FACTEURS AUGMENTANT LE RISQUE DE DÉVELOPPER UN
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FACTEURS AUGMENTANT LE RISQUE DE DÉVELOPPER UN
FACTEURS AUGMENTANT LE RISQUE DE DÉVELOPPER UN CANCER DU SEIN Il est généralement connu que le risque de développer un cancer du sein s'accroît avec l'âge. Mais qu'en est-il des autres facteurs qui influencent ce risque? Voici un aperçu de ceux qui semblent favoriser l’apparition d’un cancer du sein. Leur importance s’exprime en termes de risque relatif (RR), ce qui signifie qu’une femme présentant un facteur de risque ayant un RR de 5 aurait 5 fois plus de possibilités d’être atteinte d’un cancer du sein qu’une femme qui ne présente pas ce facteur. Cette information a donc été ajoutée, lorsque disponible. FACTEURS DE RISQUE PRINCIPAUX 1-Être une femme : seulement 1% des cancers du sein se développent chez des hommes. 2- L’âge : constitue le facteur de risque le plus important. 80% des cancers du sein apparaissent chez des femmes n’ayant aucun facteur de risque, sauf l’âge. La majorité de ces femmes ont plus de 50 ans. 3- L’hérédité, plus précisément la présence de certains gènes (BRCAI sur le chromosome 17 et BRCAII sur le chromosome 13). Il faut cependant noter que 5 à 10% seulement des cancers du sein sont transmis de façon héréditaire. FACTEURS DE RISQUE IMPORTANTS POUVANT NÉCESSITER UNE VIGILANCE ACCRUE (RR SUPÉRIEUR À 2) 1- La présence de lésions prolifératives avec hyperplasie atypique (canalaire ou lobulaire) découverte lors d'une biopsie antérieure. (RR 4 à 5) 2- La présence d'un carcinome lobulaire in situ (ou néoplasie lobulaire) découverte lors d'une biopsie antérieure. (RR 8 à 10) 3- Avoir déjà eu un cancer du sein 4- Une forte densité mammaire sur plus de 75% du parenchyme vue sur une mammographie antérieure. (RR 3 à 4) 5- L’histoire familiale : le fait d'avoir au moins deux parentes du premier degré (mère ou sœur) atteinte d'un cancer du sein (ou de l’ovaire), surtout avant la ménopause. (RR 3 à 5) 6- L’exposition à des radiations : de façon répétée, comme par la radiothérapie dans la maladie de Hodgkin ou à des doses élevées avant 20 ans ou au début de l’âge adulte, proportionnellement à la dose reçue. (RR 2 à 4) FACTEURS DE RISQUE D'IMPORTANCE MINEURE (RR DE 2 OU MOINS) 1- L’histoire familiale : le fait d'avoir une seule parente du premier degré (mère ou soeur) atteinte d'un cancer du sein (ou de l'ovaire), ou plusieurs parentes du deuxième degré (grand-mère, tante, côtés maternel et paternel). (RR 2 à 3) 2- La puberté précoce, la ménopause tardive, le nombre de grossesses : ces trois facteurs sont reliés au nombre de cycles menstruels vécus par une femme. Avoir eu sa puberté avant 12 ans, être ménopausée après 55 ans ou avoir eu plus de cycles menstruels par l’absence de grossesse ou des grossesses peu nombreuses, augmente le risque de développer un cancer du sein, dû principalement à la stimulation des seins par les œstrogènes à chaque cycle. 3- Un premier accouchement à un âge plus avancé, c’est-à-dire après 35 ans. C’est le premier accouchement qui fait maturer les seins et les seins qui sont matures ont moins tendance à développer des mutations cellulaires. Plus tard les seins atteignent leur maturité, plus ils sont susceptibles de développer un cancer. 4- La prise de diéthylstilbestrol (DES) : le risque serait légèrement augmenté pour la femme ayant pris du DES lors d’une grossesse. (RR 1,5) 5- La présence de lésions prolifératives sans atypie, découverte lors d'une biopsie antérieure. (RR 1,6 à 1,9) 6- La consommation régulière d’alcool, c’est-à-dire plus de 3 onces quotidiennement, surtout pour les femmes de plus de 50 ans. Le risque augmente pour chaque 10 g de consommation quotidienne d’alcool. L’alcool aurait un effet sur le métabolisme des œstrogènes, mais son mécanisme d’action n’est pas encore clairement élucidé. (RR 1,3 à 1,6) FACTEURS DE RISQUE DONT L'IMPORTANCE DEMEURE À CLARIFIER OU À QUANTIFIER 1- L’obésité : une augmentation de poids de 5 kg par rapport au poids idéal est associée à un risque accru de cancer du sein après la ménopause car, suite à l’atrophie des ovaires, l’œstrogène commence à être produit au niveau du tissu graisseux. 2- La sédentarité : l’activité physique est associée à une apparition plus tardive des premières règles, à l’absence d’obésité à l’âge adulte, à une réduction de la production d’œstrogènes et à une réduction du nombre de cycles menstruels. 3- Une diète riche en graisses augmente le risque, par ses effets sur l’apparition précoce des premières menstruations et sur le taux sanguin d’œstrogènes. 4- L’hormonothérapie substitutive (HTS) à la ménopause : une révision de plusieurs études sur l’HTS a révélé que le nombre de cancers détectés augmente à partir de la 5e année de son utilisation. En effet, le nombre de cancers pour les femmes qui n’utilisent pas d’HTS se situe à 45 par 1000 femmes (point de référence), et demeure inchangé pour celles ayant recouru à l’HTS pendant moins de 5 ans. Le nombre de cancers détectés augmente à 47 (donc 2 cancers supplémentaires) après 5 ans d’utilisation d’HTS, puis à 51 (6 cas additionnels) après 10 ans d’utilisation, et enfin à 57 (12 cas de plus) pour 15 ans d’utilisation d’HTS. Toutefois, le risque redeviendrait nul dans les 5 ans après l’arrêt de l’HTS. À titre comparatif, l’arrivée tardive de la ménopause hausse le nombre de cancers à 58 (13 cancers additionnels), tandis que le fait de prendre 2 consommations d’alcool quotidiennement ou de faire moins de 4 heures d’activité physique hebdomadairement l’élève à 72 (27 cas supplémentaires). Un indice de masse corporelle augmenté de 10 kg/m2 amène ce nombre à 59 (14 cas de plus), tandis qu’un gain pondéral après la ménopause de 20 kg ou plus le hisse à 90 (45 cas de plus). Facteur FACTEURS DE RISQUE DE CANCER DU SEIN1 Point de référence du cancer Cancers supplémentaires du sein par par 1000 femmes 1000 femmes 45 0 Total des cancers par 1000 femmes Sans HTS* 45 (point de référence) 5 ans utilisation d’une HTS* 2 47 10 ans utilisation d’une HTS* 6 51 15 ans utilisation d’une HTS* 12 57 Consommation alcool 27 72 (2 consommations par jour) Manque d’exercice régulier 27 72 (moins de 4 heures par sem.) Ménopause tardive 13 58 (10 ans de retard) Indice de masse corporelle 14 59 (10kg/m2 d’augmentation) Gain pondéral après la 45 90 ménopause (+ 20 kg) • HTS : hormonothérapie substitutive Le point de référence ou risque de base s’applique à toutes les femmes et est attribuable à des facteurs qui ne peuvent être modifiés (p. ex. le vieillissement et le sexe). 5- La prise d’anovulants serait associée à un faible risque de cancer du sein en cas de début très précoce de la contraception ou de traitement prolongé de plus de 10-20 ans. (RR 1,24) 6- Le tabagisme : le risque de cancer du sein est plus élevé pour les femmes exposées régulièrement à la fumée de tabac (tabagisme actif ou passif) pendant de longues périodes. Plus la durée d’exposition est longue, plus le risque est élevé. 7- Les antécédents familiaux de cancer de la prostate ou du côlon, seul ou en association avec des cas de cancers du sein. 8- La prise d’antidépresseurs tricycliques : selon une étude publiée en février 2002, une forte exposition à ces antidépresseurs serait associée à un taux plus élevé de cancer du sein de 11 à 15 ans plus tard. 9- L'origine géographique: les taux d'incidence du cancer du sein sont plus élevés en Amérique du Nord et dans les pays d'Europe de l'ouest. À l'opposé, les taux les plus bas sont retrouvés dans les pays d'Asie, dont le Japon. 1 Bélisle, S. Derzko, C. Hormonothérapie substitutive et cancer. JOGC; Décembre 2001 :1226-1230. 10- L’allaitement maternel : les femmes ayant allaité pendant un an ou plus verraient diminuer leur risque, tandis que le fait d’avoir été allaitée ne donnerait aucune protection additionnelle contre le cancer du sein. Quelques-uns des facteurs de risque mentionnés plus haut, comme l’hyperplasie atypique, sont des lésions qu’on peut souvent retrouver dans les rapports de biopsie du sein. Ces lésions peuvent comprendre un kyste, de l’adénose sclérosante, un papillome unique ou des papillomes multiples, de la papillomatose, une cicatrice radiaire, des modifications fibrokystiques, un fibroadénome, une mastite péricanalaire ou de l’ectasie canalaire, ou même de l’hyperplasie épithéliale intracanalaire légère, modérée ou floride, toutes sans atypie. Ce sont toutes des lésions bénignes, qui ont un RR variable, allant de nul pour le kyste, l’hyperplasie légère ou la papillomatose, à 3.3 pour le papillome intracanalaire solitaire. Il n’y a aucun moyen préventif connu actuellement pour éviter le développement d’un cancer du sein. Les facteurs de risque les plus importants sont tous des facteurs non modifiables. Considérant ces faits, les recommandations les plus pertinentes pouvant être données aux femmes agissent au niveau des facteurs de risque secondaires. Les femmes devraient limiter leur consommation d’alcool, surveiller leur poids tout en ayant une alimentation faible en gras, être physiquement active et éviter le tabagisme. La décision d’utiliser ou non l’hormonothérapie substitutive devrait être prise conjointement par le médecin et la femme, après un questionnaire médical évaluant les avantages et inconvénients de son utilisation, tout en prenant également en considération non seulement les risques de cancer du sein, mais aussi ceux d’ostéoporose et de maladies cardio-vasculaires. RÉFÉRENCES Bélanger, H. 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