nouvelles 20 bat

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nouvelles 20 bat
N°20
J U I N
COALITION EUROPÉENNE
CONTRE
LE
CANCER
DU
2011
SEIN
Les Nouvelles d’Europa Donna
B u l l e t i n
d e
l ’ A s s o c i a t i o n
E u ro p a
D o n n a
F o r u m
F r a n c e
Avec le patronage du Ministère de la Santé, de la Ligue nationale contre le cancer et de l’Institut National du Cancer
Vers un autre regard
sur le cancer ?
L’image du cancer s’impose
aujourd’hui comme
une préoccupation majeure de
l’ensemble des acteurs de sa
prise en charge.
La perception, la représentation et
le ressenti du public n’ont, en effet,
pas suivi l’évolution de la situation
des personnes concernées, qui
vivent plus longtemps et mieux,
guérissent dans plus de la moitié
des cas, restent actives et aspirent à
une légitime « normalité ».
Alors que la réalité progresse
chaque jour, l’image du cancer reste
très négative, chargée de souffrance
et de stigmatisation.
Deux événements récents s’inscrivent dans une démarche d’amélioration de cette situation obsolète.
Le groupe d’études Cancer et
causes sanitaires nationales de
l’Assemblée nationale y a consacré
les 7èmes Rencontres Parlementaires
sur le cancer, au cours desquelles
Europa Donna a pu exprimer
remarques et idées (voir p. 4). Et
l’INCa et le Ministère de la santé
ont lancé une nouvelle campagne
nationale de sensibilisation à un
nécessaire « changeons de regard ».
Elle oppose, par le verbe et l’image,
le cancer - anonyme - à la personne,
le patient - qui rappelle « je suis une
personne, pas un cancer » - à la
société qui la représente par son
cancer et pas son prénom.
Sacha : « Je participe à la campagne
parce que j’ai vécu le cancer,
que je peux donc aider les autres
et témoigner que ce n’est pas
une maladie honteuse. »
2 REGARDS D’ARTISTES
SUR LE CANCER
« Car ceux qui vont mourir, on
ne les salue plus, le malheur crée
autour d’eux un salutaire précipice
social. Ils sont peu nombreux, ceux
qui osent encore franchir ce fossé
qu’autour de vous les larmes ont
creusé. Pourtant, vous n’êtes pas
dans la tragédie, vous êtes dans la
vie et ce sont les autres, qui nomment votre vie tragédie. Le désastre
que vous vivez est au-delà des mots,
il n’y a rien à en dire. Il ne se
décompose pas en acte, en scènes.
Euripide et Sophocle y ont moins de
place que Caroline et Sailor Moon.
Ce désastre a un goût perpétuel de
nausée, mais il déborde aussi de
tendresse, de baisers ». Philippe
Forest - L’enfant éternel (1998)
« Ceci s’était passé il y a quelques
jours à la consultation des cancéreux.
On n’en dormait déjà pas de la nuit,
quand on était envoyé à cette
consultation. Et voilà que le docteur
Dontsova avait prescrit à Paul
Nicolaïevitch une hospitalisation
immédiate. Plus tard, il accède à sa
chambre, une chambre à plusieurs
lits, où il est interpellé. « Dis-moi
mon vieux, tu as un cancer de
quoi ? » À cette question, Paul
Nicolaïevitch qui venait d’arriver à
son lit, chancela sur ses jambes. Il
leva les yeux sur le malotru, faisant
l’effort pour ne pas s’emporter et
ses épaules eurent un frémissement
convulsif. Et il dit avec dignité : « De
rien du tout, ce n’est pas le cancer ».
L’individu renifla, puis bien haut à
travers toute la chambre, il lança
sentencieusement : « Vous avez vu
cet imbécile ? S’il n’avait pas un
cancer, est-ce que c’est ici qu’on
l’aurait mis ? ». Alexandre
Soljenitsyne - Le pavillon des
cancéreux (1963-1967)
Sommaire
2
LA RECONSTRUCTION MAMMAIRE,
DIFFICULTÉS ET RICHESSE
3
TEMOIGNAGES
4
5
COMMUNICATION ET MÉDIAS :
QUELLE IMAGE DU CANCER ?
6
LYON : UN NOUVEAU PROGRAMME
DE RÉADAPTATION A L’EFFORT
PHYSIQUE
7
NOS DÉLÉGATIONS
ONT DU TALENT
8
AGENDA, PARTENARIATS
BULLETIN D’ADHÉSION
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F r a n c e
La reconstruction mammaire
Alors que les progrès de la chirurgie permettent de rendre un sein à une femme, on pourrait s’attendre à
autant de reconstructions que de mastectomies. Il n’en est rien, car la reconstruction met en cause bien autre
chose que la seule réparation physique.
LARECONSTRUCTIONMAMMAIRE,DIFFICULTÉSETRICHESSE
Nicole Alby, psychologue
Malgré de réels progrès techniques,
seulement 40% des patientes
choisissent la reconstruction après
une mastectomie. Beaucoup s’en
étonnent. Pourtant le choix n’est
pas simple.
2
Les questions se bousculent : aspect du
nouveau sein, sensibilité, choix de la
technique chirurgicale, craintes liées à
une nouvelle intervention. Un grand
espoir est mis dans la rencontre d’une
femme « comme moi », montrant combien la traversée de cette expérience
inquiète. Le traumatisme psychologique infligé par le diagnostic de cancer
aggravé par la mastectomie peut expliquer l’angoisse des patientes face à un
choix qui concerne aussi directement
leur image d’elles-mêmes.
C’est que la reconstruction doit en fait
réparer une double blessure, la perte
visible du sein opéré et l’effraction non
moins douloureuse infligée par le diagnostic de cancer et les traitements.
Blessures qui fragilisent toutes les
patientes au moment où devra se
prendre la décision de se faire reconstruire le sein.
Un choix personnel et difficile
C’est pourquoi un temps d’élaboration
du traumatisme est indispensable, la
reconstruction restera toujours un choix
difficile et personnel. Lors du diagnostic
de cancer du sein toute femme ressent
ce qui est une trahison de son propre
corps, la perte de son sein peut évoquer
la peur, plus difficile à exprimer, de celle
de la vie.
Le cancer s’inscrit dans une histoire qui
facilitera ou non l’acceptation de la perte
et donc celle de la reconstruction. Pour
accepter la reconstruction il faut avoir
élaboré la perte.
Elle doit être proposée à toute femme
subissant une mastectomie, et sans exigences financières excessives. Proposée,
mais, me semble-t-il, pas discutée lors
de la consultation d’annonce, pour permettre l’élaboration décrite plus haut.
Elle demande aux patientes de faire un
choix presque toujours angoissant : rester avec une prothèse externe ou se faire
refaire un sein. Ensuite vient le choix
entre différentes techniques, imaginer
le sein reconstruit, comment sera-t-il ?
consistance, apparence, sensibilité ? Il
ne s’agit pas d’une chirurgie simple, il
faut souvent plusieurs interventions.
Enfin pour les femmes actives cela veut
dire un nouvel arrêt de travail et des
sacrifices matériels que toutes ne peuvent ou ne veulent pas faire. Une place
à part doit être faite aux mastectomies
pour petits cancers in situ, très difficiles
à admettre. La reconstruction immédiate est légitime, mais l’écart entre l’importance du geste et une pathologie peu
grave crée une situation complexe.
Enfin il ne faut pas oublier les femmes
pour qui la reconstruction est la condition pour accepter la mastectomie.
Dans tous les cas la décision de se faire
ou non refaire le sein impose un choix
angoissant. Il oblige la femme à décider
pourquoi elle veut se faire réparer, le
prix qu’elle accorde à son image.
L’acceptation de la reconstruction va
bien au-delà de celle des propositions
du chirurgien, elle implique celle d’une
réparation de l’image interne de soi,
une forme de réconciliation avec soimême.
Certaines femmes seront aussi satisfaites d’une autre acceptation, celle de
leur cicatrice. Encore une fois c’est un
choix strictement personnel.
La relation avec l’autre mise à nu
L’attitude du partenaire compte bien sûr,
surtout s’il sait laisser - avec sa propre
sensibilité, sa possibilité de s’identifier à
l’autre - sa liberté à sa compagne.
Certaines ne vont pas mieux supporter
« je t’aime comme tu es » ou « choisis
c’est ton corps » si sincères que soient ces
phrases. Tout dépend de la communication dans le couple et cela bien avant le
cancer. Le traumatisme du cancer met à
nu, pour le pire mais aussi pour le
meilleur, on ne le dit pas assez, la relation
avec l’autre. Le choix de la reconstruction peut être alors le signe que la femme
se permet, pour elle comme pour son
compagnon, de réparer son image.
Un univers d’angoisse
et d’espoir
La qualité de la relation avec le chirurgien est capitale, confiance assortie du
respect du temps psychique nécessaire à
chacune. Ici plus qu’ailleurs il faut proposer sans imposer. La tolérance du
chirurgien aux questions répétées, à
l’angoisse, permet entre lui et sa patiente, une alliance thérapeutique nécessaire à faciliter une décision. Celle-ci peut
être immédiate ou demander des mois
voire des années, témoignant de l’importance du temps psychique nécessaire à l’acceptation de la reconstruction et
différent pour chacune.
L’appropriation par chacune du sein
refait comme son propre sein demandera aussi un temps variable fonction de la
structure et de l’histoire psychologique
de chacune.
Il y a dans la chirurgie de « reconstruction » un univers de représentations,
d’angoisses mais aussi d’espoir et de restauration de l’image du corps blessé par
le cancer qui en font la difficulté mais
aussi la grande richesse.
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La reconstruction mammaire
LEURSRECONSTRUCTIONS
Témoignages recueillis par Édith Bouchemal
Léa, Paris
« Lorsque le chirurgien m'a annoncé en 2005,
alors que je venais d’avoir 40 ans, que j'avais
un cancer du sein et qu'il réaliserait une mastectomie 3 jours plus tard, j'ai de suite pensé
que je ne me ferai pas reconstruire.
Je devais digérer cette fâcheuse nouvelle, et
j’avais bien compris que la priorité était de
me soigner, de m'en sortir, de vivre. De
plus, je n’avais aucune envie à ce momentlà d'être opérée de nouveau et j’ai réalisé
que les traitements seraient agressifs
(même si je n’avais encore aucune idée de
ce qui m’attendait) mais qu'une longue
période de récupération serait nécessaire.
Enfin, je me disais que, si la vie avait décidé que je deviendrais une amazone,
eh bien, je resterais comme ça car je n'avais
pas envie de faire de la chirurgie esthétique.
Cela ne me ressemblait pas.
Ce n'était pas le bon moment pour me
poser la question de la reconstruction.
Et puis le temps a fait son oeuvre
Je crois qu'en fait c'est la prothèse mobile qui m'a fait réfléchir à la reconstruction... car, pour parler franchement,
glisser ce machin dans votre soutiengorge n'est ni très agréable, ni très glamour ! Pourtant, je n'avais aucune pression en la matière, de mon mari, qui m'a
mise à l'aise dès le début, sur le respect
de mon choix...
Je pense que l’ âge a aussi joué un rôle
important. On ne se pose pas la question
de la même façon à 40 ans ou après 60.
Encore que...
Le mode de vie est aussi un facteur
important. Quand on fait du sport ou
que l’on aime se prélasser sur la plage,
on préfère peut-être être reconstruite.
En même temps personne n'a jamais
remarqué que je ne portais pas de prothèse mobile à la plage !
Mais, je crois que ce qui m'a fait choisir
d'être reconstruite est ce que représentait cette opération : la fin de cette foutue période, pouvoir y mettre un point
final, avoir le sentiment qu’après je
pourrais classer le dossier...
Une prothèse n'a rien à voir avec un sein
naturel, j'ai mis longtemps à m'y habituer mais c'est tout de même bien pratique. L'image que me renvoie le miroir
est aussi plus agréable et participe à
l'oubli de la maladie. » Colette, Bordeaux
« J’ai bien accepté la mastectomie. Pour
des raisons liées à mon histoire personnelle, cette intervention mutilante et
barbare, m’apparaît comme la garantie
d’une longue survie sans récidive. Aussi,
quand le chirurgien m’a parlé « reconstruction », je l’ai écouté d’une oreille
distraite, déclarant que ce n’était pas,
pour le moment, ma principale préoccupation. Je souhaite avant tout
reprendre mon travail, retrouver une vie
normale et l’idée d’être à nouveau hospitalisée ne me sourit guère. Dans un
coin de ma tête, il y a aussi l’idée que si
je dois récidiver à quoi bon subir une
épreuve dans un objectif, de mon point
de vue, prioritairement esthétique.
J’ai bien adopté ma prothèse que je
range tout les soirs dans le tiroir de la
commode, encore tiède de la chaleur de
mon corps. Je la porte seulement pour
m’habiller. Jamais pour faire du sport ou
pour nager. Parfois le regard des femmes
s’attarde sur le déséquilibre de mon
buste pour s’en détourner rapidement.
Je ne déteste pas cette discrète provocation de ma part qui semble dire « je n’ai
qu’un sein et alors…je fais du sport et je
suis vivante, comme vous ».
Je ne dis pas que je ne me ferai jamais
reconstruire mais j’ai besoin de temps…
Pour l’instant, ce n’est pas ma priorité. » 3
RÉFLEXIONSDEFEMMES
« L’acceptation du nouveau sein ne va pas de soi. Il n’efface pas la déception de la perte du premier »
un article que les greffés ont droit à un accompagnement psychologique afin d’accepter le corps
« J’ai récemment lu dans
étranger. Mais une prothèse mammaire, n’est-ce pas un corps étranger ? »
m’appartenait pas. J’étais toujours prête à le montrer comme on montre
« Au départ, j’avais l’impression que ce seinunnedessin
de ses enfants… »
pourquoi employer un terme emprunté au bâtiment ?
« La reconstruction…
Une femme n’est pas un building, que je sache ! »
La reconstruction c’est différent d’avoir envie de se faire refaire les seins.
«
Alors pourquoi est-on dans le même service à l’hôpital ? Pourquoi est-on considéré de la même façon ? »
satisfaite du résultat... « C’est tout de même mieux qu’avec la cicatrice » m’a répondu
« Je ne suis pas complètement
finement le chirurgien. Vu sous cet angle… évidemment ! »
l’ancien... il est souvent mieux, mais ce n’est pas vraiment le vôtre.
« Le nouveau sein n’est jamais comme
Il faut du temps pour l’adopter. »
était le point final au traitement que j’avais subi, mon passeport pour une vie nouvelle.
« Pour moi laJereconstruction
m’aperçois avec le recul que c’était certainement nécessaire mais… pas suffisant ! »
EUROPA
DONNA
FORUM
FRANCE
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du lundi
au
vendredi
de 8h
à 20h
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Communication et médias
QUELLEIMAGEDUCANCER ?
Françoise Pinto
4
Le cancer est sorti du secret dans les
années 1980 et il faut s’en féliciter. Il a
aujourd’hui franchi les frontières du « B
to B » et abordé largement le grand
public. On peut voir quatre raisons à ce
phénomène :
• L’augmentation de son incidence. Il
est devenu si fréquent qu’il est impossible de l’ignorer ;
• L’impact des plans cancer et notamment du premier qui a préconisé l’information au sein du système de santé ;
• Les formidables progrès thérapeutiques
réalisés dans les dernières années ;
• La montée en puissance de l’expression des patients, cristallisée lors des
états généraux de la Ligue.
Nous n’hésitons plus aujourd’hui à
parler du cancer. Les patients ne se
cachent plus, ou moins. Parmi ceux
qui reçoivent cette communication,
il faut prendre en compte les
malades et leurs proches.
De leur expérience, de leur vécu,
émergent réactions et remarques.
À propos des campagnes
de communication
Les campagnes de prévention et d’encouragement au dépistage fonctionnent,
comme en témoigne l’évolution des
dépistages des cancers du sein et de la
peau.
En revanche, le public, et surtout ceux
qui ont rencontré le cancer, ne se reconnaît pas dans les campagnes de sensibilisation. Destinées plutôt au public non
atteint du cancer, elles restent souvent
globales, ciblent le cancer en général – il
est, là, intéressant de noter la différence
de discours entre les scientifiques, qui
parlent DES cancers, et les organismes
publics, qui s’attachent à l’image DU
cancer - . Privées d’affect, pourtant premier créateur de sens et de motivation,
elles évoquent plus souvent la cause
que le malade. De plus, ces campagnes
sont souvent très axées sur la recherche
et l’innovation, porteuses d’efficacité et
d’espoir, et occultent la réalité quotidienne.
En tentant de dédramatiser le cancer,
elles risquent de le banaliser. Or, pour
autant qu’il soit fréquent, le cancer n’est
pas banal. C’est une expérience que seuls
ceux qui ne l’ont pas croisé peuvent
considérer comme anodine ou mineure.
Il ne faut pas s’étonner de ce phénomène.
Le discours autour de la maladie dépasse,
en effet, souvent le cancer et porte sur la
société. Or, celle-ci souhaite voir des gens
heureux. Ces campagnes reflètent donc
plus notre société que la réalité des
patients.
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Communication et médias
À propos de la médiatisation
A propos du cancer, les médias nous proposent des discours sans aucune nuance,
allant du misérabilisme absolu à l’optimisme béat.
Le cancer est traité comme un « marronnier » - sujet récurrent à périodicité fixeou en objet de mode. Mars est le mois
international de lutte contre le
cancer - en même temps que
des régimes avant la plage - et
octobre celui de la lutte
contre le cancer du sein. En
dehors de ces périodes, il est
difficile de faire passer un
sujet sur le cancer.
Nous nous voyons délivrer une
pensée unique. La femme
atteinte d’un cancer du sein est
vue comme une combattante,
qui se maquille le matin, enfile
sa perruque et travaille entre ses
séances de chimiothérapie. Au
quotidien, nous revendiquons le
droit d’être des patientes, tristes
ou fatiguées, de vouloir tomber
la perruque. N’y aurait-il qu’une
attitude socialement acceptable ?
Y aurait-il des « bons », les combattants, et
des « mauvais
patients » ? Que seraient les sanctions pour ces derniers ?
L’archétype s’oppose ici à une
expérience éminemment individuelle et angoissante.
Autre cliché : le cancer rendrait
fort. Certains savent mieux que
d’autres reconstruire leur vie après
un cancer. Est-ce à dire que ceux-là
n’ont pas fait le nécessaire ?
Lorsque l’on aborde la médiatisation
du cancer, on ne peut échapper à sa
peopolisation. Si des témoignages
comme ceux de Bernard Giraudeau,
de Laurent Fignon ou encore de
Marie-Christine Barrault contribuent
à la compréhension et à la connaissance de ce quotidien humain, la peopolisation est tentée par le spectaculaire.
Elle comporte un avantage, celui de
faire comprendre que le cancer touche
aussi des gens gâtés par ailleurs par la
vie. Mais l’effet pervers tient au fait que
le cancer est présenté comme conforme
à l’image de ces personnalités. Nous
assistons ainsi, annoncées par les
tabloïds, à des guérisons rapides, immédiates parfois. Une patiente lambda
comprendra difficilement que son praticien prenne des précautions pour lui
expliquer que sa guérison n’est pas
linéaire, instantanée et définitive. Cette
injustice apparaît comme inacceptable.
Cette vision sensationnelle est pourtant
appréciée par le lecteur, car le public ne
désire pas entendre la réalité.
Enfin, nous ne pouvons pas faire abstraction des images, notamment pour le
cancer du sein. Extrêmement esthétisantes ou au contraire trash, montrant
des poitrines mutilées, elles accentuent
encore le discours et ses décalages. Or
les patientes ne se reconnaissent dans aucune
des deux visions.
Chaque
poitrine,
chaque
cicatrice
chaque personne
diffèrent les unes des autres. Plus
important, certaines patientes se demandent pourquoi on impose ces images à
leurs proches.
Campagnes, articles, livres...relèvent de
bonnes intentions et de nombreux progrès ont été réalisés. Il reste toutefois
des marges d’amélioration et une
réflexion entre les patients et tous les
acteurs de la prise en charge du cancer
pourrait nous amener à des actions intéressantes et à améliorer l’efficacité
de la communication. 5
Des femmes informent les femmes
3 Céline – Dupré, Lis et Dufranc lancent un nouveau féminin et
un site d’information sur le cancer du sein.
Gratuit et distribué dans les établissements
de santé, Rose Magazine proposera
aux femmes, dès novembre,
de « l’info avec un supplément d’âme ».
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APA
LYON: UN NOUVEAUPROGRAMMEDERÉADAPTATIONÀ L’EFFORTPHYSIQUE
Pascale Romestaing, radiothérapeute - Lyon
Un large pan du plan cancer II
concerne la prise en compte des soins
de support et, tout particulièrement,
de la réadaptation à l’effort physique
grâce à l’Activité Physique Adaptée
(APA).
6
La Médecine Physique et de
Réadaptation (MPR) a toute sa place
depuis longtemps dans les soins de suite
d’accidents coronariens, de chirurgie
orthopédique ou d’ AVC. Depuis plusieurs années, de nombreuses publications ont montré les avantages d’une
prise en charge physique adaptée après
cancer du sein, non seulement sur la
qualité de vie, l’image corporelle mais
aussi sur les risques de récidives, voire
sur la survie globale.
Le cancer du sein modifie la vie quotidienne de la femme. Physiquement surviennent une grande fatigabilité, une
réduction des capacités physiques quotidiennes, une prise de poids, voire un
lymphoedème et une modification de
l’image corporelle, des douleurs résiduelles du membre supérieur et
ostéoarticulaires, et des bouleversements endocriniens liés à la ménopause,
bien souvent induite par les traitements,
qui n’améliorent pas la situation.
Psychologiquement la femme est fragilisée, notamment face à la reprise de l’activité professionnelle, qui demande,
lorsqu’ elle est possible, une force physique et morale bien difficile à avoir.
Ces différents éléments, variables selon
les femmes et dans le temps pour une
même femme, sont difficilement pris
en compte, bien souvent minimisés par
les patientes elles-mêmes qui considèrent que tout ceci est bien peu important au regard de tous ces mois qu’elles
viennent de passer, où leur vie était en
jeu.
Les médecins confrontés à ces femmes
sont souvent démunis des moyens de les
aider et ne savent où les adresser pour
gérer toutes ces difficultés. Leur prise
en charge repose actuellement sur la
bonne volonté de chacun et les adresses
disponibles, bien souvent incomplètes.
Les femmes sont adressées au nutritionniste, au kinésithérapeute, voire au
psychologue, mais jamais on ne leur propose une prise en charge globale.
La dépression et le sentiment d’abandon sont fréquents chez les patientes
qui perdent le repère quotidien ou mensuel que constituent les séances de
radiothérapie ou de chimiothérapie.
Alors qu’elles étaient accompagnées,
soutenues par les équipes médicales,
elles ne le sont plus. Alors que leurs
proches, eux-mêmes bouleversés par la
maladie, étaient attentifs et les entouraient, ils souhaitent que la vie quotidienne revienne à la « normale » et relâchent leur aide. Les femmes sont frappées d’un état de fatigue multifactoriel,
lié aux soins, au manque d’activité, à la
ménopause souvent induite par les traitements, auxquels s’ajoute un syndrome dépressif. Lors de la reprise du travail, dans la situation la plus favorable,
les collègues seront aidants pendant
quelques semaines et, bien vite, considéreront la « patiente » comme une professionnelle lambda.
Pourquoi un tel projet ?
Le programme d’APA qui débute à
Lyon vise à structurer la prise en charge
(PEC) selon les termes de la mesure
25/27 du plan cancer II, en organisant
une unité de soins de support complémentaires des traitements spécifiques
du cancer. Ce programme propose aux
femmes de les accompagner, pour
reprendre une nouvelle vie qui intègre
la maladie passée.
Les acteurs de ces soins sont médecins
de MPR, kinésithérapeutes, ergothéra-
peutes, balnéothérapeutes, professeurs
d’Activité Physique Adaptée, de Taï
Chi, psychologues, nutritionnistes, assistantes sociales.
L’activité est proposée en soins de jour,
de 9h à 16h, 2 à 3 fois par semaine, pour
une vingtaine de séances. La prise en
charge est médicale. Après une première consultation pour s’assurer de l’absence de contre-indication médicale à l’activité physique et évaluer les capacités
physiques, les patientes sont prises en
charge par les professionnels du centre
de soins. Elles bénéficient de séances de
kinésithérapie avec étirement, de massages, de séances d‘ergothérapie avec
travail fonctionnel des membres supérieurs, économie des gestes, reprise
d’activité physique sur tapis roulant,
cyclorameur, musculation, éventuellement gymnastique en piscine de rééducation, marche sportive en extérieur .En
fonction de sa situation personnelle,
chacune peut être orientée vers un psychologue, un nutritionniste ou un assistant social. Le repas pris sur place, en
groupe, est compris dans la PEC comme
le transport en minibus pour rejoindre et
quitter le centre MPR.
Des évaluations sont faites régulièrement pendant la prise en charge, et les
activités proposées sont adaptées à
l’évolution des capacités physiques des
femmes. Des consultations de suivi ultérieures sont dès à présent envisagées de
façon à assurer et encadrer la poursuite
volontaire de l’activité physique.
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NOSDÉLÉGATIONSONTDUTALENT
Café Donna à Lyon
Un temps d’écoute, de partage, de
rencontre est désormais possible à Lyon
Mis en place à l’automne 2009, ces
échanges entre femmes atteintes, ou qui
l’ont été, par le cancer du sein ont lieu
deux fois par mois dans un café lyonnais
autour d’une boisson offerte par Europa
Donna.
Ces rencontres sont animées par des
bénévoles de l’association qui ont été
touchées par la maladie.
Parler, être écoutée, écouter le témoignage des autres, oser certaines questions, voire certaines émotions, être
ensemble, quelquefois, selon les affinités, se retrouver ensuite pour partager
une activité, une sortie… Savoir qu’on
est libre de venir ou pas, de revenir ou
pas… Savoir que cela existe et que si un
Marie
jour ça va mal, il suffira de pousser la
porte et de venir s’asseoir…
L’expérience se révèle positive. Les
femmes qui ont participé jusqu’à ce jour
ont fait des retours très encourageants.
Le Café Rencontre d’Europa Donna
Lyon :
« Chez THIBAULT »
80, rue Montesquieu, LYON 7ème
(Métro Saxe Gambetta)
Tous les 1ers et 3èmes jeudis du mois,
à partir de 15 h.
Pour tout renseignement Michèle
06 18 38 02 21 ou Marie 09 53 66 06 30
sont ravies de répondre.
Un temps d’écoute et de partage est
également proposé par les bénévoles
de l’association aux femmes accueillies
en hôpital de jour au centre Léon
Bérard de Lyon, le jeudi, tous les deux
mois environ (les dates de ces permanences sont disponibles au centre d’information du Centre ou en appelant la
délégation de Lyon, ou encore aux n°
ci-dessus communiqués).
Geneviève
Europa Donna à Nimes
7
Nous compterons bientôt une nouvelle
délégation, ouverte à Nîmes par
Françoise Fabre Roussy. Depuis sa rencontre avec le cancer, Françoise s’intéresse à la relation patient/soignant et à
l’information du patient. Déjà militante
à la Ligue, elle a connu Europa Donna
grâce à notre site.
« Europa Donna, c’est le cancer du
sein, c’est l’Europe et je souhaite
informer : 3 bonnes raisons de m’y
engager. Europa Donna Nîmes verra
le jour pour Octobre Rose. ». Expression publique
à Chantil y
Le 2 avril, la délégation de Paris participait à la réunion publique organisée par
les professionnels de santé du sud de
l’Oise, mobilisés par le Dr Elisabeth
Carola. La projection d’un film très
didactique a servi de colonne vertébrale
aux débats et aux questions du public
venu nombreux. EUROPA
DONNA
FORUM
FRANCE
01
44
30
07
66
du lundi
au
vendredi
de 8h
à 20h
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CONSEIL
D’ADMINISTRATION
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NOS 12 DÉLÉGATIONS
Pour tout savoir sur nos Délégations et
sur nos activités, consultez notre site ou
appelez la Délégation la plus proche de
votre domicile :
• Paris
01 44 30 07 66
• Angers
06 13 25 95 44
• Auxerre
03 86 48 47 15
• Avignon
04 90 27 62 63
• Bordeaux 05 56 94 76 41
• Evry
06 82 95 94 24
• Lyon
06 81 26 90 14
• Marseille 06 26 81 36 79
• Orléans
02 38 56 66 02
• Reims
06 11 63 86 66
• Strasbourg 06 89 32 20 16
• Tours
06 99 54 04 11
Présidente :
• Mme Nicole ZERNIK
Paris
Présidente d’honneur : • Mme Nicole ALBY
Psychologue. Paris
Vice-présidente :
d e
• Dr. Pascale ROMESTAING
Radiothérapeute. Lyon
Secrétaire générale : • Mme Marie-Hélène DILHUYDY
Bordeaux
Trésorière :
• Mme Edith BOUCHEMAL
Paris
Administrateurs :
• Dr. Edwige BOURSTYN
Chirurgienne. Paris
• Dr. Bernadette CARCOPINO
Gynécologue. Paris
• Mme Natacha ESPIE
Psychanalyste. Paris
• Mme Mona FOURNIER
Orléans
• Mme Martine LANOE
Paris
• Mme Ghislaine LASSERON
Paris
• Mme Elisabeth MARNIER
Lyon
PROCHAINE OUVERTURE : Nîmes
Vous pouvez consulter l’agenda relatif aux
différentes délégations sur le site
www.europadonna.fr
A VOS AGENDAS
CONSEIL
SCIENTIFIQUE
• 3 octobre 2011 •
13 ème Colloque Europa Donna
• Docteur Patricia de CREMOUX
Biologiste. Institut Curie. Paris
• Docteur Gilles ERRIEAU
Médecin généraliste. Paris
• Docteur Marc ESPIE
Cancérologue. Saint-Louis. Paris
• Jean-Claude FERRANDEZ
Kinésithérapeute. Avignon
• Professeur Michel MARTY
Cancérologue. Saint-Louis. Paris
• Docteur Catherine NOGUES
Généticienne. René Huguenin. St. Cloud
• Docteur Nicole PELICIER
Psychiatre. Hôpital Georges Pompidou. Paris
• Docteur Anne de ROQUANCOURT
Anatomopathologiste. Saint-Louis. Paris
• Professeur Hélène SANCHO-GARNIER
Epidémiologiste. Montpellier
• Docteur Daniel SERIN
Radiothérapeute. Institut Sainte-Catherine. Avignon
• Docteur Anne TARDIVON
Radiologue. Institut Curie. Paris
Assemblée générale au
Palais du Luxembourg à Paris
« La surveillance : pour qui,
pourquoi, comment ? »
NOS PARTENAIRES
Nous remercions particulièrement la
Ligue nationale contre le cancer de son
soutien et de son hospitalité, ainsi que
le Ministère de la Santé qui nous
accompagne dans notre action pour
promouvoir le dépistage organisé du
cancer du sein et l’INCa (Institut National
du Cancer) avec qui nous poursuivons une
collaboration étroite.
Nous tenons également à remercier tous
nos partenaires, membres de la Charte de
soutien à Europa Donna Forum France,
ou partenaires exceptionnels, sans
lesquels nous ne pourrions mettre en
œuvre ni mener à bien nos missions :
• Amgen
• Any d’Avray
• Astra Zeneca
• Eisai
• GE Healthcare
• Glaxo SmithKline
• Lilly
• Novartis
• Pfizer
• Roche
• Sanofi-Aventis
• La Société de Sénologie
et de Pathologie Mammaire
• Unilever
et tous les donateurs exceptionnels...
OCTOBRE ROSE
Programme sur le site
ENTRÉE LIBRE,
mais inscription obligatoire
sur le site ou par téléphone
« Les Nouvelles d’Europa Donna »
est édité par Europa Donna Forum France
Directrice de la publication : Nicole Zernik
Directrice de la rédaction : Françoise Pinto
Design graphique / Iconographie :
Jean-Pierre Renard
Impression ;
Fortin 4 rue Ambroise Croizat 94800 Villejuif
Les informations sur les activités seront
consultables prochainement sur le site.
SECRÉTARIAT TÉLÉPHONIQUE
01 44 30 07 6 6
Du lundi au vendredi de 8h à 20h.
SITE INTERNET EDFF
www.europadonna.fr
BULLETIN D’ADHÉSION 2011
Nom :
Prénom :
Adresse :
Téléphone :
e-mail
Profession :
DON DE SOUTIEN : 20 € 30 € 50 € AUTRE :
€
La somme versée donne droit à une réduction d’impôt (dans la limite de la législation en vigueur).
Vous recevrez un reçu fiscal à joindre à votre déclaration
A renvoyer à EUROPA DONNA FORUM FRANCE - 14 rue Corvisart - 75013 PARIS
accompagné de votre règlement à l’ordre de : EUROPA DONNA FORUM FRANCE

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