Le calendrier et les fêtes - Accueil

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Le calendrier et les fêtes - Accueil
Association régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901
Le calendrier et les fêtes.
Par le passé, le temps était rythmé par les fêtes, qui dépendaient d'un calendrier très ancien.
Certaines de ses fêtes ont subsisté et la plus célèbre d'entre elle est Yennayer, le nouvel an
amazigh.
1. Le calendrier du Nord
On trouvera ci dessous une représentation du calendrier amazigh :
(D’après MA Haddadou, Guide pratique de la langue et de la culture berbère).
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Au centre, figurent les douze mois avec leur nom en kabyle (numérotés de 1 à 12). Les quatre
saisons sont indiquées avec leur nom en touarègue.
L’année commence avec le mois de Yennayer. La date de départ du calendrier est l’an 950 avant
J.-C. Cette date est celle de la victoire du chef libyen Chechonq contre le pharaon d’Egypte.
Ainsi, l'an 2000, les Imazighen entraient dans l’année 2950.
Le calendrier comporte quatre saisons :
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L’automne (Amewan, en kabyle : lexrrif) : du 17 yuct (30 août) au 15 nwamber (28
novembre),
L’hiver (Tagrest, en kabyle : ccetwa) : du 16 nwamber (29 novembre) au 14 furar ((27
février),
Le printemps (Tafsit, en kabyle : thursuth) : du 15 furar (28 février) au 16 mayyu (29
mai),
L’été (Iwilen, en kabyle : anebdu) : du 27 mayyu (30 mai) au 16 yuct (29 août).
Nous retrouvons ces saisons dans le calendrier occidental à une petite restriction près : elles
sont légèrement décalées. Les Imazighen ont conservé les dates des saisons remontant à
l'Antiquité.
Le calendrier est divisé en 12 mois qui sont :
Yennayer, Furar, Meyres , Yebrir, Mayyu, Yunyu, Yulyu, Guct, Ctember, Ktuber, Wamber ,
Gember.
Leur nom semble être emprunté au calendrier romain. En revanche la division de l'année en douze
mois est beaucoup plus ancienne. Les Egyptiens antiques et les Mésopotamiens, l'utilisaient déjà.
Chaque mois est divisé en moyenne en une trentaine de jours, comme dans le calendrier
occidental. Cette pratique est également extrêmement ancienne. On la retrouve dans le
calendrier de l'Egypte antique.
Ils sont décalés d’une quinzaine de jours par rapport au calendrier usuel, le calendrier grégorien.
Le premier jour de l’année (Yennayer, premier jour de ce mois) correspond ainsi au 12 janvier du
calendrier grégorien. Comme pour les saisons, ce décalage est dû à une raison simple : la
chrétienté a décalé d’une quinzaine de jours son calendrier, à l’époque de la réforme du
calendrier (sous le pape Grégoire) suite à la découverte d’un phénomène astronomique connu sous
le nom de précession des équinoxes. Le calendrier amazighe n’en a pas tenu compte et a gardé les
dates originelles.
Les fêtes sont associées aux saisons. Elles correspondent aux rites agraires du néolithique.
Structuré autour de l'agriculture, le temps est immuable et cyclique. Elles marquent les
moments importants de l'année, qui soudent la communauté. De par son relatif isolement, la
culture amazighe a su conserver leur sens originel.
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-Nnayer
(1er
Yennayer,
13
janvier)
Début de l’année. C’est la fête de la fécondité et du renouveau. Il est d’usage de
remplacer tout ce qui est vieux, usagé dans la maison. Tous les travaux, dont le tissage
doivent être achevés avant cette fête. On pare les maisons de verdure. Un grand repas
commun est préparé dans les villages. Le couscous de Yennayer est spécifique : la viande
est en principe uniquement celle du poulet ou du coq. Concernant les légumes, on
l’agrémente de choux, et de haricots kabyles, une fève au goût très doux. Yennayer est
une grande fête, accompagnée le plus souvent d’un carnaval. La tradition veut aussi que ce
soit à cette date que chacun se fasse la première coupe de cheveux de l'année. Cette
fête
est
célébrée
par
tous
les
Imazighen, y compris en France.
En Afrique du Nord, les saisons sont un peu différentes de celles d'Europe. Ainsi, si l'on
repasse à la chaux les murs de la maison, c'est qu'avec le retour de températures plus
clémentes, le foyer servira moins et ne les salira pas par sa suie. Quant au repas, il
marque la fin d'une période difficile, pendant laquelle il a fallu se priver. Le but de cette
fête
est
d'attirer
l'abondance
pour
la
saison
à
venir.
Yennayer correspond au solstice d’hiver, c’est-à-dire en Europe à Noël et au Nouvel an.
Ce ne sont que des réformes de calendrier qui ont provoqué des changements de dates.
Avant la révolution française, Noël était le début de l’année pour les chrétiens, et le
nouvel an a été décrété sous la révolution française. Les Imazighen ont conservé
l’ancienne date, qui correspondait autrefois au jour le plus court de l’année.
Amenzu n tfsut, premier jour de printemps, vers 15 furar (27 février)
Fête de la rencontre du printemps. On fait des feux de joie, et le repas traditionnel est
constitué de légumes et de fruits secs. Un couscous particulier, cuit à la vapeur, est
préparé à cette occasion. Le printemps est une période difficile : dans les villages, il faut
faire la soudure alimentaire.
Nnissan,
Du
27
yebrir
au
3
mayyun
(9
au
15
mai).
Fête de la fécondité de la terre et de la fortification du bétail. On s’expose alors
volontairement à la pluie. C’est durant cette période que l’on appelle Anzar en cas de
sécheresse (rituel d'obtention de la pluie). Cette fête correspond probablement à la
célébration ancienne de l’équinoxe de printemps.
L’Ensra,
l’einsla,
24
Yunyu
(7
juillet).
Fête du solstice d’été. En Kabylie, on procède à la fumigation des arbres fruitiers. On
fait également des feux de joie.
Awussu, du 12 Yunyu au 22 yuct (du 24 juillet au 4 septembre).
Entrée de la canicule. Cette fête est encore célébrée en Tunisie et en Libye. Elle a pour
but de prévenir et de guérir des maladies. On y pratique un rituel d’aspersion, l’eau étant
considérée comme purificatrice. Durant la période chaude, aucune culture n'est possible,
le soleil étant brûlant en Afrique du Nord.
Amenzu
n
tyerza,
17
Ktuber
(29
octobre).
Fête des labours. C’est le début des labours, et des semailles pour l’année suivante. Elle
correspond à l'équinoxe d'hiver. Elle n'est pas sans rappeler les "feux de la Saint Jean",
qui annoncent l'hiver en occident.
On le voit, ce calendrier est entièrement fondé sur l'alternance des saisons. Il fait penser aux
"saisons des mois" que connaissait le moyen âge occidental, et qui figure encore sur les portails
des cathédrales d'occident. C'est le calendrier de l'agriculteur. La terre est un acteur central,
mais sa relative pauvreté et la dureté du climat implique des fêtes communautaires, qui, par leur
convivialités, entretiennent les liens sociaux. Par certaines fêtes, on cherche aussi provoquer
l'abondance. Cet aspect communautaire est d'ailleurs indispensable à la survie de tous, fragile
équilibre entre les hommes et la nature.
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2. Yennayer
Introduction
Comment décrire Yennayer ? Si le calendrier berbère pose comme date de début 950 avant J.C., date de la victoire du chef berbère Chachnak premier (ou Shéchonq) sur le pharaon d'Egypte,
cette fête remonte à bien avant cet événement historique, qui n'est d'ailleurs pas daté avec
précision. Son origine se perd dans la nuit des temps. Elle est célébrée sans doute depuis la
préhistoire.
Depuis quelques années, elle connaît même un vrai regain, puisqu'elle est considérée comme une
revendication identitaire par les Imazighen.
Sans prétendre épuiser le sujet, nous vous proposons dans cette page quelques explications. Afin
de comprendre son sens, il convient de connaître son origine et les rituels qui, dans le passé,
l’accompagnait. Beaucoup d’entre eux sont restés en vigueur de nos jours.
Le sens profond de Yennayer.
Yennayer est la première porte de l’année. On la célèbre le 12 ou le 13 janvier. Les rites et fêtes
peuvent dans certaines régions s'étendre sur une semaine.
Dans le calendrier amazigh, il existe quatre portes, qui correspondent au début des saisons pour
les sociétés du Nord. Elles signifient un passage d’un état à un autre et font référence à un très
ancien calendrier agraire. Ces portes attestent que les hommes avaient acquis un savoir certain
en astronomie dès la préhistoire. Yennayer correspond en effet très exactement au solstice
d’hiver. C’est à ce moment que le soleil est le plus bas sur l’horizon à midi mais aussi que sa
position est orientée le plus au Nord. C’est aussi le jour le plus court de l’année. Dès le lendemain,
le jour gagne un peu moins d’une minute sur la nuit. Qu’il soit à la fois la fin du cycle de l’année et
son renouveau se comprend alors aisément.
On ne sait pas comment les hommes ont découvert le solstice d’hiver, faute d’études sur ce point.
Dans l’univers ancien, les planètes et les étoiles étaient aussi observés par les hommes. Comme
les planètes s’écartent peu du trajet du soleil dans le ciel – l’écliptique – il est possible que les
anciens aient pu remarquer leurs parcours dans le ciel et en tirer des conclusions. Il est possible
également que le suivi de la position de certaines étoiles selon les saisons les aient aidés. Ce qui
est certain, c’est qu’ils connaissaient les solstices et équinoxes dès la préhistoire, et plus
précisément dès le néolithique. Les quelques monuments et tombes qui nous sont parvenus de
cette époque sont tous orientés selon les quatre points cardinaux et ceci tant en Afrique qu'en
Europe. Il est très probable qu'à partir du moment où les hommes ont inventé l'agriculture et
l'élevage, ils se sont rendu compte que la croissance des plantes correspondait à un cycle annuel.
A partir de là, ils ont déterminé des dates particulières dans ce cycle infini. Le temps du
calendrier amazigh est en effet un temps cosmique, uniquement rythmé par les saisons.
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Il est assez admirable que les anciens Imazighen aient trouvé la date du solstice d’hiver avec une
bonne précision. En effet, dans les jours qui précédent et suivent cette date, la différence de
durée entre le jour et la nuit est inférieure à la minute. De plus si on suit l’ancien calendrier selon
les années, par suite de légères variations de la terre sur son orbite le solstice d’hiver peut
effectivement ne pas avoir lieu le 12 janvier, mais le 13 janvier, ce qu’a gardé la tradition.
Yennayer correspond aussi à la fin du de la saison froide. Cette période s'étend, en Afrique du
Nord, du 13 décembre au 22 janvier. C'est le début de la dernière décade de cette période, et
le fait que l'on compte en décade est un emprunt au calendrier romain. Les Romains comptaient
les jours par dix, et non en semaines.
En tant que début de l’année, Yennayer est la fête de la fécondité de la nature. C'est une prière
à la terre et à ses génies. Si l'homme cultive la terre, il sait que les éléments, tels la pluie ou la
sécheresse peuvent soit permettre des récoltes exceptionnelles, soit entraîner des
catastrophes. Honorer par une fête la terre nourricière, c'est à la fois la remercier pour sa
prodigalité, et lui adresser une supplique pour qu'elle continue à être prodigue.
Tous les rites associés à Yennayer vont dans ce sens.
Pour nourrir les hommes, plantes et animaux doivent d'abord croître et se reproduire. Ensuite les
hommes prélèveront leur part. Aussi, les mariages aux environs de la période de Yennayer
étaient inconcevables. C'est pour cette raison que dans la société traditionnelle, ils n’avaient lieu
qu’en été, après les récoltes.
Dans certaines régions, c’est à partir de cette date que l’on laboure et que l’on sème (Aurès,
Maroc).En Kabylie les semailles ont été faites avant l’hiver.
Rites et coutumes associés à Yennayer.
Quand arrive Yennayer, toute tâche entreprise dans l’année précédente doit être terminée
puisque c'est la fin d'un cycle. C’est notamment le cas du tissage fait par les femmes en Kabylie
et dans les Aurès. En Kabylie les tapis et burnous doivent être terminés et, dans les Aurès, le
hembel (tapis en poil de chèvre ou de chameaux) et la kachabia (manteau chaouia). Le travail des
femmes est associé à la terre, mère nourricière. La femme est l'interlocutrice entre les humains
et les génies de la terre. Terminer ses travaux, c'est à la fois clore l'année précédente et
préparer la nouvelle année. C’est aussi s’assurer que l’équilibre entre le monde des esprits et celui
des humains est respecté.
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Suivant les régions Yennayer est fêté de différentes manières :
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Les femmes parent la maison de végétaux. On invite les enfants à cueillir les premières
fleurs sauvages afin d’en faire des bouquets. En Kabylie on dispose sur le toit des maisons
des rameaux de genêts. Cette plante est réputée pour éloigner les mauvais esprits.
On remplace dans la maison tout ce qui est vieux et usé. On change les pierres du foyer
(kanun). On repeint les murs à la chaux, ce qui a l’avantage d’éloigner les insectes
nuisibles. Comme Yennayer correspond au retour de la saison clémente, le feu ne salira
pas par sa suie les murs de la maison. On en profite, si nécessaire, pour réparer la toiture
et les murs.
C’est à cette date que les hommes décident de participer à une touiza, opération
d’entraide entre les habitants pour la construction d’une maison ou d’une étable. On
commence les travaux à cette période afin de s’assurer que la prospérité et l’abondance y
régneront.
Les femmes nettoient de fond en comble la maison. La literie fait l’objet d’une attention
particulière, ainsi que les vêtements. Une propreté impeccable est de rigueur. Les
hommes sont exclus de la maison pendant tous les préparatifs (nettoyage de la maison,
préparation du repas). Ceci correspond au fait que les femmes, qui intercèdent avec les
esprits, purifient la maison par leurs actions. Les hommes, étrangers à cette médiation,
pourraient perturber cette purification spirituelle par leur présence.
Si on en a les moyens, c’est à ce moment que l’on achète de nouveaux ustensiles de
cuisines. Puisque les ustensiles de cuisine servent à la préparation de la nourriture, en
acquérir de nouveaux est présage d’abondance. Par le passé, c’était aux hommes de faire
le marché et d’acheter ces ustensiles.
C’est aussi à cette date que l’on fait la première coupe de cheveux de l’année. Ceci est
valable pour les nouveaux né : on ne coupe pas les cheveux d’un bébé né dans l’année avant
cette date, puisque ce serait un mauvais présage pour sa croissance et sa santé. En ce qui
concerne les enfants et adultes, c’est aussi le moment de se couper les cheveux pour la
première fois dans l’année. Entretenir sa chevelure est un gage de propreté, qui montre
que concrètement Yennayer est une fête de purification. On dit aussi, concernant la
coupe de cheveux des garçons, qu'il est comme l'arbre. Cette coupe de cheveux lui
permettra de mieux croître, tout comme l'arbre taillé pousse avec plus de vigueur. Dans
l'ancienne société on pensait que cette coupe de cheveux éloignait les mauvais esprits
puisque ceux-ci étaient réputés se fixer dans les cheveux. Cette coutume n’est pas
fausse : les poux adorent les cheveux, et une coupe courte est une mesure prophylactique
efficace contre ces parasites.
On achète des nouveaux vêtements pour les enfants. Il est important que pour cette
fête, ils soient correctement vêtus, et plus particulièrement les jeunes filles.
En Tunisie Yennayer est connu sous le nom de "aïd essaba" la fête de l'abondance 12 et
13 janvier. On le célèbre à Djerba, une des rares communautés tunisiennes qui a gardé la
tradition amazighe. Des mets spécifiques sont préparés pour cette fête. C'est le jour ou
on reçoit la famille et les amis. Elle est rattachée à la naissance du Prophète Mohammed.
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La fête de Yennayer est aussi l'objet d'interdits. Il ne faut pas balayer dans la maison ce jour là,
pour ne pas effrayer les esprits bénéfiques qui voudraient élire domicile dans la maison. Il ne
faut pas sortir les braises du feu, ce qui aurait pour effet de chasser les bons esprits déjà
installés dans la maison, et qui comme les humains, viennent se chauffer et se nourrir autour du
kanun. Il faut s'abstenir de parler de la misère, de la sécheresse, de la faim... De tels propos
pourraient attirer ces calamités pour l'année à venir.
Le repas de Yennayer.
Yennayer c’est aussi le repas. Il marque la fin d'une période difficile, pendant laquelle il a fallu se
priver. Le but de cette fête est d'attirer l'abondance pour la saison à venir et pour cela il faut
manger correctement. Le couscous fait donc l’objet de préparations spécifiques. On prépare
aussi à cette occasion d’autres mets spécifiques.
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Dans certaines régions, on commence la célébration par un bouillon uniquement garni de
légumes qui est servi dans les jours qui précédent la fête. On prépare notamment au
Maroc un couscous spécial dit « aux sept légumes » sans viande.
Le jour de Yennayer, le repas doit être copieux, dans l’espoir que l’année sera abondante.
Tout le monde doit manger à satiété. Dans les Aurès on dit à un enfant qui refuse de
manger que l'ogresse des montagnes va venir le chercher pour lui remplir le ventre de
foin. En Kabylie, la viande servie est exclusivement celle du coq. Celui-ci doit être égorgé,
en signe de sacrifice. Un grand repas commun a lieu dans chaque village. Chacun amène
son coq. Si on est riche, on en amène plusieurs. Leur viande servira à nourrir ceux qui
n’ont pas les moyens d’en amener un, mais qui bien entendu, sont de la fête, et pour
l'occasion auront de la viande. Plus rarement on égorge un mouton. Dans les Aurès cette
pratique est assez courante, mais elle est exclue en Kabylie. En ce qui concerne les
légumes, en Kabylie on prépare une garniture spécifique, à base de choux et des délicieux
haricots kabyles, une fève au goût très doux. Le couscous ne doit pas comporter de
condiments trop forts. S’il est évidemment d’usage de l’agrémenter avec du piment vert,
connu pour être particulièrement fort, celui-ci ne doit être qu’utilisé qu’en petite
quantité. Une nourriture trop épicée pourrait attirer, selon les croyances, le feu sur les
récoltes à venir ou la sécheresse.
Yennayer est aussi la fête des enfants. On prépare pour eux de délicieux beignets. Dans
maintes régions a lieu un carnaval. Par le passé, en Kabylie, les enfants se grimaient et
allaient frapper aux portes des maisons. On leur donnait des friandises : beignets, fruits,
gâteaux et bonbons.
Le midi, on mange en famille. Le souper est un grand repas communautaire qui regroupe
tout le village (Aurès). En cas de çof opposés dans un village(Kabylie), chaque çof
mangeait et fêtait séparément, pour éviter les conflits entre fractions, qui ne doivent
pas se manifester ce jour là.
Partout on garnit les tables de fruits secs, dont des dattes.
Dans le passé, on mettait un peu de nourriture dans le métier à tisser (azzeta), dans la
meule (Thisirth) et dans le foyer (Kanoun). Par ce don il s'agissait de nourrir les esprits
bénéfiques.
Dans les Aurès on prépare certains plats spécifiques : le cherchem, à base de blé bouilli,
la chekhchoukha, plat à base de galette écrasée arrosée de sauce préparée avec de la
viande et des légumes et l’Kila, semoule agrémentée de viande séchée qui est connue en
Kabylie sous le nom de Berkouk. Ces plats sont très longs à préparer.
Un peu partout, on prépare aussi d'autres mets tel uftiyen (soupe préparée à partir de
pois chiches, de fèves et de pois cassés), de la talabagat (viande hachée), accompagnés
d'un aghaghe (jus de légumes), de tagalla (pain), et de tighrifin (crêpes).
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Après le repas, c’est le moment des jeux de société traditionnels. Le soir, on raconte aux enfants
des contes, et surtout ceux de Thamza n’Oudhrer, l’ogresse de la montagne (Aurès), connut en
Kabylie sous le nom de Tériel.
La légende de la vieille dame.
Il existe des légendes associées à Yennayer. La plus connue est l'histoire d'une vieille femme
(laadjouza) qui, sortant un jour de soleil et croyant l'hiver passé, s'est moquée de lui. L'hiver,
furieux, demanda à Furar, premier mois du printemps, de lui prêter deux jours pour se venger. Il
envoya un violent orage qui, selon certaines versions, a emporté la vieille femme dans les flots,
ou, selon d'autres, l'a transformée en une statue de pierre. C'est ainsi que le mois de Yennayer
s'est prolongé jusqu'au 11 février alors qu'il devait s'arrêter le 9 février. Cette légende semble
dire qu'il ne faut pas se moquer du cycle des saisons. Une autre interprétation vient de la nature
même de l'hiver, selon les anciennes croyances. C'est durant cette saison que les esprits
fécondent la terre en repos. Aussi les moqueries de la vieille femme pourraient être interprétées
comme un manque de respect aux puissances naturelles, d'autant que la femme est une
médiatrice de celles-ci.
Yennayer aujourd'hui
Cette fête est célébrée partout par les Imazighen, que ce soit dans leur pays d’origine (Maroc,
Algérie, îles Canaries) ou parmi la diaspora (France, Canada… ). Les Touaregs de l’Ahaggar la
célèbre également encore aujourd'hui.
Malgré son importance, elle n’est malheureusement pas un jour férié officiel en Algérie et au
Maroc. En Kabylie, la population s’octroie elle-même un jour de congé par une grève générale.
Chaque année, elle donne lieu à d’importantes fêtes dans les Aurès, mais aussi au Maroc et aux
îles Canaries. En France, en Belgique, au Canada, la plupart des associations de culture amazighe
la célèbre.
Pour les Imazighen, célébrer Yennayer, c'est montrer leur revendication identitaire. Ceci
explique son renouveau, parce que trop longtemps, cette fête s'est retrouvée reléguée comme un
folklore local. Son sens profond s'adresse, par delà les Imazighen, à toute l'humanité. Fête du
renouveau, c'est aussi une fête de la fraternité, et qui n'est pas amazigh est accueilli
chaleureusement. Dans le repas commun, et dans ce jour d'amitié, chacun peut retrouver un
climat particulier, marqué par la tolérance et le respect de l'autre, sans différence de classe
sociale. Fêter la terre nourricière est ouvert à tous, puisque universel, tout simplement.
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