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Dossier pédagogique Constellations De Nick Payne Mise en scène d’Arnaud Anckaert 19 février 2015 Centre culturel André Malraux de Jeumont (20h) - Dossier réalisé par Johann Plouvier, professeur de Lettres et de Théâtre au Lycée André Lurçat (Maubeuge), missionné au Théâtre du Manège par la Délégation académique aux arts et à la culture- 1 Nick Payne Nick Payne est un jeune auteur anglais. Né en 1984, il a suivi des études de dramaturgie à l’Université de York puis à la Central School of Speech and Drama avant de suivre le programme des jeunes auteurs au théâtre du Royal Court à Londres. Il remporte en 2009 le Prix George Devine consacré aux premières œuvres pour la pièce If There Is I Havent’ Found It Yet, créée au Bush Theatre dans une mise en scène de Josie Rourke. Nick Payne fait ensuite ses premiers pas au Royal Court en 2010 avec la comédie Wanderlust. En 2011, la compagnie Paines Plough lui passe commande de la pièce One Day When We Were Young, créée à Londres avant de tourner en région. En janvier 2012, Constellations est créée au Royal Court dans une mise en scène de Michael Longhurst avec Rafe Spall et Sally Hawkins. En novembre 2012, elle est couronnée meilleure pièce de l’année par le London Evening Standard e spe ta le en ensé par la critique, est repris pendant plusieurs mois dans le West End. La pièce a été créée à New York et sera prochainement créée en Allemagne, au Danemark et en Australie. Une adaptation au cinéma a par ailleurs été proposée au dramaturge, mais ce dernier a finalement décliné le projet. 2 Arnaud Anckaert Par lui-même J'ai un nom à consonance Belge mais je suis né à Neuilly sur Seine en 1975. Très vite, mes parents viennent s'installer près d'Armentières, puis ce sera Roubaix dans le nord de la France. Voici une première chute, du Neuilly friqué à Roubaix sans TGV. J'ai une scolarité difficile car l'école n'est pas un cadre pour moi, je change souvent d'établissement. Au lycée je fais le mur pour aller d'abord aux cours d'arts plastiques, et puis très vite dans les cafés la nuit. Je commence le théâtre le jour de la mort de Kantor, pas étonnant donc que j'ai beaucoup cherché un maître... ©Malte Martin Ça a été une fascination pour Grotowski, quelques échanges violents avec Eugenio Barba, mais surtout une compagnie avec des copains. Toujours dans le désir d'apprendre, je pars sur les conseils de mon amoureuse à Bruxelles chez Lassaad, le Lecoq Belge. Je découvre le Mouvement. Je continue à faire des spectacles avec la compagnie car je veux garder mon indépendance. A l'école nous décidons de faire le tour du monde -rien que ça- pour découvrir des façons de travailler, finalement ce sera le tour d'Europe pendant un an avec un camion acheté à crédit [...] [...] Je découvre une autre Géographie. En Suisse je rencontre Armand Gatti, maître Anarchiste, avec qui je participe au spectacle « feuille de brouillon écrit dans la tempête». Je découvre la poésie et la résistance. En revenant de Norvège fin 99, je me fixe dans le nord, et monte plusieurs spectacles. Comme il me manque quelque chose pour me sentir un peu plus « metteur en scène », je fais l'Unité Nomade au Conservatoire National de Paris. J'apprends dans l'adversité, d'abord avec Claude Straz qui voulait le mieux pour nous mais qui décédera avant la fin de la formation. Puis, après les passages violents de Kama Ginkas à Moscou, et l'assistanat de Matthias Langhoff, je fais un dernier stage avec Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux qui transmettent leur vision de la chose publique. J'approfondis le texte. Depuis toujours je fais des spectacles croisant la danse, le théâtre, le cirque, la vidéo ou la musique. Ces derniers temps c'est plutôt à l'espace, au texte et à l'acteur que je m'intéresse... Je ne cherche plus de maître, je cherche les moments qui nous rendent plus intensément humains, c'est pour cela que je suis souvent énervé devant l'état du monde. C'est pour cela que je fais du théâtre. Présentation extraite du site de la compagnie http://www.theatreduprisme.com/index.html Dans un premier temps, et afin d'entrer dans l'univers de l'auteur et du metteur en scène, vous pouvez demander à vos élèves d'effectuer des recherches autour de Nick Payne et d’Arnaud Anckaert et leur demander de synthétiser leurs informations sous forme d'une courte note biographie ou d'une interview fictive, en créant les questions et les réponses en fonction des informations trouvées qui auront été mutualisées. Pour entrer dans la pièce, voici une interview du metteur en scène et des deux comédiens, Maxence Vendevelde et Noémie Gantier. http://vimeo.com/76417936 3 Constellations : une histoire aux mille et une facettes - Activités proposées avant la représentation a) Les horizons d'attente Avant même de travailler sur la mise en s ène d’Arnaud Anckaert et sur d'autres documents, je vous propose d'inciter vos élèves à imaginer ce que pourrait raconter la pièce à partir du bref résumé ci-après ainsi que du titre de la pièce (peut-être serait-il bon ici de leur demander une définition précise du terme "constellation") Roland est apiculteur. Marianne est physicienne. Les deux londoniens se rencontrent à un barbecue. Elle le met au défi de se lécher le coude, acrobatie plus que périlleuse. Extrait d'un article du figaro.fr (Etienne Sorin) Dans un deuxième temps, après avoir laissé les élèves s'exprimer et justifier leur point de vue, vous pourriez donner la suite de cet article qui introduit la particularité du texte : l'aléatoire. A partir de ce nouvel extrait de l'article d'Etienne Sorin, demander aux élèves de nuancer, modifier leurs attentes. Insister sur les termes indiquant le doute dans l'article, le terme "variation". Ensuite, peut-être en lien avec le professeur de physique, aborder la profession de Marianne. Il se trouve qu'elle est physicienne, spécialiste en physique quantique. Ce choix n'est pas anodin et est en lien étroit avec l'écriture même de la pièce. a physique quantique s’oppose à la physique newtonienne a première s’intéresse à l’infiniment petit et la se onde au monde ma ros opique es physi iens ont montré que les règles n’étaient pas les mêmes dans les deux cas. a physique traditionnelle s’appuie sur un déterminisme ’est-à-dire sur ce qui est prévisible. La physique quantique quant à elle s’appuie sur la notion de probabilité es parti ules de l’infiniment petit sont souvent imprévisibles, non seulement en raison du vide qui les entoure mais également par e qu’elles ne sont pas solides et se comportent comme les ondes. De ce fait, les particules sont difficilement localisables et plusieurs « réalités » sont possibles. La théorie des ordes s’atta he à relier ces physiques différentes. Avec la physique quantique nous entrons dans le monde de l’imprévisible des réalités virtuelles dans un espa e-temps qui nous dépasse. Extrait du dossier pédagogique réalisé par Philippe Cuomo (professeur missionné à la Comédie de Béthune) 4 Enfin, vous pourriez proposer à vos élèves de découvrir l'affiche (page 1 de ce dossier) du spectacle réalisée pour le festival d'Avignon (édition 2014) où la pièce de Nick Payne a été jouée dans la mise en scène d’Arnaud Anckaert. Tout d'abord, on pourrait laisser les élèves décrire ce qu'ils voient (ici il serait bon de voir la référence au kaléidoscope) puis les inviter à faire le lien entre le résumé, le deuxième extrait de l'article du figaro.fr ci-dessus, leur recherche sur la physique quantique et enfin le titre de la pièce. b) Entrer dans l'écriture de Nick Payne Dans un premier temps, proposer de découvrir un extrait du texte traduit par Séverine Magois. Marianne. Tu sais pourquoi il est impossible de lécher la pointe de ses coudes ? Elles détiennent le secret de l’immortalité don si tu pouvais les lé her tu risquerais de vivre éternellement. Mais si tout le monde le faisait, si tout le monde pouvait en effet lécher la pointe de ses coudes, alors ce serait le haos Par e qu’on ne peut tout simplement pas ontinuer à vivre vivre et vivre encore. Roland. Je J’ai quelqu’un dans ma vie Don Ouais Marianne1. Tu sais pourquoi il est impossible de lécher la pointe de ses coudes ? Elles détiennent le secret de l’immortalité, donc, si tu pouvais les lécher, tu risquerais de vivre éternellement. Mais si tout le monde le faisait, si tout le monde pouvait en effet lécher la pointe de ses coudes, alors ce serait le chaos. Parce qu’on ne peut tout simplement pas continuer à vivre, vivre et vivre encore. Roland. Marianne. Roland. Marianne. Roland. Je. Je sors tout juste d’une relation vraiment sérieuse. Donc. Ouais. Je faisais juste la conversation. Sûr. J’essayais juste d’entamer une conversation. Non, sûr. Mais. Quand même. Marianne. Tu sais pourquoi il est impossible de lécher la pointe de ses coudes ? Elles détiennent le se ret de l’immortalité don si tu pouvais les lé her tu risquerais de vivre éternellement. Mais si tout le monde le faisait, si tout le monde pouvait en effet lécher la pointe de ses coudes, alors ce serait le haos Par e qu’on ne peut tout simplement pas ontinuer à vivre vivre et vivre encore. Roland. Marianne. Roland. Marianne. Roland. Ah d’a ord Essaie. Quoi ? Tes coudes, essaie de les lécher. Non, ça ira. (Marianne tente de se lé her les oudes démontrant ombien ’est diffi ile ) Marianne. Roland. Marianne. 1 Moi ’est Marianne Roland. Dieu mer i il n’a pas plu. Note de l'auteur : un changement de style - de Normal à gras, par exemple - indique un changement d'univers. 5 Roland. Ouais. Marianne. Rien de pire qu’un barbe ue sous la pluie Viande molle Roland. Marianne. Roland. Ouais. Saucisses molles. Tu veux un verre ? Non ça ira En fait ma femme vient d’aller me her her une bière Marianne. Roland. Marianne. Essaie. Quoi ? Tes coudes, essaie de les lécher. (Marianne tente de se lécher les coudes, démontrant combien c’est difficile. Roland, tout d’abord hésitant, tente lui aussi de se lécher les coudes.) Roland. Marianne. Roland. Marianne. Roland. Marianne. Roland. Marianne. Roland. Je vois ce que tu veux dire. Moi c’est Roland. Marianne. Dommage qu’il pleuve. Rien de pire qu’un barbecue sous la pluie. Donc tu es, tu es une amie de Jane ou – Non, Jane, ouais. On était à la fac ensemble. D’accord. Et toi ? Ma femme travaillait avec Jane. Après la lecture du début de la pièce présentée ci-dessus, partir des premières impressions des élèves. Puis les guider : Que raconte cet extrait ? Pourquoi ces répétitions ? Que pourrait signifier le changement de style ? Pourquoi l'auteur parle-t-il "d'univers" ? Pouvez-vous établir un lien entre l'écriture de Nick Payne et la physique quantique ? L'auteur n'a pas construit le texte en actes ou en scènes, seul le changement de style, de typographie marque le passage d'un univers à un autre. Chaque univers représente une réalité ; réalité soumise à plusieurs variations, ouvrant les possibles, selon le principe de la physique quantique. Schéma extrait du dossier pédagogique réalisé par Philippe Cuomo 6 c) Les thèmes soulevés par la pièce Tout d'abord, laisser réagir les élèves par rapport aux documents déjà étudiés afin de leur faire dégager les thèmes de la pièce. Ensuite, on utilisera le schéma ci-dessus et on demandera aux élèves de s'interroger sur la notion de variation. On peut faire le lien avec la littérature de jeunesse qui, elle-aussi, a proposé des textes laissant la possibilité aux lecteurs de "créer" leur propre histoire (série Ce livre dont vous êtes le héros). On pourrait envisager un travail avec le professeur de philosophie sur la question du libre-arbitre, de la mort. d) Entrer dans la mise en scène On peut ensuite s'interroger sur la manière de représenter ces univers. Activité n°1 : On pourra tout d'abord travailler sur les transitions comme moyen de changer d'univers. Demander aux élèves, à partir de l'extrait du début de la pièce, de réfléchir à la manière de marquer ces changements. Si possible, par groupe, réfléchir à deux ou trois manières différentes et les essayer au plateau. Chaque groupe passe et propose son travail pendant que le reste des élèves s'attache à la réception du texte. Quel(s) effet(s) produit(sent) les différentes propositions sur votre perception du texte et des personnages ? Et à partir de l'analyse des élèves, retenir la ou les meilleure(s) proposition(s). Activité n°2 : Vous pouvez ensuite inviter vos élèves à s’essayer à l'improvisation afin de les rendre sensibles aux nuances apportées par chaque variation. Dans un premier temps, on pourrait choisir une émotion et la décliner en différentes étapes / différents degrés en fon tion de l’intensité de elle-ci. Une fois la liste des nuances établie et hiérarchisée, on pourrait demander aux élèves de déambuler dans l’espa e et suivre les indi ations d’un meneur de jeu qui donnerait l’intensité de l’émotion à jouer (par un hiffre orrespondant à l’intensité voulue). A la suite de cette première phase, vous pourriez proposer aux élèves de jouer le début de Constellations en partant du jeu neutre pour aller vers un jeu plus engagé (3 ou 4 répétitions de la même situation) sur le principe de l’a tivité dé rite i-dessus. Activité n°3 : Enfin, il serait intéressant de se pencher sur la scénographie de la mise en scène d’Arnaud Anckaert, à travers différentes photographies. On laisserait d'abord les élèves observer ces clichés puis s'exprimer à partir de ces derniers. Il s'agit de relever la nudité du plateau, sa sobriété. A partir de cela, demander aux élèves de s'interroger sur ce choix. Pour quelle(s) raison(s) choisir d'utiliser un plateau nu ? Peut-on établir un lien entre ce choix et la pièce ? Ce choix vient-il éclairer le sens de la pièce ? Ici, les élèves sont poussés à être des spectateurs actifs. 7 8 - Activités proposées après la représentation a) Echange après la représentation Dans un premier temps, installer un temps d'échange libre autour de la réception de la pièce par les élèves. (Horizons d'attente satisfaits ? Choix de mise en scène ? Scénographie ? Difficultés ? ...) b) Exercer sa créativité Vous pouvez proposer à vos élèves de réfléchir à une scénographie (sous la forme d'un projet écrit ou sur le plateau) à partir de leur connaissance de l'intrigue complète et du recensement des lieux. La pièce se déroule à Londres. Marianne travaille à la Sussex University à côté de Brighton, Roland à Tower Hamlet. Une partie de la piè e se déroule dans l’appartement de Marianne où Roland vient ensuite s’installer : le premier rendez-vous (Chez elle), le début de leur histoire (Elle fait quoi dans la vie ?) la rupture l’annon e de la maladie ( a biopsie) es autres lieux de la piè e peuvent être qualifiés d’espa es de transitions : en marge du barbecue où ils se rencontrent ; à l’entrée d’un ours de danse ; sur le seuil du bureau de Marianne ; dans une hambre d’hôtel avant le départ pour l’euthanasie Extrait du dossier dramaturgique c) Une écriture des possibles On pourrait proposer aux élèves de s'intéresser à l'OULIPO (recherches à partir du site de l'OULIPO: http://oulipo.net > Signification du terme OULIPO ? Quelle particularité possèdent tous les oulipiens ? Quel est leur but ?) et s'attacher plus particulièrement à Raymond Queneau et à deux de ses ouvrages : Exercices de style et Cent mille milliards de poèmes. Ici, il s'agira de faire le lien entre la démarche des oulipiens, leur quête de potentialité et l'illustration par Nick Payne de la physique quantique dans sa pièce. On peut don présenter le prin ipe des deux œuvres de Queneau et demander aux élèves à partir d'une situation de départ, d'écrire plusieurs fois la même histoire en insérant des variations (principe des Exercices de style). On pourrait également leur proposer de travailler un même texte sur le principe oulipien du S+7. Chaque élève tire au sort un morceau de papier sur lequel est inscrit un chiffre entre 1 et 7. L'élève change chaque substantif par celui qui le suit dans le dictionnaire en fonction du chiffre tiré au sort. On obtient ainsi un nouveau texte. Pour plus d’informations, je vous renvoie à la page du site de l'OULIPO consacrée à ce jeu (http://oulipo.net/fr/contraintes/s7). D'autres contraintes peuvent être explorées en cliquant sur le lien ci-après : http://oulipo.net/fr/contraintes d) Evoquer la maladie La pièce de Nick Payne évoque, au détour des nombreuses variations, le thème de la maladie. Marianne apprend, en effet qu'elle souffre d'un an er ’un des univers est consacré au choix à faire face à cette nouvelle; un autre à l'accompagnement de celle qui a choisi de mourir. On pourrait, dans un premier temps, inviter les élèves à se documenter sur l'euthanasie / sur la loi Léonetti afin de préparer un débat. Puis visionner la bande annonce du film de Stéphane Brizé, Quelques heures de printemps, réalisé en 2012, dans lequel il brise le tabou en mettant en scène une femme déterminée dans son choix de ne pas souffrir et de ne pas infliger sa souffrance à son fils (https://www.youtube.com/watch?v=6pw4EwIJXFs). 9 - Pour aller plus loin – Je vous invite à parcourir avec vos élèves la revue de presse réalisée par le Théâtre du Prisme consacrée à la réception de Constellations durant les différentes tournées : Avignon, Nord-Pas-de-Calais … http://www.theatreduprisme.com/constellations_revue_presse.pdf Voi i une séle tion d’arti les qui me parait é lairer le travail du metteur en scène ainsi que le sens de la pièce. On pourrait demander aux élèves de rédiger à l’issue de la représentation une ourte ritique du spe ta le à l’image de l’arti le tiré du Figaro (1er article de la revue de presse) ou de Télérama (2ème article). Pour ce faire, il serait intéressant de travailler sur un article portant sur un autre spectacle afin qu’ils puissent repérer omment elui-ci est construit. On créerait ainsi une revue de presse à l’é helle de l’établissement e qui permettrait de valoriser le travail des élèves et en inciterait éventuellement d’autres à parti iper à un atelier artistique à s’investir dans une option théâtre ou à faire en sorte qu’à l’é helle de la lasse tous les élèves qu’ils soient spontanément intéressés ou pas par le spe ta le vivant s’investissent s’expriment et formulent un jugement Le Figaro p 4 Télérama p 5 Le Canard enchaîné p 7 Lefigaro.fr p 8 Vaucluse matin p 11 toutelaculture.com p 13-14 Liberté Hebdo p 19-20 Vous pourriez également faire découvrir à vos élèves un autre auteur anglais, Sarah Kane, qui propose un théâtre à vif. Voici deux extraits de 4.48 Psychose (pièce publiée après son suicide). Extrait n°1 (p18-19 édition de L’Arche) a dernière d’une longue lignée de kleptomanes des lettres (une tradition séculaire) Voler ’est l’a te saint Sur la voie tortueuse de l’expression Un tas de points d’ex lamations épelle la dépression nerveuse imminente Rien qu’un mot sur une page et le théâtre est là J’é ris pour les morts pour ceux qui ne sont pas nés Après 4h48 je ne parlerai plus Je suis arrivée à la fin de cette effrayante de ette répugnante histoire d’une ons ien e internée dans une carcasse étrangère et crétinisée par l’esprit malveillant de la majorité morale Il y a longtemps que je suis morte Retour à mes racines e orps et l’âme ne peuvent jamais être mariés J’ai besoin de devenir e que je suis déjà et gueulerai à jamais contre cette incongruité qui m’a vouée à l’enfer Un insoluble espoir ne peut me soutenir Je me noierai dans la dysphorie dans la froide mare noire de mon moi le puits de mon esprit immatériel Comment puis-je retrouver la forme Maintenant qu’est partie ma pensée formelle ? Ce n’est pas une vie que je pourrais approuver Ils m’aimeront pour e qui me détruit le glaive dans mes rêves la poussière de mes pensées la maladie qui se propage dans les plis de mon esprit Chaque ompliment m’ôte un bout de mon âme Une tête de mule expressionniste Ruminant entre deux bouffons Ils ne savent rien – J’ai toujours mar hé libre Je chante sans espoir sur la frontière 10 Extrait n°2 (p31-33 même édition) Symptômes : ne mange pas, ne dort pas, ne parle pas, aucune Humeur : une putain de colère. pulsion sexuelle, désespérée, veut mourir. Affect : une grande colère. Diagnostique : chagrin pathologique Thorazine, 100 mg. A dormi. Plus calme. Sertraline, 50 mg. Insomnie aggravée, forte anxiété, anorexie Venlafaxine, 75 mg, porté à 150, puis à 225 mg. (perte de poids 17 kg), accentuation des pensées, projets et Etourdissements, pression artérielle basse, maux de intentions suicidaires. Suspendu après hospitalisation. tête Pas d’autre réa tion Suspendu Zopli lone 7 5 mg A dormi Suspendu après rise d’urti aire Tentative de la patiente de quitter l’hôpital ontre l’avis médical. Retenue par trois infirmiers deux fois plus grands qu’elle Patiente menaçante et peu oopérative Pensées paranoïades – croit que le personnel hospitalier cherche à l’empoisonner Melleril, 50 mg. Coopérative. Seroxat repoussé par patiente. Hypocondrie – mentionne des lignements d’yeux spasmodiques et une forte perte de mémoire comme preuves de dyskinésie tardive et de démence tardive. A refusé tout traitement supplémentaire. 100 aspirines et une bouteille de Cabernet Sauvignon bulgare a patiente s’est réveillée dans une marre de Lofepramine, 70 mg, dose portée à 140 mg, puis à 210. vomissures et a dit : « Qui dort avec un chien se lève Reprise de poids 12 kg. Perte de la mémoire rapprochée. Pas avec des puces. » Fortes douleurs d’estoma Pas d’autre réa tion d’autre réa tion Dispute ave un jeune méde in qu’elle a a usé de l’avoir trompée après quoi elle s’est rasé la tête et tailladé les bras avec une lame de rasoir. Patiente onfiée aux soins de la olle tivité à l’arrivé aux urgences d’un patient psy hotique en rise né essitant davantage une hospitalisation. Citalopram, 20 mg. Crise de tremblements le matin. Pas d’autre réa tion. Lofepramine et Citalopram suspendus quand la patiente en a eu marre des effets se ondaires et de l’absen e d’amélioration notable Symptômes liés à la suspension du traitement : étourdissements et onfusion d’esprit a patiente tombait s’évanouissait et allait au-devant des voitures. Idées délirantes – roit qu’un méde in est l’anté hrist Fluoexetine hydrochloride, nom commercial Prozac, 20 mg, porté à 40. Insomnie, appétit irrégulier (perte de poids 14 kg), forte anxiété, orgasme impossible, pensées homicides à l’en ontre de plusieurs méde ins et fabri ants de produits pharmaceutiques. Suspendu. 11 - Idées de lecture – Un jeune couple confie leur fille cadette de trois ans à la meilleure amie de la femme du fait d'une maladie contagieuse contractée par l'aînée. Pendant neuf longs mois, ils tentent de récupérer leur fille, mais reviennent à chaque fois seuls et accablés de ne pas avoir eu le courage de forcer cette amie un peu trop zélée. De Dimanche en dimanche, Denise Bonal Accompagné par les méthodes du psychiatre Emil Kraepelin, un fils aide son père touché par la maladie d’Alzheimer à re onstruire son histoire Variations sur le modèle de Kraepelin, Davide Carnevali Même thème abordé par Jean-Claude Grumberg Au Québec, un homme accompagne avec son oncle les derniers jours de son fils, le petit Daniel, atteint d’une maladie in urable Ils s’installent tous les trois dans la forêt TTerre océane, Daniel Danis A Sodome, une femme, transformée en statue de sel, se réveille et raconte sa ville, ses habitants et la manière dont ils ont été frappés : par le plus séduisant des ambassadeurs, porteur d'une maladie mortelle extrêmement contagieuse. Sodome, ma douce, Laurent Gaudé 12