Identification des principaux indicateurs de développement financier
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Identification des principaux indicateurs de développement financier
Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie par la méthode d’analyse en composantes principales (ACP) Dr. Brahim GANA GREDEG – France Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Résumé Parmi les indices utilisés dans la détermination des performances de l’intermédiation financière en matière d’allocation des ressources, plusieurs études ont mis l’accent sur le calcul de certains ratios susceptibles de déterminer les modalités du fonctionnement d’un système bancaire moderne. Le but principal de notre investigation, dans ce papier, consiste à expliquer l’évolution, dans le temps, de l’Indice Global de Développement Financier (IGDF) en Algérie. Dans l’objectif de présenter une meilleure évolution possible de cet indice, nous avons retenu la période (1986-2011). Ensuite, nous avons calculé certains ratios qui sont issus, dans la mesure du possible, de données quantitatives et réduites. Enfin, nous avons agrégé ces variables à l’aide d’une technique statistique appelée «Analyse en Composantes Principales». Les résultats de notre travail seront exposés dans la suite de notre analyse. Mots clefs : indices global du développement financier, Algérie, analyse en composantes principales, intermédiation financière. Abstract The main purpose of our work in this paper is to explain the evolution in time of the Global Financial Development Index (GDFI) in Algeria. In the aim to present a better evolution of this index, we retained the period (1986-2011). Then, we calculated some ratios that are derived from quantitative and reduced data. Finally, we aggregated these variables using a statistical technique called "Principal Component Analysis". The results of our work will be explained in the following analysis. Keywords: Global financial development index, Algeria, Principal Component Analysis, financial intermediation 2 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Introduction Parmi les indices utilisés dans la détermination des performances de l’intermédiation financière en matière d’allocation des ressources, plusieurs études ont mis l’accent sur le calcul de certains ratios susceptibles de déterminer les modalités du fonctionnement d’un système bancaire moderne. Nous inspirant des travaux de Gelbard and Leite (1999) 1, nous avons d’abord calculé certains indices qui sont issus, dans la mesure du possible, de données quantitatives et réduites. Il s’agit notamment des variables suivantes : Le ratio masse monétaire au sens large par rapport au PIB (M2/PIB) : cette variable permet de refléter le volume des services financiers alloués à l’économie et traduisant l’approfondissement financier. Parmi les travaux qui ont fait référence à ce genre de ratio, on peut citer Leite sur l’Afrique subsaharienne (2001) ; Le ratio crédit domestique par rapport au PIB (CSP/PIB) ; traduit la maitrise de l’effet d’éviction du secteur public par rapport au secteur privé. Son niveau élevé traduit, en quelque sorte, l’efficacité de la gestion de la liquidité bancaire, notamment en matière d’appréciation du risque de défaut. La troisième variable est celle des actifs des banques créatrices de monnaie/total des actifs de la Banque centrale et des banques créatrices de monnaie (ABCM/TOT). King et Levine 2 soutiennent ce type de ratio car les banques de second rang, comparativement à la Banque centrale, sont susceptibles d’identifier la qualité des investissements, en mobilisant l’épargne et en réduisant les coûts ; Les crédits au secteur privé par rapport au total crédits des banques créatrices de monnaie (CSP/CBCM). Ce ratio exprime la part de secteur privé dans le total des crédits. L’assiette des réserves obligatoires par rapport au PIB (AROB/PIB) : en l’absence de données statistiques sur la valeur des coefficients des réserves obligatoires appliquées aux banques de second rang d’une façon régulière, nous tenons compte de l’ensemble des dépôts des 1 Gelbard, E. and P. Leite, 1999, Measuring Financial Development in Sub-Saharan Africa, International Monetary Fund (African Department) Working Paper. 2 King, Robert G. and Levine, Ross. "Finance, Entrepreneurship, and Growth: Theory and Evidence," Journal of Monetary Economics, December 1993b, 32(3), pp. 513-42 3 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim banques créatrices de monnaie au passif de la Banque centrale par rapport au PIB ; Quasi monnaie par rapport au PIB (QM/PIB), traduisant l’augmentation de l’épargne monétaire. Afin de présenter une meilleure évolution possible de l’indice de développement financier en Algérie, nous avons retenu la période (19862011). Nous avons ensuite agrégé ces variables à l’aide d’une technique statistique appelée «Analyse en Composantes Principales». Cette agrégation rend compte des différents aspects du développement financier dans une seule mesure, mais réduit aussi les distorsions ou les erreurs pouvant entacher une série de données particulière. 1- L’évolution des ratios du développement financier en Algérie 1.1- Crédits octroyés aux secteurs public et privé Le graphique 1, ci-dessous, illustre la part des crédits octroyés aux secteurs privé et public en Algérie du 2000 à 2011. On observe que le ratio des crédits alloués au secteur privé par rapport au total des crédits s’est amélioré tout au long des 10 dernières années. Parallèlement à l’expansion des crédits destinés au secteur privé, la part des crédits accordés au secteur public a connu une contraction considérable. Cette situation peut s’expliquer par une privatisation d’une partie du secteur public, programme que l’Algérie a adopté depuis l’année 2000. Par apport à la période des années 90, ou les banques ont une aversion à accorder des prêts dans un environnement risqué (Caprio et Klingebel, 1996)3, les années 2000 sont caractérisées par une évolution importante des crédits attribués notamment au secteur privé. Cette dynamique des crédits concerne aussi bien les banques publiques (15,84 % en 2011)4 que les banques privées (21 % en 2011) 5. Cependant, une évolution des crédits directs distribués par les banques est contrastée. Une forte hausse des crédits au secteur public (27,27 % en 2011)6 s’est accompagnée d’une hausse modérée des crédits aux ménages (5,63 % en 2011) et des crédits aux entreprises privées (10,78 % en 2011). Néanmoins, les crédits immobiliers aux ménages se sont accrus de (16,38 % en 2011) et ont atteint 74 % du total des crédits aux ménages. 3 Caprio, Gerard, and Daniela Klingebiel, 1996, “Bank Insolvencies: Cross-Country Experience.” Policy research Working Paper No.1620. Washington, D.C.: World Bank. 4 Source : la banque d’Algérie 5 idem 6 idem 4 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Graphique 1 : Evolution de la part des crédits accordés aux secteurs privé et public dans le total des crédits en Algérie 0,8000 0,6000 0,7000 0,5000 CSPUB/TO TC (axe gauche) CSPR/TOTC (axe droite) 0,6000 0,4000 0,5000 0,4000 0,3000 0,3000 0,2000 0,2000 0,1000 0,1000 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 0,0000 2000 0,0000 Constitution de l’indice global du développement financier (IGDF) en Algérie L’évolution des différentes variables qu’on a retenues pour constituer l’IGDF, sont indiquées dans le tableau 1 (annexe1) : La formalisation des indices de chaque ratio ( et celle de l’indice global de développement financier sont indiquées dans les deux relations (R1) et (R2) ci-dessous. ̅ ( ̅ 1.2- ………………….…………………..(R1) [ ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )] ……… (R2) Les résultats des calculs selon les deux relations (R1) et (R2) sont exposés dans le tableau 2 (annexe2) et le graphique 2 ci-dessous. 5 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Graphique 2: Indice global du développement financier (Algérie) 0,800 0,600 0,400 0,200 IGDF 0,000 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 -0,200 -0,400 -0,600 2- L’analyse de l’indice du développement financier en Algérie 2.1Analyse à partir de graphique 2 Une première lecture du graphique (2) montre que l’évolution de l’indice global de développement financier, défini à partir des différents ratios durant la période (1986-2011), fait ressortir l’existence de deux périodes différentes pour le cas algérien. Ainsi, avant 2000, le niveau de développement financier était relativement faible, ce qui s’explique par « des valeurs négatives de l’indice global de développement financier » 7. Cette étape correspond, d’une part, à la restructuration des entreprises publiques économiques (EPE) depuis 1980 à 1989 qui s’est caractérisée par une étape de transition d’une économie dirigée vers une économie tendant à se libéraliser et par l’instauration d'une économie de marché dès 1990, d’autre part. En effet, la période des années 90 se distingue par la promulgation de plusieurs lois relatives aux réformes financières. La plus importante est celle de la monnaie et du crédit N° 90-10 en date du 14-04-1990 qui visait l'autonomisation de la Banque centrale et sa libération du modèle habituel qui est basé sur la gestion administrative de l'État et du Trésor public. La loi de 1990 stipule aussi la séparation de la sphère (monnaie / crédit) de la sphère des entreprises publiques ou privées. Cependant la loi sur la monnaie et le crédit a aussi été confortée par la promulgation d'autres lois de réformes telles que la loi de finances 1994 et sa loi complémentaire comportant l'ouverture des EPE aux capitaux 7 C’est la méthode de calcul de cet indice par rapport à sa moyenne sur la période « 1981-2007 » qui fait apparaitre des signes négatifs. 6 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim privés nationaux ou étrangers, tout en abrogeant le plafond du pourcentage majoritaire de l'État à 51% du capital antérieurement appliqué. D'autre lois ont suivi ce processus de réformes telles que la création de la bourse d'Alger en 1997, l'ordonnance N° 95-06 du 25-01-1995 sur la concurrence, l’ordonnance N°01-04 du 20-08-2001 relative à l’organisation, la gestion et la privatisation des EPE etc… Toute cette suite de lois vise la libéralisation de la sphère financière et le passage à un système libéralisé. C’est pour cette raison que la valeur de l’indice de développement financier a connu des fluctuations importantes durant cette période. En effet, l’application de toutes ces lois était très longue, très lourd et difficile à mettre en œuvre à cause, notamment, des entraves techniques et la lourdeur administrative. 2.2- Analyse de l’IGDF par la méthode ACP Comme nous pouvons le constater sur le tableau d'analyse des corrélations (voir la matrice des corrélations, tableau 3 ci-dessous), les indicateurs de développement financier sont fortement corrélés en Algérie. Ainsi, on peut donc utiliser l'analyse en composantes principales pour les réduire en un seul indice qui permet de capturer la plupart des informations initiales. Tableau 3 : Matrice des corrélations I(M2/PIB) I(ROB/PIB ) I(CSP/CBC M) I(M1/PIB) I(CSP/PIB) I(ABCM/T OT) I(QM/PIB) I(M2/PI I(ROB/P I(CSP/CB B) IB) CM) - I(M1/PI I(CSP/P I(ABCM/T I(QM/P B) IB) OT) IB) 0.31 - 0.02 0.76 - 0.87 0.04 -0.07 0.73 -0.28 0.97 -0.27 - -0.18 -0.64 -0.89 0.03 -0.88 - -0.04 0.64 0.59 -0.47 0.65 -0.31 - Alpha de Cronbach standardisé : 0.61. La valeur de l’alpha indique que les conditions d’indépendance des variables explicatives sont assez bien satisfaites.es 7 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Pour obtenir une meilleure présentation possible des données, on prend les premières composantes principales. Le but de ce procédé est d’obtenir une représentation d’un nuage d’indicateurs dans un espace de dimension réduite. Il faut déterminer les axes (les axes factoriels) qui optimisent le mieux possible la dispersion du nuage. Les résultats de notre analyse sont indiqués dans le tableau 3 et le graphique 2 suivants : Tableau 4: Variance expliquée par les principaux facteurs Analyse en composantes principales. Logiciel Sphinx IQ. Nombre d'observations complètes : 26, sur un total de 26 observations. Analyse en composantes principales à partir des variables : I(M2/PIB) , I(ROB/PIB) , I(CSP/CBCM) , I(M1/PIB) , I(CSP/PIB) , I(ABCM/TOT) , I(QM/PIB) F1 F2 F3 F4 F5 F6 Valeur 1.80 0.27 0.15 0.06 0.01 <0.01 propre variance 78.36% 11.87% 6.67% 2.42% 0.46% 0.14% expliquée variance 78.36% 90.23% 96.91% 99.33% 99.79% 99.93% cumulée La variance expliquée par les facteurs successifs pourrait se résumer ainsi : Dans la seconde ligne (Valeurs propres) du tableau 4 ci-dessus, nous trouvons la variance des deux facteurs que nous avons successivement extraits. Dans la troisième ligne, ces valeurs sont exprimées en pourcentage de la variance totale. Comme nous pouvons le voir, le facteur 1 explique 78 % de la variance, le facteur 2 en explique 12 %. La quatrième colonne contient la variance extraite cumulée. Les variances extraites par les facteurs sont appelées valeurs propres. Les valeurs propres indiquent (tableau 4 précédent) que la première composante explique 78% de la variance totale de l'indicateur composite étudié. La première composante est calculée comme combinaison linéaire des indicateurs de développement financier avec des poids donnés par le premier vecteur propre. Ainsi, la première composante principale traduit mieux le niveau de développement financier, car elle est en mesure de capturer plus de 78% de l'information de l'ensemble de données initiales. Les éléments du vecteur propre1 pour l’Algérie donnent les contributions des indicateurs initiaux dans l'explication de la variance de la première composante. Ces vecteurs propres sont utilisés comme pondération dans la construction de l'indice global du développement financier (IGDF). 8 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim La synthèse des données par extraction des composantes principales et représentée sous forme des observations et variables dans le plan des composantes. Voir graphique 3 : la carte des observations ci-dessous. Graphique 3 : Carte des observations et des variables Analyse en composantes principales. Logiciel Sphinx IQ. Nombre d'observations complètes : 26, sur un total de 26 observations. Analyse en composantes principales à partir des variables : I(M2/PIB) , I(ROB/PIB) , I(CSP/CBCM) , I(M1/PIB) , I(CSP/PIB) , I(ABCM/TOT) , I(QM/PIB) Les points représentent la projection des observations sur les deux axes (F1 et F2). Les traits symbolisent chaque variable représentée par des points de coordonnées égales aux corrélations avec les composantes. Les variables situées au centre sont faiblement corrélées aux composantes. Les angles entre variables situées loin du centre indiquent des corrélations positives (angles aigus) ou négative (angles obtus).es 2.3- Analyse des résultats obtenus par la méthode (ACP) Comme nous pouvons le constater sur les tableau 4 et le graphiques 3 précédents, l’analyse nous a fourni donc deux axes principaux qui expliquent presque la totalité de la variance soit 90% de la variance. L’axe 1 permet de tenir compte de 78% de l’information et l’axe 2 permet d’expliquer 12% de l’information. Sur l’axe 1 (facteur 1) : les quatre indices I(AROB/PIB), I(CSP/PIB), I(CSP/CBCM) et I(QM/PIB) sont liés positivement à l’axe 1 et leurs 9 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim contributions positives 8 concernant l’évolution de l’IGDF sont respectivement de 40% 26%, 24% et 3,6% (voir le tableau A : annexe 3) avec une forte corrélation entre eux (voir la matrice de corrélation). Sur l’axe 2 (facteur 2) : les variable I(M1/PIB) et I(M2/PIB) ont la plus grande contribution (30%), ces variables sont donc bien représentées. Comme le montre le graphique 2 qui illustre l'évolution de l'IGDF de l’Algérie de 1986 à 2011, l'évolution des indices dans le temps n'est pas stable et souvent très irrégulière. Les expériences de libéralisation financière n'ont donc pas donné encore les résultats escomptés. Dans l'ensemble, les indices de développement financier ont plutôt eu tendance à la hausse depuis l’année 2000. Par ailleurs, l'évolution des indices montre que le passage d’une économie réprimée financièrement à une économie de marché est marqué par une forte fluctuation de l’indice globale de développement financier ce qui a entrainer une forte instabilité financière en Algérie. Cette évolution irrégulière de l'indice à partir de 2000 semble s'expliquer en partie par la conjugaison de plusieurs facteurs: La période (1990-2011), en Algérie, représente une période marquée par une étape de transition vers une économie de marché. Plusieurs réformes bancaires ont été mises en vigueur afin de réussir cette transition. Parmi les changements qui ont marqué cette étape, on peut citer la privatisation et la loi sur les crédits et la monnaie. C’est pour cette raison que la contribution du crédit privé qui a commencé en 1993 et l’approfondissement financier sont liés à l’axe 1 (voire graphique 3 : carte des observations et des variables) d’une façon postive et significative. En revanche, les banques ont adopté une politique restrictive vis à vis de la distribution des crédits et la circulation de la monnaie car, pendant la pèriode(1990-2000), il y avait la crainte de détournement de fonds pour d’autres objectifs à part les objectifs d’investissement. En effet, la décennie 1990-2000 fut la plus difficile pour la transition vers un système financier libéralisé du fait de la crise sécuritaire qui a déstabilisé l’économie algérienne et qui a mis en péril l’intégralité des institutions financières, voir même l’absence de toute politique monétaire et économique. Par conséquent, les banques de second rang, durant cette décenie, étaient contraintes à un taux de refinancement élevé qui est imposé par la Banque centrale et le taux des reserves obligatoires était également important. Ceci est confirmé par le poids de la variable (AROB/PIB) qui est utilisée comme un facteur prudentiel pour surveiller 8 Le logiciel utilisé est le sphinx IQ 10 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim la masse monétaire en circulation. Par opposition à la première période, la deuxième étape (2000-2010, jusqu'à 2011) est caractérisée par une libéralisation du système financier, comme le montre l’indice, mais avec une fluctuation et une instabilité financière globale. En effet, a partir de 2001, et avec la hausse des prix des hydrocarbures et le surplus de liquidité impliqué par cette hausse, l’attitude de la Banque centrale vis-à-vis de la circulation de la monnaie était complètement différente par rapport à la période 1990-2000. En effet, l'instrument des réserves obligatoires, dont le dispositif opérationnel a été redéfini en 2004, a constitué un autre instrument actif tout au long de la période 2001-2011, pendant que son coefficient a été ajusté à la hausse en janvier 2008 (8 % contre 6,5 % en 2004)9. Ainsi, les réserves obligatoires, calculées en multipliant l'assiette des réserves par le coefficient des réserves, ont évolué en parallèle avec les moyens d'actions des banques, représentant entre « 13,87% et 16,18 % des liquidités bancaires auprès de la Banque d'Algérie »10 et contribuant ainsi à atténuer l'excès de liquidités entre 2007-2011. Conclusion Comme on l’a vu dans le calcul de l’indice de développement financier en Algérie et son analyse par la méthode ACP, l’évolution de l’indice montre une instabilité financière globale. Cette progression irrégulière de l’indice s’explique, notamment, par l’effet des ratios (CSP/PIB), (CSP/CBCM), (M2/PIB), (AROB/PIB), (QM/PIB) qui ont joué un rôle important dans la fluctuation et, par conséquent, par l’instabilité financière sans qu’il y ait eu une surveillance prudentielle appropriée. Par analogie, au lieu de remettre en cause l’évolution de cet indice de développement financier, il est possible de l’accompagner par un resserrement adapté de la politique prudentielle. Plusieurs recommandations, dans ce sens, peuvent être données pour rétablir la stabilité financière dans une économie ; en voici l’essentiel: Le principal dispositif prudentiel qui est le plus utilisé dans le cas du système bancaire algérien est le « ratio Cooke »11. Or, ce dispositif 9 Source : http://www.bank-of-algeria.dz/ puis rubrique cadre législatif (voir les règlements et instructions 2008). 10 Source : Rapport de la banque d’Algérie en 2008. Créé sur l’initiative du Comité de Bale en 1988. C’est un ratio de solvabilité des banques fixé à 8%. Il comporte au numérateur les fonds propres et au dénominateur les risques (encours de crédit et engagements hors bilan). 11 11 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim montre des faiblesses : le ratio Cooke ne considère que la nature institutionnelle des contreparties (Etats souverains, banques, entreprises…) ; il est donc incapable de discriminer entre les risques des entreprises. De même, il ne prend en compte ni la qualité du montage des crédits, ni l’horizon de temps des financements. De plus, il ne s’intéresse qu’au risque de crédit et oublie les deux autres grands types de risques auxquels ont à faire face les établissements financiers : les risques opérationnels et de marché. Par conséquent, il est nécessaire et primordial de s’aligner sous les nouvelles normes prudentielles, les «normes MacDonough ». En effet, ces normes ont pour objectif principal la recherche et la correction de toutes ces insuffisances. Elles permettent notamment de modifier les règles de notation des contreparties. On peut envisager de prévoir des pondérations dissuasives pour les engagements bancaires vis-à-vis des « hedge funds ».12 De façon générale, les normes prudentielles doivent faire l’objet d’une mise à jour fréquente. De plus, il ne suffit pas d’avoir un dispositif moderne et adapté à l’état de la sophistication financière actuelle, encore faut-il l’appliquer pleinement. 12 Dits « fonds alternatifs » ou « fonds de couverture », ou hedge funds. Il s’agit, donc d’une gestion alternative ; c’est un mode de gestion de portefeuille appliqué par certains fonds d’investissements. L'investissement minimal est généralement élevé de quelques dizaines de milliers de dollars, parfois, à plusieurs centaines de milliers de dollars, plus souvent, selon les fonds. De plus, n'étant par essence pas aussi règlementés que les fonds de placement classiques, ils ne peuvent pas être destinés au grand public ; ils sont réservés à la catégorie des investisseurs institutionnels ou aux grandes fortunes. Ainsi, selon Jean Michel Quatrepoint dans son ouvrage intitulé « la dernière bulle, 2009 » les deux tiers des hedge funds sont localisés dans les Iles Caïmans, qui est de facto le paradis fiscal des multinationales. 12 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Annexes Annexe1 Tableau 1 : évolution des différents ratios du développement financier en Algérie Années 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 moyenne M2/PIB R0B/PIB CSP/PIB ABCM/TOT QM/PIB CSP/CBCM 0,7655 0,0034 0 0,667 0,0749 0 0,8247 0,0134 0 0,664 0,1087 0 0,8425 0,0004 0 0,666 0,1172 0 0,7318 0,009 0 0,695 0,1377 0 0,6187 0,0036 0 0,706 0,1315 0 0,4828 0,0029 0 0,717 0,1047 0 0,48 0,0031 0,071 0,678 0,136 0,1843 0,5274 0,0294 0,065 0,607 0,1517 0,3502 0,4866 0,0021 0,065 0,618 0,1665 0,3144 0,3993 0,0008 0,051 0,587 0,14 0,1812 0,3568 0,0045 0,05 0,58 0,1271 0,1658 0,389 0,0038 0,039 0,579 0,1475 0,146 0,4583 0,0012 0,06 0,665 0,2726 0,1866 0,4567 0,0014 0,069 0,693 0,275 0,1921 0,4959 0,0138 0,072 0,59 0,2389 0,2935 0,584 0,0452 0,08 0,601 0,2916 0,3127 0,6513 0,0379 0,123 0,594 0,3333 0,4343 0,6514 0,0701 0,114 0,554 0,3216 0,4259 0,6449 0,0471 0,116 0,524 0,2551 0,4396 0,5498 0,0307 0,118 0,482 0,2159 0,5034 0,5794 0,0282 0,124 0,444 0,1938 0,5541 0,5454 0,0446 0,13 0,458 0,188 0,5507 0,6272 0,0312 0,127 0,408 0,1795 0,5404 0,7154 0,0324 0,16 0,394 0,2221 0,5186 0,6781 0,0359 0,15 0,392 0,2095 0,5528 0,7865 0,0393 0,16 0,364 0,2248 0,5323 0,590 0,021 0,075 0,574 0,191 0,284 Source : Tableau construit par l’auteur à partir des données statistiques de la Banque d’Algérie : M2 : Représente la masse monétaire au sens large, (M2=M1+Quasi monnaie) AROB : L’assiette des Réserves Obligatoire. Pour définir le ratio de l’AROB/PIB, on a retenu l’ensemble des dépôts des banques créatrices de monnaies au passif de la banque d’Algérie par rapport au PIB. CSP : Crédits au Secteur Privé ABCM : Total Actif des Banques Créatrices de Monnaie CBCM : Crédits des Banques Créatrices de Monnaie QM : (M2-M1) qui représente (Quasi Monnaie). 13 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Annexe 2 Tableau 2 : l’évolution des différents indices du développement financier en Algérie. Années I(M2/PIB) I(ROB/PIB) I(CSP/PIB) I(ABCM/TOT) I(QM/PIB) 1986 0,297 -0,838 -1,000 0,162 -0,608 1987 0,398 -0,362 -1,000 0,157 -0,431 1988 0,428 -0,981 -1,000 0,160 -0,386 1989 0,240 -0,571 -1,000 0,211 -0,279 1990 0,049 -0,829 -1,000 0,230 -0,312 1991 -0,182 -0,862 -1,000 0,249 -0,452 1992 -0,186 -0,852 -0,053 0,181 -0,288 1993 -0,106 0,400 -0,133 0,057 -0,206 1994 -0,175 -0,900 -0,133 0,077 -0,128 1995 -0,323 -0,962 -0,320 0,023 -0,267 1996 -0,395 -0,786 -0,333 0,010 -0,335 1997 -0,341 -0,819 -0,480 0,009 -0,228 1998 -0,223 -0,943 -0,200 0,159 0,427 1999 -0,226 -0,933 -0,080 0,207 0,440 2000 -0,159 -0,343 -0,040 0,028 0,251 2001 -0,010 1,152 0,067 0,047 0,527 2002 0,104 0,805 0,640 0,035 0,745 2003 0,104 2,338 0,520 -0,035 0,684 2004 0,093 1,243 0,547 -0,087 0,336 2005 -0,068 0,462 0,573 -0,160 0,130 2006 -0,018 0,343 0,653 -0,226 0,015 2007 -0,076 1,124 0,733 -0,202 -0,016 2008 0,063 0,486 0,693 -0,289 -0,060 2009 0,213 0,543 1,133 -0,314 0,163 2010 0,149 0,710 1,000 -0,317 0,097 2011 0,333 0,871 1,133 -0,366 0,177 14 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Annexe 3 Tableau A- Ordre d’importance des variables Contributions positives Contributions négatives F1 F2 F3 F4 F5 F6 I(ROB/PIB) (39.40) I(CSP/CBCM) (25.48) I(CSP/PIB) (24.16) IGDF (5.70) I(QM/PIB) (3.60) I(M2/PIB) (0.07) I(ABCM/TOT) (-1.28) I(M1/PIB) (-0.32) I(ROB/PIB) (39.45) I(M1/PIB) (19.81) I(M2/PIB) (10.07) IGDF (0.81) I(ABCM/TOT) (0.45) I(M1/PIB) (40.74) I(M2/PIB) (9.63) I(CSP/CBCM) (7.46) I(CSP/PIB) (7.33) IGDF (0.56) I(ROB/PIB) (7.94) I(CSP/CBCM) (4.16) I(CSP/PIB) (-15.47) I(CSP/CBCM) (-13.46) I(QM/PIB) (-0.48) I(QM/PIB) (-20.00) I(ROB/PIB) (-10.11) I(ABCM/TOT) (-4.17) I(QM/PIB) (-60.75) I(M2/PIB) (-11.48) I(M1/PIB) (-6.33) I(CSP/PIB) (-4.89) IGDF (-3.05) I(ABCM/TOT) (-1.39) I(CSP/CBCM) (47.56) I(QM/PIB) (4.83) I(ABCM/TOT) (3.01) I(M1/PIB) (0.76) I(M2/PIB) (0.64) IGDF (0.49) I(CSP/PIB) (-41.55) I(ROB/PIB) (-1.15) I(ABCM/TOT) (82.99) I(CSP/PIB) (4.61) I(M1/PIB) (2.63) IGDF (1.74) I(CSP/CBCM) (0.04) I(ROB/PIB) (<0.01) I(M2/PIB) (-4.84) I(QM/PIB) (-3.14) 15 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Graphique A : Carte des variables Carte des observations Caractéristiques des facteurs Tableau B: Vecteurs propres F1 F2 F3 F4 F5 F6 I(M2/PIB) 0.03 0.32 0.31 -0.34 0.08 -0.22 I(ROB/PIB) 0.63 0.63 -0.32 0.28 -0.11 0.01 I(CSP/CBCM) 0.50 -0.37 0.27 0.20 0.69 0.02 I(M1/PIB) -0.06 0.45 0.64 -0.25 0.09 0.16 I(CSP/PIB) 0.49 -0.39 0.27 -0.22 -0.64 0.21 I(ABCM/TOT) -0.11 0.07 -0.20 -0.12 0.17 0.91 I(QM/PIB) 0.19 -0.07 -0.45 -0.78 0.22 -0.18 IGDF 0.24 0.09 0.07 -0.17 0.07 0.13 16 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Tableau C : Corrélations entre les variables et les facteurs I(M2/PIB) I(ROB/PIB) I(CSP/CBCM) I(M1/PIB) I(CSP/PIB) I(ABCM/TOT) I(QM/PIB) IGDF F1 0.16 0.92 0.94 -0.21 0.94 -0.82 0.70 0.98 F2 0.73 0.36 -0.27 0.65 -0.29 0.19 -0.10 0.14 F3 0.54 -0.14 0.15 0.70 0.15 -0.43 -0.48 0.09 F4 -0.35 0.07 0.07 -0.17 -0.07 -0.15 -0.51 -0.13 F5 0.04 -0.01 0.10 0.03 -0.09 0.10 0.06 0.02 F6 -0.06 <0.01 <0.01 0.03 0.02 0.28 -0.03 0.02 F4 -11.48% 7.94% 4.16% -6.33% -4.89% -1.39% -60.75% -3.05% F5 0.64% -1.15% 47.56% 0.76% -41.55% 3.01% 4.83% 0.49% F6 -4.84% <0.01% 0.04% 2.63% 4.61% 82.99% -3.14% 1.74% Tableau D : Contributions des variables I(M2/PIB) I(ROB/PIB) I(CSP/CBCM) I(M1/PIB) I(CSP/PIB) I(ABCM/TOT) I(QM/PIB) IGDF F1 0.07% 39.40% 25.48% -0.32% 24.16% -1.28% 3.60% 5.70% F2 10.07% 39.45% -13.46% 19.81% -15.47% 0.45% -0.48% 0.81% F3 9.63% -10.11% 7.46% 40.74% 7.33% -4.17% -20.00% 0.56% Tableau E : Caractéristiques des projections sur le plan factoriel Coordonnées des variables F1 I(M2/PIB) 0.04 I(ROB/PIB) 0.84 I(CSP/CBCM) 0.68 I(M1/PIB) -0.08 I(CSP/PIB) 0.66 I(ABCM/TOT) -0.15 I(QM/PIB) 0.25 IGDF 0.32 F2 0.17 0.33 -0.19 0.23 -0.21 0.04 -0.04 0.05 F3 0.12 -0.12 0.11 0.25 0.11 -0.08 -0.17 0.03 F4 -0.08 0.07 0.05 -0.06 -0.05 -0.03 -0.18 -0.04 F5 0.01 -0.01 0.07 0.01 -0.07 0.02 0.02 0.01 F6 -0.01 <0.01 <0.01 0.01 0.01 0.05 -0.01 0.01 17 Identification des principaux indicateurs de développement financier en Algérie………GANA brahim Tableau F : Cosinus carrés des variables I(M2/PIB) I(ROB/PIB) I(CSP/CBCM) I(M1/PIB) I(CSP/PIB) I(ABCM/TOT) I(QM/PIB) IGDF F1 0.03 13.88 8.97 0.11 8.51 0.45 1.27 2.01 F2 0.03 0.13 0.04 0.06 0.05 <0.01 <0.01 <0.01 F3 0.03 0.03 0.02 0.12 0.02 0.01 0.06 <0.01 F4 0.05 0.04 0.02 0.03 0.02 0.01 0.27 0.01 F5 <0.01 <0.01 0.01 <0.01 0.01 <0.01 <0.01 <0.01 F6 <0.01 <0.01 <0.01 <0.01 <0.01 0.08 <0.01 <0.01 Bibliographie Allen, F. et Gale, D. 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