : un disque de seulement 17 cm de diamètre tournant à 45 tours par minute. Le succès de ce format fut donc basé sur le fait que les disques étaient presque deux fois plus petit que les LPs : associés à un lecteur au format lui aussi réduit, la musique devient encore plus facilement transportable. Les microsillons 33 tours et 45 tours vont connaître un énorme succès jusqu’à la fin des années 70. Les électrophones sont capables de lire les deux formats ainsi que le format 78 tours (il suffit de changer la vitesse de rotation à l’aide d’un curseur). La production et commercialisation des 78 tours seront définitivement abandonnées en 1957. III. L’ENREGISTREMENT MAGNETIQUE : DU TELEGRAPHONE DE POULSEN A LA CASSETTE AUDIO DE PHILIPS 1. Les phénomènes magnétiques Les phénomènes magnétiques sont connus depuis l'antiquité mais ce n'est qu'aux XVIIIè et XIXè siècles que furent formulées les lois de l'électromagnétisme : une variation de courant électrique peut rendre magnétique un morceau de fer, les variations d'un champ magnétique induisent un courant dans un circuit voisin. C'est Oberlin Smith qui, en 1878, eut l'idée d'utiliser ce phénomène afin d'enregistrer un son. Il avait constaté que des particules d'acier dispersées dans un fil textile pouvaient acquérir des états magnétiques variables le long du support, et ce de façon permanente. Cette aimantation locale pouvait être produite par un électroaimant devant lequel le fil se déplaçait. L'application à l'enregistrement du son découle naturellement de cette observation : si l'électroaimant est relié à un microphone dans lequel on parle, les variations de l'aimantation du fil constitueront le signal enregistré. Avant de poursuivre l'histoire de l'enregistrement magnétique, nous allons nous attarder sur son principe théorique. A partir de 1958, les premiers enregistrements stéréophoniques sont commercialisés. On utilise deux microphones distants l’un de l’autre à l’enregistrement. Le signal sonore est alors partagé en deux canaux qui, lors de l’audition, correspondent à deux haut-parleurs. Une tentative de quadriphonie sera faite en 1971 par plusieurs constructeurs mais son coût important, ainsi que la crise économique naissante, la réduiront à néant. A partir de 1978, Philips commence le développement du compact-disc audionumérique qui sera commercialisé en 1983. Il supplante rapidement le microsillon, bien que celui-ci ne disparaisse pas totalement : des amateurs nostalgiques de sa 2. Principe de l'enregistrement magnétique Pour enregistrer le son, on commence par transformer les vibrations acoustiques d'une membrane en un 6 De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL courant électrique variable : les variations du courant électrique suivent celles du son, c'est le principe du microphone, nous n'y reviendrons pas ici. L'enregistrement magnétique consiste donc à convertir ce signal électrique en un signal « magnétique », puis à « graver » ce signal magnétique sur un support matériel. Pour convertir le signal électrique en un signal magnétique, on utilise un électroaimant. Un électroaimant élémentaire est tout simplement constitué d'une bobine de cuivre dans laquelle on fait circuler un courant électrique : les variations du courant électrique créent un champ magnétique dont les variations retranscrivent celles du courant. Un noyau de fer doux est ajouté dans la bobine pour augmenter l'intensité du champ créé. Si l'électroaimant est parcouru par le courant provenant du micro, les variations du champ magnétique suivent donc celles du son. Pour mieux comprendre cet enregistrement par aimantation de la bande, quelques précisions sur les propriétés magnétiques de la matière s'imposent. Les électrons sont en mouvement orbital autour du noyau. De plus, chaque électron se comporte comme s'il tournait sur lui-même à la manière d'une toupie : c'est le spin de l'électron. Chacun de ces mouvements, orbital et de spin, est assimilable à la circulation d'un courant électrique dans une boucle microscopique : ils produisent donc chacun les effets d'un dipôle magnétique, c'est-à-dire qu'ils constituent chacun un aimant. Leurs effets combinés peuvent résulter en un magnétisme global de l'atome, c'est le cas pour la plupart des atomes (ce n'est pas le cas pour l'atome d'aluminium : les effets combinés du mouvement orbital et du spin s'annulent, l'atome d'aluminium est magnétiquement neutre). Il faut maintenant «graver» ces variations du champ magnétique sur un support possédant des propriétés magnétiques. Ces variations du champ magnétique vont se traduire par une variation de l'aimantation de la bande (ou fil) support défilant devant l'électroaimant. Ce sont ces variations d'aimantation qui constitueront le signal « gravé ». Pour lire l'enregistrement, il suffit de refaire défiler la bande devant un électroaimant relié à un haut parleur. La bande crée un champ magnétique variable en défilant devant l'électroaimant, ce qui crée dans celuici un courant variable. Ce courant alimente le haut-parleur qui restitue le son. Si la majorité des atomes sont des dipôles magnétiques, les matériaux constitués de ces atomes ne le sont pas 7 De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL forcément. Si ces dipôles sont alignés en sens opposé (fig 1), les effets s'annulent et à l'extérieur d'un tel ensemble le champ résultant est nul : c'est le cas des matériaux antiferromagnétiques (le chrome par exemple). Au contraire, si les dipôles sont alignés dans le même sens (fig 2), leurs effets se renforcent et on observe un champ magnétique résultant : ce sont les matériaux ferromagnétiques (fer, le cobalt ou nickel). Lors de l'enregistrement; on fait donc défiler un fil ou ruban constitué d'un matériau ferromagnétique dur devant un électroaimant relié au microphone (cet électroaimant constitue la tête enregistreuse). Ces matériaux ferromagnétiques présentent donc des zones d'aimantation à l'échelle microscopique : chaque petit domaine magnétique est assimilable à un petit aimant. Pourtant, à l'échelle macroscopique, un morceau de ces matériaux ne paraît pas aimanté : cela s'explique par le fait que ces domaines magnétiques microscopiques, assimilables à de petits aimants, sont orientés dans tous les sens. Leurs effets à l'échelle macroscopique tendent à s'annuler et le matériau apparaît comme non magnétique. La magnétisation globale de chaque groupe de la bande se produit dans un sens ou dans l'autre selon le sens du courant circulant dans l'électroaimant et donc selon le sens de vibration de la membrane du microphone. L'amplitude de cette vibration se traduit par un aimantation plus ou moins profonde de la bande, la vitesse de cette vibration par la longueur plus ou moins grande de la zone aimantée, le sens de la vibration par le sens de l'aimantation. L'enregistrement se fait toujours sur une bande vierge de tout élément d'information magnétique, une tête d'effacement est donc située avant la tête enregistreuse. La lecture se fait par une troisième tête très semblable à celle d'écriture (certains appareils possèdent même une seule tête pour ces deux fonctions). Le mécanisme est l'inverse de celui d'enregistrement. Le défilement des différentes zones d'aimantation devant Néanmoins, en approchant un aimant d'un morceau de matériau ferromagnétique, chaque domaine s'aligne selon le champ magnétique extérieur : le matériau s'est aimanté et on crée ainsi un aimant. Si le matériau conserve son aimantation lorsque l'on retire le champ extérieur, on dit que ce matériau est ferromagnétique dur : c'est ce type de matériau qui doit être utilisé comme support pour l'enregistrement magnétique. 8 De la boîte à musique à la musique numérique la tête de lecture induit un courant électrique variable dans le bobinage de la tête de lecture. Ce courant alimente le haut-parleur en actionnant sa membrane vibrante : le son enregistré est alors restitué. LE PETIT JOURNAL industrielle (par la fabrique berlinoise MIX et Genest) ainsi que l'ajout d'un courant continu de polarisation améliorant la netteté de la parole. Cet appareil restera néanmoins une machine de bureau (répondeur, dictaphone...) car de nombreux perfectionnements, tant dans la téléphonie (sensibilité du microphone et de l'écouteur), que dans l'amplification électrique du signal, font défaut. Il est ainsi impossible d'enregistrer puis de reproduire de la musique avec une fidélité suffisante. 3. Du télégraphone à la machine Marconi-Stille (1898-1934) Ce n'est qu'en 1898 que Valdémar Poulsen réalise pour la première fois un enregistrement magnétique de la voix. Il semble qu'il n'ait pas eu connaissance des notes de Smith. Poulsen travaille alors depuis 1893 à la section technique de la Compagnie des Téléphones de Copenhague et, tant par goût que par nécessité professionnelle, les recherches sur l'acoustique l'attirent. En 1907, la mise au point de la lampe à trois électrodes (dite aussi audion) par Lee de Forest révolutionne l'enregistrement et la reproduction du son en donnant la possibilité d'amplifier le courant modulé par un micro ou une tête de lecture. A partir de 1924, au sein de la fabrique de matériel phonographique Vox, le physicien allemand Curt Stille commence à étudier les moyens d'améliorer l'enregistrement magnétique du son. Il met ainsi bientôt au point un modèle à fil capable d'enregistrer et de reproduire de la musique. La Vox cesse ses activités en 1927. En 1928, Stille rencontre Ludwig Blattner, homme d'affaires allemand produisant des films en Angleterre, et reprend ses travaux. Il modifie l'appareil musical de la Vox pour mettre au point le Multitone, bientôt rebaptisé Blattnerphone, appareil destiné à synchroniser images et sons dans les films parlants. La synchronisation sons et images prendra rapidement une autre voie et le Blattnerphone trouvera refuge à la BBC. S'associant à la compagnie anglaise Marconi, ces travaux aboutiront en 1934 à l'enregistreur-lecteur magnétique de type Marconi-Stille. Le fil d'acier est remplacé par un ruban de 3 mm de largeur. En août 1898, il constate à son tour qu'une aimantation locale est possible sur un fil d'acier. Il lui vient alors à l'esprit de déplacer, le long d'un fil d'acier, un petit électroaimant relié à un microphone téléphonique. Lorsque Poulsen remplace le microphone par un écouteur téléphonique et qu'il redéplace l'électroaimant le long du fil, il peut entendre le fameux mot « Jacob » qu'il répéta inlassablement lors de ses essais jusqu'à en exaspérer son entourage ! Le fil qui parle était né. Le brevet fut déposé le 1er décembre 1898 à Copenhague, Poulsen présentant comme but de l'invention l'enregistrement des télégrammes ou communications téléphoniques (une variante fut le répondeur téléphonique en 1899). Il donne ainsi à son appareil le nom de Telegraphon, ou télégraphone (qui se traduit par « écrire le son au loin » : en parlant dans un téléphone, on peut s'enregistrer à distance). Avec son associé Pedersen, il poursuivit le développement de ces appareils dans les années 1900 avec notamment une réalisation plus 9 De la boîte à musique à la musique numérique La machine exposée au Musée, très proche de la Marconi-Stille (et même fabriquée par la Marconi's Wireless Telegrp Co), est antérieure à ce modèle. Elle fut fabriquée en 1928 et utilisée par diverses stations de radiodiffusion entre 1929 et 1933, dont la Radiodiffusion Française qui l'a remise au Musée. LE PETIT JOURNAL besoin d'enregistrement de longue durée facilement exploitables, s'appuiera donc sur l'enregistrement magnétique. La BBC utilisera ainsi dès 1927 l'appareil musical de la Vox, puis le Blattnerphone à partir de 1930 pour la retransmission mondiale de ses émissions : le décalage horaire entre les différentes colonies anglaises ne permet pas de diffuser un même programme à la même heure, il fallait disposer d'un moyen technique permettant de répéter la même émission à des heures différentes (ainsi, la radio américaine n'utilisant pas l'enregistrement magnétique, elle ne peut diffuser que des émissions en direct). Les difficultés rencontrées lors de l'élaboration de ces machines étaient nombreuses : amplifier le signal venant du microphone, créer un champ magnétique dans un espace très réduit pour qu'il ne magnétise qu'une partie très courte du support, choisir judicieusement l'acier, obtenir une vitesse de défilement constante, retranscrire correctement les hautes fréquences (cela nécessite de pouvoir aimanter de très courtes zones de la bande), etc. 1 Enregistreur lecteur magnétique Marconi- Stille, 1928, Inv. 20822 Ces machines permettent d'enregistrer le son sur une plus grande durée sans avoir à changer le support d'enregistrement : dans le cas de l'appareil exposé au Musée, les bobines contiennent environ 3 km de ruban d'acier ce qui donne à la machine une autonomie de 30 minutes. Trois têtes ont déjà des rôles distincts. Une est chargée de l'effacement par courant continu (effacement par saturation). La seconde exécute l'enregistrement par un courant continu inverse du précédent (courant de polarisation de Poulsen) superposé évidemment au courant alternatif de modulation (celui dont les variations retranscrivent le son). La troisième tête assure la lecture de l'enregistrement. Malgré cela, les avantages apportés par l'enregistrement magnétique pour la radiophonie sont nombreux : les disques s'usent mécaniquement ce qui est impossible dans la lecture magnétique puisqu'il n'y a plus de contact (ou, plus précisément, la bande s'use mais le signal magnétique n'est pas altéré par cette usure mécanique), les techniciens ne doivent plus changer les disques toutes les quatre minutes, l'effacement de l'enregistrement est facile et rapide. Le coût élevé de ces appareils les réserve dans un premier temps à un usage professionnel : la radiophonie, en plein essor à la fin des années 20 et surtout dans les années 30, et son 4. Du magnétophone à la cassette audio Philips (1925-1963) Malgré ces succès, l'enregistrement sur support magnétique possède un 10 De la boîte à musique à la musique numérique défaut majeur : les fils ou bandes d'acier sont des supports lourds et surtout fragiles. Ainsi, lors du rembobinage, les techniciens ne devaient pas rester dans la salle des machines car la rupture de la bande pouvait engendrer de graves blessures. La rupture de la bande en cours de lecture était aussi fréquente. LE PETIT JOURNAL Le développement du magnétophone va se poursuivre en Allemagne, en particulier à des fins militaires. La France, l'Angleterre et les Etats-Unis s'intéressent peu au développement de l'enregistrement magnétique (les Marconi-Stille sont utilisées par la radio mais ne sont plus améliorées). Les Alliés ne découvriront ainsi qu'à la fin de la guerre les perfectionnements apportés au magnétophone. Cette difficulté est surmontée en 1927 grâce au chimiste et papetier allemand Fritz Pfleumer : il met au point une bande de papier recouverte de particules aimantées, de la poudre d'oxyde de fer. Cette invention ne suscite aucun intérêt jusqu'à ce qu'en 1932, la société allemande AEG, trouvant cette idée intéressante, engage Pfleumer. En lien avec la BASF, et après deux années d'expérimentation, la bande définitive est créée : une bande en acétate de cellulose est recouverte de poudre d'oxyde de fer. Cette bande est résistante, légère et inextensible. En 1935, l'AEG peut ainsi présenter au public, lors du Salon de la Radio de Berlin, le premier Magnetophon, nommé K1. Cette marque déposée deviendra ensuite un nom commun désignant tous les enregistreurs-lecteurs de son sur bande magnétique. La bande passante de ce modèle est comprise entre 50 Hz et 5000 Hz : elle permet l'enregistrement musical et c'est sur un modèle K2 que sera enregistré le premier concert sur bande magnétique, le 19 novembre 1936. De nombreux appareils sont récupérés mais il n'y quasiment plus de bande vierge. Ainsi, Eisenhower enregistrera un message destiné aux auditeurs allemands et découvrira, lors de la diffusion, qu'on entend une autre voix superposée à la sienne : celle d'Hitler ! (ce qui montre la qualité relative de l'effacement). Eisenhower ordonnera l'élaboration de bandes vierges américaines, et c'est d'ailleurs grâce à l'aide de Pfleumer que débutera la fabrication des bandes 3M dans le Minnesota. Les radios vont alors adopter rapidement ce support pour remplacer les fils ou bandes d'acier. En 1947, les premiers programmes enregistrés sont diffusés sur les radios américaines et se multiplient rapidement. La qualité de l’enregistrement magnétique et sa facilité d’utilisation le rendent rapidement inévitable. L'invention des transistors par Bardeen, Brattain et Schokley en 1947, qui remplacent les encombrants tubes électroniques (servant à l'amplification des signaux), va permettre de miniaturiser les magnétophones (le Nagra de Stephan Kudelski est le premier magnétophone portable) : cela va ainsi révolutionner le travail des professionnels du reportage et du cinéma sonore. La miniaturisation, la diminution de la vitesse de défilement, l'élargissement 2 Magnétophone Philips portatif, vers 1950 Inv. 20912 11 De la boîte à musique à la musique numérique de la bande passante entre 40 Hz et 15 000 Hz grâce à l'amélioration de la qualité des bandes magnétiques, et bien sûr la baisse des coûts de fabrication, rendent peu à peu accessibles ces magnétophones au grand public. La bande est conditionnée dans une cassette afin de faciliter son utilisation. C'est Philips qui, en 1963, parviendra à imposer son format en abandonnant ses droits à tous les constructeurs pour la fabrication de cassettes (c'est d'ailleurs ce que fera aussi JVC pour imposer le format VHS). LE PETIT JOURNAL et l'enregistrement magnétique. sur bande Le principe du numérique est de stocker l'information sous forme de nombres dans une base binaire. La base binaire ne nécessite que deux chiffres, le 0 et le 1. Nous prendrons comme exemple le nombre binaire 11010 : combien vaut-il dans la base décimale que nous utilisons habituellement? 11010 = 1x24 + 1x23 + 0x22 + 1x21 + 0x20 = 26 Ce système peut paraître peu efficace puisqu'il faut par exemple onze symboles pour écrire le nombre 1453 en binaire. Alors pourquoi utiliser cette base? 3 Lecteur de cassette magnétique Philips, vers 1970, Inv. 43570 Tous les nombres peuvent être représentés avec de 0 et des 1. L'avantage d'un tel système tient au grand nombre de situations où seules deux possibilités existent : ouvert ou fermé, vide ou plein, blanc ou noir, etc. Avec une main, en considérant chaque doigt comme levé ou baissé et en convenant d'un ordre précis il est ainsi possible de compter de 0 à 31. Pour les lettres, il suffit d'établir une table de correspondance entre nombres et caractères. Ces tables de codage sont définies au niveau international. La plus répandue est la norme ASCII dans laquelle le caractère «A» est représenté par le nombre 1000001. En informatique, l'information élémentaire (0 ou 1) est appelée un bit (de l'anglais binary digit : «chiffre binaire») L'enregistrement sur bande magnétique ne se limitera bientôt plus à celui du son. Le premier magnétoscope est commercialisé en 1956 par la société Ampex. Les ordinateurs bénéficieront également de l'enregistrement magnétique qui reste encore actuellement la principale méthode de stockage des données informatiques (le disque dur est un enregistreur-lecteur magnétique). IV. L’ENREGISTREMENT NUMERIQUE 1. Le disque compact : la mémoire optique C'est en 1982 que Philips et Sony proposèrent le premier disque compact (ou CD) contenant de la musique. Au milieu des années 80 apparaît ensuite le CD-ROM dédié au stockage de toutes sortes d'informations. En une dizaine d'année, ce support numérique a révolutionné la manière de stocker l'information et a supplanté la gravure sur disque (principe du phonographe) Un CD préenregistré est une galette de douze centimètre de diamètre et d'un peu plus d'un millimètre d'épaisseur. Elle est constituée de quatre couches distinctes, dont la principale est le plastique. Observée au microscope, la surface du CD présente une succession de creux 12 De la boîte à musique à la musique numérique (ou pits) et de bosses (ou lands) qui contiennent précisément l'information. Ces pits et ces lands ont une différence de hauteur de 125 nanomètres et sont recouverts d'une couche d'aluminium. Cette couche d'aluminium assure la réflexion du faisceau d'un laser lors de la phase de lecture. LE PETIT JOURNAL métallique. Le principe de la lecture consiste à distinguer pits et lands à l'aide de la réflexion du laser et à traduire cette information. Faisons une analogie. Lorsqu’une voiture roulant sur une route dégradée, passe sur une bosse, l'un des passagers crie. L'autre passager note des 0 sur une feuille de papier toutes les secondes par exemple, et un 1 lorsqu'il entend un cri. A la fin du voyage, les passagers peuvent produire un code binaire susceptible de contenir une information sur la route parcourue. De la même manière le détecteur de lumière du lecteur de CD reconstruit une séquence de 1 et de 0 à partir de la différence de réflexion caractérisant un land ou un pit (le rayon lumineux parcourant plus de chemin lorsqu'il réfléchi par un land). Les pits et les lands d'un CD sont disposés le long d'une spirale (d'une façon analogue à la piste des anciens disques en vinyles). Cette spirale peut atteindre 5,7 km de long. Les différentes pistes de la spirale sont séparées par des distances très petites (1,67 µm) ce qui conditionne l'espace de stockage disponible. Après le CD viendront ensuite les supports récents tels que le DVD, puis le Blu-Ray Disc, évolutions naturelles du CD en terme de technique. Les disques compacts sont obtenus par pressage. Un tampon métallique est fabriqué spécialement pour chaque CD et permet alors d'obtenir des dizaines de milliers de disques en pressant simplement ce tampon sur une galette de plastique. Un laser illumine une résine photosensible à des endroits très précis qui vont durcir. A l'aide d'un acide on élimine alors les parties non durcies afin de produire les pits et les lands. A l'issue de cette étape, la galette plastique présente donc les creux et les bosses voulus et il ne reste plus qu'à déposer les autres couches. 1 Lecteur DVD de salon Philips DVD 3010, 2005 2. Le disque dur L'un des organes centraux de l'ordinateur est son disque dur, dont le rôle est de stocker des données et de les conserver une fois l'alimentation coupée. Pour transformer les pits et les lands en langage binaire, il suffit de détecter le passage de l'un à l'autre. Pour cela, on envoie un rayon laser entre le visible et l'infrarouge de longueur d'onde 780 nm est envoyée sur le disque en rotation. Il est réfléchi par la couche C'est en 1956 qu'IBM créé le tout premier disque dur baptisé RAMAC (Random Access Method Accounting & Control). Il s'agissait d'un disque dur 13 De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL fer et d'autres métaux comme le nickel. La compréhension de ce phénomène est connu depuis seulement quelques années. La magnétite est un matériau naturellement aimanté. Ils sont dits «ferromagnétiques». Un tel matériau possède la capacité d'aimanter d'autres objets. Un aimant possède deux pôles, qu'on appelle pôle nord et pôle sud. Quand on approche deux aimants, les pôles de même nom se repoussent tandis que deux pôles de noms différents s'attirent. d'une capacité de 5 Mo (soit l'équivalent d'une grosse chanson mp3) qui tenait d'ailleurs plus d'une machine que du disque dur tel qu'on le connaît aujourd'hui. L'ensemble pesait plus d'une tonne, avait la taille d'une armoire et disposait d'un total de 50 plateaux de 60 centimètres de diamètre. Le RAMAC se présentait comme une espèce de jukebox avec une seule tête de lecture et une tête d'écriture pour tous les plateaux. À cette époque IBM mettait à disposition ses solutions sous forme de leasing. Il en coûtait 50 000 dollars par an pour disposer d'un tel disque dur, soit le prix de 17 voitures entrée de gamme de l'époque pour un coût de stockage au mégaoctet de 10000 dollars ! Malgré tout, IBM a pu installer un parc total d'environ 1000 systèmes. Petit à petit, la technologie évolue et diverses avancées voient le jour : les roulements à billes font leur apparition et les matériaux utilisés pour les têtes de lecture changent également avec l'arrivée des premières têtes à base de ferrite. Au fil du temps, le disque dur continue donc de se développer au point de supplanter les technologies d'enregistrement sur cassette de l'époque. En 1973, IBM sort l'IBM 3340 : il s'agit d'un coffret en deux parties avec un plateau fixe et un disque amovible. Chaque partie avait une capacité de stockage de 30 Mo et les ingénieurs faisaient référence au 30/30 pour désigner ce disque. Pour l'anecdote, un parallèle a été fait à l'époque avec le fusil dit Winchester 30/30 ce qui a valu à l'IBM 3340 d'être surnommé Winchester. L'appellation a la vie dure puisqu'en Russie, un disque dur s'appelle toujours aujourd'hui Winchester ! Le principe d'écriture des données sur un matériau ferromagnétique est le suivant. Initialement le matériau n'a été exposé à aucun champ magnétique. La tête de lecture qui possède un aimant (avec un pôle nord et un pôle sud) va aimanter les matériaux dans la direction du champ imposé, créant des zones magnétiques où l'aimantation est unique. Sur le schéma, la direction de l'aimantation est symbolisée par un code de couleur. Le pôle nord est symbolisé en rouge, le sud en bleu. Pour écrire des données sous forme binaire, il suffit de disposer d'un aimant capable de produire un champ magnétique de direction constante mais dont on peut modifier le sens. C'est le principe de l'électroaimant. En modifiant le sens d'une zone à une Les aimants naturels sont connus depuis l'antiquité grecque et chinoise: la magnétite a la propriété d'attirer le 14 De la boîte à musique à la musique numérique LE PETIT JOURNAL très grande, ce qui limite la quantité d'information que l'on peut stocker. autre, on y enregistre les données, le 0 correspondant à un sens, le 1 à l'autre. Pour résoudre ce problème, on utilise la variation de la résistance de certains matériaux avec l'intensité du champ magnétique dans lequel ils sont plongés. En remplaçant la mesure du courant par une mesure de résistance on a augmenté la densité d'information. 2 Disque Dur du CDC Model 877, début des années 1970 Le système de lecture des disques durs a beaucoup évolué. Initialement, les têtes de lecture exploitaient l'effet inverse de celui à l'œuvre pour l'écriture. Lorsque deux domaines du support sont orientés différemment, il y a création d'un champ magnétique de fuite qui sera repéré par le passage de la tête de lecture. Cela correspondra au 1 en langage binaire. Lorsque deux domaines sont orientés identiquement, il n'y aura pas de champs de fuite. Cela correspondra au 0. On voit qu'en inscrivant 1 puis 0 puis 1, la tête de lecture enregistre le chiffre 5. Le problème de cette méthode est que le courant induit est très faible. La taille des zones enregistrées doit donc être 15