Capsule-decembre-2014 - l`Association des étudiants en pharmacie
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Capsule-decembre-2014 - l`Association des étudiants en pharmacie
Le Capsule Journal des étudiants en pharmacie de l'Université de Montréal SPÉCIAL La pharmacie... à New York! congrès de l’AQPP loi 28 et indépendance professionnelle Pharmacogénomique et médication personnalisée avec Jacques Turgeon Aspirants-propriétaires: comment fidéliser la clientèle? La Clinique des pharmaciens: l’avenir de la pharmacie? Mon fantasme pharmaceutique décembre 2014 Volume 38 No. 3 Faites bonne impression ! Profitez des conseils de nos experts afin de réduire vos coûts d’impression et de conception. Services offerts : conception graphique | infographie | affiches grand format impression couleur et N/B ( numérique et offset ) | reliure de tout genre pliage | laminage | adressage | assemblage ( mécanique ou manuel ) mise sous enveloppe | préparation postale et mise à la poste sium.umontreal.ca 3 2 congrès de l’AQPP – novembre 2014 Karina Savoie TABLE DE S M ATI ÈRES 3 4 Quelle est la valeur de nos services et comment fidéliser la clientèle? Michaël Cardinal 0 4Éditorial Qian Li 3 8 La musique pour tous les goûts Isabelle Toupin 0 6 Mot de la doyenne Chantal Pharand 4 0 noir désir Akram Nadir Bakhti 0 7 Mot de la présidente Karina Savoie 0 9 le pharmacien du 21e siècle Shafik Dissou 1 1 Lettre à un jeune aspirant à la maîtrise Soriya Kvann 1 4 Party d’halloween 2014 1 6 entrevue avec Jacques Turgeon Qian Li 2 0 médication personnalisée à l’hôpital Mathieu Régnier 2 2 pharmacy in New York City Regina Kwan 4 2 Ota-Q Johnson Kuan 4 4 puella magi madoka magica Maricia Sarkis 4 7 Mots croisés pharmaceutiques Isabelle Toupin 4 8 recettes pharmaceutiques Clara Elchebly 5 0 HOROSCOPE PHARMACEUTIQUE 5 4 Sudokus Wendy Ngan 5 5 ce qu’ils ont dit... 5 9 ce que nous avons dit... 2 4 mon fantasme pharmaceutique Anis Ouyahia 2 7 Frank & Ernest Hérisson Anonyme 2 8 La clinique des pharmaciens Françoix-Xavier Houde 3 0 hommage à vous mesdemoiselles Anis Ouyahia Un gros merci à Bianca Su, étudiante en Computation Arts à l'Université Concordia pour son aide précieuse. Page couverture par Chloé Carbonneau-Labrecque © Révision et correction Qian Li Léa Sara Elicia Sarkis Maricia Sarkis Karima Zerrouki Mise en page Qian Li Illustrations Hérisson Anonyme Alina Floca James Lam Les textes sont signés et représentent l’opinion de leur(s) auteur(s). Le Capsule, de même que l’association des étudiants en pharmacie de l’Université de Montréal, n’endossent pas nécessairement les opinions exposées. De plus, la reproduction d’un ou des textes est acceptée sous la seule condition que la provenance soit inscrite sur la copie. Les textes et commentaires peuvent être déposés dans la boîte prévue à cet effet dans le local étudiant ou envoyés à l’adresse du Capsule: [email protected]. Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Décembre 2014 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 3 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Éditorial N ous voilà maintenant à la période de l’année où studying rime avec dying (en fait ça demeure invariable en fonction du temps, mais la consonance est particulièrement percevable ces jours-ci). Outre l’orage imminent des examens finaux, les mouvements qui se passent dans le monde de la pharmacie deviennent de plus en plus impétueux. Je dirais même plus qu’une nouvelle vague arrive sur la profession, et comme pour toute vague, on a le choix de surfer ou d’être renversé (à moins qu’elle ne fasse 50 mètres de hauteur, mais le jugement vient avec l’expérience). Bon nombre d’entre vous avez entendu parler du projet de loi 28, déposé le 26 novembre, qui entend couper de 12% dans les honoraires des pharmaciens tout en leur permettant (finalement) d’exécuter les nouveaux actes consentis par la loi 41. Certes, cette décision aura des répercussions avantageuses sur les finances publiques, mais elle ne tient pas compte de la réalité que vivent les pharmaciens et leurs patients. Pire que tout, elle a été prise «sous la table», c’est-à-dire sans transparence ni collaboration. L’AQPP a déployé tous les efforts nécessaires afin d’arriver à une entente qui permettrait d’harmoniser les demandes des différents partis, mais personne n’était au courant que le gouvernement Couillard avait déjà réglé le problème budgétaire sans demander l’opinion de qui que ce soit. La distribution, quoique l’activité la plus visible auprès du grand public n’est qu’une infime partie du travail du pharmacien. Après quatre années intenses d’acquisition de connaissances et de développement de compétences cliniques, le pharmacien est un expert de la pharmacothérapie. Il a les aptitudes pour surveil- 4 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Par Qian Li (II) ler la thérapie médicamenteuse, évaluer dans le but d’optimiser la pharmacothérapie du patient, être un acteur clé dans la promotion de la santé publique, se spécialiser dans la recherche afin de démystifier un peu plus la science, créer de nouveaux produits biologiques… Le potentiel d’un pharmacien est sans fin! Une mine d’opportunités s’ouvre devant nous, et on a tous les outils nécessaires pour les extraire. Le problème, vieux comme le monde, reste la peur de l’inconnu: mais ce n’est pas comme ça que ça se passe! Les gens pensent toujours qu’on est que des compteurs de pilules! C’est comme un cercle vicieux: plus les gens pensent comme ça, plus on risque d’agir en fonction de leurs attentes. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne s’agit pas d’une relation linéaire. En effet, on peut agir en premier afin de changer une perception établie. «En dépit de tout ce qu’on peut vous raconter, les mots et les idées peuvent changer le monde.» –Robin Williams, Le Cercle des poètes disparus Nous avons tous plusieurs façons de nous exprimer. Que ce soit par l’écriture, les paroles, la musique ou le dessin, chacun a un mode d’expression particulier. L’expression est un produit de plusieurs variables, entre autres les normes sociales, les valeurs et l’expérience personnelle. Il s’agit d’un véhicule pour affirmer l’individualité de chacun et se tailler une place dans le monde. Je vous invite tous, chers étudiants, à vous exprimer sur les sujets qui vous tiennent à cœur et à vous impliquer dans l’univers professionnel auquel vous appartenez. Les discussions, les nouvelles idées et l’implication changeront le statu quo, pas le silence. M. Barrette n’hésite certainement pas à projeter ses idées de l’avant et à implanter des réformes ambitieuses. Il est donc de la responsabilité de chacun d’entre nous de valoriser nos idées et de nous prouver en tant que professionnels de la santé. Partagez les publications de l’AÉPUM, écrivez un op-ed dans le Capsule, participez à une discussion ou organisez un concert-bénéfice, bref, exprimez-vous et invitez les autres à vous suivre! Dans ce numéro du Capsule riche en articles aussi diversifiés qu’intéressants, je vous invite à explorer la pratique de la pharmacie à New York (en anglais!) grâce à une collaboratrice américaine qui a voulu avec générosité nous partager son expérience. Vous trouverez également une entrevue avec le Dr Jacques Turgeon à propos de l’importance de la pharmacogénomique dans l’ère de la personnalisation thérapeutique. En passant par la Pharmacists Clinic de la Colombie-Britannique au congrès de l’AQPP en novembre 2014 et à la nouvelle littéraire, vous y trouverez sûrement quelque chose à votre goût (sinon, envoyez un courriel à journalcapsule@ gmail.com et on arrangera ça!). Sur ce, je vous souhaite une excellente fin de session haute en couleurs et un merveilleux congé de Noël! On se revoit en 2015! Qian Le CapsulE, volume 38, no. 3 Petites annonces ÉQUIPE DU CAPSULE CONCOURS de poèmes pharmaceutiques Vous êtes écrivain, artiste, photographe ou vous désirez simplement joindre l’équipe du Capsule? Il nous fera plaisir de vous accueillir! Envoyez-nous un courriel à l’adresse suivante: ***Attention attention*** Le traditionnel concours de la SaintValentin approche à grands pas! Les détails vous seront envoyés par courriel sous peu. Un prix de 100$ à gagner!!!* [email protected] *Un minimum de 4 participants est nécessaire pour que le concours s’applique. PAGE FACEBOOK Visitez notre page Facebook et aimez notre page pour rester à l’affût des actualités! Nous vous invitons à communiquer vos commentaires et suggestions www.facebook.com/LeCapsule CE QUE TOUT LE MONDE DIT Faites que les murs ont des oreilles au pavillon Jean-Coutu! Envoyez-nous les meilleures citations de vos collègues et professeurs! DATE LIMITE POUR SOUMISSION D’ARTICLES: 1 février 2015 Envoyez-nous vos articles au [email protected]! DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 5 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Mot de la doyenne Par Chantal Pharand E h oui, le congé des Fêtes approche à grands pas! Plus que quelques semaines avant la fin du trimestre, des examens à passer pour les étudiants et à préparer et corriger pour les professeurs, avant de bénéficier de vacances bien méritées. Comme bien des gens, petits et grands, vous avez sûrement déjà fait votre liste de souhaits. Que ce soit de lire le dernier roman de votre auteur favori, de recevoir une carte-cadeau iTunes ou, bien entendu, de passer des moments de bonheur en famille et entre amis, nous espérons tous que cette période des Fêtes en soit une de repos, de partage et de bonheur. Devant ces défis, plutôt que de rester là à attendre que la tempête passe, travaillons plutôt ensemble à poursuivre nos rêves et nos idéaux. En tant que doyenne, j’ai aussi une liste de souhaits qui me tiennent particulièrement à cœur, dont l’embauche de nouveaux professeurs, un développement accru de notre recherche, des programmes répondant davantage aux besoins de formation des étudiants et de la société… Malheureusement, j’ai bien peur qu’ils ne puissent pas tous être exaucés! Avec les diverses compressions budgétaires qui sont imposées aux établissements d’ensei- 6 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 gnement supérieur, le nombre de présents sera limité. Pourtant, ce n’est pas faute de ne pas avoir été sages cette année ou de ne pas avoir été de bons élèves. Au contraire! Nous avons apporté plusieurs améliorations à nos programmes: la refonte majeure du BSBP permettant de rééquilibrer le nombre de crédits et le contenu de certains cours; la refonte majeure du Pharm.D. visant à augmenter et à mieux distribuer les crédits des cours d’infectiologie; la mise en place de l’examen PRÉFACE; l’implantation du Certificat de 2e cycle en pratique pharmaceutique de 1re ligne avec la possibilité d’obtenir un Doctorat de premier cycle en pharmacie par association, et ce, pour les détenteurs d’un baccalauréat de l’Université de Montréal ou de l’Université Laval; l’obtention de plusieurs subventions de recherche majeures par nos chercheurs chevronnés. Mais même en ces temps difficiles, il est possible de faire ressortir des éléments positifs qui nous poussent à la réflexion et nous stimulent à revoir nos façons de faire et à être plus efficients, plus pertinents et mieux centrés sur nos activités essentielles. On se doit de faire preuve davantage de créativité, de trouver des solutions inattendues aux problématiques et défis. Étant de nature optimiste, je crois très sincèrement qu’il n’y a aucun défi que l’on ne puisse surmonter, surtout si nous travaillons ensemble. Il suffit de penser à la victoire des Carabins contre les Marauders de McMaster University dans le match de football pour la coupe Vanier. Sans cet effort d’équipe de tous les moments, ils n’auraient jamais pu réaliser cet exploit! Il est certain que les prochaines années comporteront leur lot de défis pour l’ensemble des employés et des étudiants de la faculté. Nous devrons mettre la main à la pâte et nous ouvrir à de nouvelles façons de faire si nous voulons surmonter les obstacles. Devant ces défis, plutôt que de rester là à attendre que la tempête passe, travaillons plutôt ensemble à poursuivre nos rêves et nos idéaux. En terminant, j’aimerais vous laisser méditer sur deux citations: If you think education is expensive, try ignorance –Derek Bok, avocat, Président de l’Université Harvard, 1971-1990. Life isn’t about waiting for the storm to pass; it’s about learning to find joy in the rain –Vivien Greene Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de session et un joyeux temps des Fêtes! Chantal Pharand, B.Pharm., Pharm.D. Administratrice exerçant les fonctions de doyenne Le CapsulE, volume 38, no. 3 Mot de la présidente Par Karina Savoie (III) «La valeur du pharmacien sous-estimée» Q ue de revirements avec ce nouveau projet de loi 28! Comme vous en avez sûrement entendu parler, notre cher gouvernement a interrompu les négociations avec l’Association des pharmaciens propriétaires (AQPP) au sujet des honoraires des pharmaciens. Résultat: une coupe forcée d’environ 177 millions de dollars, soit une perte d’en moyenne 100 000$ par pharmacie. Certes, nous avions été prévenus… selon la dernière entente AQPP-MSSS, si le pourcentage d’honoraires versé pour les piluliers dépassait 25%, il y avait fort à parier que des changements s’imposeraient. Nous en sommes aujourd’hui à 33%. Le gouvernement a donc profité de la situation pour s’improviser boucher en passant au couteau les honoraires des pharmaciens (et dans plusieurs autres sphères de la santé, je tiens à le souligner!). Il n’y aura certainement pas de retour possible sur le projet de loi 28 selon l’AQPP, mais l’adoption de celle-ci pourrait prendre 6 mois, ce qui nous laisserait le temps d’amoindrir son impact. Certes, il faut en voir la bonne nouvelle: la loi 41 vient d’être adoptée (yé!). Cela vient combler les pertes puisque les pharmaciens pourront charger des honoraires à la RAMQ pour trois des nouveaux actes. Le problème, à mon avis, c’est qu’il sera interdit de charger les autres actes aux patients. Aucune rémunération possible pour la prolongation d’une ordonnance (pour laquelle, je vous le rappelle, vous mettrez votre licence professionnelle en jeu et vous devrez évaluer le patient de façon approfondie), aucune rémunération possible pour un ajustement d’ordonnance ou pour l’analyse de résultats de laboratoire. Par cette mesure, le gouvernement s’assure que les soins de première ligne soient accessibles. Une fois de trop, le travail du pharmacien est perçu comme «gratuit». Nommez-moi un autre professionnel qui donne des conseils et engage sa licence professionnelle sans être rémunéré? Certainement pas les dentistes ou les avocats. À plusieurs reprises, au cours des derniers mois, j’ai pu constater que le rôle du pharmacien est oublié par nos dirigeants. Par exemple, avec le projet de loi sur l’aide médicale à mourir, ceux-ci n’avaient pas même considéré qu’il y aurait d’importants changements à apporter à la Loi sur la pharmacie et n’avaient pas cru bon d’inclure un pharmacien sur le comité de décision. Ensuite, avec le projet de loi 10, si vous avez écouté la commission parlementaire, vous avez pu constater que notre cher ministre Barrette avait «oublié» d’inclure un pharmacien au sein des CISS alors que celui-ci est partie prenante du corridor de soins. Le pharmacien est sans cesse oublié et ses capacités cliniques sont laissées de côté plutôt que mises à profit. Le problème, c’est que les actes cliniques sont l’avenir de notre profession. La distribution de médicaments n’est plus un marché possible pour le pharmacien avec la robotisation. Empêcher la rémunération des nouveaux actes, c’est empêcher le développement de notre profession, c’est de nous réduire à de simples distributeurs. Un allié face à cette situation: la cohésion entre pharmaciens. Les récents évènements mettent en relief le manque criant d’une Association des pharmaciens du Québec (vous m’en verrez un jour la présidente!). À qui de défendre notre position? L’OPQ? Non, elle se doit de protéger le public. C’est le rôle de l’AQPP de le faire, mais, dans ce dossier, son intervention est souvent mal perçue. C’est bien connu, les pharmaciens propriétaires se prennent tous un jet privé pour aller à Québec, non? En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est que cet enjeu concerne tout le monde. Pour arriver à conserver leurs pharmacies rentables, les pharmaciens propriétaires n’auront que peu de choix: baisse des heures d’ouverture, baisse des salaires ou diminution du personnel. Cela va nous affecter directement tous et chacun. Avez-vous envie de travailler les fins de semaine avec un seul technicien qui fera en sorte que vous ne pourrez plus vous concentrer sur vos tâches cliniques? DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 7 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Mot de la présidente (suite) Je vous invite alors à embarquer dans la vague, à vous informer sur la situation, à partager les publications de l’AÉPUM, de l’AQPP et de l’OPQ, à mentionner votre insatisfaction à votre député et, à ceux qui sont motivés, à embarquer dans la campagne contre l’austérité! (Tenez-vous au courant aux bureaux de la FAÉCUM!) Le projet de loi 28 a fait passer sous silence un sujet qui me tenait à cœur: le suicide de la jeune Émilie. Bien que la situation des résidents en médecine ait été mise à la lumière du jour, il ne faut pas sous-estimer la situation des étudiants en pharmacie. Sachez que le CEL a entendu votre appel et travaille depuis le début de l’année pour pousser la faculté à trouver des solutions à ce fléau qu’est le stress chez les étudiants en pharmacie. Pour l’instant, je vous invite à en parler. J’ai, comme vous, malgré l’image que je projette, mes moments que certains qualifieront de «faiblesse». Dans ces moments, je me trouve quelqu’un de confiance à qui parler et ça m’enlève une pression énorme. Ce n’est que le début À titre d’éminent fabricant canadien de médicaments génériques, l’entreprise pharmaceutique Pharmascience s’engage à collaborer étroitement avec les futurs pharmaciens tels que vous afin d’assurer le bien-être des gens du pays et du monde entier. Nous vous souhaitons la meilleure des chances lors de vos études ainsi qu’au fil de votre carrière subséquente. es Fêtes! s u e y o J www.pharmascience.com 8 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Je vous souhaite alors de tenir bon en cette fin de session. Ensuite, prenez-vous des vacances, vous le méritez. :) Karina Savoie P.-S. Je vous suggère un petit saut à la page 32 pour avoir toutes les nouvelles du projet de loi 28 discuté au congrès de l’AQPP ainsi qu’à la tournée de l’Ordre des pharmaciens! Le CapsulE, volume 38, no. 3 ACTUALITÉS le pharmacien du 21e siècle Gagnant du concours littéraire CAPSI E n cette ère technologique, la population mondiale assiste à de nouveaux phénomènes. De fait, n’importe qui peut aujourd’hui avoir accès à une quantité démesurée d’informations ou encore acheter des produits fabriqués outremer et autrefois inaccessibles à nos parents, et ce, en un seul clic à l’aide d’un ordinateur ou d’un téléphone intelligent. Ce mélange entre la technologie et la mondialisation amène bien sûr plusieurs bénéfices, mais entraîne aussi son lot de problèmes. D’un point de vue de professionnel de la santé, il est important d’être présent pour éviter que le patient ne se perde au milieu de toutes ces opportunités. L’avènement de l’Internet a ouvert la porte des connaissances aux internautes du 21e siècle. Il est présentement plutôt simple pour quiconque d’accéder à toutes sortes d’informations sur la science, l’économie, les religions, etc. Dans un contexte où le patient désire connaître davantage les traitements pour une maladie donnée ou encore les façons pour la prévenir, cette démocratisation des connaissances scientifiques peut être vue d’un mauvais œil. L’information retrouvée sur Internet est présente en quantité industrielle, certes, mais il est faux d’assumer que tout ce qui s’y trouve est véridique. Il est étonnant, encore aujourd’hui, de lire sur les faussetés propagées sur les vaccins, et encore plus déconcertant de savoir que certaines personnes croient qu’une diète à base de légumes et fruits bio peut traiter le cancer parce que «l’idée est de ramener le pH du corps au-dessus de 7, [pH auquel il est] scientifiquement impossible que les cellules cancéreuses se développent dans ces conditions». (1) Il est difficile pour un Par Shafik Dissou (III) néophyte du monde pharmaceutique de discerner le vrai du faux et pouvoir se bâtir une opinion basée sur des évidences. C’est dans de telles situations que le pharmacien peut assumer son rôle de professionnel de la santé et d’expert des médicaments en éduquant la communauté et en éclaircissant les interrogations de tout un chacun. L’omniprésence de la technologie nous amène aussi l’opportunité d’accéder à des biens de consommation qui ne nous étaient jadis pas disponibles. La toile facilite l’accès aux manufacturiers asiatiques, européens, africains et d’autres parties du monde, nous permettant d’acquérir des objets d’ailleurs. Cette aisance d’accès aux produits extérieurs à notre réalité emmène aussi une certaine dérèglementation des soins pharmaceutiques, en ce sens qu’un patient peut maintenant acheter ses médicaments via Internet à un coût moindre et en plus grande quantité. Cela est un problème majeur, principalement parce qu’il est par la suite difficile d’assurer un suivi médical approprié si nous ne Image courtoisie de epSos.de sommes pas au courant de la médication du patient. Prenons l’exemple d’un patient atteint d’hypothyroïdie et traité avec du Synthroid acheté sur Internet; bien que ce dernier ait reçu le diagnostic initial, le suivi peut devenir inadéquat si le patient ne consulte pas son pharmacien. Effectivement, le patient n’est pas toujours au courant des signes indiquant qu’il devrait ajuster sa dose, des effets secondaires engendrés par la médication, des moments des prises de sang ou encore des critères de thérapie optimale. Si le pharmacien n’est pas présent avec le patient, la pharmacothérapie de ce dernier pourrait déraper et amener à des hospitalisations facilement évitables... et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres! Il ne serait pas surprenant de voir un patient s’autodiagnostiquer une maladie en faisant des recherches sur Internet et s’autotraiter avec cette même plateforme. Les conséquences d’une telle situation peuvent bien entendu être désastreuses, et c’est sans compter les possibilités de se retrouver avec des médicaments contrefaits et donc inefficaces (1 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 9 ACTUALITÉS médicament sur 2 acheté sur Internet et cachant sa provenance est possiblement un faux médicament). (2) Notre formation universitaire nous permet d’être un conseiller sur la santé pour les patients inquiets ainsi qu’une source fiable et objective d’informations. Ainsi, le pharmacien joue un rôle d’importance primordiale au 21e siècle. Notre formation universitaire nous permet d’être un conseiller sur la santé pour 10 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 les patients inquiets ainsi qu’une source fiable et objective d’informations. Le patient d’aujourd’hui veut – et doit – en connaître plus sur sa santé et les traitements qu’il entreprend. Il importe aussi que nous sachions assurer un suivi adéquat de ses problèmes de santé, en plus de l’informer des dangers de l’automédication sans supervision médicale. Ce genre de problèmes nous rappelle que le patient reste malgré tout au centre de sa thérapie et que nous devons être présents pour le supporter, car le pharmacien du 21e siècle est certes un expert de la thérapie médicamenteuse, mais il est envers et contre tout un proche conseiller de sa communauté. 1 Shafik Dissou Étudiant de 3e année Références 1. Baptiste Zapirain. «Elle guérit son cancer avec des jus de fruits et des légumes bio». [En ligne]. 2014. Disponible: http://www.lavantage. qc.ca/Actualites/Societe/2014-02-03/ article-3601409/Elle-guerit-son-canceravec-des-jus-de-fruits-et-legumes-bio/1 2. FightTheFakes. 2014. www.fightthefakes.org ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Lettre à un jeune aspirant à la maîtrise Par Soriya Kvann N.B. – Cette lettre a été écrite avec un état mental douteux, suite à un mois de stage aux soins intensifs agrémenté de plusieurs soirées de rédaction. La parution était prévue pour le numéro d’Halloween, mais mieux vaut tard que jamais. Bonne lecture! Octobre 2014 Dernière nuit avant la semaine de rédaction, Après une semaine d’été perdue au milieu de l’automne Cher étudiant du Pharm. D., L a session d’automne est maintenant bien entamée, avec des examens qui pleuvent probablement déjà de tous bords, tous côtés. Pour ma part, l’automne n’avait pas cette fois-ci ce petit goût de renouveau que j’apprécie tant chaque année… Il faut dire qu’il n’y a pas de vacances d’été à la maîtrise: les stages se succèdent les uns aux autres durant toute l’année, de janvier à décembre. Bon, d’accord, j’exagère: il y a quand même une semaine de congé au milieu de juillet et une semaine de rédaction pour le manuscrit final… qui n’est pas à proprement parler un congé, mais comme on ne se fait pas évaluer pendant une semaine complète, on peut parler d’un certain repos. début du stage et qui se permet pour la dernière évaluation de faire échouer l’étudiant pour des raisons obscures… Juste à y penser, j’ai des frissons dans le bas du dos. Quoi qu’il en soit, je ne vous parlerai pas d’histoires d’horreur cette fois-ci, même si ça aurait été de circonstance en ce mois d’Halloween. J’aimerais prendre un temps pour souligner certains stages qui ont été vraiment agréables. patients? Pourtant, dès le premier jour de mon arrivée dans un de ces stages, le pharmacien a tout de suite mentionné: «Pour moi, l’évaluation de la faculté n’a pas vraiment d’importance. Ce qui est important, c’est que tu apprennes et que tu apprécies ton stage. Qu’est-ce qui t’intéresse?» Sans vouloir rabaisser la pertinence de l’évaluation proposée par la faculté, ces pharmaciens passés maîtres dans l’art d’enseigner sur n’importe quel thème se mettent à adapter les cas rencontrés pour aborder les thèmes qui vous intéressent le plus. Il n’y a pas de jugement dans leurs questions, mais juste assez d’irritation intellectuelle pour vous pousser à aller chercher des réponses à des problèmes que vous n’aviez même pas remarqués. On butine d’un sujet à l’autre pour étudier une large étendue d’articles dans le but de répondre à des problèmes concrets. Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. J’ai toujours une certaine appréhension en commençant les stages, à l’exception de ceux pour lesquels j’ai entendu vraiment de bons commentaires. Depuis le début, j’ai toujours considéré que les maîtres de stage sont le point angulaire qui fera que le stage sera agréable ou infernal. J’ai l’inquiétude de tomber sur ce maître de stage terrible qui est obligé de prendre des étudiants sous son aile alors qu’il déteste l’enseignement ou, encore pire, le maître de stage qui a une apparence vraiment aimable au –Antoine de Saint-Exupéry Au début des stages, je me demande toujours: vais-je être capable de répondre aux attentes de mes maîtres de stage? Suisje capable de me rendre utile en l’espace de quelques jours pour prendre soin de mes Avec un style d’enseignement complètement différent, certains maîtres de stage ont une structure préétablie des sujets à aborder à quelle semaine. Ces grands objectifs aident à couvrir tous les sujets importants pour être en mesure de prendre soin de l’unité. Dans un cadre un peu rigide mais entièrement adapté au contexte de soins du stage, les maîtres de DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 11 ACTUALITÉS stage s’assurent de la progression constante du stagiaire, l’amenant très concrètement d’un point de départ au point final. À la fin du stage, on peut alors regarder en arrière et prendre note de toutes les connaissances acquises en quelques semaines. Pourquoi s’embourber alors dans des formalités d’évaluation alors que ces mêmes critères sont évalués sans relâche aux deux semaines pendant 10 mois d’affilée (comme on ne compte pas ici les mois dédiés au projet de maîtrise)? À chaque stage, on réévalue notre lien de confiance avec les patients, nos interactions avec les professionnels de la santé, nos sources documentaires consultées… ont-elles réellement le temps de changer en l’espace de quelques semaines? Ces compétenceslà ne se sont-elles pas affinées lentement au fil de tous ces stages pour atteindre un certain point culminant où il n’y a plus vraiment de place au changement? Je ne dis pas qu’on devient parfait, mais de là à vouloir voir une évolution avec un commentaire pertinent à chaque deux semaines (eh oui, les résidents de maîtrise ont une autoévaluation à toutes les deux semaines), c’est peut-être un peu excessif… ce qui explique également la fatigue des résidents à remplir toutes ces évaluations formatives. «Pour moi, l’évaluation de la faculté n’a pas vraiment d’importance. Ce qui est important, c’est que tu apprennes et que tu apprécies ton stage. Qu’estce qui t’intéresse?» Parallèlement, on se trouve exposés à des modèles de pratique dans des milieux de soins surspécialisés. Un maître de stage 12 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 avait mentionné à propos de son milieu: «Le pharmacien est ici le seul maître et chef à bord du navire mis à part Dieu… Dieu étant le chirurgien.» (N.N.) J’avais pris cette affirmation étrange pour une blague, comme les chirurgiens sont réputés pour leurs prises de position quelque peu rigides. Par contre, en mettant pied dans l’établissement, je me suis rendu compte que, dans l’étage voisin à celui où j’étais, les chirurgiens avaient délégué entièrement les prescriptions des médicaments aux pharmaciens. C’est la première fois que j’avais la chance d’observer une si belle marque de confiance pour les pharmaciens. Les chirurgiens passaient ainsi la majorité de leur temps à faire ce qu’ils font de mieux pour le patient, soit la chirurgie. Pour le reste, les pharmaciens sont là pour s’occuper des prescriptions et pour les aviser de l’évolution des patients. En plus d’avoir la chance de côtoyer des pharmaciens d’exception, me faire remercier à la fin d’un stage pour avoir choisi un milieu, je pense que je n’ai jamais vécu ça auparavant. C’est comme si, tout d’un coup, les rôles étaient renversés. C’est moi, la résidente, qui suis censée être reconnaissante, non? C’est moi qui devrais remercier, remercier d’avoir pris soin de moi, remercier de m’avoir guidée dans mes apprentissages, remercier de m’avoir partagé une expertise clinique durement acquise au fil des années… et pourtant… Face à ce renversement des rôles pour quelques secondes, j’ai eu l’impression pendant un moment que ces maîtres de stage aussi se faisaient évaluer tous les jours, qu’ils étaient fébriles de mettre leurs connaissances à jour avant de se faire challenger à nouveau par les connaissances des stagiaires. Sans aucun doute, lorsque vous commencerez vos stages à la maîtrise, vous rencontrerez bientôt sur votre chemin des stagiaires à former en structure pyrami- dale. J’espère que vous vous souviendrez des maîtres de stage inspirants que vous rencontrerez quand vous serez confrontés à vos propres stagiaires (ce qui me rappelle que j’ai fait un commentaire semblable pour les maîtres de stage horribles…). Je souhaite que, dans un futur plus ou moins rapproché, vous soyez tous en mesure de vous impliquer dans la formation des prochains pharmaciens, pour prendre la place de ceux qui reçoivent des stagiaires sans vraiment les vouloir. Je souhaite que les stagiaires ne se présentent pas dans leur milieu avec l’appréhension plein les entrailles, les bonnes suggestions scellées au bout de leurs lèvres dans la peur de faire des faux pas. Je souhaite que les stages soient une opportunité pour échanger les connaissances et les compétences entre deux pharmaciens en évolution, sans être balisés par une évaluation peu flexible au contexte de soins… Je ne pourrais pas me prononcer sur la rareté de ces milieux de stage. J’ai eu la chance d’en avoir trois d’affilée dans trois centres différents. Peut-être que les autres stages étaient tout aussi intéressants, mais que dans ma perspective tordue, je n’ai pas su aller en tirer autant que ce que j’aurais souhaité… Bonne continuation à tous ces maîtres de stage excellents. Avez-vous déjà pensé que vous aimeriez révolutionner la pratique de la pharmacie? Je pense que ces ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 gens-là sont déjà en train de porter la pharmacie à un autre niveau: c’est en nous exposant à ces pharmaciens d’exception que nous allons trouver l’énergie de nous impliquer activement dans les soins de nos patients. Je ne peux qu’espérer qu’ils continueraient à inspirer les prochaines générations de pharmaciens. Sur ces mots pleins d’espoir et de positivisme, je vous laisse maintenant à vos études ou à vos lectures de stage. Vous avez sans doute remarqué que la perspective d’une semaine de rédaction me ramène beaucoup de positivisme face à l’avenir malgré les remous inquiétants qui s’annoncent dans l’avenir de la pharmacie, ce qui me fait radoter… J’espère avoir redonné un peu d’énergie aux étudiants qui étaient en manque en ce début d’année. 1 Le dinosaure Soriya~ P.-S. Je suis parfois un peu délirante vu mon niveau de fatigue, mais n’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions par rapport à la maîtrise ou aux stages en général. Vu mon âge très avancé, j’essaierai de vous partager mes expériences ou de vous faire profiter de l’expérience de mes camarades dinosaures pour répondre à vos inquiétudes avant de devenir un fossile. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 13 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Party d’Halloween 2014 14 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 © Élias Touil DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 15 ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Entrevue avec Jacques Turgeon Par Qian Li (II) M. Jacques Turgeon, récemment nommé directeur général du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), a été le directeur du Centre de recherche du CHUM de 2007 à 2014. Diplômé de l’Université Laval et de la Vanderbilt University à Nashville, M. Turgeon a obtenu un doctorat en pharmacie et un postdoctorat en pharmacologie clinique. Récipiendaire du prix LouisHébert de l’Ordre des pharmaciens du Québec en 2010, M. Turgeon est également un chercheur aguerri, se spécialisant dans la variabilité interindividuelle dans la réponse aux médicaments. Il est un membre actif de l’Association canadienne des sciences de la santé et de l’Académie nationale de médecine française. Professeur titulaire à l’Universitaire de Montréal (où il a été le doyen de la Faculté de pharmacie entre 2000 et 2005), M. Turgeon a certainement un emploi du temps chargé. Le Capsule remercie M. Turgeon pour nous avoir accordé le temps d’une entrevue. Études Vous êtes diplômé de l’Université Laval en pharmacie, ayant complété un baccalauréat, une maîtrise et un doctorat, en plus de terminer un postdoctorat en pharmacologie clinique à la Vanderbilt University (Nashville, États-Unis). Qu’est-ce qui vous passionne de pharmacie? La diversité de la pratique. Quand j’étais étudiant, j’ai décidé de me lancer en pharmacie parce que j’avais l’idée d’aller en recherche. J’avais le choix entre plusieurs parcours, telles médecine, pharmacie et biochimie. Mais je trouvais que la pharmacie avait un angle intéressant, car c’était un domaine qui m’aurait permis d’aboutir à une carrière professionnelle au même titre qu’une carrière en recherche. Si jamais ce n’est pas fructueux en recherche, des réalignements de carrière sont possibles. Quand j’étais doyen, je disais toujours que c’est difficile d’entrer en pharmacie, mais une fois que tu es entré par le bout de l’entonnoir, les possibilités d’emploi, que ce soit au niveau du gou- 16 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 vernement, de l’industrie, de la recherche, de la clinique ou de l’établissement, sont sans fin. Selon vous, quelle est la meilleure partie d’être étudiant en pharmacie? Être exposé à une quantité de connaissances importantes et développer des compétences essentielles. La communion des deux, c’est qu’il y a beaucoup de compétences à acquérir, et que si on développe les bonnes compétences, on peut les maintenir par l’acquisition de nouvelles connaissances. Pour quelques années, on vous donne un peu tout cuit dans le bec, mais après le Pharm.D., ça va être plus difficile. Vous êtes bien dorlotés durant ces quatre années, il faut le croire! Il y a aussi l’opportunité de créer des liens avec les autres. C’est important de participer aux activités sociales parce qu’au bout de la ligne, chacun aura des fonctions importantes. Il y en a qui vont devenir vice-présidents d’une compagnie, sous-ministres, directeurs, professeurs à l’université, etc. Certains seront des décideurs clés, d’autres des pharmaciens com- munautaires avec des implications sociales importantes. C’est important de former des liens qui restent! Carrière et créations Vous étiez responsable de la recherche à l’Institut de cardiologie de l’Hôpital Laval de 1991 à 1998 et avez occupé le poste de directeur du Centre de recherche du CHUM de 2007 à 2014. Qu’est-ce qui vous passionne dans le domaine de la recherche? Le fait de découvrir qu’on ne sait pas tout, et de toujours continuer à découvrir. Chaque jour, je lis quelque chose de surprenant, j’ai des collègues à travers le monde qui font des découvertes passionnantes, et je réalise l’importance de découvrir encore plus pour optimiser la pharmacothérapie. On commence à peine à comprendre pourquoi certaines choses arrivent. Ce qui me motive, c’est de découvrir et de comprendre, donc les connaissances et la compréhension. Connaître tout court, ça ne vaut pas grand-chose! Le CapsulE, volume 38, no. 3 Vous avez publié plusieurs articles et revues scientifiques à propos du métabolisme des médicaments et de la variabilité interindividuelle dans la réponse aux médicaments. Comment ce domaine vous intéresse-t-il en particulier? Il y a longtemps, on a développé des molécules avec l’idée qu’elles seront des blockbusters. L’industrie voulait commercialiser des molécules qui prendraient une large part du marché pour des raisons financières et pratiques. Pour les cliniciens, plus ça s’appliquait aux patients au même dosage et à la même manière, plus c’était facile à utiliser. Puis, on a découvert que ça ne fonctionnait pas de cette façon. Chaque individu a une réponse unique au même médicament. Certains vont avoir des effets secondaires, d’autres la réponse optimale. Il y en a aussi qui seront entre les deux. Et la dose est variable! Ce qui est passionnant, c’est de découvrir ce qui peut permettre de prédire la réponse chez les individus et d’optimiser le traitement. Il y a des facteurs environnementaux et génétiques, sans oublier les interactions médicamenteuses. Parlez-nous d’InterMED-Rx, votre brainchild. D’où est venue l’idée de créer un site sur les interactions pharmacocinétiques? En référence à la question précédente, j’ai toujours travaillé à tenter de comprendre ce qui explique la variabilité interindividuelle dans la réponse aux médicaments. La combinaison médicamenteuse est un des facteurs qui changent de façon importante la réponse qu’on peut obtenir. En 2006, le Center for Drug Evaluation and Research, une division de la FDA, a fait un recensement des causes de mortalité aux États-Unis. À ce moment-là, la 4e cause de mortalité, c’était l’utilisation inappropriée des médicaments! Pourquoi, vous demandez-vous? Parce que les gens combinent de plus en plus de médicaments. Dans mon jeune âge, quand tu voyais un patient avec 4-5 pilules, tu pouvais déduire qu’il était vraiment malade. Aujourd’hui, même si on en donne 15, il n’est pas vraiment malade. On vit à un âge plus avancé, on Chaque jour, je lis quelque chose de surprenant, j’ai des collègues à travers le monde qui font des découvertes passionnantes, et je réalise l’importance de découvrir encore plus. a différentes options de traitement et on traite de façon optimale plusieurs conditions pathologiques. Mais on a aussi plus de chances d’avoir des interactions médicamenteuses. L’idée de développer un site qui permettrait d’illustrer ces interactions, c’était de faire de la recherche translationnelle, c’est-à-dire d’amener les connaissances fondamentales à la pratique clinique. C’est différent des autres sites, qui vous donnent une réponse. Il n’y a jamais un médecin qui va chercher sur Internet une réponse à son diagnostic! Ils veulent un logiciel qui va leur donner l’information qui va leur permettre de porter un jugement professionnel. InterMED-Rx est moins populaire parce qu’il ne te donne pas la réponse – il te donne l’information et t’oblige à penser! Et c’est comme ça que tu peux trouver la meilleure réponse. Les mêmes 8 pilules prises chez le même patient dans des ordres différents peuvent soit causer la mortalité, soit être très bien tolérées. En somme, InterMED-Rx est basé sur 1) transmettre l’information et 2) laisser un professionnel en faire l’interprétation. D’où la nuance entre savoir et comprendre. ACTUALITÉS En gros, quelles sont les fonctionnalités du site? On a une image rapide de toute la médication prise par le patient. Ce n’est pas une comparaison 2 par 2. On a un tableau avec une image globale. Si on donnait juste les interactions 2 par 2, on peut se retrouver avec des recommandations différentes, voire contradictoires. Le but, c’est d’intégrer la thérapie au complet. Comment le site est-il géré? Par de la revue constante de littérature scientifique, entre autres via PubMed. Il y a également des revues qui sont produites par nous-mêmes dans le laboratoire où je travaille. On fait constamment des révisions de monographies. Les mises à jour sont effectuées fréquemment, parfois aux 24 heures. Quand il y a des nouveaux médicaments mis sur le marché, c’est revu et c’est ajouté à la banque de données. Vous avez mis sur pied plusieurs programmes de formation, dont le Pharm.D. et le BSBP à l’Université de Montréal, en plus de veiller à la construction de centres de recherche un peu partout au Québec (CHUM, Hôpital Laval à Québec, pavillon Jean-Coutu). Quelles étaient vos motivations? Donner les infrastructures optimales pour veiller au bon déroulement de la recherche et de l’enseignement et développer des programmes de plus haut niveau. L’avantage avec le pavillon Jean-Coutu, c’est qu’il s’agit d’une infrastructure qui permet de répondre aux besoins d’un programme particulier. C’est la même chose avec le CHUM: on a développé un centre en fonction de ce qu’on voulait véritablement accomplir, on n’a pas hérité d’une vieille bâtisse en essayant de s’adapter. On optimise à ce moment-là l’atteinte de nos objectifs. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 17 ACTUALITÉS Quels sont les défis que vous avez dû relever? Comme tout projet de construction dans le domaine public, convaincre les gens de te donner les sous et créer un engouement autour du projet pour faire en sorte que les autres vont te suivre en tant que leader. Quand tu choisis un appartement avec tes chums, vous allez vous obstiner sur la couleur des murs. Mais lorsqu’il s’agit d’un projet de grande envergure, plusieurs personnes ont leurs propres idées. Il s’agit d’arriver à un consensus, puis de mener le projet à l’intérieur du budget et du temps, parce que ce sont des fonds publics. Qu’espérez-vous accomplir en tant que nouveau directeur général du CHUM? En premier lieu… Finir le CHUM! Avec un budget de 3 milliards de dollars, on veut terminer la construction dans le temps et le budget prévus. Ensuite, vu que c’est un hôpital universitaire, donner des soins de la plus grande qualité en maintenant une mission académique pesante. Finalement, intégrer le CHUM dans le système de santé global et faire en sorte que l’hôpital soit un moteur de développement économique autour du centreville de Montréal. Quels aspects de vos futurs projets vous excitent le plus? Tous les aspects sont intéressants. C’est sûr que finir la construction du CHUM est intéressant à court terme, mais le cœur du projet est de mener l’hôpital à un niveau de qualité de soins exceptionnel. Ce qui se passe à l’intérieur est le véritable reward. 18 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Questions générales Quels sont les aspects du travail du pharmacien où vous aimeriez voir un changement (et pourquoi)? Faire comprendre au ministère qu’un des acteurs majeurs de première ligne, malheureusement sous-utilisé, est le pharmacien. Quand j’étais doyen, j’ai travaillé très fort à la mise en place du projet de loi 90, qui permettait le partage des compétences. Présentement, les compétences du pharmacien sont sous-utilisées, largement sous-utilisées en milieu communautaire. Encore aujourd’hui, le rôle du pharmacien passe sous le radar pour un argumentaire budgétaire et un argumentaire de rémunération. À un moment donné, il faudrait aller une coche plus loin et laisser le pharmacien jouer son rôle, qui est de rendre possible l’accès aux soins pour les patients qui en ont besoin. Certains modèles de pratique sont exceptionnels, mais on n’en bénéficie pas assez. En milieu hospitalier, les compétences du pharmacien sont beaucoup plus largement exploitées. La rémunération est certes moins intéressante, quoiqu’elle s’améliore. Au moins, la reconnaissance des connaissances et l’esprit d’équipe font en sorte que le pharmacien est indispensable à l’équipe de soins. Quels conseils avez-vous pour un étudiant intéressé par une carrière en recherche? C’est une carrière stimulante, une carrière avec des défis et une importante présence étudiante. Mais ce n’est pas une voie facile. Ça n’arrête jamais. Celui qui n’a pas un esprit compétitif ou celui qui joue à s’amuser n’a pas beaucoup de chance de succès. Tu joues pour gagner. Comme on dit en recherche, publish or perish! Quelles sont les aptitudes recherchées? Pas se satisfaire de ce qu’on connaît, aller au bout des choses, être curieux, avoir le désir d’en savoir plus. Vouloir changer. Tu ne vas pas en recherche pour faire les mêmes affaires que les autres – tu veux faire de quoi qui est différent. Tu vas vouloir te battre pour que tes idées passent. Ça prend des gens avec une vision du changement, des gens qui n’ont pas peur du changement. Des gens qui sont prêts à confronter les dogmes établis. Il faut être un communicateur et un leader. La communication est essentielle, parce que si tu n’es pas capable de communiquer tes idées, les gens ne vont pas embarquer, que ce soit par écrit ou par oral. Il faut être convaincant et persévérant. Ensuite, il faut aller au bout de ce que tu veux accomplir et être compétitif. Seulement 13-15% des gens voient leurs projets de recherche financés. Si tu as des bonnes idées, mais que tu en parles seulement à ta mère, elles ne vont pas aller loin. Divers La première chose que vous faites en vous levant le matin? Je me lève généralement vers 5h30. Pas de café! Je n’en bois jamais. Je fais de l’exercice à l’intérieur ou du vélo en été. Ça, c’est en théorie dans mon agenda, 3 fois par semaine. Lundi, mercredi et vendredi. Puis, je regarde les nouvelles. J’écoute aussi les nouvelles le soir avant d’aller me coucher. Si à 10 heures et quart ils n’ont pas dit ce qu’ils avaient à dire, je dors. Le CapsulE, volume 38, no. 3 Votre isoenzyme préférée des cytochromes P450 (et pourquoi)? Vos activités préférées hormis celles reliées au monde de la pharmacie? Il y en a quatre: J’aime bien faire du sport, surtout le vélo. J’aime aussi jouer au golf, mais je n’ai pas le temps ces jours-ci. Sinon, j’aime lire sur le vin et m’amuser à faire de petites dégustations. ✒✒ 2D6: c’est la première sur laquelle j’ai travaillé. Ma maîtrise portait sur la mexilétine (anti-arythmique de classe Ib) et on a démontré qu’elle passait par le 2D6. ✒✒ 3A4: il y a beaucoup d’interactions médicamenteuses. ✒✒ 2J2: c’est au cœur de mes recherches au CHUM. Il s’agit d’une isoenzyme présente au niveau cardiaque. ✒✒ 2EI: comme j’aime bien le vin, c’est mon isoenzyme préférée. Elle me permet de relaxer le soir. Si t’en as pas, c’est plate. Y a-t-il une question que je n’ai pas posée, mais à laquelle les étudiants voudraient connaître la réponse? À part les questions d’examen? ACTUALITÉS choses lorsqu’il y a une équipe motivée et compétente qui vous accompagne. Dans le mandat, on a développé l’infrastructure, le programme du Pharm.D. et du BSBP (c’est la première au Canada et une des seules en Amérique du Nord) et réaligné plusieurs programmes de formation continue. J’ai également développé d’importants projets de recherche en collaboration avec M. Huy Ong. Ensuite, ça a été de participer à des campagnes de collecte de fonds. De recréer avec les anciens de la faculté le sentiment d’appartenance. C’était un 5 ans stimulant et très excitant. (...) Ça a été quoi les principales réalisations à titre de doyen? J’ai été doyen de la Faculté de pharmacie de 2000 à 2005 avec une équipe importante. On accomplit de bonnes Un gros merci au Dr Turgeon pour avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous lui souhaitons la réussite de ses nombreux projets et beaucoup de succès dans l’année à venir! 1 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 19 ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Médication personnalisée à l’hôpital une affaire de coeur? Par Mathieu Régnier À quoi ressemblerait un système médical qui intégrerait des considérations pour la médication personnalisée et la pharmacogénomique? Quelques pistes de réflexion du côté de l’Institut de Cardiologie de Montréal. L a personnalisation de la médication est l’une des manifestations de la «médecine personnalisée». La pharmacogénomique, elle, est une branche de la recherche scientifique sur les médicaments. Discipline émergente, elle intéresse les spécialistes en médecine préventive, en médecine génomique et ceux qui s’intéressent aux thérapies par utilisation de cellules souches. La médecine personnalisée s’applique depuis un certain temps en cancérologie, mais elle est moins connue et très récente dans un domaine comme la cardiologie. Pourtant, la principale cause d’hospitalisation au Canada demeure les maladies du cœur et les ACV (17,9 % en 2009) selon l’Agence de la santé publique du Canada. C’est aussi 20,7 % des décès. tient la recherche permettant de changer la vie des gens de sorte qu’ils vivent mieux et plus longtemps», explique Mélanie La Couture, directrice générale de la FICM. En début d’année, elle remettait une Santé cardiaque et médication spé- bourse de 25 000 $ à Simon de Denus, Ph.D., pharmacien passionné de pharmacogénomique et codirecteur du groupe de recherche en insuffisance cardiaque de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM). cialisée On reconnaît aujourd’hui que le médicament est l’un des instruments technologiques les plus performants et les plus utilisés pour répondre aux problèmes de santé cardiaque et que ce sera probablement de plus en plus le cas en lien avec le vieillissement de la population. Les avancées de la connaissance dans ce domaine demandent donc un véritable investissement en recherche fondamentale et appliquée. «La Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal (FICM) sou- 20 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Dans bien des cas, on utilise une approche «one size fits all», un peu comme s’il n’y avait qu’une seule grandeur de jeans – des 32 – pour l’ensemble des patients «En prédisant la façon dont les patients répondront à leur médication, les travaux du jeune chercheur contribuent au développement d’une médecine plus personnalisée», ajoute Mme La Couture. Ce faisant, l’ICM peut continuer d’offrir des soins de qualité adaptés à chaque patient, mais également prédire les facteurs Le PharmaBlogue vous présente l’article de Mathieu Régnier, spécialiste en communication environnemental, que vous pouvez lire mensuellement dans sa section DD sur le www.pharmablogue.com. de risque et proposer des interventions appropriées. Le Prix Martial G. Bourassa de la FICM est attribué par la FICM depuis 1997 et reconnaît l’excellence et la participation active à la vie scientifique de jeunes chercheurs œuvrant au Centre de recherche de l’ICM. En écho aux propos de la directrice de la FICM, monsieur de Denus considère que la personnalisation de la médication pour chaque patient est centrale à toute philosophie contemporaine de personnalisation des soins. Ses recherches sur l’insuffisance cardiaque le prouvent. Sans entrer dans le détail de résultats de recherches encore embryonnaires, elles permettraient aux cardiologues de déterminer la médication appropriée selon le profil génétique des individus dans le but de mieux calibrer la thérapie médicamenteuse. À l’heure actuelle, le traitement pharmacologique est souvent basé sur une approche par essai et erreur. Dans bien des cas, on utilise une approche «one size fits all», un peu comme s’il n’y avait qu’une «seule grandeur de jeans – des 32 – pour l’ensemble des patients», dit de Denus. On imagine bien que ça ne fait pas à chacun! Palpitations statistiques L’application clinique de ces travaux de recherche encouragés à l’ICM est encore à venir. «Ce sera une première au Canada», Le CapsulE, volume 38, no. 3 Pharmacogénomique La médecine personnalisée est-elle la médecine de l’avenir ? Elle concerne «tout modèle de pratique médicale qui prône l’utilisation d’interventions préventives, diagnostiques et thérapeutiques en utilisant la génomique et l’historique familial afin d’améliorer la santé». (1) selon Simon de Denus. «Même aux États-Unis, où les budgets de recherche sont plus élevés, seuls deux ou trois instituts d’avant-garde utilisent une telle approche». Dommage, car au nord de la frontière, près de 2000 décès sont attribués à une médication inadéquate. Ces chiffres de la FICM donnent des palpitations cardiaques! Et, frissons en sus… «7,5 % des hospitalisations au Canada sont attribuables aux effets indésirables des médicaments». La pharmacogénomique est une branche de la médecine personnalisée. Santé Canada la définit comme «l’étude des facteurs génétiques qui établissent la façon dont une personne réagira à un médicament. Le terme […] se trouve donc à la croisée des chemins des produits pharmaceutiques et de la génétique». Avec la multitude des défis auxquels fait face le processus de recherche et de développement pharmaceutique, l’industrie explore activement les relations entre génétique humaine et réactivité aux médicaments. Leroy Hood, de l’Institut de médecine P4, définit la médecine personnalisée comme «prédictive, personnalisée, pré- ACTUALITÉS ventive et participative». Le gourou américain du domaine supporterait probablement les recherches poussées par l’ICM! Les experts en médecine personnalisée démontrent beaucoup d’espoir par rapport aux tests pharmacogénomiques, mais il y a encore beaucoup d’éducation à faire en la matière, explique Simon de Denus, qui rappelle la promesse de la pharmacogénomique: «donner le bon médicament, à la bonne dose, au bon patient, au bon moment». 1 Références 1. Daniel Gaudet (2012), «Médecine personnalisée: Applications, limites et défis pour la prévention et la prise en charge des maladies.» Département de médecine, Université de Montréal. Pour plus d’informations sur le sujet, le site de la Coalition pour la médecine spécialisée est très complet: http://www. personalizedmedicinecoalition.org DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 21 ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 pharmacy in new york city what’s it like? Par Regina Kwan Regina Kwan est titulaire depuis 2011 d’un doctorat en pharmacie de l’Université St. John’s. Elle a fait un stage en pharmacie communitaire dans la région métropolitaine de la ville de New York en 2006. Depuis, elle est pharmacienne à temps plein à Brooklyn. Mme Kwan a généreusement accepté d’écrire un article dans le Capsule afin de nous offrir un petit aperçu de la pharmacie ailleurs qu’au Québec. A pharmacist, in the United States, used to be considered a druggist. We were the people you would find at a family owned pharmacy that were (and still are) the first stop before going to see the doctor. We are the go-to for aches and pains and cold medications, remedies for less serious ailments that don’t seem worth a doctor’s appointment. Over the years, pharmacists have proved their competence and usefulness in places outside of the retail pharmacy including hospitals, industry, research, managed care, specialty pharmacy and sometimes right alongside doctors in their offices. We have come a long way, but some things have stayed the same. Day in and day out, we do the same things at a retail pharmacy. Check inventory to make sure our on-hand count matches the computer’s, call patients to remind them to pick up their medications, call doctors for refills, and contacting doctors to switch medications that are not covered by insurance. This is all the same. We enter prescriptions in the store’s computer system, bill the insurance, check for interactions and proper dose, and dispense the medication. In the 7 years I have been with the same company, none of this has changed. What has changed is the increased responsibility placed on pharmacists. Working for a chain, we are required to be Certified Immunizers, which also requires training in First Aid and CPR. We can administer 22 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 vaccines for flu, pneumonia, and meningitis without a doctor’s prescription. We can also administer the shingles vaccine to a patient that has a patient specific prescription. We are also expected to provide Medication Therapy Management sessions (also called Comprehensive Medication Review) where we spend one-on-one time with a patient, review their medications and interview the patient to look for barriers to adherence, possible side effects, duplicate therapy, and areas for cost saving alternatives. MTMs are still relatively new, and reimbursement from insurance plans requires a contract to be worked out in advance. In 2011, I graduated from St. John’s University in Queens, NY, with a Doctorate in Pharmacy. I had completed a 6-year Doctorate program and it was the hardest thing I had ever done. “This is not the end, but a new begin- ning,” my dad told me. I had no idea how right he was. There are 3 Pharmacy schools in New York City, 2 more in upstate New York, and 1 in New Jersey. St. John’s is one of the few 0-6 schools. 0-6 meaning that once accepted, you start pharmacy-oriented courses from day 1. The other schools are what we call 2-4: 2 years of undergraduate courses focused on science, followed by 4 years of pharmacy courses (also called professional years). Moving forward to the 4 professional years requires a second application and admission depends on your GPA, Pharmacy College Admission Test, and an interview. Admission is not guaranteed. I was lucky to be given a chance at a 0-6 school, and surviving the six years took a lot of dedication and perseverance. While the end goal was to graduate, getting that diploma is actually just the first step. There were still three exams to take: The North American © Hugo Lee ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Pharmacist Licensure Examination, New York Compounding Exam, and the New York Law Exam. Regardless of what state you are in, you are required to pass the NAPLEX and the state law exam. New York is one of the few states that requires passing the Compounding exam, and if you fail once, you cannot practice in New York until you pass. Oftentimes you will find pharmacists opting to practice in a neighboring state such as New Jersey, and after the required years of practice, reciprocate their license to the State of New York. All that was required was to pass the New Jersey law exam in addition to the NAPLEX. Once licensed, we pay a fee to keep our registration active and complete 45 continuing education credits required for the three-year registration period. Post graduation, some students opt to apply for a residency or fellowship that lasts 1 to 2 years. Finding your niche is a challenge. As a pharmacist in a big retail chain, I consider myself a patient advocate. We are usually the last stop for a patient before going home. The healthcare team for one patient is so vast, especially in a hospital. The patient may only spend 5 minutes with the doctor himself. The rest of the interactions are with nurses, physician assistants, and receptionists. The yearly Gallup poll asks, “Please tell me how would you rate the honesty and ethical standards of people in these different fields – very high, high, average, low or very low?” Over the last ten years, pharmacists have consistently scored higher than medical doctors, and have been in the top three trusted professions for decades (to be fair, nurses often out-rank pharmacists in trust). When it comes to bringing medications home, and implementing lifestyle changes, the community pharmacist is the most accessible, and the most available to explain the importance of such changes. A patient waiting in my store may decide to pick up potato chips, frozen dinners, frozen mozzarella sticks, instant noodles, and I am the only one that sees it – not the doctors or nurses. Countless times I have patients confide in me about barriers to adherence and confess that they have not told their doctor about their hesitations/challenges. We fill a gap in We are an untapped resource that could prove extremely valuable to doctors to help improve patient outcomes. the health care system that has yet to be recognized by other health professionals. The role of a pharmacist is changing in the US. The older generation of pharmacists graduated with a bachelor’s in pharmacy, and were trained simply to dispense. The doctorate program focuses on clinical skills, such as administering vaccines, blood pressure screenings, and brown bag events – community events where patients gather all their prescription medications in a bag and bring them to the pharmacist to look over; these are all things that increase face time with patients. We are an untapped resource that could prove extremely valuable to doctors to help improve patient outcomes. We are the behind-the-scenes healthcare professionals. Insurance plans are complex, and without universal healthcare, each plan has a different set of preferred medications. What happens when the medication prescribed by the doctor is not covered? Or too expensive? If the patient can’t afford it, he won’t buy it, and never gets treated. As the pharmacist, we can offer alternatives that provide cost savings as long as the doctor approves the change. Our next step in New York, and in most other states, is to achieve provider status. Currently pharmacists are paid by the institution or company they work for and revenue is generated by the quantity and type of prescriptions filled. While doctors, nurse practitioners, physician assistants, and even dietitians are paid a standard rate per service provided by the medical insurance plan, retail pharmacists are limited to the medications that are sold. On a daily basis we counsel patients on medication use, emphasize the importance of lifestyle changes, and focus on adherence to medication regimens. If we could be paid for this time spent with our patients, we could dedicate more time in these areas and thereby reduce hospital visits/readmissions and reduce medical spending. Achieving provider status would be the first step towards this and making it more feasible to have a pharmacist working alongside doctors rather than in the background. Hopefully, in the near future, more pharmacists will be widely recognized as a key player in health care teams and be fairly compensated by insurance companies. 1 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 23 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Mon fantasme pharmaceutique Par Anis Ouyahia (III) 16 octobre 2014 Entrée #324 Je suis de retour pour t’écrire. Évidemment, tu vas croire que je suis comme ces croyants qui prient le petit Jésus seulement quand ils sont dans des situations difficiles… C’est mon cas, ô confessionnal écrit. Honnêtement, l’année passe tellement vite et dans exactement 628 jours, je réalise un rêve: devenir pharmacien. Un rêve depuis le secondaire, mais plus les années avancent, plus j’ai peur des changements que ma profession peut connaître. Je veux dire… est-ce qu’on aura les mêmes conditions et salaires, est-ce que les patients vont nous aimer encore? Aujourd’hui, je vais cristalliser pour toi mon fantasme, celui de ma pratique dans cinq ans. Premièrement, mon rêve est de travailler où je demeure, dans la pharmacie où j’exerce présentement et avec la population que je côtoie depuis six ans. J’ai en tête quelques activités qui me feraient du bien et qui mettraient aussi ma profession en valeur. Laisse-moi te raconter deux journées typiques où mon horaire me permet de faire ce que j’aime réellement. 7h00 Petit-déjeuner avec les enfants (deux beaux garçons) et ma Lundi. Jour 1. femme (tout aussi magnifique). Je vais les porter à pied à l’école du quartier, celle que j’ai fréquentée en 5e année. Une petite marche avec le chien, je salue M. Tessier que j’ai vu hier à la pharmacie. Sa femme est décédée il y a deux jours. Son moral semble bon et il n’hésite pas à passer nous voir pour se changer les idées. Vivement mes techniciennes attachantes et très bavardes. 8h30 Je prépare l’ouverture de la pharmacie qui se fera dans 30 minutes. Une belle journée qui m’attend. Habituellement, je reçois par fax les résultats d’INR des patients de la résidence que nous desservons. Je fais les appels aux résidents pour leur expliquer les changements à effectuer pour les prochains jours. Je salue mes employés et accueille nos premiers clients réguliers. 13h00 Rendez-vous à la polyvalente. Ah, que de souvenirs… mon premier baiser, mes premières frasques et surtout ces amis pour la vie. Je suis invité à une journée des métiers pour raconter mon quotidien à des adolescents qui savent à peine ce qu’ils feront dans une semaine. Mon objectif modeste est d’intéresser au moins deux étudiants aujourd’hui à ma belle profession. L’auditorium dans lequel j’allais voir les futures Céline chanter le midi est plein à craquer. Le stress et la nostalgie m’envahissent. Ouf! Ça s’est bien déroulé. Beaucoup de questions sur le pharmacien. Les mots que j’ai répétés le plus: promotion de la santé. N’est-ce pas mon rôle principal par la dispensation de soins pharmaceutiques? 24 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 16h00 Je récupère les enfants à l’école et les dépose à la maison pour le souper. Ce soir, soirée soccer. Par contre, avant, je dois faire un tour au centre communautaire à deux pas de la maison. Avec les autres pharmaciens de ma ville, nous avons mis sur place un atelier pour les gens dépendant à la nicotine. On discute de la manière dont on peut les aider via les méthodes pharmacologiques, mais surtout via le counselling. Jusqu’à maintenant notre succès est mince, mais on travaille très fort entre nous, les cinq pharmaciens-propriétaires des environs. Mardi. Jour 2. 7h30 Avec la collaboration des trois cliniques médicales de ma ville et des pharmaciens-propriétaires, nous prenons l’habitude de nous réunir une fois par mois pour déjeuner et discuter des sujets qui touchent la santé dans notre région. Les médecins nous donnent leurs indications sur les cas qu’ils voient et on discute du volet pharmaceutique avec eux. J’ai enfin pu les conscientiser à la diminution de la prescription d’antibiotiques pour les infections virales. Je peux vous garantir qu’on voit un changement dans notre pratique depuis l’instauration de cette collaboration. 9h00 Journée occupée à la pharmacie aujourd’hui. Suite à mon article dans le journal local pour informer des bénéfices de la vaccination contre l’influenza, j’accueille Christine, l’infirmière avec qui je collabore depuis deux ans pour vacciner mes patients. C’est ironique de dire que j’ai connu Christine durant nos cours de collaboration interprofessionnelle à l’Université. Les patients l’adorent et sa présence me permet d’amener une autre dimension pour sensibiliser la population. J’ai également le privilège de côtoyer des étudiants en pharmacie. Ma pratique va vite, très vite, je les considère donc comme des enseignants. Les patients aiment ce vent de fraîcheur et je n’hésite aucunement à les défier et leur laisser beaucoup de responsabilités. Nous sommes passés par le même programme, mais ils ont la chance de faire leur cheminement en cinq années maintenant. Ça me fait drôle de penser que c’est ma «gang» de 2016 qui a proposé l’idée à la direction (ah! Steph, Charlu, Karina… faudrait bien que je leur lâche un appel!). 15h00 Avant de quitter pour la maison, je m’enferme dans le bureau pour un nouveau projet. Depuis trois mois, je permets aux patients de faire des consultations à distance. J’ai entendu parler de la télépharmacie pour la première fois pendant le Colloque étudiant sur l’avenir de la pharmacie… je me demande même si les étudiants l’organisent encore? Bref… Donc, chaque semaine, les patients prennent rendez-vous et via la plateforme Skype, on prend du temps pour revoir leur médication ou pour faire des conseils pharmaceutiques. J’ai vu un bénéfice dans la relation que j’ai avec les personnes âgées. Elles se sentent plus à l’aise de poser leurs questions et je vois que pour certains, ça leur permet de se sentir moins seuls. Je suis fier de dire que ma pratique s’est étendue de Fort Lauderdale jusqu’à Pékin. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 25 Le CapsulE, volume 38, no. 3 19h00 Je quitte la pharmacie, exténué, mais le cœur fier. Fier de voir que les médecins, infirmières et pharmaciens de mon coin de banlieue travaillent pour les patients avant tout. Je me suis permis d’innover parce que je crois en l’avancement de la pharmacie. Un énorme merci à ces gens qui ont fait croître ces idées en moi depuis que j’ai plongé dans ce monde pharmaceutique. Surtout, un énorme merci à mes collègues qui m’ont suivi dans ma folie pour faire de notre pharmacie un modèle d’innovation. Ah journal, maintenant je comprends pourquoi je ne t’écris pas si souvent. Plus je t’écris et plus je frappe mon Waterloo… Parce que dans une profession et une province où le désir d’évoluer et d’innover est aussi grand que le brave Napoléon, il m’est difficile de rêver à autant de projets. Allez hop, je retourne travailler pour en faire plus qu’un simple fantasme. Un vrai coït interrompu. 26 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 27 ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 La Clinique des pharmaciens un projet innovateur Une clinique bien spéciale a vu le jour dernièrement au Canada; une clinique uniquement dirigée par des pharmaciens. S on fonctionnement: recevoir des patients sur rendez-vous pour une consultation avec un pharmacien. Aucune remise de médicament ni renouvèlement n’est effectué dans cette clinique. Je suis heureux de vous présenter la Pharmacists Clinic. La mission La mission que se donnent les pharmaciens du Canada n’est pas de distribuer le plus de médicaments possible au plus de patients possible. Non, il s’agit plutôt de «procurer aux Canadiens un traitement aux résultats optimaux par des soins axés sur le patient.» (1) La Faculté des Sciences pharmaceutiques de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a décidé de faire sa part en matière d’innovation en mettant sur pied cette Clinique. En s’inspirant de la vision canadienne de la pharmacie, la Pharmacists Clinic s’est donné l’objectif suivant (traduction libre): «Tous les patients prenant une médication recevront un bénéfice optimal de leur thérapie et comprendront leurs décisions de traitement.» Le concept Le concept de cette Clinique a été élaboré en 2010, et en 2012, un emplacement lui était attribué à l’intérieur du nouveau bâtiment de la Faculté des Sciences pharmaceutiques de l’UBC. En novembre 2013, la Clinique accueillait son premier patient. Localisée à Vancouver, cette Clinique dispose de neuf salles, dont cinq dédiées à 28 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 la consultation. Les responsables de la Clinique se sont pourvus de plusieurs outils à la fine pointe de la technologie, dont un logiciel de pharmacie, un dossier médical électronique, des outils d’évaluation de paramètres de santé ainsi que du matériel audiovisuel à des fins d’enseignement. (2) Cette Clinique étant directement affiliée à l’université, elle servira notamment à améliorer les compétences des pharmaciens et des étudiants en pharmacie. Les pharmaciens y effectuent une évaluation complète des médicaments pris sous prescription, en vente libre, y compris les produits de santé naturels. Ils identifient et résolvent des problèmes qui sont potentiellement dus à la thérapie médicamenteuse. Des suivis sont conclus lorsque nécessaires. Les services offerts La Clinique souhaite que les frais des services procurés aux patients soient assumés par un assureur. Par exemple, des Par François-Xavier Houde (IV) discussions ont présentement lieu afin d’examiner la possibilité d’inclure le remboursement des consultations avec les pharmaciens dans le régime des employés de l’UBC. Il est important de mentionner que cette Clinique est à but non lucratif: la capacité de payer du patient ne doit pas constituer une barrière et tous les bénéfices sont réinvestis dans la Clinique pour en améliorer les services et pour conduire des activités de recherche. Ces dernières se pencheront sur l’évaluation de l’impact du pharmacien dans l’amélioration de la santé du patient. À une époque où les arguments doivent être supportés par des évidences scientifiques afin d’influencer les décideurs politiques, les études qui seront conduites à la Pharmacists Clinic deviendront cruciales dans l’avancement de la pratique pharmaceutique. Les consultations Les consultations sont d’une durée d’une heure et se font sur rendez-vous. Les pharmaciens y effectuent une évaluation complète des médicaments pris sous prescription et en vente libre, y compris les produits de santé naturels. Ils identifient et résolvent des problèmes qui sont potentiellement dus à la thérapie médicamenteuse. Des suivis sont conclus lorsque nécessaires. Des notes au sujet de la consultation sont élaborées. Un plan de traitement est remis au patient et des recommandations sont émises à l’intention des autres professionnels de l’équipe trai- Le CapsulE, volume 38, no. 3 tante. Les services de la Clinique incluent également des évaluations de l’état d’immunisation, un service de vaccination et des séances d’éducation pour les groupes. En date du 30 juin 2014, plus de 1000 patients avaient reçu des services à la Pharmacists Clinic! À la lumière de ce projet déterminant dans la consolidation du rôle du pharmacien, le Québec a tout intérêt à s’inspirer de la ColombieBritannique! 1 ACTUALITÉS Références 1. http://plandirecteurpourlapharmacie.ca/accueil 2. http://pharmacy.ubc.ca/sites/pharmacy.ubc.ca/files/PC%20Fast%20 Facts_UBCPS_2014.pdf DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 29 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Hommage à vous mesdemoiselles *** Des fois, la vie fait les choses drôlement. Vous est-il déjà arrivé qu’un simple évènement puisse vous faire chavirer émotionnellement et vous mener à vous intéresser à des faits et sujets sans le vouloir au départ? Je vous raconte. De mon côté, beaucoup de frustration accumulée face à cette situation et au fait que «ça traînait» m’a permis de m’exprimer ouvertement auprès de certains membres de la direction sur une ambiance facultaire qui me semblait malsaine. 17 octobre 2014. N-515, pavillon Roger-Gaudry. Un étudiant a eu à peser sur le bouton le plus à droite de votre clavier: «ENTER» et l’histoire a débuté à ce moment. Toutefois… j’ai eu raison en ayant tort. Le 6 décembre passé, un évènement qui était une cause de stress depuis quelques semaines a eu lieu: le Colloque sur l’avenir de la pharmacie. Sur l’heure du midi, nous avons aménagé des kiosques pour permettre à des exposants de parler d’un projet qu’ils soutenaient. Samuel Munger, un ami proche, a profité de la situation pour y tenir un kiosque pour commémorer cette date. Oui, 25 ans plus tôt, 14 femmes ont péri dans l’évènement de la Polytechnique suite à un geste prémédité contre les mouvements féministes. Onde de choc auprès de la communauté étudiante après cette publication… Le côté éphémère des réseaux sociaux fait en sorte que cette crise a duré une fin de semaine dans le monde virtuel. Un étudiant a déposé une plainte auprès de la faculté concernant cette publication déplacée. Sept jours plus tard, j’assiste à mon troisième Conseil de Faculté de l’année à titre de représentant étudiant. Un des membres désire ajouter un sujet à l’ordre du jour pour parler d’une publication d’un étudiant sur Internet. 10h59, je dois malheureusement quitter le Conseil puisque je ne pouvais manquer la présentation sur les tire-lait et les méthodes d’allaitement. La rétroaction que je reçois n’est pas très positive par la suite. Beaucoup de réactions auprès des membres du Conseil qui à chaud pensent sanctionner l’étudiant. Fine. L’histoire continue et de notre côté, à l’AÉPUM, nous continuons à trouver des solutions pour faire en sorte que cet évènement ne soit pas aussi éphémère qu’un statut Facebook. Conscientiser les étudiants à la situation d’inégalité entre les hommes et les femmes et surtout sur l’impact d’une mauvaise utilisation des réseaux sociaux est notre objectif. 30 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Pourquoi je vous parle de ça? Parce que je me suis demandé où était rendu le milieu de la pharmacie depuis 25 ans? Quelle place ont prise les femmes depuis cet évènement? En assistant au dernier Congrès de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), j’ai constaté qu’au Québec, les pharmaciennes sont aussi nombreuses que les pharmaciens, mais mieux encore… plusieurs d’entre elles sont des entrepreneuses et des pharmaciennes propriétaires. Le sujet a continué à croître dans mon esprit en lisant les articles proposés par La Presse+ pour la commémoration de l’évènement de la Polytechnique. La semaine dernière, en étudiant dans un café près de chez moi, j’ai eu une énorme lumière qui s’est allumée dans ma tête en composant mon texte d’ouverture pour le Colloque. Je me suis donc demandé: nous à l’AÉPUM, on est rendu où? Le CapsulE, volume 38, no. 3 Une série de courriels, un appel à un pharmacien et ex-président et une fouille dans les archives du Capsule plus tard m’ont permis de produire cette liste: Président(e) de l’Association des étudiants en pharmacie de l’Université de Montréal 2013 — Félix Thompson-Desormeaux 2012 — Vincent Dagenais-Beaulé 2011 — Mathias G-Guénette 2010 — Laurent Ye 2009 — Yassir El Mfadli 2008 — Jacques-Alexandre Amiel 2007 — Antoine Atallah 2006 — Jean-Philippe Roy et Maxime Leduc-Séguin 2005 — Jean-Maurice Weibel 2004 — Jean-Philippe Roy 2003 — Jean-François Laroche 2002 — Natalie Lacasse 2001 — François Tremblay 2000 — David Pinard 1999 — Marie Auclair 1998 — Benoit Lemire 1997 — Mélanie Caron 1996 — Mélanie Provost 1995 — James Dumont 1994 — Claude Dagenais 1993 — Sandra Têtu 1992 — Lise Gauthier 1991 — ? 1990 — Frank Majeau 1989 — Line Gariépy 1988 — Judith Choquette Je constate facilement que depuis l’évènement de 1989, une majorité forte d’étudiants masculins ont siégé à ce titre dans l’AÉPUM… Dans les 12 dernières années au moins, je suis certain qu’aucune femme n’a siégé à titre de présidente. 2014 a changé la donne. Pourquoi 2014 a été spécial lorsque j’ai fait ma revue? Parce que peu importe qui remportait les élections, pour la première fois en 12 ans, nous allions avoir une présidente. Je rends donc hommage à deux femmes que je côtoie depuis bientôt trois ans et que j’aime beaucoup: Mariane Villeneuve et Karina Savoie. Vous êtes inspirantes et êtes deux femmes fortes qui m’ont permis d’apprécier la cause du 6 décembre lorsque je m’y suis intéressé. Parce que dans un milieu politique qui peut facilement être dominé par les hommes, vous avez tenu tête et avez fait une course à la présidence admirable. Vous n’êtes pas seules non plus, puisque j’ai également l’occasion de travailler avec plusieurs femmes dans le Conseil exécutif. Magali, Camille, Laurence, Stéphanie, Qian, Caroline… et toutes les futures pharmaciennes: je vous rends hommage cette semaine! À titre de prochain directeur des élections de l’AÉPUM, je vous demande mesdames: oserez-vous? Merci à Samuel Munger, Grégoire Leclair, Ema Ferreira, Gilles Leclerc, Michelle Normandeau, Jean-Philippe Roy et François P. Turgeon qui, sans même le savoir réellement, ont changé ma façon de voir le 6 décembre, journée d’action contre la violence faite aux femmes. Anis Ouyahia DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 31 ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 congrès de l’AQPP — novembre 2014 Par Karina Savoie (III) M oi et mon accompagnateur, l’unique et l’exceptionnel Anis Ouyahia, sommes allés au congrès de l’AQPP les 28 et 29 novembre derniers. J’ai décidé de vous en résumer les points les plus pertinents. Dans le futur, si vous avez la chance d’y aller, je peux vous garantir que le niveau de qualité des conférences en vaut les 75 dollars – une fin de semaine très enrichissante! Conférence d’ouverture: Mise au point sur les grands dossiers de la pharmacie ou «Le projet de loi 28» C’est dans le calme et l’amertume que Jean Thiffault, président de l’AQPP a présenté à ses membres les derniers résultats des négociations. Comme vous avez pu le lire dernièrement dans les médias, le gouvernement force une entente entre le MSSS et l’AQPP avec le projet de loi 28. Selon le président de l’AQPP, ils auraient eu une première rencontre pour débuter les négociations en juin dernier. Il s’est déroulé quelques mois entre la première et la deuxième rencontre qui est arrivée plus tard, en octobre. À ce moment, l’AQPP avait été mis au courant des préoccupations pressantes du ministre de diminuer les coûts en santé. Plusieurs propositions ont été mises sur la table par l’AQPP dont une meilleure pratique du «Ne pas substituer». Les propositions permettaient de couper quelque 50 millions de dollars dans le réseau de la santé. Le gouvernement a donc précipité 2 à 3 tables de négociations forçant l’AQPP à prendre position rapidement à plusieurs niveaux. Toutefois, selon Jean Thiffault, le gouvernement avait son plan et à la surprise de tous, il déposait le projet de loi 28 ne tenant pas compte 32 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 des recommandations de l’AQPP. Le plus désolant dans tout cela, c’est que 4 des 7 nouveaux actes, dont le renouvellement d’ordonnance, ne pourront être rémunérés, ni même chargés au patient, qu’il soit assuré par la RAMQ ou non. Ces conditions nous réduisent à de simples distributeurs. Or, cela brime l’avenir de notre profession. Certes, la loi 41 a été adoptée, mais encore, rien ne garantit au patient l’amélioration de l’accès aux soins. Devant cette coupe, les pharmaciens n’auront que peu de choix. Baisse de salaires, baisse du personnel, diminution des heures d’ouverture? Selon Jean Thiffault, les pharmaciens ont déjà fait leur part. En effet, la RAMQ enregistre une baisse depuis 2012 et ce, malgré la population vieillissante et l’avènement des nouvelles molécules plus coûteuses. En effet, en abolissant la loi des 15 ans ainsi qu’avec le plafond de 25% pour le prix des génériques, les pharmaciens ont déjà vécu beaucoup de coupures. Pourquoi encore blâmer le médicament pour les coupes en santé alors que c’est le secteur qui performe le mieux (en baisse depuis les dernières années)? Une meilleure distribution des ressources et tâches serait plutôt la clé. Sur une note plus personnelle, je vous invite à réfléchir sur l’impact de la loi 28 sur la profession et sur les étudiants en pharmacie plus directement. Une baisse des salaires des étudiants en pharmacie est-elle à venir? Une baisse des emplois disponibles lorsque nous serons finissants? Une baisse de soutien technique qui aura un impact sur le temps accordé aux tâches cliniques? Une diminution des milieux de stages disponibles puisque les pharmaciens évoqueront un manque de temps et de ressources? Bien des questions qui s’ajoutent à l’accessibilité des soins de première ligne. En tant qu’étudiants, je crois que cet enjeu nous concerne aussi! Jean Thiffault a laissé croire que le gouvernement ne reculerait pas sur les baisses d’honoraires, mais qu’ils sont ouverts à continuer la négociation. La bonne nouvelle, c’est qu’on croit qu’il nous resterait encore six mois avant que la loi ne soit formellement adoptée. C’est du temps précieux pour se préparer à atténuer l’impact des mesures que le gouvernement a entreprises. En finissant, Jean Thiffault a lancé l’appel: l’AQPP a besoin de l’appui de tous ses membres et de solidarité entre pharmaciens. L’AQPP donnera sous peu des directives par rapport à leur stratégie de communication. En attendant, partagez les publications de monpharmacien.ca et les billets de l’OPQ! Deux mots: indépendance professionnelle La refonte du code de déontologie des pharmaciens fera partie des projets à court terme de l’OPQ pour les prochaines années. Manon Lambert, secrétaire générale de l’Ordre a donc profité de la tribune que lui offrait l’AQPP pour nous donner une petite leçon d’éthique bien simple. Cela consiste à nous poser trois questions avant de commettre un acte qui pourrait être non éthique. Prenons l’exemple des contrats avec les résidences de personnes âgées. À l’heure actuelle, certains pharmaciens magouillent pour obtenir plus de patients de la part des propriétaires de résidences de personnes âgées en leur ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 octroyant une forme de ristourne pour les patients qui sont amenés à la pharmacie. Même si cela va à l’encontre du code de déontologie des pharmaciens, certains contournent la règle en louant le local plus cher que la valeur marchande, en faisant varier le prix du local en fonction du pourcentage de lits occupés ou encore en offrant des ristournes de manière frauduleuse. Faites maintenant le test des 3 questions: 1. Et si on me faisait ça à moi? «Faites aux autres leur bien»: voilà un concept bien spirituel, mais qui mérite réflexion. Qu’en penseraient les patients si on pouvait leur donner le choix d’un consentement libre et éclairé? Voudraient-ils vraiment changer de pharmacien? Cela met en évidence le gros problème des contrats de résidence: on s’attaque à une population vulnérable. On peut aussi penser à nos collègues dans tout cela, est-ce que cela est juste pour la pharmacie qui suit le patient avec acharnement depuis 20 ans? 2. Et si tout le monde le faisait? Est-ce vraiment un bon argument? Voilà probablement la question que la FTQConstruction ne s’est pas posée avant la commission Charbonneau… Y a-t-il une véritable différence entre les potsde-vin donnés pour l’octroi de contrats de construction et une ristourne de 3% des ventes d’un pharmacien à un propriétaire de résidence pour le recrutement de ses patients?... 3. Est-ce que je serais à l’aise de me défendre à l’émission de Paul Arcand? (Principe de transparence) Alors là, nul doute que tous les cas ne seraient pas justifiables. Qu’en est-il de la dignité humaine? On n’est pas bien loin d’affirmer que le pharmacien a acheté le patient que le propriétaire de résidence lui a vendu… C’est pour toutes ces raisons que l’Ordre des pharmaciens révise actuellement tous les contrats de résidence en se basant sur l’article 12D du code de déontologie. Ces petites magouilles sont une tache à notre profession. Ces principes peuvent s’appliquer à bien d’autres situations en pharmacie comme la substitution générique. Ce n’est pas normal que le pharmacien ne puisse pas commander de la compagnie que le patient désire sous Faites le test des trois questions: 1. Et si on me faisait ça à moi? 2. Et si tout le monde le faisait? 3. Est-ce que je serais à l’aise de me défendre à l’émission de Paul Arcand? pression des grossistes ou de leur bannière. À cela, nous disons deux mots: indépendance professionnelle. L’indépendance professionnelle, c’est de primer les intérêts du patient, de ne pas placer nos propres intérêts avant les siens. L’Ordre a tenu à rappeler que c’est la seule et unique raison pour laquelle les pharmaciens détiennent toujours le droit de propriété. Parce que le pharmacien est redevable à sa profession et à ses patients plutôt qu’un entrepreneur «ordinaire». Le code de déontologie est là pour protéger la valeur du pharmacien. Une conférence sur la gestion de l’image dans les médias et un panel sur l’impact des médias sociaux sur le milieu de la santé ont également fait partie de la fin de semaine. Elles feront l’objet d’une prochaine rubrique! Pour finir, voici quelques faits divers: ✒✒ «Walk the talk» ou «Les babines suivent les bottines» – définitivement la phrase clé du congrès. Elle a été dite quatre fois. ✒✒ Fun fact: selon Alcon, les gouttes Systane Ultra, Systane Balance et Systane Gel Drops ont une durée limite d’utilisation de 6 mois une fois le contenant ouvert! ✒✒ Fun fact #2: Québec Pharmacie, L’actualité pharmaceutique et L’actualité médicale fusionneront en un seul journal interprofessionnel: Profession Santé! Il sera bientôt disponible en application pour téléphone intelligent et iPad! Yahoo! Tournée de l’OPQ – 21 octobre 2014 J’ai assisté, le 21 octobre dernier, à la tournée d’information donnée par l’Ordre des pharmaciens du Québec. Ces soirées d’information se sont déroulées dans plusieurs régions du Québec depuis le mois de septembre. Manon Lambert et Bertrand Bolduc en ont profité pour faire la mise au point sur plusieurs sujets chauds, entre autres la Loi sur les soins de fin de vie, la loi 41, la révision des rôles des ATP et la spécialisation en pharmacothérapie avancée. Je vous invite à lire l’article résumé dans l’Interaction publiée ce mois-ci. Cercle du Doyen – 15 octobre 2014 J’ai pu participer à la conférence du cercle du Doyen. En gros, cette soirée réunit tous les donateurs de la Faculté de pharmacie. Cette année, plus de 100 000$ ont été remis aux boursiers, qui sont des professeurs responsables. Plusieurs projets ont été subventionnés dont le programme PRÉFACE, le réseau STAT, des Flash Cards d’infectiologie et la production de nouvelles vidéos de communication adaptées aux étudiants en pharmacie. J’ai aussi eu la chance de voir l’excellente conférence de Bertrand Bolduc au sujet de la valeur du pharmacien à laquelle vous pourriez assister au PDW. Une conférence inspirante! 1 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 33 ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Quelle est la valeur de nos services et comment fidéliser la clientèle? Un texte pour aspirants-propriétaires, en direct du congrès de l’AQPP Par Michaël Cardinal (II) L es 28 et 29 novembre derniers se déroulait, au Centre des congrès de Québec, l’annuelle rencontre des pharmaciens-propriétaires de notre province. Habituellement d’humeur professionnelle et festive, la mine des membres de l’AQPP était plutôt digne d’un lendemain de match #7 perdu en prolongation! Le mercredi de cette même semaine, ces hommes d’affaires ont reçu une douche glaciale sur la tête: Québec, dans ses mesures d’austérité, venait d’annoncer des coupes dans leurs honoraires, une perte d’en moyenne 100 000$ de profits nets par pharmacie, estime l’AQPP. Afin d’appliquer un baume sur le cœur de nos pharmaciens, le projet de loi 28 prévoit la mise en vigueur de la loi 41 soixante jours suivant l’application de ce dernier projet de loi. Bien que les circonstances entourant l’application de notre loi chérie ne soient définitivement pas celles espérées, voire même injustes, il est fort probable que les pharmacies se tournent vers cette opportunité d’affaires afin d’assurer la rentabilité de leurs entreprises. Pourtant, le pharmacien est un professionnel qui, jusqu’à maintenant, est disponible dans un délai de 1 à 15 minutes, et le tout, gratuitement. Ainsi, il sera difficile pour la population d’accepter que les pharmaciens chargent pour certains actes. Pourquoi? Puisqu’offrir un service gratuitement équivaut à automatiquement en détruire toute sa valeur. Plusieurs services des pharmaciens n’ont donc pas, à proprement parler, de «valeur» aux yeux des clients (c’est aussi ce que le 34 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 gouvernement semble nous livrer comme message en coupant dans les honoraires). Donc, durant les prochaines années, les pharmaciens en pharmacies communautaires auront à surmonter les objections des patients qui ne comprendront pas les remboursements associés aux services et ainsi, faire valoir leur jugement clinique. Ce texte, fortement inspiré de conférences vues durant le congrès, présentera, d’une part, comment un pharmacien peut surmonter les objections des patients en pharmacie. D’autre part, il se penchera sur les outils afin d’acquérir une notoriété en société. Surmonter les objections Lors d’un atelier donné par M. Stephan Lessard, vice-président marketing chez Nadurel Pharma, plusieurs propriétaires s’inquiétaient par rapport à la réaction de la population non pas sur les nouveaux services, mais plutôt sur leurs prix. Ils demandaient: «Accepteront-ils de payer? Quelle est la valeur de nos services? Est-ce que mon voisin le vendra gratuitement? Si oui, que faire?» À ceci, M. Lessard a répondu un argumentaire basé sur les principes de vente. D’abord, il a questionné l’assemblée en demandant aux gens: «Que pensez-vous du prix fixé par la RAMQ pour la rémunération des nouveaux actes?» Certains pharmaciens trouvaient ça juste, d’autres trop cher, d’autres souspayé. Ainsi, il a demandé à l’assemblée de prendre conscience de deux faits: ✒✒ D’abord, la valeur d’un service, d’un objet ou d’un geste est fixée par la personne qui le vend et ce qu’elle CROIT qu’il vaut; ✒✒ Ensuite, sa capacité à la vendre sera traduite dans sa capacité à faire valoir cette valeur, de par son niveau de confiance, et par-dessus tout, son attitude. ACTUALITÉS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Ainsi, il est difficile de déterminer la valeur d’un service d’avance. Pourtant, celui qui le fixe doit savoir agir avec confiance et avoir l’attitude nécessaire pour bien le faire valoir. Les pharmaciens auront donc à trouver leur valeur et à bien le vendre. Afin de nous guider, le conférencier nous a présenté quelques techniques de persuasion qui aident à comprendre comment la société accepte la valeur d’un produit ou d’un service: 1. Réciprocité. Ce terme fait référence à la capacité qu’a un produit ou un service à être acheté ou utilisé de façon universelle (par l’ensemble de la société). Par exemple, un ami vous recommandant un restaurant ajoute à la valeur que vous accordez à ce restaurant. De surcroît, ce dernier ayant une page Facebook avec 2000 «j’aime» en ajoute encore plus! La valeur du restaurant semble être, aux yeux des gens, équivalente pour tous, réciproque. Il en est de même pour les services des pharmaciens: il faut faire sentir au client qu’il n’est pas le seul à utiliser ces services. nel. Trucs: afficher les diplômes! À cela, il ajoute la recommandation de se faire «introduire» par les ATP. Cela m’a d’abord surpris. M. Lessard explique que certains d’entre nous vont acquérir des connaissances dans des domaines plus poussés. Dans notre pratique, nous pourrions donc demander aux assistant(e)s techniques de nous introduire selon ces spécialités, par exemple, «notre pharmacien en service est spécialisé en clinique santé-voyage, il viendra vous voir dans quelques minutes». Les patients recherchent cette spécialisation. D’ailleurs, un bon exemple est le succès des pharmacies dans des cliniques spécialisées. Cela ajoute donc à la crédibilité du pharmacien en relation avec son patient-client. 4. Après-service. Il semblerait que cette étape soit cruciale. Il faut être en mesure de dissiper les doutes du patient lors d’une consultation, mais qu’ils soient également dissipés lorsque le patient arrivera chez lui, nos arguments déjà alors oubliés. Dans le cadre d’un service de consultation qui serait chargé, une bonne façon est d’utiliser nos connaissances à l’aide d’un suivi thérapeutique afin que le patient sente que son achat a de la valeur. 2. Rareté. Les clients cherchent la rareté! Il faut être différent! Lorsque nous serons pharmaciens, il sera de notre responsabilité de bien présenter aux patients notre rareté: nous serons des professionnels ayant à offrir une écoute active et pouvant manifester de l’empathie. Une idée afin de se démarquer serait donc d’utiliser les bureaux de consultation pour les conseils à toutes les occasions afin d’ajouter de la valeur à nos services. Une voie qui n’est pour l’instant pas envisagée par les pharmaciens en raison du manque de temps. Pourtant, M. Lessard prétend que la profession pourrait en être gagnante. Trois autres principes de persuasion ont été énumérés. Je vous invite à consulter la page suivante, selon votre intérêt: http://www.conseilsmarketing.com/techniques-de-ventes/la-science-de-la-persuasion. Les exemples énumérés ci-haut sont très généraux. Cependant, sur ce site, il est possible d’avoir des exemples plus précis pour surmonter les objections, plus précisément lors d’une consultation. D’ailleurs, voici ceux proposés par M. Lessard: 3. Crédibilité. La crédibilité est acquise notamment par le professionnalisme, mais surtout par l’émotion exprimée par un individu devant un profession- D’abord, présenter le coût. Selon lui, il est nécessaire d’aborder le coût dès le départ. Une bonne formulation serait de le présenter de manière positive: «Dorénavant, nous avons le droit de prescrire des médicaments pour vos allergies, un nouvel avantage pour votre santé. Cependant, je devrai ajouter un coût à votre facture pour cela.» Par après, lorsqu’un patient mentionne une objection, il est important de reformuler son objection. Le but est d’arriver à un consensus sur ce qui est problématique. De plus, cette reformulation nous permet de voir l’émotion Les clients cherchent la rareté! Il faut être différent! Lorsque nous serons pharmaciens, il sera de notre responsabilité de bien présenter aux patients notre rareté: nous serons des professionnels ayant à offrir une écoute active et pouvant manifester de l’empathie. derrière la demande. Souvent, l’objection formulée n’est pas réellement celle qui dérange le client. Ce dernier pourrait donc finalement reformuler son objection ou préciser sa pensée. Finalement, il semblerait qu’il soit essentiel de prendre le temps de surmonter toutes les objections des patients afin d’éviter d’avoir à refaire le travail dans le futur, par exemple, avec un patient n’étant pas satisfait des délais de la remise de ses médicaments (le genre de client qui pense que la pharmacie est un McDo). Trop souvent, selon M. Lessard, par manque de temps et d’énergie, nous DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 35 ACTUALITÉS laissons les patients difficiles quitter sans qu’ils aient compris notre travail en tant que pharmaciens en nous en débarrassant rapidement. De cette façon, il est très probable que ce même patient revienne à la pharmacie et recommence à être difficile. Vous est-il déjà arrivé d’étiqueter certains patients comme étant insupportables, et cela, à répétition? Selon lui, à la lumière des dernières affirmations, nous serions responsables en partie de la difficulté que nous éprouvons avec ces clients, en oubliant de passer du temps avec ce patient pour le «désamorcer». La notoriété en société De plus, bien que de surmonter les objections des clients en pharmacie soit primordial – comme on vient de le constater – l’acquisition d’une notoriété dans la société est un autre facteur déterminant pour tout propriétaire. Qu’est-ce qui pousse certaines personnes à voir le pharmacien, encore aujourd’hui et malgré tous les efforts, comme un simple distributeur de médicaments? D’abord, madame Isabelle Perras, vice-présidente et directrice générale chez Citoyen Optimum, prétend que la gestion de l’image dans les médias est essentielle. Tout d’abord, Mme Perras établit que la population se tournera vers une entreprise (applicable aussi à la notoriété d’un professionnel), selon son capital acquis en société traduit dans le schéma suivant: 36 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Bien entendu, l’objectif principal de tout propriétaire est d’arriver à ce que les patients deviennent «adhérents», c’est-àdire que dans aucune circonstance le patient ne voudrait changer de pharmacie. Heureusement, le pharmacien possède déjà l’«atteinte de la notoriété» de par son statut en société. Malheureusement, ce dernier n’est pas suffisant afin de faire: 1. Rayonner la profession à des niveaux encore supérieurs; 2. Assurer une fidélité de la clientèle. Une très bonne façon d’acquérir un lien de confiance est de bien gérer son image dans les médias. Voici une liste de trucs clés en main appris lors de la conférence: Comment être vu et entendu? Tout d’abord, il est important d’établir un plan de communication. Ce dernier doit être clair et doit cibler notre clientèle cible. Mais que doit contenir ce plan afin d’être vu et entendu? Selon Mme Perras, le pharmacien doit être, à la base, un important acteur dans la communauté. Elle prétend qu’il est essentiel de commanditer des événements clés et de s’en servir à bon escient. La conférencière nous prévient d’ailleurs d’un piège dans lequel tombent certains pharmaciens: avoir peur de ne pas avoir l’air humble. Il faut faire paraître ces commandites. Que ce soit par une affiche dans la pharmacie annonçant la présence à un événement, des petits 4” x 6” remis dans le sac des clients ou même l’invitation des journaux locaux, madame Perras mentionne que toute la communauté devrait être au courant! De plus, afin d’être actif en communauté, il faut: ✒✒ Organiser des événements de relation publique dans la pharmacie afin de faire valoir le travail du pharmacien (journée de pression artérielle, journée de la santé de la femme (notamment cosmétique), clinique santé-voyage, etc. ET inviter les journaux locaux afin de publiciser ces événements. Leur présence est essentielle et assure une crédibilité à l’entreprise; ✒✒ Publier des communiqués de presse de prise de position dans les journaux locaux. Ces derniers sont catalyseurs en matière de visibilité. Ils représentent une excellente façon pour que les gens parlent de nous en provoquant des réactions. Cibler les influenceurs Ensuite, il est important d’élargir nos communications. L’atteinte d’une notoriété en société ne s’arrête pas aux clients, mais est souvent intimement reliée à la perception qu’ont les influenceurs de notre travail. Il faut viser des communications avec tous les acteurs en lien avec notre profession afin de les influencer: les grossistes, les groupes de pression, et à plus faible échelle, les commerces de l’entourage. De plus, Mme Perras mise une bonne partie de sa présentation sur l’influence des députés locaux et maires des villes environnantes. Elle mentionne que plusieurs décisions du gouvernement sont souvent revisitées en fonction de l’opinion du cabinet de ministres et des députés du parti au pouvoir (encore plus que de celle de la population) afin d’assurer une stabilité dans le parti. Il serait donc de la responsabilité de tous les pharmaciens Le CapsulE, volume 38, no. 3 que les députés soient au courant de notre travail. Elle recommande de les inviter à la pharmacie, de les rencontrer personnellement. De plus, dans un contexte de contestation comme avec la loi 28, elle mentionne l’importance de se regrouper avec plusieurs pharmaciens (discuter avec les autres pharmaciens du quartier) afin d’influencer la pensée des députés. Dans le cadre de la loi 41, il serait essentiel d’inviter les députés ET les médias afin de présenter les nouvelles activités. Usage des médias électroniques Finalement, l’usage des médias électroniques est essentiel de nos jours. D’abord, il est primordial selon elle d’avoir une page Facebook. Puisque les jeunes se tournent actuellement vers d’autres réseaux (comme Instagram, Pinterest, etc.), la nouvelle clientèle cible de ce réseau social est les 55 ans et plus. Il est donc essentiel, à court et à moyen terme, de suivre la tendance. Ensuite, la création d’un site web est nécessaire. Mais quand trouver le temps d’entretenir ce dernier? Selon la conférencière, le pharmacien n’est pas obligé de créer son propre contenu. Selon elle, partager les articles de l’AQPP et de l’OPQ serait suffisant afin d’acquérir une crédibilité en tant que pharmacien et comme propriétaire. L’Ordre et le Syndicat des propriétaires y travaillent activement, d’ailleurs. De plus, il faudrait idéalement s’assurer d’être bien référencé. 95% des gens utilisent Google ou autres moteurs de recherche comme outil de référencement. Ainsi, il faut s’assurer d’avoir les bons mots-clés afin d’arriver au haut de la liste des sites recherchés. Ensuite, la page Facebook (qui est nécessaire) doit être bien utilisée. Facebook représente la nouvelle façon d’aller chercher de l’information pour beaucoup de gens, notam- ment en matière de santé. Il serait donc essentiel pour le pharmacien de publier des articles de santé écrits par les pharmaciens ou non et inviter à la participation des gens afin d’élargir la portée des interventions publiées. En plus, il est possible d’utiliser les outils de ciblage de la clientèle vendus par Facebook. En effet, il est possible, moyennant de faibles coûts, de promouvoir ses publications en ciblant les personnes intéressées par des sujets en particulier, par exemple l’hypertension, selon les sites qu’ils ont visités ou articles visionnés dans le passé (oui, Facebook reçoit toutes les données de notre histo- Bien que de surmonter les objections des clients en pharmacie soit primordial – comme on vient de le constater – l’acquisition d’une notoriété dans la société est un autre facteur déterminant pour tout propriétaire. rique lorsque nous sommes connectés, et ce, jusqu’à 20 minutes après avoir quitté le réseau). Si nous revenons au cadre de la loi 28, il serait essentiel de publier activement les communiqués de presse de l’AQPP et de l’OPQ. Résumant souvent à merveille le point de vue des pharmaciens, il est bien que leurs publications aient la plus grande portée possible. Vaincre l’adversité En conclusion, face aux nombreux changements que notre future profession a ACTUALITÉS connus durant les trente dernières années, force est de constater que la mise en vigueur de la loi 41 marque un nouveau sommet dans le niveau de confiance que la population et les autorités en place ont envers les pharmaciens. La loi 41 représente d’ailleurs une excellente opportunité d’obtenir une confiance supplémentaire de la part de la population. À nous, étudiants, pharmaciens et pharmaciens-propriétaires de prouver notre place en tant que professionnels, notamment dans la défense du droit de propriété. De plus, il deviendra potentiellement plus difficile pour les pharmaciens de faire avaler une autre pilule à leurs patients: celle que leurs services professionnels en pharmacie aient un coût (peu importe qu’ils soient couverts ou non par la RAMQ). De nombreuses pharmacies commencent d’ailleurs à charger certains services, tels les télécopies de formulaire de represcription envoyées aux médecins, les reçus d’impôts, les profils de médication, etc., et on peut s’attendre à ce que ce phénomène prenne de l’ampleur si les coupes se concrétisent. Il sera donc essentiel pour nous de bien faire valoir nos services auprès de notre clientèle, ou, du moins, savoir être persuasifs. Accompagné d’un bon plan de communication, je suis certain que la profession saura trouver une façon de se renouveler. Comme le dit si bien l’entraîneur de la Sainte-Flanelle, Michel Therrien, il est possible de voir la force de caractère d’un groupe dans sa façon de se positionner face à l’adversité. Durant les dizaines d’années qui s’en viennent, à nous de nous inspirer des générations précédentes et de trouver les moyens pour faire comprendre la valeur et la portée du jugement clinique du pharmacien à toute la population! Sur ce, joyeux Noël à tous! 1 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 37 ARTS Le CapsulE, volume 38, no. 3 La musique pour tous les goûts Par Isabelle Toupin (II) Mot de l'auteure Je suis d'avis que pour connaître réellement un groupe de musique, en plus de connaître sa musique, il faut être au courant de l'histoire derrière elle. C'est pourquoi je vous présente l'histoire de certains groupes qui sont mes coups de cœur, tout en vous présentant un bref résumé de leur style. coco méliès Deux artistes qui ont tenté de faire une carrière solo durant quelques années se sont rencontrés un jour dans un petit bar du quartier StLaurent. Le grand brun à la voix douce a alors tout de suite aimé la voix puissante de la chanteuse de petite taille qui était sur scène ce soir-là. Cette rencontre a mené à la formation du groupe Coco Méliès qui, depuis deux ans, améliore son style tout en produisant des spectacles sur de petites scènes. C’est en septembre 2014 qu’ils ont sorti leur premier album, au style folk-pop bien à eux. Ils ont créé une musique à la fois délicate et brute, tout en gardant un côté très intimiste. À écouter: un court extrait de leur album sur http://www.coco-melies.com ♪ les deuxluxes Originaire de Montréal, ce two-man band à la The White Stripes nous amène dans les jeunes années du rock and roll. Avec une guitare grave donnant des connotations blues et une voix provenant directement des années 50-60, ils créent autant de chansons qui swingent que de chansons poignantes, tout en gardant toujours un petit côté sensuel. Impossible de ne pas tomber sous le charme. Le seul mot pour décrire leur style est Rockabilly: un mélange de blues, de country, de rock and roll, utilisant des touches de gospel, le tout bien rythmé et formant une harmonie surprenante. À écouter: Traitement Deluxe ou On the Road ♪ 38 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 ARTS BRANDON FLOWERS Projet solo de Brandon Flowers, le chanteur principal du groupe The Killers, qui se résulte à la sortie de l’album Flamingo en 2010 et un album qui paraîtra en 2015. Si j’avais à le décrire, je dirais que le style est un pop rock avec une bonne touche heartland et new wave. Impossible, avec sa voix unique, de ne pas reconnaître la ressemblance avec The Killers, mais l’album solo est beaucoup plus doux de façon générale que les chansons du groupe. Ainsi, si vous aimez les chansons plus douces du groupe The Killers, vous allez définitivement aimer l’album solo. À écouter: Only the Young ♪ DREAM THEATER Dream Theater a été formé par le guitariste John Petrucci, le bassiste John Myung et d’autres artistes qui ne font plus partie du groupe au Berklee College of Music. Se sont rajoutés à ces deux membres trois autres artistes de renommée mondiale. C’est donc un groupe de métal progressif qui a comme membres certains des instrumentalistes les plus talentueux au monde. Certains de leurs morceaux sont plus progressifs, donc souvent très longs, tel A Change of Seasons, alors que d’autres sont plus de style métal, tel Panic Attack. Pourtant, tous Images courtoisie des sites officiels/pages Facebook des artistes leurs morceaux démontrent la passion des membres à créer quelque chose d’original, visant l’excellence et le dépassement. Ce groupe a sa place dans les classiques tels que Rush et Pink Floyd. 1 À écouter (je me permets de mettre la durée des chansons, car certaines sont plus longues): ♪♪ Pour les moins habitués: Forsaken (5min35) ♪♪ Abordable, mais plus instrumentale: Metropolis Part 1: The Miracle And The Sleeper (9min30) ♪♪ Pour les connaisseurs: Octavarium (24min) P.-S. Pour des chansons traditionnelles de Noël, Michael Bublé est capable de créer une bonne ambiance durant votre souper de Noël. C’est certain que ce n’est pas Frank Sinatra, mais sa voix séduisante saura peut-être vous enchanter. Ou du moins, comme pour moi, elle vous rendra capable d’endurer les chansons de Noël. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 39 ARTS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Noir désir Par Akram Nadir Bakhti (II) C ela fait déjà quelques heures que Léonard n’arrive pas à trouver le sommeil. Pensif, il a l’habitude de l’être, et pourtant, cette fois-ci, c’est différent. Jamais, au grand jamais, l’idée de désirer la compagnie d’une âme sœur ne lui a traversé l’esprit. Cela lui parait même ridicule, d’autant plus qu’il n’a jamais eu autant d’attirance pour une femme auparavant. Plutôt capricieux sur la question, Léonard s’estime être un asexuel blasé. À défaut d’avoir un corps d’Apollon, il s’essayait à la poésie afin de compenser ses maigres attributs corporels. Les mille et une railleries qu’il a dû endurer suite à ses déclarations d’amour ont fini par forger chez ce malheureux une réelle résistance à la gent féminine, du moins c’était, jusqu’à tout récemment, l’ultime conviction de Léo. Il en faisait même sa force, et sa fierté. L’amour, le beau, le vrai, dans l’imaginaire du jeune artiste, ce n’était qu’une chimère, de la poudre de perlimpinpin, tout juste bonne à faire pioncer un enfant surexcité. les formes délicates de sa cliente. Sur ses jambes fines et de couleur noir ébène siégeaient de magnifiques cuisses légèrement musclées et parfaitement sculptées. Elle avait une taille de mannequin, le ventre mince, la poitrine bien lotie et les bras longs et fins. Sur son visage en forme de noisette se dessinait un sourire angélique formé par deux jolies lèvres blanchâtres. Alors que Léonard lui posait quelques questions pour mettre à jour son dossier, la jeune femme retira ses lunettes fumées, laissant apparaître des yeux noisette en dessous desquels se pointait un nez court et fin couvert d’un pansement blanc. Pendant que Léonard préparait les médicaments de sa cliente, cette dernière attendait sagement dans la salle d’attente. Le jeune homme s’empressa de servir à sa cliente son anovulant. Une fois la transaction faite, Léo lâcha un timide «au revoir» auquel la jeune femme répondit d’un sourire muet. La magie commençait à faire effet et, depuis cet instant, il ne pouvait plus s’empêcher de penser à elle. Cependant, plus tôt dans la journée, Léonard ne pouvait s’imaginer une seule seconde rencontrer la femme de sa vie devant le comptoir de sa pharmacie. La première chose qui sautait aux yeux de Léo, en prenant sa prescription et sa carte d’assurance maladie, était le vernis rouge éclatant qu’elle portait. Il leva les yeux de quelques angles, ce qui lui permit d’admirer la magnifique robe courte en soie sauvage que portait la jeune dame. Elle était de couleur rouge cendré et donnait l’impression d’être taillée sur mesure, puisque Léonard pouvait y reconnaitre Alors qu’il est perdu dans ses pensées, une goutte d’eau tombe sur le nez de Léo. Ce dernier se dépêche de boucher à nouveau le trou sur le toit de son appartement avec un morceau de pâte à modeler puis jeta un œil à sa feuille de brouillon. Il ne lui reste plus qu’un seul vers à écrire avant de pouvoir s’écrouler sur son lit avec insouciance. Cette foisci, il a mis des efforts incommensurables pour rédiger son poème. Après avoir fait les dernières vérifications, Léonard décide de lire son poème à haute voix, afin de donner vie à son chef-d’œuvre: 40 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 «Petit, je naviguais sur des mers éloignées. Affrontais colosses et chimères par milliers Pour mener ma quête, accomplir ma destinée Remplir mon atlas de mille et une beautés Roses, tournesols et anémones d’été Toutes ses merveilles que mes seuls yeux admirent Fleurs, colliers, chocolat et discours affétés Toutes ses variétés que le cœur gai désire Ne saurait remplir mon âme de vie et de joie Ne saurait combler mon cœur d’assez de bonheur Car tu m’es venue tel un doux vent de fraîcheur Mon désir noir, voudrais-tu sortir avec moi?» Ce poème, Léonard en est très fier, tellement qu’une fois le dernier mot lu, il s’endort, la tête posée sur sa table de chevet. Après de bien maigres heures de sommeil, le jeune poète s’empresse de faire sa toilette avant de foncer à vive allure vers sa pharmacie, poème en main. Il est sept heures et cinquante et une minutes. Bien sûr, Léonard ne s’attend pas à ce que la femme de ses rêves se pointe devant le comptoir aussi tôt, mais il ne souhaite en aucun cas rater le moment de sa prochaine venue. Justement, la voici qui entre à l’instant. «Quelle chance!» se disait le jeune homme qui enfila rapidement son sarrau blanc. La jeune cliente porte cette fois-ci une jolie robe noire légèrement plus longue que la précédente et un collier de perles. Elle a même mis ce Le CapsulE, volume 38, no. 3 rouge à lèvres blanc qui lui va à ravir. À peine a-t-elle approché le comptoir que Léonard souhaite le bonjour à sa cliente préférée. Je cherche un médicament contre la – toux. C’est pour ma fille de 3 ans. Image courtoisie de Wikimedia Commons Cette phrase a eu l’effet d’une décharge électrique. Se forçant à garder le sourire, il lui fournit le médicament recherché avec les conseils adéquats. La jeune dame le remercie et lui souhaite «au revoir», ce à quoi, à son tour, Léonard répondit d’un sourire muet. Blasé à nouveau, il jeta son ARTS poème dans une corbeille en maudissant par tous les noms cet amour sournois qui s’est moqué de lui une nouvelle fois. «L’amour, c’est comme le Colace, c’est en y croquant à pleines dents qu’on se rend compte que ça a un goût de merde!» 1 DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 41 ARTS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Par Johnson Kuan (II) Chers étudiants du Pharm. D., Voici une nouvelle section du Capsule, Ota-Q. En japonais, le mot «Otaku» (prononcé oh-ta-cou) est un terme utilisé pour des gens qui ont un intérêt obsessif pour les mangas et les animes (animations japonaises). Ce que je tente de faire avec cette nouvelle section, c’est de vous introduire à cette culture. Simplement dit, je voudrais briser le concept que les animes et les mangas ne sont adressés qu'aux enfants. Il y a beaucoup de belles histoires qui ont une très grande valeur artistique! Pour ceux qui sont déjà fanatiques de ces œuvres, je vous invite à écrire des articles et des critiques pour m’aider à répandre notre passion pour cet art (envoyez-les à [email protected]). Voici 3 recommandations d’animes et de mangas. Pour ceux qui sont outragés que je n’ai pas mis votre titre préféré, envoyez-moi un message sur Facebook ou par e-mail et je vais essayer de l'ajouter dans les prochains numéros du Capsule. Johnson Monster # Épisodes 74 # Volumes 18 Genre Policier, drame, thriller psychologique Source Manga L'histoire En 1986, Kenzo Tenma, un brillant neurochirurgien japonais, travaille en Allemagne dans l’Eislet Memorial Hospital à Düsseldorf. Fiancé à la fille du directeur de l’hôpital, il est destiné à une belle carrière. Un jour, il refuse de donner priorité au maire de la ville dans une condition critique et préfère soigner un jeune garçon blessé d’une balle à la tête. La sœur jumelle de ce garçon est aussi hospitalisée. On apprend plus tard que les parents adoptifs de ces deux enfants ont été assassinés sauvagement chez eux. Suite à l’opération, le garçon s’en sort, mais le maire est sans vie. Le Dr Tenma est châtié par la ville et sa fiancée le laisse. Les deux enfants disparaissent mystérieusement suite à la mort de trois hauts responsables de l’hôpital. Neuf ans plus tard, Tenma découvre le responsable de ces meurtres: Johann, le jeune garçon qu’il a sauvé. L’histoire tourne autour de la poursuite du «monstre» par le Dr Tenma. 42 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 ARTS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Gantz # Épisodes 13 (saison 1) et 13 (saison 2) # Volumes 37 Genre Horreur, thriller psychologique, science-fiction Source Manga L'histoire Croyez-vous en Dieu? La vie après la mort? Le paradis? L’enfer? Et si je vous dis que ça existe, mais d’une manière totalement bizarre. En fait, imaginez que vous mourrez un jour et que, soudainement, vous vous retrouvez dans un appartement avec d’autres personnes. Au milieu du salon, on retrouve une boule noire au nom de Gantz qui, en s’ouvrant, vous remet un message: «votre vie est terminée, dorénavant elle m’appartient». Cette boule noire se révèle être une entité omnipotente capable de ressusciter les morts. Cependant, cela vient avec des conditions. Pour retrouver la vie, il faut jouer au jeu de Gantz. Ce jeu consiste à tuer des cibles spécifiques: les extraterrestres en train d’envahir la Terre. Kei Kurono et Masaru Kate, décédés suite à un accident de train, se retrouvent devant Gantz. L’aventure en quête de leur vie antérieure commence. Shigatsu wa Kimi no Uso # Épisodes 22 # Volumes (manga) 10 Genre Comédie, drame, amour Source Manga L'histoire Kousei Arima, réputé parmi les enfants musiciens, est un jeune prodige du piano qui domine la scène compétitive. Son style rigide et structuré lui donne le surnom de «métronome humain». Cependant, suite à la mort de sa mère et instructrice, Kousei tombe dans une dépression profonde durant une prestation à l’âge de 11 ans. Il se dit avoir perdu la capacité «d’entendre le son du piano» malgré le fait que physiquement, il pouvait tout à fait jouer. Deux ans plus tard, ayant perdu le goût de jouer, il voit le monde d’une couleur monotone, sans nuance. Il se résigne à vivre une vie simple avec ses deux bons amis, Tsubaki et Watari. Un jour, il rencontre une fille qui bouleverse sa vie. Cette jeune violoniste, vive d’esprit et indépendante, s’appelle Kaori Miyazono. Son attitude reflète son jeu musical, spontané et libre. Cette dernière aide Kousei à retourner dans le monde de la musique et lui montre un monde totalement différent de celui rigide et structuré auquel il était habitué. Images courtoisie de Viz Media, Shueisha et Crunchyroll DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 43 ARTS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Puella Magi Madoka Magica Par Maricia Sarkis (II) E n termes d’animation japonaise, il en faut beaucoup pour m’impressionner. D’ailleurs, cela fait des années que j’ai abandonné le genre «magical girl» que je jugeais trop enfantin et superflu. Cependant, en 2012, le titre Madoka brûlait sur toutes les lèvres dans le monde des passionnés d’animes, ce qui me laissait très perplexe à l’époque. C’est avec beaucoup de réticence et pour la seule motivation de comprendre sa popularité que j’ai complété la série de douze épisodes Puella Magi Madoka Magica, écrite par Gen Urobuchi et produite par SHAFT. Mettez les préjugés de côté, car Puella Magi Madoka Magica révolutionne le «magical girl». Le genre «magical girl» Le genre «magical girl», habituellement destiné à un jeune public, possède des codes très restreints. Il n’y a qu’à se souvenir des fameux Sailor Moon et Sakura, chasseuse de cartes, qui ont connu un succès flagrant même au Québec, pour se faire une idée globale du genre. Une fillette, l’héroïne, acquiert des pouvoirs magiques afin de remplir sa destinée. Affublée d’accoutrements flamboyants et accompagnée d’une créature magique et mignonne telle qu’une peluche, elle utilise ses pouvoirs pour inévitablement sauver le monde, le tout dans un décor à l’eau de rose. Cependant, Gen Urobuchi, comme à son habitude, n’hésite pas à jouer avec ces codes et les bouleverse de sorte à créer une histoire unique. 44 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 L’histoire L’histoire commence avec un rêve étrange, présage de ce qui attend l’héroïne. Puis, celle-ci nous est présentée comme Madoka Kaname, une jeune fille de quatorze ans. Très timide, mais heureuse, elle a des liens familiaux et d’amitié inébranlables. Bref, son monde est rose bonbon. Puis, une mise en scène typique de «magical girl» s’ensuit, où une nouvelle élève à l’école prénommée Homura, présente dans le rêve de Madoka, saisit son intérêt. Plus tard, Madoka — en compagnie de son amie Sayaka — sauve Kyuubei (une créature mignonne) de la rage de Homura, qui est en fait une puella magi (fille magique). La créature leur offre alors un contrat: elle leur ga- Chaque barrière transporte le spectateur dans un cauchemar chaotique, étrange et intrigant. rantira un vœu si elles acceptent de devenir des puella magi, dont le rôle est de combattre les sorcières qui détruisent le monde. Sans divulguer les secrets de la série, Madoka pensera longtemps à la nature de son vœu et restera très passive tout au long de la série, contrairement aux héroïnes des «magical girl» typiques. Effectivement, pendant la majorité de la série, elle ne fait qu’assister au désordre du monde de la magie par l’entremise d’autres puella magi. Tout au long des douze épisodes, l’intrigue évolue vers un ton sombre et le rose bonbon se fond au noir. Au fil des révélations, les lignes entre l’amitié et l’hostilité puis entre l’espoir et le désespoir disparaissent. Madoka et les puella magi se retrouvent piégées dans un monde sordide et désespérant dont elles sont sous l’emprise oppressante, perfide et sinistre. Gen Urobuchi crée donc avec beaucoup d’habileté un «magical girl» profond à la réalité condamnée et torturée. L’art Puella Magi Madoka Magica est un chefd’œuvre du côté artistique. L’animation est tout simplement sublime. Les pay- Le CapsulE, volume 38, no. 3 sages sont très détaillés, les bâtiments prenant une allure de glace et de lustre. De plus, l’apparence des personnages ainsi que de leurs costumes est très travaillée, et les tons choisis sont clairs. Or, le décor mat et poli laisse sa place aux couleurs rayonnantes et en mosaïques des barrières magiques des sorcières. D’ailleurs, chaque barrière transporte le spectateur dans un cauchemar chaotique, étrange et intrigant. Le son Il est impossible de parler de Puella Magi Madoka Magica sans en mentionner la trame sonore. La musique, composée par Yuki Kajiura, accompagne parfaitement le caractère des décors et des personnages. Conclusion En conclusion, Puella Magi Madoka Magica brise tous les préjugés quant au genre «magical girl». En effet, Gen Urobuchi manipule le genre pour en créer une antithèse fondée sur les mêmes codes. L’histoire profonde, ainsi que l’animation irréprochable font de cette série un chef-d’œuvre et la placent sans doute parmi les meilleures en ce qui concerne l’animation japonaise. 1 ARTS Voici un lien vers la bande-annonce de Puella Magi Madoka Magica: https://www.youtube.com/ watch?v=qTeM68aOpMM Images courtoisie de Crunchyroll DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 45 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Mots croisés pharmaceutiques et sudokus (corrigés) 46 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Mots croisés pharmaceutiques Par Isabelle Toupin (II) Vertical Horizontal 6. Appareil électronique servant à mesurer la pression 9. Arbre de Noël 11. On a hâte à nos ________ 12. Il y en a beaucoup en fin de session (pluriel) 14. Antidépresseur naturel 15. Sucrerie ayant la forme d’un appareil d’aide à la marche 1. Hormone injectée par voie sous-cutanée pour contrôler le diabète 2. Traitement du TDAH le plus connu (original) 3. Liquide rose que les patients vous demanderont le lendemain de Noël (deux mots) 4. Synonyme d’onguent 5. Nom de famille d’une auteure de Grossesse et Allaitement 7. Souvent utilisé 150 mg STAT pour traiter une vaginite 8. Au jour de l’An, on ouvre une bouteille de _________ 10. Ce que certains font pendre au-dessus d’une cheminée pour recevoir des cadeaux 13. Diminutif du petit livre d’antibiothérapie DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 47 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Recettes pharmaceutiques Par Clara Elchebly (IV) Le temps des fêtes est arrivé, les gros soupers de famille approchent et vous cherchez à épater vos invités en leur offrant quelque chose qui sort de l’ordinaire. Voici des préparations qui sauront en surprendre plus d’un et qui pourront régaler petits et grands. Gâteau au fromage Ingrédients Pour le fond ♦♦ 200 g de biscuits Graham concassés ♦♦ 65 g de beurre fondu ♦♦ Cannelle Pour la garniture ♦♦ 2 paquets de 250 g de fromage à la crème tempéré ♦♦ 250 mL de crème sure ♦♦ ¾ tasse de sucre ♦♦ 1 c. à thé d’extrait de vanille ♦♦ 4 œufs Préparation 1. Préchauffer le four à 350 °F. 2. Dans un bol, mélanger les biscuits Graham concassés, la cannelle et le beurre fondu. Presser dans le fond d’un moule à charnière de 23 cm (9 po). Cuire au centre du four pour 10 minutes, afin d’assécher le fond, et garder de côté. 3. Dans un bol, mélanger le fromage à la crème, la crème sure, le sucre et l’extrait de vanille. Y ajouter les œufs un à la fois. 4. Verser la garniture dans le moule à charnière mis de côté. 5. Mettre au four pour 30-45 minutes, jusqu’à ce que la garniture commence à dorer. 6. Laisser refroidir, puis décorer de fruits frais avant de servir. 48 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 DIVERS Ingrédients ♦♦ 375 g de lasagnes ♦♦ Fromage râpé ♦♦ Garniture au fromage ♦♦ 3 tasses d’épinards frais ♦♦ 375 g de fromage ricotta ♦♦ 1 œuf battu ♦♦ 2 c. à soupe de ciboulette ♦♦ 2 c. à soupe de basilic ♦♦ 1 tasse de sauce béchamel (voir recette) Sauce à la viande ♦♦ 170 g de bœuf haché ♦♦ 1 tasse de champignons tranchés ♦♦ 1 oignon haché ♦♦ 1 gousse d’ail finement hachée ♦♦ 250 mL de sauce tomate ♦♦ Sel et poivre Sauce béchamel ♦♦ 30 mL de beurre ♦♦ 2 c. à soupe de farine ♦♦ 1 tasse de lait ♦♦ Sel et poivre Lasagne «classique» Variante Utilisez des épinards surgelés, cela vous épargnera leur cuisson et certains sont déjà hachés. Préparation 1. Préchauffer le four à 350 °F. 2. Dans une grande casserole d’eau bouillante salée, cuire les pâtes jusqu’à ce qu’elles soient al dente. Égoutter et passer sous l’eau froide. Égoutter de nouveau, puis garder de côté. 3. Après avoir lavé les épinards, les cuire dans une casserole à feu moyen-vif pendant environ 5 minutes, ou jusqu’à ce qu’ils aient ramolli. Bien les égoutter en pressant, les hacher et placer dans un bol. 4. Y ajouter le fromage ricotta, l’œuf, la ciboulette et le basilic et mélanger. Ajouter ¾ de tasse de sauce béchamel. Réserver. 5. Dans une poêle, cuire le bœuf haché, les champignons, l’oignon et l’ail. Dégraisser. Ajouter la sauce tomate, le sel et le poivre, puis laisser mijoter 10 minutes. 6. Graisser légèrement un plat de 30 cm (12 po) x 20 cm (8 po) et couvrir le fond avec le quart des lasagnes. Verser la moitié de la garniture au fromage, puis couvrir d’un quart des lasagnes. Verser la sauce à la viande, couvrir d’un quart des lasagnes, puis du reste de la garniture au fromage, puis du reste des lasagnes. Étendre le reste de la sauce béchamel et parsemer de fromage râpé. 7. Mettre au four 40-50 minutes ou jusqu’à ce que la lasagne soit légèrement dorée. Sauce béchamel 1. Dans une petite casserole, faire fondre le beurre à feu moyen. 2. À l’aide d’un fouet, ajouter la farine et cuire, en fouettant, pendant 1 minute. 3. Quand la farine est dorée, ajouter petit à petit le lait et cuire, en fouettant, jusqu’à ce que la sauce soit bouillonnante et ait épaissi. Assaisonner au goût. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 49 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Horoscope pharmaceutique Générateur d’horoscope d’une base de données pharmaceutiques Image courtoisie de NASA et ESA L’horoscope qui suit tente de prédire les événements déroulant de décembre 2014 à janvier 2015. Comment ça marche? Un médicament vous a été prescrit selon le mois de votre date de naissance. Par exemple, si vous êtes nés en janvier, le Nasonex vous a été prescrit. Écoutez-bien James «clairvoyant» Lam, sa sagesse est infinie. 50 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 MOIS DE NAISSANCE Janvier Rx Plendil (félodipine) Février ERY-C (érythromycine) Mars Avril Xalatan (latanoprost) Remicade (infliximab) Mai Zomig (zolmitriptan) Juin Juillet Août Septembre Revia (naltrexone) Lipitor (atorvastatine) Valtrex (valacyclovir) Avapro (irbésartan) Octobre Novembre Décembre Pradaxa (dabigatran) Humira (adalimumab) Valium (diazépam) DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Plendil (félodipine) Vivement les vacances de Noël! Je ne sais pas pour toi, mais j’adore ça, les vacances. Mais bon, une chose à la fois, on a des examens avant ça. Les examens, c’est comme des colonoscopies (comme certains d’entre vous ont fait remarquer…), on adore ça. C’est toute une expérience éducative. ERY-C (érythromycine) Après le cauchemar… la fantaisie! Je sais qu’il est un peu tôt pour penser à ça mais la Saint-Valentin approche à grands pas et tu trouveras probablement l’amour de ta vie (un autre chaton peut-être?). Personnellement, je préfère les chiots… mais ce n’est pas grave! Oups. On dirait que j’ai oublié Noël dans tout ça. Xalatan (latanoprost) L’air est léger. Les petits flocons tombent du ciel. Est-ce que tu veux faire un bonhomme de neige? Moi, je veux plutôt un bonhomme en chocolat. Les examens, c’est un mal nécessaire. Une chance que ça ne dure pas longtemps, la période des finaux. Allons nous détendre au dernier 5@7 avant le gros rush! Remicade (infliximab) Je m’étais trompé, ce n’était pas une pleine lune rouge qui t’attendait, mais plutôt une fine poudre blanche par terre. Un fauteuil bien chaud avec une coupe de vin rouge, le tout devant un foyer. Le seul hic… il y a tes examens avant. Bon succès! T’auras des bonnes notes, j’en suis sûr. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 51 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Zomig (zolmitriptan) Le changement de décor a fonctionné? 1) Oui? Très bien! Continue comme ça. 2) Non? Comment ça?! J’étais sûr de mon coup! Bon, ce n’est pas grave, on essaie autre chose: un changement de décor forcé. Oui oui, je parle des vacances qui s’en viennent! Des bonshommes de neige, du ski, des feux d’artifice au Vieux-Port, ça te fera du bien. Revia (naltrexone) Non non… ce n’est pas ce que tu penses. Aucun rapport avec l’alcool… ou les narcos. Ça a plutôt rapport avec toute la chance que t’avais eue le mois passé (ou pas). En fait, c’est peut-être parce que tu ne t’es pas joint à l’équipe du Capsule muhahahaha. De quoi je parle? De la neige! Il n’y a pas de neige et c’est de ta faute! Au moins tu sauras que t’auras des bonnes notes pour les examens! Lipitor (atorvastatine) Le père Noël te cherche. Ne me demande pas pourquoi, mais il m’a dit que c’est urgent. Selon moi, il a besoin de tes compétences de pharmacien (tout le monde dit que tu feras un bon pharmacien n’est-ce pas?) Sinon, peutêtre qu’il a seulement besoin de suggestions pour tes cadeaux. Moi, je vais demander des bonnes notes à mes examens… Toi? Valtrex (valacyclovir) Le temps des vampires est passé, laissons maintenant place aux bonshommes de neige ben drôles avec qui on peut passer toute la journée. Comment est-ce que tu peux penser à ça maintenant?! T’as pas d’examens toi, le gars qui écrit ces maudites prédictions? Oui… j’ai des examens aussi, malheureusement. 52 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Avapro (irbésartan) Non, tu n’as tué personne ce mois-ci, mais ça va venir… non pas vraiment. Mais moi oui, avec le gros rush des finaux et cet horaire inhumain que nous imposent les autorités du haut. Mais bon, Noël est là. C’est le temps de se reposer et de partager l’amour. Pradaxa (dabigatran) Le sommeil s’en vient. C’est tout ce que j’ai à dire… pas vrai. Le café te donne envie de faire pipi durant les examens? Essaie de prendre un Advil ou deux avant ton examen. Ça marche apparemment. C’est un peu homéopathique, mais ça vaut la peine d’essayer? Des bonnes notes sans NSA t’attendent. Humira (adalimumab) Toutes mes félicitations, tu t’es débarrassé(e) de ces moustiques? C’est bon signe. Ou… c’est juste l’hiver. C’est la vie, parce que les moustiques, y’en a pas en hiver! Au lieu, il y a des flocons de neige. Ta prochaine tâche, jeune padawan, sera d’éviter tous les flocons qui tombent du ciel lors de la prochaine tempête de neige. Bonne chance pour tes examens, ils sont clairement plus faciles. Valium (diazépam) Un mot: chill! La neige s’en vient, même si ça prend du temps. Pis tout le kit de trucs que tu peux faire avec de la neige. Pis les examens, tu vas me demander? Ce n’est pas trop grave, une petite bosse dans la pente de ski. Eh oui, je sais aussi que ta fête s’en vient. Bonne fête! (J’espère qu’elle n’est pas déjà passée). Ne t’amuse pas trop, parce qu’il y a aussi Noël et le Nouvel An! DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 53 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Sudokus Par Wendy Ngan (IV) 54 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Ce qu'ils ont dit... J.P.V. En hépatologie, on est fort sur la mythologie grecque. Dans le fond, vous voyez qu’avoir une cirrhose, c’est comme être une femme. Photo de Mme Tremblay avec un verre de vin. Des bouteilles de vin sont disposées à l’arrièreplan. Toutes les bouteilles sont ouvertes. Comme on croyait auparavant, les centenaires étaient des buveurs de vin, tandis que ceux qui ne l’étaient pas buvaient le lait. S’il est à 10-15, il est probablement en train de mourir pendant que vous comptez son score. Les gens cirrhosés ne boivent pas de café. L’alcool c’est mieux. E.F. Le vagin, c’est comme un sandwich au beurre de peanut. Tout ce qu’on met entre va rester dedans et ne va pas tomber. La tisane de camomille est sécuritaire durant la grossesse. Oui, il y a des études in vitro qui ont démontré leur effet tératogène, mais pour que ça arrive, il faut que tu manges la poche. A.B. Les représentants sont des génies du marketing, ils pourraient vraiment faire acheter un frigo à des Esquimaux. V.A. C’est la première fois que je donne un cours en pharmacie, j’ai l’impression de donner un spectacle. J.F.B. Je trouve ça réconfortant de trouver un cheveu dans mon médicament… La présence d’un pharmacien! Pour ca, vous devez lire dans votre registre, je ne parle pas du maire de Québec. Vous vendez des médicaments en gros à un collègue américain. Vous pouvez aussi vendre des médicaments à un gros collègue américain. J.T. C’est comme les jeans unisexe. Ça ne fait pas aux garçons ni aux filles. Les hanches ne sont pas pareilles, si vous n’avez pas encore découvert ça. – Quelle molécule liposoluble circule librement dans le plasma? – ... – Lydjie avait raison, vous êtes un bon groupe. Il n’y a rien! Une chance que tes patients ne sont pas observants, sinon tu iras en cour tout le temps. Aujourd’hui je ne vais pas vous parler des interactions dangereuses avec les produits homéopathiques. Il y en a pas! Les gros fumeurs qui prennent du café ne tombent pas sur les nerfs. Lorsqu’ils arrêtent de fumer et qu’ils prennent toujours du café, ils tombent sur les nerfs et recommencent à fumer. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 55 DIVERS Si vous n’avez pas l’alcool déshydrogénase ni le 2E1, vous sniffez la bouteille et vous avez du plaisir. Ça coûte pas cher sortir. Le vin rouge c’est bon pour les artères, alors on oublie les P450. C’est ben dur de renverser un effet secondaire chez quelqu’un qui est décédé. Les lumières ferment pas toutes à la même température chaque nuit. N.D. On parle de vos émeraudes. Je veux dire… hémorroïdes. Y’en a qui n’auront jamais de selles solides, ils sont faits comme ça. Blâme ta mère. C’est incroyable combien il y a des gens qui ont une anxiété de performance sur leurs selles. Si vous avez un patient qui vous dit qu’il a de l’hématémèse, demandez-lui ce qu’il fait dans la vie. Vous avez 2 choix: soit qu’il est médecin, soit qu’il est pharmacien. Lâchez pas, il y a beaucoup de pages dans le CPS. R.L. En parlant d’une aiguille *très* longue. Oui, c’est une aiguille cardiaque… intranasal ça sortirait par là. Pointe le front. Dans vos notes, c’est DLU, pas DUL. J’ai fait de la dyslexie lorsque j’ai révisé mes notes. Le CapsulE, volume 38, no. 3 Lorsque le patient est obèse, ça risque d’être intragras que intramusculaire. Dans ce cas-ci, on donne une aiguille longue. Sort l’aiguille pour la montrer. *GASPS* La personne âgée a beaucoup de plis. Souscutané c’est plus facile. Avant, les hôpitaux avaient des différents codes de couleurs. Dans un hôpital, c’était «Dr Laflamme est dans la salle d’opération». On enlève tout ce qui est «jewel» avant le lavage des mains. Bracelets, bagues, collier… on enlève tout ce qui est visible. On m’a déjà demandé si une chaîne autour de la cheville était visible. Non, mais faut pas que je la voie. A.L. Vous savez, on est des êtres intelligents. On essaye toujours de contourner les règles et de trouver un raccourci. Mais je vous dis, les vaccins vivants, c’est un an PILE, pas 10 mois ou 360 jours! Il faut rester calme. Par exemple, avec le VPH, on se plaint que les filles tombent une après l’autre. Se cogner la tête contre la table n’est pas un effet secondaire du vaccin. Restez vigilants et objectifs face à la situation! Scusez-moi j’ai un gros blanc. Ça doit être mon congé et mes hormones… mes neurones s’en vont dans mon lait maternel. Ce n’est pas encore vendredi, désolée je ne devrais pas dire des niaiseries… Une enfant qui devait prendre de la théophylline en liquide oral. C’est comme si on lui donnait du porto à chaque dose. Souffler au visage du bébé pour aide à l’administration des médicaments. Je vous dis ça, mais ça n’a pas marché pantoute. Ça cause de la déglutition. 56 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Pediatric and Neonatal Dosage Handbook. Ça coûte un peu moins d’une heure de votre salaire! Sauf si vous travaillez à l’hôpital… D.L. Dans un avion, c’est vraiment un party pour la rougeole. Ça fait 12-13 popsicles. Les enfants aiment bien les popsicles, mais après 5 la bouche commence à se geler et ça devient drôlement moins bon. C’est toujours important de savoir tous les petits noms des bactéries parce que comme professionnel de la santé, on veut avoir l’air intelligent. Avec le lactulose, le sourire jaillit de partout! D.T. À propos des macrolides. S’il fait une pneumonie, je ne lui en donnerai pas… il est trop vieux. À propos de l’azithromycine. Au niveau populationnel, c’est en train de causer un désastre écologique. Il y a quelque chose de très particulier… La relation patient-sennosides, c’est puissant. 2 litres, c’est 2 fois 1 litre de lait. Il y en a pour qui c’est une obsession. S’ils ne sont pas allés à la selle à 16h, ça va mal. Vous ne changerez pas la pratique des médecins… c’est une montagne. Sur les cannabinoïdes. Augmentation de l’appétit, en particulier de la malbouffe. En effet, après avoir fumé un joint, on a moins le goût de manger des carottes. Si vous dépassez les doses écrites dans le CPS, vous allez poser des problèmes graves. Vous ne dépassez pas les doses du CPS! C’est compris? La nature ne nous a pas dotés de récepteurs aux cannabinoïdes pour que vous puissiez apprécier votre samedi soir. Les médecins ont une peur bleue du Biaxin. On absorbe pas de cristaux, on absorbe pas de mottons. C’est quoi la conséquence de la thrombocytopénie? Si vous vous pétez la gueule, vous allez saigner. L.T. Pharmacocinétique des aminosides. Vous pouvez apprendre tout ça… à la maîtrise. C’est une personne proche de la retraite, elle voyage beaucoup. Ça va vous arriver aussi. Qu’est-ce que je pourrais donner à cette patiente? Ben… Pentasa! Pause. Dommage, je ne peux plus vous demander cette question à l’examen. Ç’a aurait été une excellente question. Mais je vous l’ai trop bien expliquée. P.H. Si vous voulez mon avis – et même si vous ne le voulez pas, je vous le donne pareil. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 57 DIVERS Je vois qu’une de vos collègues n’a pas eu le temps de dîner aujourd’hui. J’ai un œil de lynx. Je suis sûre que si je prenais des corticostéroïdes, je vais être pas mal plus speedée. Pause. Ne mettez pas ça dans le Capsule! Mais si t’es déjà speedé, avec des corticos, tu vas l’être encore plus. Le CapsulE, volume 38, no. 3 A.M. Alors, les céphalosporines de… hey! En passant, vous m’avez menti. S, c’est soufre, pas sulfure! Vous m’avez induit en erreur. Je ne dis pas que ça va être à l’examen, mais ça va peut-être être à l’examen. Lorsque vous vous sentirez mieux, commencez à lire le DiPiro. Il n’y a pas de question stupide, mais je vais attendre que tu la poses. Je ne peux pas donner mon opinion, mais mon opinion, c’est… Je pense que c’est une administration IV à cause du sel. Mais ça se peut aussi que c’est une administration PO à cause... du sel. Cette diapo est surtout belle, mais utile, pas vraiment. P.V. Après une question. On va le voir plus tard… pas plus tard comme dans 2 jours… plus tard comme dans quelques slides. Le professeur nous affirme qu’il est drummeur. À quand le band P.V. le Gwochefbandi? Et son premier single NON, fin de la discussion? En rouge ici... ben on a discuté un peu avec Patrice et finalement c’est un peu comme du orange. 58 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 DIVERS Le CapsulE, volume 38, no. 3 Ce que nous avons dit... Patient: Est-ce que c’est vrai qu’arrêter de fumer fait prendre du poids? Ça m’inquiète! Pharmacien: Oui c’est possible, mais si cela peut vous rassurer, je trouve que vous êtes très en forme et très attirante pour une femme de 45 ans. Une chance que je suis assis présentement... SSSSSCCHHHLLLLAAAACCCCKKKKKK (+1) – Ce week-end je trouve la femme de ma vie. Geneviève-Anne est la femme de ma vie. – Comment vont mes X plus belles filles préférées du Pharm.D.? Non. T’es une marde Charest (Eh bien merci). Tu les as pris où tes shorts? Tu les as volés à la mère à Boisselle? Au COCEP. Eille, les gars, j’ai entendu dire que votre chambre était brisée (longue vie au 2153). PRÉFACE c’est une bonne idée: ce sont les étudiants de 3e années qui sont de gros bébés gâtés. La faculté fait ça pour notre bien ne voyezvous pas? Moi, cette session, j’atteins le 70% en quelques heures d’études puis j’arrête là, ça plafonne, j’ai pas encore trouvé la clé du succès cette session, c’est quelque chose. Y a tu de la pizza? Pour trouver l’artère brachiale, il faut mettre les deux doigts dans la cavité… Allô tout le monde, je viens vous parler des impressions de GA! (Encore…) Pharmacien: Vous m’avez bien dit que c’est votre ex-conjointe, n’est-ce pas? Elle a quelle âge votre ex-conjointe? […] C’est juste pour savoir si elle est en âge de procréer. Pharmacien: Vous m’avez bien dit que c’est pour le fils de votre ex-conjointe? Patient: Ben c’est mon fils aussi. Pharmacienne: Avez-vous remarqué du sang sur votre anus? Patient: Non. Pharmacienne: Ouin j’avoue, faut être flexible pour aller regarder son anus. – Est-ce que votre père recherche certains éléments particuliers dans un tensiomètre automatique? – Il aimerait que les nombres soient assez gros parce qu’il est ancien… whatever. – Le PowerPoint ne semble pas fonctionner. – Souffle dans cassette. Free food!!!?? Où est passé l’rhum? Quelle est votre fréquence d’appel à la nature (voulant dire à quelle fréquence allez-vous à la selle)? Il faut pas avoir les yeux plus gros que le diabète (réf. il faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre). – Est-ce que tous vos symptômes sont situés au niveau gastro-intestinal? – Bin, à part les maux de tête… – Ah ok, parce que sinon je vous dirais que vous avez le cerveau à une drôle de place… au moins vous avez le cerveau à la bonne place, si ça peut vous rassurer En laboratoire: – Vaccin rougeole-rubéole-origan. – Tout d’abord, vous avez dit beaucoup de mots… un à la suite de l’autre. En parlant du 5@7 record des 2e année. Ah oui, je me souviens de celui-là. J’étais malade fait que j’ai juste pris un 6 pour 10. –M.H. DÉCEMBRE 2014 – LE CAPSULE – 59 DIVERS 60 – LE CAPSULE – DÉCEMBRE 2014 Le CapsulE, volume 38, no. 3 Apprendre à bien gérer vos finances durant vos études, c’est mettre toutes les chances de votre côté. Financière des professionnels est une société en gestion de patrimoine, au service des pharmaciens depuis 1988. Elle vous accompagne à chaque étape de votre carrière et peut vous aider à : Établir un budget (et s’y tenir!) Gérer vos dettes d’études Déterminer vos objectifs financiers à court, moyen et long terme CONTACTEZ-NOUS! Saber Gallali, B.A.A., Pl. Fin. Conseiller Financière des professionnels – Gestion privée Dédié aux étudiants en pharmacie 514 350-5083 [email protected] Actionnaire de Financière des professionnels depuis 1988 fprofessionnels.com Montréal 1 888 377-7337 Québec 1 888 720-4244 Sherbrooke 1 866 564-0909 Financière des professionnels inc. détient la propriété exclusive de Financière des professionnels – Fonds d’investissement inc. et de Financière des professionnels – Gestion privée inc. Financière des professionnels – Fonds d’investissement inc. est un gestionnaire de portefeuille et un gestionnaire de fonds d’investissement, qui gère les fonds de sa famille de fonds et offre des services-conseils en planification financière. 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