TTU 1-799 - copie:TTU 1-610 - Lettre d`informations stratégiques et

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TTU 1-799 - copie:TTU 1-610 - Lettre d`informations stratégiques et
LETTRE HEBDOMADAIRE D'INFORMATIONS STRATÉGIQUES
Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Guillem Monsonis - 25 avril 2012 - n° 843
QUEL AVENIR POUR L’INDUSTRIE
DE DÉFENSE EUROPÉENNE ?
L’Allemagne aussi
s’intéresse au Heron TP
Le ministère de la Défense mène une réflexion approfondie sur les
politiques industrielles de ses partenaires européens. Dans un double
contexte d’incertitude sur l’avenir des programmes industriels, impacté par les
réductions budgétaires nationales, et de concurrence aigüe sur les marchés de
l’exportation, l’Europe et son industrie risquent d’adopter des stratégies «en
ordre dispersé», s’inquiètent les experts du boulevard Saint-Germain. Le
secteur des avions de combat y figure comme le premier et le plus urgent des
chantiers de ce travail prospectif. Dans la dernière étude que vient de lancer la
Délégation aux Affaires stratégiques (DAS), les rédacteurs de l’offre posent la
question de la «succession des avions de combat Rafale, Eurofighter et
Gripen», alors que «les phases actives de recherche et de développement des
programmes en cours de ce type d’avions» arrivent à terme. Les pays de la
“LoI” (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et Suède ayant signé
en 1998 la “Letter of intent” sur la coopération en matière d’armement) «serontils en mesure de préserver et de développer leurs compétences pour assurer le
maintien à niveau des flottes existantes, puis pour réaliser d’éventuels
successeurs» ? Que représente «l’empreinte» des acteurs extérieurs dans la
«capacité européenne à élaborer une vision commune pour la prochaine
génération de systèmes de combat aérien» ? Les interactions avec les EtatsUnis, «au travers du programme Joint Strike Fighter et sur la question de
l’autonomie européenne», mais aussi avec «les pays du Golfe et des
BRIC» seront particulièrement scrutées. L’étude devra comprendre une analyse
«des atouts et des faiblesses» des industriels des pays de la “LoI”, à travers une
cartographie complète «des savoir-faire et des compétences clés actuelles de
ce secteur», qui devra aussi «prendre en compte l’effet induit d’activités
adjacentes à ce secteur – notamment civiles ou les programme de drones – sur
la pérennisation et le développement de savoir-faire sur le secteur». Cette
évaluation permettra d’établir «les perspectives d’exportation des Rafale, Gripen
et Eurofighter» dans «leurs interactions avec le lancement de programmes
futurs». Le cahier des charges comprend des «scénarios d’évolution du
secteur» intégrant l’ensemble de ces travaux, qui sont prévus sur douze mois
sous la supervision d’un comité de pilotage mis en place par la Délégation
générale pour l’Armement (DGA). La remise des offres est fixée au 2 mai
prochain. Des appels à deux études prospectives avaient déjà été lancés par la
DAS en avril, portant l’une sur l’Italie, ses «politiques de défense et de sécurité :
conditions, moyens et perspectives», l’autre sur la Russie et son «mode de
développement sur les plans économique, social, politique et sécuritaire» à
échéance de 15/20 ans.
L'Allemagne envisagerait
sérieusement de s'équiper en
Heron TP, le drone israélien
produit par Israel Aerospace
Industries (IAI), à la suite de
l'annulation du projet Talarion,
le drone européen, affirment
des responsables du ministère
israélien de la Défense. Le
Heron TP, surnommé “Eitan”,
est le plus grand drone produit
par l'Etat hébreu, avec une
envergure semblable à celle
d'un Boeing 737. Les négociations formelles entre EADS et
IAI n'auraient pas encore
débuté mais, selon les experts
israéliens, l'Allemagne a un
besoin rapide en drone à
grande capacité tel que le
Heron TP. L'aviation allemande
utilise déjà trois exemplaires
du Heron 1 (Machatz 1,
équivalent du Harfang), un
drone MALE de plus petite
dimension, pour ses forces
déployées en Afghanistan, ce
qui pourrait favoriser l’aboutissement des discussions.
La procédure pour l'obtention
de l'autorisation de vol en
Allemagne du Heron TP a
récemment été accélérée. En
2010, IAI avait déjà proposé
le Heron TP à l’Allemagne,
dans le cadre d’un accord de
partenariat avec Rheinmetall.
IAI et Dassault Aviation ont
établi une société conjointe
afin d'adapter le Heron TP aux
besoins de l'armée française.
Ces appareils seront notamment dotés d'équipements
d'origine française.
Billard à trois bandes
Les services de localisation radar
et d’alerte de l’aviation taïwanaise,
plus particulièrement la station
d’écoutes de la base de Hualien
(côté est de l’île), comptabilisent
de plus en plus d’incursions de
chasseurs J-11 “Shenyang” de
Chine populaire dans leur ciel. De
surcroît, plusieurs épisodes, depuis
l’hiver dernier, laissent songeur, car
ils auraient pu provoquer une dangereuse réaction en chaîne. Ce fut
notamment le cas lorsqu’un avion
d’écoutes japonais a été pourchassé
par l’aviation chinoise, qui l’a obligé
à se dérouter vers l’espace aérien
taïwanais, déclenchant évidemment
une alerte et l’envoi de chasseurs
F-16 de la Republic of China Air Force
(ROCAF) sur zone. Les Taïwanais se
doutent bien qu’il s’agit de tester leurs
réactions et leur capacité de riposte,
mais leur état-major n’avait pas eu
jusqu’ici à traiter ce «billard à trois
bandes», qui aurait bien pu provoquer
un incident entre Tokyo et Taipei...
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Stratégie et politique
TTU - N° 843 - 25 avril 2012
➤ Renforts urgents
pour le Kosovo
AUSTRALIE : JUSTIFIER UN RETRAIT CONTESTÉ
Le commandement des opérations militaires de la Bundeswehr,
basé à Potsdam, a fait savoir,
vendredi dernier, aux parlementaires allemands qu’à la demande
du commandement de la Kfor, il
s’apprêtait à envoyer en urgence
un contingent supplémentaire de
550 hommes au Kosovo. Ceci doit
aider à prévenir tout débordement
de violence à l’approche des élections législatives et présidentielle
qui auront lieu en Serbie, le 6 mai.
Belgrade avait initialement prévu
d’organiser aussi ces élections
dans le nord du Kosovo, région
toujours revendiquée par les
Serbes. L’envoi de ce contingent
n’est pas conditionné à un vote
puisque le nombre maximal de
soldats allemands envoyés dans
les Balkans, 2 500 hommes,
n’est pas dépassé. Les renforts
allemands seront épaulés par
150 soldats autrichiens. L’ironie
de la situation est que cette troupe
allemande a quitté le pays il y a
seulement quelques semaines.
Aujourd’hui, elle doit s’y retrouver
à pied d’œuvre à partir du
1er mai. Pour le président du
Bundeswehrverband (“syndicat”
des soldats), le colonel Ulrich
Kirsch, cet envoi de troupes est
néanmoins tout à fait justifié,
mais «il montre à quel point on
se trouve sur la corde raide»,
c’est-à-dire dans «une situation
politique de plus en plus bouchée», a-t-il déclaré en critiquant
le manque de volonté d’apaisement manifesté par Belgrade et
les problèmes persistants liés à
la criminalité organisée. Plusieurs
députés spécialistes des questions de défense, membres de la
majorité comme de l’opposition,
ont, pour leur part, appelé les
pays membres de l’Union européenne à renforcé leur action au
Kosovo : «Le potentiel conflictuel
au nord du Kosovo a singulièrement augmenté pendant que tout
le monde regardait en direction
de l’Afghanistan», a souligné le
député écologiste Omid Noripour.
En Australie, le gouvernement travailliste de Julia Gillard espère s’appuyer
sur le résultat des élections françaises, en cas d’élection de François
Hollande, pour justifier l’annonce du retrait australien d’Afghanistan puisque, de toute façon, les retraits anticipés pourraient se produire en cascade.
Cela dans l’hypothèse où un nouveau président socialiste confirmait, au sommet
de l’Otan à Chicago, les 20 et 21 mai, sa volonté d’engager un retrait français
anticipé. Quand Julia Gillard a annoncé que ses 1 550 soldats se retireraient un an
avant ce qui était prévu, elle a été critiquée, d’un côté, par d’anciens officiers
généraux et, de l’autre, par des opposants radicaux tels les Verts qui lui
reprochent de n’être pas véritablement “pacifiste”. Sur un point, ils n’ont pas tort
puisque la dirigeante travailliste a misé sur sa “botte secrète” pour ne pas
offusquer les Américains et l’opposition australienne : indiquer que ces forces
seront réemployées en soutien aux 2 500 Marines de la base de Darwin (nord de
l’île), un dispositif visant à contrôler la montée en puissance de la Chine en Asie.
EXTERNALISATIONS “À LA RUSSE”
Le processus d'externalisation est bien lancé dans l’armée russe, y
compris pour les missions militaires stricto sensu : en février dernier, dans
un long article consacré aux questions de sécurité et de défense publié dans le
très officiel quotidien Rossiiskaia Gazeta, Vladimir Poutine annonçait la mise en
place de nouvelles opportunités pour la privatisation dans le secteur de la
défense et pour la création de compagnies de défense privées. Depuis 2010,
l'armée russe s'essaie à l'outsourcing. Partie intégrante de la réforme mise en
place par le ministre de la Défense A. Serdioukov, l'outsourcing (terme utilisé
par les Russes) touche, depuis le 1er août 2011, toutes les fonctions relatives à
la vie quotidienne des armées : nourriture, nettoyage du linge, chauffage,
réparation des uniformes et des chaussures, transport des conscrits.
L'externalisation de ces fonctions à des prestataires privés devrait notamment
permettre aux conscrits, dont le temps de service a été réduit à un an, de se
concentrer sur la formation au combat plutôt que d'être occupés par des tâches
secondaires. La presse russe s'intéresse tout particulièrement aux réformes
touchant les conscrits et notamment au transfert des fonctions non militaires
comme l'approvisionnement de la nourriture et les questions de la nutrition ou du
chauffage. Aujourd'hui 515 000 individus sont nourris par des prestataires
extérieurs : les cantines des hôpitaux militaires, des institutions de formation
militaire, des écoles Souvorov et des écoles de cadets sont également passées
en outsourcing. D'autres fonctions sont également prises en charge par des
firmes civiles : c'est le cas de la maintenance technique automobile, celle de
l'aviation et de l'envoi de matériaux dans les unités basées dans des zones
reculées ou aux frontières de la Russie. Autre sujet d'inquiétude des officiers :
l'introduction de l'outsourcing dans le secteur de la santé. La réduction des
services de santé de l'armée associée au passage des médecins militaires à un
statut civil fait craindre que ceux-ci refusent de participer à des exercices, de
servir par exemple dans un sous-marin ou d'être présents lors d'engagements
militaires. (lire l’article complet sur notre site www.ttu.fr)
MISSION POLONAISE AU MOYEN-ORIENT
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et des membres de son
gouvernement viennent de mener une mission d’affaires de quatre jours
aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite. L’objectif est de renforcer la
coopération économique dans les domaines du pétrole, du gaz, de l’aviation, des
finances et de l’armement. Sur ce dernier point, des contrats sont attendus.
«L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis sont des pays qui dépensent
beaucoup pour l’armement et cherchent le matériel de la plus haute qualité. Dans
l’offre très large de notre industrie, on peut trouver des éléments qui intéresseront
ces deux pays», a commenté Thomas Siemoniak, le ministre polonais de la
Défense. Les offres polonaises portent notamment sur les transports blindés
Rosomak, les hélicoptères Blackhawk (produits sous licence par PZL Mielec), les
matériels électroniques et les radars.
Actualité des forces
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TTU - N° 843 - 25 avril 2012
PRÉPARER L’APRÈS-AFGHANISTAN
La fin prochaine des opérations en Afghanistan ou, du moins, la
réduction drastique de leur ampleur provoquent chez les industriels
et militaires anglo-saxons une agitation se résumant à résoudre le
problème suivant : comment, dans un contexte de vaches maigres, adapter
au mieux l’outil militaire à ce qui viendra après ? Outre-Atlantique, la
question des MRAP (Mine-Resistant Ambush-Protected) agite les étatsmajors. Environ 20 000 exemplaires ont été acquis pour un total de
10 milliards de dollars. Les mesures suivantes ont été proposées : 11 000
vont constituer des lots prépositionnés à l’étranger, 7 000 seront destinés à
équiper diverses unités de l’Army (transport logistique, formations du
service de santé, 2 000 seront commis à des tâches d’entraînement) et 800
versés dans la réserve générale. Le reliquat est formé de véhicules en trop
mauvais état pour être réparés et d’engins trop petits pour être
militairement utiles. Ces derniers devraient être récupérés par d’autres
agences fédérales. Outre-Manche, c’est le sort des avions de surveillance
Sentinel (cinq en service, condamnés à l’issue de la campagne afghane)
ainsi que des appareils légers de renseignement Shadow (le cinquième
exemplaire a été livré au 14e Squadron de Waddington en décembre
dernier) qui pose problème. Un véritable lobby s’est mis en place pour
sauver le “soldat Sentinel”, qui a poussé la société Raytheon à proposer
deux rôles de substitution : une contribution britannique au système NATO
Alliance Ground Surveillance et/ou patrouille maritime, en remplacement
des Nimrod, moyennant quelques adaptations logicielles. Ce dernier rôle
pourrait également échoir aux Shadow, sous réserve qu’ils soient modifiés,
afin d’emporter le radar SeaView commercialisé par Raytheon. Dans le
même ordre d’idées, aux Etats-Unis, on sait que les MC-12 Liberty
(comparable au Shadow), mis en œuvre par des unités d’active de l’US Air
Force, devraient être rétrocédés à l’Air National Guard. L’Annual Aviation
Inventory and Funding Plan, récemment publié par le département de la
Défense, précise qu’ils y remplaceront, dans le courant de l’année fiscale
2015, les 11 appareils RC-26B éparpillés entre autant de détachements. Il
est enfin intéressant de noter que les adaptations touchent également les
hommes. C’est ainsi que la 16e Air Assault Brigade britannique s’est
récemment investie dans l’exercice Joint Warrior, afin de réapprendre la
mission d’Airborne Task Force (ABTF, unité aéroportée de réaction rapide),
quelque peu mise de côté depuis le début du conflit afghan. Il est à noter
qu’une compagnie du 8e RPIMa équipée du système FELIN a participé à
cet exercice aux côtés du 5th Battalion, The Royal Regiment of Scotland.
Une participation bienvenue, alors que Sagem a récemment signé avec le
ministère de la Défense un contrat de 6 millions d’euros pour l’acquisition
d’une version spécifique des jumelles infrarouges multifonctions longue
portée (JIM LR), un des sous-ensembles constitutifs du FELIN.
LE GÉNIE BIÉLORUSSE EN EXERCICE
Le 17 et le 18 avril, la Biélorussie a conduit un exercice du génie
impliquant une unité de la 2e brigade du génie. Le thème de l'exercice
était l'action d'un détachement mobile du génie et la création d'obstacles
de contre-mobilité. Pour l'aspect interarme, des unités de l'infanterie de la
120e brigade mécanisée ont été sollicitées ainsi que les hélicoptères de la
50e base aérienne mixte. Dans l'exercice, l'accent a été mis sur la coordination des détachements du génie dans la mission de contre-mobilité en
installant des champs de mines antichars en utilisant des moyens divers :
minage par hélicoptère, minage par enfouisseur de mines tractées ou
installation de mines isolées. D'autres missions ont été abordées telles
que la reconnaissance du génie, le franchissement de zones contaminées, le camouflage des engins spécialisés et le creusage des tranchées.
➤ Atalante : les Allemands présents à terre
Le Conseil fédéral des ministres a décidé
d’élargir le mandat du contingent allemand
de l’opération anti-piraterie Atalante aux
opérations terrestres. La Bundeswehr
aura ainsi le droit de prolonger à terre la
poursuite des pirates en attaquant une
base terrestre, par les airs et au sol, et ce
jusqu’à 2 kilomètres à l’intérieur des terres.
«J’ai du mal à imaginer que notre pays,
qui est la plus grande nation commerciale
d’Europe, se défile quand il s’agit de protéger nos marins et nos voies maritimes
en laissant les autres Européens faire
le travail», a expliqué le ministre des
Affaires étrangères, Guido Westerwelle.
Selon lui, l’élargissement de l’action
militaire ne supprimera pas le problème
de la piraterie, mais devrait réduire sa
marge de manœuvre. Il a aussi annoncé
l’intensification des efforts allemands
contre le blanchiment de l’argent des
rançons. De son coté, le ministre de la
Défense a estimé que cette décision était
«une petite option militaire supplémentaire bien pratique», mais qu’en aucun
cas on ne pouvait parler de «nouvelle
qualité» de l’engagement. Contrairement
à ses positions sur d’autres missions,
l’opposition social-démocrate et écologiste a annoncé qu’elle ne voterait pas
en faveur de l’élargissement lors d’un
vote qui aura lieu courant mai : «Cette
élargissement intervient alors même que
les attaques des pirates sur les convois
et les bateaux bien protégés sont plutôt
en diminution», a commenté Rolf
Mützenich (SPD), qui se demande aussi
pourquoi l’UE s’engage là où l’Otan
refuse d’aller. Il évoque de possibles
tensions diplomatiques avec la Chine,
la Russie et l’Inde en cas d’attaque
terrestre.
➤ Formation en berne à la Bundesheer
En pleine diminution d’effectifs, l’armée
autrichienne a ordonné la réduction des
formations dans l’artillerie, la défense
antiaérienne et les chars de combats
(réduction de deux tiers du contingent
de véhicules blindés). Cette annonce a
entraîné une levée de boucliers dans les
milieux conservateurs qui y voient la fin
de «catégories d’armes essentielles».
Le ministère de la Défense a, cependant,
tenu à les rassurer en précisant qu’aucun
des secteurs concernés ne serait
supprimé. La formation se poursuivra
normalement en 2012. En revanche, la
formation de sous-officiers sera
totalement stoppée à partir de 2013.
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Actualité des forces
TTU - N° 843 - 25 avril 2012
➤ Afghanistan : saisie d’armes
Les militaires du contingent italien
en Afghanistan viennent de réaliser une importante saisie d'armes,
de munitions et d'explosifs dans
leur secteur de responsabilité, en
l'occurrence le Regional Command
West (RC-W). Cette opération a
été menée par les Task Forces
South et Center, qui s'articulent
respectivement autour d'éléments
organiques du 152e régiment mécanisé "Sassari" et du 5e régiment
aéromobile "Trieste", appuyés par
des unités de l'ANSF (Afghan
National Security Forces). Il s'agit
là d'une des plus importantes
saisies d'armes et de munitions
réalisées au cours de ces quatre
dernières années dans le secteur
sous commandement italien.
➤ Afghanistan : une addition
trop salée ?
Après le retrait définitif en 2014, les
pays de l’Otan vont devoir payer
pour maintenir l’ordre et entraîner
l’armée et la police afghanes. Cette
semaine, à Bruxelles, Anders
Fogh Rasmussen, le secrétaire
général de l’Otan, a présenté le
plan de financement proposé par
les Etats-Unis. Selon les Américains, jusqu’en 2017, l’armée et la
police auront besoin de 350 000
hommes pour faire face aux talibans. Ensuite, l’effectif pourra
être réduit à 270 000. Coût de
l’opération au départ : 4,3 milliards
de dollars par an. Les Américains
paieraient 3 milliards de dollars
par an et les alliés 1,3 milliard, sur
une période probable de quatre
ans. Un plan qui soulève quelques
réticences, à Varsovie et à Berlin.
Pour les Polonais, cela représente
environ 20 millions de dollars
chaque année. Le ministre des
Affaires étrangères, Radoslaw
Sikorski, estime que ce sont surtout les pays qui n’ont pas envoyé
de contingent en Afghanistan qui
devraient payer la facture alors
que les Allemands refusent de
s’engager et réclament davantage
d’informations sur cette mission
de maintien de l’ordre.
ATALANTE : PAS DE FRAPPES CONTRE LA SOMALIE
La frégate de surveillance (FS) “Nivôse” a quitté La Réunion pour rejoindre
et renforcer le dispositif français engagé dans l’opération Atalante, qui
compte désormais les deux frégates “Aconit” et “Nivôse”, le bâtiment de
commandement et de ravitaillement “Marne” (qui embarque l’état-major de la
force), un avion de patrouille maritime “Atlantique 2”, ainsi que les bâtiments de
la mission Jeanne-d’Arc (“Dixmude” et “Georges Leygues”) qui apportent leur
soutien à l’opération depuis le 23 mars 2012. Outre l’escorte du MV “Sunrise V”,
affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM), le BPC “Dixmude” a
permis, le 17 avril, la libération de dix-huit otages iraniens et pakistanais retenus
depuis un mois à bord d’un boutre iranien qui tentait de rallier la Somalie. Sous
la pression du “Dixmude” et des tirs de semonce d’hélicoptères, les pirates ont
décidé de quitter le boutre et de rejoindre la côte somalienne par leurs propres
moyens. Des rumeurs en provenance du Puntland annonçaient des frappes
aériennes contre la Somalie, mais le QG de l’opération Atalante (OHQ de
Northwood) a bien affirmé qu’aucun avion français n’a survolé le Puntland, la
Somalie, ni même les eaux territoriales somaliennes.
DES BEAR-H EN PATROUILLE ARCTIQUE SOUS BONNE GARDE
Deux bombardiers stratégiques russes Tupolev Tu-95MS (Bear-H) ont
effectué une patrouille au-dessus de l'océan Arctique les 19 et 20 avril.
Partis de la base aérienne d'Engels, ils ont volé pendant plus de vingt heures et
ont nécessité deux ravitaillements en vol, effectués par des ravitailleurs
Iliouchine Il-78. Les pilotes russes réalisent régulièrement ce genre de mission,
afin d’entraîner les équipages à naviguer dans ces latitudes dépourvues de tout
point d'orientation au sol. Les bombardiers ont été escortés jusqu'à la frontière
russe par un binôme de MiG-31. Tout au long du vol au-dessus des eaux
internationales, ils ont été suivis par des chasseurs Eurofighter britanniques et
par des F-16 belges, norvégiens et danois.
DE NOUVELLES CAPACITÉS POUR LES FORCES SPÉCIALES US
Dans sa volonté de placer les forces spéciales au centre de sa nouvelle
stratégie, le Pentagone a pris diverses initiatives qui devraient permettre
d’augmenter leurs capacités d’actions sur l’ensemble du spectre relatif aux
opérations spéciales. Deux exemples récents confortent ce constat. Le
département de la Defense (DoD) cherche à obtenir du Congrès une extension
de ses prérogatives, qui permettraient à ses ouailles d’opérer à l’étranger en
prétendant appartenir à des sociétés commerciales. Une demande qui, si elle
devait être avalisée, faciliterait tant la réalisation des opérations sous couverture
(accent mis sur la dissimulation du sponsor ou, du moins, sur la possibilité
d’opposer un déni plausible) que les actions clandestines (accent mis sur la
dissimulation de l’opération elle-même). Il est évident que les «spéciaux» du
Joint Special Operations Command (JSOC) seraient parmi les principaux
bénéficiaires d’une telle mesure. Par ailleurs, l’US Navy travaille d’arrache-pied
sur la possibilité de modifier la trajectoire des missiles de croisière Tomahawk en
vol, sur la foi des informations de ciblage fournies par les drones miniatures mis
en œuvre par les équipes de forces spéciales insérées en zone ennemie, a
récemment précisé l’amiral William Shannon, officier de programme de l’US
Navy pour les engins aériens inhabités et les armes de frappe. Le programme
est bien avancé puisque dix à quinze essais en vol ont été réalisés sur un an
avec la participation des forces spéciales de l’US Marine Corps, de l’US Navy, de
l’US Army et même d’équipes de forces spéciales britanniques. L’un des essais
a vu, en novembre dernier, un submersible de Sa Grâcieuse Majesté lancer audessus du territoire continental des Etats-Unis un engin qui a ensuite été redirigé
en vol depuis un centre de commandement des forces spéciales situé à Londres.
Industries et armement
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TTU - N° 843 - 25 avril 2012
LUTTE ANTIMINE MARITIME : LA FIN DES PLATES-FORMES DÉDIÉES ?
Avec les avancées technologiques dans le domaine des drones navals,
certains responsables de la compagnie américaine IRobot estiment
que ces derniers pourraient sonner le glas des chasseurs de mines
dédiés. Le concept opérationnel est similaire à celui élaboré voici quelques
années par le trio DCNS, Thales et ECA dans le cadre d’ESPADON
(Evaluation de solutions potentielles d'automatisation de déminage pour les
opérations navales), à savoir le mariage de drones navals (de surface et
sous-marins) capables d’opérer à distance et d’un chasseur de mine dédié.
La réduction croissante des risques inhérents à ces opérations de
déminage, grâce à l’amélioration des capacités de détection et de
neutralisation immédiate, ainsi que la miniaturisation et la modularisation
des systèmes sont autant de facteurs remettant en question la notion
traditionnelle de plate-forme antimine dédiée. Pour certains experts,
n’importe quel navire de surface ou même sous-marin et n’importe quel
marin, quelles que soient leurs missions initiales, pourraient être en mesure
d’utiliser ces modules de façon autonome.
8X8 FRECCIA POUR LA COLOMBIE ?
Le consortium CIO, constitué par Iveco Defense Vehicles (groupe Fiat)
et Oto Melara, a proposé à la Colombie son nouveau véhicule blindé
moyen 8x8 VBM Freccia (flèche), connu également à l'export sous le
nom de Centauro AIFV. La proposition de CIO est on ne peut plus
articulée car, outre son nouveau blindé, le consortium italien offre
également dans le même package un certain nombre de chars lourds
Leopard 1A5 et divers VTT type M-113 provenant des surplus de l'Esercito.
Même si le Stryker américain, dérivé du Mowag Piranha III, a été donné
comme favori dans le cadre de l'appel d'offres colombien visant à la mise
en service d'un nouveau VCI 8x8, la proposition de CIO pourrait remettre en
discussion le choix final de Bogota, qui voudrait également moderniser son
parc MBT avec l'introduction d'un nouveau char lourd d'un bon rapport
coût/efficacité. «Nous sommes en train d'étudier la proposition italienne
avec le plus grand intérêt», a déclaré à TTU un responsable du ministère
colombien de la Défense.
LE K-2 : UN CHAR CORÉEN ET... ALLEMAND
Depuis de nombreuses années, la Corée du Sud cherche à acquérir
son autonomie en matière de conception de blindés, que ce soit dans le
domaine des véhicules blindés de combat d’infanterie (VCI) avec le K-21,
de l’artillerie automotrice avec le K-9 ou des chars de combat avec le K-2
“Panthère noire”. Ce dernier, appelé à remplacer les K-1 vieillissants et qui
devait être produit en série depuis 2011, a rencontré des problèmes
récurrents dans sa motorisation de conception nationale. Malgré les
améliorations apportées récemment, la fiabilité n'est toujours pas au
rendez-vous. Face à ces retards dans la mise en service du K-2, et à
l'insistance des militaires, il a été décidé d'acquérir en Allemagne les
groupes moto-propulseurs pour les cent premiers chars. Les turbines MTU
du groupe Renk sont connues pour leur fiabilité et équipent de très
nombreux blindés du monde entier, du Leclerc émirati au Merkava Mk 4
israélien, en passant par les Leopard 1 et 2. La Turquie, qui a choisi le K-2
comme une base de développement de son futur char Altay, a déjà fait le
choix de sa motorisation, annonçant qu'il sera mu par l'Europowerpack 883
de MTU/Renk.
➤ Les munitions de Toula
Les munitions russes de petit
calibre sont produites à Toula,
région à forte concentration
d’industries de défense. Les
usines actuelles ont été conçues
et construites à l'époque soviétique et, aujourd'hui, la Russie
cherche à rationaliser ce secteur
tout en améliorant la qualité des
munitions. Après les études
menées, il a été a conclu qu'il
serait plus simple de construire
une usine entièrement nouvelle
plutôt que de moderniser de
l’ancien. Ainsi, la mise en chantier d'une nouvelle usine de
munition Armement Petit Calibre
(APC) débutera à la fin de cette
année. La France, qui a perdu
les capacités de production de
ce type de munition, sera un
client à courtiser pour les
fabriquants de Toula.
➤ MPAS pour les NH90 italiens
Dans le cadre du contrat signé
avec l'agence OTAN NAHEMA
(NATO Helicopter Management
Agency), AgustaWestland (groupe
Finmeccanica) fournira le système MPAS (Mission Planning
& Analysis System) destiné à
équiper les NH-90 NFH de la
Marina Militare italienne. Celui-ci,
qui sera livré avec le premier lot
d'hélicoptères, permettra de gérer
des missions multi-plate-forme
comprenant des NH-90 (version
navale NFH et transport/assaut
MTTH) et des AW-101.
➤ Ankara opte pour le King Air
L'armée de l'air turque va louer
cinq avions de type Beechcraft
King Air 350 pour ses missions
de renseignement et d'observation, en lieu et place des drones
israéliens Heron. Le projet
d'achat de ces appareils produits
par Israel Aerospace Industries
a été abandonné à la suite de
la crise des relations entre
la Turquie et l'Etat hébreu.
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Repères
TTU - N° 843 - 25 avril 2012
Finmeccanica : l’enquête continue
La justice italienne, en collaboration avec les
autorités suisses, a progressé, cette semaine, dans
son enquête sur l’affaire de corruption qui frappe
Finmeccanica et son actuel patron Giuseppe Orsi. A
l’époque des faits, ce dernier était, en effet, le patron
d’AugustaWestland, filiale du groupe italien. Outre
l’existence de fausses factures ayant déjà coûté la tête
de l’ancien numéro un du groupe, Pier Francesco
Guarguaglini, en décembre 2011, il semblerait bien que
des millions d’euros aient été versés à un intermédiaire
financier installé à Lugano, à l’issue de la vente de
12 hélicoptères d’AugustaWestland (AW-101 pour
560 millions d’euros) au gouvernement indien. Une
partie de ces commissions aurait été attribuée à un parti
politique, la Ligue du Nord, déjà en pleine tourmente
pour une autre affaire de corruption, mais qui aurait
grandement «sponsorisé» la nomination d’Orsi au
sommet de Finmeccanica. La magistrature de Naples
poursuit donc ses investigations, également en
collaboration avec la justice indienne. Faisant suite à
une présentation, fin mars, des comptes 2011 affichant
une perte de plus de 2,3 milliards d’euros, impliquant
une vaste restructuration du groupe, l’administrateur
délégué de Finmeccanica, à peine installé à sa tête,
devra démontrer de grandes qualités pour résister à la
chute boursière du titre de son groupe et aux pressions
politiques, si les enquêtes confirment de tels actes.
➤ Ecole de guerre
Le général de division
aérienne Pascal Valentin et
le général Hugues DelortLaval, respectivement
directeur et directeur des
enseignements de l’Ecole
de Guerre, quitteraient
leur poste cet été. C’est
le contre-amiral Marc de
Briançon, directeur de
l’Ecole navale, qui prendrait
la direction de l’institution.
➤ Congrès AASSDN
L’Amicale des anciens de
services spéciaux (AASSDN),
seule association légitime
pour la représentation des
services spéciaux de la
Défense nationale, organise son Congrès national
au début mai dans la ville
de Dijon. L’une des thématiques choisies, outre la
mémoire des anciens et de
tous ceux qui sont morts
trajectoire prévue dans
la loi de programmation,
compte tenu des recettes
exceptionnelles qui ne sont
pas au rendez-vous, de
l’inflation qui n’est pas prise
en compte, les “pertes”
seraient au minimum d’un
milliard par an. Hervé Morin
a même déclaré en début
d’année que d’ici à 2020, la
“bosse” serait de 30 milliards
d’euros ! Et un rapport du
Sénat de novembre 2011
évalue entre 10 et 30 milliards d’euros les ressources
manquantes pour tenir les
objectifs du Livre blanc.
gouvernance du conseil
d'administration, luttes
internes, externalisation à
tout crin (stratégie, communication, informatique...)
malgré son coût et un
effectif pléthorique, etc.
Une stratégie purement
“capitalistique” qui, à terme,
pourrait, selon eux, ouvrir la
voie à l'absorption d'Unéo
par une grande mutuelle
de la fonction publique.
➤ USA : plus de drones
La flotte d'avions sans pilote
de l'armée américaine est
destinée à augmenter de
façon significative au cours
de la prochaine décennie.
C'est du moins ce que
prévoit le Pentagone dans
un rapport adressé au
Congrès : celle-ci passera
de 445 drones à 645 d'ici
2022.
➤ Ça grogne contre Unéo
Née en 2008 de la fusion
de l’activité santé des trois
mutuelles de militaires, Unéo
est depuis le 1er janvier 2011
et pour sept ans le seul
organisme de protection
sociale complémentaire
➤ “China Killer”
référencé par la Défense.
Pourtant, certains estiment
Le missile balistique indien
Agni-5, lancé la semaine
dans la clandestinité pour la qu’Unéo semble se détadernière depuis le polygone
France, sera la Chine, avec cher chaque jour un peu
plus de la “communauté
de tir de l'île de Wheeler
une intervention de Roger
Faligot. Le maire de Dijon, militaire” : éviction de tous
(Orissa), a été rebaptisé
François Rebsamen, a
les collaborateurs anciens
par la presse indienne
montré un vif intérêt pour
militaires, absence de réelle "China Killer".
accueillir le Congrès en permettant à l’Amicale de tenir
Colloques en stock
ses débats au Palais des
➤ CREC
Ducs de Bourgogne, l’ancien siège des souverains
Le pôle “Action globale et forces terrestres” du Centre
des Etats bourguignons.
de recherche des écoles de Saint-Cyr Cöetquidan
(CREC) organise une journée d'étude consacrée
➤ “Hold up” de Bercy
à l'analyse du raisonnement stratégique, le 30 mai
Bercy prépare son classi2012, à l'Ecole-Militaire. Inscriptions : raisonnement.
que hold up ! Au ministère
[email protected]
de la Défense, nombreux
sont ceux qui s’inquiètent
➤ Séminaire sandwich Ifri
de ce que révéleront les
Le Centre de recherche sur la défense (LRD) de l’Ifri
futures lettres de cadrage
organise, le 10 mai, un séminaire sandwich sur le
budgétaire, qui devraient
thème “Quels scénarios pour les capacités et la posture
arriver au mois de juin.
nucléaire française ?” Inscriptions : [email protected]
Malgré les annonces des
deux candidats encore en
➤ Ecole de Guerre
lice : «la défense ne sera
l’ENA et HEC organisent à l’Ecolepas la variable d’ajustement L’Ecole de Guerre,
er
Militaire,
le
1
juin,
un
colloque sur le thème “Agir dans
du budget», l’inquiétude est
l’incertitude”.
Inscriptions
: www.colloque-ena-edg-hec.fr
réelle. Car par rapport à la
TTU - Lettre hebdomadaire d'informations stratégiques - Editée par la Sarl Certes au capital de 40 155 €
Siège social - 25, rue du Louvre - 75001 Paris - ☎ 01 40 26 03 03 - Fax : 01 40 26 18 59 - Email : [email protected] - www.ttu.fr
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Numéro de commission paritaire 0115 I 85973 - ISSN 1270 - 8194 - Imprimerie : Certes - © Certes 2012 - Reproduction interdite
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