les enfants : l`espoir d`un continentp.6
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les enfants : l`espoir d`un continentp.6
Enfants Partout de numéro 131 La revue des donateurs du BICE aoÛt 2012 – trimestriel - prix 2€ Avec Vous : Alessandra Aula nouvelle Secrétaire Générale du BICE p.3 en direct du terrain : Neuf pays unis pour une justice qui ne condamne pas les enfants p.4 Spécial AfriquE Les enfants : l’espoir d’un continent p.6 www.bice.org Edito Sommaire p. 3 Avec VousI L'engagement de la nouvelle Secrétaire Générale du BICE p. 4 à 5 En direct du terrainI -Un programme de justice restauratrice sur deux continents - Courir contre le handicap p. 6 à 7 DossierI Les enfants d’Afrique, un enjeu au-delà du continent p. 8 L’agenda des manifestations pour l’enfanceI PoèmeI Chaque visage est un miracle Passage de témoin Chers amis Virginie Dhellemmes, Secrétaire Générale du BICE, nous quitte cet été au terme d’un mandat de 5 ans pour se lancer dans une aventure qui lui ressemble et qui suscite notre admiration : une mission humanitaire de deux ans en Amérique latine qu’elle mènera avec son époux et leurs 4 enfants. Au cours de ces 5 années d’intense investissement, Virginie aura profondément renouvelé et modernisé le BICE, constituant autour d’elle une formidable équipe à laquelle elle lègue aujourd’hui son professionnalisme, son enthousiasme et une profonde foi dans l’enfance. Nous avons eu l’occasion de lui exprimer notre profonde gratitude pour son magnifique travail. Alessandra Aula, Secrétaire Générale adjointe et représentante du BICE auprès de l’ONU à Genève depuis 2009, a été désignée par le Conseil d’administration pour la remplacer. Son engagement de longue date pour les droits de l’homme et les droits de l’enfant comme sa grande connaissance des institutions internationales et du BICE la désignaient naturellement pour cette responsabilité. Nous la remercions de l’avoir acceptée et lui souhaitons plein succès dans sa nouvelle mission ! En même temps que ce passage de relais, le BICE achève sa réorganisation en Afrique. Décidé il y a deux ans, le processus d’autonomisation de nos antennes locales a franchi une étape importante avec la constitution d’organisations nationales de droit local qui créent une nouvelle dynamique pour notre action en Afrique, où l’enjeu des droits de l’enfant est immense. Les résultats sont déjà là (voir pages 4 et 5), la réorganisation et les orientations stratégiques en cours vont les démultiplier. Peu à peu en effet, nous coordonnons sous forme de programmes les projets menés dans plusieurs pays et continents. Cette nouvelle approche renforcera nos moyens d’action et la portée de notre plaidoyer. Cette recherche d’efficacité, nous la devons aux enfants, comme à vous, chers donateurs qui nous soutenez. Avec ce numéro vous pourrez aussi parcourir « L’Essentiel 2011 » qui vous permettra d'avoir une vision synthétique du chemin parcouru l’année dernière et des moyens mis en œuvre. Très bonne lecture d’Enfants de Partout. Yves Marie-Lanoë, Président du BICE De vous à nous Merci pour votre soutien Aujourd’hui, coup de projecteur sur l’opération « Bol de semoule » que le collège du Prieuré à Craon (53) a organisé à l’occasion du Vendredi Saint. Ce jour-là, les élèves volontaires se sont contentés d'un bol de semoule au déjeuner et l'argent ainsi économisé a été reversé au BICE. Nous venons également de recevoir le fruit annuel de la collecte organisée par la Paroisse Saint Timothée en Forez (42), avec ce mot qui nous a beaucoup touchés : « Les enfants de 2- Enfants de Partout notre paroisse sont habitués à venir déposer quelques pièces cuivrées au pied des autels de nos églises… Ces enfants et leur famille ont été sensibilisés aux difficultés que rencontrent d’autres enfants dans le monde. » Enfin, les enfants du catéchisme de Notre-Dame de Vincennes (94) se sont mobilisés pour le BICE lors d’une messe célébrée le 24 juin, suivie d’une vente d’objets, plantations et gâteaux au profit de notre association. Nous remercions tous les enfants et familles qui se sont ainsi impliqués dans ces actions de partage au bénéfice des enfants plus vulnérables. Nous sommes à votre disposition pour vous aider à organiser une initiative de ce type, n’hésitez pas à nous contacter au 01 53 35 01 03 ! Avec Vous Alessandra Aula, nouvelle Secrétaire Générale du BICE Secrétaire Générale adjointe en charge du plaidoyer depuis 2008, Alessandra Aula vient d'être nommée Secrétaire Générale de notre organisation. Découvrez son parcours, son engagement et ses objectifs pour le BICE. Dans quel état d’esprit abordez-vous vos nouvelles fonctions ? Plusieurs sentiments coexistent actuellement chez moi. Tout d’abord un sentiment de gratitude envers les administrateurs et le Président du BICE, qui m’ont accordé leur confiance pour mener cette mission passionnante pour laquelle je m’engage totalement : être au service des enfants et du BICE. En parallèle, je ressens aussi la grande responsabilité et l’engagement qui vont avec ce poste. Virginie Dhellemmes, à qui je succède, a mis la barre très haut. J’ai donc pleinement conscience de mon devoir de continuer à développer les actions du BICE dans les années à venir. Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ? Un premier objectif ambitieux est de rassembler petit à petit les projets déjà bien connus de nos donateurs en « programmes multi-régionaux ». Comme c’est déjà le cas pour la lutte contre la maltraitance, il s’agit de consolider les acquis et les forces de projets existant indépendamment dans plusieurs pays sur une même thématique pour en démultiplier la force grâce à des actions simultanées. Il faudra ainsi faire vivre ou démarrer les programmes concernant les enfants victimes de violence et d'abus sexuel, les enfants handicapés et les enfants en conflit avec la loi, en allant vers une cohésion toujours plus forte avec nos partenaires. Le BICE souhaite également consolider et développer son réseau d’organisations membres et pour ce faire s'est doté d'un ensemble d'instruments. Il nous faut également continuer à mettre en œuvre la politique de protection de l'enfance du BICE, en travaillant au quotidien avec nos organisations membres et partenaires. Enfin, pour mener à bien toutes ces missions, le développement des ressources financières du BICE est évi- demment un défi important. La situation économique est difficile actuellement, nous en avons conscience. J’aurai à cœur de trouver constamment des sources de financement, tout en restant fidèle à nos principes. Vous avez une grande expérience dans le plaidoyer auprès des organisations internationales. Comment celle-ci pourra-t-elle renforcer le travail qui se fait auprès des enfants sur le terrain ? Le plaidoyer doit aller de pair avec la formation. Si l'on veut que les organisations locales avec lesquelles nous travaillons sur le terrain puissent continuer à défendre les droits et la dignité des enfants qu'on accompagne, il faut aussi renforcer leurs capacités. Il faut absolument renforcer le pont entre le terrain et les instances internationales. Mon objectif est que ces organisations soient formées et puissent elles-mêmes donner leurs témoignages et renforcer la défense des enfants auprès des autorités régionales, nationales et internationales, comme à l’ONU où nous avons un statut consultatif. Le travail de terrain et le plaidoyer vont main dans la main pour travailler efficacement pour les enfants. Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux donateurs du BICE ? C'est grâce à tous nos donateurs, des plus modestes aux plus fortunés, que l’on peut soutenir chaque enfant et lui permettre « d'être debout », de se prendre en main face à tout ce que la vie va lui donner de bon et de mauvais. A tous ces donateurs, que je remercie bien sûr du fond du cœur, je voudrais dire autre chose : au BICE, les équipes sont engagées et solidaires de la cause des enfants. Cela peut paraître une évidence, mais il est important de le souligner, car leur motivation personnelle et leur expérience professionnelle sont un gage de confiance et de sérieux dont les donateurs peuvent être assurés. Au BICE, il y des personnes qui travaillent avec leur tête, mais aussi avec leur cœur et cela me paraît vraiment quelque chose de précieux. Et à cette richesse des équipes s’additionne la richesse des organisations locales, qui toutes ensemble forment ce mouvement qui se mobilise pour la dignité et les droits de l'enfant dans le monde entier. Un parcours centré sur les droits de l’enfant et de l’homme Alessandra Aula a commencé à travailler aux Nations Unies en 1991 alors qu’elle était encore étudiante. Diplômée en sciences politiques à l’Université de Genève, elle a poursuivi son engagement pour la défense des droits de l'homme au sein d’organisations comme Pax Christi International et Franciscains International. En 2008, elle a rejoint le BICE où elle exerçait jusqu'à présent les fonctions de Secrétaire Générale adjointe et Représentante Permanente auprès de l'ONU. Quadrilingue et très expérimentée sur les problématiques liées aux droits de l’enfant, Alessandra Aula est une personnalité reconnue dans le monde des ONG pour son expertise et intervient régulièrement pour animer des sessions et formations sur l’invitation de nombreuses institutions. Enfants de Partout - 3 En direct du terrain Justice Juvénile Parler d’une seule voix pour aider les enfants à reconstruire leur liberté Changer le regard sur les enfants en conflit avec la loi, trouver d’autres réponses que la prison, miser sur la réinsertion… Depuis des années le BICE s’est engagé en ce sens en Amérique latine et en Afrique. Aujourd’hui, un programme commun se met en place sur ces deux continents. Un gage supplémentaire d’efficacité et d’impact, comme nous l’explique Anne-Laure François, chargée de programmes au BICE. Les adolescents suivis en Colombie reçoivent une formation professionnelle. Le projet Enfance sans barreaux va s’étendre à l’Afrique. Pourquoi un même projet sur deux continents ? Le BICE oriente de plus en plus ses actions vers des programmes transversaux. Nous plaidons en Afrique et en Amérique latine depuis longtemps pour une justice juvénile qui ne condamne pas simplement les enfants. Nos projets sur ces deux continents présentaient des similitudes, d’où l’intérêt de coordonner les efforts et les pratiques. Nous gagnons en cohérence, en efficacité. Notre influence est renforcée, nous sommes encore plus légitimes pour parler de ce qui se passe sur le terrain. Dans le cas de la justice juvénile, en quoi consiste ce programme ? Il réunit les 5 pays d’Amérique latine qui participaient de 2009 à 2011 au projet Enfance sans barreaux, à savoir le Brésil, la Colombie, l’Equateur, le Guatemala et le Pérou, auxquels s’ajoutent les 4 pays d’Afrique où le BICE développait déjà des projets sur la justice juvénile : la Côte d’Ivoire, le Togo, le Mali et la RDC. Dans tous ces pays, il s’agit de poursuivre et de consolider les résultats déjà obtenus. Et cela avec toujours le même objectif : l’application d’une justice juvénile dite « restauratrice », c’est-à-dire qui permette au jeune de comprendre les conséquences de son acte et de le réparer afin de se reconstruire et de se réinsérer. Le programme se déploie au niveau de tous les acteurs, enfants mais aussi adultes. Pourquoi une cible si large ? Parce que tout marche ensemble. Sur les deux continents, on a encore trop tendance à mettre des enfants en prison, même pour des délits mineurs. Ils n’y reçoivent ni éducation, ni formation, ni visite de leur famille, et en ressortent détruits. Nous apportons bien sûr notre soutien psychologique, alimentaire, à ces enfants. Mais encore faut-il obtenir qu’à l’avenir, les services de justice leur évitent la privation de liberté pure et simple, en privilégiant des peines sous forme de services à la communauté. Et cela ne suffira pas non avec 120 €, vous plus si l’enfant est ensuite donnez la possibilité rejeté par sa communauté à un adolescent et si personne ne veut plus d’apprendre un l’embaucher. D’où l’impormétier et suivre une tance de traiter tous les formation pendant un an. Merci ! aspects du problème. 120 € , 4- Enfants de Partout Comment de tels changements se mettent-ils en place ? Par un important travail de sensibilisation et d’information auprès des autorités, des communautés, des familles, mais aussi des médias. Nous passons des accords de partenariat entre les juges et les travailleurs sociaux, ou avec les entreprises pour qu’elles s’engagent à embaucher ces jeunes. Nous organisons des formations à l’attention de toutes ces populations. Nous animons des ateliers pour apprendre aux parents à jouer leur rôle protecteur. Toute cette somme d’expériences fait l’objet de publications, de séminaires. Elle nous donne l’assise et l’autorité suffisante pour organiser un congrès international qui se tiendra à Paris, du 25 au 26 juin 2013. Cellule à la brigade des mineurs à Lomé au Togo. √ Pour plus d'informations sur ce programme : www.bice.org Handicap Courir contre le handicap Le 17 juin dernier, une équipe participait à la Course des Héros en faveur du projet du BICE pour les enfants handicapés de Côte d’Ivoire. L’occasion de refaire le point sur notre action de longue date dans ce domaine. ∏ La réalité sur le handicap peut être brutale en Afrique : en raison de la faiblesse des systèmes de santé et de vaccination, des maladies comme la poliomyélite ou la méningite font encore de gros dégâts. Les enfants handicapés y sont par conséquent nombreux et les croyances ancestrales ne leur sont pas favorables. Bien que les mentalités évoluent peu à peu, ces enfants continuent de susciter méfiance et crainte. Les familles, souvent très pauvres, ont parfois tendance à les délaisser au profit de leurs frères et sœurs bien portants. Un engagement de longue date Impla nté da ns la ba n lieue d’Abidjan depuis 1987, le BICE y a créé un centre d’accueil et d’éducation qui a aujourd’hui l’agrément des services de l’Etat. Malgré les progrès en termes d’éradication des maladies enfantines invalidantes (grâce aux efforts de l’OMS, aucun cas de polio n’a été enregistré depuis 3 ans !), le problème du handicap demeure très présent dans les quartiers pauvres de la capitale, toujours par manque de moyens et de soins. Beaucoup d’enfants souffrent de troubles mentaux ou handicaps physiques causés par un accouchement qui s’est 80 Avec €, 80 euros mal passé. D’autres gardent des séquelles graves à la suite de petits traumatismes physiques laissés sans soins. Le Centre du BICE leur assure un service complet de consultation, rééducation fonctionnelle, intervention chirurgicale, mais aussi d’assistance psychologique et sociale, d’ateliers d’apprentissage… Une course motivée De telles prestations ont bien sûr un coût important. C’est pourquoi le BICE a proposé à ses donateurs de participer cette année à la Course des Héros, une initiative originale qui permet de récolter des fonds en faveur d’une cause. Notre équipe de 8 héros volontaires a couru le 17 juin dernier à Paris et a récolté plus de 4 000 €, de quoi couvrir les frais Des enfants en or Vous vous en souvenez peut-être. L'été 2011, cinq des enfants du Centre du BICE ont participé aux jeux Olympiques Spéciaux d’Athènes. Malgré la crise politique ivoirienne qui les a contraints à à s’entraîner dans des conditions extrêmement de médicaments de 50 enfants pendant plusieurs mois. Nous les en remercions chaleureusement et espérons que cette première édition sera suivie de bien d’autres ! perturbantes, trois d’entre eux ont été récompensés par une médaille d’or pour leur victoire dans l’équipe de basketball, arrivée en finale face à la Syrie. Une preuve de plus que le handicap ne saurait résumer à lui seul la vie et les espoirs d’un enfant ! L'équide du BICE constituée de 8 coureurs a collecté 4 200€. Côte d’Ivoire √ Pour plus d'informations sur ce projet : www.bice.org vous couvrez les frais médicaux d'un enfant pendant 10 mois. Merci ! - 5 Dossier En Afrique, miser sur l’enfance Le 16 juin dernier avait lieu la Journée de l’Enfant Africain. Enfants de Partout en profite pour rappeler les efforts, les difficultés et les espoirs de ce continent malmené. ∏ « Nous reconnaissons que l’avenir de l’Afrique réside da ns le bien-être de ses enfants et de ses jeunes. ... Investir aujourd’hui dans les enfants, c’est assurer la paix, la stabilité, la sécurité, la démocratie et le développement durable de demain ». Tout est dit dans cette position prise à l’unanimité au Caire en 2001 par les chefs d’Etats des pays de l’Organisation de l’unité africaine. Sur un continent où les enfants et les jeunes représentent plus de la moitié de la population, ceux-ci doivent en effet être au cœur de toutes les politiques et de toutes les préoccupations. La réalité des chiffres Mais qu’en est-il vraiment ? En Afrique subsaharienne, région qui compte à elle seule 48 des 54 pays d’Afrique, le taux de mortalité enfantine reste inacceptable. Chaque année en effet, 27 millions d’enfants y naissent et 4,7 millions d’enfants de moins de 5 ans y meurent, soit 163 morts pour 1 000 enfants, deux 6- Enfants de Partout fois plus que dans le reste du monde en développement et 30 fois plus que dans les pays industrialisés. Quant aux enfants qui restent en vie, on peut hélas prédire que 65% seront confrontés à la pauvreté, 14 millions seront touchés par le SIDA, directement et dans leur famille, et un tiers souffriront d’exclusion en raison de leur sexe ou leur origine ethnique. prouvent en effet que l’éducation est un des facteurs d’amélioration du capital humain tout au long de la vie. Quels responsables pour quel avenir ? Les problèmes énormes que rencontrent la majorité des enfants africains tiennent souvent à la difficulté de leurs familles à prendre soin d’eux. La crise, la pauvreté, Des progrès non l’aggravation des conditions de trades enfants nés négligeables en Afrique seront vail des parents et le fort taux de Pourtant, les progrès sont bien confrontés à la SIDA chez les femmes expliquent réels. Entre 2000 et 2004, la mor- pauvreté qu’un nombre croissant de familles talité infantile des moins de 5 ans ne parviennent plus à assurer leurs a été réduite dans 7 pays, parfois responsabilités. C’est alors aux Etats notoirement, comme au Malawi de s’acquitter de leurs devoirs envers et en Tanzanie, avec une baisse de leurs citoyens en fournissant une plus de 20%. La Banque Mondiale, protection et des systèmes de souqui vient de publier un ouvrage tien appropriés à ces familles et des d’études et de réflexions sur la situaservices de qualité à tous les enfants. tion de la petite enfance en Afrique Le rappel des ONG se réjouit également du pourcentage L’Unicef l’a rappelé en 2010, lors croissant d’enfants qui entrent au de la Journée de l’enfant africain : cours pré-primaire et de garçons et une grande partie des millions de filles qui obtiennent un diplôme d’enfants qui meurent avant 5 de l’école primaire. Ces progrès sont ans sur le continent pourraient déterminants. Toutes les recherches 65% Interview Docteur en droit d’origine centrafricaine, Ghislain Patrick Lessene est Enseignant- chercheur au Centre d’Enseignement et de Recherche en Action Humanitaire (CERAH) de Genève. Il nous donne sa vision de l’aide à l’enfance en Afrique. « Les associations de défense des droits de l’enfant sont celles qui rendent le plus grand service à l’Afrique. » Quel a été l’impact de la Charte africaine du bien-être et des droits de l’enfant de 1999 ? être sauvés si l’on investissait davantage dans les services et les infrastructures sanitaires de base. Les gouvernements africains s’y sont engagés. Ils ont résolu de consacrer 15 % de leur budget national à la santé, 20% à l’éducation et 10 % à l’agriculture, ainsi que 0,5 % de leur PIB à l’amélioration de l’eau et de l’assainissement. Si ces promesses sont tenues, les résultats seront au rendez-vous. Car comme l’ont prouvé de nombreux pays à faibles revenus, comme le Malawi cité plus haut, il est possible de diminuer considérablement le taux de mortalité enfantine en investissant prioritairement dans le développement humain. « Les investissements réalisés aujourd’hui dans l’enfance bénéficieront aux futures générations, » rappelle Anthony Lake, Directeur général de l’Unicef. Nous ne pouvons que lui donner raison. Sources : Unicef. Organisation de l’Unité Africaine. Banque mondiale : L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique, Soins et développement de la petite enfance en Afrique subsaharienne. La Charte africaine du bien-être et des droits de l’enfant constitue une étape importante dans la reconnaissance juridique de la prise de conscience que l’enfant est un bien de la communauté. Elle peut être qualifiée d’« africanisation » de la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989. Tout l’enjeu maintenant est de rendre ces textes accessibles pour que les populations se les approprient, pas seulement dans les capitales, mais aussi dans les provinces et les villages africains. Je le dis souvent à mes étudiants, il faudrait adopter une stratégie de communication comme celle des grandes marques internationales de sodas, car la politique que nous menons ne sera rentable à long terme que si nous touchons le plus grand nombre, voire tout le monde. Comment mieux promouvoir les droits de l’enfant ? L’Organisation de l’Unité Africaine (devenue Union Africaine en 2002) a créé une journée de l’enfant Africain, célébrée le 16 juin de chaque année, au cours de laquelle les ONG organisent toutes sortes de manifestations et d’ateliers d’information et de sensibilisation sur les droits de l’enfant. Les ONG sont déterminantes pour la promotion des droits de l’enfant et pour proposer des solutions simples et efficaces aux Etats. Elles jouent également un rôle important dans la dénonciation des violations constatées sur le terrain, ce qui a un impact réel sur les populations et sur les gouvernements. Car au-delà de la prise de conscience des populations, il faut une volonté politique. Les gouvernements africains vous diront qu’il n’y a pas d’argent, mais ce n’est pas totalement vrai. Ce qui manque réellement, c’est une volonté politique claire et déterminée dans la mise en œuvre des textes souverainement ratifiés. Vous nous encouragez donc à poursuivre nos efforts ? Tout à fait. Il est indéniable que les associations qui militent pour les droits des enfants, comme le BICE, sont celles qui rendent le plus grand service à l’Afrique puisqu’elles contribuent à l’épanouissement de futurs décideurs. Dans 10, 15 ans, quand la jeune génération qui aura été formée aux droits de l’homme et à la pratique du dialogue accèdera au pouvoir, elle aura acquis une nouvelle façon de gérer l’Afrique en raison du changement effectif de mentalité résultant des actions actuelles. J’aimerais ajouter une chose primordiale. En plus des acteurs étatiques et de la société civile classique, il faudrait renforcer les capacités des acteurs confessionnels. En effet, les droits de l’enfant seraient plus rapidement effectifs en Afrique si on impliquait les acteurs religieux qui détiennent une autorité morale reconnue face aux gouvernements. Or ils sont encore très loin d’avoir intégré les droits de l’enfant dans leurs activités. Enfants de Partout - 7 L’agenda des manifestations pour l’enfance 11 octobre 20 novembre 4e conférence « Les droits de l’enfant et leur dimension culturelle ». Le cycle de conférences et colloque sur le thème de l’enfance en quête de sens, que le BICE organise en partenariat avec l’Institut Catholique de Paris tout au long de l’année 2012 se poursuit. La 4ème et dernière conférence, avant le colloque de clôture en décembre, a pour thème les droits de l’enfant et leur dimension culturelle. Le sujet sera traité par Patrice Meyer-Bisch de l’Université de Fribourg en Suisse, et Pascale Boucaud de l'Université Catholique de Lyon. Vous êtes les bienvenus à cette conférence qui se tiendra le jeudi 11 octobre, de 19h à 20h30, à l’Institut Catholique de Paris. Pour en savoir plus : www.colloqueenfance.com Enfances dans le monde à nouveau à l’affiche Le BICE avait initié à Paris, le 20 novembre 2010, un festival de films documentaires intitulé Enfances dans le monde. Cette initiative est reconduite sur deux jours, les 19 et 20 novembre 2012, au cinéma les 7 Parnassiens à Paris. Une façon percutante de célébrer la Journée Mondiale des droits de l’enfant : ce festival donne l’occasion d’intéresser la presse et le grand public aux situations parfois tragiques que vivent tant d’enfants dans le monde entier. Il permet également d’y sensibiliser les plus jeunes, grâce à des séances organisées avec les écoles. Découvrez notre programmation 2012 sur notre site www.enfancesdanslemonde.com ou notre page Facebook. Parlezen autour de vous, nous vous y attendons nombreux ! Poème Chaque visage est un miracle Un enfant noir à la peau noire, aux yeux noirs, aux cheveux crépus ou frisés, est un enfant. Un enfant blanc à la peau rose, aux yeux bleus ou verts, aux cheveux blonds et raides, est un enfant. L’un et l’autre, le noir et le blanc ont le même sourire quand une main leur caresse le visage, Quand on les regarde avec amour et leur parle avec tendresse. Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie, si on leur fait mal. Il n’existe pas de visage absolument identique. Chaque visage est un miracle parce qu’il est unique. Tahar Ben Jelloun, écrivain et poète marocain. Enfants de Partout N°131 – Août 2012 – Trimestriel - Directeur de publication : Yves Marie-Lanoë – Directrice de la rédaction: Sandrine Tiffreau –Rédacteur en Chef : Pascale Kramer - Secrétaire de rédaction : Adriano Leite – Photos : Couverture : ©A.Leite-BICE ; P2 : ©KT Vincennes ; P3 : ©BICE ; P4 : ©TRC , ©A.Leite-BICE ; P5 : ©A.Leite-BICE, ©Durnez-BICE ; P6 : ©A.Leite-BICE ; P7 : ©Thomas Louapre ; P8 : ©Emmanuelle Pêtre-BICE Maquette : De Villeneuve etAssociés; C.Rocolle – Imprimerie : Uniservices. La Prairie, 91140 Villebon-sur-Yvette– CPPAP : 0912 H83521– Nº ISSN : 02522799–BICE, 70 boulevard de Magenta 75010 Paris – Tél. :01.53.35.01.00 Fax : 01.53.35.01.19 – E-mail : [email protected] – Site internet : www.BICE.org. Ce numéro comporte un encart « legs au BICE » et un encart « L’Essentiel du BICE », encartés sous la 4ème de couverture. Diffusion générale. 8- Enfants de Partout
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