Le transformateur - sur le site de Claude Lahache
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Le transformateur - sur le site de Claude Lahache
1 . Le transformateur : Constitution et principe. Un transformateur comporte au minimum 2 enroulements isolés entre eux et étroitement couplés par un circuit magnétique. L’enroulement primaire (indices 1) est alimenté en régime variable ; il crée un flux Φ dans le fer de la carcasse. v1 Tant que Φ varie dans le temps, l’enroulement secondaire (indices 2) est le siège d’une fém induite (loi de Lenz) ; il débite un courant induit s’il est connecté à une charge. i1 i2 N1 Le courant induit au secondaire (i2) s’oppose à la cause qui lui a donné naissance : Si i1 est chargé de magnétiser la carcasse, le rôle de i2 est de la démagnétiser. N2 v2 section S Le transformateur peut être abaisseur (tension secondaire inférieure à la tension primaire) ou élévateur. Il est (en théorie) parfaitement réversible : Primaire et secondaire peuvent être permutés ; attention toutefois aux tensions maximales supportables par chacun des enroulements. i1 Symbolisme normalisé. v1 i2 v2 i1 v1 i2 v2 Remarque : Repérage des bornes homologues par des points : On convient parfois de repérer les bornes de même polarité instantanée par des points ; par ex, sur le symbole ci-dessus à gauche, le repérage indique que si les tensions v1 et v2 sont sinusoïdales, alors elles sont en phase. 2 . Caractéristiques principales – Fonctionnement en charge. Le constructeur fournit les informations suivantes : - Tension efficace nominale d’alimentation du primaire ; (V1N) - Tension efficace disponible en charge nominale au secondaire ; (V2N) - Puissance apparente nominale. (S2N) Ces grandeurs permettent de prévoir le point de fonctionnement nominal. Exemple : 230V – 24V – 48VA V1N = 230V ; V2N = 24V ; S2N = V2N.I2N = 48VA, soit I2N = 2A. Ce transformateur peut fournir 48W à une charge purement résistive, mais sûrement moins à une charge dont le facteur de puissance est inférieur à 1 ! Caractéristique de sortie typique Elle est assez peu linéaire ; V − V2 N est de l’ordre La chute de tension relative 2V V2V de 10 à 20% pour les petits transformateurs (< 50VA) ; elle est beaucoup plus faible pour les gros : Moins de 5% pour S > 50kVA. V2(V) V2V V2N I2(A) 0 I2N Aspect énergétique. Le rendement d’un transformateur dépend de sa taille : Il est de l’ordre de 70 à 80% pour les petits transformateurs (< 50VA) ; il peut atteindre 98% pour les plus gros (> 100kVA). Les pertes ont 2 origines : - Les pertes dans les enroulements, dites pertes cuivre, liées à l’effet Joule produit par les courants. - Les pertes dans le circuit magnétique, dites pertes fer, dues aux phénomènes d’hystérésis et aux courants de Foucault. Les pertes par hystérésis sont minimisées par l’utilisation de matériaux magnétiques doux, c’est à dire à cycle d’hystérésis étroit ; les pertes par courants de Foucault sont amoindries par l’emploi de tôles émaillées (feuilletage), constituées d’alliages Fe – Si. 3 . Le transformateur parfait. L’approximation du transformateur parfait. Elle consiste à négliger les pertes dont il peut être le siège : • Pas de pertes cuivre : On néglige la résistance des enroulements. • Pas de pertes fer : Le circuit magnétique n’est le siège d’aucun hystérésis ni de courants de Foucault ; le matériau magnétique dont il est fait est linéaire, non saturable et canalise tout le flux magnétique (perméabilité infinie) En conséquence, le transformateur parfait, non chargé, n’absorbe aucun courant primaire ; la tension efficace secondaire reste la même, à vide ou en charge. La tension aux bornes d’un enroulement est donc donnée par la formule de Boucherot : V ≈ 4,44.BMAX.N.S.f ; à fréquence de travail donnée, cette tension n’est liée qu’au nombre de spires de l’enroulement. Équations du transformateur parfait. Soit un transformateur comportant N1 spires au primaire et N2 spires au secondaire, fonctionnant en régime sinusoïdal établi. D’après les hypothèses posées plus haut : V1 ≈ 4,44.BMAX.N1.S.f V2 ≈ 4,44.BMAX.N2.S.f i1 v1 i2 v2 V2 N = 2 = m ; m est le rapport de transformation. V1 N1 (Remarque : Avec le repérage des bornes du schéma, v1 et v2 sont en phase et donc v2 = m.v1) d’où Si N2 > N1, m > 1 , le transformateur est élévateur de tension. Si N2 < N1, m < 1 ; le transformateur est abaisseur de tension. Il y a transmission intégrale des puissances entre le primaire et le secondaire : Puissances actives P1 = P2, puissances réactives Q1 = Q2. D’où P12 + Q12 = P22 + Q22, soit S1 = S2, c’est à dire V1I1 = V2I2. I1 V = 2 = m I2 V1 Un transformateur abaisseur de tension est élévateur de courant dans le même rapport. On obtient enfin : En conséquence, on peut identifier visuellement l’enroulement basse tension d’un transformateur : Comme il sera traversé par des courants plus intenses que l’enroulement haute tension, il est bobiné avec du fil de plus forte section. i1 Si le transformateur est chargé au secondaire par une impédance Z (résistive et réactive), alors v2 est déphasée de 2 par rapport à i2. La puissance reçue par Z est P2 = V2.I2.cos 2 Comme P1 = P2 et V1.I1 = V2.I2 , V1.I1.cos D’où cos 1 1 = V2.I2.cos i2 v1 Z v2 2 = cos 2: Le déphasage courant tension est le même au primaire qu’au secondaire. Modélisations. i2 i1 Modèle vu du primaire : Soit un transformateur parfait, alimenté en sinusoïdal, et chargé par une impédance Z. Au secondaire, V2 = Z.I2 , avec V2 = mV1 et I1 = mI2 ; I I il vient m V1 = Z. 1 , soit V1 = Z. 1 . m m2 v1 Z v2 Z m2 Vu du primaire, un transformateur parfait chargé par une impédance Z est vu comme un impédance Z E = Modèle vu du secondaire : Considérons maintenant un transformateur parfait, alimenté en sinusoïdal par un générateur de Thévenin {eG ;ZG} ZG i1 v1 eG i2 v2 Au primaire : V1 = EG – ZG.I1 avec V2 = mV1 et I1 = mI2 , cette relation s’écrit : V2 = E G − ZG .m.I 2 , soit encore V 2 = m.E G − m 2 .ZG .I 2 m Vu du secondaire, le transformateur ainsi décrit est assimilable à un électromoteur de Thévenin de fém mEG et d’impédance interne m2ZG . 4 . Transformateur réel. Pour décrire un transformateur réel, il faut tenir compte de la résistance de ses enroulements primaires et secondaires, et des imperfections du circuit magnétique : Pertes par hystérésis et courants de Foucault, fuites de flux… Ceci conduit à un modèle de description plus complexe : i1 u1 R1 lf1 RF R2 LM v1 v2 lf2 i2 u2 Transformateur parfait R1, R2 : résistances des enroulements ; RF : résistance traduisant les pertes fer ; lf1, lf2 : inductances traduisant les fuites de flux ; LM : inductance rendant compte du courant magnétisant. (Pour être complet, il faudrait encore ajouter des capacités qui modélisent les couplages entre spires d’un même enroulement, et entre primaire et secondaire) Il existe également divers modèles plus ou moins simplifiés, dont le modèle de Kapp, qui ne tient pas compte du courant absorbé à vide (RF et LM sont négligées dans ce modèle) 5 . Le transformateur en régime impulsionnel. Ce mode de fonctionnement se rencontre dans les alimentations à découpage, ou dans les transformateurs d’impulsion, chargés de commander des thyristors. Le transformateur fonctionne en régime impulsionnel lorsque son primaire est alimenté par une source continue, au travers d’un interrupteur manœuvré périodiquement. (Le rapport durée d’ouverture / durée de fermeture par période peut être éventuellement réglable) Magnétisation. Etat initial : Transformateur démagnétisé, K ouvert, v1, v2, i1, i2 nulles. A une date origine (t = 0), on ferme K. VCC En considérant le transformateur comme parfait : di dϕ v1 = Vcc = L1 1 = N1 dt dt (L1 : Inductance propre primaire ; N1 : Nombre de spires au primaire ; : Flux à travers une section droite du circuit magnétique) V D’où ϕ( t ) = cc t (rampe de flux) N1 i1 i2 v1 v2 R K dϕ N = 2 Vcc = mVcc . dt N1 Pour les courants, il faut distinguer 2 cas : Secondaire à vide ou secondaire chargé. V Secondaire à vide : i2 = 0 ; i1 ne sert qu’à magnétiser le transformateur ; i1 = cc t , rampe de courant. L1 v V Vcc Secondaire chargé : i2 ≠ 0 ; au courant magnétisant t , il faut ajouter le courant mi 2 = m 2 = m 2 cc R R L1 V V soit, pour t > 0, i1 = m 2 cc + cc t . R L1 En régime de flux variable, il apparaît une tension secondaire v 2 = N 2 Chronogrammes : v1 Secondaire à vide v1 Vcc 0 i1 Secondaire chargé par R Vcc 0 i1 t t 2 m VCC/R 0 v2 t mVcc 0 i2 0 v2 t mVcc t 0 i2 t mVcc/R 0 t 0 t Remarque . Cette situation doit être interrompue avant la saturation du circuit magnétique : A l’état saturé, le circuit fonctionne à flux constant, ce qui annule v2, mais surtout, le primaire étant saturé, son inductance s’effondre, ce qui correspond à une forte augmentation de i1 (en théorie i1 → ∝) Démagnétisation. Le transformateur est initialement magnétisé. Cette phase débute à l’ouverture de l’interrupteur K (Cf. schéma page précédente). La continuité de l’énergie magnétique, soit du flux peut être assurée de 3 façons : - Démagnétisation par le primaire - Démagnétisation par le secondaire - Démagnétisation par enroulement auxiliaire. Examinons les 2 premiers modes de démagnétisation : Démagnétisation par le primaire Cette situation est impérative si le courant secondaire ne peut se propager. D1 v1 C’est le cas du montage de droite : Les diodes D et D1 ont un seuil de conduction de 0,7V et la diode zéner DZ1 régule à la tension UZ1. DZ1 v2 VCC K v1 trait plein v2 pointillés VCC A l’ouverture de K, v1 s’inverse afin d’assurer le passage de i1, provoquant ainsi la conduction de la boucle de roue libre {D1+DZ1} Durée de démagnétisation : t D = R u iD1 Etat initial : K fermé; v1 =VCC, i1 = I1m , v2 = mVCC , i2 = mVCC/R On a alors v1 = - UZ1 – 0,7V et i1 = iD1 amorce une décroissance linéaire : di v1 = L1 1 = −( U Z1 + 0,7) dt U + 0,7 .t Compte tenu de l’état initial : i1 = I1m − Z1 L1 Au secondaire, v2 = mv1 = -m(UZ1+ 0,7) D est bloquée et i2 = 0. Quand i1 s’annule, la démagnétisation est terminée ; v1 et v2 s’annulent également. D i2 i1 mVCC 0 tps -m(UZ1+0,7) -(UZ1+0,7) I1m i1 trait plein i2 pointillés 0 L1I1m U Z1 + 0,7 Démagnétisation par le secondaire. Voir un exemple de situation à droite. A l’ouverture de K, le courant secondaire i2 peut assurer la continuité de l’énergie. i1 s’annule brusquement ; le flux devient décroissant, provoquant le changement de polarité de v1 et v2. tps tD i1 i2 v1 v2 R VCC K i2 change de sens et s’amortit exponentiellement au travers de R. VCC Ce mode de démagnétisation n’est réellement total qu’au bout d’une durée infinie. v1 trait plein v2 pointillés mVCC 0 I1m 0 tps i1 trait plein i2 pointillés tps 6 . Le transformateur d’impulsion. C’est un transformateur de faibles dimensions (≈ 1cm3), utilisé en électronique de puissance, pour la commande de thyristors. On donne ci-contre un schéma classique d’utilisation : Le générateur eG délivre des impulsions rectangulaires, positives, de hauteur VCC, de durée T1 et de périodicité TG. D i2 G i1 D1 L’objectif est d’envoyer une impulsion de courant de hauteur et de durée suffisantes sur la gâchette du thyristor afin de le rendre conducteur. L’utilisation d’une commande au travers d’un transformateur permet d’isoler totalement le circuit de commande et le circuit de puissance. Le rapport de transformation m est souvent égal à 1. A +VCC vAK v1 DZ1 v2 vGK iD1 K RB iB circuit de puissance Tr eG Le transistor TR fonctionne en interrupteur (régime bloqué ou saturé) Le cycle de fonctionnement normal (période TG) comporte 3 phases : - Passage de l’impulsion (durée 0 à T1) eG = Vcc doit assurer la saturation du transistor ; ainsi, v1 = Vcc et i1 croit. (voir page 4 pour l’explication de sa forme) Le transformateur se magnétise (flux croissant) : v1 = Vcc entraîne v2 = mVcc ; Un courant de gachette, d’intensité i2 = iG peut circuler dans la maille secondaire. - Démagnétisation totale du transformateur (durée T1 à TD) A T1, eG repasse à 0V ; l’annulation du courant de base du transistor provoque son blocage immédiat. Il s’établit une phase de roue libre par D1 et DZ1 ; i1 décroit linéairement , v1 et v2 s’inversent, provoquant la disparition de i2 (D bloquée) - Repos (durée TD à TG) Les courants i1 et i2 sont nuls ; le transformateur est totalement démagnétisé. Cette étape est nécessaire, afin d’éviter la saturation du circuit magnétique au bout de quelques périodes. eG VCC 0 v1 T1 TG t i1 VCC 0 T1 TD TG t T1 TD TG t -(UZ+0,7) v2 i2 mVCC iG 0 -m(UZ+0,7) Conditions restrictives. Le transistor doit rester saturé pendant la 1ère phase (passage de l’impulsion). Le courant de base est constant et le courant collecteur croit : Cette phase doit être nécessairement limitée, de telle sorte que les conditions de saturation soient maintenues. Si le transistor passait en régime linéaire, le courant collecteur serait constant, de même que le flux magnétique ; on aurait ainsi v1 = v2 = 0V et le transistor devrait dissiper une forte puissance (Vcc.I1max) Le transformateur ne doit pas saturer pendant la phase de passage de l’impulsion. dϕ V v flux soit ϕ( t ) = 1 t = cc t v1 = N1. dt N1 N1 SAT On doit toujours vérifier (t) < SAT V soit, pour la date T1 : cc T1 < ϕSAT N1 ce qui peut aussi s’écrire : VCC.T1 < N1. SAT La surface de l’impulsion à transmettre (VCC.T1) doit être limitée. La constante N1. SAT est une caractéristique constructeur importante pour un transformateur d’impulsion : Elle est habituellement nommée produit E.T du transformateur. Son ordre de grandeur est de 500 à 1500Vs. 0 excitation courbe d’aimantation du circuit magnétique Dans le cas ou VCC.T1 dépasserait le produit E.T, le transformateur passerait en régime de flux constant, avec annulation des tensions au primaire et au secondaire ; les conséquences seraient les mêmes qu’une perte de saturation du transistor de découpage.