cornier - Institut National des Métiers d`Art
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cornier - Institut National des Métiers d`Art
CORNIER CORNIER MÉTIER Les métiers d’art de la tabletterie consistent en la fabrication et la restauration d’objets de petite taille, parfois appelés « articles de Paris », réalisés en matière organique (corne, os…), souvent rare et précieuse (nacre, ivoire, écaille, bois exotiques), et notamment en matière protégée par la « Convention de Washington » sur la protection des espèces en voie d’extinction. La réalisation de ces objets raffinés requiert un savoir-faire pointu. La plupart des techniques de tabletterie a ainsi abouti à la spécialisation des artisans selon le type d’objets réalisés et souvent selon la matière dont ils sont constitués et dont le maniement est très spécifique. C'est ainsi que l'artisan expert dans le façonnage de la corne s'est-il progressivement spécialisé et est appelé « cornier ». L'utilisation de la corne pour la fabrication des peignes a également abouti à une spécialisation encore plus fine : celle de « peignier » ou fabricant de peignes. Traditionnellement d'origine française, la corne utilisée par le cornier provient désormais de bœufs australiens, irlandais, sud-américains ou sud-africains dont la qualité est meilleure. La corne ni trop tendre, ni trop friable doit en effet provenir d'animaux âgés de trois à cinq ans, ce que ne permet pas l'élevage intensif français. Le cornier peut également travailler d'autres types de cornes comme la corne de bélier ou des cornes plus rares comme des bois de cervidés ou des matières protégées. Le cornier se procure une corne séchée qui lui permettra de réaliser divers objets en fonction de la partie utilisée : la pointe sera gardée telle quelle ou tournée pour réaliser boutons ou manches (tuyaux de pipe, coutellerie de table, parapluies, rasoirs, blaireaux) ; la partie centrale ou "biscage" de forme conique et creuse servira à fabriquer les peignes ou autres pièces plates et enfin la partie basse ou "gorge" pourra le cas échéant être utilisée pour réaliser des pièces plus petites ; les parties les moins belles - les plus proches de la tête de l'animal - partiront aux déchets. Le cornier effectue le "triage" des cornes en fonction de leur taille, de leur couleur (blonde, noire ou jaspée) et de leur qualité (transparence, opacité, rudesse ou douceur...) puis réalise le "sciage" des différentes parties à la scie à ruban. Le spécialiste du travail du biscage est appelé le "biscayeur". Son savoir-faire consiste à dérouler le biscage pour obtenir une forme rectangulaire aplatie appelée le "sabot" : cette opération s'appelle le "biscayage". Pour cela, il s'assoie sur un banc face au four, chauffe le biscage afin de ramollir la corne puis le découpe en spirale à la serpette en prenant appui sur un piquet fixé sur son banc. Cette technique spécifique requiert une grande compétence car c'est au bruit que renvoie la corne tapée par la serpette, que le biscayeur sait s'il peut trancher le biscage ou non. Voilà pourquoi certains artisans se sont spécialisés dans ce domaine. Le biscayeur écarte ensuite les deux bords à la pince pour les aplatir : il s'agit de "l'aplatissage". Le biscage est rechauffé puis mis sous presse hydraulique "d'aplatissage" afin d'obtenir un "sabot" d'épaisseur uniforme. Il repose ensuite environ un mois afin que la fibre se stabilise puis c'est l'opération de "grattage" afin de supprimer les irrégularités et les reliefs. Il est aujourd'hui fréquent que ces étapes soient remplacées par le simple sciage du biscage dans sa longueur ce qui réduit considérablement le temps de travail. L'opération de "marquage" ou de "traçage" a ensuite lieu. Elle consiste à marquer les emplacements des futures pièces à l'aide d'un gabarit et d'un stylet appelé le "régadou". Le "rognage" peut alors être réalisé à la scie (circulaire ou à main levée) pour découper les pièces (couverts à salade ou pelle à tarte par exemple) ou des "bâtons" de corne. Le cornier qui travaille des pièces planes peut les mettre en forme en les chauffant puis en les galbant à l'aide de moules. Le peignier va quant à lui travailler les "bâtons" de corne pour réaliser ses peignes. Le façonnage donne sa forme générale au peigne et le "carrage" lui donne sa forme définitive par meulage : arrondie d'un côté ; fine et parfaitement rectiligne de l'autre, à l'emplacement des futures dents. Le peignier façonne ensuite le biseau qui permettra aux dents de pénétrer dans la chevelure. Le découpage des dents s'effectue grâce à une machine appelée "estadeuse" qui réalise le grossage (découpe des grosses dents) et le stadage (découpe des petites). Enfin le "planetage" enlève à la meule les aspérités, les grosses dents subissent un "perlage" à la meule émeri (évidage et appointage) et les petites un "appointage". Le "baguettage" consiste quant à lui à tracer à la meule un sillon pour amincir le dos du peigne. Puis le ponçage est réalisé dans un bain d'eau et de pierre ponce avec un tampon de drap ou de flanelle et enfin le polissage à la meule apporte la touche finale. Le peignier réalise également sur le même principe des peignes plus petits dans la "gorge" dont la matière utilisable se trouve en plus petite quantité. Le cornier ou "cacheur" peut également en tirer des plaquettes qui seront utilisées en coutellerie (voir fiche métier "coutelier") ou en tabletterie (voir fiche métier "tabletier"). Elles sont chauffées, mises en formes dans des moules puis mises sous presse avant d'être empaquetées. Elles seront par exemple fixées par le coutelier sur le manche des couteaux fermants. La partie ronde et pleine de la corne, la pointe, sera utilisée par le cornier luimême ou envoyée à des artisans spécialisés : couteliers (fabrication de manches pour la coutellerie de table), tabletiers (tuyaux de pipe, manches divers...). Elles sont d'abord mises à bouillir par le "façonneur" puis à roussir avant d'être redressées dans un moule mis sous presse. Leur forme définitive est ensuite obtenue par "tournage" puis les pièces sont polies et lustrées. Le peignier quant à lui peut également réaliser des peignes en buis, mais cette tradition a été remplacée progressivement par l'utilisation exclusive de la corne pour la production artisanale. En revanche les peignes en matière synthétique (celluloïd d'abord puis bakélite, galalithe...) ont progressivement pris le pas sur les peignes façonnés en corne. Grâce aux presses à injecter inventées dans les années 1930, les matières plastiques inondent dorénavant le secteur de la fabrication de peignes. Le cornier peut enfin être amené à restaurer des objets en corne en ressoudant les parties cassées ou en façonnant de nouvelles pièces. La soudure s'effectue en biseautant les deux parties puis en les chauffant et en les maintenant bord à bord à l'aide d'une pince plate chaude. FORMATIONS FORMATION INITIALE Aucune formation spécifique n’est dispensée pour les corniers et peigniers. Les techniques de travail du cornier peuvent néanmoins être abordées dans les domaines spécifiques tels que coutellerie ou tournerie. FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE Des formations non diplômantes, d'une durée variable permettent de suivre une initiation ou un perfectionnement. Retrouvez toutes les adresses des organismes de formations initiales et professionnelles continues dans les métiers d’art en consultant notre base de données sur notre site Internet : http://www.institutmetiersdart.org/ Retrouvez le schéma des formations aux métiers d’art sur notre site Internet : http://www.institut-metiersdart.org/ Sur le site http://www.moveart.org/, retrouvez toutes les adresses des centres de formations en Europe. ENVIRONNEMENT Le travail de la corne remonte à l'antiquité mais c'est au Moyen-âge que les corporations se forment avec les corniers, les peigniers mais également les lanterniers qui utilisent également la corne pour la fabrication des lanternes. Au XIXème siècle l'activité se développe dans les régions d'Ezy-sur-Eure (peignerie), de Thiers (tournerie et coutellerie), en Franche-Comté (travail de la corne), la vallée de l'Hers en Ariège et à Oyonnax dans l'Ain (peignerie). Il existe aujourd’hui peu d’artisans corniers et peigniers alors que dans la vallée de l'Hers, par exemple, on ne comptait pas moins de 1500 ouvriers et 35 entreprises en 1930 (source : Atelier de la Licorne). Le changement des habitudes de consommation et l’industrialisation ont effectivement réorienté le secteur. Les matières utilisées ont également évolué, les fabricants abandonnant progressivement la corne au profit des matières plastiques bon marché et plus solides (moulages par injection de peignes et peignes d'ornements etc.). Ainsi la région d'Oyonnax, dont les fabriques de peignes utilisaient le celluloïd dès la fin du XIXème siècle, se spécialise progressivement dans cette industrie. La région est aujourd'hui appelée la "Plastique Vallée". Trois entreprises gardent néanmoins vivante la tradition du peigne et des articles en corne dans le sud-ouest de la France : l'atelier de La Licorne, l'atelier Da Fonseca et Azema-Bigou, ces deux derniers étant toujours installés dans la vallée de l'Hers dans l'Ariège. Des artisans travaillent également toujours la corne notamment dans la région de Thiers où la coutellerie offre de vrais débouchés (établissement Muzard...) ou en Franche-Comté où la tradition artisanale perdure (Muyard, Michaud...). Aujourd'hui les corniers travaillent essentiellement pour les entreprises d'arts de la table, les décorateurs, les couteliers et le grand public. Les peigniers proposent leur production en direct ou par l'intermédiaire de boutiques spécialisées, pharmacies, salons de coiffure ou parfumeries... Grâce à la vague "bio", le peigne en corne naturelle bénéficie d'un regain d'intérêt auprès du grand public qui peut s'offrir cet objet fait main pour une quinzaine d'euros seulement. L’approvisionnement en matière première peut également être problématique lors de l'utilisation de cornes protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) appelée également « Convention de Washington ». Cependant la corne communément utilisée (bovins et ovins) provient des abattoirs et est à ce titre utilisable sans restriction. La liste des cornes interdites est mise à disposition en ligne par le site de la CITES. SALONS ET MANIFESTATIONS Journées européennes des métiers d’art - JEMA, Annuel, avril Institut National des Métiers d’Art - 23, Avenue Daumesnil, 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85. Fax : 01 55 78 86 17. http://journeesdesmetiersdart.fr/ Les Journées Européennes des Métiers d’Art (JEMA), initiées et coordonnées par l’INMA, portent pour ambition la valorisation du patrimoine immatériel et vivant. Elles fédèrent et mobilisent l’ensemble des acteurs du secteur. Les professionnels des métiers d’art sont au cœur de l’événement : portes ouvertes d’ateliers et de centres de formation, expositions, rencontres, démonstrations de savoir-faire, circuits de découverte, etc. Elles ont lieu tous les ans, le premier week-end d’avril, pendant trois jours et dans toutes les régions de France. Mondial Coiffure Beauté à Paris, Annuel, novembre, MCN by BS – 9 rue Mracci, 59000 Lille Tél.: 03 28 07 32 95 / 25 [email protected] http://www.mcbbybeauteselection.com/ Ce salon professionnel se veut le rendez-vous international de la coiffure et de la beauté : shows, ateliers techniques, concours et nouveautés du marché de la coiffure. On y trouve notamment les fournisseurs d'accessoires de coiffure, matériels et outillages. CONCOURS Prix Avenir Métiers d’Art - INMA Annuel, remise de prix : date variable. Remise des dossiers : 31 mai de l’année en cours. Institut National des Métiers d’Art - 23, Avenue Daumesnil, 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85. Fax : 01 55 78 86 17. [email protected] http://www.institut-metiersdart.org Les Prix Avenir Métiers d’Art – INMA, organisés par l’Institut National des Métiers d’Art, avec le soutien de la Fondation Michelle et Antoine Riboud et de Banque Populaire, sont destinés à mettre en valeur de jeunes talents, futurs acteurs de la vie économique dans ces métiers de passion et de création. Ils ont pour objectif d'encourager les élèves de la filière Métiers d’Art, du niveau CAP au niveau Bac +2 (niveaux V, IV et III) en mettant en lumière leur créativité et leur maîtrise technique. Le 1er Prix de chaque région et de chaque niveau reçoit un chèque d’une valeur de 250€ (pouvant être complété par des partenaires régionaux) ainsi qu’un diplôme. Les lauréats régionaux bénéficient également des avantages du CLUB Avenir : séjour de deux jours à Paris en vue du jury national, rencontres avec des professionnels, visite de musées, ateliers, etc. Chaque premier prix national reçoit une dotation de 4500€. La dotation des 2èmes Prix s’élève quant à elle à 2000€ et à 1000€ pour les 3èmes Prix. Les lauréats du Prix bénéficient également d’un accompagnement privilégié de l’INMA dans la suite de leurs parcours ainsi que d’un appui en termes de communication et de promotion. Concours Un des Meilleurs Ouvriers de France Société des Meilleurs Ouvriers de France, 16, rue Saint-Nicolas, 75012 Paris. Tél. : 01 43 42 33 02. Fax : 01 43 42 20 41. [email protected] http://www.meilleursouvriersdefrance.info Concours conduisant à l’attribution du diplôme d’Etat « Un des meilleurs ouvriers de France », homologué au niveau III de la nomenclature interministérielle des niveaux de formation. Il atteste l’acquisition d’une haute qualification dans l’exercice d’une activité professionnelle dans les domaines de la restauration, de l’hôtellerie, de l’alimentation, du bâtiment, de l’habitation, des structures métalliques, de l’industrie, de la terre et du verre, du vêtement, de la bijouterie, des techniques de précisions, de la gravure, de la communication, de la musique, des animaux, de l’agriculture, du commerce et des services. Organisé tous les trois ans, les candidats aux épreuves de l’examen doivent avoir 23 ans minimum. Le concours est ouvert à 138 métiers répartis en 19 groupes. Une exposition des œuvres des lauréats est organisée par le comité. SOURCES D’INFORMATION ORGANISMES Amis du Musée du Textile et du Peigne en corne (AMTPC), http://amtpc2002.free.fr Créée en 1983, l'association des Amis du Musée du Textile et du Peigne en Corne a pour objectif la conservation et la mise en valeur du patrimoine historique, social économique et culturel des industries du textile et du peigne en corne du Pays d'Olmes et au-delà. Association du Musée du Peigne et des Plastiques d'Oyonnax (AMPPO), BP 10356, 01112 Oyonnax. [email protected] http://www.amppo.fr Créée en 1976 à l’initiative d’industriels, d’artisans, de membres de la Jeune Chambre Economique Nantua-Oyonnax, de membres de l’enseignement et de représentants de sociétés locales, l'association a pour objectif de participer au développement et à la promotion d'un musée du peigne d'Oyonnax. LIEUX RESSOURCES Musée de la coutellerie, 23 et 58, rue de la Coutellerie, 63300 Thiers. Tél. : 04 73 80 58 86. Fax : 04 73 80 29 39. [email protected] http://www.ville-thiers.fr/ Le musée présente un important centre de documentation sur les métiers de la coutellerie et des savoirs-faires complémentaires. Musée du peigne et de la plasturgie Centre Culturel Aragon, 88 cours de Verdun, 01100 Oyonnax. Tél. : 04 74 81 96 82. [email protected] http://www.oyonnax.fr/ Le musée présente des articles de collection issus de l’artisanat et de l’industrie, des machines et outils, de documents d’archives retraçant l’histoire et les savoirfaire de la ville d'Oyonnax. Manufacture musée du peigne d'Ezy sur Eure Boulevard Gambetta, 27530 Ezy sur Eure. Tél. : 02 37 64 64 69. [email protected] http://musee-du-peigne.pagesperso-orange.fr/ La manufacture musée du peigne d'Ezy sur Eure présente, grâce à des ateliers reconstitués, l'histoire de la fabrication des peignes depuis le XVIIème siècle ainsi qu'une collection de peignes en corne, ivoire, écaille ou celluloïd. Musée du textile et du peigne en corne 65 rue Jean Jaurès, 09300 Lavelanet. Tél. : 05 61 03 01 34. http://lesamis.amtpc.free.fr/index2.htm Le musée du textile et du peigne en corne installé dans les anciens locaux de la manufacture des Draperies Dumons Frères présente grâce à des archives et des outillages anciens remis en service les traditions ouvrières et artisanales de filature, tissage, tricotage, passementerie et du travail de la corne. Musée de la tournerie, Village de Lizon, 39170 Lavans les Saint-Claude. Tél. / Fax : 03 84 42 11 68. [email protected] http://musee-dela-tournerie.monsite.wanadoo.fr Un musée vivant présentant les techniques de tournerie de la corne essentiellement, mais également de l’ivoire, de l’os, du buis et du corozo. Les ateliers ouvrent en outre régulièrement leurs portes pour accueillir le public et présenter les gestes ancestraux du travail de la corne (Muyard, Azema-Bigou, Da Fonseca...). SITES INTERNET http://www.ariegenews.com Le site d'actualité régionale et locale présente sous le mot clé "peigne" plusieurs articles sur les artisans de la région ainsi que des interviews filmées. http://www.peigne-corne-azema-bigou.com Le site du cornier présente des photos des étapes de fabrication. http://www.cites.org Le site de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction présentant les objectifs, le fonctionnement et les textes officiels de la CITES. http://www.peignecorne.com La boutique du peigne en corne présente sur son site internet un historique de l'activité ainsi que des vidéos expliquant les différentes étapes du travail de la corne. Les listes d’informations sont proposées à titre indicatif et ne sauraient prétendre à l’exhaustivité. POUR EN SAVOIR PLUS… Consultez le Centre de ressources de l’Institut National des Métiers d’art, une ressource unique sur les métiers d’art : - Des bases de données documentaires sur l’actualité des métiers d’art et des bases de données sur les formations, accessibles sur son site internet. - Un fonds documentaire spécialisé : revues, dossiers, ouvrages et plus de 750 films sur ce secteur. Institut National des Métiers d’art, 23 avenue Daumesnil, 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85 Ouvert du mardi au vendredi de 14 à 18 heures [email protected] http://www.institut-metiersdart.org/ © INMA - 2015