Reprise d`entreprise
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Reprise d`entreprise
Rencontres Reprise d’entreprise Mode d’emploi pour se préparer, Evaluer une affaire et la financer Racheter une affaire est une bonne façon de se mettre à son compte. Les spécificités de la démarche avec des professionnels. Défis: Existe-t-il un profil idéal du repreneur d'entreprise? Les tables rondes Défis/Salon des entrepreneurs Tous les mois, Défis et le Salon des entrepreneurs organisent une table ronde, animée par Xavier Kergall, directeur général de la manifestation. Le 4 juin, le débat portait sur la reprise d'entreprise. Étaient présents, (de g. à dr.) : Xavier Kergall, Michel Chavaux (fondateur et administrateur de l'ASPAJ, l'Association syndicale professionnelle d'administrateurs judiciaires), Agnès Bricard (présidente déléguée du CIP national, Ordre des expertscomptables), Richard Mamon (président du groupe Synercom France) et Yves Yvinec (directeur adjoint de la direction économique de l'Assemblée permanente de la chambre de métiers). Défis – juillet-août 2003 Tous les intervenants s'accordent pour définir le candidat à la reprise comme une personne d'expérience, qui cherche à mettre à profit un savoir. C'est aussi quelqu'un qui, en général, se connaît bien. On trouve tous les profils, depuis le technicien jusqu'au professionnel du marketing en passant par le commercial. «Mais aucun n'a plus de chances de réussir, souligne Richard Mamon, président du groupe Synercom France. Ce qu'on note, c'est la présence d'un dénominateur commun, la fibre entrepreneuriale. Un bon repreneur d'entreprise doit avoir une capacité d'écoute et d'adaptation.» Défis : Des conseils aux repreneurs? Premier constat des intervenants: la reprise d'entreprise est à la mode. «Les administrateurs judiciaires reçoivent de plus en plus de lettres de personnes leur disant "Je veux reprendre une affaire", sans plus de précisions, indique Michel Chavaux, fondateur et membre du conseil d'administration de l'ASPAJ. Je leur conseille d'abord de se déterminer sur le profil d'entreprise qu'elles souhaitent reprendre.» Il paraît également capital de bien évaluer la situation et le potentiel de la société. «Il y a aussi les éventuels problèmes avec le cédant et le lien de dépendance fort dans l'entreprise entre cette dernière et son dirigeant, précise Agnès Bricard, présidente déléguée du CIP national, Ordre des experts-comptables. Les acquéreurs ne sont pas toujours bien préparés à Fort négocier avec lui.» heureusement, le rachat d'une affaire est en général plus «encadré) que la création: «avec lui.» Fort heureusement, le rachat d'une affaire est en général plus «encadré) que la création: «Il y a plus d'experts qui doivent intervenir sur le projet, des avocats et des experts-comptables, explique Michel Chavaux, ce qui permet de réduire les taux d'échec.» Selon Agnès Bricard, «pour éviter les pièges de la reprise, il est important d'accéder à des bases documentaires professionnelles en ligne créées par des experts-comptables et des avocats (www.oec-paris.fr).» Tous s'accordent enfin sur l'intérêt de suivre des formations spécialisées sur la reprise, comme celle du CRA (Cédants et Repreneurs d'affaires). Sans oublier, comme le précise Yves Yvinec, de l'Assemblée permanente pour des mises à niveau d'investissements et/ou des pertes à financer compte tenu du changement d'hommes.» Si les règles de financement varient selon les dossiers, un schéma commun se dégage: «Dans le cadre Défis: Peut-on estimer la taille du d'une reprise majoritaire par une marché de la reprise à l'horizon personne physique, indique Richard 2010 ? Mamon, le montage classique est «Il y a en moyenne 10 000 d'un tiers d'apport personnel et 2/3 en entreprises commerciales et dettes. Ces 2/3 ne doivent pas artisanales de moins de 10 salariés à dépasser trois années de cash-flow. racheter par an, estime Yves Yvinec. Ce rapport est C’est donc un gros marché sensiblement le même potentiel en termes Les banquiers dans l'artisanat. Mais reste d'opportunités.» En demandent encore un épineux comparaison, ce nombre encore trop de problème : comment est plus réduit dans la garanties trouver l'argent ? «Quels tranche de 10 à 500 personnelles que soient les fonds deman salariés : de l'ordre de dés, précise Yves Yvinec, le banquier 5 000 par an, dont 3 000 dans le regardera si le repreneur a travaillé cadre d'une cession à titre onéreux. son projet, s'il a un savoir-faire, s'il a «Le ministre en annonce 500 000 sur fait une étude de marché. Il «Mais les dix ans, rappelle Agnès Bricard. Mais financeurs sont encore trop frileux, ces chiffres sont à moduler. Les rebondit Michel Chavaux. Et surtout, dirigeants de 50-55 ans ne seront ils demandent trop de garanties peut-être pas tous prêts à céder et à personnelles.» Tous recommandent prendre leur retraite. » donc le recours au cautionnement. Richard Mamon suggère ainsi de Défis: Quelles sont les règles en faire passer le dossier par la BDPME, terme de financement de reprise? pour obtenir un cautionnement par la Le financement d'une telle opération Sofaris. De son côté, Yves possède quelques spécificités: Yvinec insiste sur le rôle clé de la «L'investissement nécessaire à la Siagi pour les artisans: «Outre une reprise, avertit Agnès Bricard, c'est caution, elle diagnostique non seulement le montant de la l'adéquation homme-projet et la valeur de l'entreprise mais aussi les présence d'un entourage soutenant le fonds à injecter les premiers mois repreneur. de la chambre de métiers, « qu'en cas de rachat d'une affaire artisanale, la possession d'un savoir-faire est capitale.» Pour la reprise de professions libérales, Agnès Bricard souligne le rôle d'Interfimo, société de cautionnement mutuel. Défis: Comment estimer la valeur d'une entreprise? En règle générale, le prix d'achat est de quatre à sept fois les résultats dans le cas d'une entreprise stable. Mais tous les participants insistent sur la multiplicité des méthodes d'évaluation. Richard Mamon propose, pour les entreprises de 10 à 200 salariés, un calcul consistant à ajouter à l’actif net (capitaux propres moins immobilisations incorporelles) la valeur du fonds de commerce (correspondant en général à trois fois le résultat net retraité). Selon Yves Yvinec, la situation est différente pour les entreprises artisanales, chaque cas étant spécifique: «A la chambre de métier:s, nous avons donc mis en place un système de diagnostic prenant en compte différents critères. «Michel Chavaux précise: «Il faut tenir compte des évolutions des marchés. Les pharmacies valaient ainsi 110 à 120 % de leur CA, valeur qui aujourd'hui est plus proche des 65 à 70 % du CA ! » Valérie Talmon Défis – juillet-août 2003