les enfants : l`espoir d`un continentp.6

Transcription

les enfants : l`espoir d`un continentp.6
Enfants
Partout
de
numéro
131
La revue des donateurs du BICE
aoÛt 2012 – trimestriel - prix 2€
Avec Vous :
Alessandra Aula
nouvelle Secrétaire
Générale du BICE p.3
en direct du terrain :
Neuf pays unis pour une
justice qui ne condamne
pas les enfants p.4
Spécial AfriquE
Les enfants : l’espoir
d’un continent p.6
www.bice.org
Edito
Sommaire
p. 3
Avec VousI
L'engagement de la
nouvelle Secrétaire
Générale du BICE
p. 4 à 5
En direct du terrainI
-Un programme de
justice restauratrice
sur deux continents
- Courir contre le
handicap
p. 6 à 7
DossierI
Les enfants d’Afrique,
un enjeu au-delà du
continent
p. 8
L’agenda
des manifestations
pour l’enfanceI
PoèmeI
Chaque visage est un
miracle
Passage de témoin

Chers amis
Virginie Dhellemmes, Secrétaire Générale du BICE, nous quitte cet été
au terme d’un mandat de 5 ans pour se lancer dans une aventure qui lui
ressemble et qui suscite notre admiration : une mission humanitaire de deux ans en
Amérique latine qu’elle mènera avec son époux et leurs 4 enfants. Au cours de ces 5
années d’intense investissement, Virginie aura profondément renouvelé et modernisé
le BICE, constituant autour d’elle une formidable équipe à laquelle elle lègue aujourd’hui
son professionnalisme, son enthousiasme et une profonde foi dans l’enfance. Nous avons
eu l’occasion de lui exprimer notre profonde gratitude pour son magnifique travail.
Alessandra Aula, Secrétaire Générale adjointe et représentante du BICE auprès de l’ONU
à Genève depuis 2009, a été désignée par le Conseil d’administration pour la remplacer.
Son engagement de longue date pour les droits de l’homme et les droits de l’enfant
comme sa grande connaissance des institutions internationales et du BICE la désignaient
naturellement pour cette responsabilité. Nous la remercions de l’avoir acceptée et lui
souhaitons plein succès dans sa nouvelle mission !
En même temps que ce passage de relais, le BICE achève sa réorganisation en Afrique.
Décidé il y a deux ans, le processus d’autonomisation de nos antennes locales a franchi
une étape importante avec la constitution d’organisations nationales de droit local qui
créent une nouvelle dynamique pour notre action en Afrique, où l’enjeu des droits de
l’enfant est immense. Les résultats sont déjà là (voir pages 4 et 5), la réorganisation et
les orientations stratégiques en cours vont les démultiplier. Peu à peu en effet, nous
coordonnons sous forme de programmes les projets menés dans plusieurs pays et
continents. Cette nouvelle approche renforcera nos moyens d’action et la portée de notre
plaidoyer.
Cette recherche d’efficacité, nous la devons aux enfants, comme à vous, chers donateurs
qui nous soutenez. Avec ce numéro vous pourrez aussi parcourir « L’Essentiel 2011 » qui
vous permettra d'avoir une vision synthétique du chemin parcouru l’année dernière et
des moyens mis en œuvre.
Très bonne lecture d’Enfants de Partout.
Yves Marie-Lanoë, Président du BICE
De vous à nous
Merci pour votre soutien
Aujourd’hui, coup de projecteur sur
l’opération « Bol de semoule » que
le collège du Prieuré à Craon (53) a
organisé à l’occasion du Vendredi
Saint. Ce jour-là, les élèves volontaires
se sont contentés d'un bol de
semoule au déjeuner et l'argent ainsi
économisé a été reversé au BICE.
Nous venons également de recevoir le
fruit annuel de la collecte organisée
par la Paroisse Saint Timothée en
Forez (42), avec ce mot qui nous a
beaucoup touchés : « Les enfants de
2-
Enfants de Partout
notre paroisse sont habitués à venir
déposer quelques pièces cuivrées
au pied des autels de nos églises…
Ces enfants et leur famille ont été
sensibilisés aux difficultés que
rencontrent d’autres enfants dans le
monde. »
Enfin, les enfants du catéchisme de
Notre-Dame de Vincennes (94) se
sont mobilisés pour le BICE lors d’une
messe célébrée le 24 juin, suivie d’une
vente d’objets, plantations et gâteaux
au profit de notre association.
Nous remercions tous les enfants et
familles qui se sont ainsi impliqués
dans ces actions de partage au
bénéfice des enfants plus vulnérables.
Nous sommes à votre disposition pour
vous aider à organiser une initiative de
ce type, n’hésitez pas à nous contacter
au 01 53 35 01 03 !
Avec Vous
Alessandra Aula, nouvelle Secrétaire
Générale du BICE
Secrétaire Générale adjointe en charge du plaidoyer depuis 2008,
Alessandra Aula vient d'être nommée Secrétaire Générale de
notre organisation. Découvrez son parcours, son engagement et
ses objectifs pour le BICE.
Dans quel état d’esprit abordez-vous
vos nouvelles fonctions ?
Plusieurs sentiments coexistent actuellement chez moi. Tout d’abord un sentiment de gratitude envers les administrateurs et le Président du BICE, qui m’ont
accordé leur confiance pour mener cette
mission passionnante pour laquelle je
m’engage totalement : être au service
des enfants et du BICE. En parallèle, je
ressens aussi la grande responsabilité et
l’engagement qui vont avec ce poste.
Virginie Dhellemmes, à qui je succède, a
mis la barre très haut. J’ai donc pleinement conscience de mon devoir de continuer à développer les actions du BICE
dans les années à venir.
Quels sont vos objectifs pour les
prochaines années ?
Un premier objectif ambitieux est de
rassembler petit à petit les projets déjà
bien connus de nos donateurs en « programmes multi-régionaux ». Comme
c’est déjà le cas pour la lutte contre la
maltraitance, il s’agit de consolider les
acquis et les forces de projets existant
indépendamment dans plusieurs pays
sur une même thématique pour en démultiplier la force grâce à des actions
simultanées. Il faudra ainsi faire vivre
ou démarrer les programmes concernant les enfants victimes de violence et
d'abus sexuel, les enfants handicapés et
les enfants en conflit avec la loi, en allant
vers une cohésion toujours plus forte avec
nos partenaires. Le BICE souhaite également consolider et développer son réseau
d’organisations membres et pour ce faire
s'est doté d'un ensemble d'instruments.
Il nous faut également continuer à mettre
en œuvre la politique de protection de
l'enfance du BICE, en travaillant au quotidien avec nos organisations membres
et partenaires. Enfin, pour mener à bien
toutes ces missions, le développement des
ressources financières du BICE est évi-
demment un défi important. La situation
économique est difficile actuellement,
nous en avons conscience. J’aurai à cœur
de trouver constamment des sources de
financement, tout en restant fidèle à nos
principes.
Vous avez une grande expérience dans
le plaidoyer auprès des organisations
internationales. Comment celle-ci
pourra-t-elle renforcer le travail qui se
fait auprès des enfants sur le terrain ?
Le plaidoyer doit aller de pair avec la formation. Si l'on veut que les organisations
locales avec lesquelles nous travaillons
sur le terrain puissent continuer à défendre les droits et la dignité des enfants
qu'on accompagne, il faut aussi renforcer leurs capacités. Il faut absolument
renforcer le pont entre le terrain et les
instances internationales. Mon objectif
est que ces organisations soient formées
et puissent elles-mêmes donner leurs
témoignages et renforcer la défense des
enfants auprès des autorités régionales,
nationales et internationales, comme à
l’ONU où nous avons un statut consultatif. Le travail de terrain et le plaidoyer
vont main dans la main pour travailler
efficacement pour les enfants.
Quel message souhaiteriez-vous
transmettre aux donateurs du BICE ?
C'est grâce à tous nos donateurs, des plus
modestes aux plus fortunés, que l’on peut
soutenir chaque enfant et lui permettre
« d'être debout », de se prendre en main
face à tout ce que la vie va lui donner de
bon et de mauvais.
A tous ces donateurs, que je remercie
bien sûr du fond du cœur, je voudrais
dire autre chose : au BICE, les équipes
sont engagées et solidaires de la cause
des enfants. Cela peut paraître une évidence, mais il est important de le souligner, car leur motivation personnelle et
leur expérience professionnelle sont un
gage de confiance et de sérieux dont les
donateurs peuvent être assurés. Au BICE,
il y des personnes qui travaillent avec leur
tête, mais aussi avec leur cœur et cela
me paraît vraiment quelque chose de
précieux. Et à cette richesse des équipes
s’additionne la richesse des organisations
locales, qui toutes ensemble forment ce
mouvement qui se mobilise pour la dignité et les droits de l'enfant dans le monde
entier.
Un parcours centré
sur les droits de l’enfant
et de l’homme
Alessandra Aula a commencé à travailler aux
Nations Unies en 1991 alors qu’elle était encore
étudiante. Diplômée en sciences politiques
à l’Université de Genève, elle a poursuivi
son engagement pour la défense des droits
de l'homme au sein d’organisations comme
Pax Christi International et Franciscains
International. En 2008, elle a rejoint le BICE où
elle exerçait jusqu'à présent les fonctions de
Secrétaire Générale adjointe et Représentante
Permanente auprès de l'ONU.
Quadrilingue et très expérimentée sur les
problématiques liées aux droits de l’enfant,
Alessandra Aula est une personnalité
reconnue dans le monde des ONG pour
son expertise et intervient régulièrement
pour animer des sessions et formations sur
l’invitation de nombreuses institutions.
Enfants de Partout
-
3
En direct du terrain
Justice Juvénile
Parler d’une seule voix pour aider les
enfants à reconstruire leur liberté
Changer le regard sur les enfants en conflit avec la loi, trouver d’autres réponses que la prison, miser
sur la réinsertion… Depuis des années le BICE s’est engagé en ce sens en Amérique latine et en Afrique.
Aujourd’hui, un programme commun se met en place sur ces deux continents. Un gage supplémentaire
d’efficacité et d’impact, comme nous l’explique Anne-Laure François, chargée de programmes au BICE.
Les adolescents
suivis en
Colombie
reçoivent une
formation
professionnelle.
Le projet Enfance sans barreaux
va s’étendre à l’Afrique. Pourquoi
un même projet sur deux
continents ?
Le BICE oriente de plus en plus
ses actions vers des programmes
transversaux. Nous plaidons en
Afrique et en Amérique latine
depuis longtemps pour une justice juvénile qui ne condamne pas
simplement les enfants. Nos projets
sur ces deux continents présentaient des similitudes, d’où l’intérêt de coordonner les efforts et les
pratiques. Nous gagnons en cohérence, en efficacité. Notre influence
est renforcée, nous sommes encore
plus légitimes pour parler de ce qui
se passe sur le terrain.
Dans le cas de la justice juvénile,
en quoi consiste ce programme ?
Il réunit les 5 pays d’Amérique
latine qui participaient de 2009 à
2011 au projet Enfance sans barreaux, à savoir le Brésil, la Colombie, l’Equateur, le Guatemala et
le Pérou, auxquels s’ajoutent les 4
pays d’Afrique où le BICE développait déjà des projets sur la justice
juvénile : la Côte d’Ivoire, le Togo,
le Mali et la RDC. Dans tous ces
pays, il s’agit de poursuivre et de
consolider les résultats déjà obtenus. Et cela avec toujours le même
objectif : l’application d’une justice juvénile dite « restauratrice »,
c’est-à-dire qui permette au jeune
de comprendre les conséquences
de son acte et de le réparer afin de
se reconstruire et de se réinsérer.
Le programme se déploie au
niveau de tous les acteurs,
enfants mais aussi adultes.
Pourquoi une cible si large ?
Parce que tout marche ensemble.
Sur les deux continents, on a
encore trop tendance à mettre
des enfants en prison, même
pour des délits mineurs. Ils n’y
reçoivent ni éducation, ni formation, ni visite de leur famille,
et en ressortent détruits. Nous
apportons bien sûr notre soutien
psychologique, alimentaire, à ces
enfants. Mais encore faut-il obtenir
qu’à l’avenir, les services de justice
leur évitent la privation de liberté
pure et simple, en privilégiant des
peines sous forme de services à la communauté.
Et cela ne suffira pas non
avec 120 €, vous
plus si l’enfant est ensuite
donnez la possibilité
rejeté par sa communauté
à un adolescent
et si personne ne veut plus
d’apprendre un
l’embaucher. D’où l’impormétier et suivre une
tance de traiter tous les
formation pendant un an. Merci !
aspects du problème.
120 € ,
4-
Enfants de Partout
Comment de tels changements
se mettent-ils en place ?
Par un important travail de sensibilisation et d’information auprès
des autorités, des communautés,
des familles, mais aussi des médias. Nous passons des accords de
partenariat entre les juges et les
travailleurs sociaux, ou avec les entreprises pour qu’elles s’engagent
à embaucher ces jeunes. Nous
organisons des formations à l’attention de toutes ces populations.
Nous animons des ateliers pour
apprendre aux parents à jouer
leur rôle protecteur. Toute cette
somme d’expériences fait l’objet
de publications, de séminaires.
Elle nous donne l’assise et l’autorité suffisante pour organiser
un congrès international qui se
tiendra à Paris, du 25 au 26 juin
2013.
Cellule à la
brigade des
mineurs à Lomé
au Togo.
√
Pour plus
d'informations sur
ce programme :
www.bice.org
Handicap
Courir contre le handicap
Le 17 juin dernier, une équipe participait à la Course des Héros en faveur du projet du BICE pour les
enfants handicapés de Côte d’Ivoire. L’occasion de refaire le point sur notre action de longue date
dans ce domaine.
∏
La réalité sur le
handicap peut être
brutale en Afrique :
en raison de la faiblesse des systèmes de santé et de
vaccination, des maladies comme
la poliomyélite ou la méningite
font encore de gros dégâts. Les enfants handicapés y sont par conséquent nombreux et les croyances
ancestrales ne leur sont pas favorables. Bien que les mentalités
évoluent peu à peu, ces enfants
continuent de susciter méfiance et
crainte. Les familles, souvent très
pauvres, ont parfois tendance à les
délaisser au profit de leurs frères et
sœurs bien portants.
Un engagement
de longue date
Impla nté da ns la ba n lieue
d’Abidjan depuis 1987, le BICE
y a créé un centre d’accueil et
d’éducation qui a aujourd’hui
l’agrément des services de l’Etat.
Malgré les progrès en termes
d’éradication des maladies enfantines invalidantes (grâce aux
efforts de l’OMS, aucun cas de
polio n’a été enregistré depuis
3 ans !), le problème du handicap
demeure très présent dans les
quartiers pauvres de la capitale,
toujours par manque de moyens
et de soins. Beaucoup d’enfants
souffrent de troubles mentaux
ou handicaps physiques causés
par un accouchement qui s’est
80 Avec
€,
80 euros
mal passé. D’autres gardent des
séquelles graves à la suite de
petits traumatismes physiques
laissés sans soins. Le Centre du
BICE leur assure un service complet de consultation, rééducation fonctionnelle, intervention
chirurgicale, mais aussi d’assistance psychologique et sociale,
d’ateliers d’apprentissage…
Une course motivée
De telles prestations ont bien sûr
un coût important. C’est pourquoi
le BICE a proposé à ses donateurs
de participer cette année à la
Course des Héros, une initiative
originale qui permet de récolter
des fonds en faveur d’une cause.
Notre équipe de 8 héros volontaires a couru le 17 juin dernier à Paris et a récolté plus de
4 000 €, de quoi couvrir les frais
Des enfants en or
Vous vous en souvenez
peut-être. L'été 2011, cinq des
enfants du Centre du BICE ont
participé aux jeux Olympiques
Spéciaux d’Athènes. Malgré la
crise politique ivoirienne qui les
a contraints à à s’entraîner dans
des conditions extrêmement
de médicaments de 50 enfants
pendant plusieurs mois. Nous les
en remercions chaleureusement et
espérons que cette première édition sera suivie de bien d’autres !
perturbantes, trois d’entre eux
ont été récompensés par une
médaille d’or pour leur victoire
dans l’équipe de basketball,
arrivée en finale face à la Syrie.
Une preuve de plus que le
handicap ne saurait résumer à
lui seul la vie et les espoirs d’un
enfant !
L'équide du BICE
constituée de
8 coureurs a
collecté 4 200€.
Côte
d’Ivoire
√
Pour plus
d'informations
sur ce projet :
www.bice.org
vous couvrez
les frais
médicaux
d'un enfant pendant
10 mois.
Merci !
-
5
Dossier
En Afrique, miser sur l’enfance
Le 16 juin dernier avait lieu la Journée de l’Enfant Africain. Enfants de Partout en profite pour rappeler
les efforts, les difficultés et les espoirs de ce continent malmené.
∏
« Nous reconnaissons que l’avenir de l’Afrique
réside da ns le
bien-être de ses enfants et de ses
jeunes. ... Investir aujourd’hui
dans les enfants, c’est assurer la
paix, la stabilité, la sécurité, la
démocratie et le développement
durable de demain ». Tout est dit
dans cette position prise à l’unanimité au Caire en 2001 par les chefs
d’Etats des pays de l’Organisation
de l’unité africaine. Sur un continent où les enfants et les jeunes
représentent plus de la moitié de la
population, ceux-ci doivent en effet
être au cœur de toutes les politiques
et de toutes les préoccupations.
La réalité des chiffres
Mais qu’en est-il vraiment ? En
Afrique subsaharienne, région qui
compte à elle seule 48 des 54 pays
d’Afrique, le taux de mortalité enfantine reste inacceptable. Chaque
année en effet, 27 millions d’enfants
y naissent et 4,7 millions d’enfants
de moins de 5 ans y meurent, soit
163 morts pour 1 000 enfants, deux
6-
Enfants de Partout
fois plus que dans le reste du monde
en développement et 30 fois plus
que dans les pays industrialisés.
Quant aux enfants qui restent en
vie, on peut hélas prédire que 65%
seront confrontés à la pauvreté,
14 millions seront touchés par le
SIDA, directement et dans leur famille, et un tiers souffriront d’exclusion en raison de leur sexe ou leur
origine ethnique.
prouvent en effet que l’éducation
est un des facteurs d’amélioration
du capital humain tout au long de
la vie.
Quels responsables pour
quel avenir ?
Les problèmes énormes que rencontrent la majorité des enfants
africains tiennent souvent à la difficulté de leurs familles à prendre
soin d’eux. La crise, la pauvreté,
Des progrès non
l’aggravation des conditions de trades enfants nés
négligeables
en Afrique seront vail des parents et le fort taux de
Pourtant, les progrès sont bien confrontés à la
SIDA chez les femmes expliquent
réels. Entre 2000 et 2004, la mor- pauvreté
qu’un nombre croissant de familles
talité infantile des moins de 5 ans
ne parviennent plus à assurer leurs
a été réduite dans 7 pays, parfois
responsabilités. C’est alors aux Etats
notoirement, comme au Malawi
de s’acquitter de leurs devoirs envers
et en Tanzanie, avec une baisse de
leurs citoyens en fournissant une
plus de 20%. La Banque Mondiale,
protection et des systèmes de souqui vient de publier un ouvrage
tien appropriés à ces familles et des
d’études et de réflexions sur la situaservices de qualité à tous les enfants.
tion de la petite enfance en Afrique
Le rappel des ONG
se réjouit également du pourcentage
L’Unicef l’a rappelé en 2010, lors
croissant d’enfants qui entrent au
de la Journée de l’enfant africain :
cours pré-primaire et de garçons et
une grande partie des millions
de filles qui obtiennent un diplôme
d’enfants qui meurent avant 5
de l’école primaire. Ces progrès sont
ans sur le continent pourraient
déterminants. Toutes les recherches
65%
Interview
Docteur en droit d’origine centrafricaine, Ghislain Patrick Lessene est
Enseignant- chercheur au Centre d’Enseignement et de Recherche en Action
Humanitaire (CERAH) de Genève. Il nous donne sa vision de l’aide à l’enfance
en Afrique.
« Les associations de défense des droits de
l’enfant sont celles qui rendent le plus
grand service à l’Afrique. »
Quel a été l’impact de la Charte
africaine du bien-être et des
droits de l’enfant de 1999 ?
être sauvés si l’on investissait
davantage dans les services et
les infrastructures sanitaires de
base. Les gouvernements africains
s’y sont engagés. Ils ont résolu de
consacrer 15 % de leur budget national à la santé, 20% à l’éducation et
10 % à l’agriculture, ainsi que 0,5 %
de leur PIB à l’amélioration de l’eau et
de l’assainissement. Si ces promesses
sont tenues, les résultats seront au
rendez-vous. Car comme l’ont prouvé
de nombreux pays à faibles revenus,
comme le Malawi cité plus haut, il est
possible de diminuer considérablement le taux de mortalité enfantine
en investissant prioritairement dans
le développement humain.
« Les investissements réalisés
aujourd’hui dans l’enfance bénéficieront aux futures générations, »
rappelle Anthony Lake, Directeur
général de l’Unicef. Nous ne pouvons
que lui donner raison.
Sources : Unicef. Organisation de l’Unité
Africaine. Banque mondiale : L’Avenir
de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique, Soins et
développement de la petite enfance en
Afrique subsaharienne.
La Charte africaine du bien-être
et des droits de l’enfant constitue
une étape importante dans la
reconnaissance juridique de la prise
de conscience que l’enfant est un
bien de la communauté. Elle peut
être qualifiée d’« africanisation » de
la Convention relative aux droits
de l’enfant adoptée par l’ONU en
1989. Tout l’enjeu maintenant est
de rendre ces textes accessibles
pour que les populations se les
approprient, pas seulement dans
les capitales, mais aussi dans les
provinces et les villages africains.
Je le dis souvent à mes étudiants,
il faudrait adopter une stratégie de
communication comme celle des
grandes marques internationales
de sodas, car la politique que nous
menons ne sera rentable à long
terme que si nous touchons le plus
grand nombre, voire tout le monde.
Comment mieux promouvoir les
droits de l’enfant ?
L’Organisation de l’Unité Africaine
(devenue Union Africaine en 2002)
a créé une journée de l’enfant
Africain, célébrée le 16 juin de
chaque année, au cours de laquelle
les ONG organisent toutes sortes
de manifestations et d’ateliers
d’information et de sensibilisation
sur les droits de l’enfant.
Les ONG sont déterminantes pour
la promotion des droits de l’enfant
et pour proposer des solutions
simples et efficaces aux Etats. Elles
jouent également un rôle important
dans la dénonciation des violations
constatées sur le terrain, ce qui a
un impact réel sur les populations
et sur les gouvernements. Car
au-delà de la prise de conscience
des populations, il faut une volonté
politique. Les gouvernements
africains vous diront qu’il n’y a
pas d’argent, mais ce n’est pas
totalement vrai. Ce qui manque
réellement, c’est une volonté
politique claire et déterminée
dans la mise en œuvre des textes
souverainement ratifiés.
Vous nous encouragez donc à
poursuivre nos efforts ?
Tout à fait. Il est indéniable que les
associations qui militent pour les
droits des enfants, comme le BICE,
sont celles qui rendent le plus grand
service à l’Afrique puisqu’elles
contribuent à l’épanouissement de
futurs décideurs. Dans 10, 15 ans,
quand la jeune génération qui aura
été formée aux droits de l’homme et
à la pratique du dialogue accèdera
au pouvoir, elle aura acquis une
nouvelle façon de gérer l’Afrique
en raison du changement effectif
de mentalité résultant des actions
actuelles.
J’aimerais ajouter une chose
primordiale. En plus des acteurs
étatiques et de la société civile
classique, il faudrait renforcer
les capacités des acteurs
confessionnels. En effet, les
droits de l’enfant seraient plus
rapidement effectifs en Afrique si
on impliquait les acteurs religieux
qui détiennent une autorité morale
reconnue face aux gouvernements.
Or ils sont encore très loin d’avoir
intégré les droits de l’enfant dans
leurs activités.
Enfants de Partout
-
7
L’agenda des manifestations pour l’enfance
11 octobre
20 novembre
4e conférence « Les droits de l’enfant
et leur dimension
culturelle ».
Le cycle de conférences et colloque sur
le thème de l’enfance en quête de sens,
que le BICE organise en partenariat avec
l’Institut Catholique de Paris tout au long de
l’année 2012 se poursuit. La 4ème et dernière
conférence, avant le colloque de clôture
en décembre, a pour thème les droits de
l’enfant et leur dimension culturelle. Le
sujet sera traité par Patrice Meyer-Bisch de
l’Université de Fribourg en Suisse, et Pascale
Boucaud de l'Université Catholique de Lyon.
Vous êtes les bienvenus à cette conférence
qui se tiendra le jeudi 11 octobre, de 19h à
20h30, à l’Institut Catholique de Paris.
Pour en savoir plus :
www.colloqueenfance.com
Enfances dans le monde à nouveau
à l’affiche
Le BICE avait initié à Paris, le 20
novembre 2010, un festival de films
documentaires intitulé Enfances
dans le monde. Cette initiative est
reconduite sur deux jours,
les 19 et 20 novembre 2012, au
cinéma les 7 Parnassiens à Paris.
Une façon percutante de célébrer
la Journée Mondiale des droits
de l’enfant : ce festival donne
l’occasion d’intéresser la presse
et le grand public aux situations
parfois tragiques que vivent tant
d’enfants dans le monde entier. Il
permet également d’y sensibiliser
les plus jeunes, grâce à des séances
organisées avec les écoles.
Découvrez notre programmation
2012 sur notre site
www.enfancesdanslemonde.com
ou notre page Facebook. Parlezen autour de vous, nous vous y
attendons nombreux !
Poème
Chaque visage
est un miracle
Un enfant noir à la peau noire, aux yeux noirs, aux cheveux
crépus ou frisés, est un enfant.
Un enfant blanc à la peau rose, aux yeux bleus ou verts,
aux cheveux blonds et raides, est un enfant.
L’un et l’autre, le noir et le blanc ont le même sourire quand
une main leur caresse le visage,
Quand on les regarde avec amour et leur parle avec
tendresse.
Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie, si on
leur fait mal.
Il n’existe pas de visage absolument identique.
Chaque visage est un miracle parce qu’il est unique.
Tahar Ben Jelloun,
écrivain et poète marocain.
Enfants de Partout N°131 – Août 2012 – Trimestriel - Directeur de publication : Yves Marie-Lanoë – Directrice de la rédaction: Sandrine Tiffreau –Rédacteur
en Chef : Pascale Kramer - Secrétaire de rédaction : Adriano Leite – Photos : Couverture : ©A.Leite-BICE ; P2 : ©KT Vincennes ; P3 : ©BICE ; P4 : ©TRC ,
©A.Leite-BICE ; P5 : ©A.Leite-BICE, ©Durnez-BICE ; P6 : ©A.Leite-BICE ; P7 : ©Thomas Louapre ; P8 : ©Emmanuelle Pêtre-BICE
Maquette : De Villeneuve etAssociés; C.Rocolle – Imprimerie : Uniservices. La Prairie, 91140 Villebon-sur-Yvette– CPPAP : 0912 H83521– Nº ISSN : 02522799–BICE, 70 boulevard de Magenta 75010 Paris – Tél. :01.53.35.01.00 Fax : 01.53.35.01.19 – E-mail : [email protected] – Site internet : www.BICE.org.
Ce numéro comporte un encart « legs au BICE » et un encart « L’Essentiel du BICE », encartés sous la 4ème de couverture. Diffusion générale.
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Enfants de Partout