Synthèse Atelier 3 - Les Rencontres Nationales de la Librairie

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Synthèse Atelier 3 - Les Rencontres Nationales de la Librairie
Atelier 3
Libraires indépendants, libraires en
mutualisées au sein de la profession ?
réseaux :
quelles
actions
Participaient à l’atelier :
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Jean-Marie MARTIN, Formatlivre à Libourne, Président des Librairies Atlantiques et de Libraires en
Régions ;
Daniel COYNE, Librairie Super Héros à Paris, Membre du Groupement des librairies de Bande
Dessinée (GLBD) ;
Philippe TOURON, Le Divan à Paris, Membre de l’association Paris Librairies ;
Nadia CHAMPESME, Librairie Histoire de l’œil à Marseille, Présidente de Libraires du Sud ;
Ariane TAPINOS, Librairie Comptines à Bordeaux, Membre de l’Association des Librairies
Spécialisées Jeunesse (ALSJ).
L’atelier était animé par Jean-Michel BLANC, Librairie Ravy à Quimper, Président des Libraires
Ensemble.
Jean-Michel BLANC
Le sujet de la mutualisation des librairies rejoint un peu celui de l’économie des librairies. Pourquoi
un libraire indépendant a-t-il intérêt à adhérer à une association ?
Nadia CHAMPESME
La mutualisation représente, selon moi, l’avenir de notre métier. Nous avons tout intérêt à échanger
entre partenaires. Libraires du Sud regroupe à ce jour 53 adhérents de la région PACA. Nous travaillons
à la fois sur des actions culturelles (venues d’auteurs), mais aussi sur l’accompagnement de dossiers
professionnels. Nous avons par exemple réuni tous les transporteurs agrémentés afin de leur permettre
de dialoguer avec les libraires.
Daniel COYNE
Le GLBD rassemble 91 librairies. Nous nous sommes regroupés pour pérenniser et développer nos
entreprises. Nos objectifs sont de mieux acheter, mieux gérer, mieux vendre et mieux communiquer.
Nous avons décidé de constituer un groupement de commerces associés plutôt qu’une association, afin
de rendre notre discours plus audible. Chaque point de vente demeure indépendant et le groupement
appartient aux libraires. De plus nous partageons nos savoirs et nos membres sont solidaires. Nous
mettons en commun ce que chacun ne peut s’offrir seul. 30 libraires s’impliquent fortement dans le
groupement et doivent y trouver un intérêt. Ce groupement fonctionne de manière démocratique.
Chaque libraire impliqué est soutenu par un permanent proche du terrain. Notre coopération avec les
éditeurs nous permet d’être reconnus par la profession et de peser sur les diffusions.
Jean-Marie MARTIN
La structuration de notre association passe par la reconnaissance des institutions. Nous sommes
désormais cités en exemple, suite à nos actions de communication par exemple. Nous avons en outre
Bordeaux, les 2 et 3 juin 2013
construit des formations à la gestion des stocks ou encore à l’outil informatique. Le dispositif « Jeunes
en librairie » amène des classes à fréquenter des librairies. L’opération « Courant Livres » met quant à
elle en place un dispositif de collaboration avec le Rectorat, l’Etat, la Région et les conseils généraux.
Chaque élève de la classe choisie reçoit un chèque de 30 euros à dépenser dans une librairie
indépendante. Même avec des publics dits « difficiles », nous nous apercevons qu’il est possible de
réussir de telles opérations. Dans le cadre de l’opération 2013, nous avons injecté 153 000 euros dans
ce dispositif dont les retombées s’avèrent extrêmement favorables.
Ariane TAPINOS
L’ALSJ a été créée en 1981. Elle est avant tout une association d’échanges sur la littérature
Jeunesse, sur nos pratiques et notre métier. Elle regroupe à ce jour 52 adhérents. Nous nous
retrouvons trois fois par an et depuis 1986, nous organisons un prix de littérature de jeunesse, le Prix
Sorcières. Depuis 1993, nous publions la revue Citrouille, qui certes ne nous rapporte pas d’argent,
mais joue un rôle important dans notre relation à nos clients, tout comme dans le cadre des procédures
de marchés publics. Nous organisons également la Quinzaine des librairies Sorcières. Nous effectuons
des achats groupés de papier cadeaux, de sacs, mais aussi de livres publiés par des éditeurs étrangers.
Philippe TOURON
L’association Paris Librairies est née de l’initiative de libraires insatisfaits des associations en place.
En effet, du fait des spécificités du maillage parisien, nous avons tous des clients en commun et nos
libraires savent proposer à leurs clients d’aller dans une autre librairie pour trouver une référence. Enfin
les volumes de ventes en ligne sont également très importants à Paris. Notre association s’est donc fixé
comme objectif de donner aux clients la possibilité de voir nos stocks, sous le nom « Paris Librairies ».
La priorité était pour nous de garder les clients dans le réseau physique. Nous ambitionnons désormais
d’être présents sur les réseaux sociaux et de donner aux parisiens une visibilité sur notre cartographie
parisienne, par exemple au travers d’une campagne d’affichage dans le métro.
Jean-Michel BLANC
Libraires Ensemble regroupe 37 librairies généralistes. Le partage de nos expériences nous enrichit.
Un outil informatique commun nous permet d’échanger sur nos CA, nos stocks et nos références, et de
monter des opérations de partenariat avec des éditeurs. Nous proposons également à nos adhérents
des enquêtes « Sorties de magasin » ainsi que des enquêtes de notoriété. Libraires Ensemble organise
des campagnes d’affichage, en accompagnement des catalogues distribués trois fois par an.
Quelles évolutions envisagez-vous pour vos associations à moyen terme ?
Daniel COYNE
Notre groupement met en exergue sa marque, Canal BD. Nous avons négocié des remises unifiées
et fortes auprès des éditeurs et diffuseurs, en échange de quantitatifs et de qualitatifs organisés, et notre
chiffre d’affaires ne cesse de progresser. Les diffuseurs et éditeurs y trouvent donc leur intérêt.
Jean-Michel BLANC
Le groupement ne risque-t-il pas d’arriver à saturation en nombre d’adhérents ?
Daniel COYNE
Nous nous étions donné sept années pour installer tous nos outils. 30 libraires indépendants ne
nous avaient pas suivis à l’époque de la mise en place du groupement. Nous leur avons laissé un peu
de temps, mais désormais nous soutenons tous les membres qui souhaitent s’installer dans leurs villes.
Les remises unifiées ont permis aux grosses librairies de gagner environ 1 % de marge, et aux plus
petites, jusqu’à 5-6 %.
Nadia CHAMPESME
Libraires du Sud travaille beaucoup en direction des institutions en vue de préserver un maillage
important de librairies indépendantes en région PACA. Trois libraires marseillais, dont moi-même, se
Bordeaux, les 2 et 3 juin 2013
sont par ailleurs associés, à parts égales, au sein d’une SARL afin de gérer deux nouvelles librairies,
dont l’une est destinée à être éphémère, dans le cadre de Marseille Capitale de la culture.
Jean-Michel BLANC
Envisagez-vous de vous rétrocéder des ouvrages acquis pour ces nouvelles structures, dans de
meilleures conditions que dans vos librairies d’origine ?
Nadia CHAMPESME
Ce n’est pas prévu mais nous avons réussi à négocier un alignement des remises, pour ces
nouvelles structures, sur celles accordées à la plus grosse des trois librairies partenaires.
Jean-Marie MARTIN
Notre association réfléchit à un portail aquitain.
Jean-Michel BLANC
Pourquoi réfléchir sur un tel projet, alors que des portails nationaux déjà existants pourraient fédérer
la librairie dans son ensemble ?
Jean-Marie MARTIN
Quel est le bon niveau d’étiage ? Nous devons envisager des actions régionales, qui peuvent
ensuite s’amplifier au niveau national. De la même façon, nos actions de soutien aux jeunes libraires ne
doivent pas être que verticales. Cependant les associations ne peuvent développer des actions
pertinentes que si elles bénéficient de moyens humains compétents.
Ariane TAPINOS
L’ALSJ constitue désormais une marque reconnue par les éditeurs, les professionnels du livre et de
l’enfance. Nous sommes assez exigeants avec nos adhérents, en termes d’engagement. Ils paient une
cotisation en fonction de leur chiffre d’affaires et se doivent d’acquérir un certain nombre d’exemplaires
de la revue Citrouille. Nos blogs et sites se renvoient les uns aux autres et nous disposons d’un blog
commun, actuellement en refondation. Notre objectif est de marquer notre spécificité, comme par
exemple en proposant des livres publiés par des éditeurs étrangers. Si un jour, les ventes deviennent
possibles sur notre site, elles porteront sur des livres bien spécifiques. Enfin nous envisageons de
rééditer un ouvrage de jeunesse, avec le soutien de ses auteurs.
Philippe TOURON
L’association Paris Librairies est encore en cours de recrutement. Elle a pour vocation de regrouper
les librairies parisiennes labellisées, mais aussi des librairies spécialisées, sur une zone géographique
élargie à l’Ile-de-France. Nous avons en effet été très soutenus dès le départ par le CNL et par la région
Ile-de-France. Nous pouvons réfléchir désormais à l’utilisation commune de coursiers, mais aussi
d’emballages. Sur le site de Paris Librairies, il est en outre possible d’acheter un livre numérique, au
bénéfice de l’un de nos membres. Nous impliquons ainsi nos libraires dans cette pratique de nos clients
qui se développe de manière importante actuellement.
Jean-Michel BLANC
Libraires Ensemble a la chance de bénéficier de deux permanentes, qui tiennent d’ailleurs un stand
au cours de ces Assises et à qui vous pouvez vous adresser pour plus d’informations.
De la salle
Les Libraires Indépendants en Région Auvergne ont la mutualisation pour premier objectif. En effet,
tous les libraires partagent les mêmes besoins en outils de gestion, en experts comptables, etc. Face au
développement du livre numérique, même si nous avons envie d’avancer, nous n’avons pas encore
trouvé de solutions ; sans doute faudrait-il que l’association porte un site Internet qui vendrait des livres
Bordeaux, les 2 et 3 juin 2013
numériques et offrirait de la visibilité aux librairies partenaires. Enfin, nous avons obtenu un financement
européen en vue de la création d’un groupement d’employeurs qui embaucherait pour permettre à nos
libraires de s’absenter. Nous n’en sommes cependant qu’aux prémices de cette réflexion.
De la salle
Le site leslibraires.fr propose une possibilité de géolocalisation des offres de toutes les librairies
indépendantes sur un portail commun. Il fabrique en outre les solutions techniques dont vous avez
besoin en termes de communication (sites Internet à vos couleurs).
Jean-Michel BLANC
Une association peut-elle, pour ses 30 adhérents, bénéficier d’une espèce de « niche » sur votre
site ?
De la salle
Tout à fait. Un tel site Internet coûte seulement 50 euros/mois à chaque librairie adhérente. Nous
proposons en outre des outils mutualisés qui évitent à nos adhérents de consacrer trop de temps à la
tenue de leur site Internet.
De la salle
Il est possible de faire partie de plusieurs réseaux en même temps. Les sept Librairies Fontaine
mutualisent leurs coûts de coursiers, d’emballages, de papiers cadeaux, etc. De plus, nous avons rejoint
leslibraires.fr et faisons partie de la plateforme Paris Librairies. Nous utilisons essentiellement ces outils
pour les services qu’ils rendent à nos clients en termes de visibilité sur Internet.
De la salle
Le groupement Initiales s’est doté d’outils de promotion importants. Nous avons même depuis peu
mis en place un fonds d’aide et de soutien aux librairies en difficulté. Nous répondons ainsi rapidement à
leurs problèmes de trésorerie. J’invite tous les libraires à ne jamais rester seuls.
Daniel COYNE
Au sein de notre groupement, les nouveaux libraires atteignent en trois ans seulement un chiffre
d’affaires convenable. Notre portail Internet ne leur coûte d’ailleurs rien, les frais de maintenance étant
couverts par un petit pourcentage sur les ventes.
De la salle
Tous nos échanges de ce jour visent à nous permettre de continuer à exercer notre métier. Ne
pensez-vous pas que vous représentez, au niveau national, une force en mesure de faire entendre à
l’Etat la nécessité d’une réflexion visant à mettre un terme au règne d’Amazon ? La gratuité de port
constitue un inadmissible contournement de la loi. Nous devons lutter contre cette superstructure qui en
outre, ne paie aucun impôt.
Jean-Michel BLANC
Cette question est effectivement portée par les équipes du SLF à qui nous pouvons d’ailleurs rendre
hommage.
Document rédigé par la société Ubiqus – Tél : 01.44.14.15.16 – http://www.ubiqus.fr – [email protected]
Bordeaux, les 2 et 3 juin 2013