L`ogre Primark à Dijon, entre euphorie et rachat d`image
Transcription
L`ogre Primark à Dijon, entre euphorie et rachat d`image
Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr L'ogre Primark à Dijon, entre euphorie et rachat d'image Une musique entêtante envahit les allées du centre commercial Toison d'Or, ce lundi 3 février au matin. Dans d'étranges costumes d'animaux, des vendeurs dansent sur un air des Daft Punk, distribuent quelques bonbons, comme pour galvaniser la foule. Certains clients là depuis huit heures, à attendre l'ouverture du rideau de fer. Primark, le géant irlandais de l'habillement, va ouvrir dans quelques instants sa deuxième boutique en France. Ici, au Nord de Dijon. Un temple de la consommation à prix cassés qui devrait attirer les foules, bien au-delà de la ville. [do action="intertitre"]Une ouverture attendue[/do] Depuis le 2 juin 2013, les fashionistas comptent les jours. Surtout depuis cet article dans le quotidien britannique The Telegraph où la marque de prêt-à-porter confirmait son intention de s'implanter en France. 4 106 m2 précisément, dédiés à la mode. Une mode qualifiée "d'incroyable" par la directrice du développement Breege o'Donoghue. Dans sa petite veste rose, elle veille au grain et aux derniers détails. Testant les micros, vérifiant l'emplacement des produits. À l'extérieur, Eloïse et Johanne sont arrivées depuis près de deux heures déjà. "Pour avoir le bon d'achat de cinquante euros", expliquent-elles. Elles n'auront qu'un sac de goodies. À 18 ans, elles sont venues de Dijon et de Fleurey-sur-Ouche. "Nous avons découvert ce magasin à Londres, maintenant que c'est ici, c'est beaucoup plus pratique". Leur budget est assez 1/4 Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr restreint. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de la marque. Des prix plancher garantis. 20 à 30% moins chers que Zara et H&M. Dans les rayons, Christine Loizy, directrice générale France, est fière de montrer des t-shirts à cinq euros, des jeans pour enfants à six euros, des costumes pour moins de quarante euros. "Lorsque nous voyons que des produits similaires affichent un prix inférieur dans une autre enseigne, nous abaissons le nôtre". En 2013, la chaine a vendu 300 millions de paires de chaussettes et 160 millions de t-shirts. [do action="intertitre"]Une image à reconquérir[/do] Mais en baladant notre regard, quelque chose attire notre attention. Si les prix sont affichés d'une façon on ne peut plus voyante, pas de trace de l'origine des produits. "La législation européenne ne nous oblige pas à l'indiquer", note-t-elle. Et c'est bien vrai. Depuis 1986, il n'est plus obligatoire de mentionner l'origine géographique des lieux de fabrication des vêtements. En revanche, si les produits sont vendus hors Union européenne, cette étiquette devra à nouveau revenir. Reste que ça ne fait aucun doute, les vêtements sont tous faits en Asie : "Chine, Bengladesh,…", commente Christine Loizy. Mais le hard-discounter au 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires est souvent accusé de faire appel à des fournisseurs assez peu regardants sur les conditions de travail de leurs employés. L'un d'eux faisait par exemple appel à des ouvriers travaillant dans l'immeuble qui s'est effondré il y a un an au Bangladesh, provoquant la mort de 1 100 personnes. Alors quand nous lui demandons quelles mesures ont été prises, elle stoppe la visite du magasin pour mettre les choses au clair. [gallery ids="14112,14099,14100,14101,14102,14103,14104,14105,14106,14107,14108,14109, 14110,14111,14113,14114,14115,14116,14117,14118,14119,14120,14121,14122,14126,1412 7,14128,14129"] "Nous respectons scrupuleusement le droit humain", assure-t-elle. "25 personnes, au sein du service éthique, ne font que ça : contrôler les conditions de travail de nos sous-traitants". Depuis le drame et à plusieurs reprises, des actions auraient été effectuées pour améliorer les conditions de travail ou pour, tout simplement, changer de prestataires. [do action="intertitre"]Confessions des accros au shopping[/do] Mais à l'extérieur, la préoccupation est toute autre. Les vendeurs continuent d'assurer le show. Ceux qui ne sont pas déguisés participent à un dernier briefing. On leur explique que lorsque Breege o'Donoghue s'avancera au micro pour dire "Bonjour", il leur faudra lui répondre en choeur. Quelques minutes après, la concrétisation est du plus bel effet et donne une image soudée de l'équipe, "une grande famille". Entre 230 et 300 salariés - selon les interlocuteurs - ont été embauchés. "65% de femmes et deux tiers de temps plein", assure la direction, qui pour justifier ce dernier chiffre détaille même les emplois du temps. Il est vrai qu'à l'heure de l'ouverture, on entend plus volontiers l'accent 2/4 Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr anglais ou même espagnol de certains collaborateurs. Des renforts qui seront là quatre semaines, afin d'aider à la formation. [caption id="attachment_14124" align="alignnone" width="1024"] Photo Jonas Jacquel[/caption] Et il devrait y avoir du travail. À Marseille, la première journée, plus de 3 000 personnes ont franchi la porte du magasin. Avec une zone de chalandise dépassant très largement les limites du Grand Dijon et même du département, Primark s'apprête à devenir un des moteurs du centre commercial Toison d'Or. Quelques jours avant l'inauguration du magasin, Maxence Lelouch, le nouveau directeur du centre, assurait que des clients viendraient de Besançon et même de Lyon pour profiter de la surface de vente. Quand le compte à rebours s'enclenche, tout le monde affiche son plus beau sourire. François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon et François Patriat, sénateur et président du conseil régional de Bourgogne sont là. L'ouverture du magasin, c'est une bonne nouvelle pour l'emploi, l'attractivité et l'image de la ville, c'est indiscutable. Encore plus à deux mois des élections. Le temps de faire un tour du magasin et ils partiront, pour inaugurer la Lino cette fois. [do action="citation"]Du moche, du moins moche et du joli[/do] Ils ne seront pas là pour assister à l'ouverture au public. Il est un peu moins de onze heures, dans les cris et les applaudissements, les premiers clients se précipitent entre la haie d'honneur formée par les salariés, ballons à l'hélium à la main. Certains viennent voir, d'autres achètent. La qualité est souvent pointée du doigt. Là aussi, la directrice botte en touche en accusant les concurrents de colporter ce message : "Les consommateurs ne sont pas idiots. Si nous 3/4 Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr proposions vraiment des produits de mauvaise qualité, viendraient-ils à nouveau ?" Dans le rayon bébé, quelques bodys marquent les esprits. Ces jeunes parents prennent celui représentant Tigrou, le tigre de Winnie l’ourson, en main, se regardent, rigolent et le reposent : "C'est vrai qu'il y a de tout, du moche, du moins moche et du joli. En cinq minutes, nous avons déjà mis de côté trois produits pour Noéline". Mathilde est l'une des premières à passer en caisse. Deux sacs à la main. Pas assez pour elle. Avec une amie, elles reviendront l'après-midi même pour faire à nouveau un tour… 4/4 Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)