Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008) Stratégie de Gestion Intégrée

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Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008) Stratégie de Gestion Intégrée
Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008)
Stratégie de Gestion Intégrée
de la Zone Côtière Sud du Grand Sfax
-.-.-.-.-.-.-.Collecte des données
Rapport préliminaire
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Ar rond. Ci té E l Habib
Ar rond. Sfa x El Médina
Jalel BOUZID
Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax
Octobre 2006
TUNISIE
Préambule
Dans le cadre du Programme d’Actions Prioritaires a Court et a Moyen Termes dans
le domaine de l’Environnement, au sein du Partenariat Euro Méditerranéen de la
Commission Européenne, SMAP III est la troisième étape du programme, dans
laquelle la gestion intégrée de la zone côtière (GIZC) est considérée comme haute
priorité.
Le Projet SMAP III - Tunisie « Stratégies de Gestion Intégrée de Zones Côtières
pour la Région du Kroumirie et Mogods et les Municipalités du Grand Sfax Tunisie » vise l’élaboration de deux plan d’action pour la gestion intégrée des zones
côtières (GIZC) des deux zones pilotes qui pourront être utilisés comme modèle
pour le développement d’un plan GIZC national.
La première action entamée dans le cadre du SMAP III Tunisie du Grand Sfax a
concernée la collecte de données, étape préliminaire, principale et préparatoire pour
les actions ultérieures en particulier le SIG et le diagnostic.
La collecte des données a démarré vers la mi- Août 2006. Elle a permis de disposer
d’un certain nombre d’études et de travaux ayant été effectuées principalement dans
le cadre de la stratégie de développement du grand Sfax et du PAC avec ses
différentes composantes. A cela se sont ajoutés les études universitaires publiées et
des données INS de 2004, dont essentiellement un travail concernant Sfax publié
mi- octobre 2006.
Plusieurs courriers ont été adressés aux différents responsables et opérateurs
économiques représentant particulièrement les administrations locales. Des
entretiens avec la plupart de ses responsables visent à compléter, à finaliser et à
mettre à jour dans la limite du possible les informations disponibles.
L’ensemble des travaux et études consultés a permis de ressortir un squelette et un
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moule formant une synthèse d’un ensemble important de données. Un premier
travail provisoire a d’ores et déjà été remis au comité de pilotage du projet vers la
fin septembre 2006 conformément au cahier de charge. Le rapport présenté dans ce
qui suit a été constitué sur la base :
Ø Des remarques et constations présentées par les techniciens du comité de
pilotage pour le rapport provisoire
Ø Des améliorations apportés au rapport provisoire,
Ø Des entretiens complémentaires avec les responsables de l’ONAS, de l’AFI,
des communes de Thyna et Cité El Habib, de l’APIP, de la SONEDE, de la
STEG, du CRDA, de l’INS, de la direction de la pêche, du port de commerce
…….
Certes, cette version de l’action de collecte de données a permis d’apporter des
améliorations sur le fond et la forme du rapport provisoire, néanmoins beaucoup
reste à faire surtout en matière de mise à jour et de saisi de nouvelles données. Des
difficultés subsistent encore surtout dans la collecte de données spécifiques des trois
communes qui constituent la zone d’étude. Même l’INS (2004) ne dispose pas de
ces données. A titre d’exemple, eu égard au fait que les zones industrielles ne sont
pas toutes aménagées, l’AFI ne contrôle que la zone industrielle de Thyna, de
Madagascar et 3 % de la zone industrielle de Sidi Salem. La zone industrielle du
port de pêche a été aménagée par l’APIP. La zone industrielle d’El Maou et la
majorité de la zone industrielle de Sidi Salem ne relève de la compétence d’aucun
organisme en terme d’aménagement. A cela s’ajoute toutes les difficultés inhérentes
à la localisation d’un nombre important d’entreprises disséminées dans le tissu
urbain. Pour pallier à ces difficultés, une fiche d’enquête (annexe) a été réalisée et
communiquée aux différentes communes pour l’inventaire dans la mesure du
possible de l’essentiel de ces industries.
Cette enquête permettra non seulement de présenter une image assez réelle des
activités industrielles dans la zone d’étude, mais aussi de fournir à l’expert SIG les
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3
données de base lui permettant la création de sa base de données cartographique et
attributaire.
Des recoupements et des extrapolations seront apportés pour approcher les données
souhaitées.
Il y a lieu de rappeler que nous tenons à adresser tous nos remerciements à
l’ensemble des responsables régionaux qui ont bien voulu nous aider à concrétiser
ce travail. Q’ils trouvent là, l’expression de notre haute considération.
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SOMMAIRE
Préambule
Introduction
I - Sfax : Historique et évolutions
II- Le littoral Sfaxien
III- Présentation de la zone d’étude
IV- L'environnement côtier terrestre
IV. 1 - Caractéristiques physico-naturelles
IV. 1-1 - Topographie
IV. 1-2 - Géologie, sol et enjeux
IV. 1-3 - Les ressources en eaux
IV. 1-3-1 - Les eaux de surface
IV.1-3-2 - Eaux souterraines superficielles
IV. 1-3-3 - Les eaux souterraines profondes
IV. 2 - Les conditions climatiques de la zone côtière de Sfax
V- L’environnement côtier marin
V.1 - La morphologie sous-marine et la nature du fond
V. 2 - Les caractéristiques océanographiques
V. 2-1 - Les courants généraux méditerranéens
V. 2-2 - La marée et les courants de marées
V. 2-3- La houle et les vagues
V. 3 - Les végétaux et les animaux marins
V. 3-1- La flore
V. 3-2- La faune
V. 3-2-1 - Le benthos
V. 3-2-2 - Les invertébrés à importance commerciale
V. 3-2-3 - Les poissons
V. 3-2-4 - Faune herpétologique
V. 3-3 – Les oiseaux d’eau
V. 3-3-1 -Les facteurs attractifs des espèces ornithologiques de la Zone Humide de Thyna
(ZHT)
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V. 3-3-2 - Importance quantitative et qualitative des oiseaux de Thyna
V. 3-4- Le Phytoplancton et les blooms phytoplanctoniques
V. 3-4- Qualité physico-chimique de l’eau de mer
VI- Situation environnementale
VI. 1 -La pollution atmosphérique
VI. 1-2 - Pollution atmosphérique liée à la circulation
VI. 2 La pollution hydrique
VI. 2-1 -Effet polluant de la station d’épuration des eaux usées
VI. 2-2 - Effet polluant des margines
VI. 2-3 - Effet polluant des rejets hydriques de la SIAPE
VI. 2-4 -Pollution due aux eaux pluviales
VI. 2-5 -Pollution engendrée par les eaux agricoles
VI. 2-6 - Pollution causée par les rejets solides
VI. 2-6-1 - Le stockage de grignons épuisés
VI. 2-6-2 - Le dépôt de phosphogypse
VI. 2-6-3 - La décharge municipale de Sfax
VII- les principales composantes de l’occupation du sol
VII. 1- Projet d’aménagement de l’ancien port de pêche (chott el kreknah)
VII. 1- Le site archéologique de Thyna
VII. 2- Les salins de Thyna
VII. 3 - Le Parc urbain de Thyna
VII. 4 – Autres espaces verts
VII. 5 –Zones industrielles
VII. 6 – La zone agricole
VIII-Les infrastructures
VIII. 1- L’assainissement
VIII. 2- La voirie
VIII. 3- Le port de pêche
VIII. 4- Le port de commerce
VIII. 5- La saline de Sfax
VIII. 6- Abattoir de Sfax
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VIII. 7 - Etude d’opportunité pour l’implantation de plates-formes logistiques du Grand
Sfax
VIII. 8- Transport
VIII. 8 -1 - Transport local
VIII. 8 -2 - Transport National et International
VIII. 8 -2 -1 Transport Terrestre
VIII. 8-2 -2 Transport Ferroviaire
VIII. 8-2-3 Transport Aérien
VIII. 8 -3 - Transport Maritime
VIII. 8-3-1 - Liaison Sfax-Kerkena
VIII. 8-3-2 -Le cabotage
VIII. 8-3-3 -Liaison avec l’étranger
IX- Analyse socio-économique
IX. 1- Situation démographique et emplois
IX. 1.1 - Situation démographique
IX. 1.1.1- Population
IX.1.1.2- Taille des ménages
IX.1.1.3- Logements
VII.2.1.3- Densité de la population, densité des ménages
IX. 2. 2 – Emplois
IX. 2- Activités économiques
IX. 2-1 L’activité de l’extraction de sel
IX. 2-2 -L’activité industrielle
IX.2.2.1- Zone industrielle Madagascar
IX.2.2.2- Zone industrielle Sidi Salem
IX.2.2.3- Zone industrielle Port de pêche
IX. 3 - Activité de la pêche dans la ville de Sfax
IX. 4 - Activité portuaire
IX. 5 - Les activités récréatives
IX. 5. 1 - Tourisme culturel
IX. 5. 2 - Tourisme écologique
Bibliographie
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Abréviations
APAL :
APNES :
Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral
Association de la Protection de la Nature et de l’Environnement de
Sfax
DPH :
Domaine Public Hydraulique
GCT :
Groupe Chimique de Tunisie
JICA :
Japonise Agency
ONAS :
Office National d’Assainissement
NPK :
Société de fabrication d’Azote, de Phosphore et de Potassium
PAC :
Plan d’Aménagement Côtier
PAU :
Plan d’Aménagement Urbain
PNT :
Parc National de Thyna
PNUD :
Programme des Nations Unies pour le Développement
SDA :
Schéma Directeur d’Aménagement
SDGS :
Stratégie de Développement du Grand Sfax
SIAPE (B) :
Société Industrielle d’Acide Phosphorique et d’Engrais
STEP :
Station d’Epuration
SONEDE :
Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux
ZHT :
Zone humide de Thyna
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Listes des tableaux
Tableau 1 : Etat du littoral de Sfax relatif à la zone d’étude
Tableau 2 : Qualité physico-chimique de l’eau de mer au niveau de la zone SfaxKerkennah
Tableau 3 : Résultats d’analyses d'hydrocarbures totaux effectués au niveau de la zone SfaxKerkennah
Tableau 4: Comparaison des émissions atmosphériques dans la ville de Sfax avec d’autres
villes tunisienne
Tableau 5: Bilan des émissions atmosphériques de quelques sources fixes à Sfax
Tableau 6 : Polluants rejetés par les différentes activités de la SIAPE
Tableau 7 : Bilan des métaux lourds émis par l’unité TSP de la SIAPE
Tableau 8 : Principales sources de pollution hydrique
Tableau 9 : Les bases de calcul pour le dimensionnement de la STEP sud
Tableau 10 : Caractéristiques physico-chimiques des margines
Tableau 11: Caractéristiques chimiques des margines
Tableau 12: Estimation de la charge polluante déversée en mer (Tonnes/an)
Tableau 13: Concentration du Phosphore total et du Cadmium dans les eaux interstitielles des
sédiments côtiers au niveau de l’exutoire des rejets et de la SIAPE
Tableau 14 : Concentration du P total et du Cd dans les sédiments côtiers au niveau de
l’exutoire
des rejets et de la SIAPE
Tableau 15 : Les superficies des zones industrielles du littoral sud de Sfax
Tableau 16 : Caractéristiques du réseau d’assainissement relatif à la zone d’étude
Tableau 17 : Les équipements de froid du port de pêche de Sfax
Tableau 18 : Les caractéristiques physiques et structurelles u port de pêche de Sfax
Tableau 19 : Principales composantes du port de pêche de Sfax.
Tableau 20: Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax
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Tableau 21 : Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax
Tableau 22 : Répartition des déplacements motorisés dans le Grand Sfax
Tableau 23 : Etat de la population dans la zone d’étude
Tableau 24 : Représentation des deux sexes dans la population relative à la zone d’étude
Tableau 25 : Nombre et taille des ménages dans la population relative à la zone d’étude
Tableau 26: Logements et Ménages dans la zone d’étude
Tableau 27 : Rapport ménage/logement
Tableau 28 : Densité de la population et densité des ménages
Tableau 29 : Taux d’activité selon le genre (%) de la zone d’étude
Tableau 30 : Répartition de la population active par secteur d’activité
Tableau 31 : Population au chômage par tranche d’âge dans la zone d’étude
Tableau 32 : Population au chômage par niveau éducatif dans la zone d’étude
Tableau 33 : Répartition des lots et leurs surfaces selon le domaine d’activité
Tableau 34 : Répartition de l’occupation du sol de la ZISS
Tableau 35 : Répartition de la superficie suivant le secteur industriel.
Tableau 36 : Production de pêche de Sfax
Tableau 37 : Flottille de pêche du port de Sfax
Tableau 38 : Production de pêche du gouvernorat de Sfax
Tableau 39 : Trafic global de marchandises en t/an (conteneurs inclus)
Tableau 40 : Principaux produits enregistrés au niveau du port de Sfax (T/an)
Tableau 41 : Trafic conteneurs du port de Sfax (T/an)
Tableau 42 : Trafic conteneurs du port de Sfax (EVP)
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Listes des photos
Photo 1: Thernes des mois
Photo 2 : La maison de dyonysos
Photos 3 : La zone agricole de Thyna
Photos 4 : Saline de Sfax
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Listes des figures
Figure 1 : Présentation de la zone d’étude du projet SMAP III
Figure 2 : Morphologie et bathymétrie sous-marine de la zone côtière
Figure 3 : Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre les îles
Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Flot.
Figure 4 : Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre les îles
Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Jusant.
Figure 5 : Origine géographique des oiseaux d’eau migrateurs hivernants et nicheurs dans
la zone humide de Thyna.
Figure 6 : Plan d’implantation de la station d’épuration sud de Sfax après réhabilitation
Figure 7 : Aménagement de Chott Kreknah
Figure 8 : Carte de localisation des salins de Sfax
Figure 9 : Les principales composantes de l’espace urbain de la commune de Thyna
Figure 10 : La répartition des différentes composantes de l’espace urbain de la commune
de
Thyna
Figure 11 : Carte des salins de Sfax
Figure 12 : Plan d’aménagement de l’abattoir de Sfax
Figure 13 : Localisation de la plateforme logistique de Sfax
Figure 14 : Carte de localisation des sites industriels dans la zone d’étude
Figure 15 : Carte de répartition actuelle des usines de la zone industrielle Madagascar
Figure 16 : Carte de classification des usines suivant leur degré de pollution
Figure 17 : Carte d’occupation du sol de la zone industrielle Sidi salem
Figure 18 : Carte de répartition des unités industrielles de la zone industrielle de Sidi Salem
suivant le secteur d’activité
Figure 19 : Zone industrielle du port de pêche
Figure 20 : Zone industrielle de Thyna
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Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008)
Stratégie de Gestion Intégrée de la Zone côtière Sud
du Grand Sfax
Introduction
Le littoral méditerranéen, berceau de plusieurs civilisations, constitue une des plus
exceptionnelles richesses du monde. Ce littoral a toujours été considéré depuis les temps
les plus reculés comme un espace et un cadre idéal de vie favorable pour satisfaire les
besoins de ses habitants et assurer le développement harmonieux de leur activité. Tout au
long de l’histoire, les zones méditerranéennes aménagées et exploitées s’avèrent être des
plus convoitées par les populations qui les habitaient.
Devant les avantages portés par le développement économique au cours des siècles passés,
la sagesse et la conscience humaines se sont trop souvent endormies, laissant l’Homme
abuser des ressources naturelles de ces milieux fragiles.
Le développement qu’ont connu les pays du bassin méditerranéen sur les dernières
décennies n’a malheureusement pas tenu compte de l’impact à long terme des activités
économiques. Plus de 50% de la population des pays méditerranéens est concentrée sur le
littoral. Ce phénomène est appelé à s'intensifier pour toucher les deux tiers de la population
en l'an 2020. Cette concentration essentiellement urbaine engendre diverses atteintes à
l'environnement (pollutions atmosphérique, hydrique, terrestre, résorption des ressources
naturelles, destruction du patrimoine culturel...) fragilisant de plus en plus les écosystèmes
et plus spécialement le littoral. De nombreux exemples de ce type de situations ont été
relevés particulièrement dans les pays de la rive sud méditerranéenne, d’où la nécessité de
mettre en place des actions correctrices et des stratégies de gestion durable du milieu et de
ses ressources.
Heureusement, avec le temps, les décideurs se sont rendus compte qu’il était impératif de
corriger les impacts négatifs de ses activités, de renverser les processus conduisant à la
dégradation des zones côtières et d’agir avec modération et prudence à sauvegarder ce
patrimoine pour les générations avenirs.
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La gestion intégrée des zones côtières est définie comme un processus flexible de gestion
pérenne des ressources capable d’assurer aux générations futures un développement
efficient, soucieux de la préservation des équilibres naturels et durable dues
essentiellement aux activités économiques.
Pays à orientation maritime, la Tunisie s’est fixée comme objectif de répondre aux
exigences d’une gestion moderne de ses zones côtières qui, sur une longueur de 1300 Km,
hébergent 63,5 % de la population totale et concentrent la plupart des activités
économiques du pays.
Les côtes de la Tunisie s’étendent sur près de 1.300 Km avec deux façades maritimes,
Nord et Est. Le littoral tunisien présente plusieurs formes paysagères bien différenciées: les
plages sablonneuses qui occupent environ 600 Km, représentent le paysage le plus présent
sur les côtes tunisiennes et abritent la majeure partie des établissements humains.
Contexte et Objectifs
La ville de Sfax, située sur le littoral sud de la Méditerranée à environ 300 km au Sud de
Tunis, représente le deuxième grand pôle d’activités économiques de la Tunisie avec une
population d’environ 500 milles habitants.
La concentration des activités urbaines et économiques sur le littoral de la ville et en
particulier dans sa partie Sud, l’insuffisance des mesures et des outils de protection de
l’environnement et l’utilisation inadéquate de l’espace, ont contribué d’une manière
significative à la dégradation de la qualité de la vie et de l’environnement.
De ce fait, l’aménagement et la valorisation du littoral ont occupé une place de choix dans
la fixation des grandes orientations du schéma directeur d’aménagement du Grand Sfax.
C’est ainsi que les travaux de dépollution et de réhabilitation des côtes Nord de la ville ont
été décidés et l’aménagement est déjà programmé dans le cadre du projet présidentiel
Taparura. Cet ambitieux projet est en mesure d’apporter une amélioration nette de
l’environnement et de la qualité de la vie dans la ville. Quant au littoral Sud qui s’étend du
port de commerce jusqu’aux limites sud de la commune de Thyna, il présente des sources
de nuisances considérables mais aussi des potentialités naturelles et culturelles
importantes.
Des
études
générales
relatives
à
l’exploration
de
la
situation
environnementale dans le littoral Sud de la ville de Sfax ont été effectuées dans le cadre du
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14
Programme d’Aménagement Côtier de la zone côtière de Sfax (PNUE/PAM, 1994-1998).
Cependant, des études relativement détaillées sur certaines options d’aménagement et de
gestion des côtes Sud restent à entreprendre. La stratégie de développement du Grand Sfax
élaborée par la commune de Sfax et les six communes avoisinantes (2003-2005),
s’appuyant sur l’approche participative a retenue quatre axes stratégiques de
développement parmi lesquels figure l’aménagement urbain conçu dans une perspective de
métropolisation privilégiant le développement littoral et plus particulièrement sa partie Sud
visant à l’aménager et le valoriser.
Partant de toutes ces considérations, le projet de l’élaboration de la stratégie de gestion
intégrée de la zone côtière Sud du Grand Sfax a été mis en œuvre en bénéficiant de l’appui
de l’Agence National de Protection de l’Environnement (ANPE) en tant qu’intervenant
privilégié
et également du soutien de l’Agence de Protection et d’Aménagement du
Littoral (APAL) chargée principalement de gérer les espaces littoraux, de suivre les
opérations d’aménagement, de veiller à leur conformité avec les règles et les normes qui
régissent ces espaces et les mettre en cohérence avec les projets et les
programmes
d’action sur le littoral. Et c’est dans ce cadre que s’est inscrit le projet SMAP III initié par
la communauté européenne et portant entre autres sur la composante stratégique de
Gestion Intégrée de Zones Côtières pour les Municipalités du Grand Sfax. Il vise
principalement les objectifs suivants :
§
Elaborer un plan de gestion intégrée des zones littorales des Municipalités du
Grand Sfax : ce plan sera utilisé comme un modèle pour le développement d'un
plan national de gestion intégré du littoral.
§
Stimuler l’utilisation durable de la zone côtière sud des Municipalités du Grand
Sfax, au sud-est de la Tunisie.
Ce travail devra être conduit selon les principes d'une intégration maximale des besoins en
développement et des impératifs de conservation du patrimoine naturel.
Il sera mené de façon à servir de modèle dans l'application de l'approche participative et
l'implication des différents acteurs concernés, y compris la population locale dans les
processus de planification et de gestion de zones côtières.
Partenaires du Projet
Plusieurs partenaires sont associés à ce projet dont principalement :
________________________________________________________________________________________
15
§
Le WWF Programme Méditerranée et Panda Service - Bureau de WWF
Programme Méditerranée (Rome) ;
§
L’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL),
§
l’Entitat Metropolitana de Serveis Hidraulics i Tractament de Residus, (Secrétariat
Général de MEDCITIES, Barcelone ),
§
Les Municipalités du Grand Sfax,
§
La Société d'Etudes et d'Aménagement des Côtes Nord de la ville de
Sfax,
§
L’Ecole Nationale d’ingénieurs de Sfax (ENIS) de l’Université de Sfax,
§
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
I - Sfax : Historique et évolutions
La ville de Sfax a été édifiée au IX siècle entre les anciennes cités romaines de Taparura au
Nord et de Thyna au Sud. De ce passé historique, seul l’ossature foncière de la ville et la
médina garde encore leur configuration originelle. Cette ossature a pris forme à partir des
cadastres romains de forme géométrique régulière, limites des jardins de Sfax. Ces jardins
ont été soumis depuis les dernières décades à un processus de morcellement, rappelant les
nombres de 400, puis de 800 enfin de 1000 évoquées par les chroniqueurs en parlant des
"jneins" de Sfax avant le XXè siècle.
L’architecture de base de ces jneins a pu être conservée grâce au système de clôtures
naturelles en talus appelées "tabias" constituant pour ces jneins un système efficace de
conservation des eaux et du sol tout en favorisant également la condensation occulte des
vents humides soufflant de la mer vers les jneins, et en les protégeant contre les vents secs
issus du Sud (J. Poncet 1976).
L’accroissement numérique des jneins de Sfax est le produit de deux phénomènes majeurs:
les lois successorales et la dilatation du périmètre de l'agglomération.
Ce processus d’accroissement s'est largement accéléré durant le vingtième siècle, période
au cours de laquelle il n'est plus totalement improvisé puisque endigué, depuis, par les
instruments et les outils de la planification urbaine (Plan d'urbanisme de 1929 . Plan
________________________________________________________________________________________
16
directeur de 1961 et Plan Directeur d'Urbanisme de 1977).
L'extension urbaine de Sfax a suivi l'évolution spatio-temporelle permettant de dégager les
étapes suivantes :
§
A la fin du XIXè siècle, Sfax comprenait la Médina, un quartier franc situé au Sud,
un port rudimentaire et l'auréole des jardins,
§
Dans les années 30, la ville européenne est déjà en place, le port édifié, la
Médina
déborde formant les premiers faubourgs non contigus, les radiales
sont progressivement bitumées. Le
perceptiblement
avec
morcellement des jardins
apparition
des
premiers
noyaux
est entamé
urbains
périphériques (Merkez),
§
Dans les années 50,
la Médina, la ville européenne avec son port agrandi
et les faubourgs constituent un ensemble marquant le développement d'une
grande ville avec une ceinture de jardins à caractère encore rural,
§
Dans
les
années
80,
la
ville
grandit,
la
zone
péri-urbaine
enregistre
un processus de densification accéléré essentiellement autour des Merkez
érigés en communes qui sont actuellement au nombre de sept. Cette
densification s'effectue par essaimage de constructions improvisées à
l'intérieur
de l'auréole des jneins.
L'agglomération actuelle de Sfax englobe près de 480 000 habitants s'étalant sur environ
20000 ha. La faible densité qui en résulte pose de multiples problèmes quant à
l'aménagement de la ville et aux conséquences financières rendant onéreux les
équipements et les infrastructures indispensables à son développement. La typologie de son
habitat dévoile l'existence, principalement de 6 types de tissus urbains :
Ø la Médina : habitat traditionnel,
Ø la ville moderne : habitat collectif vertical,
Ø les lotissements : logements en villas (400 m² / lot généralement),
Ø
les cités populaires : habitat groupé à l'horizontale,
Ø les faubourgs de la Médina : habitat traditionnel,
Ø
les jardins : larges au début puis devenant serrés en passant de 2500 à 1000
et enfin à 500 m² par lot actuellement,
Cette évolution urbaine de la ville se caractérise en outre par une centralisation des services
________________________________________________________________________________________
17
et un développement des activités industrielles dans des zones aménagées à cette fin.
II- Le littoral Sfaxien
Le Plan de gestion intégrée de la zone côtière de Sfax selon la démarche proposée par le
SMAP III enregistre deux étapes au niveau de son élaboration. La première s'intéresse au
rôle du littoral quant au développement de Sfax dans l'optique de la durabilité
environnementale alors que la seconde porte sur le plan de gestion intégrée de la zone
côtière de Sfax-Sud proprement dit.
Cette démarche nécessite ainsi le placement de la zone de Sfax dans un cadre géographique
plus vaste afin de cerner ses éléments constitutifs et de comprendre son fonctionnement et
ses possibles évolutions.
Il est évident que le développement socio-économique et spatial du littoral de
l'agglomération en général et de la zone sud en particulier sont conditionnés par des
facteurs externes issus de son arrière pays voire même d'espaces plus lointains. Ainsi
l’association de la topologie, de la géographie,
et de l'aménagement explique le rôle
dévolu à ce littoral et les interrelations qui se manifestent entre celui-ci et le reste de
l'espace urbain.
L'existence d'un littoral qui se prête à l'implantation d'infrastructures portuaires aux portes
de la Médina a orienté le développement économique de la ville
clairement son internationalité liée à la présence et à la
qui a pu afficher
prolifération d'industries
manufacturières dynamiques. Il a également conditionné son développement spatial.
En plus d'avoir été un lieu de localisation privilégié des unités industrielles, le littoral a
constitué un espace fort attractif pour d'autres activités de toutes natures (services
productifs services administratifs), se positionnant ainsi comme centre fondamental des
activités et principal foyer de l'emploi. Quotidiennement, il draine la majeure partie de la
population active de l'agglomération et suscite de multiples besoins, en transport entre
autres.
En conséquence,
les
zones côtières de Sfax ont été transformées en réceptacle de
nuisances en tout genre (pollutions, congestionnent...) dont l'ampleur ne cesse de
progresser en fonction du développement de l'agglomération.
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18
III- Présentation de la zone d’étude
Le littoral de Sfax s'étale sur près de 50 km linéaires, du village de Sidi Mansour au Nord
à celui de Chaffar au Sud, et sur une profondeur moyenne de l'ordre de 5 km.
La zone d’étude proposée (Fig 1) dans le cadre du SMAP III occupe une superficie
d’environ 5600 ha soit 25% à peu prés de l’ensemble de l’agglomération Sfaxienne, elle
est définie :
§
au Nord par la limite sud du projet Taparura
§
au Sud par la limite sud de la commune de Tyna (Rocade km 11)
§
à l’Ouest par la route de Gabès et la voie ferrée,
§
à l’Est par la limite est de l’île Kerkennah.
Administrativement, cette zone appartient à la commune de Sfax (arrondissements Madina
et El Habib) et celle de Thyna. Par ailleurs, le parcours de la zone d’étude permet de
distinguer principalement la nature et la composition des activités côtières:
§
le parc archéologique de Thyna
§
le parc urbain de Thyna,
§
la zone humide de Thyna,
§
les ensembles industriels de Thyna, d’El Maou, de Sidi Salem, du Port de pêche et
de Madagascar,
§
les noyaux d’habitats populaires d’El Moez et d’El Habib,
§
le dépôt de phosphogypse de la SIAPE
§
la décharge sauvage des déchets urbains et les bassins de stockage des margines
§
la station d’épuration de Sfax Sud
§
les bassins des salines de la COTUSAL
§
le centre ville avec ses composantes : la Médina, la ville moderne (Bab El Bhar)
§
les zones portuaires (ancien et nouveau port de pêche et le port de commerce)
L’analyse physique de l’état du littoral le long de la zone d’étude de Sfax (Tableau 1)
permet de relever la différenciation et les caractéristiques entre les ensembles qui
jalonnent la frange côtière.
IV- L'environnement côtier terrestre
A la lumière de cette brève description de la zone d’étude et afin de déterminer sa
contribution pour un développement durable de Sfax, il est nécessaire d’analyser de plus
près son profil environnemental tant physique qu'écologique, le contexte socioéconomique ainsi que l'occupation, l'affectation et l'utilisation de l'espace côtier de cette
agglomération.
________________________________________________________________________________________
19
Figure 1 : Présentation de la zone d’étude du projet SMAP III
________________________________________________________________________________________
20
Tableau 1: Etat du littoral de Sfax relatif à la zone d’étude
Section littorale
Type de côte
Etat actuel de la mise en valeur
Site de l’ancienne NPK
Côte basse, vaseuse et sableuse
Abrite la friche industrielle de la
NPK, le site de l’ancien dépôt
d’hydrocarbures, le port
d’embarquement des phosphates et
de déchargement du soufre. Abrite
autres dépôts et usines.
Port de commerce
Côte aménagée
Sert pour les exportations (quai des
phosphates, quai de chargement du
sel etc) et d’importation de
marchandises diverses, en plus du
quai des conteneurs.
Chott-El-Krekna
Ancien port de pêche. Site Plans d’eau laissés après le
quasi central à environ
transfert du port de pêche.
100 mètres de la
Alentours aménagés en esplanades.
municipalité.
Fonds dépollués.
Du port de pêche jusqu’à Côte basse
Comprend essentiellement l’espace
l’embouchure de l’oued
initialement réservé à l’extension
El-Maou..
du port de pêche (projet
abandonné) et en cours de
remblaiement, ainsi que les
cristallisoirs des salines.
De l’embouchure de
Côte basse, avec zone
Côte fortement polluée par le rejet
l’oued El -Maou jusqu’à intertidale importante
liquide très chargé de la SIAPE et
la prise d’eau des marais
de la STEP sud.
salants
Dépôt proche de la mer de
phosphogypse dépassant 40 ha.
Côte interdite à la baignade. Pêche
côtière de faible rendement.
________________________________________________________________________________________
21
De la prise d’eau des
Côte basse, avec zone
aménagée actuellement en aires
marais salants jusqu’au
intertidale importante.
d’évaporation pour les salines de
sud du site
Thyna. Abrite une très forte
archéologique de Thyna
population de limicoles et
échassiers, un important site
archéologique romain (Thaenae)
et un parc urbain en constitution.
IV. 1 - Caractéristiques physico-naturelles
IV. 1-1 - Topographie
Du point de vue physique, la zone d’étude du projet ne constitue pas en elle-même une
région physique bien individualisée, mais appartient à un ensemble naturel plus vaste
constitué par les plaines littorales orientales ou basses steppes.
Topographiquement, la zone d’étude correspond à une vaste plaine côtière, de très faible
dénivellation. L’altitude ne dépasse 10 mètres qu’à partir de 3 ou 4 Km de la côte, et
n’atteint 20 mètres qu’en dehors du périmètre de l’étude. Cette platitude est en fait
caractéristique de toute la partie orientale des basses steppes tunisiennes.
Les faibles altitudes ne pouvaient favoriser qu’ une faible inclinaison des surfaces
topographiques, surtout qu’il s’agit d’un terrain côtier. Dans la ville et ses jnens, les pentes,
dirigées fondamentalement vers la mer, sont à peine sensibles puisque généralement
comprises entre 0,3 et 1%. Des pentes encore plus faibles existent, notamment au voisinage
du rivage, surtout dans la partie nord de la ville. C’est ce qui explique la grande extension
des terrains humides du type sebkha et chott tout le long de la frange littorale. La côte est
d’ailleurs toujours basse et formée d’une alternance de microfalaises vives, de très petites
plages et des marais maritimes plus ou moins étendus. La plaine côtière de la région de
Sfax s’étend dans le domaine marin avec une faible pente donnant lieu à une plaine
littorale quasiment plate.
IV. 1-2 - Géologie, sol et enjeux
La plaine littorale et les collines qui l’encadrent du côté interne ont une géologie peu variée
et dominée par les roches tendres. Les collines sont faites essentiellement de formations
argileuses et sableuses attribuées à l’ère tertiaire. Une croûte calcaire, attribuée au
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22
Quaternaire ancien, moule parfois leur surface, mais elle reste assez discontinue. Les
formations superficielles, qu’on observe en circulant à travers la plaine sont récentes et
appartiennent au Quaternaire supérieur. Elles correspondent le plus souvent à des alluvions
tendres et perméables, faites essentiellement de sables et limons, qui comblent les cuvettes
subsidentes (Burolet, 1956).
Les horizons inférieurs présentent généralement une certaine compacité, sont parfois riches
en concrétions calcaires et sont, donc, moins tendres.
Du point de vue tectonique la région de Sfax, faisant partie de la plate forme du sahel, se
caractérise par une stabilité assez remarquable. Les structures plio-quaternaires ont une
structure inverse de celles de l’éocène et du miocène qui ont connues des épisodes
compressifs (Haller, 1983).
Au bord de la mer, la place peut être donnée, très localement, à des affleurements rocheux
qui correspondent à une croûte calcaire ou à des grès coquilliers d’origine marine
généralement attribués au cycle tyrrhénien surmontés par des faciès dunaires souvent bien
consolidés. Ces derniers se trouvent toujours à des altitudes très basses, souvent inférieures
à 1 m. Or leur équivalent sur les autres parties des côtes du pays apparaissent généralement
à des altitudes variant entre 5 et 10 m. C’est la preuve que le terrain sur lequel est installée
l’agglomération sfaxienne a connu une subsidence active au cours du Quaternaire
supérieur.
L’importance des affleurements tendres, l’âge très récent des sédiments de la plaine et la
subsidence sont des données importantes sur lesquelles l’aménagement ultérieur doit tenir
compte. Cette subsidence peut expliquer le niveau d’érosion associé à une forme plus au
moins spectaculaire d’avancée marine observée que se soit à Kerkennah ou à Chaffar.
Avec l’Elévation Accélérée des Niveaux de la Mer, une telle évolution devrait
vraisemblablement se poursuivre, voire s’accélérer. Ainsi, avec les scénarios de cette
élévation de 0,50 et 0,55 m, à l’horizon 2100, l’archipel de Kerkennah risque même de se
transformer en un grand nombre d’îlots et les sebkhas côtières peuvent être connectés, de
façon permanente à la mer.
Le traitement des enregistrements marégraphiques du port de Sfax montrent une remontée
marine à un rythme de trois à quatre fois la moyenne mondiale (0.5 cm/an) et ceci depuis le
début du siècle. L’effet cumulé de la subsidence du sol et la remonté marine à l’échelle du
globe peuvent expliquer cette remontée spectaculaire du niveau marin au niveau de Sfax
________________________________________________________________________________________
23
(MEAT, 2001).
Ces phénomènes, subsidence et remonté marine, méritent une attention particulière
surtout pour le développement touristique prévu pour ces deux zones.
IV. 1-3 - Les ressources en eaux
IV. 1-3-1 - Les eaux de surface
La partie Sud de la zone du projet est drainée par d’importants oueds. L’Oued Agareb
draine les eaux de ruissellement de toute la partie Nord-Ouest et Ouest du secteur d’étude.
Il coule dans une direction presque méridienne aux confins ouest de l’agglomération de
Sfax, recoupant ainsi plusieurs de ses radiales. A partir de son parcours en amont de la
route de l’Aéroport, le lit de cet oued a été réaménagé et recalibré : deux digues limitent
son cours et l’orientent à travers les deux cités populaires d’Essâada et d’El Habib, pour
être relié ensuite à l’Oued El Maou, dont le lit s’élargit très sensiblement à l’aval (90 ha)
avant d’arriver en mer, au Sud des cristallisoirs des salines. Plus à l’Ouest et plus au Sud,
les oueds deviennent plus ravinés suite à l’érosion régressive subie par leurs berges,
particulièrement dans leurs secteurs amont. Il s’agit de l’Oued Ash-Sharshar qui draine le
secteur situé entre Mdas- El Hammam et As-Swalah, pour se jeter ensuite à environ 2 km
au Sud du parc archéologique de Thyna, à travers les marais salans qui bordent la côte.
L’Oued Gargour et l’Oued Chaffar drainent la partie Sud de notre secteur d’étude.
L’examen des principales composantes du bilan hydrologique de la région de Sfax permet
de dégager les faits suivants (PAC 1998) :
Ø
Compte tenu de la quantité moyenne des précipitations sur la région de Sfax
(210 mm/an) sur une superficie de l’ordre de 2000 km2 , ces précipitations sont
évaluées à 420 Millions de m3 /an. Les extrapolations avancées au niveau de la
zone d’étude permettent d’avancer le volume des précipitations à peu prés de 11
Millions de m3 /an sur la base d’une superficie de 56 km2 .
Ø
Le volume d’eau ruisselé pour la région est estimé à 45 Millions de m3 /an,
contre un million au maximum pour la zone d’étude.
Ø
Les apports directs des eaux pluviales infiltrés vers la nappe de surface de la
région sont estimés à 7 Millions de m3 /an. Toutefois, et compte tenu du
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24
caractère très urbanisé de la zone d’étude, nous pouvons estimer un volume
comme 50 000 de m3 /an au maximum d’eaux pouvant atteindre les eaux
souterraines correspondant à la zone d’étude.
A l’image de la pluviométrie, l’écoulement dans ces oueds est irrégulier et instable. Les
débits moyens sont faibles mais à l’occasion de certaines averses les quantités d’eau
écoulées sont énormes et les risques de débordement peuvent entraîner des dégâts
considérables au niveau du milieu naturel et au niveau des équipements et aménagements
installés sur leur chemin.
En effet, les petits oueds, négligeables en temps ordinaires, peuvent, à l’occasion des crues
exceptionnelles, devenir très violents et assurer le transfert de très grandes quantités d’eau
en un temps très court. Les inondations d’octobre 1982, dont il faut tirer des enseignements
pour l’évolution future, ont été très instructives à cet égard.
Ces inondations ont également révélé le caractère très instable et changeant des sections
des oueds. Les sections utilisées par les eaux des crues ordinaires sont très peu larges. Mais
pendant les crues exceptionnelles, comme celles de 1969 et de 1982, elles s’élargissent
considérablement. C’est en fonction de ce dernier type de section que doit se faire
l’occupation du terrain; à défaut des mesures de protection s’imposent.
Une densification non contrôlée et non suivie des aménagements peut favoriser la
multiplication des obstacles sur le chemin de l’écoulement et donc accentuer les problèmes
liés aux eaux de ruissellement. D’autre part, nous avons constaté que certaines habitations
ont été implantées, au cours des rares dernières années, au coeur même des sections des
oueds. Même là où les cours d’eau montrent un certain encaissement des problèmes sont à
craindre, car les berges sont toujours taillées dans des roches tendres et peuvent reculer
rapidement suite aux phénomènes de sapement.
IV.1-3-2 - Eaux souterraines superficielles
La région de Sfax est généralement caractérisée par des ressources en eau peu abondantes.
Les caractéristiques de ces ressources dépendent essentiellement des conditions
climatiques, géologiques et hydrogéologiques. D’un autre côté les besoins en eau pour
l’agriculture et la croissance rapide de la population aggravent le problème de la nappe
phréatique de Sfax-Agareb appelée également nappe urbaine de Sfax en modifiant ses
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25
caractéristiques naturelles. Elle est surexploitée dans les secteurs d’El-Hajeb et Sidi-Abid,
et présente aujourd’hui des indices d’intrusion d’eau salée en provenance de sa bordure
maritime. La profondeur du plan d’eau varie de 5 à 30 m, selon la topographie de surface.
La nappe de Sfax - Agareb est captée dans les secteurs d’El Hajeb - Sidi Abid à 15 m de
profondeur environ. Les eaux douces de cette nappe sont en relation avec une
alimentation directe par les eaux de pluies et par les crues des oueds. Le sens
d'écoulement principal de ces eaux est de direction NW-SE (Beni Akhy et al., 1995).
La région de Sfax présente une forte densité de puits dont la répartition n’est pas
homogène dans l’espace. La majeure partie de ces puits se concentre dans la zone avale
(côtière) de la nappe et essentiellement dans les secteurs de Sidi Abid, El Hajeb, Sidi
Bouakkazine et Gargour. Depuis une vingtaine d’année, la nappe connaît une remonté
sensible qui pourrait être expliquée par :
• La recharge artificielle de la nappe par la réutilisation des eaux usées traitées au
niveau des périmètres d’El Hajeb (3 Million de m3 /an). La remonté enregistrée est
voisine de 1m/an (Ben Marzouk, 2000, Kallel, 2002).
• Le déversement direct des eaux usées urbaines et parfois industrielles dans des puits
perdus dans les zones non connectées au réseau d’assainissement
(7,7 Millions
de m3 /an). Ces eaux ont entraîné la contamination biologique et chimique de la
nappe. La contamination de la nappe phréatique est plus sensible en aval du coté
sidi Mansour (Bouzid J. 1992). L’extension du réseau de l’ONAS dans ces
communes permettra de limiter la pollution biologique de cette nappe et permettra
une meilleure gestion de ces ressources.
La salinité de cette nappe varie généralement de 1 g/l en amont à 12 g/l en aval du côté de
la mer. En ce qui concerne les ressources exploitables de cette nappe, elles s’élèvent à 6
Mm3 /an (PAC de Sfax 1998).
IV. 1-3-3 - Les eaux souterraines profondes
La nappe profonde de Sfax s’étend du Nord vers le Sud sur une distance de l’ordre d’une
centaine de Km. Au niveau de la ville de Sfax le système aquifère se trouve à une
profondeur voisine de 400 m. L’artésianisme se manifeste tout le long du littoral ainsi
qu’aux îles de Kerkennah. La salinité de la nappe évolue du NE vers le SW qui passe de 2
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à 10g/l de l’amont vers l’aval. Les alimentations de la nappe ont été estimées à 34,5
Millions de m3 /an correspondant à un débit fictif continu de l’ordre de 1100 l/s.
L’exploitation par forage profond atteint 570 l/s, soit 25,1 Millions de m3 /an. (Amouri,
1996 et Maliki 1996). La SONEDE exploite se système aquifère par un forage au niveau
de la route de Gremda. La salinité de l’eau au niveau de ce forage est de l’ordre de 3,5 g/l.
Son utilisation est particulièrement réservée pour les périodes sèches marquées par une
forte demande en eau et en même temps par un approvisionnement d’eau limité provenant
de Sbeitla - Jelma et du Nord. A Kerkennah cette même nappe est exploitée par un forage
artésien qui alimente la station d’osmose inverse qui desserve l’île en eau potable.
Une étude a été réalisée pendant les trois dernières années sur les ressources en eaux
souterraines de la région de Sfax. Elle a été élaborée dans le cadre de la coopération
Tuniso-Italienne, et a permis de proposer un schéma meilleur pour la gestion de ces
ressources en eaux.
IV. 2 - Les conditions climatiques de la zone côtière de Sfax
Le littoral de Sfax jouissant d'un ciel souvent bien dégagé, est marqué également par un
nombre élevé d'heures d'insolation par an (3185 heures) correspondant à un indice moyen
d'insolation de 72%.
Le climat thermique est de type méditerranéen assez chaud. La moyenne annuelle de la
température s'élève à 19°C, avec des températures moyennes de l'ordre de 11,5°C en
janvier, et de 25,6°C en juillet. Fortement contrasté par rapport à l'hiver, l'été se caractérise
surtout par ses fortes chaleurs. L'effet modérateur de la mer intervient pour assurer un léger
rafraîchissement par rapport aux régions intérieures et ce grâce aux brises de mer, si
fréquentes durant cette saison. Le réchauffement diurne de l'air devient nettement
perceptible dès le mois de mai (24,2°C en moyenne) et atteint son maximum en août avec
une moyenne maximale de 30,4°C. La chaleur estivale persiste d'ailleurs jusqu'en
septembre (29,4°C en moyenne).
Les vents prédominants dans la région de Sfax demeurent incontestablement ceux des
secteurs Est et Ouest. En dépit de cette prédominance, ces vents restent faibles, de vitesses
souvent inférieures à 4m/s. Le renforcement de la composante Est des vents se confirme
pleinement en été où l'on enregistre une nette prédominance des vents d'Est, de Nord-Est et
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de Sud-Est. Ce qui traduit en particulier l'importance des brises de mer dans une saison
estivale fortement marquée par les calmes anticycloniques (Zouari et al, 1997). Les vents
humides du Nord-Ouest amènent la plupart des précipitations surtout en automne (41 % du
total annuel) et en hiver (30 % du total annuel). A l'échelle annuelle, on constate que le
vent souffle pratiquement de toutes les directions et ce, dans des proportions quasi
uniformes tant pour les fréquences que pour les vitesses. Il constitue aussi un facteur
important dans la dynamique littorale, en ce sens qu'il est le principal générateur de la
houle et des courants de surface. La saison estivale se caractérise également par des
advections sahariennes parfois très puissantes qui se manifestent en faveur du Sirocco ou
"Chehili": c'est un vent chaud et très sec soufflant du Sud et du Sud-Ouest, responsable des
élévations très notables de températures dépassant largement 40°C. Toutefois, la mer joue
un rôle non négligeable en adoucissant les amplitudes.
Quant à l'évaporation, elle est élevée sur toute la région de Sfax et tout le long de l'année,
même en hiver où elle atteint sa valeur minimale de 127 mm. Le maximum est enregistré
en été avec une valeur voisine de 602 mm, accentuant ainsi d'avantage la sécheresse
(Maliki, 1994).
Quant aux précipitations, les données météorologiques de la station d'El Maou, présentent
une moyenne annuelle de 216 mm pour la période (1901-1990). Après la sécheresse
estivale, les pluies commencent en Septembre, mois qui enregistre une moyenne de 24
mm, et se prolongent en Octobre (environ 40 mm en moyenne). Relativement, les mois de
l’hiver et du printemps sont moins pluvieux que ceux de l’automne (21 mm en Janvier, 23
mm en Mars). Ainsi, l’automne peut être considéré comme étant la saison la plus pluvieuse
(92 mm en moyenne, 42% des pluies annuelles), l’hiver et le printemps enregistrent
respectivement 62,9 mm et 52,2 mm.
Il est toutefois important de noter la très forte variabilité des pluies, puisque le coefficient
de variation atteint 45% au niveau des pluies annuelles et augmente au fur et à mesure que
l’on considère les quantités mensuelles et/ou saisonnières. Les types de temps résultant
d’un flux de Nord-Est, ou d’un flux Nord ou résultant de perturbations sahariennes sont
responsables de 90 % des pluies annuelles. Les pluies dues à une circulation d’Ouest ou de
Nord-Ouest ne représentent qu’un infime pourcentage dans le total annuel des
précipitations.
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V- L’environnement côtier marin
V.1 - La morphologie sous-marine et la nature du fond
La plaine côtière de la région de Sfax se prolonge dans le domaine marin selon la même
tendance donnant lieu à un plateau quasiment plat avec une faible pente et également une
très faible profondeur ne dépassant pas généralement les 15 m (Fig 2) qui ne permet pas
toujours un brassage suffisant pour diluer les charges polluantes terrigènes. Cette
morphologie particulière a un effet considérable sur l'hydrodynamisme, la zonation
biologique, le transfert et l'accumulation des polluants. Le plateau continental qui s'étend
tout au long du golfe de Gabès, remonte au niveau des îles de Kerkannah et met ainsi en
place un canal peu profond. Les conditions géomorphologiques (bathymétrie faible,
rayonnement solaire suffisant et apports anthropiques riches en éléments nutritifs) ont
donné lieu à de vastes prairies de végétation sous-marines spécifiques favorisant le
développement d'une richesse halieutique bien connue dans la région.
Dans le détail, la zone portuaire de la ville donne sur une cuvette montrant une pente
relativement forte à partir de la courbe bathymétrique 5 m. Elle rejoint le canal de
Kerkennah à une dizaine de mètres de profondeur.
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Figure 2- : Morphologie et bathymétrie sous-marine de la zone côtière
Cette cuvette est plus ouverte du côté Sud, ce qui n'est pas le cas du côté Nord entre la zone
portuaire et Sidi Mansour. Ceci explique la différence de l'étendue de la zone intertidale de
part et d'autre de la ville.
Les sédiments du fond sont en majeure partie constitués de sable, sable vaseux et sable
coquillé avec une forte densité de végétaux. Cette structure s'étend à partir des plages
jusqu'à peu près 20 m de profondeur. Les sables vaseux constituent le sédiment le plus
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30
répandu de ce plateau. Ce sédiment est le substrat des prairies mixtes de Cymodocées et
des posidonies. En certains endroits (Sud de Kerkennah), des zones à graviers ou à
concrétionnement d'algues calcaires sont distinguées. Au niveau des îles Kerkennah, ce
plateau est caractérisé par la présence de hauts fonds sableux très étendus.
V. 2 - Les caractéristiques océanographiques
Les courants rencontrés en mer sont de diverses origines. On distingue les courants
généraux permanents, les courants de marées, les courants dus à l'action des vents et les
courants de houles. Ces derniers n'existent que dans la zone de déferlement de la houle.
Les courants de marées sont superficiels et dépendent généralement de l'amplitude
maximale des pleines mers en relation avec la zone considérée.
V. 2-1 - Les courants généraux méditerranéens
Les eaux marines tunisiennes appartiennent pour une partie au bassin occidental et pour
l'autre partie au bassin oriental de la Méditerranée. Le courant atlantique parvenant par le
détroit de Gibraltar est important du point de vue des échanges d'eau sur les côtes du Nord
de la Tunisie. Il engendre des contre-courants dans le sens direct au niveau du Golfe de
Gabès qui entraînent des systèmes de courants côtiers de faibles amplitudes. Sur la côte Est
de la Tunisie, il existe un courant général de direction Nord-Sud avec des vitesses de
l'ordre de 0,2 à 0,3 m/s. Ces courants généraux concernent surtout les eaux au large à
plusieurs kilomètres des côtes et, en conséquences, ils n'interviennent que peu ou pas au
niveau des aménagements côtiers.
V. 2-2 - La marée et les courants de marées
Le Golfe de Gabès est le siège d'une marée semi-diurne, c'est-à-dire qu’elle présente deux
périodes de haute mer et deux périodes de basse mer par jour. Le marnage ou amplitude de
la marée est maximal au Sud du golfe de Gabès (maximum de 2 m en période de vives
eaux) et décroît sur sa périphérie. L’hydrodynamisme de tout le golfe de Gabès est en fait,
sous la dépendance des vents dans les zones profondes et de la marée le long du littoral
(Guillaumont et al., 1995). Les marées observées au port de Sfax présentent les
dénivellations moyennes suivantes par rapport au zéro hydrographique:
Ø pleine mer de vives-eaux : + 1,60 m,
Ø basse mer de vives-eaux : + 0,30 m,
________________________________________________________________________________________
31
Ø pleine mer de mortes-eaux : + 1,10 m,
Ø basse mer de mortes-eaux : + 0,70 m.
A ces marées, il convient d'ajouter les dénivellations dues à l'action des vents et aux
variations pressiométriques. Le flux et le reflux engendrent des courants de marées connus
sous les noms de flot et jusant. Sous l'action du flot, le niveau du plan d'eau augmente au
niveau de la côte, entraînant le déplacement des zones d'action des courants côtiers
engendrés par la houle (Fig 3), alors que sous l'action du jusant, la masse d'eau s'évacue
vers le large provoquant des courants de reflux (fig 4). Pendant la basse mer des viveseaux, la mer se retire 700 à 800 m de la ligne du rivage, ce qui entraîne l'émersion d'une
grande partie de la zone littorale par endroits.
Il est à noter que plus cette partie émergée (désignée parfois par estran) est étendue et vaste
plus le transport sédimentaire par la marée est important (Seurat, 1934 in Hamza, 1997).
D'une façon générale, la marée n'a pas une grande influence sur la morphologie littorale ;
par contre les courants créés par celle-ci, localisés surtout dans le chenal Sfax-Kerkennah,
peuvent jouer un rôle important dans le transport et la dispersion des polluants le long du
littoral. Les courants de marées peuvent être masqués et même contrariés par les vents
dominants créant parfois des contre-courants assez violents. La direction des courants de
marées est variable suivant les saisons (Amari, 1984):
§ Au printemps comme en hiver, les courants de surface varient de 330° N
à
270° N en période de flot et gardent une direction voisine de 160° N en période
de jusant,
§ En automne, la direction moyenne est de 25° N en flot et de 120° N en jusant.
Du point de vue économique, l'importance de l'amplitude des marées et l'étendue de
l'estran sur le littoral de Sfax favorisent une activité de pêche artisanale : les pêcheries fixes
tels que les "Zroubs" et les "Chrafis" et la pêche à pieds pour la collecte des palourdes
Ruditapes decussatus (lamellibranche très demandé sur le marché international) sont très
répandues dans la zone.
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32
Figure 3 – Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre
les îles Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Flot. (Amari, 1984)
Figure 4 – Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre les îles
Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Jusant. (Amari,1984)
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33
V. 2-3- La houle et les vagues
La houle présente en fait l'agitation résiduelle de la surface de la mer provoquée par une
dépression météorologique lointaine. Pour la zone d'étude, les vents dominants sont de
secteur Est et Ouest alors que les vents forts sont de secteur NW. En général, les courants
de houle sont 2 à 5 fois plus forts que les courants de marées, sauf dans les chenaux et les
fosses où les marées sont violentes (2,5 m/s). Bien que le domaine d'étude ne marque pas
de houle à forte amplitude, il peut être le siège de cinq types de houles qui peuvent avoir
des effets non négligeables sur les mécanismes de transport et de dépôt (Amari, 1984):
§
les houles d'Ouest sont engendrées par les vents d'Ouest qui représentent 21% du
total annuel des vents. Les vagues naissent parallèlement à la côte et parcourent le
bassin méditerranéen de l'Ouest à l'Est. Ces houles sont fréquentes de Novembre
à Avril;
§
les houles d'Est arrivent de la mer pélagienne et sont amorties sur le haut fond de
l'île de Kerkennah où elles se réfractent et atteignent la côte sous forme de faibles
agitations par les deux passés Nord et Sud;
§
les houles du Nord-Ouest résultent des vents soufflant du NW qui sont les vents
les plus violents sur toute la côte tunisienne. Ces houles prennent naissance dans
la baie de Chebba, elles parcourent le bassin méditerranéen du NW au SE et sont
très fréquentes du mois de Mai au mois de Juillet;
§
les houles du Nord à Nord-Ouest proviennent aussi bien des vents locaux que des
perturbations marines lointaines et parcourent le bassin du NE au SW
en
pénétrant par le détroit de Chebba;
§
les houles du Sud et du Sud-Sud-Est sont issues des vents venant du golfe de
Gabès et de Jerba. C'est par le détroit de Sfax-Gharbi que ces houles atteignent la
plate-forme de Sfax. Amari (1984) a montré que sous l'action des vents locaux et
ceux du large, la houle est assez instable dans cette région, mais les courants
qu'elle induit sont 2 à 5 fois plus forts que les courants de marées. De ce fait, elle
y joue un rôle important dans le transit sédimentaire puisque l'agitation est
accompagnée de transport de sédiments. La houle est généralement définie par sa
________________________________________________________________________________________
34
hauteur et sa période. Leurs fréquences d'apparition sont presque les mêmes que
celles des vents qui les engendrent. Il est à noter que les houles les plus fortes
sont celles du large et elles sont liées à des systèmes dépressionnaires globaux.
Les houles et surtout celles du large s'amortissent énormément en face de Sfax en
raison des faibles profondeurs et des fonds en pente douce. Elles sont également
freinées par les herbiers assez bien développés.
V. 3 - Les végétaux et les animaux marins
Les conditions du milieu régnant au niveau du plateau de Sfax-Kerkennah (faible
profondeur, forte évaporation, fort ensoleillement, etc...) ont permis l'installation de
peuplements végétaux et animaux diversifiés. Au centre de ces peuplements se situent les
posidonies dont l'extension ou la régression peut renseigner sur l'état de l'écosystème
marin.
V. 3-1- La flore
Le profil végétal dans la partie sous-marine du plateau de Sfax-Kerkennah est marqué par
la succession et l'alternance d'herbiers des plus caractéristiques de la Méditerranée. Il faut
noter que les posidonies (Posidonia oceanica), phanérogames marines, sont les plus
importants. Elles jouent un rôle primordial dans le maintien de l'équilibre de l'écosystème
marin. En effet, cet herbier est un facteur important de stabilité des fonds meubles d'autant
plus qu'il contribue remarquablement à la production de l’oxygène et favorise également la
sédimentation et la concentration de la matière organique. Il constitue ainsi, d’une part, un
abri où vient s'installer une riche flore et faune sous ses feuilles et ses rhizomes, et d’autre
part, une nurserie et une frayère pour les poissons. En allant du rivage de Sfax-Sidi
Mansour à ceux de Kerkennah, les prairies de posidonies commencent à se manifester vers
les profondeurs de 4 m. Cet herbier est de forme tigrée récifale et souvent en cordon.
Dans quelques endroits du golfe de Gabès, cet herbier a disparu pour laisser place à des
fonds envasés ou en état de dégradation à la suite des diverses activités humaines
(pollutions diverses, techniques de pêche, etc...). Les fonds dégradés ne sont plus
représentés que par des mattes mortes envasées, souvent colonisées par des chlorophycées
et par quelques algues brunes. Il est à noter que toute la végétation du fond avait déjà
disparu des points d'évacuation des grandes unités industrielles polluantes implantées sur le
littoral de la région. Notons par ailleurs, que cet herbier peut jouer un rôle d'indicateur
biologique de pollution de fait de sa forte sensibilité à toute forme de pollution. De part et
________________________________________________________________________________________
35
d'autre de la ville de Sfax, aux alentours des îles Kerkennah et au niveau des Kneiss, les
posidonies se caractérisent par des structures et des recouvrements spécifiques. Les limites
d'extension, souvent régressives varient d'un lieu à un autre (Ben Mustapha et Hattour,
1992).
A côté de l'herbier à posidonies vivent des cymodocées (Cymodocea nodosa), autre
phanérogame marine recouvrant de grandes étendues du plateau de Sfax-Kerkennah et
contribuant avec les posidonies au maintien de l'écosystème marin. La répartition des
posidonies et des cymodocées s'observe souvent sous forme de cordons larges de quelques
dizaines à quelques centaines de mètres, et longs de plusieurs kilomètres voire plusieurs
dizaines de kilomètres. Il faut noter que près des côtes et à faible profondeur, les sommets
de ces cordons peuvent émerger à marée basse. Ils sont très bien connus par les pêcheurs
de la région sous la nomination de "Tsirs".
A coté des cordons qui forment des structures surélevées, les posidonies et les cymodocées
forment de vastes prairies (ou pelouses) sous-marines, souvent associées à d'autres algues,
à partir de 5 et jusqu'à 20-25 mètres de profondeur. Elles remontent parfois à des
profondeurs plus faibles sous forme de mattes dispersées aux abords des rivages. Les
prairies de Cymodocées se présentent généralement vers 1,5 m de profondeur (environ
600-800 m du rivage) et colonisent le littoral. Au-delà de cette profondeur prennent
naissance les prairies de posidonies.
En plus des principaux herbiers de posidonies et de cymodocées marquant la partie sousmarine du plateau de Sfax-Kerkennah, le peuplement végétal est caractérisé par
l'abondance des algues vertes, rouges et brunes qui se répartisse sur le plateau en fonction
de leur distribution bathymétrique et de leurs affinités au substrat. Au niveau de l'étage
infralittoral, s'observent les algues vertes des genres Valonia, Chaetomorpha,
Enteromorpha, Cladophora, Ulva, Codium. Parmi les algues brunes, on note la présence
du genre Cystoseira. Les algues rouges sont représentées par les genres Lithophyllum,
Laurencia, etc...
A proximité de la zone intertidale (zone de balancement des marées), le phytobenthos est
très peu varié. Sur les rivages de Sfax, on note notamment la présence d'algues vertes
échouées (Ulva, Valonia) couvrant de vastes étendues de cette zone. L'horizon supérieur de
cette zone (étage supralittoral) est marqué généralement par des amas de feuilles mortes de
cymodocées rejetées par la mer et formant de véritables banquettes.
________________________________________________________________________________________
36
V. 3-2- La faune
V. 3-2-1 - Le benthos
La zone intertidale, découverte à marée basse, est caractérisée par la présence d'une faune
diversifiée, représentée notamment par des annélides polychètes, des mollusques bivalves
comme Ruditapes decussata, des mollusques gastéropodes comme Murex, Cerithes,
Conus, Pirenella, des crabes, etc... Les phanérogames abritent également une faune
caractéristique. A coté de grands groupes de mollusques, se trouvent les bryozoaires
notamment ceux qui sont épiphytes des feuilles de posidonies ou de cymodocées.
Au cours de prospections de terrain réalisées par Serbaji (2000), des Pina nobilis ont été
rencontrées du coté des îles Kerkennah.
V. 3-2-2 - Les invertébrés à importance commerciale
Les invertébrés à importance commerciale rencontrés en abondance dans la région sont les
crevettes (Crustacés), les seiches, les poulpes et les palourdes (Mollusques) et enfin les
éponges.
V. 3-2-3 - Les poissons
Plusieurs espèces de poissons sont pêchées dans la zone de Thyna. Nous nous limitons à ce
niveau à citer celles déjà mentionnées dans une étude sur la répartition des alevins de
Mugilidés en Tunisie. Vichy et Franc (1987) ont constaté que 96% des larves de Mugilidés
récoltées à Thyna sont celles de Liza saliens.
Parmi les espèces qui entrent avec l’eau de mer dans les avants pièces des salines de Sfax,
nous citons la daurade Sparus auratus, le loup Dicentrarchus Labrax qui supportent une
salinité d’environ 44 %0, plusieurs espèces de Mugilidés arrivent accidentellement aux
bassins de salinité avoisinant 52 %0, dans les bassins d’eau de salinité plus importante vit
uniquement le petit poisson Cyprinodon fasciatus (Khemakhem, 1988). Dans les bassins
des salines de Sfax, le même auteur a noté la présence des larves de diptères, des larves et
des adultes de Coleoptères ainsi qu’un grand nombre d’infusoires.
V. 3-2-4 - Faune herpétologique
Les tortues marines, espèces dont les populations sont en danger, fréquentent le golfe de
Gabès qui constitue même une zone d’hivernage pour les populations nidifiantes et la rive
nord méditerranéenne de caouanne Caretta caretta, espèce la plus commune (Laurent et
al., 1990). Les captures et recaptures de cette espèce par les différents engins de pêche y
sont estimées à environ 10 000 par an (Bradaï, 1992 et 1995) dont plus que la moitié est
________________________________________________________________________________________
37
capturée par la flottille rattachée aux ports de Sfax et celui de Mahrès (RAC/SPA, 1993).
La tortue luth Dermochelys coriacea est observée 3 à 4 fois par an, la tortue verte Chelonia
mydas est rarement observée.
V. 3-3 – Les oiseaux d’eau
Plusieurs sites appartenant aux côtes du golfe de Gabès sont réputés, au moins depuis
1924, comme étant un carrefour de passage des oiseaux migrateurs en provenance de
l'Europe. Pour notre secteur d'étude nous citons la zone humide de Thyna qui constitue une
zone de nidification pour de nombreuses espèces d'oiseaux de mer (Goelands railleurs,
Avocettes, Sternes naines, Sternes Hansel, Sternes Pierregarin, Gravelots à collier
interrompu, Echasses blanches, Aigrettes garzettes, Tadornes de Belon, Chevaliers
gambettes,...). En mai 1994, 3600 couples nicheurs ont été observés. Le nombre d'oiseaux
observés à Thyna est en constante évolution passant de 5000 unités au printemps 1976 à
près de 15 000 au printemps 1992 et à 42 000 en hiver 1994 (APNES, 1994).
La zone humide de Thyna correspondant aux salines de Sfax, jalonne la côte méridionale de
Sfax en front de mer, dont 400 ha sont rattachés administrativement à la commune de Sfax et
1100 ha à celle de Thyna. Il s’agit en fait d’une zone à structure foncière sans problèmes
majeurs puisqu’elle est située sur un Domaine Public Maritime (DPM) et sur un Domaine
Public Hydraulique (DPH) du lit d’oued El Maou (Chaker, 2000).
Cette zone humide, constitue un lieu privilégié de gagnage et de repos pour une multitude
et une diversité d’espèces ornithologiques vivant généralement en symbiose et venant
d’horizons divers. Cette importante population avifaune est tantôt hivernante, tantôt
nicheuse voire sédentaire. Cet écosystème naturel spécifique à la région constitue un
milieu très favorable à la croissance d’une faune macrobenthique importante très appréciée
par les oiseaux migrateurs.
Il est à noter que cet espace côtier a fait déjà l’objet d’études menées entre autres par
l’association de protection de la nature et de l’environnement de Sfax (APNES, 1994 et
1995) ayant pour objet le diagnostic de la zone, l’analyse de ses composantes historiques et
récréatives adjacentes à la zone humide en vue d’un aménagement intégré de ses 3
composantes (zone humide, parc urbain et site archéologique) pour aboutir à la création d’un
Parc National de Thyna (PNT).
________________________________________________________________________________________
38
V. 3-3-1 -Les facteurs attractifs des espèces ornithologiques de la Zone Humide de
Thyna (ZHT)
Les facteurs attractifs qui agissent sur la population avifaune de la ZHT sont
essentiellement :
ü Un climat propice,
ü Une flore halophile essaimée,
ü La présence des salines,
ü Une richesse macrobenthique constituant une nourriture abondante.
Ø Climat propice pour la population avifaune
Le climat méditerranéen de la région de Thyna offre une saison chaude étalée de mai à
septembre octobre soit une période suffisante pour répondre aux divers besoins de la
population avifaune et un hiver à températures assez douces avec quelques pics de froid à
l’occasion du passage occasionnel de masses d’air polaire, mais ne constituant point une
forte gêne ou force répulsive pour les oiseaux.
Ø Flore halophile
Le régime pluviométrique et la texture du sol ont favorisé la poussée d’une végétation
halophile, flore annuelle pérenne, ne couvrant toutefois pas la totalité de l’aire de la zone.
Ce tissu végétal offre à ces oiseaux un abri contre les éléments naturels (vent, amplitude
thermique) et un moyen de camouflage de la progéniture vis-à-vis des prédateurs. La partie
aval du lit de l’oued El Maou, couvrant une superficie de près de 90 hectares a favorisé
l’émergence d’un couvert de roseaux d’un grand secours pour d’autres espèces d’oiseaux
d’eau (Tadornes, Sarcelles, Poules d'eaux, Foulques Macroules…) et terrestres (Busards,
Faucons,…).
Ø Les salines : havre de paix pour la population avifaune
Les digues de la saline mettent les eaux intra-bassins à l’abri de la mouvance et de la
turbulence, se caractérisant par une stabilité du niveau de l’eau, stabilité fort appréciée par
la population avifaune présente
La prise d’eau alimentant les diverses tables salantes permet le passage de ressources
halieutiques appréciables convoitées tant par certaines espèces (Grands Cormorans,
Goélands, Mouettes…) que pour les multiples pêcheurs attirés par la facilité de capture.
________________________________________________________________________________________
39
Ø Richesse macro benthique importante
La présence d’une vasière et d’une zone intertidale bien étendue offre un contenu riche en
substances nutritives (petits organismes dont l’artemia salinica, vers et clovisses
minuscules ou cerastoderma).
La présence des tables salantes avec ses digues séparatives, ainsi que les systèmes
dynamiques utilisés pour alimenter ces tables par apport sans cesse renouvelé des eaux de
mer, constituent des éléments vitaux pour la population ornithologique trouvant aisément
sa ration alimentaire quotidienne. Ces salines constituent ainsi une composante importante
sinon déterminante pour la biodiversité authentique locale.
V. 3-3-2 - Importance quantitative et qualitative des oiseaux de Thyna
L’année 2004 a permis d’accueillir dans la ZHT 90.000 oiseaux entre hivernants, nicheurs
couples, sédentaires et migrants. Si on compare ce chiffre aux résultats obtenus en 1994
(60.000 oiseaux), on mesure l’évolution positive du site de Thyna quant à son attrait sur la
population avifaune, chaque année plus nombreuse mais aussi qualitativement distinguée.
La population avifaune de la ZHT est aussi importante par:
Ø
le nombre d’espèces: 65 hivernantes, 22 nicheuses, 15 sédentaires en 2003
Ø
10 espèces dépassent 1000 individus dont notamment: flamants roses (8
000), bécasseaux (12 000), goélands railleurs (4 000), grands cormoran (2
000)…
Ø
les limicoles constituent plus de 40% de la population avifaune de la ZHT.
La ZHT compte une espèce globalement menacée: la sarcelle marbrée (Marmaronetta
angustirostris) et renferme plusieurs espèces qui se caractérisent par leur beauté: flamants
roses, avocettes élégantes, tadornes de belon, goélands railleurs…
De par sa position géographique, la ZHT fait la jonction entre deux pôles émetteurs
d’oiseaux :
Ø le pôle septentrional formé par les pays de l’Europe du Nord, le Groenland et la
Sibérie, les pays de l’Europe occidentale, la Russie et l’Europe de l’Est,
Ø le pôle méridional représenté par l’Afrique sub-saharienne par lequel arrive à
Thyna essentiellement les Glaréoles à collier et les sternes.
Le graphique de la figure 5 reflète l’image des principales voies de migration empruntées
________________________________________________________________________________________
40
par la population avifaune choisissant Thyna comme site d’accueil.
Figure 5 : Origine géographique des oiseaux d’eau migrateurs hivernants
et nicheurs dans la zone humide de Thyna. (Chaker 2000)
V. 3-4- Le Phytoplancton et les blooms phytoplanctoniques
De nombreuses études ont noté la richesse des côtes du golfe de Gabès en microalgues ;
l’abondance d’espèces consommatrices de ces organismes témoigne de telle situation (ex. :
éponges, ascidies, palourdes…).
Par ailleurs une cartographie, par télédétection de la répartition de la chlorophylle dans le
bassin méditerranéen (1979-1985) révèle la particularité et la richesse des eaux en
phytoplancton dans cette zone. Les faibles profondeurs et l’importance des herbiers dans
ce milieu semblent être à l’origine de cette eutrophie.
Les blooms phytoplanctoniques connus généralement dans les milieux lagunaires et fermés
ont gagné cette dernière décennie la mer. Depuis 1988, ce phénomène est devenu
perceptible chaque été dans le golfe de Gabès. En cette période de l’année, ce golfe est
similaire à un milieu fermé ; ses eaux deviennent presque immobiles et subissent une
________________________________________________________________________________________
41
intense évaporation sous l’effet d’un fort ensoleillement.
L’essor industriel de sa frange côtière et la dégradation de ses herbiers ont augmenté la
charge organique du milieu, condition favorable à la prolifération et à la manifestation de
telles masses phytoplanctoniques.
Les efflorescences à Cyanophycée, suivis de 1988 à 1993, étaient essentiellement régies
par les paramètres climatiques (température et vents) en présence d’une forte charge en
phosphates larguée directement en mer par les industries d’engrais et véhiculée par une
courantologie assez complexe (Hamza et El Abed, 1995).
Les apparitions des eaux colorées toxiques (à Dinoflagellés) l’année 1994 en plusieurs
points du golfe de Gabès (Sfax, Kerkennah, Skhira et Boughrara) sont probablement
conditionnées par des caractéristiques spécifiques de chaque région. Sur le littoral sfaxien,
l’été et l’automne 1994 ont été marqués par l’apparition des eaux colorées à dinoflagellés
ichtyotoxiques (Hamza, 1994).
V. 3-4- Qualité physico-chimique de l’eau de mer
Au cours de plusieurs campagnes de prospection et d'échantillonnages effectuées par
Serbaji (2000), quatorze stations ont été sélectionnées au niveau du platier Sfax-les îles
Kerkennah pour suivre la qualité physico-chimique du milieu marin :
§
Cinq stations du coté Sfax (n°3, 4, 9, 11 et 12) à des profondeurs de 1 à
4 m, longent le littoral de la ville pour suivre l'impact direct des apports
telluriques;
§
Deux stations (n° 1 et 10) à des profondeurs entre 4 et 6 m, au large de
la ville de Sfax;
§
Trois stations (n°2, 8 et 13) localisées dans le chenal de SfaxKerkennah à des profondeurs comprises entre 10 et 23 m;
§
Quatre stations (n°5, 6, 7 et 14)
sont placées du coté des îles
Kerkennah.
Les caractéristiques des différentes stations sont consignées dans le tableau 2. La présence
d'oxygène dissous dans les eaux de surface joue un rôle primordial dans le maintien de la vie
aquatique et dans l'auto-épuration. Parmi les paramètres qui influent sur la teneur en
________________________________________________________________________________________
42
oxygène dissous, on peut citer la température, la salinité et l'activité photosynthétique de la
flore. Les résultats obtenus révèlent des concentrations normales sur l'ensemble des stations
étudiées. Il est à signaler que ces paramètres, en particulier, peuvent varier avec les saisons
et les conditions océanographiques (courantologie, vents, marées,...) ce qui
traduit le
changement de la qualité de l’eau de mer observé au cours des différentes campagnes
d’échantillonnages.
A partir des résultats d’analyses se dégagent les faits suivants :
§
Les valeurs élevées de turbidité et de la MES, et les faibles mesures de DS au
niveau des stations 11, 12, 9 et 4 situées le long de la côte nord de Sfax, traduisent
l’état turbide des eaux par la présence de fines particules en suspension dans la
tranche d'eau. Cette turbidité est due aux rejets industriels et aux apports telluriques
importants de fines particules provenant du dépôt de phosphogypse existant en
contact direct avec la mer. On ne peut toutefois exclure l'hypothèse d'une resuspension et d'un remaniement des particules du fond sous l'action conjuguée des
courants et de la faible bathymétrie. Pour les autres stations la turbidité est faible,
§
Le COD et les sels nutritifs présentent des valeurs plus importantes à proximité
des côtes de Sfax que du coté des îles Kerkennah. Les concentrations des nitrates et
du phosphore total s'avèrent également normales au large mais présentent quelques
anomalies au niveau des côtes de Sfax. Une telle répartition est liée aux apports
telluriques dus au développement des activités humaines et surtout à l'augmentation
des volumes des eaux usées domestiques rejetées en grande partie dans la nappe
phréatique de Sfax, par l'intermédiaire des puits perdus, et qui finissent par rejoindre
les eaux côtières. Les études ont montré, en effet, que le volume annuel transféré de
la nappe vers la mer le long de la côte Nord de la ville est l’équivalent d’une tranche
d’eau de 0,4 m d’épaisseur qui longe la côte sur une distance de 12 Km et s’étale au
delà de 100 m vers le large (Illou, 1999). C’est ainsi que les concentrations des
nutriments montrent des valeurs importantes surtout au niveau des stations 11, 12, 9,
4 et 3, dépassant les teneurs moyennes rencontrées dans l'eau de mer [0,07 mg -1
l
pour le phosphore total, d'après Goldberg (1963)], qui provoquent parfois un
développement explosif de micro-algues responsables en partie de la forte turbidité,
§
La logique dégagée par les répartitions du COD et des sels nutritifs se retrouve
dans la distribution spatiale de la chlorophylle-a. En effet, les concentrations sont
faibles au niveau des huit stations 1, 13, 2, 8, 14, 5, 6 et 7 situés au large et du coté
________________________________________________________________________________________
43
des îles Kerkennah. Elles sont inférieures à 1 µg/l et témoignent d'un milieu stable.
Les concentrations sont par contre plus importantes aux environs de Sfax sans pour
autant atteindre des valeurs élevées pouvant engendrer des phénomènes
d'eutrophisation et de prolifération phytoplanctonique sauf dans des conditions
particulières.
________________________________________________________________________________________
44
Tableau 2 – Qualité physico-chimique de l’eau de mer au niveau de la zone Sfax-Kerkennah (Serbaji, 2000)
Statio
n
Coordonnées
DS
m
Pro ME Tur
f.
S
b
Od NO3 Ptot COD Chla Fe
m g m-3 NTU mg l- mg l- mg l- mg l1
(1)
(2) (3) (4)
(5)
1
1
(6)
1
(7)
Pb
Cr
Zn
Cd
Hg
Ni
Cu
Co
Mn
µg µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1
m-3
(8)
01
N 34°43'20"/ E
10°51'07"
4,1 4,1 3,4
1,5 8,30 0,19 0,12 6,12 0,45
2,0 ND* ND* ND
ND ND* 1,1 ND* ND* ND*
02
N 34°43'09"/ E
10°53'32"
6,8 23,
0
1,2 8,30 0,35 0,01
5,6 0,86
1,6
ND
ND ND
ND
ND
1,0
ND
ND ND
03
N 34°43'49"/ E
10°45'50"
2,2 2,5 12,0 10,0 8,26 0,70 0,24
9,9 6,20
5,6
ND
ND
3,4
0,11 ND
1,9
ND
ND ND
04
N 34°42'47"/ E
10°45'50"
3,2 3,2
11,0 8,00 0,31 0,25 10,9 4,88
78
ND
ND
17
0,40 ND
1,9
5
ND
2,1
05
N 34°43'58"/ E
10°59'26"
3,2 3,2 1,0
0,5 8,32 0,19 0,03
6,6 0,54
1,4
ND
ND ND
ND
ND
1,8
1,7
0,5
0,6
06
N 34°40'37"/ E
11°05'16"
1,6 1,6
2,0 8,30 0,19 0,02
6,6 0,58
1,4
ND
ND ND
ND
ND
1,5
1,8
0,1
0,3
07
N 34°38'19"/ E
10°58'52"
1,3 1,3 11,2 2,1 8,30 0,31 0,01
9,6 0,80
6,8
ND
ND ND
ND
ND
1,7
1,4
0,2
0,1
08
N 34°44'19"/ E
10°56'46"
6,2
5,1 0,77
2,8
ND
ND ND
ND
ND
1,3
ND
ND ND
09
N 34°44'35"/ E
1.3 1.3 13,2 12,0 8,40 0,45 0,49 10,3 5,26 104
ND
ND
3
ND
4,1
3
16
8,0
13
6
5,0
2,8 8,20 0,19 0,03
________________________________________________________________________________________
45
10
3,6
7,7
10°48'03"
11
N 34°45'32"/ E
10°47'58"
1.0 1.0 19,5 30,0 8,12 3,73 0,23 20,1 17,6
7
12
N 34°47'12"/ E
10°52'00"
13
N 34°46'37"/ E
10°56'11"
6,2
10
14
N 34°35'23"/ E
10°55'21"
4,6
18
27
8,30 0,25 0,25 18,2 18,2
0
3,1
0,5 8,30 0,36 0,03
4,6 1,1
0,7 8,30 0,18 0,04
11,0 ND
ND
0,4
ND
ND
4,0
1,7
1,9
3,2
36
ND
ND
1,1
0,7
ND
2,9
0,8
1,5
1,8
5,4 0,53
1,8
ND
ND
3,6
1,3
ND
ND
0,8
ND
0,2
6,3 0,54
4,2
ND
ND
0,3
ND
ND
1,9
ND
0,4
1,2
(1): Voir carte de la figure V.10 pour la localisation des stations ; (2): Disque de Secchi en m ; (3): Profondeur en m ; (4): Matière en suspension
en g m-3 ; (5): Turbidité en NTU ; (6): Oxygène dissous en mg l-1 ; (7): Carbone organique dissous en mg l-1 ; (8): Chlorophylle-a en µg m-3 ; * :
Non détecté (ND)
________________________________________________________________________________________
46
§
La logique dégagée par les répartitions du COD et des sels nutritifs se retrouve
dans la distribution spatiale de la chlorophylle-a. En effet, les concentrations
sont faibles au niveau des huit stations 1, 13, 2, 8, 14, 5, 6 et 7 situés au large et
du coté des îles Kerkennah. Elles sont inférieures à 1 µg/l et témoignent d'un
milieu stable. Les concentrations sont par contre plus importantes aux environs
de Sfax sans pour autant atteindre des valeurs élevées pouvant engendrer des
phénomènes d'eutrophisation et de prolifération phytoplanctonique sauf dans
des conditions particulières,
§
Le dépouillement des résultats d'analyses des métaux lourds dans les
échantillons d'eau de mer a permis d'identifier des teneurs anormales en Fer
(Fe), Nickel (Ni), Cobalt (Co) et Manganèse (Mn) au niveau des stations 9, 11
et 12. Ces concentrations s'atténuent vers le large. Pour le Plomb (Pb), le
chrome (Cr) et le mercure (Hg), les concentrations sont très faibles pour toutes
les stations d’échantillonnages, ce qui a rendu difficile leur détection au
spectromètre d'émission par plasma (Serbaji, 2000),
§
Vu sa position dans la mer méditerranéenne et étant donné les nombreuses
activités d'exploitation et de transport de pétrole et des produits de raffineries,
la région de Sfax est particulièrement exposée à la pollution marine par les
hydrocarbures
qui
risque
d’affecter
d'une
manière
irréversible
son
environnement marin. Le déballastage en haute mer, encore fréquent, et le
nombre insuffisant de stations de traitement dans les ports tunisiens, ne
peuvent qu'accentuer les craintes de contamination de l’écosystème marin et de
modification de l’équilibre naturel du milieu. Plus inquiétante encore est
parfois l’absence de réelle perception des effets dévastateurs que peut avoir
une pollution du milieu marin par les hydrocarbures sur les activités vitales
dans le pays, notamment les industries du tourisme et de la pêche.
Les études spécifiques développées au niveau de la zone côtière de Sfax ont permis d’évaluer
la pollution par les hydrocarbures des eaux et des sédiments marins (Serbaji, 1991 et Louati,
1997). Le développement de l’utilisation des produits pétroliers a accru les risques de
contamination du milieu marin par des rejets de déchets chroniques ou accidentels liés à
l’exploitation et au transport de ces produits. Plusieurs facteurs peuvent influencer l'évolution
47
des hydrocarbures dans le domaine marin. La dispersion, l'évaporation et la dégradation
biologique contribuent largement à l'atténuation de cette pollution dans l'écosystème marin.
Ces facteurs dépendent étroitement des paramètres suivants :
Ø les propriétés physiques du pétrole déversé (densité, viscosité, etc.) ;
Ø les conditions et propriétés chimiques du pétrole ;
Ø les conditions océanographiques (état de la mer, le rayonnement solaire, la
température, les courants marins, etc.)
Cependant, les hydrocarbures peuvent être présents sous différentes formes: agglomérées, en
émulsion ou sous forme de mince film surnageant.
Les résultats d’analyses des hydrocarbures totaux effectuées sur les échantillons d’eau et de
sédiment prélevés au cours de la campagne du 7-8/5/1997 sont groupés dans le tableau 3.
Tableau 3- Résultats d’analyses d'hydrocarbures totaux effectués au niveau
de la zone Sfax-Kerkennah (campagne du 7-8.5.1997)
Statio
n
Coordonnées
Eau
Sédiment.
HC totaux (mg l-1) HC totaux (mg Kg1
)
(2)
(3)
(1)
01
N 34°43'20"/ E
10°51'07"
1,85
13,5
02
N 34°43'09"/ E
10°53'32"
1,50
11,5
03
N 34°43'49"/ E
10°45'50"
4,80
148
04
N 34°42'47"/ E
10°45'50"
86,90
605
05
N 34°43'58"/ E
10°59'26"
2,40
16,8
06
N 34°40'37"/ E
11°05'16"
6,15
15,8
07
N 34°38'19"/ E
10°58'52"
2,00
19,5
48
08
N 34°44'19"/ E
10°56'46"
1,80
14,0
09
N 34°44'35"/ E
10°48'03"
4,70
268,5
11
N 34°45'32"/ E
10°47'58"
3,12
164,5
12
N 34°47'12"/ E
10°52'00"
2,87
45,2
13
N 34°46'37"/ E
10°56'11"
1,95
19,8
14
N 34°35'23"/ E
10°55'21"
2,10
12,6
(1): Voir carte de la figure V.10 pour la localisation des stations ;
(2): Hydrocarbures totaux en mg l- (3): Hydrocarbures totaux en mg Kg-1 de sédiment sec.
Il apparaît, d’après ces résultats, que mis à part le port de pêche de Sfax (station 4) avec
présence de petits bassins où viennent s’ancrer plusieurs dizaines de bateaux de pêche
générant des polluants de différente nature et plus particulièrement des huiles usagées et des
hydrocarbures et, à un degré moindre, les environs du champ de production de Cercina
(station 6) et celles du port de commerce (stations 3 et 9) où il y a la zone de stockage
d’hydrocarbures, le reste des stations révèle la présence de faibles concentrations
d’hydrocarbures totaux dans l’eau de mer. Quant aux analyses d’hydrocarbures totaux
effectuées sur les sédiments marins, des concentrations élevées dépassant 250 ppm ont été
trouvées dans les stations 4 et 9.
VI- Situation environnementale
L'activité humaine a connue ces dernières années, un développement si intense et varié que la
mer ne pourra plus jouer son rôle de réceptacle vaste et insensible pour de nombreux polluants
d'origine domestique, industrielle et agricole. Le domaine marin répond en fait, à des équilibres
écologiques fragiles. La sensibilité est plus marquée dans des bassins relativement fermés
comme la Mer Méditerranée.
A l’instar des autres villes côtières du pays, Sfax a connu ces dernières années un
développement industriel remarquable notamment le long de la zone côtière. L'un des aspects
négatifs d'une telle évolution est l'augmentation des volumes des rejets gazeux, liquides et
solides.
49
Les eaux usées, rejetées en grande partie dans la nappe phréatique par l’intermédiaire de puits
perdus (absence d'un réseau d'assainissement couvrant toute la région) transitent par la nappe
pour rejoindre la mer, principal exutoire de celle-ci.
Ces différents apports terrigènes ont provoqué dans la plaine littorale de sérieuses perturbations
touchant le pH, l'oxygène dissous, l'augmentation de la turbidité et l'apparition de quantités
importantes de composés métaboliques. Les conséquences biologiques sont considérables et on
assiste à un changement brutal de la flore le long de la plaine littorale et à un développement
d'algues caractéristiques des zones menacées dû à un apport excessif en éléments nutritifs
(particulièrement l’azote conduisant au phénomène d’eutrophisation.
Les rejets gazeux particulièrement concentrés dans la partie sud du littoral, représentent un
risque certain pour l’aggravation de la dégradation de la qualité de l’air de cette zone
géographique en particulier et de la ville de Sfax en générale. En effet, les hauteurs actuelles de
la majorité des cheminées dressées tout au long de la zone d’étude, sont incapables de réduire
les retombées de quantités considérables de polluants gazeux (SOx, NOx, etc…) et de
dégagements excessifs de poussières.
S’ajoutant à cette pollution de sources fixes, la pollution atmosphérique issue du trafic
automobile est également non moins négligeable.
Outre, cette pollution qui est directement liée aux différentes activités industrielles de la zone,
on note un deuxième apport de pollution particulièrement lié à la présence de la décharge
sauvage municipale du grand Sfax.
VI. 1 -La pollution atmosphérique
La région de Sfax a connu ces dernières années un développement industriel important
notamment le long de la zone côtière. L’extension urbaine, liée à l’accroissement
démographique a nécessité le renforcement du réseau routier pour servir un trafic automobile
de plus en plus intense. Par ailleurs, l’atmosphère de la région, particulièrement dans la zone
sud du littoral, est soumise à des rejets gazeux et particulaire générés par des sources fixes
(unités industrielles) et mobiles (gaz émis par les échappements de voitures). En outre,
l’embarquement du TSP et le débarquement du souffre provoquent souvent en fonction de la
vitesse et de la direction des vents un nuage poussiéreux fortement nuisant.
50
Selon une étude réalisée pour le compte du Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement
du Territoire en 1995, Sfax est la deuxième ville polluée après Tunis (Tableau 4).
L’analyse des rejets gazeux et particulaires (poussières, éléments traces, aérosols, etc…) issus
de ces cheminés fait état de la présence de polluants primaires composés essentiellement de
CO, NO, NO 2 , SO 3 , CH4 et de composés organiques volatils (COV) qui tendent à perturber le
mécanisme réactionnel existant dans l'atmosphère. Les diverses études réalisées sur la qualité
de l’air du littoral sud montrent que les polluants présents dans l’atmosphère dépassent la
plupart du temps les normes mise en vigueurs (SDA, 1998 ; JICA, 1993).
Tableau 4: Comparaison des émissions atmosphériques dans la ville de Sfax
avec d’autres villes tunisienne (Tonnes/an)
Ville
Tunis
Ben Arous
Sousse
Sfax
Source
Fixe
Mobile
Fixe
Mobile
Fixe
Mobile
Fixe
Mobile
NOx
2560
10700
8080
3340
5800
2845
1070
5320
CO
8000
30550
24600
6580
3270
7000
8600
13560
CO
8 000
30 550
24 600
6 580
3 270
7 000
8 600
13 560
COV
1 230
6 560
3 300
1 285
520
1 410
975
2 720
890
2 700
190
3 080
245
7 750
430
622000
236000
11 300
390
Particules 4 000
CO2
SOx
880000 1028000 3100000 195000 2375000 452000
4 040
1 440
8 330
310
4 700
720
Sources MEAT – 1995
VI.1-1-Pollution atmosphérique liée à l’activité industrielle
Le long de la zone d’étude, on recense plusieurs zones industrielles (Thyna, El Maou, Sidi
Salem, Port de pêche et Madagascar) composées d’unités fortement polluantes comme
l'industrie d'acide phosphorique (SIAPE), la savonnerie SIOS-ZITEX, la fonderie de plomb.
Le bilan total des émissions atmosphériques captés dans la région de Sfax révèle des quantités
excessives en particules et en SOx provenant des sources fixes (Tableau 5).
51
Tableau 5: Bilan des émissions atmosphériques de quelques sources fixes à Sfax (Tonnes/an)
Unité industrielle
Poussières dégagées (T/an)
Groupe chimique de Tunisie (SIAPE)
1610
Savonneries : SIOS-ZITEX
1915
610
Fonderie de plomb
4235
Total
Source Azri - 2000
C’est l’usine de traitement des phosphates (SIAPE) qui occupe une place privilégiée dans la
dégradation de l’air de la ville (Tableau 6). Ces émissions atmosphériques sont en relation avec
le volume de production en acide sulfurique (370 000 T/an), de l’acide phosphorique (138 000
T/an) et du Triple Super Phosphate TSP (335 000 T/an).
Tableau 6 : Polluants rejetés par les différents activités de la SIAPE
Unité
productio
Débit gaz H2 SO4
n
(m3/h)
(Kg/h)
H3 PO4
SOx
Fluor
(Kg/h)
(ppm)
(Kg/h)
4100
-
T/an
Acide Sulfurique.
70 000
35 000
0.2
-
Acide Phosphorique
138 000
75 000
5.9
1
TSP
335 000
115 000
-
-
53
550
50
Source : SDGS - 2003
Faisant références à quelques études traitants la qualité de l’air dans la ville de Sfax
(Zouari , 2005 ; Kallal , 2003 ; MEAT, 1995), on peut dégager ce qui suit :
Ø Les concentrations en SOx
émises par l’unité d’acide sulfurique sont 5 à 20 fois
supérieures à la normale,
Ø Les concentrations en fluor émises par l’unité d’acide phosphorique sont 600 à 800 fois
supérieures à la normale ;
Par ailleurs, l’étude réalisée par Azri, 2000, l’unité TSP de la SIAPE décharge dans
l’atmosphère des flux de métaux lourds très élevés (Tableau 7)
52
Tableau 7 : Bilan des métaux lourds émis par l’unité TSP de la SIAPE (kg/an)
Métaux lourds
Flux émis par le réacteur TSP en (kg/an)
Ni
Cd
Pb
Cu
Zn
1046
653
94
1065
3132
Source Azri - 2000
Selon les conditions météorologiques (vent et température), les polluants atmosphériques
peuvent s’accumuler dans le milieu environnant ou se disperser. Selon l’étude réalisée par le
MEAT, 1995, on relève :
Ø en hiver, compte tenu des directions dominantes Nord Ouest du vent hivernal, une
importante partie des gaz dégagés par les hautes cheminées est dispersée dans la
direction de la mer. Seules les zones d’habitation très proches des cheminées sont
touchées par cette pollution,
Ø En été, les vents dominants proviennent du Sud ou du Sud-Est et dans ce cas les zones
d’impacts sont plus étendues. En effet, l’élévation de la cheminée de l’unité TSP de
30m à 70m, réalisée par la SIAPE en 1997, a provoqué une sensibilité aux gaz produits
au niveau du grand Sfax, alors qu’auparavant seul l’environnement immédiat était
concerné.
VI. 1-2 - Pollution atmosphérique liée à la circulation
La vague d’industrialisation qui a touché la zone côtière sud, a eu pour conséquence une
urbanisation accrue conduisant à une surconcentration côtière et subcotière accélérant par là, la
dégradation de l’éco-système littoral. Il est à noter que les deux communes contiguës à la mer
(communes de Sfax et de Thyna) regroupent 55 % de la population communale du gouvernorat,
56 % de ses ménages et 57 % de ses logements, soit respectivement 250.000 habitants, 57.000
ménages et 66.000 logements.
La pollution atmosphérique sévit surtout en milieu urbanisé et dans les zones d'activités, non
seulement par suite de la concentration des industries et des foyers domestiques, mais aussi à
cause de la circulation des véhicules à moteur.
53
Tout comme le reste du littoral, la partie sud souffre de la présence d’autres occupants, non
moins pollueurs notamment la marée de voitures particulières et les motocycles considérée
comme étant cause et conséquence d’une concentration excessive des activités sur le littoral.
Ces modes de transport prennent le pas sur le transport en commun, aggravant le problème
environnemental surtout dans la partie centrale et péricentrale lors des heures de pointe.
Les valeurs moyennes annuelles des concentrations des polluants liés au trafic dans la station de
surveillance de la qualité de l’air sont très élevées pour H2 S (6 fois la valeur limite et 24 fois la
valeur correspondant au bien être social) et pour SO2 (avec un dépassement de la valeur guide
soit 67 µg/m3 au lieu de 50 µg/m3 ).
Conséquences
Les effets négatifs de la pollution atmosphérique sur l’environnement sont incontestables et ont
déjà été soulignés par différentes analyses et études. La pollution atmosphérique affecte le
bien-être à cause des odeurs nauséabondes et la laideur des nuages de polluants. Elle est aussi
une menace pour la vie et la santé humaine et pour la vie végétale. Pour s’en rendre compte, il
suffit devoir l’état dans le quel se trouve le sol, les plantes et les quelques arbres dans un rayon
de quelques centaines de mètres autour de l’usine de la SIAPE. Outre le voile grisâtre (partie
de la matière provenant des cheminées) que porte ces arbres ou qui couvre les toits et les murs
des habitations des quartiers au voisinage de la SIAPE, l’examen de la végétation exposée à
cette pollution a permis de voir des feuilles brûlées et nécrosées comme le cas des figuiers,
amandiers et vignes. Il a été signalé dans le rapport du SDA, 1995 des dépassements des taux
de fluor de 10 fois chez certaines espèces végétales (200 ppm au lieu de 10 à 20) avec
notamment des records (2000 ppm) enregistrés chez les raquettes de figues de barbarie.
Cette pollution n’a pas épargné la santé humaine puisque des études ont montré que la
population résidant à Sfax a commencé depuis plusieurs année, a être touchée par les maladies
qui intéressent les grandes villes industrielles (SDA, 1998). Ce sont en fait les habitants des
quartiers de la partie méridionale de la ville, jusqu’à Thyna, qui souffrent le plus de cette
pollution atmosphérique.
VI. 2 La pollution hydrique
L’accroissement démographique, l’accélération de l’industrialisation et de l’urbanisation, sont
responsables par les importantes quantités d’eaux usées quotidiennement produites et rejetées
dans le milieu récepteur.
54
La pollution des réserves hydriques par les eaux usées (ménagères et industrielles) constitue un
problème sérieux particulièrement pour les eaux souterraines vulnérables.
Les diverses industries regroupées en quatre principales zones industrielles (Madagascar : 18
ha ; Sidi Salem :149 ha ; Nouveau port de pêche : 29.5 ha et Thyna : 42 ha) génèrent
actuellement des quantités considérables de rejets liquides souvent très pollués (Tableau 8). Si
l’on se réfère au rapport de Kallel (2003), et à l’exception de la SIAPE qui déverse directement
ses effluents en mer, environ 70% des eaux usées industrielles
(Cadastre ONAS, 1999)
subissent un prétraitement avant leur rejet dans le réseau de l’ONAS (environ 60%) soit dans le
milieu récepteur (40%). Cette gestion des eaux usées a mis la ville de Sfax face à de sérieux
problèmes environnementaux ayant des répercussions négatives sur le milieu naturel,
notamment le domaine marin.
En outre, étant l’exutoire naturel de la nappe phréatique, les eaux côtières de la ville de Sfax
sont constamment enrichies en polluants chimiques, organiques et microbiologiques.
En effet, depuis fort longtemps cet aquifère constitue le récepteur d’une grande partie de
l’ensemble des effluents domestiques et industriels et par conséquent le moyen de transfert des
polluant s vers le domaine marin.
Tableau 8 : Principales sources de pollution hydrique
Origine
SIAPE
Caractéristiques
Milieu menacé
Effluents liquides très acides et fortement chargés Physique et marin
en polluants.
Terril phosphogypse
Eaux de percolation chargées en
(SIAPE)
éléments chimiques divers
Décharge publique
Lixiviat chargé en éléments
sauvage
chimiques et organiques divers
Station d’épuration des eaux
Eaux pluviales et eaux usées urbaines et
usées urbaines
industrielles épurées et/ou non épurées
Unités de conditionn-
Rejets concentrés en matières
ement des produits
organiques et minérales
Physique et marin
Physique et marin
Marin
Physique et marin
de la mer (Madagascar)
Bassins d’évaporation
Effluents chargés en matières organiques
des margines
Et minérales
Apports de la nappe
Polluants provenant surtout des puits
Phréatique polluée
perdus et des rejets industriels non
55
Physique
Physique et marin
contrôlés.
Les apports d'oueds
Pollués par les ordures ménagères et
Physique et marin
des déchets industriels variés,
Les fuites diverses
Stockage de pétrole dans le port de
comme les hydrocarbures
Sfax et les rejets urbains et industriels
Physique et marin
VI. 2-1 -Effet polluant de la station d’épuration des eaux usées
La station d’épuration de la ville de Sfax est de type biologique
(lagunage aéré), elle
fonctionne depuis 23 ans. Située à proximité de l’usine SIAPE A, entre la décharge municipale
et les salines, elle reçoit un débit moyen par jour de 24000 m3 permettant l’élimination de
12 300 kg de DBO5 correspondant à 310 000 équivalent habitant. Le temps de séjour des eaux
usées dans les bassins d’oxydation est de l’ordre de 5,2 j. Son dimensionnement a été basé sur
une estimation des paramètres regroupés dans le tableau 9.
Tableau 9 : Les bases de calcul pour le dimensionnement de la STEP sud
Paramètres
Charge souhaitée (Kg/j)
DBO5 total
12 300
§
DBO5 domestique
9 900
§
DBO5 industriel
2 400
DCO
33 500
MES
12 200
Source : Ouali - 2004
Depuis des années, la station d’épuration souffre d’un disfonctionnement lié essentiellement à
l’augmentation des dépôts solides dans la lagune. Cette situation a donné lieu à plusieurs
problèmes :
§
une réduction du volume efficace de la lagune, ce qui a provoqué une diminution de
temps de séjour et du rendement de la station
§
une surconsommation en oxygène qui affecte le bilan énergétique ;
§
Une fermentation anaérobie engendrant des odeurs nauséabondes provoquées par le
relargage et le dégagement de gaz indésirables (CH4 , H2 S, NH4 , acides gras
volatiles…) ;
56
§
A coté de ces problèmes qui conduisent à rejeter en mer un effluent insuffisamment
épuré, s’ajoute deux autres problèmes contribuant à amplifier la pollution du littoral
de cette zone :
§
les pluies saisonnières torrentielles engendrent des eaux très chargées. Les premières
eaux de ruissellement sont généralement très polluées et une fois collectées par le
réseau d’assainissement, elles influent considérablement sur le fonctionnement de la
lagune;
§
l’accroissement industriel qu’a connu Sfax et précisément le littoral, s’est traduit par
l’absence quasi-totale de suivi de règles et de normes qui relèvent du respect de
l’environnement et des possibilités de suivi et de contrôle. Le fonctionnement de la
station est donc étroitement lié aux activités industrielles, puisque l’entrée dans la
station d’effluents industriels concentrés et de composition inconnu a donné lieu à
des phénomènes de toxicité pour les organismes épurateurs de la lagune.
§
L’évacuation clandestine par les producteurs ou les transporteurs de margines dans
le réseau de l’ONAS pour se débarrasser d’environ 10% de production annuelle de
margine oblige les gestionnaires de la station d’épuration de contourner le rejets à
l’entrée de la STEP vers le domaine marin pour préserver la biomasse épuratrice du
bassin d’oxydation.
Conséquences
Ø Une augmentation continue dans le temps de la moyenne mensuelle de la DBO 5
entrante liée à l’enrichissement des eaux en matière organique de :
§
1984 à 1989 : DBO5 évolue de 200 à 300 mg d’O 2 /l ;
§
1990 à 1993 : DBO5 proche de 400 mg d’O 2 /l ;
§
1994 et 1996 : DBO5 de l’ordre de 700 mg d’O 2 /l
Ø Une même tendance est observée également à la sortie :
§
§
1984 à 1990 : taux d’abattement de la DBO 5 de 90% ;
1991 à 1996 : période marquée par une charge organique très
importante à l’entrée et à la sortie de la station dépassant de loin
les normes de rejet : surexploitation de la station :
En conclusion, Les eaux usées traitées par la station d’épuration s’enrichissent d’année en
année par une charge polluante à la fois organique et minérale dont l’apport est non seulement
domestique mais également industriel. Cette nouvelle caractéristique des eaux usées à l’entrée,
57
associée à une baisse du rendement de la station a conduit à une qualité d’effluent souvent non
conforme aux normes de rejet mis en vigueur, participant ainsi à la dégradation du littoral déjà
affecté par d’autres sources de pollution.
La réhabilitation de la station a été déjà envisagée et entreprise afin de justifier l’étendu du
réseau et d’assurer une qualité d’eaux usées traitées conformes aux normes de rejets mises en
vigueur.
Dans cette même vision, la construction d’une nouvelle station d’épuration au Nord de la ville a
permis de pallier aux difficultés posés dans la gestion d’un débit d’eaux usées de plus en plus
important. Elle permettra de traiter au maximum 18 000m3 /jours correspondant à 278 000
équivalents habitants jusqu’à l’échéance 2016.
Pour les projets avenirs, l’Office National d’assainissement de Sfax (ONAS) a planifié
d’améliorer pour les municipalités prises en charge le taux de raccordement au réseau public
d’assainissement pour le porter de 78% à 87% à la fin du dixième plan (2002-2006).
Ceci permettra d’améliorer également le cadre de vie et l’hygiène publique au niveau de la
ville. Ces différents projets concernent principalement, l’achèvement des travaux engagés pour
l’assainissement de la zone industrielle de Sidi Salem,
populaires, la réhabilitation et
l’assainissement de 8 quartiers
l’extension de la station d’épuration
sud de Sfax pour
augmenter sa capacité de traitement à 49 500 m3 par jour et éliminer une pollution de 21 600
kg DB05 correspondante à 407 200 équivalents habitants jusqu’à l’horizon 2016. L’ancien
procédé par lagunage aéré a été abandonné au profit d’un traitement par boues activées associé
à une dénitrification biologique (fig 6).
Les deux stations permettront de porter la capacité de traitement annuelle des eaux usées à 25
millions de m3 . Notons au passage qu’actuellement le potentiel réutilisé en agriculture d’eaux
usées épurées est de l’ordre de 3 Millions de m3 /an.
VI. 2-2 - Effet polluant des margines
De l’analyse des caractéristiques phisico-chimiques des margines (Tableaux 10 et 11), il ressort
que les eaux végétatives produites par l’extraction de l’huile d’olive sont très acides, très salins,
très organiques, Visqueuses et d'une coloration brune noirâtre.
58
Les margines sont caractérisées par une odeur acide peu agréable rappelant les olives en
décomposition et renferment une grande quantité en polyphénols rendant ainsi presque
impossible si non très onéreux leur traitement par voie biologique.
Tableau 10 : Caractéristiques physico-chimiques des margines
pH
DCO (g/l) DBO5 (g/l) MES (g/l) RS (g/l)
4-5
90 - 200
40 - 80
20 - 30
Pt (g/l)
100 - 200
0,5 - 1
Nt (g/l)
1,0 - 2,0
Source:GEOPLAN 1994.
Tableau 11: Caractéristiques chimiques des margines
Ca2+ (g/l)
0,5 - 1,5
Mg 2+ (g/l)
0,2 - 0,8
Na+ (g/l)
K+ (g/l)
1,0 - 2,0
2,0 - 4,0
Source: Belaid 2006
59
Cl- (g/l)
2,0 - 4,0
SO 4 2+ (g/l)
1,0 - 2,0
Figure 6 : Plan d’implantation de la station d’épuration sud de Sfax après réhabilitation
Ainsi donc, en l’absence de solutions économiquement acceptables, des bassins d’épandage
(superficie totale d’environ 20 ha) furent aménagées à proximité de la station d'épuration des
eaux résiduaires, du terril de phosphogypse de la SIAPE et de la décharge municipale pour
stocker les margines.
Selon la saison, les volumes collectés varient entre 80 000 et 180 000 m3 /an (Kallel 2000)
véhiculant ainsi une DCO de 80 à 160 g d’O2 /l et une DBO5 de 40 à 80 g d’O2/l.
Bien que le stockage de cet effluent a été déplacé vers la localité d’Agareb depuis 1997, les
longues années d’utilisation de ces bassins ont conduit à une pollution de la nappe phréatique et
du littoral (Shabou et al. 2002) à côté de la formation d’une croûte (pâte de margine) qu’il faut
récupérer et traiter.
VI. 2-3 - Effet polluant des rejets hydriques de la SIAPE
L’activité de la SIAPE consiste à produire le Triple Super-Phosphate (T.S.P.) à partir du
phosphate brut. Il s’agit d’un engrais qui nécessite pour sa production des produits
intermédiaires: l'acide sulfurique et l'acide phosphorique préparés sur place.
Les sous produits semi solides de cette réaction, (phosphogypse) sont stockés à proximité de
l'usine formant un grand dépôt sur le littoral Sud de Sfax donnant lieu à un écoulement de
lixiviat vers la mer.
60
3
L'effluent liquide déversé en grande partie en mer, avec un débit estimé à 225 m /h, est très
acide (pH=1 à 2), riche en fluor, en phosphate et en métaux lourds. L'estimation de la charge
polluante comparée aux normes tunisiennes (Tableau 12) rend compte d'une situation critique
(Serbaji et al., 1993).
Tableau 12: Estimation de la charge polluante déversée en mer (Tonnes/an)
Paramètres
Quantité rejetée
Maximum Admissible
en tonnes/an
en tonnes/an
Fluor
2642
29
phosphates
1944
0.58
Cadmium
0.58
0.03
58
5.80
37.7
29
Fer
Aluminium
Source: Serbaji - 1993
Cette pollution s’est même propagée vers le large délimitant une zone à forte contamination, à
proximité du rejet, qui diminue en s'éloignant de la côte. D'autre part, elle est plutôt orientée
vers le Sud, ce qui est probablement dû à l'effet des courants marins de direction dominante
Nord-Sud (Tableaux 13 et 14).
Tableau 13: Concentration du Phosphore total et du Cadmium dans les eaux interstitielles
des sédiments côtiers au niveau de l’exutoire des rejets et de la SIAPE
Rejet
Phosphore total
Cadmium
Distance au large (m)
(mg/l)
(µg/l)
200
203
107
500
11,5
< 30
Echantillon de référence
1.6
< 30
(Nakta-chaffar)
Source: Serbaji - 1993
Tableau 14 : Concentration du P total et du Cd dans les sédiments côtiers au niveau de l’exutoire
des rejets et de la SIAPE
61
Rejet
Phosphore total
Cadmium
Distance au large (m)
(mg/kg)
(mg/kg)
200
235
6
500
1290
5
Echantillon de référence
50
<1
(Nakta-chaffar)
Source: Serbaji – 1993
Les tonnes de métaux lourds rejetées en mer depuis plus de 4 décades ont perturbé l'écosystème
marin de la région entraînant la diminution des richesses halieutiques du littoral.
Cette pression qui menace l'équilibre biologique et écologique du milieu marin rend compte de
la nécessité d'une intervention urgente à divers niveaux (technique, économique, législatif...)
pour interdire tout rejet industriel non conforme aux normes en vigueur.
VI. 2-4 -Pollution due aux eaux pluviales
A Sfax, les précipitations sont principalement limitées à l’automne et l’hiver. Quoique, la
moyenne des averses soit faible, des averses occasionnelles de grande intensité se produisent au
cours de ces deux saisons. Durant ces averses, les systèmes d’évacuation des eaux de pluies et
des eaux usées peuvent être débordés (réseau unitaire et réseau séparatif), provoquant ainsi
d’importantes perturbations dans les activités économiques de la ville. La maintenance de ses
ouvrages est essentiellement à l’origine de ses sérieux problèmes générés en entres par les eaux
qui charrient avec elles des déchets solides déposés dans les oueds, dans les canalisations des
eaux pluviales, sur terre et dans les rues. Les eaux pluviales lessiveront au cours de leur transit
les chaussées et la voirie et se chargeront en pollutions diverses dont principalement les
hydrocarbures capables de provoquer de fortes nuisances au fonctionnement des stations
d’épurations.
VI. 2-5 -Pollution engendrée par les eaux agricoles
Les rejets polluants d’origine agricole sont constitués essentiellement par les fertilisants et les
produits phytosanitaires apportés au sol sans être consommés. L’évaluation des quantités de
polluants véhiculées vers les eaux souterraines est très difficile à évaluer d’une manière
62
systématique. Certaines études (Ministère de l’Agriculture, 2004), ont montré que le suivi de
la qualité des nappes phréatiques ont révélé la présence de concentrations de nitrates
quelquefois excessives dans certaines zones irriguées (jusqu’à 200, voire 300 mg/l). Cependant,
les pesticides ne sont généralement pas mesurés.
VI. 2-6 - Pollution causée par les rejets solides
Il ressort de l’ensemble des différentes études réalisées dans la ville de Sfax sur les déchets
solides (Karray et al, 1998 ; Kalle l, 2003) les caractéristiques suivantes :
§
L’absence, à l’instar du reste du pays, d’une organisation capable de prendre en
charge la collecte, le traitement, la mise en décharge et la valorisation des différentes
catégories de déchets. Ces insuffisances sont dues au manque de moyens matériels,
techniques et surtout financier pour permettre aux communes d’assumer pleinement
leurs tâches ;
§
L’absence de décharges spécialisées pour les déchets spéciaux et toxiques (hôpitaux,
abattoirs, …)
§
L’absence de données fiables relatives à la nature et à la quantité des déchets solides
existants ;
§
La multiplication de dépôts sauvages dans les zones vulnérables.
Tout au long de la zone d’étude quatre principaux sites de stockage de déchets solides sont à
relever : le dépôt de phosphogypse de la SIAPE, la décharge sauvage de la municipale de Sfax
et le site de stockage des grignons épuisés de la savonnerie “Sios-Zitex“ et la décharge de
déchets de construction contiguë à la COTUSAL. Ils sont en très grande partie à l’origine d’une
importante pollution très diversifiée : atmosphériq ue, visuelle, olfactive, hydrique et autres.
La nouvelle décharge contrôlée implantée à El Gonna (délégation d’Agareb) devra permettre
une réduction importante des nuisances enregistrées actuellement au niveau de la décharge
sauvage située dans la zone d’étude.
VI. 2-6-1 - Le stockage de grignons épuisés
Des dépôts de grignons d'olives de la SIOS Zitex sont stockés à une dizaine de Km au Sud de la
ville de Sfax sur la route nationale 1. Outre le préjudice qu'ils portent directement au paysage,
ces stocks présentent des risques de pollution hydrique par la contamination des eaux de surface
par les composés phénoliques qui peuvent être lessivées par les eaux pluviales. Ils sont
63
également capables de produirent et de générer des nuisances diverses à travers leur dispersion
sous forme de particules très fines et des poussières dans l’air.
VI. 2-6-2 -
Le dépôt de phosphogypse
Le phosphogypse produit par la Société Industrielle d'Acide Phosphorique et d'Engrais (SIAPE)
est estimé à 1.1 million de tonnes par an. Il est déposé en terril sur une hauteur à peu près
de 30 m et couvre une superficie d’environ 40 hectares. On estime à quelques 12 millions
de m3 le volume stocké de ce phosphogypse. Ce dernier est constitué par du sulfate de calcium
hydraté, d’acide fluorhydrique, de sels de métaux de Plomb, de Zinc, de Mercure, de Cuivre et
de Cadmium, et de traces d’éléments radioactifs.
La lixiviation et la percolation des eaux météoriques à travers les dépôts de phosphogypse
relativement perméables (10-2 à 10-3 cm/s) et l'absence d'organes étanches entre le terril et le
sol naturel, sont des facteurs favorisant une forte contamination des eaux souterraines et
marines. Rien que pour le talus de phosphogypse, la manière de son stockage constitue des
risque pour l’environnement eu égard aux émissions radioactives potentielles: Le
phosphogypse produit une augmentation de la concentration du radon dans l'air environnant.
Néanmoins cette radiation supplémentaire est considérée comme faible (SCET-TunisieNEDECO, 1994).
VI. 2-6-3 - La décharge municipale de Sfax
L’unique dépôt de déchets solides urbain produit par le grand Sfax est situé dans la zone
d’étude. Il est situé entre le terril de phophogypse de la SIAPE et la station d’épuration sud des
eaux usées urbaines. Couvrant une superficie de 20 ha, cette décharge est localisée dans une
Sebkha à quelques centaines de mètres de la mer et à environ 5 Km du centre de la ville. Non
contrôlée, elle reçoit quotidiennement pas moins de 500 tonnes (Rapport Mairie 2000-2005)
d’ordures ménagères et de déchets industriels de différentes natures et autres (hospitaliers,
abattoirs..). Ce mélange de déchets industriels (dangereux et banal) subissait, au meilleur des
cas, le même sort que les ordures ménagères. L’incinération par les foyers de feu spontanée
génère des pollutions hydriques et atmosphériques graves au milieu naturel et aux populations
avoisinantes. On évalue actuellement à plus de 1 million de m3 le volume des déchets stockés
(SCET/Tunisie- NEDECO, 1994). Techniquement, les déchets solides reçus sont déposés en
blocs puis étalés et tassés par un Bulldozer pour former des couches qui dépassent par endroits
64
8 m de hauteur. Il n’existe aucune couche de couverture. Ce mode de traitement est
constamment à l’origine de multiples atteintes dont principalement :
§
Des dégagements de fumées noirâtres (combustion incomplètes des déchets) et des
odeurs nauséabondes qui d'une part, en raison des vents dominants d’Est affectent les
quartiers d'Ain-Fallet et de Sidi Abid et d'autre part, nuisent à l'atmosphère terrestre. La
combustion à basse température des produits plastifiés qu’on y trouve, dégage des
composés chlorés assez fortement nocifs dont probablement des dioxines. Cet impact
peut être qualifié de fort et ne doit pas être toléré.
§
Une atteinte aux eaux souterraines causée par les lixiviats générés par l'infiltration des
eaux à travers les déchets solides. Certains composés organiques et minéraux sont aussi
dissous à partir des déchets décomposés. La composition chimique des lixiviats du
dépotoir et des eaux souterraines révèle une contamination de la nappe phréatique
caractérisée par des teneurs élevées en micropolluants minéraux. L'état actuel de la
végétation dans les environs de la décharge confirme également l'importance de la
charge polluante que véhiculent ces lixiviats. Des traces d'hydrocarbures sont visibles. Il
s'agit aussi d'un impact fortement prévisible.
VII- les principales composantes de l’occupation du sol
L’espace côtier de la zone d’étude, situé au Sud de l’agglomération sfaxienne, regroupe les
principales composantes suivantes :
VII. 1- Projet d’aménagement de l’ancien port de pêche (chott el kreknah)
Ce projet prévoie l’implantation des équipements d’animation et de loisirs autour d’un vieux
port qui sera aménagé en un port de plaisance de type « Marina ». Pour une meilleure
intégration du Chott El Kreknah, le projet prévoie aussi l’élargissement des principales voies
reliant ce Chott au centre ville ainsi que l’aménagement de nouveaux espaces verts (Fig 7).
Les objectifs principaux du projet prévoient de:
Ø Désenclaver la zone,
Ø Transformer un bassin d’eau « stagnante et polluée » en un port de plaisance,
Ø Créer des espaces communs urbains (places, espaces verts, lieux de loisirs…),
65
Ø Assurer le stationnement des véhicules le long des voies, à l’intérieur des îlots,
Ø Déplacer les activités nuisantes.
VII. 1- Le site archéologique de Thyna
Le nom de la ville n’a pratiquement pas changé depuis l’antiquité : (Thaînat) à l’époque
punique, Thaénae (Thenae) à l’époque romaine et byzaitaine, puis Henchir Thina et Thyna à
l’époque moderne (APNES, 92) . Ce toponyme serait d’origine libyque. Les sondages entrepris
en 1986 ont révélé l’importance de la ville dès le IVème siècle avant J.C. Ville libre à l’époque
d’Auguste, fut promis au rang de colonie par Hadrien en l’an 128. Thaenae a dû connaître
quelques troubles au IVème siècle mais demeura importante jusqu’au VII siècle après J.C.
Son enceinte de 83 ha englobant le champ des ruines de l’antique ville; bien que le plan
d’aménagement urbain de Thyna fait état d’une superficie de 219 ha correspondant
vraisemblablement au site archéologique et les espaces de fouilles qui entourent la zone. Les
remparts du site sont longs de 3.500 m environ et ne constituent pas sa limite. Seuls des
établissements thermaux et quelques maisons ont été
partiellement dégagés. Nous n’en
connaissons ni le forum (place publique) ni les temples. La fouille dite « du cheval » serait
vraisemblablement un temple.
66
Fig 7 : Aménagement de Chott Kreknah
Ø La maison de Dionysos
On peut visiter la maison de Dionysos (Photo 1) , dont le plan est clair, bien que l’entrée soit
encore inconnue. Cette demeure doit son nom a une peinture représentant dionysos sur une
panthère (Musée du Bardo-salle Uthina). C’est une maison péristyle incomplet ne comportant
que trois portiques : deux d’entre eux se prolongent par deux couloirs encadrant le Triclinium
(salle à manger). Toutes les salles étaient pavées de mosaïque dont certaines sont exposées au
musée archéologique de Sfax (à l’hôtel de ville).
Le tapis central de Triclinium est décoré d’une composition de couronne de vigne est
d’acanthe aux couleurs chatoyantes. Les couronnes de vigne et d’acanthe semblent
caractéristiques des ateliers de Thyna.
Ø Les thermes des mois
Cet établissement thermal (Photo 2) doit son nom à la découverte d’une mosaïque
fragmentaire représentant les mois de l’année : il s’agit d’un monument luxueux où les mûrs
67
étaient soit revêtus d’un placage de marbre, soit peints. Les sols étaient pavés de mosaïques
polychromes.
Ø La nécropole
Classée comme monument historique, de part se richesses : « elle rappelle celle de Pompei ».
Cependant, il n’en subsiste, actuellement, que quelques témoignages : mosaïques funéraires,
urne en verre et cippes peints (au Musée de Sfax).
Ces vestiges historiques témoignent du trait distinctif et privilégié de la frange côtière pour
l’économie Sfaxienne. Le pouvoir attractif de la bande côtière sur les hommes et les activités
socio-économiques s’est distingué au fil des siècles, confirmant ainsi cette tendance à la
littoralisation qui s’est prolongée à travers le temps.
Ce site archéologique est peu valorisé puisqu'il n'est pas encore intégré dans des circuits de
visites organisées d’autant plus qu’il n'est pas desservi par les moyens de transports collectifs.
Photo 1: Thernes des mois
Photo 2 : La maison de dyonysos
VII. 2- Les salins de Thyna
En bordure de côte se trouve les salins de Thyna (Fig 8), qui est une zone péri-urbaine ayant
une superficie de 1500 hectares et 13 km de longueur sur la côte de la mer méditerranéenne.
68
Ces salins sont tronqués par l’oued El Maou en deux espaces. La partie Nord relève de la
commune de Sfax et celle du Sud fait partie de la commune de Thyna. Il se situe au NordOuest du golfe de Gabès, connu par sa richesse biologique et son importance économique.
Ces salins présentent des intérêts économiques et écologiques importants. En effet, la
quantité produite de sel est d’environ 300 000 tonnes par an, en plus de quelques milliers de
tonnes de saumures spéciales. Ils sont classés aussi parmi les zones humides à grande
importance pour la conservation des oiseaux.
Figure 8 : Carte de localisation des salins de Sfax
VII. 3 - Le Parc urbain de Thyna
le parc urbain de Thyna est considéré comme le poumon vert de la ville de Sfax pour combler
le déficit en espace vert. La zone de Thyna initialement affectée a une superficie de l’ordre de
800 ha, se localise au niveau de la RN1 Sfax-Gabès entre les Kilomètres 8 et 12 environ. On y
accède par la piste menant au phare de Thyna au niveau du Km10.
Mais la forte poussée urbaine connue par la ville de Sfax a fait que sur les 800 ha initialement
affectés, en zone agro-forestière, il n’en reste que la moitié, du fait de la construction des cités
populaires dans cette zone (cités El Moez, Thyna El Jadida, Ennahdha…) et de l’édification
d’unités industrielles sur l’axe de la GP1 prolongeant de façon quasi continue la zone
industrielle de SFAX El Maou, au-delà du périmètre urbain de la commune de Thyna, outre la
nouvelle zone industrielle du Kilomètre 10.
69
L’ensemble de ces faits urbains a favorisé l’apparition d’un noyau urbain de près de 20.000
habitants (selon le recensement d’avril 1994) érigé en commune de Thyna en avril 1994. Le
parc urbain de loisir, longeant la piste menant vers le phare de Thyna et se trouvant au niveau
du kilomètre 10, fait partie du domaine public forestier.
La zone du parc urbain se limite actuellement à deux composantes foncières principales à
savoir :
Ø le domaine public forestier géré par le service des forets du ministère de l’agriculture,
d’une contenance totale de 53 ha et sur lequel 20 ha ont déjà été plantés.
Ø Une portion du domaine public maritime prolongeant au nord les salines et d’une
contenance de 100 ha environ. Le reste de la zone agro-forestière est occupé par :
•
Le site archéologique (83 ha)
•
La nouvelle zone industrielle de Thyna (42 ha).
VII. 4 – Autres espaces verts
L’étude de la situation des espaces verts collectifs existants, publics et non publics, aménagés
on non au sein du Grand-Sfax réalisé par le service régional du Ministère de l’Environnement
et du Développement Durable, indique que le taux de ces espaces a enregistré ces dernières
années une croissance très importante. La superficie verte publique par personne est passée de
0.6 en 1986 à 1.6 m2 en 1993 puis à 6 m2 en 1996 (SDA ; 1998). Toutefois vue la rareté des
terrains publics, les possibilités d’extension des espaces verts ont été limitées. Au total on est
passé de 108 ha de verdure collective en 1996 à 295 ha en 2002 (10.4 m2 /hab). Compte tenu
de la croissance démographique, le taux des espaces verts en 2005 se situe aux alentours de
12 m2 /hab. L’objectif de l’Etat dans ce contexte est d’atteindre un taux de 15 m2 /hab. en 2009.
La zone d’étude du littoral sud de Sfax dispose déjà de différents espaces verts réparties
comme suit :
Ø le parc urbain de Thyna : ce parc, couvrant une superficie de 57 ha, se trouve sur le
littoral sud à 10 km de la ville et à proximité du parc archéologique de Thyna.
Ø le parc de l’enfant et de la famille : Il s’agit d’un nouveau parc de loisir familial
aménagé en 2003, situé à proximité de la médina du côté Nord-Est et couvre une
superficie de 3 ha.
70
Ø le jardin Wahran : Il s’agit d’un espace vert qui longe les romparts de la Médina du côté
Est et couvre une superficie de 0.7 ha.
Ø le jardin Public : Situé sur la route de l’aéroport à 0.5 km de la ville, il couvre une
superficie de 9 ha. Il dispose d’un espace de jeux pour enfants, d’un parc zoologique
et d’un parcours de santé.
VII. 5 –Zones industrielles
Après consultation des données disponibles sur les différentes zones industrielles de la zone
d’étude et à la suite de multiples réunions effectuées avec les opérateurs publics dans ce
domaine ( APIP, AFI) appuyés par des visites de terrain, il se dégage que :
Ø L’AFI gère les zones industrielles de Madagascar, de Thyna et 3% uniquement de la
zone industrielle Sidi Salem,
Ø L’APIP contrôle la zone industrielle du port de pêche,
Ø Le GMG de Sidi Salem assure la gestion de la majeure partie de la zone industrielle
Sidi Salem.
L’unique zone industrielle qui échappe à tout contrôle est celle d’El Maou, situé au sud de
l’Oued El Maou et dont les unités industrielles sont totalement disséminées dans le tissu
urbain. L’absence d’autorité compétente pour la gestion de cette zone semble être à l’origine
des dysfonctionnements, du délabrement et des nuisances observés au niveau du littoral sud.
Un enquête est d’ores et déjà en cours de réalisation en étroite collaboration avec la
commune de Thyna pour l’inventaire de l’ensemble des unités industrielles te la
caractérisation du degré de pollution générée par ces activités.
La saisi, la compilation et le traitement spécifique des données basés essentiellement sur la
plan d’aménagement de la commune de Thyna (2003) a permis de dégager un plan détaillé
des différentes composantes de l’espace urbain de cette commune (Fig 9 et 10).
Cet inventaire permettra entre autres la mise en place d’une base de données géoréférencées.
Le tableau 15 présente les superficies occupées par les différents sites industrielles de la
zone d’études.
Tableau 15 : Les superficies des zones industrielles du littoral sud de Sfax
Zone Industrielle
Superficie (ha)
Zone industrielle de Madagascar
18
71
Zone industrielle du port de pêche
29.5
Zone industrielle de Sidi Salem
149
Zone industrielle d’El Maou
-
Zone industrielle de de Thyna
42
VII. 6 – La zone agricole
La zone agricole de Thyna occupe une superficie de 470 ha, les visites effectuées dans cette
zone ont de relever l’importance de l’occupation anarchique d’habitations non concordantes
aux règles les plus élémentaires en terme d’aménagement urbain. On note à ce jour plus de
500 habitations sans aucune autorisation préalable (Photo 3).
Photos 3 : La zone agricole de Thyna
72
Figure 9 : Les principales composantes de l’espace urbain de la commune de Thyna
73
Figure 10 : La répartition des différentes composantes de l’espace urbain de la commune de Thyna
74
VIII-Les infrastructures
VIII. 1- L’assainissement
Le réseau d’assainissement de la zone d’étude se compose de trois conduites principales :
§
La première permet de raccorder l’aéroport de Sfax au réseau d’assainissement
de la ville ;
§
La deuxième longe la RN1 entre la cité El Moez et la station d’épuration ; elle
permet de desservir directement le centre de la commune de Thyna et par des
ramifications transversales les cités El Moez et Touta.
§
La troisième longe la route de Ain Fellat et permet de brancher la cité de Thyna
El Jadida. Deux stations de pompage permettent le refoulement des eaux usées
vers la station d’épuration située en contre pente.
Le tableau 16 présente quelques caractéristiques du réseau d’assainissement relatif à la
commune de Thyna et aux arrondissements de Cité El Habib et de Sfax El Medina.
Tableau 16 : caractéristiques du réseau d’assainissement relatif à la zone d’étude
Nombre de
Nombre de
Longueur du réseau
Taux de
branchements
regards
(km)
branchement
%
Commune de Thyna
3889
1712
54
69
Arrondissement
4538
2488
69
92
9 087
4095
122
96
17 514
8 295
245
-
60 021
32 942
966
72
Sfax El Medina
Arrondissement
Cité El Habib
Total de la zone
d’étude
Grand Sfax
Au total, le réseau d’assainissement de la zone d’étude a une longueur de 245 Km et compte
8295 regards et 17 514 branchements.
75
VIII. 2- La voirie
Le réseau de voirie du périmètre d’étude est constitué par la RN1, principal axe routier du pays
qui traverse longitudinalement la zone et constitue de ce fait un axe préférentiel de
développement des équipements, des commerces et services et de l’industrie. Au Sud de cet axe
se branche la route locale RL 926, reliant Thyna à la ville d’Agareb.
VIII. 3- Le port de pêche
La zone portuaire de la ville donne sur une cuvette montrant une pente relativement forte à
partir de la courbe bathymétrique 5 m. Elle rejoint le canal de Kerkennah à une dizaine de
mètres de profondeur. Cette cuvette est plus ouverte du côté Sud, ce qui n'est pas le cas du côté
Nord entre la zone portuaire et Sidi Mansour. Ceci explique la différence de l'étendue de la
zone intertidale de part et d'autre de la ville.
Le port de pêche de Sfax dispose d’un potentiel important au niveau de la capacité de
production et de stockage inhérentes aux différentes activités portuaires dont principalement
celle lié à l’export (Tableau 17).
Tableau 17 : les équipements de froid du port de pêche de Sfax
Propriété
APIP
PRIVE
Désignation
Complexe frigorifique ( Nombre)
01
41
Capacité d'entreposage en Tonnes ( 0°C)
0
145
Capacité de stockage en Tonnes (-25°C)
250
1252
Capacité de Tunnel de congélation (Tonnes/j)
05
83
Capacité de stockage de la glace (Silo) (Tonnes/j)
90
450
Les différents éléments structurels définissant l’infra et la suprastructure du port de pêche de
Sfax sont présentées dans le tableau 18.
76
Tableau 18 : Les caractéristiques physiques et structurelles du port de pêche de Sfax
1981
? Date d’exploitation
Extension
1999 / 2000
Position géographique
35° 40' Nord et 10° 40' Est
Type
Port hauturier
Digue de protection
5170 m
580 m à -4,5 m
Quai
Appontement
450 m à – 4,5 m
+ 2200 m à -2,5m
Bassin
37,5 ha
DPP (Terre plein )
29,5 ha
03 (01 verte et 02 rouges)
Balise à l’entrée du port
05 (03 verte et 02 rouges)
Balise dans le chenal d’accès
2000 m
Clôture
Assainissement : 3300 m
Réseaux
Eclairage public: 140 candélabres
(14 postes transfo)
Projecteurs :14
Eau potable : 10 distributeurs
Electricité : 04 distributeurs
2 Portiques de 250T
Equipement de hissage
1 Portique de 150 T
3000 m2
Marché de gros mis à niveau
Marché de gros des produits destinés à
l’exportation
800 m2
77
440 m2 et
Aire de ramendage
Aire aménagée 2000 m2
Station de gasoil
02 capacité de 500 m3
Le tableau 19 présente également les principales composantes en terme d’occupation du sol des
activités secondaires du port de pêche de Sfax.
Tableau 19 : Les activités secondaires du port de pêche de Sfax
Nature de l’activité
Nombre
Atelier pour lavage des casiers
01
Chantier de construction et réparation navale
19
Atelier mécanique
28
Atelier électronique
07
Atelier électrique
05
Atelier de forge
04
Atelier de maintenance des équipements de froid
02
Atelier de soudure
02
Atelier de travaux maritimes
01
Atelier de cycliste
01
Point de vente de matériel de pêche
21
Vente de lubrifiants et graisses
03
Dépôt d’armement de pêche
204
Atelier de montage de filets
02
12
Bureau mareyeur
Local administratif
11
Bureau d’organismes nationaux
04
78
VIII. 4- Le port de commerce
Le transport maritime a toujours été un moyen avantageux de relier l’économie locale à des
espaces extranationaux plus ou moins éloignés (africains, européens, moyen-orientaux,
asiatiques et américains). Le port de commerce de Sfax, de par son site central et couvrant 57
ha, constitue une plaque tournante et une composante fondamentale du système économique
sfaxien. Cette dernière se trouve ainsi connectée aux cinq continents par son port affichant
une spécialisation (Tableaux 20 et 21) aussi bien en exportation qu’en importation.
Tableau 20: Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax
Nom
Quai de commerce
Quai dit Extension
Divers et huiles
Divers et céréales
520
667
Nombre de postes à quai
3
5
Profondeur maximum (m)
10.50
10.50
7.5
16.5
Stations de pompage des
huiles
9.5 ha
Passerelle mobile Ro/Ro
Spécialité
Longueur (m)
Superficie des terre-pleins (ha)
Equipements
Capacité de stockage
Tableau 21 : Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax
Nom des terminaux
Quai de phosphates
Quai NPK
Spécialité
Phosphates et dérivés
Soufre et TSP
Longueur totale des quais
827 m
370 m
Profondeur des quais
10.50m
10.50m
4
2
Capacité de réception des navires
79
VIII. 5- La saline de Sfax
Au Sud de la ville de Sfax, entre le nouveau port de pêche et le site archéologique de Thyna,
s’étend la saline de Sfax appartenant à la société COTUSAL sur environ 14,5 Km (1628 ha).
La production annuelle est voisine de 300 000 tonnes d'halite commercialisable destinée à la
consommation et à l'industrie chimique. La majeure partie de cette production est destinée à
l'exportation (340 000 tonnes en 1996) soit 85 % de l'ensemble du sel produit.
En outre ces salines produisent environ 15 000 tonnes de saumures magnésiennes issues de la
maturation des solutions sortantes des cristallisoirs. La saline de Sfax (Fig. 11) est constituée
par :
§
les bassins préparatoires, qui comportent les avants pièces, les partènements
extérieurs, les partènements intérieurs et les avants pièces maîtresses;
§
les bassins de réserve, qui comportent les pièces maîtresses, les bassins de stockage
hivernal des eaux mères "R" et les longuettes "L";
§
les tables salantes ou cristallisoirs;
§
les bassins de préparation des saumures magnésiennes (les "S").
D'autre part, cette côte méridionale de la ville de Sfax, aménagée depuis 1929 en marais
salants, constitue la zone humide de Thyna qui est en faveur d'une biodiversité attirant une
multitude d'espèces ornithologiques, essentiellement des limicoles.
VIII. 6- Abattoir de Sfax
L’abattoir de la ville de Sfax crée en 1938 est localisé sur la côte sud à 1 km du centre de la
ville. Les rejets liquides sont évacués dans le canal de sidi Salem.
Le nouvel abattoir (Fig 12) prévu pour la ville sera implanté sur la route Sidi Salem, à 1 Km
de l’actuel abattoir. Il aura une capacité d’abattage horaire de 25 têtes bovines et 200 têtes
ovines, correspondant à un potentiel de 10.000 tonnes par an sur la base d’un cycle journalier
de 4 heures de travail, extensible à 20.000 tonnes par an.
Ce nouvel abattoir moderne devra répondre parfaitement aux performances de rendement, de
rentabilité et de qualité exigées, conformément aux conditions et spécifications d’installation,
d’équipement, d’hygiène, de fonctionnement, d’environnement et enfin de sécurité définies
par les normes CE, HACCP et International Halel Inspection.
80
Ces conditions permettront au nouvel abattoir d’être agréé et certifié en vue de la production
et la mise sur le marché de viandes fraîches et de tous autres produits finis (bovin, ovin et
caprin).
81
Figure 11 : Carte des salins de Sfax
82
Fig 12 : Plan d’aménagement de l’abattoir de Sfax
83
VIII. 7 - Etude d’opportunité pour l’implantation de plates-formes
logistiques du Grand Sfax.
Site 1 : Sud ouest de l’aéroport
Le site 1 est situé au Sud-Ouest de l’aéroport, et couvre une superficie de 200 ha. Ce site est
traversé par une route le reliant à la RN1 et qui se trouve en état de piste. L’eau et l’électricité
sont disponibles sur le site.
Site 2 : à proximité de la zone industrielle de Thyna
Le site 2, choisie pour l’implantation de la plate forme logistique (Fig 13), est situé au SudOuest de la ville de Sfax et s’étale sur 200 ha. Il est limitrophe de la zone industrielle de
Thyna. Il est limité du côté Nord-Est par la ligne de chemin de fer et la RN1, du côté Nord par
la RV96 menant à Agareb, du côté Sud-Est par les terres agricoles et la rocade km11.
Le site se présente comme un terrain pratiquement plat, favorable à tout aménagement. Il est
actuellement occupé par :
•
une pépinière longeant la GP1. Sur une surface de 7.5ha ;
•
15 ha sont occupés par des petits métiers (petite usine, mécaniciens) longeant la
GP1, qui peuvent être éventuellement intégrés aux fonctions de la plate-forme.
En cas de besoin, les possibilités d’extension peuvent se faire du côté Sud-Est aux dépend des
terres agricoles (oléiculture), soit une superficie de 100 ha. Le site appartient à des privés.
Le site 2 est desservi par la RVE 926 et la GP1. Il est également traversé par la ligne de
chemin de fer et se trouve dans une zone alimentée en électricité et en eau potable. Sur le plan
des infrastructures de transport, le site 2 ne présente pas des contraintes majeures. Il est
desservi par la RV926, la RN1 et le chemin de fer. Il est à 500m de la rocade km11. Il peut
être desservi aussi par la bretelle projetée par le Plan d’Aménagement Urbain de Thyna et le
SDA du Grand Sfax. La route prévue en bordure des salines assure entre le site et le port de
Sfax.
La gare de marchandise de Sidi Abid (projetée) est intégrée au site de la plate-forme.
Toutefois, pour assurer une circulation plus fluide autour de la plate-forme et une accessibilité
plus facile, des ouvrages d’art et des nouvelles voies doivent être prévus (Ministère de
l’Aménagement du territoire 2006).
84
Figure 13 : Localisation de la plateforme logistique de Sfax
Etude d’opportunité pour l’implantation du complexe sportif du Grand Sfax
85
Le complexe sportif projeté est situé à proximité du site 2 proposé pour la plate forme
logistique du côté sud –ouest. Il est desservi par la GP1
VIII. 8- Transport
VIII. 8 -1 - Transport local
La ville de Sfax s’est affirmée pôle industriel depuis pas moins de trente ans. La zone d’étude
s’étalant du port de commerce jusqu’à la limite sud de la commune de Thyna accueille au
moins 40% du nombre d’unités industrielles regroupé dans les 3 zones industrielles ;
Madagascar, route de Gabès et Thyna totalisant près de 50% des emplois. Il va s’en dire que
cette situation est génératrice de déplacements et de circulations et par conséquent une forte
demande en moyens de transport. Outre le déplacement des ouvriers, l’opération de
production suppose la mobilité des matières premières, des produits finis et/ou semi-fins, ce
qui est à l’origine de la genèse des flux de transports.
En outre, l’absence de service d’accompagnement dans ces zones industrielles (assurances,
réseau bancaire, transitaires, etc….), est à l’origine d’une élévation du nombre de
déplacements au sein de cette zone.
A l’instar du reste de la ville de Sfax (Tableau 22), l’élargissement de la portée des
déplacements au sein de l’agglomération de Thyna, et la multiplication de leur fréquence
(déplacements obligés, déplacements liés aux diverses activités sociales : écoliers, liens
sociaux, loisirs, culturels, et autres) n’ont pas été suivi par une évolution des moyens de
transport en commun, ce qui a contraint le citoyen à se rabattre de plus en plus vers le moyen
de transport particulier : la voiture et les deux roues.
Conséquences de cette nouvelle situation :
§
Augmentation du parc voiture et des deux roues.
§
saturation quasi permanente du tronçon « route de Gabes » et les environs du centre
ville ;
§
demande de plus en plus de carburants ;
§
pollution atmosphérique de plus en plus grandissante
Tableau 22 : Répartition des déplacements motorisés dans le Grand Sfax
86
Mode de
déplacement
1984 (1)
déplacement
1994 (1)
%
déplacements
1996 (2)
%
s
déplacement
%
s
Voiture Particulière
80 000
20,9
168 100
34,9
246 840
37,4
Deux Roues
138 000
35,9
167 200
34,7
227 700
34,5
Transport Collectif
166 000
43,2
146 700
30,4
185 460
28,1
Total
384 000
100
482 000
100
660 000
100
Sources :
(1) PAC - 1994.
2) SIDES -1996.
L’analyse des résultats du tableau 21 permet de dégager les constations suivantes :
§
le nombre de déplacements est en augmentation continuelle puisqu’il est passé de
384 000 en 1984 à 660 000 en 1996.
§
Le citoyen sfaxien cherche de plus en plus son indépendance de transport en utilisant
même les deux-roues ; un ménage sur deux possède un deux-roues (recensement
1994)
§
Ce dernier moyen de transport a presque doublé en l’espace de 20 ans. Il a passé de
40316 unités en 1984 à 75 232 unités en 1994 (INS Recensements généraux) ;
§
Le nombre des voitures particulière a connu lui aussi une monté sensible puisque le
nombre de ce type de voiture a presque triplé au bout de 10 ans. Le recensement de
1994 fait état d’une voiture tous les 5 ménages.
§
Les faiblesses affichées par les transports en commun (confort, sécurité, rapidité,
ponctualité et fréquence ont poussé les gens d’avoir son propre moyen de transport. Ce
constat est confirmé par la régression des transports en commun puisqu’ils ne représentent
que 28 % du total des transports urbains à Sfax en 1996.
L’analyse des études relatives au transport et à la circulation rend compte de l’ampleur du
volume des flux de personnes se déplaçant à l’intérieur de l’agglomération sfaxienne pour les
multiples raisons citées ci-dessus.
Dans l’état actuel des choses, et malgré les efforts déployés, le réseau routier n’est pas en
mesure d’assurer la fluidité souhaitée et souhaitable : sous - dimensionnement de certaines
radiales, inexistence de pistes cyclables, transport en commun non prioritaire, carrefours sans
87
fonction de sas, état défectueux de certains axes. La sécurité s’en ressent également comme le
dégage la montée du nombre annuel d’accidents de la route.
VIII. 8 -2 - Transport National et International
De tout temps, Sfax second ville du pays exerçait une attraction sur sa périphérie pour
plusieurs raisons :
§
Opportunités d’emplois
§
Activités commerciales, industrielles et tertiaires
§
Ville universitaire
§
Ouverture sur la mer
Ces caractéristiques drainent quotidiennement ou occasionnellement des flux mobilisant des
moyens de transports très variés : routier, ferroviaire, maritime et aérien.
VIII. 8 -2 -1 Transport Terrestre
Outre les moyens de transport particuliers, la liaison inter-régionale ( Sfax avec sa périphérie
immédiate) et intra-régionale (Sfax avec sa périphérie) est assurée par des moyens de
transports collectifs faisant appel aux bus ou aux louages.
Selon l’étude sur les déterminants de l’évolution du système de transport (El Habaieb 2003),
60 bus ont assuré quotidiennement le déplacement d’environ 5000 voyageurs entre 1994 et
2002 entre Sfax et ses différentes délégations. De plus, environ 310 taxis collectifs extraurbains ont conforté le réseau de la SORETRAS au cours de cette même période dont 110
unités entre Sfax et Mahrès.
VIII. 8-2 -2 Transport Ferroviaire
Deux lignes caractérisent le transport ferroviaire dans la région de Sfax : la ligne nord : SfaxSousse-Tunis et la ligne Sud ; Sfax-Gafsa-Gabes passant par la zone d’étude.
Outre le transport des voyageurs, le transport de marchandise est très développé par le chemin
de fer particulièrement celui du phsphate entre Sfax et Gafsa. A titre d’exemple, 8 166 588
tonnes de phosphates ont été déplacées entre 1998 et 2002. (El Habaieb, 2003).
88
En outre, le mode ferroviaire est présent au port de commerce assurant la liaison entre la gare
de Sfax et ce port pour la plus part des marchandises embarquées et débarquées.
VIII. 8-2-3 Transport Aérien Bien que l’aéroport ne se situe pas dans la zone d’étude, nous
avons jugé utile d’en faire référence compte tenu de son importance entant qu’élément
important dans le développement économique de la ville. L’aéroport de Sfax se situe à
environ 6 km au NW de la ville. Occupant une superficie de 327 ha. Son infrastructure de
base est constitué d’une salle de voyageurs de 2000 m2 pouvant recevoir jusqu’à 200 000
voyageurs par an. En plus d’une zone de fret de 2000 m2 de superficie destinée à l’export avec
une capacité de 3000 tonnes par an. Son activité ne représente pas plus que 1% de l’ensemble
de l’activité nationale en terme de transport aérien de voyageurs (Charfi, 2003).
Visiblement disproportionné eu égard à la taille,
aux besoins de la ville et à son
développement (sous dimensionnement de l’infrastructure, faiblesse du trafic et des
connexions…) nécessite des actions de renforcement en faisant une véritable infrastructure
d’envergure internationale contribuant à la recherche et au renforcement de la compétitivité
de la ville, servant la grande réussite des grands projets programmés (technopole,
taparura…aménagement des cotes sud..). un projet d’extension et d’élargissement est en cours
de réalisation.
VIII. 8 -3 - Transport Maritime
La aussi, ce mode de transport est utilisé pour des liaisons intra-régionae (Sfax-Kerkena),
inter-régionales (Sfax et les autres villes côtières) et internationales (Sfax et les pays
étrangères).
VIII. 8-3-1 - Liaison Sfax-Kerkena
Le transport maritime entre Sfax et les îles de Kerkena est assuré par la Société Nationale de
Transport des Iles de Kerkena (SNTK). Cette liaison connaît de fortes concentrations de flux
durant la saison estivale. Le trafic de passagers et de voitures connaît une évolution régulière
d’une année à l’autre. Dans une étude publiée en 2003 sur le transport dans la région de Sfax,
on note un taux d’accroissement annuel moyen de 3,7 % pour les passagers clients de la
SNTK, 3,7 % pour les voitures, 3,2 % pour les camions et 22,2 % pour les autres engins.
D’ailleurs ce trafic est appelé à s’intensifier en raison des perspectives touristiques que
développeront les îles de Kerkena dans les années à venir.
VIII. 8-3-2 -Le cabotage
89
Parallèlement à cette jonction avec les îles de Kerkena, la ville de Sfax entretient des liaisons
avec quelques ports tunisiens, principalement avec Bizerte. Mais depuis le transfert des dépôts
de carburants vers Skhira, ce type de trafic a chuté d’au mois de 90%.
VIII. 8-3-3 -Liaison avec l’étranger
Les fonctions commerciales connus pour la ville de Sfax ont permis à son port de commerce
d’occuper le deuxième rang derrière le port de Tunis- la Goulette (El Habaieb 2003) pour les
raisons suivantes:
§
Port très spécialisé (phosphate, céréales et soufre) ;
§
Importance du trafic maritime ; navires spéciaux, vraquiers, conventionnels, pétroliers,
etc… 1/4 des échanges nationaux d’import-export (2002) en tonnage ont transité par le
port de Sfax ;
§
37% du total des exportations transitant par les ports tunisiens ;
§
Très importante recette spécifique : 12 milliards par an ;
§
Création d’une panoplie d’activité tertiaire de service d’accompagnement ;
§
A l’origine de la création de deux zones industrielles portuaires (Madagascar et port
de pêche) contiguës ;
§
A l’origine de la genèse de plusieurs activités d’accompagnement (assurances,
négoces, banques, etc….) ;
IX- Analyse socio-économique
IX. 1- Situation démographique et emplois
IX. 1.1 - Situation démographique
IX. 1.1.1- Population
A la lumière des résultats des différents recensement de l’INS : 1984, 1994 et 2004, la
population de la zone d’étude est passée de 64 505 habitants à 104 584 habitants en l’espace
de 20, soit une augmentation de 62%. Cette part est stable, elle représentait 21,16% en 1984
contre 21,98% en 2004. La répartition de la population dans la zone d’étude montre une
prédominance de l’arrondissement de Cité El Habib puisque à lui seul, il totalise plus que la
moitié, soit environ 54% de la population totale formant la zone d’étude suivi par Thyna avec
25,5% et Sfax El Medina avec 20% (Tableau 23).
Tableau 23 : Etat de la population dans la zone d’étude
90
Population
1984
Taux de croissance
1994
2004
84-94
94-04
84-04
31767
19202
21293
-6,54%
0,98%
-2,46%
20726
47496
56656
8,65%
1,60%
3,17%
12012
18835
26635
4,60%
3,53%
2,74%
Total Zone d’étude
64505
86533
104584
2,54%
1,72%
1,92%
Grand Sfax
304742
395277
475649
2,64%
1,87%
1,79%
Arrondissement
Sfax El Médina
Arrondissement
Cité El Habi
Commune
de Thyna
Sources : INS 2004 ; Zouari S. 2005
Sur la période 1984-94, le taux de croissance démographique de la zone d’étude est inférieur à
celui observé dans le grand Sfax : 2,54% contre 2,64%. Néanmoins, ce taux est presque deux fois
moins que celui enregistré par la commune de Thyna et plus que trois fois moins que celui de la
cité El Habib. Au cours de la décennie 94-2004, on assistait à un frein démographique dans toute
la zone d’étude dont la croissance démographique, très sensible dans la cité El Habib (de -6,54% à
0,98%) est devenue inférieure à celle observée dans le grand Sfax.
Ce pendant, et contrairement à la tendance globale, l’arrondissement El Habib et Thyna, la
commune la plus récente, observent une forte pression démographique en raison des opportunités
de logements et de terrains à prix modérés comparés aux restes des communes du grand Sfax. En
outre, la proximité des campus universitaires et la présence de multiples zones industrielles ont
dynamisé ces espaces.
Contrairement à la commune de Thyna et à l’arrondissement El Habib, l’arrondissement El
Médina s’est carrément dépeuplé et a perdu sa vocation de lieu d’habitat au profil des activités
commerciales, artisanales et de service. En effet, entre 1984 et 1994 El Médina a connu une
régression démographique avec un taux de croissance était de -6, 54%, suivi d’un redressement
pendant la période1994-2004.
La répartition entre les deux sexes, montre que la population de la zone d’étude se caractérise par
un rapport de masculinité de 53,9% conséquence probable d’une population de migrants masculin
91
à la recherche d’emplois. A l’intérieur de la zone d’étude, c’est Sfax El Medina qui se dégage du
lot par un taux nettement élevé de l’ordre de 55,44% (Tableau 24).
Tableau 24 : Représentation des deux sexes dans la population relative à la zone d’étude
Homme
Femme
Masculinité
Commune de Thyna
13668
12967
51,32%
Arrondissement
11806
9487
55,44%
29846
26810
52,70%
Total zone d’étude
55320
49264
53,90%
Grand Sfax
244171
231478
51,33%
Sfax El Medina
Arrondissement
Cité El Habib
Source : INS 2004
IX.1.1.2- Taille des ménages
On définit la taille des ménages comme étant le rapport « population sur nombre de ménages.
Elle représente un indicateur de pression sur l’environnement et l’économie puisque toute
évolution de ce rapport doit être prise en compte dans l’évaluation des besoins en logements et en
infrastructures.
En 2004, le nombre de ménage dans la zone d’étude est estimé à 26664, soit 22,4% de l’ensemble
des ménages formant grand Sfax. 53,2% de ces ménages appartiennent à la cité El Habib, 24,2% à
Sfax El Medina et 22,6% à Thyna.
Hormis l’arrondissement El Habib, la commune de Thyna et l’arrondissement El Médina ont
observent une diminution de la taille de leurs ménages à l’instar du Grand Sfax. En moyenne la
taille du ménage dans la zone d’étude est passée de 4,08 personnes en 1984 à 3,92 personnes en
2004. La densification qu’a connue la cité El Habib, particulièrement entre 1984 et 1994, était
accompagnée par l’arrivée de familles nombreuses (4,6 personnes). Cependant, au cours de la
dernière décennie, on assiste à une réduction de la taille de ses ménages, en passant ainsi à 3,9
personnes par ménages, valeur très proche de la moyenne de la zone d’étude et même inférieur à
celle du Grand Sfax (Tableau 25).
L’arrondissement d’El Médina semble intéresser plutôt les familles moins nombreuses
(célibataires ou jeunes couples), puisque la taille moyenne de ses ménages n’a cessé de diminuer
au cours du temps : 4,5 personnes en 1984, 3,8 personnes en 1994 et 3,3 personnes en 2004.
92
La commune de Thyna enregistre non seulement la baisse de la taille des ménages la plus faible
dans toute la zone d’étude mais également la taille la plus élevée à la fois par apport à la zone
d’étude et au grand Sfax.
Tableau 25 : Nombre et taille des ménages dans la population relative à la zone d’étude
Nombre de ménages
Taille des ménages
1984*
1994*
2004**
1984
1994
2004
6999
5109
6453
4 ,5
3,8
3,3
6451
10359
14187
3,2
4,6
3,9
2352
4081
6024
5,1
4,6
4,4
15802
19549
26664
4,08
4,43
3,92
61440
88617
118946
5,0
4,5
4,0
Arrondissement
Sfax El Médina
Arrondissement
Cité El Habib
Commune de
Thyna
Total Zone
d’étude
Total Grand
Sfax
Sources : * Zouari 2005 ; ** INS 2004
IX.1.1.3- Logements
Le nombre de logements de la zone d’étude représente 23,34% du parc total du grand Sfax. La
répartition de ces logements entre les différentes zones communales formant la zone d’étude
montre qu’au moins la moitié de ces logements sont localisés dans la cité El Habib avec 50,48%,
suivi par Sfax El Medina avec 28,25% et Thyna avec 21,26% (Tableau 26).
Tableau 26: Logements et Ménages dans la zone d’étude
Logements
Densité en logements
Commune de Thyna
6858
2,25
Arrondissement
9111
15,3
16279
15,24
32248
6,85
Sfax El Medina
Arrondissement
Cité El Habib
Total zone d’étude
93
Grand Sfax
138161
9,05
Source : INS 2004
Dans la zone d’étude, les arrondissements El Habib et El Médina présentent une densité en
logements (nombre de logements par ha) très proche de la moyenne nationale en zone urbaine : 15
logements par ha.
La densité en logements dans la commune de Thyna est très faible, soit 2,25 logements par
hectare. Elle reflète un état d’étalement urbain pouvant être à l’origine de diverses pressions sur
l’environnement telles que la consommation de terrains agricoles, de coûts très élevés
d’aménagement et d’infrastructure, de difficultés d’organisation de transport collectif et par
conséquent au recours au moyens de transports particuliers amplifiants ainsi les sources de
pollutions.
Confronté au nombre de ménages, le nombre de logements dans la zone d’étude dépasse au moins
de 17%. Il est largement supérieur à l’excédent de logement dans le grand Sfax qui est de l’ordre
de 14% (Tableau 27). A l’intérieur de la zone d’étude, c’est dans l’arrondissement de Sfax El
Medina que l’excédent est le plus élevé : 29,17% soit 1,41 logements par ménage.
Cette situation est la conséquence de l’accroissement du parc de logements qui s’est fait à un
rythme très élevé créant un déséquilibre du marché de l’immobilier.
Tableau 27 : Rapport ménage/logement
Ménages
Logements
Logements/ménages
Commune de Thyna
6024
6858
1,14
Arrondissement
6453
9111
1,41
14187
16279
1,15
Total zone d’étude
26664
32248
1,21
Grand Sfax
118946
138161
1,16
Sfax El Medina
Arrondissement
Cité El Habib
Source : INS 2004
VII.2.1.3- Densité de la population, densité des ménages
94
La densité de la population est le rapport entre le nombre des habitants d’une zone géographique et
sa superficie (ha) à un moment donné, alors que la densité des ménages c’est le rapport entre le
nombre des ménages d’une zone géographique et sa superficie à un moment donné.
Globalement, les densités sont croissantes dans toute la zone d’étude mais reste tout de même
inférieure au rythme de densification enregistrée par le Grand Sfax (Tableau 28). Ainsi la densité
moyenne en population est passée de 13,7 en 1984 à 22,2 habitant à l’hectare en 2004, soit une
augmentation de 62% en 20 ans. La densité des ménages est passée de 3,36 en 1984 à 5,7 ménages
à l’hectare en l’espace de 20 ans : soit une augmentation de 69,6%.
Ce pendant, si nous analysons chacun des secteurs géographiques formant la zone d’étude, hormis
la commune de Thyna qui détient les densités les plus faibles (8,8 habitants et 2,0 ménages à
l’hectare), les deux autres arrondissements présentent des densités plus élevées que le Grand Sfax.
C’est l’arrondissement El Habib qui présente les densités les plus élevées : 52,1 habitants et 13,3
ménages à l’hectare. Elle a plus que doublé en l’espace de 20 (entre 1984 et 2004). Néanmoins, il
faut souligner que la densité en population d’El Médina a très peu évolué (34,7 en 1984 et 35,8 en
2004 ; soit une augmentation de 3%), alors que sa densité en ménage a sensiblement progressé (7,6
en 1984 à 10,8 en 2004 ; soit une augmentation de 42%)
Tableau 28 : densité de la population et des ménages dans la zone d’étude
Ménages
Population
1984*
1994*
2004
1984*
1994*
2004
7,6
8,6
10,8
34,7
32,3
35,8
6
7,9
13,3
19,4
44,5
52,1
0,8
1,3
2,0
4,0
6,2
8,8
3,36
4,2
5,7
13,7
18,4
22,2
Arrondissement
Sfax El Médina
Arrondissement
Cité El Habib
Commune de
Thyna
Total Zone
d’étude
95
Total Grand
4,0
Sfax
5,8
7,8
20,0
25,9
31,2
Sources : * Zouari 2005 ; ** INS 2004
IX. 2. 2 – Emplois
En raison de l’absence de données spécifiques sur l’emploi et le chômage dans la zone
d’étude, nous allons donc les déduire à partir des statistiques publiées par l’INS 2004 et
relatives aux délégations de Sfax.
Sachant que la population de l’arrondissement de Sfax El Médina représente 20% de celle de
la délégation de Sfax El Médina, que la population de l’arrondissement El Habib représente
54% de celle de la délégation de Sfax Ouest et que celle de la commune de Thyna représente
58% de la population totale de la délégation de Thyna, nous allons exploité ces proportions
pour déduire quelques caractéristiques de la population active et le taux de chômage dans la
zone d’étude. Il est claire que les valeurs ne sont que approximatives et doivent donc être
prises avec prudence.
Taux d’activité : Il est défini comme étant le rapport entre la population active et la population
âgée de plus de 15 ans. Au niveau de la zone d’étude, le taux d’activité en 2004 est faible
(20,73) comparé à celui du gouvernorat (44,9) et à l’échelle du pays (45,8) (Zouari, 2005). Au
sein de la zone d’étude, les taux sont dans l’ensemble élevés et dépassent même le niveau
régional et national. C’est le cas de l’arrondissement El Médina avec 48,14% et la commune
de Thyna avec 52,47% (tableau 29).
Tableau 29 : Taux d’activité selon le genre (%) de la zone d’étude
Population active
Homme femme
Total
Arrondissement
El Médina
5520
Arrondissement 14004
El Habib
Commune
6463
de Thyna
Zone
25987
d’étude
Source : INS 2004
2433
7953
plus de 15 ans
Homme femme
Total
8332
8189
Taux d’activité (%)
Homme femme Total
16521
66,2
29,7
48,14
5343
19347
23290
21325
44615
60,13
25,05
43,4
3538
10001
9238
9137
19060
67
38,72
52,47
11314
37301
101899
60005
179904
25,5
18,85
20,73
96
La répartition de la population à travers quelques secteurs d’activités (Tableau 30 ) montre
que ce sont surtout l’industrie de transformation, le bâtiment, le commerce et l’administration
et l’enseignement les plus occupés par la population active de la zone d’étude. Ce sont surtout
les habitants de la cité El Habit qui taille la part du lion dans ces différents activités. A titre
indicatif, sur les emplois offerts par l’industrie de transformation, près de la moitié sont
occupés par les habitants de la cité El Habib. La présence des zones industrielles tout proches
de la cité EL Habib sont pour grand-chose dans cette répartition. Par contre, plus de 50% des
emplois offerts par le secteur agricole et la pêche dans la zone d’étude reviennent à la
population de Thyna.
Seuls, les emplois du bâtiment et des travaux publics recensés dans la zone d’étude sont
presque partagés entre la commune de Thyna et l’arrondissement El Habib.
Par ailleurs, le nombre de chômeurs âgés de 18 à 59 ans déduit à partir de notre hypothèse de
travail serait de l’ordre de 3200 dans la zone d’étude. Plus de la moitié de la population en
chômage se trouve à la cité El Habib. Le reste est presque partagé entre la commune de Thyna
(868 e 2004) et 616 chômeurs à la cité El Habib (Tableau 31).
Tableau 30 : Répartition de la population active par secteur d’activité
Commune de Thyna
Homme Femme
Total
Pêche et agriculture
Ind. transformation
Mine et énergie
Batim. + trav. Publi
Commerce
Transport
Adm.Enseig. santé
Autres activités
Sect. Non déclarés
Zone d’étude
Arrondissement El Habib
Homme Femme
Total
Arrondissement El Médina
Homme Femme
Total
760
55
815
459
22
481
117
1957 1424 3381 3215 1782 4997 1295
128
4
132
338
37
375 139
1236
13
1249 1441
43
1484
17
766
128
894 1874 403 2277 893
448
24
472 1129
92
1221 421
688
208
896
2305 1432 3737 858
756
177
933 2014 749 2763 861
75
20
95
152
64
216
95
Population au chômage (18-59 ans)
573
295
854 1018 687 1813 314
97
Total
zone
2
770
14
472
175
48
705
380
40
119
2065
153
489
1068
469
1563
1241
135
1415
10443
660
3222
4239
2162
6196
4937
446
275
691
3358
L’analyse par tranche d’âge, montre que le chômage est perceptible pour les moins de 30 ans,
plus précisément entre 20 et 30 ans (tableau tranche d’âge). Dans cette tranche d’âge, le
nombre le plus élevé de chômeurs se trouve à la cité El Habib. Ils représentent 55% de la
population totale des chômeurs dans la zone d’étude et pas moins de la même population dans
la cité El Habib. C’est dans l’arrondissement d’El Médina qu’on enregistre le moins de
chômeurs. Soit 11,5% de toute la population de chômeurs de la zone d’étude.
Tableau 31 : Population au chômage par tranche d’âge dans la zone d’étude
El Médina
El Habib
Thyna
Total zone
d’étude
18-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
50-54
55-59
Total
40
144
164
104
70
43
30
15
6
616
118
473
515
241
200
92
64
31
25
1759
112
303
213
124
76
70
42
31
12
983
270
920
892
469
346
205
136
77
43
3358
Par niveau éducatif, ce sont les exclus du primaire et du secondaire qui sont les plus
demandeurs d’emplois (Tableau 32). Ces deux catégories représentent plus de 70% de
l’ensemble des chômeurs de la zone d’étude. Elles sont très perceptibles à El Habib et à
Thyna.
Les diplômés du supérieur demandeurs d’emplois sont très présents dans la zone d’étude. Ils
représentent environ 24% (soit environ un chômeur sur quatre) de la population des
chômeurs.
Tableau 32 : Population au chômage par niveau éducatif dans la zone d’étude
Néant
Primaire
Secondaire
Supérieur
Total
El Médina
26
161
243
411
884
El Habib
73
531
569
324
1700
Thyna
115
464
278
63
983
Total zone
d’étude
214
1156
1190
798
3358
98
IX. 2- Activités économiques
IX. 2-1 L’activité de l’extraction de sel
De par son rôle économique (satisfaction des besoins du marché local et d’exportation)
écologique
(facteur
d’attraction
des
espèces
ornithologiques
pour
hivernation
et
sédentarisation) physico-naturel (source de richesses alimentaires de type macro- benthique) et
social (création d’emplois directs et indirects), l’activité des salines est à conserver voire même
à protéger même si elle crée une coupure dans l’utilisation de la côte et un écran quant à
l’accessibilité de la mer (Photo 4). Cette activité ne pose pas de contrainte sérieuse quant au
développement durable de la zone. Des mesures juridiques de protection sont à envisager afin
d’éviter une délocalisation facile de cette activité dans un autre site du pays.
IX. 2-2 -L’activité industrielle
Actuellement l'industrie sfaxienne compte environ 2300 entreprises, ce qui représente environ
20% du tissu national. En fait la ville de Sfax s'est affirmée ville industrielle depuis les années
60 (Karray et al, 1998).
Les salins de Sfax sont entourés sur plus de ses deux tiers par des agglomérations dont la
majorité sont des zones industrielles (Fig 14):
§
Zone industrielle Madagascar,
§
Zone industrielle Sidi Salem,
§
Zone industrielle de Thyna.
99
Photos 4 : Saline de Sfax
100
Figure 14 : Carte de localisation des sites industriels dans la zone d’étude
101
IX.2.2.1- Zone industrielle Madagascar
La ZIM est située au Nord des salins et à proximité du port de pêche. Dans cette zone les lots,
pouvant être définis comme étant des usines limitrophes, sont au nombre de 90. En se basant
sur la carte de classification des usines établie selon leur domaine d’activité on peut ressortir
diverses informations. Ces dernières peuvent être résumées dans le tableau 33.
Tableau 33 : Répartition des lots et leurs surfaces selon le domaine d’activité
Activité industrielle
Nombre de lots
Superficie (%)
Conservation de poisson
10
11,34
Industrie mécanique
22
16.6
Menuiserie
7
7,09
Entreposage non frigorifique
3
5.42
Manutention
5
3.49
locaux administratifs
3
2.97
Dépotoirs
4
2,78
Industrie en arrêt
3
2,31
Divers
33
48.13
Il en découle de ces informations que les industries installées dans la ZIM (Fig 15) sont
diversifiées mais les activités sont directement liées au port de pêche. La majorité des industries
sont installées pour répondre aux besoins des pêcheurs. En fait environ 1/3 des lots est occupé
par des industries mécaniques et des minuteries (fabrication et entretien des barques) alors que
10 lots sont réservés à la conservation des produits de mer.
L’élaboration de la carte de classification des usines selon le degré de pollution est basée sur la
nature et la quantité des rejets pour chaque usine (Fig. 16). L’examen de cette carte permet de
ressortir les informations suivantes:
§
Unités non polluantes : 30 lots ;
§
Unités faiblement polluantes : absentes ;
§
Unités moyennement polluantes : 15 lots ;
§
Unités très polluantes : 45 lots.
102
Figure 15 : Carte de répartition actuelle des usines de la zone industrielle Madagascar
Figure 16 : Carte de classification des usines suivant leur degré de pollution
103
On peut alors signaler que les lots dont la classe est très polluante sont les plus fréquents.
En se basant sur les conditions de raccordement au réseau de l'Office National
d’Assainissement (ONAS) obligeant les industries polluantes de disposer de stations de
prétraitement de leurs rejets, on peut ressortir les informations suivantes :
§
Les lots connectés au réseau sont au nombre de 77, ce qui représentent 85% du
nombre total des usines;
§
Les usines qui continuent à évacuer leurs rejets en milieu naturel, (autre que la
mer) sont au nombre de 12 ce qui représente presque 14% du nombre total;
§
Une seule usine continue de rejeter ses eaux usées dans la mer, correspondant
ainsi à 1% du nombre total.
Malgré l'effectif relativement élevé des usines raccordées au réseau de l'ONAS, la présence de
15% d'usines encore non connectées pose des problèmes de pollution non négligeable à
l'environnement. En fait le raccordement au réseau d’assainissement pour cette catégorie
d’industries nécessite un prétraitement des rejets hydriques, étant donné la présence de
polluants pouvant causer des dommages du réseau lui même ou bien pour la fonctionnement de
la station d’épuration.
IX.2.2.2- Zone industrielle Sidi Salem
Elle longe la côte des salins de Sfax au niveau des tables salantes et occupe environ 149
hectares (Fig. 17). La superficie de la zone est occupée majoritairement par des usines. Sur un
total de 270 lots seul 67.7 % sont des lots industriels. Pour le reste des lots 20.3 % sont des
terrains nus, 6.66% sont des habitats et 5.2% sont occupés par l’abattoir et le cimetière
(Tableau 34).
104
Figure 17 : Carte d’occupation du sol de la zone industrielle Sidi salem
Tableau 34 : Répartition de l’occupation du sol de la ZISS
Nature de lot
Nombre de lot
Superficie (ha)
Superficie (%)
Abattoir
1
0.9
0.6
Cimetière
3
5.5
3.7
Dépotoir
10
2.1
1.4
Habitation
13
7.7
5.2
Industrie
183
111
74
Sol nu
55
22
15
105
Sur les 183 lots occupés par des industries, qui représentent 74,2% de la superficie totale, les
domaines d’activités présents sont diversifiés, caractéristiques de toute l’industrie sfaxienne
(Fig. 18). 14 principaux secteurs sont présents dans la ZISS (Tableau 35). Le secteur le plus
important est l’industrie mécanique (34 industries mécaniques et 15 lots destinés à l’entretien).
Tableau 35 : Répartition de la superficie suivant le secteur industriel.
Nature de l’industrie
Nombre de lots
Superficie (ha)
Superficie (%)
Agro-alimentaire
4
4.90
4.38
Bois
10
5.45
4.87
Cuir et chaussure
4
1.26
1.12
Entreposage non frigorifique
10
Filature, tissage et textile
5
4.34
3.87
Huiles et corps gras
6
5.67
5.06
Imprimerie
1
3.66
3.27
Ind. chimique
14
3.81
3.40
Ind. mécanique
34
17.26
15.42
Marché (commerce)
16
13.40
11.97
Parc et garage d'entretien
15
10.00
8.93
Plastique
11
5.67
5.06
Produit de carrière
3
1.27
1.13
Verreries
9
1.76
1.57
Autres
41
24.00
21.44
9.46
106
8.45
Figure 18 : Carte de répartition des unités industrielles de la zone industrielle
de Sidi Salem suivant le secteur d’activité
107
IX.2.2.3- Zone industrielle Port de pêche
La gestion de la zone industrielle du port de pêche relève de l’APIP. Sa superficie est de l’ordre
de 29.5 ha. La figure 19 illustre l’occupation du sol des différentes activités de cette zone
industrielle. A l’instar de la région de Sfax, la production halieutique relative à ce port de pêche
connaît une chute progressive liée principalement à l’exploitation anarchique par l’application
de mauvaise pratique de la pêche. Cette production halieutique pour le port de pêche représente
72 % de la production régionale de Sfax pour l’année 2005. Le tableau 36 présente l’évolution
dans le temps de la production du port de pêche.
Tableau 36 : Production de pêche de Sfax
Année
2002
2003
2004
2005
Production du port de pêche de Sfax
Tonnes/an
17 127
15 651
17 082
16 011
Source : APIP, 2006
IX.2.2.4- Zone industrielle Thyna
Cette zone d’une superficie de 42 ha a été aménagée par l’AFI. 139 lots dont 22 % sont
consacrés aux activités artisanales et petits métiers sont destinés à la vente. Ces lots occupent
une superficie de 35ha. Les espaces verts aménagés dans cette zone occupent 2ha. La figure 20
présente les aménagements réalisés dans la zone industrielle de Thyna.
108
Fig 20 : Zone industrielle de Thyna
109
IX. 3 - Activité de la pêche dans la ville de Sfax
Seul l’espace côtier de Gargour est support de l’activité de la pêche avec l’existence d’une petite
crique abritant une pêche côtière et une culture de palourdes qui s’étale aux zones environnantes
propices. S’il est anti-économique d’envisager l’aménagement d’un port de pêche avec toutes ses
infrastructures d’accompagnement du fait de la proximité immédiate des ports de
Sfax et
Maharès, il est néanmoins indispensable d’éviter le vivotement de l’activité de la pêche dans la
zone littorale Sud. De ce fait, il est indispensable de doter Gargour de moyens infrastructurels et
techniques permettant de soutenir les activités existantes voire les développer dans un cadre
organisé et ce par la consolidation de la crique actuelle et l’édification d’une jetée de protection.
Quant à la culture de palourde, elle nécessiterait un soutien financier et institutionnel afin de
mieux garantir l’écoulement de la production.
Le Golfe de Gabès est caractérisé par un plateau continental très étendu est doté d’une richesse
biologique importante.
Cette zone est considérée comme la région la plus importante pour la pêche maritime
tunisienne. Cependant, en plus de la pollution anthropique fréquente dans la région, elle soufre
d’une exploitation anarchique par l’application de mauvaise pratique de la pêche. Ces pratiques
ont entraîné la surexploitation du stock benthique et la diminution de certaines espèces
particulièrement présentant une forte valeur marchande.
A Sfax premier port de pêche en Tunisie, la production nationale a atteint en 1990, 26800
tonnes présentant ainsi un taux de 30% de la production nationale (88613t/an). La pêche côtière
prédomine dans le golfe de Gabès, elle présente 53% de la production (Bradaï, 1992).
Les données statistiques relatives à la flottille active au niveau du port de pêche à Sfax (données
port de pêche de Sfax), montre une stabilité au cours de cette dernière décennie (Tableau 37).
Tableau 37 : Flottille de pêche du port de Sfax
Année
1980
1990
1995
2000
2005
Chalutier
125
249
260
266
262
Thonier
1
12
32
25
37
Barque à moteur
125
216
248
-
213
Barque à voile et rampe
76
82
73
-
82
110
A partir de 1974 et suite aux encouragement de l’état du secteur de la pêche, le nombre de
chalutier a atteint 109 en 1976. Depuis les années 90 le nombre de ces derniers s’est stabilisé à
des valeurs voisines de 260. La production halieutique du gouvernorat de Sfax a atteint des
valeurs maximales à la fin des années 80, elle est de l’ordre de 27000 tonnes en 1990. Le
tableau 38 présente la production halieutique lié au port de pêche de Sfax.
Tableau 38 : Production de pêche du gouvernorat de Sfax
Année
Production Tonnes/an
1980
19 000
1990
26 847
1995
2000
21 200
24 760
2005
22 240
Source : APIP, 2006
A partir de la mise en vigueur de la nouvelle réglementation en 1994 relative à la taille des
poissons pêchés, la production de la région de Sfax fluctue entre 22000 et 24000 t/an.
les principales espèces débarquées par chalutage benthique, on distingue la crevette royale
Penaeus kerathus, la sèche commune Sepia officianalis, le rouget blanc Mullus barbatus, le
rouget rouge Mullus surmeletus et le pageau commun Pagellus erythrinus.
En 1981, le rouget rouge et le rouget blanc étaient les espèces les plus pêchées. Ils représentent
23.5% de la production totale, suivie par le pageau (15%), la crevette royale (12%) et la seiche
(9.5%). La pêche de cette dernière a progressé à 19.5% en 1988, (Bradai 1991).
Cette progression est expliquée en partie par la pratique d’une pêche dirigée vers les espèces
exportables (crustacés et céphalopodes) donc fort rémunératrices et à écoulement sur.
Cette exploitation dirigée sur certaines espèces destinées à l’exploitation est réalisée au
détriment des poissons et espèces de faible valeur marchande.
Ces poissons ou ces espèces de valeur commerciale importante, présentaient au début des
années 80 une production de l’ordre de 10% par rapport à la production totale. Actuellement et
suite à cette pêche ciblée la part de ces espèces ne dépasse pas ces dernières années un taux de
4%.
111
IX. 4 - Activité portuaire
Le port de commerce de Sfax, avec son infrastructure spécialisée a assuré, en 2000, 25% des
échanges nationaux en tonnage et 20% en 2004 (Tableau 39). Il témoigne de l’importance de
l’ouverture de Sfax sur la sphère internationale.
Tableau 39 : Trafic global de marchandises en t/an (conteneurs inclus)
2001
2002
2003
2004
2005
Import
2.258.000
2.530.000
2.216.000
2.056.000
2.287 238
Export
2.515.000
2.365.000
2.268.000
2.186.000
2.241 182
TOTAL
4.773.000
4.895.000
4.484.000
4.242.000
4.528 420
Les phosphates correspondent à 72% du tonnage exporté en 2004 alors que les céréales et le
soufre représente 60% du tonnage importé. En 2005, les phosphates représentent pratiquement
le même taux du tonnage exporté alors que la part du céréale et du soufre atteint 73% du
tonnage importé (Tableau 40).
Tableau 40 : Principaux produits enregistrés au niveau du port de Sfax (T/an)
2001
IMPORT
Céréales
Soufre
Bois
Divers
EXPORT
Phosphate
dérivés
Taux /National
Sel
Huile d’olive
Divers
&
2002
2003
2004
2005
720 321
967 108
661 300
528 833
707 499
616 343
698 846
784 353
687 171
678 088
141 405
143 144
135 746
162 695
161 457
342 729
309 004
293 867
281 665
331 999
1.872 353
1.958 214
1.707 211
1.577 437
1.630 485
74 %
82 %
75 %
72 %
73,5 %
425 802
267 190
376 575
248 145
364 787
74 497
15 826
33 125
166 510
83 363
87 956
92 849
151 632
194 454
138 576
112
La composante phosphate et dérivés renferme :
§
le phosphate nature du CPG (Compagnie phosphate de Gafsa),
§
le Triple Super Phosphate (TSP) du Groupe Chimique Tunisien (GCT),
§
le phosphate granulé de la société GRANUPHOS avec production moyenne de
35 000 t/an.
Avec la bonne récolte oléicole, les expéditions d’huile d’olive ont connu au cours de l’année
2004 un essor remarquable de 458% atteignant 194 000 tonnes contre 35 000 en 2003. Ce
produit chargé en quasi-totalité à partir du port de Sfax est destiné à concurrence de 75% pour
l’Italie (OMMP, 2004).
La présentation de certains indicateurs est révélatrice du poids de cette infrastructure portuaire
(El Hbaieb, 2003) :
§
Le port accueille près du 1/5 des navires accostant en Tunisie. Leur répartition
par type montre qu’il s’agit à 42,2% de navires spéciaux, à 28,2% de navires
vraquiers et 26,3% de navires conventionnels, mais seulement à 2,4% de porte
conteneurs (Tableaux 41 et 42).
§
Il assure ¼ des échanges extérieurs nationaux (pour la période 1998-2002) se
positionnant, par là, au second rang des ports tunisiens après Tunis la Goulette Rades.
§
Les produits tunisiens exportés embarquent à hauteur de 37% de Sfax.
Tableau 41 : Trafic conteneurs du port de Sfax (T/an)
2001
2002
2003
2004
2005
Import
37 836
51 564
59 779
81 216
91 429
Export
1 420
12 017
45 762
54 863
68 912
TOTAL
39 256
63 581
105 541
136 079
160 341
Tableau 42 : Trafic conteneurs du port de Sfax (EVP)
2001
2002
2003
2004
2005
Import
2 636
4 607
5 887
7 263
8 343
Export
2 443
3 467
5 512
6 870
7 385
TOTAL
5 079
8 074
11 399
14 133
15 728
113
EVP : Equivalent vingt pieds (6m)
IX. 5 - Les activités récréatives
Le littoral Sud offre à la population sfaxienne la possibilité de s’adonner à des activités
balnéaires (la plage de Chaffar). Par ailleurs, cette zone offre d’autres potentialités récréatives
de premier ordre dont notamment, au niveau de Thyna, le parc urbain, la zone humide avec sa
riche réserve ornithologique, et le site archéologique de l’antique Thaïna témoin du passé
civilisationnel romain et byzantin (130 ha riches en monuments et vestiges prestigieux).
Malgré leur dimension supra - locale, ces potentialités ne sont pas encore suffisamment
connues par la population de la zone, car non suffisamment mises en valeur.
IX. 5. 1 - Tourisme culturel
La ville de Sfax, riche en histoire, possède des sites permettant une lecture civilisationnelle
riche d’enseignements et notamment le site archéologique de Thyna. Celui - ci, noyau primitif
de la ville sur son littoral sud, facilement repérable par le phare de Thyna, permet une étude
des civilisations ayant défilé à travers les âges. Ce site peut être valorisé pour le touriste par
d’autres potentialités historiques telle celles offertes par la Médina. Celle - ci, riche en fresque
du IXe siècle avec ses remparts, entièrement conservés, sa grande mosquée, ses souks
spécialisés, son cachet arabo-musulman typique et ses ateliers d’artisanat utilitaire ancestral
garde jusqu’à nos jours ses spécificités fonctionnelles et urbanistiques attractives. La période
coloniale a en outre donné à la ville un cachet particulier toujours vivace notamment dans les
quartiers de Bab El Bhar et du vieux port de pêche (Chott El Krekna) ayant dernièrement fait
l’objet d’une opération de restauration.
IX. 5. 2 - Tourisme écologique
La zone d’étude disposant à Thyna d’une zone humide, aire de nichage et de sédentarisation
de diverses espèces ornithologiques dont certaines sont rares (aigrettes, garzettes phase
foncée) ou menacées (grandes aigrettes, spatules blanches, glaréoles à colliers, sternes hansel,
grands cormorans, courlis à bec grêles) alors que d’autres sont réputées pour leur beauté
(flamants roses, avocettes, goélands). La zone humide est renforcée de façon adjacente par le
parc Urbain de Thyna et qui dans sa forme définitive (57 ha) pourra jouer le rôle d’un ballon
d’oxygène utile et nécessaire pour la ville et une aire d’attraction pour la population locale et
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extra - locale. En vue de leur promotion touristique, ces deux entités gagneraient à être dotées
d’équipements de base et d’installations minimales permettant l’accueil, l’information et la
formation de visiteurs concernés ou à intéresser par les particularités de la faune et de la flore
existantes (observatoire scientifique, miradors, éco-musées, circuits de visites...).
L’existence de deux autres entités limitrophes, à caractère écologique distinctif, peut
consolider encore plus cette vocation touristique à développer. En effet, la zone humide de
Thyna regarde de près deux autres sites naturels particuliers, celui de Gremdi à Kerkennah et
l’île de Kneïs au large du golfe de Gabès qui peuvent consolider fort avantageusement l’idée
d’un développement touristique écologique.
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