(Le) Come Back

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(Le) Come Back
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(Le) Come Back
Publié sur Scribay le 10/07/2015
(Le) Come Back
(Le) Come Back
Baby Come Back
Mains sur le cœur, battant en rythme.
Won’t you please come back
Main tendue, doigt en crochet, en cadence.
Stay tonight
Jeté du bras gauche,
Hold me tight
Jeté du bras droit,
Forever,
Arcs de cercles des deux côtés,
And Ever.
Petits mouvements de hanche, comme Madonna, cette star que Papa aime bien. (…ce
qui a l’air d’énerver un peu Maman d’ailleurs)
Je continue à danser, en regardant un peu autour de moi. Les garçons, qui râlaient
un peu au début (qu’est-ce qu’ils sont lourds parfois !) nous ont rejoint. Et, en fait, ils
ont l’air de bien s’amuser. Nathalie La Truie est un peu sur la gauche : je suis
contente de voir que je danse mieux qu’elle. Non mais qu’est-ce qu’elle croit elle !
Back Back Baby Come Back
Back Back Baby Come Back
Ça me fait bizarre de penser qu’avec les vacances qui arrivent bientôt, on ne sera
bientôt plus tous ensemble. Non mais c’est vrai quoi, on se connaît depuis
TOUJOURS quoi ! En allant au collège cette semaine, j’avais parfois envie de pleurer.
Mais comme je voulais pas me taper l’affiche, je me suis retenue.
Romain me regarde depuis tout à l’heure. Je fais comme si je l’avais pas vu, mais je
sais bien ce qu’il pense. Il est TROP amoureux de moi. Mais moi, c’est Thomas, son
grand frère, qui me fait TROP craquer : attends, il est TROP mignon ! J’aime bien
Romain, mais comme un ami quoi ! C’est pour ça que je suis venue à son
anniversaire ! D’ailleurs, il est où Thomas ? Je l’ai vu tout à l’heure, trop beau avec
son nouveau polo Schott ET ses nouvelles baskets Reebok, mais depuis le début de la
chanson, plus rien ! J’ai bien remarqué aussi que Nathalie La Truie l’avait vu : qu’est
ce que je peux la détester, elle !
Et là, le père de Romain et Thomas baisse le son de la chanson, et enchaîne avec une
(Le) Come Back
autre.
Le son envahit ma chambre.
Comme toujours, je commence par fermer les yeux un peu plus fort, comme si je
pouvais faire disparaître cette sonnerie honnie par la seule force de ma volonté. Et,
comme toujours, on ne peut pas dire que le résultat de l’opération soit un franc
succès.
FUCKING téléphone de garde de MERDE.
Quatre fois depuis minuit, non mais sérieux !
Tout en cherchant à tâtons le dect, je me prépare à prendre ma voix de « Non, vous
n’appelez pas un quelconque médecin endormi à trois heures du mat’, vous
composez le numéro d’une déesse qui même en pleine nuit, a une voix punchy,
fraîche et dispose lorsqu’elle décroche »
…. Ouais, sauf que le Déesse, elle était en train de pioncer comme une souche il y a
dix secondes, les cheveux emmêlés épars sur l’oreiller, avec un fin filet de bave qui
coulait sur le côté ! … Bon ça, « whoever’s calling » n’est pas sensé le savoir. Il n’y a
que l’Elu qui, à la limite, a le droit de me voir comme ça : difficile de cacher quand on
vit ensemble que je ne suis pas une Princesse… Et avec notre mariage qui approche,
le voile est condamné à tomber.
Je décroche : voix punchy, fraîche et dispose (j’espère) et non pas voix rauque de
routier tabagique (je le crains malheureusement)
« Allô ? »
« Allô ? Le médecin de garde ? »
Non, je suis le pape et j’attends ma sœur ! Non mais qu’est-ce qu’il croit ?
« Oui c’est moi. »
…. Et c’est toi, à l’autre bout du fil, qui compose le même numéro depuis des lustres
…. Et qui demande toujours s’il parle au médecin en décrochant ! Non mais sérieux !
Je me calme. L’infirmier n’y est pour rien si je m’enquille ma cinquième garde du
mois. C’est juste que je suis crevée. Tellement crevée.
J’essaye de mettre un peu de miel dans ma voix de routière mal dégrossie (j’ai revu
mes standards à la baisse : adieu la voix de diva !)
« On a un constat de décès : les papiers sont sortis, on vous attend. »
- Ok, j’arrive.
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Je raccroche, et reste quelques secondes dans le noir. Je me redresse, allume la
lumière et profite des quelques secondes où j’enfile mon pyjama de garde pour
apprécier les efforts picturaux des anciennes générations sur les murs de la
chambre. Efforts picturaux difficiles à manquer en fait, puisque représentés par un
énorme vagin avec moult détails anatomiques, situé au-dessus du lit de garde. Avec
ça, pas étonnant que mon sommeil soit parfois agité. A ces expérimentations
graphiques (toujours du meilleur goût), s’ajoutent de nombreux petits mots écrits
avec un stylo usé par un interne qui l’est tout autant à la fin d’une garde surchargée,
et qui recherche un peu de chaleur humaine.
Je ferme la porte, descend les escaliers en bois vermoulu de l’internat et me dirige
vers le bâtiment central de l’hôpital. Il fait froid, je resserre ma blouse contre moi.
Mon regard erre sur les différents pavillons de l’hosto quand je passe à côté. Les
chambres des patients sont pour la plupart éteintes mais ça et là des télévisions
encore allumées diffusent leur halo dans la pièce d’un pauvre insomniaque. Rien de
tel qu’une bonne rediffusion tardive de New York Unité Spéciale pour relativiser le
diagnostic récent d’une infection-rénale-de-derrière-les-fagots-tu-m’en-diras-desnouvelles… Non ?
Je ne peux m’empêcher de sentir un sourire cynique sur mon visage. Qui s’efface
aussitôt. Je n’ai pas toujours été comme ça. C’est juste que je suis crevée, tellement
crevée.
Je prends une porte dérobée de l’un des bâtiments, jugeant sur le coup le risque de
pneumonie sur une longue marche nocturne en Décembre plus important que le
risque de me faire malmener par un toxico (appréciez l’euphémisme…) dans les soussols de l’hôpital. (C’est rare, mais ça arrive… Quand j’ai évoqué ça sur le ton de la
rigolade avec l’Elu, j’ai eu toutes les peines du monde à le convaincre que l’achat
d’une bombe lacrymogène au poivre serait peut-être faire preuve d’un soupçon de
paranoïa.) J’arrive devant l’ascenseur, qui par chance est là. Mon doigt enfonce
l’étage du service de médecine, frénétiquement. Plus vite j’arrive, plus vite c’est fait,
plus vite je pionce.
J’aime j’aime tes yeux,
Je fais mon regard de belle gosse pour Thomas
J’aime ton odeur,
Ma main part de sous mon nez, vers lui
Tous tes gestes en douceur
Avec mon autre main, je la fais glisser comme un serpent
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Lentement dirigés
Sensualité
Petits coups de hanche, comme Madonna. (encore)
Je vois que mes amies le font aussi bien que moi. On s’arrête en même temps, on se
regarde, et on éclate de rire. A part Nathalie, qu’est-ce qu’elles vont me manquer !
On ne va pas toutes dans la même classe l’année prochaine. Mais je sais qu’on
continuera à se voir…
Tout en continuant de servir le gâteau d’anniversaire de Romain, ses parents nous
regardent en souriant. Je les aime bien, ses parents. Tellement PLUS cool que les
miens ! J’aime bien le tatouage d’ancre sur le bras de son père, ça et son crâne rasé.
Ça m’impressionne un peu, je le trouve très fort. Et sa mère, je la connais bien, ça a
été ma prof en CP. C’est un peu grâce à elle que j’ai appris à écrire. En plus, je
trouve tellement jolie : elle danse avec sa jolie robe qui tourne. Ses cheveux blonds
plus longs que les miens. Sa poitrine plus grosse que moi, planche à pain. Je me
demande si Thomas me trouverait plus jolie avec plus de nichons.
Les garçons sont de leur côté depuis que Romain a ouvert ses cadeaux. Je crois qu’il
en a été très content : un ballon de foot, des cassettes de Michael Jackson et un
super Discman. J’avoue que j’aimerais bien avoir le même.
Les parents de Romain ont sorti les albums de toutes nos classes de mer et de neige.
Vu qu’on est tous de la même année, on est toujours partis ensemble, près de la mer
ou à la montagne. Ca me fait bizarre, de nous voir sur les photos : qu’est-ce que je
pouvais ressembler à une gamine ! Heureusement que j’ai changé ! Je regarde alors
mon haut Jennyfer avec fierté : j’ai dû économiser sur mon argent de poche, mais ça
valait le coup ! Thomas ne pourra pas résister…
Là, je sens Sophie qui me donne un coup de coude : « Hey, regardes, y a Nathalie qui
embrasse Thomas ! » Non, j’ai dû mal comprendre.
Et là, je les vois.
Et là, mon cœur se brise. Comme dans les films. Comme dans les chansons.
Je franchis les portes du service.
Toujours la même ambiance de nuit. Les couloirs sombres, illuminés ça et là par les
veilleuses et les signes de sorties de secours. Chariots de dossiers et de soins rangés
dans un coin. J’avance sans bruit, en longeant les chambres. Parfois, j’ai un peu
l’impression d’être l’Ange de la Mort, qui rôde. Ce soir, c’est plus qu’une impression.
Là où les mourants cherchent la lumière blanche au bout du tunnel, le médecin de
garde, lui, recherche la lumière blanche au bout du couloir : là où l’équipe de nuit
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prend son café et où s’échange, au choix : les dernières vacances/l’hôpital nous
exploite : plus de travail avec moins d’effectifs/la dernière gaffe de Charlotte, cette
nulle en Réa.
Je passe la tête par l’entrebâillement de la porte : « Bonjour. Je suis le médecin de
garde. Il est où, le décès ? » On me regarde à peine : « Chambre 218, la famille est
là, le décès était attendu, c’était une palliative. Les papiers sont sortis, sur la
paillasse. »
La famille ? Great. où comment expliquer à des personnes que tu n’as jamais
rencontrés que leur femme/mari/enfant/voisin est décédé. Et non, non, bien sûr, il n’a
pas souffert. (Ca, en fait, vous n’en savez rien, mais vous vous gardez bien de leur
dire…)
Je frappe doucement à la porte de la 218. J’entre doucement. La patiente est sur le
lit. Le mari est là, silencieux, en train de se recueillir. Je m’approche : « Bonjour, je
suis le médecin de garde. Je peux vous demander de sortir un petit instant s’il vous
plaît ? »
I’m a big big girl,
Je m’étais promis de ne pas pleurer.
I’m in a big big world,
Au debut, je pleurais pour Thomas.
It’s not a big big thing,
J’entends la musique qui joue, depuis la salle à mager.
If you leave me,
Je suis sûre qu’il danse avec elle.
But I do do feel
Je pleure pour Thomas, oui, mais aussi parce que c’est la fin de l’année.
That I do do will
Et que je ne vous verrai plus mes amis
Miss you much
Là, Audrey, la maman de Romain et l’Autre, arrive.
Miss you much
Elle s’assoit à côté de moi. Tout doucement, elle passe son bras autour de mon
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épaule.
« Ca ne vas pas, Julie ? »
Je ne réponds rien, je regarde le sol de la salle de bains. Je ne dis rien.
Elle non plus.
Je finis par parler : « Ça me fait de la peine que tout se termine bientôt. J’aurais aimé
que ça dure plus. »
Elle me regarde en souriant : elle a un beau sourire, et des yeux bleus. J’aimerais
bien lui ressembler, plus tard.
-Tu sais, oui c’est la fin. Mais c’est aussi le début de quelque chose d’autre. Tu vas
voir, la quatrième c’est différent.
- J’ai peur que tout le monde me manque.
- Oui, ils te manqueront au début. Mais après, tu verras, sans que tu ne te rendes
compte de rien, tu rencontreras d’autres personnes : d’autres amis …. Et un peutêtre un petit copain ! ajoute-t-elle, avec un clin d’œil.
Je ne peux pas m’empêcher de rigoler.
- Je suis contente d’arriver à te faire rire, dit-elle en me caressant le visage. Ça me
fait de la peine de te voir comme ça, je te connais depuis des années après tout,
petite Julie.
Petite Julie ? C’est vrai que tout le monde m’appelait comme ça, au début de la
primaire. Je suis contente qu’elle s’en rappelle.
- Et tu sais, certaines choses te semblent énormes aujourd’hui, mais elles ne
dureront pas.
Je cligne des yeux : elle ne veut pas parler de l’Autr…enfin de Thomas ? Non, mais
attends, c’était un SECRET ! Elle ne dit rien, et continue de me regarder avec son air
mystérieux.
-Tu verras, petite Julie, plein de belles choses t’attendent. Les vacances, puis les
dernières années de collège, puis la vie. Tu sais ce que tu veux faire, plus tard ?
J’hésite un peu avant de répondre.
- Je ne sais pas, peut-être docteur.
-
Ah, c’est un beau projet, ça ! répond-elle en sifflant. Et pourquoi ?
- Parce que je veux aider les autres.
Ok, parce que je veux aider les autres. Mais aussi, et ça je n’ose pas le dire à mon
ancienne maîtresse, parce que j’ai envie d’être comme Docteur Quinn, femme
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médecin. C’est vrai quoi, elle vit des aventures, elle soigne tout le monde, quelqu’il
soit ……………….. et elle est mariée à Sully. Aaaaahhhh, Sully…..
Audrey se lève doucement : « Tu sais, petite Julie, dans la vie tu peux être ce que tu
veux. Je te connais, je t’ai appris à lire et à écrire. Si tu veux, tu peux. Tu verras, tu
changeras d’avis dix fois avant ta terminale. Si tu décides vraiment d’être docteur, je
suis sûre que tu seras un médecin merveilleux, et que tu aideras beaucoup de
monde… Allez, viens, retournes danser, tout le monde est encore là ! »
Gentiment, elle m’entraîne hors la pièce en me tenant la main.
Je soulève le drap, en découvrant la patiente.
Y a pas à dire, elle a le look : amaigrie, la tête chauve (ayant sans doute connu des
cheveux meilleurs). Pupilles en mydriase aréflective : elle est partie la bonne femme.
Ce signe clinique, ces pupilles dilatées m’ont toujours impressionnée : comme si, en
mourant, les gens voyaient quelque chose qui n’était pas encore accessible à ceux
qui restent. Et apparemment, ça leur procure un sacré good trip…
Je sors de la chambre, me dirige vers le mari. Je lui débite les formules consacrées
pendant qu’il me regarde bizarrement.
Je me dirige vers la paillasse pour remplir toute cette foutue paperasse. Dans
Urgences, quand Benton déclare un décès, il regarde l’horloge, prend un air
dramatique en débitant : « Heure du décès, 23 h 57 » et hop emballé c’est pesé !
Mais dans la vraie vie, c’est autrement plus chiant. Formulaire bleu, formulaire
rouge, formulaire arc en ciel : double feuillet, double tampon. Mais quoi, la Maison
qui rend fou est passée par là ou quoi ?
Sans que je dise puisse dire pourquoi, quelque chose me turlupine pendant que je
remplis les lignes des 247 certificats de mon stylo bic 4 couleurs (le seul instrument
indispensable à tout médecin de garde : là ou le chirurgien a son bistouri, le médecin
a son….. bic ! ) Non, quelque chose cloche vraiment. Une vague sensation
désagréable me tord le ventre.
Non, mais c’est pas possible…..
Et si ?
Je me lève à nouveau me dirige vers « le salon des familles », là où toute famille
endeuillée peut surmonter son désarroi grâce à du bon café, et des bons gâteaux
bretons laissés par l’équipe paramédicale… Non mais quelle connerie !
Le mari est là.
On se regarde. Longtemps.
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La torsion devient un broiement.
« On se connaît, non ? »
…………
C’est lui qui a prononcé ces paroles, d’une voix blanche. Ces paroles me heurtent de
plein fouet, pendant que mes yeux tombent sur son bras.
Son bras, avec un tatouage d’ancre.
Le sol se dérobe sous moi.
C’est bientôt la fin. Mes parents vont venir me chercher.
Tout le monde commence à être un peu fatigué, mais continue à danser quand
même. Je suis assise sur le côté, à côté de la table avec les restes du gâteau et les
verres vides.
Je vois bien qu’Audrey me regarde du coin de l’œil. Je lui souris.
Parfois, tout ça, ça me donne le vertige. C’est vrai qu’après le collège, quand je serai
vieille (au moins 20 ans), il faudra que je choisisse un travail. Un mari. Puis avoir des
enfants. Etre un docteur ET une femme ET une maman. Je ne suis pas prête de
m’ennuyer, dis donc.
Mais pour l’instant, je suis là.
Don’t wanna close my eyes
Oh non, c’est pas vrai ! Pas ENCORE des slows.
I don’t wanna fall asleep cause I’d miss you babe
Tout doucement, je vois Romain s’approcher de moi avec un tout petit sourire.
And I don’t wanna miss a thing
« Dis Ju, Ju… Julie, tu voudrais danser avec moi ? » dit-il en bégayant un peu.
‘Cause even when I dream of you
En fait, il est un peu timide.
The sweetest dream will never do, I’d still miss you babe
C’est mignon. Pas mignon mignon, mais mignon quand même. Je lui tends la main.
Ah là, il sourit vraiment.
And I don’t wanna miss a thing
En fait, il est pas si mal Romain.
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Quand je danse avec lui, je vois mon ancienne prof, qui me regarde avec ses yeux qui
pétillent. Elle me lève son verre, comme quand je fais tchin avec les parents.
Je l’aime vraiment bien Audrey.
Je suis retournée dans la chambre. Je regarde Audrey.
Baby come back
Amaigrie. Elle danse bien, avec sa robe qui tourne.
Won’t you please come back
Sans que je sache pourquoi, je sens les larmes me monter aux yeux.
Son visage. Ses cheveux blonds, plus longs que les miens.
Stay tonight
Elle m’a appris à écrire. Elle a appris à écrire à la connasse qui vient de signer les
papiers de son décès.
Je pleure vraiment maintenant. Elle pleure à chaudes larmes, celle que l’Elu trouve
parfois sèche.
Hold me tight
Pupilles dilatées. Elle, et ses yeux bleus. J’aimerais bien lui ressembler plus tard.
Son mari m’a dit avant de rentrer que si j’avais été appelée quelques heures plus tôt,
quand elle était moins confortable, Romain et Thomas auraient toujours été là.
Forever
Mon dect sonne : c’est l’étage de chirurgie. En n’essayant même pas de contrôler ma
voix cette fois-ci, je décroche. « Allô, je suis bien avec le médecin de garde ? C’est la
chirurgie. J’ai un patient de 47 ans à J2 d’un Bricker qui est pas bien là. Il est fébrile
à 39.2, et a 80/50 de tension….. » Je le coupe.
- C’est bon, j’arrive de suite.
Merde, merde, merde. Ça n’en finira donc jamais.
Je sors en claquant la porte dans mon empressement.
And ever
A l’intérieur, elle est restée à côté d’elle. Elle, avec son haut Jennyfer.
Et elle continue à pleurer.
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