Les séparations et les deuils, une source d

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Les séparations et les deuils, une source d
Lucien Essique
Les séparations
et les deuils,
une source d’évolution
Du jumeau perdu aux pertes de notre existence
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La première des séparations,
le « jumeau perdu »
La vie venait à peine de s’installer
Qu’une disparition la surprenait.
L’absence résonnait
Elle imprimait un vertige, une déchirure
Et restait ainsi sourde et aveugle,
Méconnue mais enregistrée
Au cœur même de l’être.
Tôt ou tard elle se manifestera, insidieusement,
Tel un mince filet de conscience qui ne demande qu’à se révéler.
De nombreuses personnes ont vécu, dans la vie intra-utérine,
une première perte, la disparition d’un ou de plusieurs embryons
qui étaient implantés à leur côté. Ce phénomène, qui commence à
être bien documenté, se nomme le « syndrome du jumeau perdu »
ou « syndrome du jumeau fantôme », c’est la perte d’un double
gémellaire. Que se passe-t-il ? En fait, il est possible que plusieurs
ovules soient fécondés dans un même temps, ou, dans les cas les
plus rares, plusieurs jours plus tard. Ce sont donc des jumeaux,
soit homozygotes s’ils sont réunis dans une même « poche », ou
dizygotes s’ils sont dans deux « poches » différentes. Certains de
ceux-ci ne subsisteront pas. Pour l’embryon puis le fœtus survivant, cela s’inscrit comme une véritable perte. Un être l’a quitté,
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et bien souvent dans un silence assourdissant, à savoir peu connu
par la génitrice, encore moins pour le géniteur, et méconnu par le
corps médical ou caché, non dit, quand la sage-femme remarque,
lors de la délivrance, des restes dans le placenta représentés par
une boule de tissus fibreux. À quoi bon inquiéter la maman quand
l’accouchement s’est bien déroulé, que le bébé est en forme et les
parents ravis ! Il est aussi constaté quelquefois, suite à l’accouchement, un jumeau non vivant appelé « fœtus papyraceus » ou « enfant
de lune ». Cette perte a eu lieu à partir de la vingtième semaine
de gestation. C’est un phénomène davantage connu, mais pas
toujours mis en mot ou non dit.
Ces pertes n’en demeurent pas moins des événements dramatiques et constituent, pour le jumeau survivant, une perte
d’énergie, un manque qui habitera son existence de façon inconsciente et générera de nombreux symptômes et postures de vie qui
seront un véritable handicap. Ce drame se produit généralement
lors du premier trimestre de la grossesse. Ce peut être très tôt ou,
plus généralement, ce que j’ai constaté dans le travail en constellations familiales, entre le deuxième et le troisième mois. En France,
la première échographie intervient vers la douzième semaine de
grossesse, ce qui ne permet pas de valider la perte d’un jumeau !
C’est ainsi que dans une grande majorité des cas, celle-ci est peu
diagnostiquée. Ce sont les études des scientifiques en embryologie
qui permettent aujourd’hui d’éclairer ce phénomène, qui était
perçu par certains thérapeutes lors de l’accompagnement d’adultes
qui présentaient un mal-être et certains symptômes.
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Les premières séparations de votre existence
Pour vous permettre de mieux vous relier à ce phénomène qui
a une importance capitale, je vous propose un développement en
trois points :
1. Les symptômes qui peuvent émettre ici ou là cette probabilité de la perte d’un ou de plusieurs jumeaux ;
2. Les aléas de la vie intra-utérine. Je vous donnerai ici
quelques explications accompagnées de documentations ou
de titre de livres ;
3. Comment intégrer cette partie manquante, qui peut
être source de troubles importants dans votre vie et qui
constitue la première perte de votre existence souvent niée
mais active.
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Les symptômes, les effets…
C’est le travail mis en œuvre avec l’approche des constellations
familiales et systémiques (voir le livre Les constellations familiales, un
chemin vers l’acceptation et l’amour, Éditions Dangles) qui m’a sensibilisé profondément à cette réalité cachée, méconnue, mais qui,
dans l’accompagnement de nombreux patients, se révélait avec
force. C’était pour moi un phénomène connu que j’avais travaillé
avec d’autres approches, mais ici, la manifestation était claire,
précise et témoignait, chez celui qui en était porteur, de beaucoup de souffrance et de blocage existentiel. Je vais ici évoquer un
certain nombre d’observations que je rencontre souvent et, ici ou
là, je les émaillerai de quelques exemples.
Le premier phénomène qui est général à l’ensemble des situations, c’est celui de ne pas se sentir à sa place dans sa fratrie, dans sa
famille ou dans sa vie. Dans l’observation en constellation familiale, cela se remarque immédiatement par un déséquilibre au
niveau de la posture et, bien souvent, une main, un bras cherche
un être absent, l’embryon disparu, le double manquant, le jumeau
perdu. Ici se joue le début de la lecture d’une histoire oubliée
qui heurte les contours de votre vie. Le travail en constellation
familiale consiste à réintégrer cette partie manquante. C’est-àdire mettre au jour, au niveau de la conscience, cette effroyable
séparation qui s’est jouée aux prémices de votre vie. Le corps,
la mémoire cellulaire, en porte la trace ; la conscience, l’émotionnel, l’a enfoui, puisque dans la majorité des cas, personne dans
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la famille n’a pu, ne serait-ce que quelques instants, l’entrevoir.
Donc le jeune enfant s’est habitué à vivre comme si cela n’était
jamais arrivé, un véritable déni qui porte un poids énorme de
non-dit. Les retrouvailles en constellations familiales sont profondément touchantes, des effusions se produisent, une nouvelle
énergie circule, le « jumeau survivant » prend conscience de sa
possibilité à vivre pleinement sa vie. Il peut lâcher la culpabilité, ou la colère, et se laisser envahir par une chaleur intense qui
comble le manque… Je suis toujours ébahi de voir ces résolutions éclatées dans une effervescence émotionnelle, énergétique,
d’amour profond, multidimensionnelle… C’est une rencontre
d’âme à âme.
Il est tout à fait surprenant de voir, quand j’accompagne des
patients dans la « revivance » de ce moment, combien quelquefois
trente ans, cinquante ans plus tard, le corps de la personne est en
capacité de ressentir des symptômes qui ne sont que l’amplification de ce qui s’est joué dans le silence de la gestation. Je constate
des douleurs, des déchirures au bras, des oppressions, des sensations de vertige, des phénomènes d’aspiration, de vide ; la position
debout est quelquefois impossible. Si le corps d’un adulte peut
ressentir cela, il est aisé d’entendre quelle souffrance est à l’origine
de ce mal-être. Alors comment peut-on ressentir, dans la vie de
tous les jours, « cette absence originelle » ? J’oserai dire qu’il y a
autant de situations que d’êtres en souffrance aveugle ! Je vais
exposer ici quelques états qui se rencontrent fréquemment. Ce
qui m’amuse assez souvent, c’est de constater que, quand je cite les
symptômes après avoir travaillé avec une personne, je vois celle-ci
surprise de découvrir qu’elle les mettait en œuvre sans trop s’en
rendre compte. Il s’ensuit une libération.
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J’ouvre ici une liste à la Prévert :
Il existe une tendance dans la vie à chercher désespérément
son double, un ami, une amie, qui va devenir une relation d’une
grande proximité, quelquefois fusionnelle. Cette recherche
inconsciente peut mettre en péril des rencontres amoureuses. Vous
recherchez une compagne ou un compagnon et, sans le savoir,
vous lui donnez la place d’une sœur ou d’un frère manquant. La
relation aura beaucoup de mal à perdurer, et ce sera d’autant plus
douloureux que vous ressentez un attachement profond envers
cette personne. Les séparations se vivent alors dans ces conditions tripales ; elles créent de profondes meurtrissures au niveau
de l’âme. C’est la réminiscence de la première séparation qui se
joue ici. J’ai constaté, chez de nombreux couples mariés, que l’un
des deux conjoints devient profondément attiré par une relation
tierce qui devient fusionnelle, charnelle, passionnelle. Même si
cette personne aime et souhaite continuer à vivre avec son mari
ou sa femme, elle se sent attirée, embarquée par ce partenaire de
passage, qui n’est que l’émergence du manque du jumeau. Ce
sont des situations cornéliennes, des conflits insolubles à l’intérieur de l’être, qui provoquent de grandes souffrances et des
difficultés de positionnement. Une autre tendance est de faire les
choses par deux, d’acheter certains articles en double. J’ai souvent
cette expression : « oui quand j’aime un pull, j’achète deux fois
le même », ou cela pour d’autres objets. Certains professionnels
recherchent des associés. Entreprendre seul, c’est difficile ! Cela
peut entraîner des situations compliquées : quand les affaires et
l’affectif se mêlent, le résultat peut être détonant ! Il y a des associations de ce type qui fonctionnent, d’autres qui périclitent ou
éclatent. Certaines personnes collectionnent des boîtes vides,
d’autres mangent pour deux…
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Les migraines sont toujours de bonnes indications. J’ai vérifié, à
de nombreuses reprises, que des personnes souffrant de migraines
intermittentes ou régulières, et quelquefois invalidantes, en furent
débarrassées suite au travail d’intégration du jumeau perdu. La
migraine représente « la demi-graine manquante ». L’interrogation
souvent émise concerne le moment où cette dernière survient.
Elle n’est pas forcément présente dès votre prime enfance, mais il
est possible qu’un changement dans votre vie troublant un équilibre établi vienne réveiller ce symptôme porteur de sens. J’ai
remarqué également que des troubles de l’équilibre, des vertiges
étaient représentatifs de la perte d’un jumeau, appui qui vous
manque tant.
J’ai rencontré des mamans qui avaient du mal à se relier à leur
nourrisson, l’allaitement était difficile. Là encore, elles avaient
perdu une petite sœur dans la vie intra-utérine. Leur enfant,
désiré, aimé, accepté, ravivait ce trouble caché. Sans le travail
d’intégration du jumeau perdu, cette attitude est complètement
inexplicable.
La fratrie est le premier lieu privilégié où peuvent jaillir des
troubles. Je remarque des conflits entre frères et sœurs : celui qui
cherche inconsciemment son double ne le trouve pas auprès de ces
frères et sœurs, et il tente de créer ce lien qui n’est pas accepté par
les autres. Si vous connaissez la psychologie des jumeaux vivants,
vous savez qu’ils forment un couple, un binôme à part entière
dans la fratrie, la famille. Quand le manque de l’autre est là, il crée
de nombreux troubles. L’inverse peut aussi se produire.
J’ai connu ainsi deux sœurs qui étaient très unies. Quand
l’aînée a quitté le domicile pour réaliser des études universitaires,
les symptômes se sont grandement manifestés. La plus jeune se
faisait agresser, elle perdait ses ancrages et n’avait plus confiance
en elle-même… La grande sœur éprouvait des difficultés dans
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ses études… Quand j’ai mis au jour l’origine de ces troubles, le
manque d’un jumeau chez chacune, ce fut une grande découverte.
La plus jeune étant sceptique, je lui ai alors proposé d’évoquer la
question avec sa mère. Cette dernière, à l’énoncé de cette hypothèse, a fondu en larmes. Elle avait eu, en début de grossesse, une
perte de sang et avait craint de perdre son enfant. Elle en avait bien
perdu un, celui qui lui manquait tant. Ici les deux sœurs avaient
trouvé un étayage, le changement de situation a fait rejaillir le
manque, qui était habilement et secrètement compensé. Combien
d’adultes m’ont affirmé, après avoir travaillé ce manque : « Quand
j’étais petit, j’inventais un compagnon de jeu ! » ; d’autres : « Je
sais qu’il me manque un petit frère ou une petite sœur depuis
longtemps » ; une autre personne : « Depuis toute petite, j’aimais
me promener dans les cimetières ». Elle recherchait le jumeau
perdu. D’autres encore dessinent des personnages ou animaux à
deux têtes… ! Que dire des prénoms composés (Marie-Laure,
Jean-Étienne…), unisexes (Dominique, Camille, Claude…), qui
portent symboliquement et inconsciemment une marque indélébile de l’absence ; ou alors les prénoms avec des lettres doublées,
comme les deux « L » (2 ailes) de Michelle... J’ai rencontré une
personne qui, depuis toute petite, n’arrivait pas à prononcer la
deuxième partie de son prénom double. Elle avait été suivie en
orthophonie, mais rien n’y faisait jusqu’au jour où, dans un travail,
elle a pris conscience de l’origine de son trouble : il lui manquait
un jumeau, représenté symboliquement par la deuxième partie
de son prénom ! D’autres ne cessent de rencontrer, dans leurs
connaissances, des jumeaux vivants.
D’une façon générale, la perte d’un être cher dans les prémices
de la vie va générer de nombreux blocages, d’ordre affectif,
professionnel, personnel, et va ternir secrètement la vie de l’individu. Je vous conte cette histoire d’une personne qui, au travers
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de son travail, tentait de retrouver la source de ce manque. Elle
était née pendant la guerre. Au cours de ses recherches, elle avait
retrouvé une lettre parcheminée d’une infirmière qui écrivait à
son père que sa petite était bien, qu’elle dormait maintenant tranquillement auprès d’un autre nourrisson dans un même berceau.
Cette personne était donc sûre que c’était cet autre nourrisson qui
lui manquait. Le travail lui montra qu’elle recherchait un jumeau
absent. En temps de guerre, la précarité prégnante lui avait valu la
chance d’être couchée auprès d’un autre bébé.
Il est évident que pour tous ceux qui sont porteurs de ce
manque, les situations de séparation sont très difficiles, les deuils
souvent douloureux, la solitude problématique ; le manque est
bien souvent là, rampant. Des pathologies peuvent en résulter
ainsi que de nombreux troubles, dont souvent la cause est recherchée ailleurs.
Les situations dans lesquelles le jumeau survivant doit faire des
choix peuvent être doublement difficiles (choisir, c’est renoncer
à une des parties du choix), c’est un phénomène qui apparaît
assez souvent. J’ai repéré également d’autres façons de combler
le manque du jumeau perdu : le fait d’avoir un animal fétiche,
ou de reposer son affection auprès d’un animal de compagnie,
ou de prendre soin très tard du nounours ou de la poupée de la
prime enfance, appelé « objet transitionnel », quelquefois jusqu’à
l’adolescence ou l’âge adulte… D’autres symptômes existent, mais
ce que je souhaite ici ajouter, c’est qu’il est possible de rechercher
plusieurs « doubles ». Il se peut que plusieurs embryons se soient
détachés. Je constate, lors du travail, que certains en recherchent
un de chaque côté ; d’autres souhaitent être entourées de trois
personnes représentant les jumeaux, pour laisser enfin s’installer
un mieux-être, un sentiment de complétude.
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Bien d’autres symptômes sont observables, mais je vous invite à
ne pas simplifier mes propos par des raccourcis du type « puisque
j’ai des migraines, je dois avoir perdu un jumeau »… Ce serait
beaucoup trop simpliste et dangereux ! Seul un travail spécifique
peut venir révéler cette perte, et si c’est le cas, vous pourrez le
ressentir dans votre être. Sans cela, ce ne serait pas sérieux et
ne servirait pas à grand-chose. Vivre seul sans celui ou celle que
vous avez côtoyé il y a très longtemps est source de nombreux
symptômes. La solitude est très mal vécue. Il est donc essentiel
de combler cette première perte de votre existence, fût-elle antérieure à votre naissance.
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Les aléas de la vie intra-utérine
Vous pouvez vous poser ces questions : « Est-ce que tout cela
n’est pas une simple vue de l’esprit ? Une calembredaine ! » « Y
a-t-il des statistiques, des preuves scientifiques ? » « N’est-ce pas
une pure invention, un simple prétexte ? »
Vous avez le droit de vous poser toutes ces questions, et bien
d’autres, et je vais tenter de vous donner quelques références. Tout
d’abord, ce n’est pas la gynécologie qui a permis de mettre en
exergue cette réalité. En France, les premières échographies sont
réalisées lors du troisième mois de grossesse, et le gynécologue
obstétricien est centré sur le bon développement de l’embryon
(vivant) et de la future maman. C’est l’embryologie qui a permis
d’observer, à partir de l’imagerie par résonance magnétique en
trois dimensions, le développement du fœtus et les différents aléas
qui se produisent.
Trouver des statistiques fiables, c’est encore aujourd’hui
difficile : l’amplitude va de 10 % à 80 % de grossesses au cours
desquelles il y a au moins la perte d’un embryon. Je vais ici
vous proposer quelques références qui me semblent pertinentes,
et je vous en indiquerai les sources que vous pourrez vérifier.
Vous trouverez sur Internet des vidéos basées sur des travaux de
scientifiques qui donnent des éléments fiables. Je vous conseille
de visionner cette vidéo, elle fait partie d’un documentaire en
six parties : « Voyage au centre de la vie, les bébés multiples,
partie no 3 ». Dans cette partie dédiée au thème que j’évoque, il
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est dit : « Certains scientifiques estiment que 21 % des dizygotes
pourraient perdre leur jumeau dans la vie intra-utérine ; chez
les monozygotes, ce chiffre atteindrait 50 %. Certains avancent
qu’une personne sur huit pourrait avoir perdu son frère ou sa sœur
gémellaire, disparu dans l’utérus de la mère. Comme il y a plus
de gaucher chez les jumeaux, certains se demandent si un enfant
gaucher né seul n’aurait pas vécu la perte d’un jumeau ». Je vous
recommande également le livre Le syndrome du jumeau perdu d’Alfred R. et Bettina Austermann, aux éditions Le Souffle d’Or.
Cet ouvrage donne de nombreuses informations pertinentes sur
ce phénomène. Les auteurs affirment qu’ « un embryon sur dix
environ a eu un jumeau qui, souvent, a disparu durant la grossesse. Pour des milliers de personnes, c’est l’origine méconnue
d’un profond sentiment de nostalgie, de mal-être et de culpabilité ». Je vous conseille également les livres de Claude Imbert ainsi
que l’ouvrage Les jumeaux et leur jumeau, de Laurence Wright.
Tous ces documents évoquent à la fois de nouvelles connaissances
sur le développement de l’embryon, puis du fœtus, et donnent
des preuves, avec photocopies d’échographies (par exemple), qui
montrent la perte d’un jumeau.
Ce qui m’a profondément surpris, c’est de constater qu’un
embryon développe très rapidement des facultés sensorielles.
L’oreille est le sens qui se développe le plus tôt ; le bourgeon de
l’oreille est visible au microscope une semaine après la conception,
avant la formation du cœur et du cerveau ! Si un jumeau se situe à
côté de lui, il entendra son cœur. Si ce dernier arrête de battre, le
jumeau vivant le sentira, le percevra. Certains arrêteront de croître
pendant un certain temps, d’autres se colleront contre la paroi
utérine en arrêtant tout mouvement… Le livre Le syndrome du
jumeau perdu donne de nombreux exemples ­significatifs et détaille
le développement des différentes p­erceptions. Ces éléments
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Les premières séparations de votre existence
devraient être connus des parents qui souhaitent concevoir un
enfant, cela permet de mieux accompagner la vie naissante.
Certains enfants gardent des souvenirs, des sensations de ce qu’ils
ont vécu à ce stade. Dans le travail avec les personnes qui ont
perdu un jumeau dans la vie intra-utérine, j’observe des perceptions surprenantes. Aujourd’hui, toutes ces recherches viennent
asseoir les observations phénoménologiques vécues en constellations familiales, et c’est toujours satisfaisant de constater que la
science apporte le crédit au travail réalisé à partir de l’écoute des
ressentis et des symptômes.
La question à laquelle je suis souvent confrontée, c’est : « Que
devient l’embryon ou le fœtus qui disparaît ? » À ma connaissance, il peut se produire trois phénomènes. Celui qui paraît être
le plus fréquent, c’est que l’embryon non viable est absorbé par le
placenta, placenta qui était, jusqu’au début du siècle dernier dans
notre pays, remis aux parents, puis enveloppé dans un linge et
enterré à l’endroit ou un jeune arbre était planté, ce qui représentait la naissance de l’enfant et aussi, symboliquement, un lieu
où il était possible de se relier. Dans les différents pays, d’autres
coutumes existent. Ensuite, le placenta a été vu comme un déchet
organique. Maintenant, les laboratoires s’en emparent, d’autres
le vendent, certaines femmes en mangent un morceau… Il a un
rôle déterminant dans la grossesse, et il est constitué de cellulessouches très riches !
La deuxième manifestation de la possible perte d’un embryon
est la perte de sang. Au début d’une grossesse, la femme s’en
inquiète, consulte son gynécologue et ce dernier lui signifie que
l’enfant va bien. Oui, mais il est possible, dans certains cas, que
cela soit le signe d’une perte non reconnue d’un embryon. Et la
troisième possibilité, c’est l’intégration de l’embryon non viable
dans le corps du « jumeau survivant ». J’ai eu connaissance de
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plusieurs cas d’opération de tumeur, de kyste qui était composé de
différents tissus (cheveux, dents)… Le vivant porte alors en lui les
traces du drame qui s’est noué lors de la gestation, sans forcément
le savoir.
Le nombre croissant de fécondation in vitro conduit à accélérer le phénomène de perte d’embryon, de jumeau pendant la
gestation. Vu le nombre de cas de personnes que j’accompagne
en constellation, j’admets assez facilement le taux de perte aux
environs de 80 %.
J’espère avoir ouvert un champ de découvertes. N’étant ni
médecin ni embryologue, je vous laisse aller à la rencontre des
sources citées ci-dessus. Vous pourrez par vous-même vous approprier ces connaissances essentielles. Ce dont je ne doutais pas, mais
qui a confirmé mon point de vue, c’est que dès la conception, la
génitrice porte bien en elle un être vivant, en devenir, certes.
Mais l’expérience intra-utérine est constitutive du développement de l’enfant, les perceptions sont en alerte, les apprentissages
également, les ressentis, les pensées, le développement psychomoteur. Des chercheurs estiment que l’apprentissage du langage
commence en cet espace créateur des êtres que nous sommes.
C’est profondément inouï !
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Comment intégrer cette partie
manquante, qui peut être source de
troubles importants dans votre vie
et qui constitue la première perte
de votre existence,
souvent niée mais active
La perte d’un jumeau est la première séparation de votre vie,
c’est le premier deuil à réaliser, mais tout cela est conscientisé
de nombreuses années après l’événement, vingt, trente, quarante,
cinquante ans… Même quand il s’agit de fausses couches ou d’avortements, les troubles existent pour les autres enfants vivants de la
fratrie, et ils sont rarement pris en considération. C’est encore un
sujet que je traite assez souvent avec les constellations familiales.
Concernant la perte d’un jumeau, il y a, à mon sens, plusieurs
approches possibles pour apaiser, « soigner » le jumeau survivant.
Je souhaite ici spécifier qu’il faut quelquefois travailler plusieurs
fois le sujet, d’où l’intérêt de combiner plusieurs outils, d’autant
que l’acceptation du patient peut être lente à s’établir. Imaginez,
vous avez 40 ans, vous vous sentez mal et abruptement (ce qu’il
ne faut pas faire), je vous révèle que vous avez perdu un jumeau !
Vous allez avoir besoin d’un temps d’intégration et d’acceptation
si vous n’êtes pas sensibilisé à la question ; peut-être même me
traiterez-vous d’illuminé !
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Table des matières
Prologue5
La porte de la vie7
Les premières séparations
de votre existence
La première des séparations, le « jumeau perdu »13
Les symptômes, les effets…16
Les aléas de la vie intra-utérine23
Comment intégrer cette partie manquante, qui peut être
source de troubles importants dans votre vie
et qui constitue la première perte de votre existence,
souvent niée mais active27
La naissance33
Les séparations,
les pertes de l’enfance
Les séparations amoureuses
Les modalités de la séparation amoureuse56
Après la séparation,
l’étape de la reconstruction71
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Les séparations et les deuils, une source d’évolution
Les situations inachevées de votre vie
Les relations amoureuses, les flirts de votre enfance
ou de votre jeunesse78
Les fausses couches79
La fuite d’un pays, la perte d’un lieu de vie81
La perte d’un travail, le licenciement82
La mort,
le deuil d’êtres chers
Comment vivre la mort d’un proche ?90
Vivre le deuil100
Les freins et les atouts111
Les atouts113
Vivre après un deuil
Au-delà de la mort du corps, l’âme,
le souffle de la vie, une part d’éternité…
Approfondir la connaissance de soi122
Se relier à un autre niveau de l’être125
Quelle est la valeur essentielle qui va nous permettre
de vivre et d’intégrer ces extrémités ?128
Comment élever notre âme, notre niveau
de conscience ? Comment participer à son élévation ?
Comment mieux vivre notre vie ? Comment parfaire
notre expérience humaine et en sortir grandi ?132
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Table des matières
La vie après la vie, ou comment
communiquer avec les âmes qui nous
ont quittés. Comment percevoir cette
forme de communication subtile
qui nous relie ?
La médiumnité139
L’écriture automatique140
La transcommunication instrumentale ou transcommunication
mentale141
Des outils précieux
au service de votre vie
Les constellations familiales, une approche systémique
et transgénérationelle au service de votre deuil147
Les démarches symboliques, un outil pour votre guérison
intérieure149
La restitution symbolique150
Épilogue
Messages aux défunts, une communication du cœur à cœur,
de l’âme à l’âme159
Communication vers un père qui a quitté ce monde159
Communication vers une mère qui a quitté ce monde161
Pour une maman, un papa qui vivent la perte d’un embryon162
Pour une maman et un papa qui pleurent le décès par accident
ou maladie grave d’un jeune enfant164
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Les séparations et les deuils, une source d’évolution
Communication d’un frère ou d’une sœur à un frère
ou une sœur décédée165
Communication vers un grand-père ou une grand-mère166
Pour tous ceux qui sont en colère, compte tenu de l’absence
d’amour ou d’estime de leurs parents, ou encore de violences
subies pas un membre de la famille aujourd’hui décédé167
J’ajoute ici la prière proposé par Bert Hellinger, thérapeute
allemand à l’origine des constellations familiales.
C’est un message que vous pouvez adresser à votre père
ou mère décédé.168
Contact171
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