Le petit reporter a 75 ans - Journal
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Journal-essentiel > Articles > Le petit reporter a 75 ans Tintin Le petit reporter a 75 ans dimanche 1er février 2004 Il y a 75 ans, le 10 janvier 1929, un jeune reporter prenait le train à la gare de Bruxelles. Direction : Moscou. Ce jeune journaliste du Petit Vingtième s’embarquait pour un voyage difficile “Au pays des Soviets”. Il était accompagné d’un petit chien blanc : Milou. Ses aventures ne faisaient que commencer... © Casterman Les aventures de Tintin, car c’était lui, l’ont mené aux quatre coins du monde et même au-delà. Tintin a en effet été le premier à poser le pied sur la lune. Tintin est allé au Congo, en Amérique, au Moyen-Orient, au Tibet... Les aventures de Tintin ont ravi plusieurs générations, de sept à septante-sept ans. Et aujourd’hui, on se replonge toujours avec plaisir dans les aventures du petit reporter. Un phénomène planétaire C’est que Tintin est un phénomène planétaire. Depuis sa naissance dans le petit Vingtième, Tintin a vendu 193 millions d’albums. Et il a été traduit en 58 langues. Tintin rapporte 12 millions d’euros par an à Casterman sans compter les 16 millions sur les produits dérivés. Il a été parodié, pastiché, imité, détourné depuis 1937. C’est que Tintin est un véritable mythe, comme Harry Potter, Frodon (Le seigneur des anneaux) et Luke Skywalker (La guerre des étoiles) Et le succès de Tintin ne faiblit pas. On a vendu autant d’albums de Tintin depuis que son créateur Hergé est mort en 1983, que pendant les 54 ans où il dessinait Tintin. Tout ce qui touche à Tintin continue à fasciner. Récemment, une case oubliée du Temple du Soleil a été adjugée au prix de 6500 euros. Et pour le 75e anniversaire de Tintin, une pièce de dix euros a été frappée à son effigie. Un papa controversé Le créateur de Tintin, Hergé (RG) s’appelait Georges Rémi. La carrière d’Hergé, le père de Tintin a démarré dans un journal catholique, le petit vingtième. Il animait le supplément jeunesse de ce journal depuis 1922. C’est en 1929 que les aventures de Tintin, petit reporter ont réellement commencé. La première aventure de Tintin, Tintin au pays de Soviets, est très marquée idéologiquement. Hergé sera accusé d’anticommunisme. Et c’est vrai qu’Hergé reflète souvent l’idéologie dominante. Ainsi, dans Tintin au Congo, il se montrera colonialiste. Mais Tintin ne sera jamais raciste ou antisémite. Même si on reproche à Hergé d’avoir continué à publier pendant la guerre dans Le Soir, qui était passé sous contrôle allemand. Une des premières parodies de Tintin intitulée “Tintin au pays des nazis” et réalisée en 1944 dénoncera d’ailleurs l’attitude docile d’Hergé pendant la guerre. La famille Tintin Tintin n’a pas d’âge. Il est un jeune garçon qui a gardé une âme d’enfant avec une indépendance d’adulte. Il n’a pas de famille à proprement parler. On ne lui connaît ni père, ni mère, ni frère , ni sœur. Encore moins de fiancée ou d’épouse. Mais au fil des albums, Hergé lui a donné une famille : le capitaine Archibald Haddock, le professeur Tryphon Tournesol, les frères Dupond et Dupont, Tchang, Nestor, Abdallah, la Castafiore, Séraphin Lampion... Autant de personnages qui amèneront de la fantaisie et de l’humanité dans la vie un peu trop raisonnable, un peu trop sage du petit reporter. Les aventures de Tintin sont aussi les aventures de tous ces personnages. Nicolas Simon A presque cinquante ans, revoir les dessins d’Hergé qui m’ont fait voyager dans le temps et dans l’espace me touche encore. Pour des jeunes gens, il y avait tout ou presque, dans Tintin. Tintin nous incitait, je crois, à fouiller l’un ou l’autre bouquin et dictionnaire dans les armoires de nos parents. La Chine, le Tibet, le Congo, et d’autres pays plus ou moins imaginaires, vaguement dictatoriaux dont Hergé ne disait pas le nom. On a beaucoup critiqué Hergé depuis des dizaines d’années pour des faits de collaboration collaboration le fait d’aider un occupant ennemi , pour ses engagements politiques ! Peut-être. Sûrement. Mais Tintin et le Capitaine m’ont fait naviguer dans le monde et m’ont appris à le découvrir. J’ai pris l’avion, j’ai voyagé dans le désert, j’ai pris le bateau, j’ai vu le cercle polaire et les montagnes du Tibet. J’ai vu le nasique faire la nique à Alan. Le yéti est devenu mon ami. Mon vocabulaire d’enfant s’est enrichi de mots savants et de quelques injures tout aussi bizarres. Et rien, “mille sabords“, ne pourra remplacer cela, bande de “Ravachols, phlébotomes, bandits, catachrèse... “