La finition ne joue pas seulement un rôle primordial

techniQUE
La finition ne joue pas seulement
un rôle primordial dans la longévité
des menuiseries extérieures, elle est
également essentielle pour satisfaire
aux exigences esthétiques et fonctionnelles qui leur sont posées. Dans
cet article, nous examinons quelle
influence les propriétés spécifiques
de certaines espèces de bois ont sur
les systèmes de finition et les recommandations relatives au traitement
initial.
Proprietes specifiques du bois et
influence sur les systemes de finition
La longévité de la finition est influencée
par divers facteurs. Parmi ceux-ci, surtout
ceux qui ont trait à la préparation de base
sont importants. De par leurs propriétés
spécifiques, certaines espèces de bois
requièrent d’ailleurs un traitement préalable approprié avant que l’on puisse y
appliquer le système de finition. Dans ce
domaine, les STS 52 ne répondent que
partiellement à la tâche et précisent uniquement que différentes espèces de bois
doivent être nettoyées préalablement à
l’application du système de finition.
Le seul but de ce traitement initial est
d’éviter une interaction préjudiciable entre
les composantes du bois et la finition, de
telle sorte que la finition ait la possibilité
de sécher suffisamment et de se fixer dans
la matière. Ce traitement initial ne remplace toutefois en aucun cas les traitements
éventuels destinés à augmenter la durée
de vie ou les procédés de préparation des
surfaces (ponçage, remplissage des pores,
primer, …).
Prétraitements
Espèces de bois à composantes grasses
Dans le cas de certaines espèces telles
que l’afzelia, le dous-sié, le merbau, le
niangon ou le teck, les composantes grasses peuvent migrer vers la surface, ce qui
diminue le processus de fixation de la finition, ou même empêche celle-ci. Pour
ces espèces, il est conseillé d’appliquer la
finition immédiatement après le ponçage
du bois. Si ceci n’est pas possible, le problème peut généralement être résolu en
effectuant un nettoyage en profondeur de
la surface du bois au moyen d’une solution
ammoniacale d’une concentration de 5%,
suivie d’un rinçage à l’eau claire.
Espèces de bois à composantes retardatrices d’oxydation
Certaines espèces tropicales, telles le padoek et l’iroko, contiennent des éléments
retardeurs d’oxydation qui retardent le
séchage de produits polymérisant par
oxydation (p.ex. finitions à base de résines
alcalines et d’huiles séchantes). Après leur
application, ces substances vont réagir, ce
qui se traduit par l’apparition d’une sorte
de couche s’apparentant à l’aspect de
“pelure d’orange”. La préparation initiale
recommandée consiste en un nettoyage
de la surface à l’aide de méthanol (alcool
à brûler) ou d’une solution diluante à base
cellulosique (thinner). Comme solution alternative, on peut appliquer une première
couche d’isolation à base de vernis polyuréthanne, ou porter son choix sur une
finition dont le sèchage ne s’effectue pas
par oxydation. L’iroko requiert dans ce domaine un soin tout particulier. Cette espèce de bois contient d’ailleurs également
des substances solubles dans l’eau, qui
peuvent produire des taches sous forme
de gouttelettes d’aspect blanchâtre, dans
le cas où l’on traite le bois à l’aide d’un
produit dans des conditions particulières
d’humidité.
Espèces de bois à composantes acides
Le coefficient d’acidité du bois varie en
fonction de l’espèce considérée (voir Tableau). Le coefficient d’acidité élevé de
certaines espèces (pH ≤ 4) peut accélérer
le durcissement de certaines finitions. Par
exemple, c’est le cas pour des produits à
base de résine acrylique. Ce durcissement
précoce peut affecter négativement la
couche de finition en diminuant ses prestations. En outre, les constituants acides
peuvent attaquer les parties métalliques
avec lesquelles le bois entre en contact et
ainsi engendrer des taches de rouille. Pour
ces espèces à composantes acides, il est
conseillé d’appliquer une “couche séparatrice” sur la surface du bois à l’aide d’un
produit de remplissage pour les pores.
Espèces de bois à composantes résineuses
Les espèces à composantes résineuses
(sapins, pins, mélèzes, épicéas, pitchpine, …) contiennent des quantités plus
ou moins grandes de matières résineuses.
Par suite du réchauffement dû aux radiations du soleil, ces résines peuvent devenir
solubles et se frayer un passage à travers
la finition. A terme, ceci porte préjudice
»
DIMENSION
53
Le bilinga, le kosipo, le kotibé, le merbau
et le sapelli sont des espèces à texture
forte et irrégulière. Cette texture occasionne un soulèvement des fibres, ce qui
donne à la surface un aspect effiloché. Afin
d’améliorer l’état des surfaces de ces espèces, il faut effectuer entre les couches
un traitement approprié de ponçage et de
polissage.
54
Certaines espèces (balau, doussié, merbau, niangon, …) contiennent également
des substances solubles de couleur sombre qui peuvent causer des “lignes” sur
la maçonnerie. Ces taches disparaissent
généralement de la maçonnerie avec le
temps, par suite des actions de la pluie et
du soleil. Dans le cas de façades en béton
ou en pierre naturelle, il est à conseiller de
couvrir les éléments de façades d’un film
de protection en plastique, jusqu’à ce que
les constituants de matière colorés aient
disparus par lessivage. Si toutefois, les
façades restent tachées, celles-ci peuvent
habituellement être nettoyées en brossant
la surface à l’aide d’eau de Javel, et par
la suite en rinçant abondamment à l’eau
propre. «
Espèces de bois à composantes à base
de tanin ou d’extraits colorés.
Auteur: S. Charron, Ingénieur, Chercheur, Labo-
Le chêne et le châtaignier contiennent
une grande quantité de tanin. Lorsque
ces espèces sont abondamment humidifiées, l’eau amène ces substances vers la
surface. Ce phénomène se manifeste par
l’apparition de traces d’égouttage qui, au
contact d’éléments contenant des matières ferreuses, provoquent des traces noires (tanin ferreux).
Le traitement initial consiste en l’application d’un produit de remplissage des pores ce qui va former une “couche de séparation” à la surface du bois. Pour enlever
les taches éventuelles, une des possibilités
consiste en l’utilisation d’une solution à
base d’acide oxalique (100 à 200g par litre d’eau). Ensuite, il y a lieu de poncer légèrement le bois avant d’y appliquer une
nouvelle finition.
CSTC-WTCB
ratoire ‘Matériaux de gros-oeuvre et de finition’,
www.cstc.be
Espèce de bois
Coefficient
d’acidité (pH)
Espèces san ou
avec peu de
composantes acides
Espèces de bois à texture irrégulière
ranti, framiré, niangon, …), les grosses veines peuvent empêcher la réalisation d’une
couche de finition homogène. A hauteur
des veines il peut se former des petites cavités. Etant donné que ses cavités à leur
périphérie ne sont recouvertes que d’une
fine couche de finition, elles peuvent à
l’origine d’une déchirure du film, ce qui
plus tard pourra être causer des infiltrations dans le bois avec des dommage plus
graves qui s’en suivent. En présence de
ces espèces, la première couche de finition doit pouvoir réduire suffisamment la
tension superficielle du bois afin de pouvoir bien s’imprégner dans les pores, ou
bien encore il y a lieu d’appliquer préalablement un produit de remplissage des
pores.
Frêne
Hêtre
Pin du Nord
Pin des Landes
Pin
Epicéa
Peuplier
6
5,5
Espèces à
composantes
acides
et provoque des dégâts à la finition (formation de boursoufflures). L’impact de ce
phénomène dépend des conditions de séchage du bois, de l’espèce, de la couleur
du bois lui-même et de celle de la finition.
Au plus la couleur est foncée, au plus la
surface sera soumise à l’échauffement.
Afin de parer à ce problème, on peut utiliser du bois qui a été asséché de façon
artificielle à une température d’au moins
60° C, ce traitement assure la cristallisation
de la résine à l’intérieur du bois. Jusqu’à
présent, il n’existe aucun remède efficace
en ce qui concerne les menuiseries déjà
placées. On peut toutefois dégraisser la
surface au moyen d’une solution diluante
adéquate afin d’enlever le plus possible
de résine en surface. Lors de l’utilisation
de tels produits, il faut faire preuve de la
prudence qui s’impose. Dans le cas d’un
ensoleillement intense, ce traitement initial ne peut toutefois empêcher complètement le suintement par transpiration de
la résine. Afin de retarder ce phénomène,
on peut appliquer un vernis à base de polyuréthanne, ou de la peinture légèrement
teintée, afin de diminuer la température à
la surface.
Chêne
Chataignier
4,5 à 5
3à4
Douglas
Western Red Cedar
2,5 à 3
Espèces de bois à granulation importante
^ Coefficient d’acidité de quelques espèces de bois
En ce qui concerne
les espèces feuillues à
granulation importante (chêne, iroko, me-
< < Formation de taches noires sur une
porte en chêne
DIMENSION
< Suintement de résine par transpiration à
travers la finition