Bulletin d`information de l`École militaire de haute montagne

Transcription

Bulletin d`information de l`École militaire de haute montagne
N°26
Bulletin d’information de l’École militaire de haute montagne
Décembre 2006
mission
RAYONNER...
C
par le Lieutenant-colonel Duvivier
omme le soleil dardant ses rayons depuis le sommet des Drus, l’École militaire
de haute montagne rayonne : elle forme certes, et c’est là sa mission première,
mais elle rayonne aussi de tout son être. Le colonel Lapouge, à l’origine de
ce dossier spécial et qui nous fait l’honneur de le présenter, relève bien l’absence du
terme de mission « rayonner » dans le vocabulaire militaire ; et pourtant, qu’elle
est belle et noble cette mission qui nous est spécifiquement assignée !
Elle est bien sûr remplie magistralement par ceux dont c’est le métier.
A tout seigneur tout honneur, l’équipe de France militaire de ski est notre
doyenne dans le domaine : elle porte aujourd’hui allègrement ses soixante ans,
n’a jamais été en meilleure forme et ce n’est sûrement pas fini. Cette année c’est
sûr, l’armée de terre a fait gagner la France : aux Jeux Olympiques, dans les
compétitions militaires… Les champions d’aujourd’hui, héritiers des pionniers
illustres, tels Honoré Bonnet, Jean-Claude Killy ou tant d’autres, portent manifestement au plus haut l’esprit chasseur
défini par le maréchal Lyautey : « c’est d’abord l’esprit d’équipe, de mon équipe »…
Le groupe militaire de haute montagne est plus jeune : il n’a « que » trente ans, en pleine force de l’âge donc, mais déjà
trente ans… et son histoire tient plus de l’épopée (1) que d’un récit linéaire ! Rendons un hommage particulier à ceux
qui l’ont écrite au prix de leur vie. La montagne fait payer un lourd tribut à ceux qui la défient à ce niveau d’excellence.
Véritable « laboratoire de l’extrême » au profit de l’armée de terre et de la défense d’une manière générale, le groupe est
bien sûr aussi un formidable outil de rayonnement.
Mais l’École rayonne aussi par ses éléments traditionnels, dont la renommée dépasse largement le cadre des troupes de
montagne.
Cœur historique de l’École, les instructeurs de la direction des stages sont les véritables experts de la montagne militaire,
issus des unités opérationnelles de la 27ème Brigade d’infanterie de montagne (27ème BIM) et titulaires de brevets d’Etat.
Tout à la fois pétris de culture militaire que férus de montagne, ils ont la passion de leurs deux métiers. Transmettre sa
passion et son savoir-faire aux stagiaires, français comme étrangers, n’est ce pas rayonner ?
La section d’éclaireurs de montagne rayonne enfin, et de belle manière. Elle le fait auprès des corps de la 27ème BIM bien
sûr, dont elle forme les sous-officiers depuis 1961, mais aussi auprès du reste de l’armée de terre. Ses deux premiers
mois se sont passés cette année à Saint-Maixent, au cœur de l’école nationale des sous-officiers d’active ; autant dire
qu’elle a été un ambassadeur de haut vol auprès des autres armes et subdivisions d’armes. Sans bruit, sans harangue,
avec la discrétion propre aux futures troupes de montagne qu’ils veulent rejoindre, les élèves en ont impressionné plus
d’un par leur haut niveau de sélection, de motivation comme de résultats. A eux de poursuivre !
Mais n’oublions pas ceux sans lesquels aucun rayonnement ne serait possible : discrets par essence, ce sont tous les
travailleurs de l’ombre : comptables, gestionnaires, membres du soutien qui œuvrent pour que l’École soit belle et
accueillante. Alors, honneur à eux aussi !
Je ne peux pas terminer sans remercier les auteurs des différents articles qui embellissent ce numéro : quelques noms
illustres n’échapperont pas au lecteur averti. Merci en particulier au général d’armée Bachelet, qui a bien voulu prendre
sur son temps précieux et nous communiquer son enthousiasme !
L’École rayonne donc, et c’est tant mieux. Faisons-le encore davantage, sans cesser de nous remettre en question pour
toujours chercher à nous améliorer. Persévérons donc et continuons à travailler dans un sens tout tracé : tot dret !
Je vous souhaite, ami lecteur, de découvrir ce numéro avec plaisir. Soyez en revigoré et …
RAYONNANT !
(1)
Épopée que retrace le beau livre « Mission Alpinisme », d’Antoine Chandellier, éditions Guérin 2006.
Tot Dret - Déc. 06 - Éditorial
du lieutenant-colonel Duvivier, commandant l’EMHM
L’EMHM vue par... Xavier et Gilles Chappaz
Formation Bilan des stages 2006
Brèves
La Sem 69 à Saint-Maixent
La Sem 68
5
6
8
9
Expertise Médecine d’expédition 10
1
3
5
Pour notre rubrique, nous avons rencontré deux
frères chamoniards de naissance : Gilles et Xavier.
Ils sont les fils de Gilbert Chappaz qui a été pendant
28 ans instructeur civil à l’EMHM. Impressions sur la
maison-mère des troupes de montagne.
10
InternationaL
12
Dossier
14
Affirmer son rang !
Point de vue du colonel Lapouge EMHM et rayonnement : une vocation
EFMS : Maîtriser un savoir-faire
GMHM : 30 ans de rayonnement
12
14
15
18
21
Les 30 ans du GMHM • le témoignage • le livre
« 7 continents - 7 alpinismes » - 3ème étape en Océanie
EFMS – Une année en or
Xavier lors de la fête des guide 2006.
Xavier Chappaz – Longtemps, j’ai été le fils de…
Rayonnement Les nouvelles recrues
Amicale : Dans la trace des anciens...
Que sont-ils devenus ? Éric Gramond
En photos
26
26
27
28
29
31
Vie de l’école
32
33
34
32
CSA : Toujours plus vite, plus haut, plus fort !
36
Bulletin d’information 2006 de l’École militaire de haute montagne Boîte postale 121 74403 Chamonix cedex
(tél. 04 50 53 76 99 - PNIA 821 742 86 99 - fax 04 50 53 76 20).
Directeur de publication : Lcl Duvivier.
Rédacteur en chef : Ltn Pottier. Infographie : V. Romand. Illustration photos : cellule
audiovisuelle de l’EMHM, ECPAD (p 24), ZOOM (p 29 et 30), Dauphiné Libéré (p 3), collections privées (p 4 et 33).
Impression : Point d’impression de l’armée de terre de Saint-Maixent-l’École.
- Tot Dret - Déc. 06
Gilles (à gauche) commentant le Kandahar 2006.
(Gilbert et Olga), le frère de… (Gilles), le gendre de
…(René Desmaison), le mari de… (Noëlle) et même
le maître de… (mon chien, Lord) et je suis devenu le
président de la Compagnie des guides de Chamonix
en décembre 1995. J’ajouterai que j’ai gravi quelques
montagnes et fait quelques virages…
EMHM - Quels souvenirs conservez-vous de l’EMHM
du temps où votre père était instructeur civil ?
X.C. - En premier lieu, j’ai le souvenir d’une équipe
d’hommes qui étaient certainement des pionniers et qui
formaient un groupe soudé. Il régnait un esprit de camaraderie entre les guides civils de l’époque, on le ressentait
fortement. C’étaient des camarades et des compagnons qui
vivaient entre eux.
Et puis, des souvenirs positifs comme d’avoir pu connaître
des personnes comme Jean-Claude Mosca ou Robert Flematti. Avoir pu se trouver une ou deux fois sur la corde de
Flematti, ce sont des souvenirs qui restent, des souvenirs
forts, ceux d’une rencontre avec des hommes qui représentaient la force. Et enfin, un souvenir d’enfant avec les
boîtes de ration. Quand mon père rentrait de course, avec
Gilles, on fonçait dans son sac pour voir ce qu’il restait,
comme le fromage en boîte qui m’intriguait toujours !
G.C. - Me reste l’image de deux bâtisses, celle des Pècles
plus souriante que celle du centre, grise et assez austère où
Gilles Chappaz – Après avoir passé mes diplômes
universitaires (Sciences Po) et professionnels (moniteur
de ski), je me suis tourné vers le journalisme en créant
des magazines dédiés à la montagne et aux sports de
montagne (Montagnes Magazine, Vertical). Longtemps
directeur de Ski Français, j’ai également été consultant
pour la télévision (France Télévision, TF1) tout
en collaborant avec la presse quotidienne nationale
(Libération, le Monde) et j’ai fait partie de l’équipe qui
a animé dès sa création en 1985, le magazine Montagne
sur FR3. Pendant quatre ans, j’ai occupé le poste de
rédacteur en chef adjoint de l’Équipe Magazine à Paris.
De retour à la maison, je partage aujourd’hui ma vie
entre les mots et l’image. Auteur d’ouvrages sur le ski
et la montagne (Pulls Rouges), conseiller de rédaction
de magazines spécialisés, je me consacre surtout à la
réalisation de films documentaires (La cordée de rêve,
Sur le fil des 4000, la voie Terray, Extra-dry). Je
termine un documentaire sur Jean-Marc Boivin.
flottait le drapeau tricolore ! Me reste le souvenir du mess
des officiers où nous allions souvent avec notre père et où
les gradés portaient une attention amusée à notre paire de
jumeaux aux cheveux courts coiffés en brosse et qui s’efforçaient d’être bien élevés dans ce milieu aux conventions un peu rigides.
Me reste surtout l’image d’une équipe d’instructeurs solides et solidaires, impeccablement mis, toujours gentils et
prévenants avec les gamins que nous étions. Leur carrure,
leur tenue soignée, leur compétence, leurs qualités d’alpinistes et de skieurs m’impressionnaient. Sûrement qu’à ce
moment, je pensais que j’allais suivre leurs traces.
Tot Dret - Déc. 06 - EMHM - Comment percevez-vous l’école aujourd’hui ? pour ses experts « montagne » ?
X.C. - Elle a un rayonnement incontestable, on le voit avec X.C. – Elle est très en phase avec l’ENSA pour la préparal’équipe de France militaire de ski. Elle est à la pointe du tion des aspirants-guides. Il y a effectivement un côté poski de compétition. On a senti un passage à vide à l’EMHM. sitif car chacun connaît un peu mieux les problématiques
Maintenant, il est derrière. Je pense que ce passage à vide des uns et des autres si on se rencontre. A un moment, il
a été vécu par tous les corps de l’armée lors de sa profes- faut bien que les guides militaires soient eux aussi, alignés
sionnalisation. Maintenant, tout se remet en place après ce sur ce qui se trouve être la plus haute formation en France
bouleversement.
avec l’ENSA. C’est bien mais je n’ai pas l’impression que
G.C. – Pour moi qui habite Grenoble et qui suis sporadique- ce soit nouveau. D’ailleurs, à Chamonix, il y a différentes
ment à Chamonix, l’école n’a évidemment plus le même structures, différentes écoles, tout cela crée un bouillonnetype de rayonnement et de présence que dans les années 60, ment et personne ne s’endort. Dans la capitale de l’alpinisquand je grandissais nourri
me, qu’il y ait tous
aux discours paternels qui
ces apports diffétoujours véhiculaient à la
rents autour de l’alfois les valeurs fortes de
pinisme, c’est posila montagne et le respect
tif !
que l’on doit à l’institution
militaire. L’école instalEMHM – Gilles,
lée juste à côté du groupe
quelle est votre viscolaire, en était le parfait
sion de journaliste
complément pour donner
sur le rayonnement
une bonne éducation. J’ai
de l’EMHM en
le sentiment que pour la
particulier, sur les
communauté chamoniarde
skieurs de l’équipe
et plus généralement pour
de France militaire
la communauté montagnarde ski et les alpinisde, l’EMHM reste une instes du Groupe miliLes Chappaz : Gillles, Gilbert et Xavier.
titution importante, garante
taire de haute mond’une qualité qui produit
tagne ?
sans bruit mais avec constance, des montagnards au sens G.C. – Il me semble qu’après une période de flottement,
complet du terme ! Ou pour le moins, des militaires prépa- l’EMHM a retrouvé sa place en première ligne au sein du
rés été comme hiver, à une approche humble, respectueuse ski français de compétition. Sûrement que l’implication de
et techniquement respectable des terrains d’altitude.
champions plutôt charismatiques et qui ont su jouer le jeu
(Vittoz, Vidal, Claudel, etc…) y est pour quelque chose.
EMHM - Xavier, quelles sont vos relations avec l’EMHM, En tous les cas et le public ne le sait sûrement pas assez,
notamment avec les guides et aspirants-guides militai- l’implication de l’EMHM et l’existence de l’EFMS sont
res ?
indispensables à la vie (survie ?) du ski français. Mais
X.C. – Un temps, on a eu un partenariat privilégié avec les c’est une réalité qui n’intéresse pas beaucoup la presse du
aspirants-guides, c’était avec le colonel Batani. À ce mo- ski, pour qui c’est de la cuisine interne au milieu. C’est
ment-là, c’était un souhait de l’EMHM que les jeunes sta- pourquoi les journalistes ne mentionnent que trop rarement
giaires côtoient une clientèle dite « civile ». Là, j’avais eu l’appartenance à l’EMHM des champions ou l’implication
quelques contacts avec eux. Et je connais moins les guides permanente de l’École. C’est dommage !
militaires qu’à un certaine époque où j’étais un peu plus En revanche, concernant le GMHM de l’époque de Mardedans avec mon père. Maintenant, il y a peu d’interféren- mier, de celle d’Estève et de celle d’aujourd’hui, il est clair
ce, est-ce souhaitable ou pas… Chacun a sa problématique que son rayonnement dépasse largement le cadre militaire
qui est un peu différente. Avant, on partageait à tour de ou celui des initiés. Les performances « alpinistiques »
rôle, une permanence du secours avec l’École nationale de des membres du GMHM à la fois, font parler d’elles dans
ski et d’alpinisme (ENSA), l’EMHM et la Compagnie des Landerneau et reçoivent un bel écho médiatique. Même
guides. Maintenant, on se voit moins. Mais, à Chamonix, si, entre toutes les appellations (EMHM, GMHM, PGHM,
dans les moments difficiles, il y a toujours un signe avec OHM…), presse et grand public ont bien du mal à s’y redes liens d’un côté ou d’un autre. Çà fait chaud au cœur trouver. Tenez pour ma part, je parle toujours de l’École
et là, on se retrouve. La montagne, quand elle touche, ne ou de l’EHM, l’appellation de mon enfance, plutôt que de
regarde pas la couleur de la tenue.
l’EMHM. Sûrement que dans ma tête, le « HM » de haute
montagne prend le pas sur le « M » de militaire. Et que la
EMHM - Que pensez-vous du fait que l’armée de terre notion d’École est primordiale !
ait choisi de s’aligner sur la formation civile de guide
- Tot Dret - Déc. 06
Hiver 2006
Formations
Admis Réussites Échecs Radiés
Qualification courte
101
96
2
3
Qualification CEHM
15
11
3
1
Qualification longue
24
24
Chef de détachement
35
28
1
4
Chef d’unité
20
19
1
Moniteur guide militaire
3
3
Initiateur militaire de ski
21
19
2
Aspirant guide
6
6
Préparation probatoire aspirant guide
4
2
Total
229
208
6
11
% réussite
95,0 %
73,3 %
100,0 %
80,0 %
95,0 %
100,0 %
90,5 %
100,0 %
50,0 %
90,8 %
Été 2006
Formations
Qualification courte
Qualification longue
Chef de détachement
Chef d’unité
Moniteur guide militaire
Recyclage CU/DHM
Aspirant guide
Préparation probatoire aspirant guide
Instructeur militaire de parapente
Instructeur militaire d’escalade
Total
Admis Réussites Échecs Radiés
46
45
1
48
46
2
36
32
2
18
17
1
2
2
15
15
9
8
1
2
1
9
9
5
5
190
180
0
7
% réussite
97,8 %
95,8 %
88,9 %
94,4 %
100,0 %
100,0 %
88,9 %
50,0 %
100,0 %
100,0 %
94,7 %
Tot Dret - Déc. 06 - Stage
officiers supérieurs
Un stage d’information de deux jours a été créé en 2005 à l’intention des
chefs de bureau opérations et instruction (CBOI) et des directeurs généraux
de la formation (DGF) des troupes de montagne afin de les préparer à l’exercice de leurs responsabilités dans le domaine des activités et de la formation montagne. En 2006, il a été élargi aux officiers supérieurs nouvellement affectés
dans l’une des fonctions suivantes : commandant en second, adjoint CBOI
/ adjoint DGF et directeur des ressources humaines de la mouvance
montagne. Neuf stagiaires ont suivi avec profit ce deuxième
stage, qui sera désormais reconduit.
Maquette des qualifications particulières montagne
L’armée de Terre a procédé en 2006 à une nouvelle évaluation des besoins en formations montagne. Le tableau de
synthèse ci-dessous confirme le sous-dimensionnement de la capacité de formation de l’EMHM, puisque les besoins en formation montagne de qualification et de perfectionnement sont réalisés à 88% l’hiver et à 78% l’été.
Une simple règle de trois permet de définir que l’EMHM devrait disposer d’au moins sept instructeurs montagne
supplémentaires pour satisfaire les besoins identifiés. A défaut de ce renforcement permanent, formule évidemment idéale mais peut-être illusoire, l’École est donc contrainte de diminuer les places offertes.
Principales
actions de
formation
QUALIF
CDHM
CUHM
TOTAL
(2)
Un nouveau texte de référence pour la
formation montagne
L’instruction n°1006 de 2000 et son instruction d’application n°430 de 2002 ont été
fusionnées pour donner naissance à l’instruction ministérielle n°273/DEF/EMAT/
PRH/DS du 12 avril 2006. Elle constitue dorénavant le document unique de référence
pour les actions de formation d’adaptation de l’interdomaine montagne.
Les formations suivantes ont été ajoutées dans cette nouvelle instruction : formation
parapente (Brevets A, B et OPS) ; formation VHM (1) (niveaux 1 à 4) ; instructeur
militaire d’escalade ; initiateur militaire de ski ; information des officiers supérieurs.
(1)
Véhicule haute mobilité.
- Tot Dret - Déc. 06
Hiver
Besoin (2)
Capacité
EMHM
135
47
28
210
125
40
20
185
Été
Taux de
réalisation du
besoin
93 %
85 %
71 %
88 %
Besoin
Capacité
EMHM
135
47
28
210
110
36
18
154
Taux de
réalisation du
besoin
81 %
77 %
64 %
73 %
Nombre de places en stage.
Cent courses
en détachement dans
les Alpes françaises
Dans le but de favoriser la pratique collective de la montagne, l’EMHM
a proposé au général commandant la 27ème BIM de réaliser, en collaboration
avec les corps des troupes de montagne, un recueil par saison de sorties montagne à
effectuer en détachement.
Se présentant sous la forme et dans l’esprit de la collection des « 100 plus belles », ces
recueils offriront aux chefs de détachement et d’unité de haute montagne un choix de
courses de difficulté variée, sélectionnées pour leur intérêt technique de nature à
renforcer le niveau des unités et leur esthétique propre à développer le goût
de la montagne. Ils les inciteront également à fréquenter et découvrir
de nouveaux massifs des Alpes françaises et élargiront ainsi leur
expérience professionnelle dans le domaine de leur spécificité.
Le recueil estival a été diffusé en juin 2006. Il est dorénavant
distribué aux stagiaires en perfectionnement. Les travaux
de rédaction du recueil hivernal se poursuivent avec
le concours de l’ensemble des bureaux montagne.
Tot Dret - Déc. 06 - La SEM 69 à Saint-Maixent
L
Nombre d’EVSO : 33 + 1
(EVSO issu SEM 68)
Âge moyen : 20 ans
Origines géographiques Aquitaine : 1
Auvergne : 1
Basse-Normandie : 1
Bourgogne : 1
Centre : 3
Franche-Comté : 2
Haute-Normandie : 2
Ile de France : 6
Languedoc-Roussillon : 1
Lorraine : 2
Midi-Pyrénées : 2
Nord Pas de Calais : 1
Provence Alpes Côte d’Azur : 4
Rhône-Alpes : 6
Niveaux scolaires Bac : 24
Bac + 1 : 2
Bac + 2 : 6
Bac + 3 : 2
a Section d’éclaireurs de montagne 69 (SEM) a expérimenté une nouvelle
formule durant la formation individuelle et élémentaire.
Ainsi, après une incorporation début
septembre à Chamonix,
les Engagés volontaires sous-officiers
(EVSO) ont rejoint
l’École nationale des
sous-officiers
d’active
(ENSOA) de
Saint-Maixent l’École.
Durant
deux mois, aux ordres de leur chef
de
section de l’EMHM, les EVSO
ont été rattachés à une promotion de
l’ENSOA et ont bénéficié des structures
saint-maixentaises pour lancer les bases de
leur formation de sous-officier.
L’ENSOA a vite intégré la spécificité de cette
section, rendant cette première expérience
d’autant plus constructive qu’elle a par
ailleurs, mis en lumière le très bon niveau
de recrutement de nos futurs sous-officiers
alpins.
Ils ont rejoint leurs affectations
La SEM 68
7ème BCA
VAB : Sgt Trivaudey
VAB : Sgt Ruault
VAB : Sgt Vuillard
ACMP : Sgt Douau
13 BCA
VAB : Sgt Nowak
VAB : Sgt Brugerolle
VAB : Sgt Flores
VAB : Sgt Royer
VAB : Sgt Dubois
ACMP : Sgt Taffin
ème
27ème BCA
VAB : Sgt Gouriten
VAB : Sgt Andreotti
10 - Tot Dret - Déc. 06
VAB : Sgt Lebon
VAB : Sgt Bories
VAB : Sgt Engels
ACMP : Sgt Curzillat
93ème RAM
OBS : Mdl Sarrabère
OBS : Mdl Bosselut
CTM : Mdl Chaumoitre
4ème RCh
ERC 90 : Mdl de la Roche
ERC 90 : Mdl Dumon
27ème CCTM
ERM : Sgt Piquet
ERM : Sgt Burny
Tot Dret - Déc. 06 - 11
Médecine d ’expédition
Clinique dentaire à Katmandou....
Les alpinistes qui partent en expéditions dans les contrées lointaines emmènent souvent avec eux un « toubib ».
Récit et anecdotes du « doc » qui a accompagné plusieurs fois le Groupe militaire de haute montagne.
Médecin principal Jérôme Blaise, médecin chef de l’EMHM
«- le doc au camp de base de JP (1), est ce que tu me reçois ?
- Oui JP, je te reçois bien, où est-tu ?
- On est en train de redescendre au camp 1 avec Vincent.
Il a fait une tentative ce matin vers le sommet à partir du
camp 2 à 6500 mètres mais à son retour il était complètement crevé, somnolent, et il a du mal à respirer. Avec les
autres on a décidé de le redescendre sans attendre…
- Vous avez pris la bonne décision, il est en train de faire
un œdème pulmonaire de haute altitude. Donne-lui en plus
2 comprimés d’ADALATE**. Je monte à votre rencontre
avec de l’oxygène, on reste en contact radio… »
22 heures, le groupe est réuni au complet dans la tente
mess à 4300 mètres d’altitude. Vincent est fatigué mais
respire bien … La solidarité de l’équipe et les bons choix
ont permis cette fin heureuse, car Vincent n’aurait jamais
pu redescendre du camp 2 par ses propres moyens.
La place du médecin dans une expédition est un peu particulière. Il est à la fois un peu en retrait, moins sensible
à la « pression » de l’objectif, le sommet à atteindre, mais
aussi pleinement intégré à la vie du groupe. Il doit prévenir
12 - Tot Dret - Déc. 06
tous les petits maux qui peuvent compromettre le succès
et donne ses conseils avisés. Il se tient prêt bien sûr pour
intervenir en cas d’accident. Pour cela une bonne préparation est importante.
Avant le départ, des stages de formation continue en milieu hospitalier sont l’occasion de revoir ou d’apprendre
des gestes techniques (petite chirurgie, dentisterie etc…)
toujours très utiles pour le médecin qui va exercer son art
en milieu isolé. Le choix et le conditionnement des médicaments et du matériel médical à emporter s’effectuera en
fonction des contraintes de poids et de volume inhérentes
aux conditions d’acheminement du fret. A chaque expédition ses particularités : transport à cheval, à dos d’homme,
en camion, sur des yacks… Progression sur des sentiers
escarpés et étroits, franchissements de rivières glacées, de
torrents sur des troncs d’arbres glissants… Le toubib ne
quitte pas des yeux ses malles identifiées par la croix rouge
et espère secrètement que l’étanchéité de ses boites à médicaments et instruments ne sera pas testée.
Enfin, arrivé au camp de base, c’est l’installation et le
moment de faire le décompte des ampoules brisées… Habituellement, pour une expédition médicalisée d’une
dizaine de personnes, le matériel médical est contenu dans
deux malles et un bidon qui pèsent ensemble une centaine
de kilos, soit un peu moins que 10 % du poids total du
fret.
La vie au camp de base est marquée par de longues périodes d’inactivité forcée du fait d’une météo capricieuse ou
bien simplement pour respecter le temps d’acclimatation.
C’est le moment d’entamer la pile des bouquins apportée
pour l’occasion.
On se retrouve aussi volontiers dans la tente mess et les
discussions portent souvent sur des souvenirs de montagne. Mais dès que le temps le permet, le camp de base est
déserté et les grimpeurs partent vers leurs objectifs. Ceux
du toubib sont un peu différents, le sommet n’est pas pour
lui. S’il monte vers les
camps d’altitude, c’est
d’abord pour gérer sa
propre acclimatation et
pouvoir si nécessaire apporter ses soins le plus
haut possible. En attendant il pourra se transformer temporairement en
porteur de légumes frais
vers le camp avancé, assurer les liaisons radios,
faire l’intermédiaire pour
envoyer des nouvelles en
France…
Le soutien médical d’une
expédition est une expérience professionnelle à
chaque fois différente et
marquante. Ces conditions d’exercice en si-
tuation isolée nécessitent une préparation rigoureuse pour
pouvoir faire face aux différents problèmes qui peuvent se
rencontrer.
En définitive, la médecine d’expédition est d’abord, tout
simplement, la participation à une aventure humaine, avec
son lot de difficultés mais aussi de richesses.
(1)
(2)
Les prénoms ont été changés.
Médicament diminuant l’hypertension artérielle pulmonaire.
Tot Dret - Déc. 06 - 13
Affirmer son rang !
Au niveau mondial, l’expertise française dans le domaine de la montagne n’est plus
à démontrer. Fer de lance de cette spécificité au sein de la mouvance alpine, l’École
militaire de haute montagne a continué à affirmer son rang au cours de l’année 2006
dans le concert des écoles de montagne européennes et outre-Atlantique.
Capitaine Frédéric Durin, adjoint au directeur général de la formation
U
ne invitation envoyée au « Centro
Addestramento Alpino »(1) d’Aoste (Italie) a
marqué le début des activités internationales
de 2006. S’il s’agissait de préparer le rassemblement
des écoles de montagne en Belgique, cette rencontre
entre deux grandes nations de l’alpinisme, a été surtout
l’occasion de réaffirmer les liens solides qui unissent
technique dirigée par l’Autriche est l’essence même
de ce rassemblement. Elle avait reçu pour mission
d’étudier le thème de l’évacuation de blessés sur une
paroi rocheuse sans moyen héliporté. La prochaine
réunion est programmée en mars à Mittenwald
(Allemagne) et elle aura pour thème l’estimation du
risque avalanche.
Une délégation française pilotée
par l’EMHM a ensuite participé
aux championnats nationaux
militaires de ski espagnol.
Fondeurs, biathlètes et géantistes
de tous pays se sont retrouvés
dans les Pyrénées pour côtoyer
les meilleurs skieurs espagnols
dans une compétition de très
haut niveau. Un stage de l’école
espagnole de Jaca est ensuite
venu en juin à Chamonix pour
effectuer son « module glace ».
La chaîne pyrénéenne n’abritant
aucun glacier, ce séjour est
devenu incontournable pour que la
formation de leurs stagiaires soit
La délégation italienne en visite à l’EMHM .
complète. D’autres nations telles que
l’Allemagne et la Belgique ont profité,
la France et ses voisins transalpins dans le domaine cette année encore, de l’infrastructure de l’EMHM et
de la montagne.
de son environnement montagneux exceptionnel pour
L’Italie et la France devaient effectuer une conduire des stages : « Moniteur guide militaire »
démonstration de secours en paroi. Malheureusement, pour les Allemands et « premier de cordée » pour les
l’Italie ne pouvant se déplacer, la délégation de Belges.
l’école emmenée par le Lieutenant-colonel Desbrest
a rejoint, seule, le Centre d’entraînement commando Il faut également évoquer la coopération naissante
de Marche-les-Dames (Belgique) pour le traditionnel entre la France et les pays d’Asie centrale et du
rassemblement des écoles de montagne, 40ème du Caucase. Suite à un premier Détachement d’instruction
nom. Outre l’entretien des liens amicaux entre les opérationnel (DIO) très prometteur avec la Géorgie, ce
différentes nations représentées, la commission dossier semble s’orienter vers une coopération surtout
14 - Tot Dret - Déc. 06
axée sur ce pays qui possède déjà une infrastructure et
des moyens suffisamment importants pour devenir le
pôle de formation des pays de la région.
Enfin, dans le cadre des plans de coopération avec
le Chili et l’Inde, l’EMHM poursuit ses échanges
bilatéraux. En ce qui concerne la partie française,
il est très intéressant de pouvoir familiariser nos
instructeurs avec la très haute altitude offerte par les
massifs montagneux de ces pays. En effet, le terrain
d’entraînement habituel des instructeurs montagne
de l’Armée de Terre est celui de l’arc alpin, milieu
très technique (surtout dans le massif du Mont Blanc)
mais assez limité en altitude. Ce dernier critère ne
correspond pas à ce que l’Armée française rencontre
habituellement en opérations extérieures (Afghanistan
par exemple) ou à l’occasion des DIO tel que celui qui
est en train de voir le jour dans le Caucase (Géorgie).
Or les instructeurs de l’EMHM seront appelés à revenir
dans les unités de la Force d’action terrestre. Ainsi, ils
peuvent, par l’intermédiaire d’activités de coopération
telles que celles avec le Chili et l’Inde, acquérir une
expertise nouvelle (déplacement, stationnement,
confection d’un équipement de passage à très haute
altitude, etc…) utile dans un but opérationnel déjà
existant ou futur.
(1)
Évacuation d’un blessé sur une paroi rocheuse
Centre d’entraînement alpin.
Coopération internationale avec l’Inde en octobre 2006.
Dans le nord Sikkim sur le frontière entre l’Inde et la Chine.
Tot Dret - Déc. 06 - 15
Dossier
EMHM
et rayonnement :
une vocation
L
e thème du dossier de ce Tot Dret peut surprendre et, même si le
Groupe militaire de haute montagne (GMHM) nous avait ouvert
la voie avec le beau titre de son livre anniversaire « Mission
Alpinisme », il mérite qu’on s’y arrête quelques instants. Terme de
mission pour le moins original, « rayonner » n’apparaît effectivement
dans aucun TTA ou autre INF 202 et rares sont les formations l’ayant
érigé en volet majeur de leur mission. A l’École militaire de haute
montagne (EMHM), pourtant, cette mission « rayonner » apparaît en
bonne place, juste après sa mission première, la formation. Il y est
d’ailleurs fait officiellement référence lors de toutes les présentations,
visites, inspections...
Pour se convaincre qu’il ne s’agit pas d’une appropriation abusive ou
d’une auto-désignation, replongeons-nous, pour l’EMHM, dans les
directives CoFAT : « organiser ou soutenir des activités de rayonnement
ou de communication liées à la politique montagne de l’armée de terre »
() , pour le GMHM, dans sa charte de fonctionnement : « participer au
rayonnement de l’armée de Terre en incarnant ses valeurs fondamentales »
() et, pour l’équipe de France militaire de ski (EFMS), dans les textes
fondateurs du CSM et de l’armée de Terre : « au-delà de leur contribution
au rayonnement de la France, (elle) participe à la promotion de l’image
de l’armée de Terre () ».
Cette mission a d’ailleurs été reconnue avec l’affectation d’un officier communication « à temps plein », autre exception
pour un organisme de la taille de l’EMHM.
Tentons alors de formaliser ce rayonnement. Toute mission ayant ses composantes, amusons-nous à la décomposer, en
se référant aux définitions officielles (en l’occurrence, le Petit Robert 1, édition 1988) :
1. émettre de l’énergie, briller, irradier (grâce à une « matière première » de grande qualité et des résultats
brillants) ;
2. montrer de la joie, laisser paraître un bonheur intense (avec des « acteurs » tous très bien dans leur peau) ;
3. se répandre, se manifester dans toutes les directions (à travers la diversité des actions menées dans le domaine
de la montagne ou du sport, de la formation ou de la représentation) ;
4. faire sentir au loin son action (c’est là qu’intervient une communication efficace et incisive).
Au bilan, une mission très positive et quelle aubaine dans une atmosphère générale plutôt propice à la sinistrose… Alors
surtout, ne nous privons pas, adhérons pleinement à ce rayonnement qui est demandé à l’école. A l’aide de ses deux
bras armés que sont l’EFMS et le GMHM, mais aussi à travers l’excellence de la formation, les exploits individuels de
quelques-uns et le bénévolat de nombreux autres, c’est chose faite.
Au-delà de l’aspect « réglementaire », nul besoin de prouver que ce rayonnement multiforme, dans le monde de la
montagne et du sport, dans les sphères régionale, nationale ou internationale, a des vertus incontestables. En matière
de recrutement, tout d’abord, mais aussi de fierté d’appartenance, de lien avec la société civile, etc… On l’a bien vu à
l’occasion des Jeux Olympiques, c’est la Défense tout entière qui en récolte les fruits bénéfiques.
A l’aune de ces retombées positives, en 2006 avec les Jeux Olympiques et les 30 ans du GMHM, et en reconnaissance
du dévouement et de l’excellence de tous les acteurs, « professionnels » ou « bénévoles » du rayonnement, cette mission
méritait bien d’être à l’honneur de ce Tot Dret.
Colonel Vincent Lapouge,
chef de corps de l’EMHM de 2004 à 2006
()
()
()
Directive particulière 2005-2006 du CoFAT à l’EMHM
Charte du Groupe militaire de haute montagne
Organisation du sport de haut niveau dans l’armée de Terre 16 - Tot Dret - Déc. 06
Née de la volonté de l’armée française de se pourvoir
en cadres formés aux techniques de la haute montagne,
l’École de haute montagne (EHM) s’installe en 1932 à
Chamonix.
Son rayonnement suscite très vite l’intérêt de la presse
parisienne qui ne tarit pas d’éloge à l’égard de cette
nouvelle institution de la montagne. Mais la meilleure
marque de prestige vient de l’estime que les Chamoniards,
Compagnie des guides et municipalité en tête, réservent
à la garnison.
Lieutenant-colonel Patrick Desbrest, commandant
en second
La formation montagne
C’est la mission première de l’École. S’adressant à un
nombre croissant de stagiaires, elle nécessite des moyens
importants et un encadrement qualifié. Les instructeurs
sont, au début, recrutés parmi la population locale
des meilleurs guides et moniteurs de ski. Ceci assure
d’emblée à l’EHM la reconnaissance des alpinistes.
Des milliers de cadres sont depuis passés entre les
mains des instructeurs dont les noms ornent les plus
belles pages de l’alpinisme français. Cette formation
de chefs, de professionnels de la montagne,
rompus à la maîtrise des conditions difficiles,
tous les stagiaires sont unanimes pour en
reconnaître la crédibilité et l’efficacité. Ceci est
d’autant plus vrai que les évolutions techniques,
l’interarmisation de la spécialité alpine et la
généralisation de cette formation vont accroître
encore davantage la vitalité de l’École et sa
notoriété au sein de l’armée française. La
renommée de la « Maison Mère des Troupes de
Montagne » se renforce au fil des stages et des
saisons.
Stage formation été : escalade aux plaques du Brévent.
Le secours en montagne
Le secours en montagne dans le massif du Mont-Blanc est créé
en 1929 à l’initiative du Club Alpin Français, mais reste du seul
ressort de la Compagnie des Guides de Chamonix qui est le plus
grand organisme de secours en France. Cependant l’EHM est
bien l’instigatrice de la création de la Société Chamoniarde de
Secours en Montagne (SCSM) en 1948. En son sein, elle prendra
.une part active dans bon nombre de sauvetages par voie terrestre
qui resteront des épisodes quelquefois tragiques de cette épopée,
jusqu’à la restructuration actuelle et la création des Pelotons de
gendarmerie de haute montagne en 1958. Le capitaine Flottard,
commandant l’EHM à l’époque, sera le premier vice-président de
la SCSM. A ce titre et en reconnaissance de ses mérites, l’EHM
(devenue EMHM) est toujours membre d’honneur de cette
société.
Aujourd’hui, l’École participe encore au secours en montagne.
Ses médecins militaires prennent leurs tours d’astreinte sur la base
hélicoptère de Chamonix et les personnels de l’EMHM peuvent
intervenir en renfort, sur réquisition.
Descente du brancard Lardy
dans une paroi verticale.
Tot Dret - Déc. 06 - 17
Dossier
Le sport
Les expérimentations
L’EMHM est l’un des creusets du sport français
de haut niveau. L’équipe de France militaire de ski,
implantée à l’école depuis les débuts, a compté dans
ses rangs les plus grands noms du ski français et
continue, comme cette année aux Jeux Olympiques
de Turin, de porter haut les couleurs de la France.
Le GMHM, jeune trentenaire, a su forcer l’admiration
par ses exploits, tant individuels que collectifs, de
nombreuses générations d’alpinistes.
De nombreuses compétitions locales ou nationales,
organisées par l’EMHM, lui permettent d’imposer
un réel dynamisme et sa notoriété dans le monde du
sport.
Dès la création de l’École, les sections d’éclaireurs
skieurs (SES) et leur encadrement expérimentent
régulièrement du matériel d’équipement en altitude:
ski métallique, véhicules de transport sur neige,
transmissions, rations d’urgence ou matériel de
secours en crevasse étroite comme en 1973.
Le Groupe militaire de haute montagne (GMHM)
participe aussi à l’expérimentation de nouveaux
matériels ainsi qu’à des tests médicaux et
physiologiques. En 1990, cette unité teste les
matériels de parapente et de deltaplane et, en 2005,
les réactions du corps humain face à différentes
situations d’efforts en altitude. Les expéditions du
GMHM aux quatre coins du monde permettent de
valider des savoir-faire et des techniques.
Sur la banquise en Arctique - avril 1994.
L’École, par le biais de son club sportif
notamment, participe en outre activement à
l’organisation de manifestations sportives de
renom international telles que la descente de
la coupe du monde de ski alpin du Kandahar
ou l’ultra-trail du Mont-blanc qui réunit les
meilleurs « trailers » mondiaux.
De gauche à droite : Cch Luc Alphand et Jérôme Noviant,
Cba Daniel Grandclément, Cch Franck Piccard et Philippe Grand.
Les Sous-officiers
En 1961 est créée la première section
d’éclaireurs de montagne (SEM). Les SEM
forment les futurs sous-officiers des corps de
la 27ème Brigade d’infanterie de montagne.
Ces jeunes cadres quittent l’EMHM avec
le brevet de qualification des troupes de
montagne, ce qui les rend aptes d’emblée à
leur premier emploi. Les meilleurs d’entreeux rejoindront par la suite l’encadrement
des promotions ou des stages. La compétence
et la rusticité des sous-officiers issus des
SEM sont unanimement reconnues par
les différentes composantes de l’armée de
Terre.
Relations internationales
L’EMHM est également l’instigatrice du
premier rassemblement militaire international
des troupes de montagne qui s’est tenu à
Chamonix en 1966. Treize nations ont ainsi
pour objectif de standardiser leurs techniques
et procédures montagne en comparant et en
testant leurs méthodes ou études.
Au plan militaire, l’émergence de conflits
régionaux en milieu montagneux a stimulé
de nombreux échanges avec des armées
étrangères. Des délégations viennent ainsi
à Chamonix toucher du doigt le savoir-faire
militaire français en montagne. L’EMHM
exporte, quant à elle, ses compétences en
détachant ses cadres pour mettre sur pied
des unités spécialisées montagne (Liban,
Kirghizstan, Afghanistan…)
SEM 24
Lien Armée-Nation
L’EMHM participe aux différentes manifestations de la haute vallée de l’Arve. Les visites officielles qui ont lieu à ces
occasions véhiculent souvent l’excellente image de l’école au travers de prestations remarquées.
Très liée à sa vallée, l’EMHM intervient régulièrement aux côtés des collectivités territoriales. Ce fut le cas aux Houches
en 1964, lorsqu’un incendie ravagea la forêt entre Bellevue et le Mont-Lachat, en 1978, avec la participation aux
opérations de recherche en avalanche et au déneigement du village du Tour et de la voie ferrée Chamonix-Argentière,
en 1985 avec l’avalanche de la Pendant ou en 1999 avec celle du Tour.
18 - Tot Dret - Déc. 06
Présentation de matériels techniques aux attachés militaires des ambassades
étrangères en France en avril 1974.
Tot Dret - Déc. 06 - 19
Dossier
Maîtriser un savoir-faire
A
près deux saisons de succès, particulièrement en
ski nordique, l’échéance olympique était pour les
états-majors, l’objectif de la saison 2006. Cette
idée était parfaitement admise par l’équipe de France militaire de ski (EFMS), même si elle s’était fixée d’autres
buts pour ne pas focaliser sur ce seul point et déjà préparer
l’après Jeux.
La préparation d’un tel enjeu avait décuplé la motivation
de chacun. Dès le stage commando de Givet en mai 2005,
on avait noté l’investissement d’ensemble. Les leaders
avaient pris les affaires en main afin que «médaillables et
sélectionnables » tirent le meilleur d’eux-mêmes dans un
remarquable esprit d’équipe !
L’été 2005 fut une période de travail très dense afin de
compter un maximum d’heures d’entraînement et donc de
disposer de fondations solides au moment de débuter la
coupe du Monde.
Après une phase axée sur la communication
de l’équipe, l’encadrement avait également
revu son or-
Maîtriser le savoir-faire et ainsi mieux faire savoir
que ces militaires de l’armée de Terre sont champions
du monde … Tel est aujourd’hui l’enjeu de l’équipe
de France militaire de ski, mais au fait : pourquoi
faire ?
Capitaine (TA) Christian Persicot, directeur de
l’équipe de France militaire de ski
ganisation pour mieux répondre au besoin de la Fédération
française de ski et des athlètes militaires. Ainsi, le capitaine Christian Persicot avait rejoint la direction technique
nationale comme directeur du ski nordique pendant que
l’adjudant Frédéric Échavidre poursuivait sa mission au
sein du groupe filles de l’équipe nationale de ski de fond.
Ainsi le ski français établissait une passerelle officielle
entre ses propres structures et celles de l’EFMS ; l’adjudant-chef Bernard Stocard assurait en base arrière la part
administrative et matérielle, rapidement renforcé par l’arrivée du caporal-chef Sabine Hudry, qui a mis un terme à
sa carrière de haut niveau.
Le début de saison fut marqué par de beaux résultats chez
les nordiques. Cette fois nous savions que tout était prêt,
nous pouvions rejoindre les sites olympiques de Turin
confiants ! Seize sélectionnés et deux cadres faisaient partie de la délégation officielle : un record … A ce jour, on
connaît le reste. Jamais l’EFMS n’était rentrée à Chamonix avec autant de métal Olympique.
Au bilan, c’est sûr, le travail accompli aura payé. La mise
en place d’un stage commando au printemps 2005 pour
permettre de créer une émulation et
un
esprit
d’équipe
entre les
athlè-
Le sergent Vittoz phographié par l’agence Zoom
au stand de tir de Sacconge
L’Olympisme est sans doute ce qui reste
de plus grand aux sports d’hiver. Relégués
au second rang pour ne pas dire au fond de
la classe des programmations télévisées,
nos sports préférés retrouvent les feux
de la rampe durant la quinzaine Olympique. Cure de jouvence pour les athlètes
qui redeviennent, le temps des épreuves
olympiques, de potentiels « seigneurs des
anneaux ». Cure d’images pour les autres
qui redécouvrent à cette occasion l’intensité de tous ces sports presque oubliés et
pourtant ô combien valeureux.
tes quelle
que soit leur discipline a été un succès. Tous ont adhéré à
ce projet. Ils ont travaillé tous ensemble, favorisant ainsi
l’échange d’expériences et de compétences. La compétition de haut niveau ne permet pas de maîtriser en permanence tous les éléments de la réussite et nous en sommes
conscients. Il s’agit donc bien maintenant de fixer des objectifs précis et d’utiliser ces expériences pour essayer de
faire encore mieux à Vancouver dans quatre ans.
Une nouvelle ère est entamée, l’EFMS est de nouveau en
marche, alors osons pour que les couleurs de la France
flottent de nouveau à Vancouver dans quatre ans. Il règne
au sein de l’équipe une très bonne ambiance. Les regroupements comme les stages à l’extérieur de la garnison y
contribuent sans aucun doute. Il existe une dynamique importante et je suis très confiant sur ce collectif. L’esprit
moral de ces soldats d’élite est important pour la performance et l’encadrement tente d’apporter en permanence
les éléments nécessaires pour qu’ils soient opérationnels
et prêts le jour « J ».
Mieux faire savoir que ces militaires de l’armée de
Terre sont les meilleurs au monde…
20 - Tot Dret - Déc. 06
pour répéter inlassablement le rôle et la
place qu’occupe la défense au sein du
sport et du ski français.
La communication est un art difficile et fastidieux. Il faut
sans cesse convaincre et ce n’est pas toujours simple. Les
journalistes, par indifférence voire parfois par opposition,
« ne jouent pas toujours le jeu ». Il faut alors convaincre
ces derniers de mentionner l’armée de Terre ou l’EMHM.
Ils ne le font pas spontanément. Ainsi prenons nous, en
permanence et à tous les niveaux, notre bâton de pèlerin
L’Olympisme est l’ami des pratiques minoritaires. Pourtant
les Jeux sont imprévisibles, tout comme l’athlète qui participe. Les Jeux c’est la course d’un jour, d’une vie. Leur
communication est le fruit d’un travail de longue haleine
construit et développé dans le but de donner la meilleure
image d’une équipe que l’Armée dans son entier pourrait
s’approprier.
En 2004, je recevais un courrier de la plume du Général
Thorette, chef d’état-major de l’armée de Terre. Il m’indiquait son fort mécontentement quant au manque de
communication de l’EFMS eu égard aux résultats de cette
équipe et à l’investissement qu’il lui accordait. Après une
explication à Paris, il était décidé de travailler tous ensemble pour combler ce déficit. Les Jeux olympiques de Turin nous ont donné cette chance, il me semble que nous
l’avons saisie….
Aujourd’hui la situation s’est considérablement améliorée. Les journalistes spécialisés nous connaissent et ont
pris conscience de l’importance du rôle que joue l’armée
de Terre auprès du ski français. En interne, les services de
communication de la défense (SIRPA – DICOD) nous apportent tout leur soutien : calendrier – DVD – couverture
du magazine de l’armée de Terre pour relayer auprès des
« combattants » les résultats sportifs et inauguré une nouvelle voie en faisant participer quatre de nos champions à
l’émission « Fort Boyard ». Mais, plus que tout, l’investissement humain des athlètes a permis de faire connaître
cette équipe qui pourrait devenir un outil de communication pour notre armée. Pour autant, rien n’est acquis. Les
idées existent mais elles réclament souvent des moyens.
Il faudra donc rebondir après cette formidable saison de
communication et retourner au combat pour poursuivre
Tot Dret - Déc. 06 - 21
Dossier
Séance de dédicaces lors du 14 juillet à Chamonix.
une action qui, j’espère, ne fait que débuter !
… Tout ça, pour quoi faire ?
L’EFMS existe depuis 1947, et si elle a
survécu à la professionnalisation des armées françaises c’est qu’il doit y avoir
une raison !
Historiquement, le sport militaire a toujours donné, et continue de donner beaucoup au sport français. Les récents Jeux
Olympiques d’hiver de Turin en portent
témoignage. Il nous semble cependant
que le grand public n’en a pas encore
suffisamment conscience. La création récente, à Fontainebleau, du Centre national des sports de la
défense devrait apporter dans ce domaine de nouvelles solutions. Madame Alliot-Marie, ministre de la défense, veut
ainsi redonner au sport militaire la place qui est la sienne.
Les personnels de l’armée de Terre peuvent être fiers de
soutenir les sportifs qui participent à ces événements internationaux majeurs. J’ai noté cet hiver le grand nombre
de courriers que nous avons reçus pour nous féliciter de
nos résultats. Pour la première fois, des « frères d’armes »
nous avaient entendu à la radio, vu à la télévision ou lu
dans les journaux.
L’engagement et le travail de nos champions mettent en
évidence un ensemble de valeurs que l’Armée doit promouvoir : esprit d’équipe, sens de l’effort, rigueur, courage, persévérance, acceptation des règles, respect de soi
et des autres, entraide et solidarité, loyauté…
L’armée de Terre soutient ces sportifs de haut niveau et
permet ainsi à ceux qui ne peuvent pas atteindre les sommets de se reconnaître dans cette politique sportive.
Aujourd’hui, le ski français existe, entre autres, au travers
de notre équipe. Nos champions militaires ont fait et feront
encore vibrer les français. Il suffit de croiser leurs regards
et de les voir défiler le 14 juillet à Chamonix pour mesurer
la passion qui les anime, mais aussi leur fierté d’être chasseurs alpins, leur vitalité, leur compétence, leur sérénité et
leur modestie. Nous pouvons être heureux de les compter
dans nos rangs.
À la parution de cet article, la saison 2006-2007 aura commencé. Elle sera, j’en suis convaincu, d’un bon niveau
sportif. Pour autant, elle devra essentiellement nous permettre de reconstruire cette équipe et ainsi de trouver un
nouvel élan afin qu’en 2010, les skieurs militaires français
transpercent l’écran et soient plus forts
encore qu’en 2006. Ce nouveau cycle de quatre années suit le rythme de
l’Olympisme. Il constitue une montée
en puissance progressive avec des paliers de contrôle. Le chantier est encore
vaste et exaltant : ancrage de l’EFMS
au sein de l’institution, amélioration
des règles budgétaires… tout cela pour
rayonner au profit des combattants.
J’ai le sentiment que le soutien de toute l’armée française nous aidera dans
cette mission.
Une équipe, un esprit,
tous les points comptent !
Interview du sergent Poirée.
22 - Tot Dret - Déc. 06
30 ans de rayonnement
au bénéfice des troupes
de montagne et de
l’armée de Terre
L
orsqu’en 1976 le général Pierre Laurens,
commandant la 27ème Division Alpine reconstituée,
crée le Groupe militaire de haute montagne
(GMHM), l’antimilitarisme qui est allé crescendo dans
notre pays depuis des décennies connaît son paroxysme.
Les générations en service aujourd’hui imaginent mal le
climat qui règne alors dans le regard porté sur l’armée : une
offensive de groupuscules gauchistes au sein des unités
se traduit par la constitution de « comités de soldats » ;
les cadres sont des « crevures » et les rares engagés des
« rampouilles » ; des slogans s’inscrivent sur les murs
quand ce n’est pas sur les rochers en montagne : « L’armée,
ça tue, ça pue, ça pollue ».
Les troupes alpines n’y échappent pas.
Elles avaient pourtant été au début du siècle le fleuron du
rayonnement de l’armée dans un pays alors ardemment
mobilisé pour le retour à la mère patrie des provinces
perdues de l’Alsace-Lorraine. Pour s’en convaincre, il suffit
de consulter les collections de « l’Illustration » ou du « Petit
Journal », dont les Alpins font très souvent la couverture
sous forme de gravures qui constituent aujourd’hui de
précieuses références historiques et artistiques. Il faut dire
que ces Alpins avaient été à la pointe du développement
du ski et de l’alpinisme, avec notamment l’introduction
du ski à Briançon par le 15-9 dès le début du siècle. Cela
restera vrai jusqu’à la deuxième guerre mondiale avec la
création de l’EHM (École de haute montagne) à Chamonix
et le rôle des sections d’éclaireurs-skieurs sur le front des
Alpes, que ce soit au cours de la campagne de 1940 ou dans
l’hiver 44-45. Le rôle essentiel des cadres alpins dans les
maquis vient encore rehausser cette image : que l’on songe
au 27ème BCA (Bataillon de chasseurs alpins) aux Glières,
au 7ème BCA dans le Beaufortin, au 6ème BCA en Vercors, à
la compagnie Stéphane en Belledone et Grésivaudan, pour
se limiter aux références les plus connues.
Or, plus rien de tout cela au milieu des années 70. Le mal
être de l’armée qui résulte de la désaffection quand ce n’est
pas de l’hostilité de l’opinion affecte durement le monde
alpin. On est alors mal dans sa peau de militaire lorsque,
cadre ou stagiaire à l’EMHM (École militaire de haute
montagne), on prend la benne du téléphérique et que l’on
est en butte aux sarcasmes, ou bien encore dans les refuges
ou dans les grandes voies classiques avec des détachements
qui, clairement, ne sont pas les bienvenus.
Il est vrai que, dans le même temps et sauf quelques rares
individualités, les militaires ne sont plus à la pointe de l’alpinisme. Rares sont les sous-officiers guides de haute montagne, encore plus rares les officiers : c’est là le résultat
différé de deux décennies au cours desquelles les théâtres
d’opérations extérieurs d’Indochine puis d’Algérie avaient
Tot Dret - Déc. 06 - 23
Dossier
mobilisé les cadres vers d’autres horizons que ceux de la
montagne. La pratique de la montagne est une pratique de
masse, la performance individuelle dévalorisée, entraînant
un nivellement vers le bas. Alors même que l’alpinisme
ne cesse de progresser, tant dans ses matériels que dans sa
pratique, les militaires semblent hors-jeu pour une opinion
pourtant alors très réceptive aux exploits des Desmaison,
Bonatti ou Messner.
de la guerre froide qui depuis le début des années 90 a mis
un terme à l’antimilitarisme d’antan et nourri une faveur
depuis longtemps inégalée. Les armées, désormais professionnelles, sont valorisées dans des opérations où elles
apparaissent comme des facteurs de paix dans un monde
de violences. De même dans ce cadre, l’intérêt de disposer
d’unités capables d’affronter les conditions difficiles des
terrains escarpés, de la neige et des conditions climatiques
extrêmes n’est désormais plus discuté par personne.
Dans le même
temps, à la faveur
notamment de la
campagne
d’Indochine dont ils
avaient été absents
en tant que tels, les
Alpins, qui avaient
été les « troupes
d’élite » de la
première moitié
du siècle, avaient
cédé la place, dans
ce « statut » informel, aux parachutistes ou à la Légion étrangère. Il
s’y ajoutait de surcroît que la priorité donnée au corps
blindé mécanisé
Lcl Jean-Claude Marmier, chef du GMHM dans le
de 1976 à 1986.
cadre de
la guerre
froide et de la doctrine de dissuasion contribuait fortement à marginaliser des troupes
alpines jugées par beaucoup comme une survivance désuète.
Pourtant, précisément, dans un monde plus que jamais sensible aux manifestations spectaculaires et aux symboles, la
création du Groupe militaire de haute montagne est survenue à point pour, le moment venu, accompagner voire
rehausser le regain de faveur non seulement des troupes
alpines, devenues troupes de montagne, mais aussi de l’armée de terre dans son ensemble.
C’étaient donc à la fois une image externe et
une image interne qui se trouvaient fortement
dévaluées.
Avec un recul de trente années, il ne fait pas
de doute aujourd’hui que le Groupe militaire
de haute montagne aura joué un rôle déterminant dans l’inversion de la tendance. Bien sûr,
le facteur principal est exogène : c’est la fin
Cba Alain Estève, chef du
GMHM de 1986 à 1996.
24 - Tot Dret - Déc. 06
De façon un peu schématique, on peut, dans la naissance
puis l’épanouissement du rayonnement du GMHM au bénéfice des troupes de montagne et de l’armée de terre, distinguer trois temps de chacun environ une décennie.
Le premier temps est celui de la décennie Marmier. C’est
lui, premier chef du GMHM, par sa personnalité exceptionnelle d’audace et de volonté, qui fait recoller le monde
militaire à la pointe de l’alpinisme, qui rejoint celle-ci, et
qui en devient même l’un des moteurs. Au cours de cette
décennie, cela n’est pas encore perceptible des non-initiés,
mais le GMHM devient l’un des acteurs principaux d’une
véritable mutation de l’alpinisme dans un engagement to-
Cba Thierry Bolo, chef du GMHM
(à droite) de 1996 à 2003.
tal, qu’il soit individuel - on songe à Christophe Profit dans
les Drus - ou collectif, dont on se donne les moyens.
Lorsqu’en 1986 le lieutenant-colonel Marmier passe
le témoin au capitaine Estève, le cœur du réacteur est
constitué : il peut désormais rayonner. Il reviendra
à Estève d’organiser ce rayonnement, à la fois
par une politique médiatique intelligente et
efficace tant vers le monde militaire que vers
l’extérieur, et en se maintenant à la pointe des
évolutions tout en investissant de nouveaux
domaines d’action - 3ème dimension, régions
arctiques, challenge des 3 pôles, etc…
Quand Estève disparaît tragiquement en
1996, le Groupe militaire de haute
montagne est devenu la « patrouille
de France de l’armée de terre ».
Il n’est pas sans intérêt que cette
date soit précisément celle
de la naissance de l’armée
professionnelle. Nul doute que
le rayonnement du GMHM
contribue alors à asseoir le
positionnement des troupes de montagne et, au-delà, à
accompagner la cote croissante de l’armée dans l’opinion ;
il apparaît alors comme porteur des valeurs essentielles
dont se réclame l’armée de terre pour affronter des
situations d’exception.
Ainsi la dernière décennie, celle du capitaine Bolo, puis
aujourd’hui du capitaine Faucheur, est-elle celle de
l’entretien d’un rayonnement dont les conditions de
plein épanouissement se sont développées avec une
rare continuité au cours de la génération précédente.
Oui, vraiment, sur le chemin parcouru depuis le milieu
des années 70 à la fois par les troupes alpines au
sein de l’armée de terre et par cette armée
dans la nation - et quel chemin ! - le
GMHM aura été un phare. Puisse-t-il le
demeurer longtemps !
Général d’armée (2S) J-René Bachelet
Cne Thomas Faucheur, actuel chef
du GMHM.
Tot Dret - Déc. 06 - 25
Dossier
La rédaction est allée à la rencontre de quatre
sportifs non intégrés dans les équipes militaires
afin de comprendre comment gérer un emploi
dans l’armée avec une carrière de haut niveau.
Adjudant Tony
Sbalbi, 37 ans
Emploi : membre du
GMHM, responsable
administratif et de la
diététique sportive
Sport : ski de montagne
Statut : sportif de haut
niveau et partenaire
technique Quechua
Palmarès : Vainqueur
de la Pierra Menta en
2003
Double vice-champion du monde 2002 et 2006
Multiple champion de France individuel et par
équipe.
Pour atteindre votre niveau sportif, un entraînement
important et rigoureux est exigé. Comment allier
alors un emploi dans l’armée et une carrière de haut
niveau ?
Adj T. Sbalbi - Affecté à la direction des stages de
l’EMHM pendant quelques années, j’ai rejoint le
GMHM en 2003 afin de faire partager mon savoirfaire sur la préparation physique et élargir l’éventail
de compétences du GMHM dans le domaine du ski
de montagne.
Étant au GMHM, j’ai une liberté pour l’organisation
de la planification annuelle de mes entraînements.
Adj V. Delebarre - Pour cela, il est nécessaire
d’avoir une bonne programmation, de s’investir
personnellement et de combiner les composantes
familiales et professionnelles. Je donne les dates et
les contraintes des compétitions un an à l’avance
dans la mesure où la mission le permet. Je peux ainsi
aménager mon temps par rapport à la planification
mais je garde une charge de travail identique aux
autres instructeurs de l’EMHM.
Adj R. Gouy - Tout est une question d’organisation.
Suivant mon emploi du temps de travail, je décide
dans quelle discipline je vais m’entraîner. Si j’ai une
à deux heures, je vais partir courir mais si j’ai quatre
heures, je vais privilégier le ski de randonnée ou
l’escalade.
26 - Tot Dret - Déc. 06
D. Munoz - Lorsque j’étais à la direction des stages,
mon planning de travail était établi à la saison.
J’organisais mes cycles d’entraînement de trois
semaines en fonction de la programmation du stage
que j’encadrais.
Quelle aide vous apporte l’armée ?
Adj T. Sbalbi - Outre cette liberté d’organisation, je
suis soutenu matériellement par le SIRPA Terre qui
contribue à ma réussite sportive.
Adj V. Delebarre - Le SIRPA Terre est mon partenaire
pour la 3ème saison. Il m’apporte un soutien matériel
et financier pour les frais de déplacement. Pour la
logistique, l’EMHM me prête un véhicule militaire.
Adj R. Gouy - A l’EMHM, je suis entouré de
personnes qui s’entraînent continuellement pour
rester à un bon niveau physique pour l’encadrement
des stages montagne. Ils me proposent des sorties,
m’apportent des conseils, des détails techniques.
L’armée me donne la possibilité de m’entraîner
pendant les heures de service, c’est une énorme
facilité. Placé sous l’autorité du commissariat aux
sports militaires lors des compétitions, je suis en
ordre de mission non défrayé.
Adjudant Vincent
Delebarre, 38 ans
Emploi : chef de stage
et instructeur à la
direction des stages
Sport : Trail (course à
pied)
Statut : sportif de haut
niveau de la défense
Palmarès : Vainqueur
de l’Ultra-trail en 2004
Vainqueur de la Diagonale de Fous en 2006 et
deux fois 2ème
2ème de la course des Templiers
Cinq fois vainqueur de la coupe de France de raid
orientation.
Adjudant Rudy Gouy, 34 ans
Emploi : officier des
sports
Sport : raid aventure
Statut : sportif de
haut niveau de la
défense
Palmarès : 18 podiums
dont 11 victoires en
coupe du Monde
Vainqueur du
classement général de
la coupe du Monde
en 2003 et 2005
Champion du monde
en 2005.
D. Munoz - L’emploi que j’occupe au sein de la
défense est bien différent d’une saison d’un guide
de haute montagne. Il m’apporte une stabilité qui
me permet d’avoir un entraînement souple, adapté
et continu.
Le club sportif et artistique de l’EMHM m’aide
financièrement pour les inscriptions aux
compétitions.
Comment représentez-vous l’institution pendant
les compétitions ? Quel est le retour sur
investissement ?
Adj T. Sbalbi - Étant le seul militaire à ce niveau
de compétition, je représente l’armée dans cette
discipline. Le ski de montagne est un sport militaire
par excellence en particulier dans les troupes de
montagne. Le logo est présent sur mes tenues. Les
interviews avec les médias sont un bon vecteur.
En dehors des compétitions, j’interviens dans des
colloques ou conférences sur le ski de montagne
au profit des civils notamment pour le club alpin
français (CAF) ou les comités d’entreprise. Enfin,
j’encadre des jeunes par le biais du CAF pour leur
donner le goût de la montagne.
Adj V. Delebarre - Il y a, je pense, un intérêt pour
l’armée à communiquer à travers moi car le trail
suscite un fort engouement et est de plus en plus
médiatisé. Il véhicule des valeurs militaires fortes :
rusticité, gestion de soi, goût de l’effort …
Adj R. Gouy - Je représente l’institution par le port
des logos sur mes tenues de compétitions et de
cérémonies. Je précise mon statut militaire à chaque
interview avec les journalistes, civils ou militaires,
français ou étrangers.
J’ai également fait une demande de partenariat avec
le SIRPA Terre, je suis en attente d’une réponse.
D. Munoz - Je porte naturellement le logo pendant
les compétitions. Je m’inscris sous le nom du club
EMHM, qui est bien connu dans le monde de
l’escalade. A chaque fois que je suis interviewé
par les médias, j’y fais référence. De plus, lors
d’une compétition d’escalade, le speaker présente
traditionnellement les grimpeurs, ainsi les spectateurs
connaissent mon appartenance à l’armée de Terre.
Dimitry Munoz,
33 ans
Emploi : instructeur à
la direction des stages
détaché au GMHM
depuis juillet 2005
- sous-officier de
réserve
Sport : escalade
Statut : sportif de haut niveau et membre de
l’équipe de France
Meilleure performance :
15ème sur une épreuve de coupe du Monde
2005 : 30ème au classement général de la coupe du
monde
2005 : 6ème au Championnat de France.
Tot Dret - Déc. 06 - 27
Les 30 ans : le témoignage
Les 30 ans : le livre
Le Groupe militaire de haute montagne a fêté ses 30 ans d’existence
en 2006. Christophe Profit, guide de haute montagne et l’un des
plus grands alpinistes français, revient sur ses années passées au
GMHM.
Mon arrivée
Après mon échec au « bac », Dominique
Radigue m’a parlé du GMHM. Il m’a expliqué
son fonctionnement et le fait que je pourrais
effectuer mon service militaire en son sein.
J’étais très motivé et j’ai envoyé ma candidature
rapidement au Commandant Marmier, chef du
groupe à l’époque. J’ai intégré le groupe en octobre
1982. Après la période de service obligatoire (12 mois),
j’ai renouvelé pour un an. Cette structure me permettait de
m’entraîner à un haut niveau tout au long de l’année.
La réalisation des courses d’envergures
L’expédition au Pôle Nord avec l’ascension du Mont
Thule, la première solitaire intégrale de la face ouest des
Drus, l’enchaînement en solo des faces nord des Droites, de
Talèfre et des Grandes Jorasses, la Directissime française
aux Drus... ont été des courses marquantes.
Cette époque correspond aussi au début de mes
enchaînements. En fait, l’enchaînement en solo des faces
nord des Droites, de Talèfre et des Grandes Jorasses a été le
premier et a déclenché les suivants... J’aimais beaucoup cet
exercice qui allie technique, endurance et engagement.
La «directe américaine» aux Drus en solo
Quand j’étais gamin, j’avais imaginé remonter la face ouest
des Drus à la vitesse d’un marcheur... Pour réussir cette
ascension, j’ai fait plusieurs reconnaissances de la voie
avec des compagnons de cordée du groupe : notamment
l’ouverture d’une variante à droite du dièdre de 90 mètres,
qui évitait le fameux pendule, avec les frères Escoffier ;
Profit et le
GMHM
Le
GMHM
m’a
donné les moyens
de vivre ma passion
intensément, comme je le
voulais à ce moment-là. J’ai pu
m’exprimer pleinement et cela
m’a permis de renforcer ma
passion et mon engagement.
Un tremplin dans ma vie
d’alpiniste, et d’homme
aussi. Mes compagnons
de cordée étaient François
Marsigny, Eric Escoffier, Jean-François Hagenmuller,
Vincent Fine, Eric Grammond, Hervé Sachetat, JeanDominique Seguier, Hubert Giot, Pierre Royer... Je garde
d’excellents souvenirs avec chacun d’entre eux, riches
humainement et en émotion.
Jean Claude Marmier, quant à lui, nous prenait sous son
aile, un peu comme un “père”. J’avais confiance en lui, et
il me faisait confiance. Il a été d’un grand soutien dans la
préparation de chaque réalisation. Lors de l’enchaînement
Droites, Talèfre et Jorasses, il m’a accompagné pour
déposer du matériel et des vivres (les fameuses bouillies
Vivanco !) au-dessus du refuge de Leschaux...
Une anecdote
Je me souviens particulièrement de la remontée du Linceul
aux Grandes Jorasses avec Eric Escoffier : nous avons
grimpé en solo côte à côte et bavardé tout le long !
Mon meilleur souvenir
Le jour où j’ai reçu la lettre d’admission au Groupe, j’étais
fou de joie !
L’alpinisme et le GMHM
nous avons également fait avec François Marsigny la voie
intégralement peu de temps avant le solo... Physiquement,
je me suis surtout préparé en grimpant intensivement et
fait beaucoup de travail foncier en footing et ski de fond. Je
surveillais aussi mon hygiène alimentaire. Et puis, j’étais
très très motivé, le mental a énormément joué.
28 - Tot Dret - Déc. 06
A l’occasion de son trentenaire, le
Groupe militaire de haute montagne
souhaitait transcrire son épopée.
« Mission alpinisme » est né de la
plume d’Antoire Chandellier et
publié aux éditions Guérin. Interview
croisée de l’auteur et de l’éditeur.
Je crois que le principal enjeu du GMHM est d’essayer
de faire mieux comprendre l’alpinisme, sous toutes
ses formes, au grand public. Le projet « 7 continents, 7
alpinismes » va dans ce sens-là. L’alpinisme n’est pas une
discipline quantifiable, il faut plutôt jouer sur la technicité
et l’esthétisme.
Il reste encore beaucoup à faire et à découvrir... Nous
n’avons pas tout fait dans les années 80. Rien n’est figé ;
avec du talent et de l’imagination, les alpinistes de chaque
période peuvent accomplir de grandes et belles choses.
De gauche à droite : l’auteur et son éditeur.
Michel Guérin est éditeur de livres de montagne.
Avec plus de dix ans d’existence, les éditions
Guérin ont rassemblé, sous la caractéristique
« couverture rouge » de ses collections, beaucoup de bons auteurs.
GMHM - Comment vous est venu l’idée d’éditer un livre
sur le GMHM ?
Michel Guérin - Elle ne vient pas des éditions Guérin
mais du GMHM, qui souhaitait garder mémoire de ses
trente glorieuses premières années. Comme le projet
avait l’appui de l’Établissement de communication et de
production audiovisuelle de la défense, je n’ai pas hésité.
En effet, sans ce co-financement, nous n’aurions pas pu
autant investir dans la qualité du livre. Or il était important
qu’il soit attrayant. Je ne vexerai personne en disant que
le GMHM n’est pas le plus connu des acteurs de l’histoire
alpine. Autre difficulté, le lecteur s’identifie plus aisément
à un individu qu’à un groupe. Pour moi, il est rassurant
d’avoir un partenaire qui permette de faire un livre dont la
beauté puisse attirer tous les amoureux de la montagne. Les
lecteurs découvriront une histoire passionnante ; le texte et
l’image se répondent et s’enrichissent mutuellement.
GMHM - Pourquoi avoir choisi Antoine comme auteur ?
MG - Antoine avait publié chez nous « La trace de l’ange »,
biographie du surfeur de l’extrême, Marco Siffredi.
J’avais admiré la profondeur de son travail d’enquête et
la manière sensible dont son écriture avait pu recréer la
vie de cet extraordinaire personnage trop tôt disparu. Ce
qui a réussi pour Siffredi a marché pour le Groupe. En
allant à la recherche de tous les détails véridiques, Antoine
fait vivre cette saga collective. «Mission Alpinisme » est
d’une certaine façon un livre d’histoire, mais on le referme
avec cette sorte de tristesse qui vous prend à la dernière
page d’un très bon roman, quand il faut quitter tous ces
personnages auxquels on s’est attaché.
GMHM - Pourquoi avoir accepté ce projet de
livre ?
Antoine Chandellier - Au début j’ai eu quelques
doutes. C’est vrai que je connaissais le GMHM parce que
je m’intéresse à l’actualité de la montagne. Mais je savais
que malgré toutes ses réalisations le groupe n’avait pas une
notoriété qui, spontanément, pouvait éveiller l’intérêt du
grand public. Et puis dès mes premiers contacts et mes
premières recherches, j’ai réalisé que c’était une belle
histoire d’hommes avec de fortes personnalités qui avaient
toutes les caractéristiques de personnages d’aventures.
D’abord j’y suis allé en traînant les pieds et puis, absorbé,
j’ai bossé pendant quatre mois d’affilée sans m’ennuyer
une seconde.
GMHM - Comment êtes-vous rentré dans cette histoire ?
AC - Forcément pour capter l’attention du plus grand
nombre et pas seulement des anciens du groupe, il fallait
que je soigne le premier chapitre. L’histoire de Christophe
Profit - jeune appelé, seul dans les Drus à qui on délivre
un ordre de mission pour réaliser un des plus grands
exploits de l’alpinisme - me semblait comme la meilleure
accroche pour planter le décor. Après j’ai suivi un plan
plutôt chronologique, avec les grandes phases du GMHM,
à travers ses grands patrons : l’ère de la genèse et des
conquêtes avec Marmier, la troisième dimension et les
expérimentations scientifiques avec Estève puis Bolo, la
reconquête avec Faucheur….
Parti faire carrière dans l’événementiel et la
communication, Antoine Chandellier bifurque
vers le journalisme à la faveur de son service
national à l’École interarmée des sports à
Fontainebleau. Après une école de journalisme
à Bordeaux, un passage à Radio France, il est
de retour au Dauphiné Libéré à Chamonix où
il a déjà été pigiste. Durant toutes ces années
dans la vallée, au contact d’une actualité brûlante,
d’acteurs attachants, il s’est mis à un autre registre
d’écriture. « La trace de l’ange » fut son premier
livre.
Tot Dret - Déc. 06 - 29
GMHM - Quelle personne ? Quel fait vous a
le plus marqué ?
AC - Je pense que Jean Claude Marmier,
premier commandant du groupe, restera la
figure la plus emblématique. Ce gars-là,
c’est une face nord quand on l’a en face
de soi pour la première fois. Et en même
temps, pour un journaliste, il présente une
foule d’aspérités. C’est par lui que tout a
commencé et paradoxalement c’est peut-être
celui qui avait le plus de recul sur la chose.
Le moins de langue de bois.
Et il est difficile d’extraire un fait précis
du catalogue de premières réalisées par le
GMHM.
GMHM - Comment avez-vous perçu le GMHM et son
évolution ? AC - Sur l’évolution du groupe, je crois qu’elle a suivi
les changements du milieu de la montagne. On a fait de
l’expédition lourde, de la technique alpine et puis est
venu le temps d’expérimenter la descente par les airs avec
parapente, base jump…
GMHM - Qu’avez-vous cherché à mettre en avant ?
AC - J’ai avant tout eu pour souci de donner de l’humanité
à cette histoire mettant en avant les alpinistes avec leurs
forces, leurs faiblesses, leurs états d’âme et leurs espoirs.
Bref, montrer que ce sont des hommes engagés dans un
élément naturel qui nous dépasse et comment ils arrivent
à se surpasser.
GMHM - Etes-vous satisfait du résultat ?
AC - Sur le fond, le résultat me satisfait pleinement, les
quelques regrets que j’ai, et il y en a toujours, sont sur
la forme. En même temps vu les délais pour réaliser cet
ouvrage on peut s’avouer satisfait.
MG - Bien sûr que le résultat me plait. J’ai su que « Mission
Alpinisme » serait réussi dès qu’Antoine m’a fait part de
son plan au centre duquel il y avait les hommes, le rapport
entre eux, leur rapport avec la nature. De ce point de vue,
commencer par le solo de Profit aux Drus éclaire tout son
texte. Il dit des choses très intéressantes sur la hiérarchie.
Certes le chef commande, mais la montagne aussi. Donc il
y a des contradictions, des émotions, un ressort dramatique.
Après, c’était de la rédaction comme c’est le métier
d’Antoine, je n’étais pas inquiet. Et le travail d’illustration
et de mise en page, on sait le faire.
GMHM -L’image du GMHM a-t-elle changé à vos yeux ?
MG - C’est plutôt l’image que je me faisais de l’alpinisme
qui a changé. Avant Mission Alpinisme, j’avais une idée
assez linéaire de l’histoire alpine, je voyais un tronc.
Maintenant, je vois plein de branches qui partent de ce
tronc, parce que le GMHM est allé explorer chacune de
ces branches. Des écureuils d’avant-garde, voilà la vision
que j’ai du groupe aujourd’hui.
GMHM - Quels sont vos prochains travaux ?
MG - Après les mémoires de Robert Flematti qui a passé
30 ans de sa vie à l’EMHM, nous nous apprêtons à publier
« In extremis », le livre du commandant Blaise Agresti sur
le secours en montagne. Décidément les éditions Guérin
semblent ne plus se passer des militaires …
« 7 continents – 7 alpinismes » 3ème étape en Océanie
Une année
en or ! L
e début de saison fut marqué par de beaux résultats en coupe du Monde chez les nordiques. L’entrée des biathlètes en Suède et celle des fondeurs
en Norvège en relais laissaient augurer de belles satisfactions en cet hiver Olympique. Janvier fut marqué par les
victoires en biathlon du sergent Poirée en Slovaquie et du
sergent Defrasne à Oberhof devant 30 000 spectateurs.
Il y eut également la victoire en relais des filles (Peretto,
Baverel-Robert, Bailly) en Allemagne. Le sergent Vittoz
s’imposa en République Tchèque dans l’épreuve de ski de
fond. Toutefois le grand moment restera le fabuleux retour du sergent Vidal vainqueur du mythique slalom de
Kitzbühel en Autriche.
Cette fois nous savions que tout était prêt, nous pouvions
rejoindre les sites olympiques de Turin confiants ! Seize
sélectionnés et deux cadres faisaient partie de la délégation officielle : un record … A ce jour, on connaît le
reste. Jamais l’EFMS n’était rentrée à Chamonix avec
autant de métal Olympique.
Dommage, avec le recul, on aurait pu tout ex-
Les Jeux Olympiques étaient l’objectif de
la saison 2006. Néanmoins, l’équipe de
France militaire de ski (EFMS) s’était
fixée d’autres buts pour ne pas focaliser
sur ce seul point et déjà préparer l’après
Jeux. Capitaine (TA) Christian Persicot,
directeur de l’Equipe de France militaire
de ski
ploser !!! En ski de fond, les sergents Jonnier et Rousselet
frôlent le podium. Le caporal-chef Karine Philippot n’est
pas loin. En slalom, le sergent Jean-Pierre Vidal se casse
le bras la veille de l’épreuve alors qu’il faisait partie des
favoris.
Dommage aussi pour le sergent Raphaël Poirée, malchanceux tout au long de la quinzaine, qui n’obtiendra pas l’or
olympique pour lequel il avait tant travaillé. Dommage
également pour le sergent Sandrine Bailly, qui n’a jamais été en mesure de trouver son meilleur niveau pendant l’échéance italienne. Ces deux grands du circuit de la
coupe du Monde de Biathlon auront malgré tout l’honneur
et la joie de faire flotter le drapeau français à l’arrivée de
leurs relais, chacun médaillé de bronze.
Dommage et encore dommage, enfin, pour le sergent Vincent Vittoz qui ne pouvait imaginer rentrer
de cette « mission » sans podium. Et pourtant !
On n’oubliera pas les larmes de ce vaillant leader
à l’arrivée du 50 km le dernier jour. C’est aussi
cela les Jeux !
Cha Darragon
D
epuis janvier 2005, le Groupe militaire de haute montagne est
engagé dans un tour du monde des continents avec une illustration des différentes techniques d’alpinisme. Le projet a pour but de
réaliser sept expéditions sur les sept continents (Amérique du Nord,
Amérique du Sud, Afrique, Europe, Océanie, Asie, Antarctique)
avec un style différent et en mettant en œuvre une autre pratique de
l’alpinisme à chaque étape.
Ce tour du monde a commencé sur le continent africain au Mali en
janvier 2005 avec l’ouverture de voies d’escalade dans la région de
la « Main de Fatma », puis en Patagonie (Chili) à l’automne 2005
avec l’illustration de l’escalade mixte sur le sommet du San Lorenzo. Il s’est poursuivi en Nouvelle-Zélande à l’automne dernier.
Des descentes à skis ont été réalisées dans des zones reculées des
Alpes néo-zélandaises, avec des approches en skis de randonnée et
en technique alpine.
Sous la menace d’une colère des 40èmes Rugissants, avec ses dizaines de sommets et ses immenses glaciers aux allures himalayennes,
l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande offre un potentiel unique.
Le mont Cook, point culminant de la Nouvelle-Zélande (3 764 m),
est un sommet difficile à skier ainsi que d’autres comme les monts
Tasman et Aspiring.
30 - Tot Dret - Déc. 06
Les résultats des
Jeux olympiques 2006
Cch Baverel-Robert
Sgt Defrasne
Caporal-chef Florence BaverelRobert championne olympique de
biathlon (sprint 7.5 km)
Sergent Vincent Defrasne
champion olympique de biathlon (poursuite 12.5 km)
Sergent Vincent Defrasne, sergent Raphaël Poirée
médaille de bronze en biathlon - Relais 4x7.5 km
Chasseur Roddy Darragon (27ème BCA)
médaille d’argent en ski de fond (sprint)
Caporal-chef Florence Baverel Robert, caporal
Delphine Peretto, sergent Sandrine Bailly
médaille de bronze en biathlon - Relais
4x6 km
Sgt Bailly
Sgt Poirée
Cch Peretto
Tot Dret - Déc. 06 - 31
Les nouvelles recrues de l’Équipe
A
près le départ de plusieurs athlètes, l’équipe de France
militaire de ski a choisi de proposer un contrat à trois
jeunes très prometteurs. Portrait …
Cch Jacquemod
La saison s’est terminée par la deuxième place du sgt Vincent Vittoz et celle du sgt Raphaël Poirée au classement
général de la coupe
du monde.
Enfin, l’équipe de
France militaire de
ski a repris son titre
mondial militaire à
Andermatt en Suisse.
Ces championnats du
monde militaires clôturaient ainsi en apothéose, avec trois titres individuels (cch
Ingrid Jacquemod
en slalom géant, cch
Karine Phillipot en
ski de fond et cch
Florence BaverelRobert en biathlon),
une saison longue et
Cch Philippot
difficile.
L’heure est maintenant à la reconstruction…. après
plusieurs départs : le cch Sébastien Fournier-Bidoz au
CIECM à Barcelonette, le cch Florence Baverel-Robert
au CIRAT de Besançon et le 1re classe Yann Debayle au
13ème BCA de Chambéry. Ces trois athlètes pourront ainsi
compter sur une deuxième partie de carrière dans le cadre de l’armée de Terre. Les autres - cch Vincent Millet
et sergent Jean Pierre Vidal en ski alpin, chasseur Annelise Bailly en ski de fond - retrouveront la vie civile. Ils
seront remplacés par Jean Baptiste Grange pour le ski
alpin ainsi que Marion Blondeau et Vincent Jay pour le
biathlon. Il faut souligner également l’investissement des
bataillons et d’un régiment de la Brigade d’infanterie de
montagne qui soutiennent déjà des athlètes : le cch Gaétan Llorach au 93ème R.A.M, le 1ère classe Julie Carraz au
7ème B.C.A et le chasseur Roddy Darragon au 27ème BCA.
32 - Tot Dret - Déc. 06
Marion BLONDEAU
François Braud, champion du monde junior de combiné
nordique, rejoint également le 27ème BCA cette saison. Il
se pourrait, de plus, que l’armée de Terre offre de nouveaux contrats, notamment à David Lazzaroni (saut à ski)
à l’aube de la saison prochaine.
Pour conclure sur cette fabuleuse saison, comment ne pas
remercier deux personnes qui vont dorénavant bien nous
manquer. L’adjudant Frédéric Echavidre a regagné son
Auvergne natale. Cet ancien athlète avait rejoint l’encadrement de l’EFMS en 2003. Il a choisi de quitter l’institution à notre grand regret après avoir rendu les meilleurs
services et avoir participé aux J.O de Turin avec l’Equipe
de France Olympique. « Salut Fredo » et à bientôt pour
les Championnats du monde militaires comme réserviste !
Le colonel Vincent Lapouge a été muté à Lyon. Il aura
beaucoup participé à la réussite de l’EFMS. Nous pouvons
compter sur lui comme un de nos plus fidèles supporters.
Sgt Vittoz
Vincent JAY
Discipline : biathlon
Née le 30 juin 1986
Club : SC Mont-Noir
Saison 2005/2006
Championne de France Junior de poursuite
Six podiums en coupe d’Europe
dont une victoire
Médaille de bronze au sprint au
championnat du monde Junior à
Presqu’isle (USA)
Vice-championne du monde de
Poursuite au championnat du
monde Junior à Presqu’isle
Championne du monde de l’individuel au championnat du monde Junior à Presqu’isle
Vice championne du monde de relais
Discipline : biathlon
Né le 18 mai 1985
Club : Les Menuires
Saison 2005/2006
Champion de
France junior de
sprint
Champion de
France de poursuite
Champion de
France de relais
Champion de France junior de mass start
2ème aux championnats d’Europe de sprint
3ème aux championnats d’Europe de poursuite
3ème aux championnats d’Europe de relais
Vainqueur du classement général de la coupe d’Europe
Junior
Vainqueur du classement général de la poursuite
Vainqueur du classement général du sprint
Six victoires en coupe d’Europe
Champion du monde junior de relais à Presqu’isle
Vice-champion du monde junior de sprint
Jean-Baptiste
GRANGE
Discipline : Ski alpin
Né le 10 octobre
1984
Club : SC Valloire
10ème à la coupe du monde de Kitzbühel en slalom
13ème à la coupe du monde du Super Combiné à Wengen
13ème au Jeux Olympiques de Turin en Combiné
Tot Dret - Déc. 06 - 33
Dans la trace des Anciens, avec l’École de
2007, pour préparer les succès de demain
Combien sommes-nous ?
2006 et ses temps forts
180 adhérents cotisants, plus de 300
sympathisants, sans compter tous
ceux, momentanément en retrait,
que nous souhaitons raccrocher à la
belle cordée de l’EMHM.
Avec d’abord une pensée solennelle et
empreinte d’émotion pour nos disparus
de l’année : le commandant Monange, le
colonel Hatte, le lieutenant Cloarec (SEM
59), le colonel Gonnet (cf infra), Martine
Royer (veuve de Pierre Royer, SEM 24
et « pure lumière » du GMHM), Guy
Vial (SEM 30 et instructeur à l’École il y
a 25 ans), et, bien sûr, Grégory Flematti,
Daniel Stolzenberg et son épouse MarieOdile (Népal, octobre 2005, mais dont
les sépultures ont eu lieu fin juin 2006 à
Chamonix).
Au titre des événements heureux, citons les brillants succès de
l’équipe aux JO de Torino, le baptême de la SEM 68 avec la
famille de son parrain, l’adjudant Pierre Royer, et la Légion
d’Honneur le 14 juillet pour notre cher Maurice Gay.
Enfin, notre 27ème rassemblement des 17 et 18 juin, prolongement
de celui de l’UTM, a été l’occasion de fêter les 30 ans du GMHM
avec Hervé Sachetat, Christophe Profit, Lionel Mailly, Bernard
Virelaude, François Savary et Thomas Faucheur, de remercier
Jacques Tiollier au terme de son mandat de président, et d’embrayer,
à 17, sur une randonnée très appréciée dans les Aiguilles Rouges,
conduite par nos guides rayonnants et dévoués Daniel Antoine et
René Chappellaz.
2007 : quelques jalons
Ce millésime correspond aux 75 ans de l’École ;
c’est aussi celui du 10ème anniversaire de la
disparition du général Jacquenot, à l’origine du
nouveau départ de notre Amicale en 1980. Notre
28ème rassemblement se tiendra les 23 et 24 juin
à Chamonix avec la SEM 69, conformément aux
réponses au sondage de mi-septembre adressé
aux amicalistes à ce sujet ; enfin, nous serons le
plus nombreux possible au baptême cette SEM
le samedi 17 mars, aux activités « montagne »
(slalom et Vallée Blanche en hiver, randonnée
d’altitude en été) et aux deux nouveaux voyages
proposés par Maurice Gay, au Maroc en mai et en
Inde en novembre.
Hommage au colonel André Gonnet (1912-fin 2005)
L’École et son Amicale ont perdu un grand soldat, un chef prestigieux et un homme de cœur aux qualités
unanimement reconnues dans l’Institution militaire et dans la société civile.
Simple chasseur du 11ème BCA en 1933, il sert en Syrie, au Liban et à Briançon ; héros de la Résistance (Ain,
Vercors), il sert ensuite en Autriche (46-51) et commande deux compagnies : l’une, de légionnaires, en Indochine,
et l’autre, de montagnards, en Algérie. Alpin au 15-9, chasseur au 27, il a le deuxième plus long temps de
commandement de l’EHM (mars 63 – septembre 69) après celui du lieutenant-colonel Pourchier.
Cette période est éminemment faste pour l’École : avec la reconstitution des unités de montagne à partir des
formations rentrant d’Algérie en 1963, l’EHM va devenir l’incontournable « Maison-mère des troupes de
montagne » ; en 1965, le tunnel du mont-Blanc est inauguré ; en avril 1966 : 1er rassemblement des Pays
Alpins, à Chamonix ; en 1968, l’École participe aux JO de Grenoble. A deux reprises, le général d’armée
Cantarel, chef d’état major de l’armée de terre, vient à l’EHM (inaugurer le mess-hôtel en 67 et lire l’adieu
aux armes du Colonel Gonnet en 69). Cette période est celle des SEM 5 à 18, du départ des conseillers
techniques Michel Cuenot, Louis Ravanel, Honoré Bonnet et Jean Minster, relevés par Robert Flematti, JeanClaude Mosca et Jean-Michel Parent ; les capitaines Joret, Monange, Gramond et Biville se succèdent à la tête
de la Compagnie ESOA, leurs homologues d’Ham et Debray à celle de l’équipe de France. Cette dernière savoure ses médailles
d’or aux championnats du monde militaires de ski : Bernard Orcel, Bob Wolleck et Denis Blanc (combiné alpin, Andermatt 65),
Jean-Pierre Augert (géant, Finlande 66, et slalom, Liban 67) et Jean-Noël Augert (slalom, géant et combiné alpin, Andermatt 69).
Patrick Russell (slalom et combiné en 68) et Jean-Noël Augert (slalom en 69) remportent, en outre, le classement général de la
Coupe du Monde dans leurs spécialités.
Époque marquée enfin par la disparition d’êtres chers en montagne : adjudant Michel Leroy (64, stage de guide ENSA à la Verte),
chasseur Maillet-Contoz (65, stage ENSA, Pré-du-Rocher), Lionel Terray et Marc Martinetti (65, au Gerbier, Vercors), lieutenant
Vallette d’Osia (68, au Peigne), et chasseur Jean-Pierre Rossat-Mignot, de l’Équipe (69). Notre cher colonel Gonnet les a rejoints
dans l’Éternité.
34 - Tot Dret - Déc. 06
Général (2S) Claude du Trémolet, vice-président
Éric
Gramond
N
é à Briançon, Éric Gramond a 2 ans quand il découvre la première fois la vallée de Chamonix
et, surtout, l’École militaire de haute montagne.
Son père, officier, est en effet muté à la maison mère des
troupes de montagne. En grandissant, il contracte le virus
de la montagne. Il délaisse ses études et opte pour un engagement afin de vivre pleinement sa passion. Il revient
à l’EMHM en octobre 1980 et intègre la 39ème section
d’éclaireurs de montagne. A l’issue de sa formation, il est
muté au 159ème Régiment d’infanterie alpine de Briançon
où il passe une année. Mais le jeune sergent a une idée
lancinante derrière la tête depuis son engagement dans
l’armée de Terre : intégrer le prestigieux GMHM. Pendant
son séjour au 159ème RIA, il peaufine sa liste de courses
qu’il effectue la plupart du temps en solo. Au bout d’un
an, il se paie le culot d’écrire au chef du GMHM, le lieutenant-colonel Marmier. Culot qui sera payant car il reçoit
une réponse affirmative. Son rêve est réalisé et il devient
ainsi la plus jeune recrue du groupe.
Inoubliables « manips » aériennes
Pour sa première expédition, destination l’Alaska. Les
années qui suivront seront trépidantes, ce qui est loin de
lui déplaire. Ses compagnons de cordée s’appellent Christophe Profit, Éric Escoffier et surtout Benoît Grison qui
effectuent leur service national au sein du GMHM. A son
palmarès, la première hivernale et seconde ascension de
« Rolling stone »
aux Grandes Jorasses, la directissime Française aux Drus, une
participation à
huit expéditions :
Lothse, Indrassan, Dhaulaghiri.
Avec le chef de
bataillon Estève,
commandant du
GMHM, il monte
les inoubliables
« manips » aériennes comme
Portrait d’un touche-à-tout
un peu casse-cou qui a laissé
sa trace au sein du Groupe
militaire de haute montagne
(GMHM), de la Direction des
stages (DDS). Aujourd’hui, il
fait partager son expérience
et sa passion de la montagne
grâce à sa société « Kaïlash
Adventure ».
Véronique Romand
le premier vol triplace en deltaplane du sommet du MontBlanc avec lâcher des deux passagers en parachute. Touche-à-tout de talent et il faut bien l’avouer un peu cassecou, Éric est à l’aise dans toutes les disciplines. Il devient
guide de haute montagne, moniteur de ski, de parapente
et de deltaplane. Après huit années d’aventures, il quitte
le GMHM et intègre la DDS. Le groupe refait appel à lui
pour l’Everest dont l’ascension en 93 fera de lui le troisième Français à atteindre le sommet sans oxygène.
Cinq voyages en un an
En 96, quittant l’Armée avec le grade d’adjudant, Éric
travaille comme renfort à la compagnie des guides et à
l’école de ski de Chamonix. Mais il ne se sent pas à l’aise
dans ces institution trop structurées et peu adaptées à son
besoin d’indépendance. Un an après, il crée « Kaïlash adventure ». Il propose de multiples activités à Chamonix
et sur toute la planète, de préférence dans des endroits reculés. « Cette boîte n’a pas été dure à monter. Elle a été
déficitaire pendant six ans mais j’avais ma retraite derrière. La difficulté a été d’apprendre
à se battre après avoir passé 15 ans Kaïlash Montagne sacrée
dans un milieu protégé. » Il est re- du Tibet pour
joint successivement par François trois religions : le
Bernard, Hubert Giot, ses anciens bouddhisme, le taôisme
compagnons du GMHM et Olivier et l’hindouisme. Ce
Laugero. Au programme de Kaïlash sommet sera sans
doute le seul qui
Adventure : trecks, canyons, para- restera inviolé car il est
pente, alpinisme, ski en poudreuse… absolument interdit.
aux quatre coins du monde (l’Iran, Site Internet : www.
le Chili, la Namibie, l’Arabie Saou- kailashadventure.com
dite...). « Nous proposons des voyages à thème comme l’ascension d’une montagne suivie
d’un vol en parapente. Nous n’emmenons que des groupes constitués, des amis, là où ils veulent aller. C’est à
la carte ! Nos clients se connaissent et connaissent leur
guide, contrairement à d’autres organismes ». Ce qui lui
plaît le plus, c’est aller pour la première fois dans un pays
et le découvrir en même temps que ses clients. Depuis dix
ans, Éric Gramond est complètement épanoui dans son
métier. Imaginez cinq voyages rien que l’an dernier. Pour
lui qui ne peut jamais rester en place, c’est une nouvelle
vie de rêve…
Tot Dret - Déc. 06 - 35
La passation de commandement
La Saint-Bernard
Adieu aux armes du général de division Klein.
Remise de l’Ordre national du mérite
au général de Puybusque.
L’ordre du jour lu par le général Bertucchi.
Drapeau des chasseurs et
sa garde du 16ème BC.
Le caporal-chef Baverel-Robert décorée de la médaille d’or de la
jeunesse et des sports par le commissaire aux sports militaires.
Premier défilé du lieutenant-colonel Duvivier
à la tête des troupes.
Revue des troupes par le général de corps d’armée Cuche.
In memoriam
Guy Vial a disparu dans la face Brenva du Mt Blanc, le dimanche 2 juillet 2006, alors
qu’il s’apprêtait à voler du sommet en parapente biplace avec un client.
L’adjudant-chef Vial s’est engagé en 1975 comme EVSO (SEM 30). Il encadre les SEM
41 et 44 et assure la fonction d’instructeur à la Direction des stages jusqu’en 1990.
Après une mutation au 27ème BCA, il quitte le service actif en 1997.
« Salut Guy,
Tu es parti trop tôt, trop vite, trop loin …trop tout !! A Marie et Antoine, tes enfants, à
Françoise, ton épouse, nous aimerions dire combien tu nous étais cher. Tu étais de loin
le meilleur d’entre nous, quadruple champion du monde. Certes, dans des disciplines
non reconnues par le comité Olympique, mais ô combien plus difficiles et méritantes
…Champion du monde de Gentillesse, d’Amitié, de Loyauté et de Fidélité. Nous aimerions qu’ils n’oublient pas que tu en as
été le Roi.
A toi Guy, nous n’avons rien à dire. Les discours les plus sincères sont souvent ceux que l’on fait à un mort… Bien que tu sois
parti trop vite, nous avons tous eu le temps de te livrer notre cœur et nos pensées les plus « vraies ». Ta gentillesse et ton naturel
nous submergeaient et nous emportaient dans un courant où il faisait bon se laisser aller.
Oui, nous n’avons rien à te dire, sinon que nous avons trop mal.
Tu viens de rejoindre Philippe Renard et Jean Marc Gryska, dis-leurs bien que tous vous restez à jamais dans nos pensées et au
plus profond de nos cœurs.
Ceux dont l’une des plus grandes fiertés était d’être de tes amis ». Éric Gramond
36 - Tot Dret - Déc. 06
Fanions et drapeaux de l’Union des
troupes de montagne.
Escalade : national Terre
Hommes
1er - Adj Contadini – 27ème
BCA
2ème - Sgt Emprin – 7ème BCA
3ème - Sgt Xuereb – 13ème BCA
Dames
1ère - Adj Langlais – CNAM
2 - Ltn Warlouzel – CERCIAT
ème
3 - Élève officier Mezerette – ESM
ème
Adj Véronique Langlois
Vétérans
1 - Sgt Emprin – 7ème BCA
2ème - Adj Techer – CIECM
3ème - Adc Duval -13ème BCA
er
Adj Stéphane Contadini
Tot Dret - Déc. 06 - 37
Toujours plus vite, plus haut,
plus fort !
Lieutenant-colonel Patrick Desbrest,
président du club sportif et artistique
C
ette année encore, le Club sportif et artistique a démontré sa bonne santé.
Avec 278 adhérents, il a participé ou organisé de nombreuses activités
dans les différentes disciplines qu’il propose, comme le championnat de
France d’orientation à ski sur la station
des Houches en janvier, l’épreuve de ski
de montagne sous forme de relais sur
la station de Chamonix-les Planards en
février (notre photo), le Grand prix des
Améthystes sous forme d’un slalom
géant en une manche sur la station du
Tour en mars, le Raid orientation sur le
plateau des Glières en septembre ou le
raid vélo sur la Costa Brava (Espagne)
en octobre.
La section «cyclisme» dans sa nouvelle tenue, a affronté
l’arrière-pays de Barcelone en Espagne, clôturant ainsi
d’une belle façon une saison bien remplie et avec de
bons résultats dans les grandes classiques régionales.
Montée en première division, de nombreux podiums dans des
compétitions nationales, … la section « course d’orientation »
fait montre d’un dynamisme remarquable.
38 - Tot Dret - Déc. 06