La presse à copier

Transcription

La presse à copier
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M P R I M E R I E
La presse à copier
et l'encre communicative
René POTHET
La question de la duplication
des documents pour leur archivage
ne date pas d'aujourd'hui. De la fin
du 19e siècle aux années soixante
un système original s'est développé
sur la base d'un produit au nom plein
de mystère : l'encre communicative.
Lors des travaux effectués par la commission de recherches historiques sur
les carrières de la région créée au sein
de la M.J.C. de Chauvigny, nous nous
sommes intéressés à l'extraction et à
la taille de la pierre et nous avons également cherché à connaître le travail
administratif.
Dans les bureaux de la société CivetPommier, aussi bien à Chauvigny
qu'à Lavoux ou Tercé, il y avait une
presse à copier pour reproduire sur
des cahiers en papier pelure, les lettres que les commis de carrières
avaient écrites à la main.
Des presses à copier sont représentées
dans des dictionnaires comme le
Dictionnaire encyclopédique illustré
Armand Colin, vers 1905, ou le
Larousse du XXe siècle, édition de 1932
par exemple. Sur le site Internet des
Archives nationales, au chapitre des
métiers du secrétariat et à propos de la
duplication, on peut lire que cette
machine a été inventée dès 1780, par
James Watt, et que c'est seulement à la
fin du 19e siècle que son utilisation se
répandit, d'abord aux Etats Unis et
ensuite en France.
Cette méthode de reproduction de
documents, quoique maintenant
complètement oubliée, a dû être passablement répandue par le passé
puisqu'on rencontre encore assez
souvent des presses ou des cahiers
pelure en brocante ou chez des anti4
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quaires. Le musée
du papier « Le Nil »,
d'Angoulême, possède une documentation à ce sujet.
Le plus ancien cahier
conservé à Tercé avait été
commencé le 25 février
1899, mais nous ne savons pas si le
procédé servait avant cette date. Le
dernier s'arrête en 1959. En 1950,
dans son ouvrage « Composition des
sortes de papiers les plus employées
dans le monde », A. Rettori précise
qu'avec l'emploi du carbone, les
copies de lettres sont de plus en plus
délaissées.
A cette époque, l'usage de la machine
à écrire s'était développé et démocratisé et le papier carbone pouvait facilement être employé pour la reproduction des lettres manuscrites grâce
au crayon à bille. On se servit alors de
blocs de papier entre les pages desquels on glissait un carbone. Ces
blocs devinrent même autocopiants.
A partir de 1965, il y eut les photocopieuses et maintenant le stockage des
doubles de lettres peut se faire sur disquette, cédérom ou en ordinateur.
La technique
Le processus était simple. L'utilisateur
écrivait sa lettre sur son papier habituel, avec un porte-plume et de « l'encre communicative ». Ensuite, il la
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Presse à copier utilisée autrefois
dans les bureaux de la société
Civet-Pommier à Chauvigny
(photo J.-C. Cédelle).
plaçait sous la page du cahier destinée
à recevoir la copie. Cette page, en
papier pelure, non encollé, préalablement humectée avec un pinceau ou
une éponge naturelle très essorée, ou
encore avec un mouilleur spécial, était
séparée de la précédente par un papier
huilé et assez épais. Le cahier, refermé,
était mis sous la presse. On tournait la
poignée jusqu'à sentir une légère résistance, on laissait la pression une ou
deux minutes, puis on desserrait et le
cahier était retiré. La lettre était imprimée sur le papier pelure humidifié
sans détériorer l'original. La copie
séchait immédiatement et on pouvait
refermer le cahier.
Si par mégarde on avait trop mouillé
le papier pelure, on intercalait un
buvard sous le carton pour assécher la
page afin que l'encre ne s'étale pas en