6. LE ROMAN DE 1919 A 1939 1. LE ROMAN FLEUVE Héritier des

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6. LE ROMAN DE 1919 A 1939 1. LE ROMAN FLEUVE Héritier des
6. LE ROMAN DE 1919 A 1939
1. LE ROMAN FLEUVE
Héritier des plus grandes fresques comme le fit Balzac (la Comédie humaine) ou Zola (les
Rougon Macquart), les romans fleuves sont des œuvres psychologiques (décrivent des
destins individuels) et historiques (reflète la réalité sociale de leur temps). A travers un cycle
de plusieurs romans, un auteur peut ainsi peindre une grande fresque : trois écrivains
s’illustrent dans ce registre.
1.1. ROGER MARTIN DU GARD (1881-1958)
Son grand cycle retrace l’histoire d’une famille autour de la 1ère Guerre mondiale.
1922-1940 : Les Thibault (8 volumes)
1922 : Le Cahier gris
1936 : L’Eté 14
1940 : Epilogue
1.2. GEORGES DUHAMEL (1884-1966)
Son cycle Chronique des Pasquier (10 titres de 19333 à 1945), autour d’un personnage
principal fait se croiser une multitude de destinées
1933 : Le Notaire du Havre
1941 : La Passion de Joseph Pasquier
Georges Duhamel est aussi l’auteur de poésies et reçu en 1918, le prix Goncourt pour
Civilisation.
1.3. JULES ROMAIN (1885-1972)
Inspiré par son « unanimisme » (cf. poésie), Jules Romain renonce à un personnage central
pour son grand cycle Les hommes de bonne Volonté (27 volumes de 1932 à 1946).
1935 : La Montée des Périls
Outre la poésie, il fut aussi l’auteur de la pièce à succès Knock
A ces trois noms, il faut ajouter Louis Aragon pour son cycle Le Monde réel
1.4. LOUIS ARAGON
Rompant avec le surréalisme, l’œuvre d’Aragon prendra davantage la forme du roman
réaliste.
1934 : Les Cloches de Bâle
1936 : Les beaux Quartiers
1942 : Les Voyageurs de l’Impériale
1944 : Aurélien
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1949-1951 : Le Cycle des Communistes (réécrit en 1967). Ce cycle couronne le cycle
plus vaste du Monde réel.
A la fin de sa vie, sous l’influence des nouveaux romanciers , Aragon publiera des romans de
« facture très nouvelle utilisant la fiction pour élucider la complexité de l’humain. » ( H. M.)
1958 : La Semaine Sainte
1965 : La Mise à Mort
1967 : Blanche ou l’oubli
1974 : Théâtre-Roman
2. LE ROMAN ECHO DU SOCIAL
Prolongeant la littérature progressiste des naturalistes, quelques œuvres intéressantes prennent
corps, voire quelques auteurs.
2. 1. ŒUVRES ATYPIQUES
1926 : Bella (roman du dramaturge Jean Giraudoux)
1931 : Saint Saturnin de Jean Schlumberger (1877-1968)
1932 : Héritages d’André Chamson (1900-1983)
2.2. UN AUTEUR : PAUL NIZAN (1905-1940)
Compagnon de Sartre à l’Ecole normale supérieure, il adhère au PCF qu’il quitte en 1939 (il
désapprouve le pacte germano-soviétique) avant de mourir au combat à Dunkerque.
1932 : Les Chiens de Garde
1938 : La Conspiration
Sa vision assez tragique de la vie apparaît dans cette phrase : « Moi aussi j’ai eu vingt ans. Et
je ne laisserai jamais personne affirmer que c’est le plus bel âge de la vie »
2.3. UN GENRE LE ROMAN DE LA RUE
Né d’écrivains de gauche, mais non marxistes, un roman de type plus populiste voit le jour : le
roman de rue dont Carco est le meilleur représentant.
2.3.1. FRANCIS CARCO (1886-1958)
1922 : L’Homme traqué
1929 : Hôtel du Nord (prix populiste
1930 : La Rue
1930 : P ‘tit Louis
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1932 : Villa Oasis
1935 : Brumes (adapté au cinéma par Carné avec Gabin sous le titre Quia des Brumes,
1938)
2.3.2. LOUIS GUILLOUX (1899-1980)
1927 : La Maison du Peuple
1935 : Le Sang noir
1942 : Le Pain des Rêves
1949 : Le Jeu de Patience (prix Renaudot)
2.3.3. GEORGES SIMENON (1903-1989)
Que ce soit dans ses romans policiers (Maigret) ou dans ses autres œuvres (1400 romans
au total), Simenon a toujours donné la priorité à l’atmosphère (décor de grisaille de rue
mouillée par la pluie) et à l’analyse de la crise psychologique qui conduit les personnages
au drame. Ses premiers romans (citons La Nuit du Carrefour adapté à l’écran dès 1930
par Jean Renoir) appartiennent à cette veine populiste
3. LES ROMANCIERS CHRETIENS
On a vu à la fin du XIXe siècle et plus encore au début du XXe siècle ce que la critique a
appelé « un renouveau chrétien » qui prit la forme d’une visibilité sans précédent
d’auteurs qui manifestèrent leur foi.
Chrétienne (généralement catholique). Signalons que ce mouvement fut d’autant plus
prosélyte qu’il fut animé par des convertis.
Voici quelques conversions qui marquent le monde des lettres :
· Francis Jammes
· Charles Péguy (passé du socialisme au catholicisme en passant par le
nationalisme)
· Paul Claudel
· Max Jacob
· Jean Cocteau
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En philosophie, on a vu en Allemagne, la conversion de l’inventeur de la
phénoménologie, Husserl, et de son élève, Edith Stein (elle deviendra carmélite
sous le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix et mourra dans un camp
d’extermination en raison de sa naissance juive ; elle fut canonisée en 1998 par
Jean-Paul II.
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En France, le philosophe Henri Bergson, partant d’une pensée totalement antiidéaliste (pour ses ennemis matérialistes) et d’une tradition juive se serait à la fin
de sa vie converti au catholicisme s’il n’avait pas pressenti qu’existentiellement il
fallait rester dans le camp des persécutés plutôt que dans celui qui aurait pu avoir
la tentation de la persécution. De même la philosophe Simone Weil (élève
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d’Alain) prenant fait et cause pour le socialisme et le front populaire, se
rapprochera du catholicisme, sans jamais se convertir.
C’est dans ce climat qu’émergea une nouvelle génération de romanciers chrétiens.
Romanciers profonds et libres, ils ne sombreront jamais dans le prêchi prêcha ; et par leur
analyse sans concession de l’âme humaine, ils ont été plus que les écrivains marxistes, les
précurseurs de l’existentialisme.
3.1. FRANÇOIS MAURIAC (1885-1970)
Mauriac ne veut pas être « un romancier catholique », mais « un catholique qui écrit des
romans ». Ce n’est donc pas un christianisme à thèse qu’il développe, ni un catholicisme
confortable. Ce sont les thèses qu’il « vomit », selon le mot terrible de l’écriture. Son univers
décrit les angoisses d’une petite bourgeoisie de province qui refuse la bonne conscience. Il a
été à la fois libéral, résistant et gaulliste.
Ses romans :
1922 : Le baiser au Lépreux
1922 : Génitrix
1927 : Thérèse Desqueyroux (adapté au cinéma en 1942 par Georges Franju avec P.
Noiret)
1932 : Le Nœud de Vipères
1941 : La Pharisienne
1951 : Le Sagonin
1952 : Galigaï
1952 : il reçoit le prix Nobel de littérature
1969 : Un Adolescent d’autrefois
Ses essais et témoignages
1928 : Vie de Jean Racine
1929 : Dieu et Mammon
1931 : Blaise Pascal et sa sœur Jacqueline
1934 : Premier volume d’un journal
1959 : Mémoires intérieurs
1965 : Nouveaux Mémoires intérieurs
1967 : Mémoires politiques
1958- 1971 : Blocs-Notes
3.2. GEORGES BERNANOS (1888-1948)
Passionné de grandeur et de liberté, Georges Bernanos s’inscrit dans la lignée spirituelle de
Péguy qu’il cite souvent, bien qu’il soit issu d’un milieu social et politique opposé. D’une
famille plutôt aisée, il commence par se dire royaliste et se trouve assez proche de l’extrême
droite. En 1936, au début de la guerre d’Espagne, il manifeste des sympathies franquistes,
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mais face aux méthodes de ces derniers il rejoint le camp républicain et publie un livre qui
fera date dans la littérature d’idées du XXe siècle : Les grands Cimetières sous la Lune.
Comme Mauriac, avec la même intransigeance, mais beaucoup plus de virulence, il fut un
polémiste lucide jusque dans ses excès.
1926 : Sous le Soleil de Satan (roman qui a été adapté au cinéma par Maurice Pialat
en 1987 avec G. Depardieu. Il fut Palme d’or)
1929 : La Joie
1931 : La grande Peur des bien-Pensants
1935 : Un Crime (roman)
1936 : Journal d’un Curé de Campagne (roman ; chef d’œuvre adapté au cinéma en
1950 par Robert Bresson, film, lui aussi un chef d’œuvre)
1937 : Nouvelle Histoire de Mouchette
1938 : Les grands Cimetières sous la Lune
1940 : Les Enfants humiliés (essai)
1946 : Monsieur Ouine (roman)
1949 : Le Dialogue des Carmélites (théâtre)
1950 : Un mauvais Rêve (roman)
3.3 JULIEN GREEN (1900-1988)
Romancier de nationalité américaine, il fut le premier étranger à siéger à l’académie
française. Après des études à Paris, il résidera en France. Parfaitement bilingue, il écrit son
œuvre essentiellement en langue française.
Œuvre qui sera marqué par deux éléments qui en font une personnalité déchirée (crucifiée ?) :
un catholicisme fervent et une homosexualité.
Plus encore que ses romans, son œuvre la plus importante reste son Journal (10 volumes écrits
entre 1926 et 1976) qui brosse un panorama irremplaçable de la vie littéraire, artistique et
religieuse de Paris.
1927 : Adrienne Mesurat
1929 : Léviathan (adapté au cinéma, il en écrira lui-même le scripte)
1934 : Le Visionnaire
1950 : Moïra
1984 : Jeunes Années
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