36_41_Art esc en verre fr - Tondeur Editions

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36_41_Art esc en verre fr - Tondeur Editions
MATÉRIAUX
Le verre
est en marche
Dans un passé pas si lointain, la conception d’un escalier ou d’une passerelle en verre relevait de la plus pure
utopie. Comment pouvait-on imaginer déambuler en toute sécurité sur un matériau en apparence si fragile ?
C’était sans compter sur la créativité et l’innovation technologique mises en œuvre par l’industrie verrière. Celleci a mis au point des verres feuilletés de sécurité qui ont rendu la chose possible, ouvrant de nouveaux horizons
en matière d’architecture et d’aménagement d’intérieur.
Dans un passé pas si lointain, la
conception d’un escalier ou d’une
passerelle en verre relevait de la
plus pure utopie.
Comment pouvaiton imaginer
déambuler en toute sécurité sur un
matériau en apparence si fragile ?
C’était sans compter sur la créativité
et l’innovation technologique mises
en œuvre par l’industrie verrière.
Celle-ci a mis au point des verres
feuilletés de sécurité qui ont rendu
la chose possible, ouvrant de
nouveaux horizons en matière
d’architecture et d’aménagement
d’intérieur.
Applications
Dans le domaine du bâtiment, le
verre ne se cantonne donc plus
exclusivement à l’habillage des
châssis de fenêtres et autres
vérandas. Le développement de
nouvelles gammes de verres dits
"de sécurité", spécialement pour le
bâtiment, a ouvert de nouvelles
voies permettant au verre de se
diversifier pour trouver aujourd’hui
plusieurs débouchés originaux, en
particulier dans l’architecture
contemporaine. C’est ainsi qu’il
trouve de nouvelles applications
dans le domaine de l’escalier où sa
transparence et sa luminosité
rivalisent avec son élégance très
épurée. Appliqué à l’escalier au sens
large du terme, le verre se diversifie
en trois applications distinctes :
Marches et paliers : le verre est
certainement le matériau le plus
récent pour la fabrication de
marches d’escalier. L’apparition du
verre dans cette application résulte
d’une avancée technologique
combinée à une recherche de
lumière dans l’architecture
contemporaine. Dans ce domaine,
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les marches et les paliers en verre
sont imbattables.
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1
3
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Garde-corps : l’utilisation du verre
pour la création de rambardes et
garde-corps en verre est plus
ancienne car dans cette application,
la résistance du verre ne revêt pas
une importance aussi capitale.
L’utilisation du verre a donc pu être
plus précoce.
Passerelles et mezzanines :
l’application du verre dans ce
domaine est aussi récente que celle
des marches d’escalier car la
problématique est sensiblement la
même.
La technologie du feuilleté
Pour que l’on puisse fabriquer des
escaliers en verre, il était nécessaire
de pouvoir disposer de vitrages
présentant suffisamment de
garanties en terme de résistance et
de sécurité. Et pourtant, le verre
feuilleté n’est pas en soi une
véritable nouveauté. Il a été inventé
dès 1903 par le chimiste français
Edouard Benedictus qui le
perfectionna ensuite avant de le
breveter en 1910 sous la
dénomination de "Triplex". Il fut
dans un premier temps exploité
1 & 2. Cet escalier tournant à
structure métallique de finition
brute vernie associe des marches et
des contre-marches en verre clair d’une
épaisseur de 25 mm. La fine ossature
en tubes d’acier, d’une section de
40x40 mm, associée à un garde-corps
minimaliste confère une grande
légèreté à l’ensemble.
Réalisation: Kozac
3.
D’une grande légèreté, cet
escalier ouvert en encorbellement adopte des marches à pas
décalés réalisés en verre structurel
extra-clair. Le limon latéral en fer peint
et le garde-cops à lisses horizontales
en inox lui donnent un cachet
contemporain. Escalier Marretti
4 & 5. Audacieux, ce grand escalier à
fût en acier séduit par ses
courbes majestueuses et une allure
high-tech obtenue par l’utilisation
d’épaisses marches en verre
translucide rétro-éclairé. Escalier
Wachenfeld
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essentiellement dans l’industrie
automobile où il a apporté de nettes
améliorations en matière de
sécurité, car il permettait d’éviter
l’éclatement des pare-brises en cas
d’accident, responsables de
sérieuses blessures pour les usagers
du véhicule. Depuis, il a été utilisé
dans l’aviation puis plus récemment
dans le bâtiment où il rencontre
aujourd’hui un très bel essor.
1
1 & 2. Cet escalier de prestige combine
une fine structure en inox poli
brillant et des marches en verre d’une
épaisseur de 38 mm. Les garde-corps en
verre courbe sont réalisés par thermoformage au four. Elikoflam de Kozac
3 & 4. Transparence et légèreté extrême
signent ce modèle suspendu
Swing, fixé dans le mur porteur grâce à
des fixations spéciales qui y sont
dissimulées. Les marches en verre et le
fin garde-corps en inox appuient l’allure
aérienne. L’Echelle Européenne
5.
Articulé autour d’un “totem” en
verre, l’escalier joue sur le
contraste entre une structure en inox
brossé et des marches en verre de 31 mm
d’épaisseur posées dans un cadre. Le
garde-corps extérieur est également en
verre trempé et permet de préserver
toute la clarté. Kozac
2
L’évolution des techniques de
fabrication du verre en fait
maintenant un élément structurel à
part entière puisque le verre, dans
certaines configurations, peut
désormais être employé comme
structure autoportante. S’il n’existe
pas de réglementation précise à ce
sujet, sachez qu’il est impératif, pour
la réalisation des marches d’un
escalier, d’un palier ou d’une
passerelle d’utiliser du verre
feuilleté. Mais qu’est-ce exactement
que le verre feuilleté ? Une
description technique s’impose.
Le verre feuilleté (exemple : "LiteFloor" de Saint-Gobain Glass ou
"Stratobel" de AGC Flat Glass,
anciennement Glaverbel) est un
assemblage constitué de deux ou
plusieurs feuilles de verre reliées
entre elles par une ou plusieurs
couches d’un film intercalaire en
matière plastique : le butyral de
polyvinyle (PVB). Celui-ci a pour
fonction de coller les feuilles de
verre grâce à sa bonne adhérence et
son taux d’allongement important
avant déchirure confère au produit
fini des performances
supplémentaires. Ces performances
peuvent être de différents ordres :
limitation du risque de blessure en
cas de bris, protection contre
l’effraction, protection contre les
armes à feu et les explosions,
protection contre l’incendie,
isolation acoustique ou décoration
(par incorporation d’un film teinté ou
imprimé). Dans le cas des escaliers,
la fonction recherchée en priorité est
la sécurité. En effet, le verre feuilleté
offre la particularité de ne pas
éclater en cas de bris car
l’adhérence entre les feuilles de
verre et le film en PVB permet aux
fragments du vitrage cassé de rester
en place, pendant un certain temps
du moins, particularité qui diminue
très sensiblement le risque de
blessures.
Le vitrage feuilleté est identifiable
par un code constitué de deux
chiffres indiquant l’épaisseur des
différentes feuilles de verre en
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millimètres, suivis d’un point et d’un
autre chiffre indiquant le nombre de
film en PVB. Ainsi par exemple, un
vitrage 66.2 correspond à deux
feuilles de verre de 6 mm chacune
séparées par deux films de PVB.
Ceux-ci ont toujours une épaisseur
de 0,38 mm. Par ailleurs un vitrage
4/12/66.2 correspond à un double
vitrage composé d’un vitrage
feuilleté 66.2 et d’un vitrage simple
de 4 mm séparés par une lame d’air
de 12 mm.
Pour les marches d’escalier, on
utilisera souvent un double feuilleté,
soit un vitrage constitué de trois
feuilles de verre épais reliées entre
elles par deux films de PVB.
L’épaisseur totale du vitrage variera
en fonction de plusieurs paramètres
tels que les contraintes de charge
mais aussi les dimensions des
marches et paliers. Généralement,
l’épaisseur du vitrage utilisé sera
proportionnelle à la taille du vitrage.
Ces paramètres extrêmement
importants doivent être
scrupuleusement respectés et
intégrer une réelle marge de
sécurité. Il n’est pas rare qu’un
vitrage de marches ou de plancher
atteigne voire dépasse 50 mm
d’épaisseur. Dans ce domaine, rien
ne remplace l’expertise et
l’expérience des professionnels du
secteur.
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Le montage
L’escalier tout en verre n’est pas
d’actualité. En effet, si le verre peut
être utilisé pour les marches, il peut
difficilement être mis en œuvre pour
la fabrication des limons et de la
structure portante en général, sur
laquelle il doit pouvoir prendre
appui. C’est la raison pour laquelle
le verre est toujours associé avec un
autre matériau. Sa modernité et son
esthétique épurée en font le
partenaire idéal du métal (acier
inoxydable ou aluminium
principalement). Leur association est
donc de loin la plus fréquente. Le
verre se rencontre parfois également
associé au bois, mais beaucoup plus
rarement.
Pour le montage des marches
proprement dites, il existe
évidemment autant de techniques
que de fabricants. Certains
préconisent un appui maximal en
faisant reposer les marches en verre
sur leurs quatre côtés en appui
continu. D’autres choisissent une
pose avec deux appuis latéraux,
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considérant que l’épaisseur du verre
suffit à le rendre autoportant. Il
existe également des systèmes de
pose plus légers et aériens où les
marches autoportantes sont fixées
en porte-à-faux sur de fins supports
métalliques grâce à des douilles
taraudées intégrées dans
l’épaisseur du verre.
La sécurité
Si l’emploi d’un verre feuilleté bien
adapté supprime tout risque lié à un
bris intempestif en supportant
aisément les contraintes de charge,
l’utilisation du verre dans l’escalier
implique néanmoins le respect de
certaines mesures de sécurité
élémentaires, spécialement en ce
qui concerne les risques de glissade
ou de mauvaise perception.
Un traitement antidérapant :
Contrairement au bois et au béton
par exemple, le verre plat non traité
offre par définition une surface très
lisse qui peut s’avérer
particulièrement glissante. Afin de
limiter ce risque, il existe plusieurs
techniques à mettre en œuvre. On
peut utiliser une feuille de verre
supérieure spécialement conçue
pour réduire fortement la glissance
(gamme "Securit Contact" de SaintGobain Glass par exemple). On peut
aussi traiter la surface par la
création d’un relief en sérigraphie,
du plus bel effet. On peut enfin y
poser des bandes antidérapantes,
mais cette solution s’avère il est vrai
assez peu esthétique.
La sécurité visuelle : La transparence
des marches en verre complique leur
perception par l’œil humain et peut
être dès lors une source d’accident,
surtout pour les enfants en raison
de leur inconscience du danger et
pour les personnes souffrant d’une
baisse de l’acuité visuelle. On
remédie généralement à cet
inconvénient en utilisant du verre
teinté ou du verre dépoli qui reste
translucide à défaut d’être
transparent. On peut également
faire d’une pierre deux coups en
utilisant du verre intégrant un
striage dépoli qui à la fois opacifie la
surface du verre, éliminant ainsi le
malaise provoqué par sa
transparence, tout en créant une
surface antidérapante plus
sécurisante.
L’esthétique du verre
escalier pour des raisons évidentes
de sécurité (voir chapitre
précédent). On peut néanmoins
envisager la pose de marches qui
soient partiellement transparentes
et dont le nez par exemple serait
dépoli ou sérigraphié pour remédier
à ce problème.
D’une manière générale, les
escaliers en verre adoptent un style
plutôt sophistiqué qui convient
essentiellement aux intérieurs les
plus modernes. Cette
caractéristique est propre à la
nature même du verre qui offre un
aspect à la fois léger, épuré et très
rectiligne, autant de qualités
appréciées dans l’architecture
contemporaine. Il se marie en outre
presque toujours avec le métal, ce
qui renforce cette impression.
Sur un plan purement décoratif, le
verre offre aujourd’hui une variété
de plus en plus grande et étonnante
de finitions dont voici une
énumération non exhaustive :
Dépoli : Il s’agit d’une finition
translucide et non transparente,
c’est-à-dire qui laisse filtrer la
lumière. L’aspect dépoli translucide
qui se caractérise par un
blanchiment du verre peut être
obtenu par sablage ou par
projection d’acide selon des
techniques industrielles très
précises.
Sérigraphié : La sérigraphie du verre
consiste à imprimer un motif sur la
surface du verre grâce à
l’application d’une couche d’émail
coloré. Cette technique permet une
infinité de possibilités créatives.
Clair et transparent : C’est la finition
naturelle du verre plat et la
principale qualité qu’on attribue à
ce matériau. Si la transparence est
un atout considérable dans bien des
domaines, nous avons vu qu’elle
était déconseillée dans le cas d’un
Gravé : La surface du verre peut être
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gravée de manière à lui conférer
non seulement un caractère
antidérapant mais aussi une
esthétique raffinée.
Brisé : Pour obtenir cet effet
également très décoratif et qui
supprime la transparence du verre,
une couche intermédiaire du vitrage
est brisée et maintenue en l’état
dans la marche par deux autres
feuilles de verre.
Coloré : La coloration d’un verre
feuilleté est très simple. Il suffit
d’utiliser des films de PVB teintés.
Certains fabricants vont plus loin
encore en proposant d’incorporer
dans l’épaisseur du vitrage feuilleté
divers éléments décoratifs comme
du papier japonais, du placage de
bois ou des végétaux tressés. Les
opportunités en matière décorative
sont ici décuplées.
Eclairé : L’éclairage intégré dans le
vitrage représente le nec plus ultra
en matière de technique du verre.
Cette prouesse technologique est
obtenue par l’incorporation de
petites lampes LEDs dans
l’épaisseur des marches en verre.
Dans ce cas, c’est l’émergence de
cette technologie d’éclairage
particulière qui a rendu cette
réalisation possible.
Atouts et contre-indications
Deux raisons principales poussent
à choisir le verre pour la réalisation
des marches d’un escalier. La
première, nous l’avons déjà
évoquée, est son esthétique
Aérien, cet escalier dépourvu de
garde-corps joue la carte du
design et de la sobriété. La
structure en acier laqué dans la
même teinte que les châssis de
l’habitation assure une certaine
harmonie tandis que les marches
en verre transparent préservent la
clarté. La légèreté de l’ensemble
est obtenu par la découpe en
crémaillère et les supports de
incomparable, surtout en regard
des innovations techniques qui
permettent de diversifier
considérablement son aspect
(couleurs, motifs, gravures…). La
seconde, primordiale et
particulièrement invoquée par les
architectes et créateurs
d’intérieurs, concerne la capacité
du verre à laisser passer la lumière.
Contrairement aux époques
passées, l’architecture
contemporaine met clairement
l’accent sur l’apport de lumière
naturelle dans l’habitation. Le verre
marches conçus à partir de deux
cornières formant encadrement.
A l’étage, la création d’une plateforme incorporant des vitrages a
permis de dégager un espace
supplémentaire tout en gardant le
grand volume intact dans cet esprit
de fluidité et de luminosité propre
à la maison.
Réalisation: GODART METAL
DESIGN
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représente dès lors un must
permettant une transmission de la
lumière entre les étages, un défi
qu’aucun autre matériau courant ne
peut relever.
Un ersatz du verre: le plexiglas
ou verre acrylique
A titre indicatif, signalons qu’il
existe sur le marché des escaliers
en plexiglas ou verre acrylique
transparent ou coloré dont
l’épaisseur varie de 40 à 100 mm.
Rappelons néanmoins que s’il en
rappelle l’aspect et la transparence
le plexiglas n’est pas du verre mais
un polymère, c’est-à-dire un
thermoplastique constitué de
polyméthacrylate de méthyle
(PMMA).

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