2015 DJS 231 Communication de la Maire de Paris sur la jeunesse
Transcription
2015 DJS 231 Communication de la Maire de Paris sur la jeunesse
2015 DJS 231 Communication de la Maire de Paris sur la jeunesse Depuis 2001, la Ville de Paris a déployé des politiques publiques ambitieuses et cohérentes dans le but d’encourager l’autonomie des jeunes, intervenant ainsi activement dans les domaines de la formation, de l’emploi, de la santé, du logement, mais également de l’accès à la citoyenneté, à la culture et au sport. Au cours de la décennie passée, le contexte économique, social et sociétal parisien a connu d’importantes évolutions. Celles-ci ont influencé significativement les trajectoires individuelles et collectives des jeunes et ont conduit à repenser les politiques publiques les concernant. Dans ce contexte, la présente communication expose la vision et l’ambition de la Ville de Paris, autant qu’elle décrit les objectifs et la méthode destinés à accompagner l’autonomie des jeunes et à renforcer leur rôle d’acteurs de la cité, en leur offrant notamment des lieux spécifiques adaptés à leurs besoins et usages. Le programme parisien pour l’autonomie des jeunes, en annexe de cette communication, précise et décline les contours de cette ambition, avec l’objectif de montrer la cohérence de l’ensemble des actions engagées par la collectivité en faveur des jeunes. Il contient également toutes les nouvelles mesures que la Ville souhaite mettre en œuvre au cours de la mandature. 1) Une jeunesse, des jeunesses à Paris La place des jeunes à Paris est significative : 330 500 jeunes de 16 à 25 ans vivent à Paris, dont la moitié est originaire d’autres régions ou de l’étranger. Cela représente 14,7% des Parisiens, contre 12,2% au niveau national1. Chaque jour, environ 600 000 jeunes de cette tranche d’âge, dont environ 350 000 étudiants, sont présents sur le territoire parisien ; ils résident, travaillent, étudient ou viennent pratiquer une activité culturelle ou sportive à Paris. Paris continue à être une ville attractive pour les jeunes, avec un solde positif entre les jeunes qui rejoignent la capitale chaque année et ceux qui en partent. Paris est également la première ville étudiante européenne. La période de la jeunesse apparaît comme propice à l’installation à Paris, dans le cadre de la vie étudiante ou de la recherche d’un premier emploi. Toutefois y résider peut parfois compliquer le parcours d’autonomie des jeunes, en particulier sur le plan de l’accès au logement. L’interaction de la ville de Paris avec les jeunes des communes du Grand Paris est également forte : 264 000 jeunes Franciliens viennent chaque jour à Paris pour étudier ou travailler. La jeunesse parisienne se caractérise par sa relative hétérogénéité, avec une diversité des situations des jeunes Parisiens : certains sont actifs, d’autres sont étudiants ou sans emploi ; ils vivent dans un logement autonome ou chez leurs parents. Les situations de vie des jeunes Parisiens se révèlent plurielles et diverses. Des points saillants permettent néanmoins de caractériser la situation des jeunes à Paris : • les jeunes Parisiens effectuent des études longues : 69% des 16/25 ans sont scolarisés, contre 61% des jeunes pour toute l’Ile-de-France • les jeunes Parisiens expérimentent plus tôt l’autonomie : 57% d’entre eux ne vivent plus chez leurs parents, contre 38% des jeunes Franciliens • les jeunes Parisiens expérimentent un accès et des conditions de logement difficiles : 80% des ménages de 16/25 ans vivent dans un logement de moins de 40 m² et 10% ont un logement sans douche ou baignoire. 1 Etude de l’APUR « les 16-25 ans à Paris, portrait social et démographique », janvier 2015 1 Cette photographie synthétique de la jeunesse parisienne laisse apparaître certains éléments structurants, parmi lesquels la diversité des situations et des parcours ou l’interaction de Paris avec les jeunes des communes du Grand Paris. Pour l’ensemble des jeunes présents sur le territoire parisien, la ligne d’horizon est l’accès à l’autonomie. Les conditions de sa réalisation reposent sur la construction d’une trajectoire personnelle, à travers la poursuite d’un projet individuel ou collectif et l’accès à un emploi et à un logement. La politique parisienne en faveur de la jeunesse à Paris porte l’ambition de favoriser l’autonomisation de cette catégorie de la population. Elle s’appuie également sur une vision positive de cette génération. Dans un contexte de vieillissement de la population nationale et parisienne (13% de la population parisienne a plus de 60 ans) et de risque sous-jacent de conflits intergénérationnels où la jeunesse est parfois perçue comme un « risque », Paris s’attache à développer une politique de soutien à la prise d’initiatives des jeunes Parisiens et à accompagner et sécuriser leurs parcours de vie, leurs transitions, leur créativité et parfois même leur résilience. En appréhendant la diversité des situations vécues par les jeunes à Paris sur le plan de l’accès au logement, de l’emploi, de l’usage des équipements et de l’espace public, la Ville s’attache à développer des politiques publiques favorisant l’égal accès de tous, dans le but de réduire les inégalités sociales et territoriales. 2) Une ambition forte de la Ville en faveur de la jeunesse En matière de soutien à la jeunesse, l’ambition de la Ville de Paris est forte et se construit autour d’objectifs conséquents : privilégier le droit commun, favoriser l’autonomie des jeunes, lutter contre les inégalités et les discriminations et encourager la participation des jeunes à la vie de la cité. L’effort budgétaire de la Ville est récapitulé dans le cadre du « bleu budgétaire » jeunesse, document transversal annuel qui reprend l’ensemble des programmes des 18 directions de la Ville en faveur de la jeunesse. En 2014, l’effort financier de la Ville en direction des jeunes Parisiens est de l’ordre de 200 M€. L’Exécutif parisien soutient de nombreuses initiatives locales, notamment dans les quartiers prioritaires, dans des domaines aussi divers que le logement des jeunes, l’accès aux droits, la santé, l’insertion, la citoyenneté, l’accès au sport ou à la culture. Ainsi, 60% des dépenses de la Ville en faveur des jeunes visent à offrir un accompagnement adapté à la diversité des situations des jeunes par l’intermédiaire de la prévention spécialisée, des contrats jeunes majeurs de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ou encore de l’action socio-éducative des foyers de jeunes travailleurs. 20% des dépenses concernent l’accompagnement des jeunes vers l’autonomie via des dispositifs de soutien aux parcours éducatifs, à l’insertion socio-professionnelle ou à l’accès à la mobilité et à l’information. Dans le cadre de la mandature 2014 – 2020, cette ambition en faveur de la jeunesse parisienne se construit autour de trois axes structurants : • Elaborer une politique de jeunesse transversale à travers un programme en faveur de l’autonomie des jeunes touchant l’ensemble des aspects de leur vie quotidienne (formation, emploi, logement, santé, sport, loisirs, citoyenneté…). Cette politique, menée en lien avec les maires d’arrondissements, est adaptée aux différents territoires parisiens ; • Faire de la jeunesse une véritable ressource pour la ville, en rendant possible, de manière systématique, leur participation à la vie de la cité ; • Donner une visibilité accrue et une cohérence à la politique municipale dédiée aux jeunes, et adapter les équipements qui leurs sont dédiés à l’évolution de leurs usages et besoins. 2 3) Accompagner l’accès des jeunes à l’autonomie L’accès des jeunes Parisiens à l’autonomie constitue un enjeu majeur pour la Ville. L’autonomie des jeunes est appréhendée comme un processus évolutif d’émancipation financière, de décohabitation du domicile familial et de construction d’un itinéraire personnel. Ce parcours d’autonomie des jeunes les conduit à vivre des périodes d’incertitude, de transition et d’expérimentation qui doivent être accompagnées et sécurisées. C’est précisément dans la sécurisation des parcours d’autonomisation des jeunes Parisiens que réside l’ambition de la Ville. Celle-ci se traduit concrètement dans le cadre du programme parisien pour l’autonomie des jeunes (PPAJ) présenté en annexe de cette communication. L’élaboration de ce programme s’inscrit dans l’objectif de mettre en forme et en cohérence l’ensemble des actions engagées par la collectivité parisienne, à partir de la vision d’une ville bienveillante, attachée à soutenir les jeunes et déterminée à les aider à se construire et à se projeter dans l’avenir. Elaboré par l’ensemble de l’Exécutif municipal et coordonné par Pauline Véron, adjointe en charge de la jeunesse, le programme parisien pour l’autonomie des jeunes est construit autour de cinq axes majeurs : 1. 2. 3. 4. 5. S’orienter, se former, s’informer ; Trouver un emploi stable ; Se loger ; Se déplacer, expérimenter la ville ; S’engager, découvrir, s’épanouir. Il se décline en 145 mesures, conjuguant la présentation de ce que la Ville de Paris effectue déjà et les actions complémentaires qu’elle entend mener compte tenu des besoins et réalités des jeunes. La mise en œuvre de ces 145 mesures fera l’objet d’une approche transversale associant l’ensemble des services de la collectivité parisienne et s’appuiera notamment sur le réseau des correspondants jeunesse des directions de la Ville. Un comité de pilotage annuel rendra compte de la mise en œuvre. En matière d’orientation et de formation, le PPAJ a pour objectif de diminuer les inégalités d’accès des jeunes aux ressources éducatives et de réduire la part des jeunes quittant le système scolaire sans qualification. Cela se traduit en particulier par un soutien à la mobilité des jeunes collégiens dans le cadre du plan Erasmus collège qui sera déployé dans le cadre de contrats d’objectifs tripartites (établissements, rectorat, Ville), et un dispositif de promotion de la connaissance des métiers et des filières porteuses d’emploi à Paris. Premier maillon de la politique que la Maire a souhaité initier autour de l'accès des jeunes des quartiers populaires aux métiers du numérique, des journées portes-ouvertes des incubateurs parisiens dédiées aux collégiens et lycéens sont lancées à la dernière rentrée de septembre. Intitulées «Option start-up », elles ont pour ambition de toucher plus de 3.000 collégiens et lycéens parisiens qui seront accueillis, avec leurs enseignants, dans 40 lieux d'innovation parisiens. Le dispositif sera ouvert à toutes les classes de 3e et de 2nde des établissements parisiens. Les rencontres seront organisées par chaque incubateur, avec la volonté d’en faire, pour des jeunes en pleine réflexion sur leur future orientation, des moments d’échange et de découverte des métiers du numérique, des dynamiques de la création d’entreprise et du quotidien d’une start-up. Cette initiative pourra être partagée avec les collectivités du Grand Paris, notamment celles qui portent avec Paris le projet d’Arc de l’innovation visant à développer l’innovation urbaine dans les quartiers populaires aux portes de Paris, afin d’impulser une nouvelle dynamique économique et sociale. La ville de Paris accueillera aussi dès cette année 1000 élèves de 3e à l’occasion de leur stage de découverte professionnelle. Permettant aux jeunes de découvrir le monde du travail, cette première expérience constitue une étape importante pour les collégiens dans la construction de leur projet d’orientation. Faute de réseau social et professionnel, de nombreux jeunes effectuent chaque année des stages par défaut qui ne correspondent pas à leurs aspirations. 400 de ces 1000 offres de stages seront réservés aux élèves issus des établissements situés en zone d’éducation prioritaire ou en quartier politique 3 de la Ville. Pour élargir encore cette offre d’accueil en stage, la Mairie de Paris a également sollicité les nombreuses start-ups installées dans ses incubateurs, ainsi que les entreprises investies dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Une application de mise en relation avec les entreprises sociales verra d’ailleurs le jour prochainement et facilitera la mise en relation des jeunes avec les entreprises de ce secteur. En matière d’emploi, le PPAJ vise à conforter l’action de la Ville en matière de stages professionnels, d’apprentissage et d’emplois aidés, de soutien aux associations d’accompagnement et d’insertion, à l’entreprenariat et au développement de l’économie sociale et solidaire afin de favoriser l’insertion socio professionnelle des jeunes. Il s’agit en particulier de renforcer le partenariat avec la Mission Locale de Paris, auprès des jeunes peu ou pas diplômés, et notamment des jeunes les plus en difficultés avec le lancement de la garantie jeunes. Il s’agit aussi d’accompagner les jeunes les plus éloignés de l’emploi dans le cadre de dispositifs d’insertion par l’activité économique, par la mise en œuvre du dispositif des emplois d’avenir, ou par le développement de l’apprentissage : la Ville s’est fixé des objectifs volontaires en la matière pour créer les conditions favorables à l’insertion des jeunes. Ainsi, 100 recrutements supplémentaires de jeunes en emploi d’avenir sont prévus en 2015, ce qui permettra de signer le 500e emploi d’avenir avant la fin de l’année. Au-delà, la Ville souhaite préparer les jeunes à la vie active. Le recours à l’apprentissage est renforcé, avec 500 jeunes recrutés en apprentissage en 2015, contre 400 en 2014. La politique d’accueil des stagiaires se poursuit, avec un maintien de leur nombre à 600. Enfin, des modules d’accompagnement à la recherche d’emploi pour les jeunes étudiants vont être mis en place et animés par l’association COJOB dans des espaces de vie étudiante à Paris (Maison des initiatives étudiantes, espaces CROUS, etc.). Une attention particulière est portée aux jeunes les plus vulnérables, en particulier à travers la Garantie Jeunes qui sera mise en œuvre le 1er janvier prochain par la mission locale de Paris. Destinée aux jeunes les plus éloignés de l’emploi, en situation de grande précarité, il s’agit d’un dispositif national fondé sur le "donnant-donnant", qui octroie une allocation aux 18-26 ans dans le cadre d’un parcours intensif et contractualisé d'accès à la formation et à l'emploi. Cette Garantie Jeunes constitue la mesure 65 du Pacte parisien de lutte contre la grande exclusion. 1000 jeunes Parisiens en bénéficieront dans un premier temps. En matière de logement, la Ville, qui propose aujourd’hui 17 900 logements étudiants, souhaite poursuivre son effort visant à l’ouverture de résidences étudiantes et de foyers de jeunes travailleurs, via la mise à disposition de 1 000 logements étudiants supplémentaires chaque année jusqu’en 2020. Par ailleurs, 2 100 nouveaux logements en résidences sociales dédiées aux jeunes actifs sont prévus pendant la même période. Parmi les projets emblématiques figurent le Quartier Universitaire International du Grand Paris, qui permettra de créer plus de 1 000 logements dans le Nord Est, à cheval sur Paris et Aubervilliers, ou encore le projet du site Censier, qui permettra la création d’environ 500 logements étudiants. Plus généralement, l’effort continu de la Ville en faveur du logement social et du logement intermédiaire renforce l’offre de logements plus accessibles aux jeunes disposant de peu de ressources. Le PPAJ promeut également les dispositifs d’accès au logement en faveur des apprentis, de la colocation ou du logement intergénérationnel, ainsi que l’accès facilité au parc privé des jeunes actifs. Ces différents dispositifs sont élaborés avec les bailleurs sociaux et des associations comme l’AFEV (association fondation étudiante pour la ville) ou Solidarité Etudiante. En matière d’expérimentation de la ville par les jeunes, le PPAJ promeut l’adaptation de l’espace public et l’évolution des lieux d’accueil aux nouveaux usages des jeunes, notamment à travers l’évolution des équipements jeunesse. 4 Enfin, en matière de soutien à la citoyenneté et à l’engagement des jeunes, la Ville s’attache à conforter les instances de participation dédiées aux jeunes, comme le Conseil parisien de la jeunesse, dont le fonctionnement a été renouvelé en 2014, ou Etudiants de Paris - le Conseil, l'instance de concertation des étudiants parisiens. La Ville soutient en outre le développement du service civique, avec le doublement du nombre de volontaires accueillis chaque année à la Ville (300 par an dès 2015). La Ville initie également divers dispositifs de soutien à la participation des jeunes (BAFA citoyen, appel à projets « citoyenneté et laïcité » dans les quartiers Politique de la Ville, dispositif Quartiers Libres d’aide aux projets citoyens des jeunes, cérémonies de citoyenneté en mairie…). Le programme parisien pour l’autonomie des jeunes a vocation à constituer un cadre pour les contrats jeunesse d’arrondissement 2015 – 2018, dont l’objectif est d’adapter la politique municipale en faveur des jeunes aux spécificités des différents territoires parisiens. 11 arrondissements ont souhaité se doter d’un tel outil adaptant la politique parisienne en faveur des jeunes aux besoins et priorités de leurs territoires. Ceux-ci ont été élaborés avec la participation des jeunes et des réseaux professionnels et associatifs de jeunesse. Concernant la santé des jeunes, la grande majorité d’entre eux est en bonne santé, mais l’adolescence et le début de l’âge adulte sont une période de recherche de bien-être et de plaisirs instantanés. Ces expérimentations contribuent à la construction de l’adulte en devenir, mais dans cette quête, certains transgressent les limites et multiplient les prises de risque : alcoolisation excessive, consommation de tabac et de substances psychoactives, troubles des conduites alimentaires, bruit excessif, rapports sexuels non protégés … Face à ces risques pour la santé des jeunes, la Ville de Paris soutient, anime et finance de nombreuses structures et dispositifs de prévention et de prise en charge d’accès gratuits, municipaux ou associatifs. L’objectif est à la fois de mieux protéger la santé des jeunes et de répondre à leur besoin d’autonomie et de responsabilité. La priorité est donc de favoriser l’information et la prévention avec des dispositifs comme « Fêtez Clairs » ou « la cuite c’est pas automatique » qui visent à prévenir les dommages sanitaires liés à la surconsommation de substances. Les centres de planification et d’éducation familiale sont des lieux privilégiés pour des entretiens et des conseils relatifs à la sexualité, la vie de couple, les violences et les relations filles-garçons, des consultations médicales (délivrance d’une contraception ou d’objets contraceptifs, consultations pré et post-IVG et IVG par voie médicamenteuse, dépistage et traitement des infections sexuellement transmissibles (IST)). Les centres de santé ou Maison des Adolescents assurent les prises en charge si nécessaire. Les dispositifs innovants de prévention à destination des adolescents, notamment en milieu festif, seront renforcés, en partenariat avec le secteur associatif. La Ville poursuivra son soutien aux Maisons des Adolescents et aux espaces dédiés à la santé des jeunes afin de poursuivre et développer l’accueil et l’échange, individuel ou de groupe, sur la sensibilisation aux risques, la nutrition, l’estime de soi, la contraception… En complémentarité du programme parisien pour l’autonomie des jeunes, Paris élabore une stratégie parisienne pour l’enfance qui s’adresse aux enfants de 0 à 18 ans. A l’occasion du 25ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, le Conseil de Paris a adopté à l’unanimité en novembre 2014 un vœu proposant l’élaboration d’une stratégie parisienne pour l’enfance et les familles intitulée « Faire le Paris des enfants ». Cette stratégie comporte quatre objectifs majeurs : garantir les besoins et les droits fondamentaux des enfants parisiens, favoriser leur éveil et leur épanouissement, développer les services aux familles, et construire une ville bienveillante, avec et pour les enfants et les familles. L’attention portée aux premiers âges de la vie, à l’éveil et à l’épanouissement de l’enfant et de l’adolescent, à leur participation active à la vie de la cité, constituent autant de clés pour assurer à chacun une pleine égalité des chances, préparer l’avenir des 380 000 enfants parisiens et ainsi contribuer à l’accès à l’autonomie des adolescents et des jeunes adultes. 5 4) Accompagner les jeunes comme acteurs de la cité Paris s’attache à accompagner le désir d’engagement et la participation citoyenne des jeunes dans la Cité. La réalisation de cet objectif s’appuie sur plusieurs actions initiées par la Ville, qui revêtent une dimension socio-culturelle. Ces actions sont adossées aux principes d’éducation populaire et contribuent à renforcer le lien social et à construire des relations intergénérationnelles apaisées. Le début de l’année 2015, marqué par les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper casher de la Porte de Vincennes, a fait apparaître un élan citoyen autour de la nécessité de refonder le « vivre ensemble » exprimé par les Parisiens et en particulier par les jeunes Parisiens. La Ville a souhaité accompagner et renforcer cet élan. Un dispositif de tutorat a été initié, en partenariat avec plusieurs associations, visant à accompagner des jeunes ayant un parcours « exemplaire et inspirant » ou des jeunes connaissant des difficultés dans leur parcours de formation ou d’emploi et ayant besoin de se construire avec l’aide d’un référent adulte. Le dispositif est lancé depuis la rentrée 2015. Un volet de ce dispositif comprend la mobilisation d’agents de la Ville, sur une base volontaire, pour un tutorat auprès de jeunes. La Ville soutient également l’engagement des jeunes dans le cadre du dispositif du service civique. Paris s’engage résolument dans la mise en œuvre de ce dispositif d’engagement volontaire, avec un doublement du nombre de volontaires présents dans les services de la Ville, ce qui représentera au moins 300 volontaires à la fin de l’année 2015. Dans ce cadre, la Ville s’attache à une amélioration du tutorat et de la formation des jeunes accueillis en service civique : les nouvelles ambitions de la Ville en matière de recrutement de volontaires en service civique doivent être renforcées par une formation à la citoyenneté exigeante et une animation dynamique du réseau des volontaires. L’engagement associatif des jeunes étudiants est également promu via les maisons des initiatives étudiantes, qui accompagnent les associations étudiantes dans le développement de leurs projets et leur proposent des espaces de réunion et d’animation. De nouveaux lieux de vie étudiante et associative vont être développés en valorisant les surfaces existantes dans les restaurants et résidences du CROUS, avec le développement de projets de co-working étudiants / entrepreneurs et la mise à disposition des restaurants du CROUS à des associations en dehors des heures de repas. La Ville accompagne également l’émergence de la citoyenneté des jeunes à travers : • Le développement du BAFA citoyen à Paris, qui repose sur un engagement de jeunes sous forme de bénévolat dans des structures de proximité en contrepartie d’un co-financement du BAFA. Le soutien de la Ville à cette action portée par le secteur associatif est amplifié dès cette année. L’an dernier, 50 jeunes des quartiers populaires ont pu obtenir le BAFA par ce biais. En 2015, le dispositif sera ouvert à 130 jeunes Parisiens, avec un effet positif à la fois pour la qualification de ces jeunes et pour les associations pour lesquelles ils s’engagent bénévolement. • La mise en place de Quartiers libres, un nouveau dispositif d’aide financière aux projets citoyens des 16-30 ans et à la création d’associations portées par des jeunes, afin de développer l’engagement des jeunes en faveur de projets d’intérêt général, la prise d’initiative collective et l’esprit civique. • L’organisation de cérémonies de citoyenneté en mairie d’arrondissement. Paris souhaite associer les jeunes à l’élaboration des politiques qui leur sont dédiées en faisant d’eux des acteurs de l’action publique municipale. Cette ambition s’inscrit dans le cadre de l’objectif de la mandature 2014–2020 qui s’attache à renouveler les modalités de participation citoyenne et à associer systématiquement les Parisiens aux politiques publiques municipales, y compris les jeunes Parisiens, à travers des processus de consultation ou de concertation autour des grands projets de la mandature. Ainsi, 6 dans le cadre de la mise en place du budget participatif depuis 2014, les jeunes mineurs peuvent proposer des projets d’investissement pour la ville et voter sur les projets soumis au vote. Cela passe donc par un principe de concertation systématique de l’ensemble des Parisiens, mais également par une évolution des instances de participation existantes. Ainsi, le fonctionnement du Conseil Parisien de la Jeunesse (CPJ) a été modernisé dans le cadre d’une réforme adoptée en 2014. Cette instance de participation des jeunes a été rendue plus représentative : • augmentation du nombre de membres (100 contre 80), • extension de la limite d’âge à 30 ans, • sélection des membres à parité entre femmes et hommes par tirage au sort, • instauration d’un mandat unique de deux ans. Le CPJ peut désormais être consulté sur les délibérations examinées par le Conseil de Paris, au-delà des seuls sujets relatifs à la jeunesse. Il a par exemple contribué cette année à l’élaboration des mesures du plan de lutte contre la pollution et a également formulé des préconisations relatives à la mobilisation des jeunes dans le cadre de la COP 21 qui se tiendra fin 2015. Chaque année, le CPJ a également la possibilité de présenter un vœu lors du Conseil de Paris sur le sujet de son choix. A travers ces différentes actions, la Ville souhaite mettre en avant et rendre davantage visibles les initiatives des jeunes concourant à construire une cité de partage autour de projets collectifs pour « mieux vivre ensemble ». La COP 21, qui a lieu fin 2015, et la candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024 constitueront également des temps forts d’engagement et de mobilisation des jeunes parisiens et franciliens. Enfin, au sein de cette mobilisation visant à faciliter l’inclusion des jeunes dans la vie de la Cité, il paraît important de mener des actions pour abattre la barrière mentale du périphérique, ressentie encore trop fortement par les jeunes parisiens et métropolitains. Les actions de coopération impliquant la jeunesse seront ainsi amplifiées, à l’instar des nombreux échanges scolaires, culturels et sportifs déjà mis en place avec Clichy-sous-Bois, qui ont permis au fil des années de tisser des liens entre les jeunes parisiens et clichois. Des réflexions seront également menées avec les collectivités voisines pour « métropoliser » certaines politiques, notamment dans les domaines de l’éducation ou de l’offre culturelle et de loisir, comme cela a été expérimenté ces dernières années avec le Pass jeunes. 5) Adapter l’offre municipale en faveur de la jeunesse Depuis 2001, l’action volontariste de la municipalité a permis de rattraper un réel retard en créant de nombreux équipements publics de proximité favorisant l’accès des jeunes à l’autonomie : Antennes Jeunes (11), Espaces Jeunes (7), Lieux d’Accueil Innovants (3), sans oublier le rôle majeur des Centres d’Animation (51). Ces équipements municipaux, souvent implantés dans les quartiers Politique de la Ville, mènent une mission d’accueil et d’information importante après des jeunes. La Ville en a confié la gestion à des structures associatives dans le cadre de marchés publics, de délégation de service public ou d’appels à projets. Il s’agit aujourd’hui de franchir une nouvelle étape, en adaptant le fonctionnement des équipements jeunesse de la Ville à l’évolution des modes de vie et des besoins des nouvelles générations. Une large concertation a été lancée fin 2014 pour moderniser le fonctionnement des équipements dédiés à la jeunesse dans la capitale. L’objectif consiste à les adapter à l’évolution des usages et attentes des jeunes, et à leur donner davantage de cohérence et de lisibilité. Le projet de réforme des équipements jeunesse s’appuie sur un triple constat, partagé avec l’ensemble des acteurs ayant participé à la concertation menée depuis plusieurs mois par Pauline Véron : 7 • Les enfants qui fréquentent les centres d’animation les quittent à l’entrée dans l’adolescence (1112 ans) et n’y reviennent qu’une fois devenus adultes, voire quand ils sont devenus parents eux-mêmes. • Le réseau des équipements dédiés spécifiquement aux jeunes n’est pas très lisible, avec des dénominations différentes (Espaces Jeunes, Antennes Jeunes et Lieux d’accueil innovants) ; ce réseau s’organise, d’une part, autour d’un service de droit commun, l’information jeunesse (plutôt spécifique aux AJ) assez mal réparti sur l’ensemble du territoire et, d’autre part, l’accueil informel de jeunes des quartiers populaires leur permettant de construire des projets ou des activités de loisir (commun aux EJ et aux LAI mais également à quelques AJ et CA). • Les jeunes ayant participé à la concertation ont exprimé une attente forte de voir émerger des lieux où ils peuvent venir, seul(s) ou en groupe, s’installer et se retrouver librement, dans le cadre d’horaires d’ouverture étendus et d’espaces accueillants, conviviaux et valorisants. Ils mettent ainsi en avant l’accueil informel qui leur permet de prendre connaissance des activités courantes organisées par la structure et d’échanger entre eux et avec l’équipe d’animation. Ils souhaitent en outre que soient proposées davantage d’activités réservées aux jeunes et gratuites. Ils estiment, et c’est particulièrement vrai pour les jeunes qui ne fréquentent pas aujourd’hui les équipements, que ceux-ci ne sont pas visibles depuis l’espace public (jalonnement, signalétique, façades), lisibles (dénomination) et qu’il est difficile de savoir ce qui s’y passe. Ils pointent aussi le manque de relations avec l’éducation nationale. Les collégiens et les lycéens souhaitent être plus systématiquement informés des possibilités offertes par ces équipements et, plus globalement, de l’offre jeunesse de la Ville. La réforme proposée prend en compte ces attentes et permet d’y répondre. Elle conduit à faire émerger deux grands types d’équipements jeunesse de la Ville à l’horizon de l’été 2016 dotés d’une nouvelle dénomination : 1. Un équipement polyvalent dédié aux jeunes : Ces nouveaux Espaces Jeunes proposeront un accueil informel aux jeunes âgés de 15 à 25 ans. Des points d’information jeunesse seront présents au sein de ces équipements. Le maillage et la taille de ces structures sur le territoire parisien sera revu pour sortir de la logique de micro structure qui prévaut actuellement à certains endroits. Il s’agira donc de développer des structures polyvalentes (accueil, information, orientation, animation, aide aux projets…) avec des équipes pluridisciplinaires (animateurs, éducateurs, travailleurs sociaux, professionnels de l’insertion, du développement local…). Le projet pédagogique sera adapté au territoire d’implantation. 2. Un équipement intergénérationnel avec un accueil des jeunes renforcé (nouveaux Centres d’animation) : le rôle d’accompagnement des jeunes au sein de ces structures sera conforté à travers la création d’espaces réservés à l’accueil informel des jeunes, la poursuite du recrutement d’animateurs jeunesse et la création de points d’information jeunesse. Le modèle économique de ces équipements évoluera, avec un assouplissement de leur cahier des charges pour adapter davantage l’offre aux besoins. Les contours de cette réforme, qui fait émerger deux types d’équipements, permettent de répondre à la demande de lisibilité accrue des missions de ces équipements vis-à-vis des jeunes, de meilleur maillage et synergie et de dialogue renforcé entre l’administration de la Ville et les structures associatives gestionnaires. La dénomination des équipements sera également revue pour mieux répondre aux souhaits des jeunes. Au-delà de la réforme des équipements jeunesse et de la création de nouveaux équipements publics destinés à la jeunesse et à la vie étudiante, la Ville s’efforcera durant la mandature de lever les obstacles d’accès à l’offre municipale en adaptant le plus possible les horaires d’ouverture aux usages des jeunes, en renforçant la polyvalence des équipements et en favorisant la participation des jeunes usagers à leur fonctionnement. 8 Conclusion En matière de soutien à la jeunesse, le projet de Paris est ambitieux et résolument adossé à une vision positive sur cette génération comme ressource. Ce projet de la Ville s’organise autour de l’ambition d’aider les jeunes à accéder à l’autonomie en considérant que cet accompagnement est un processus continu et qu’il doit être adapté aux différentes situations des jeunes, avec notamment un soutien renforcé à ceux qui en ont le plus besoin. 9