Georges CRÉPEAU (1868-1913) Né à Sorel d

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Georges CRÉPEAU (1868-1913) Né à Sorel d
Georges CRÉPEAU (1868-1913)
Né à Sorel d’un père capitaine de vaisseau, Georges Crépeau fait ses
études au collège commercial de cette ville, dirigé par les Frères des écoles
chrétiennes. Arrivé à Lowell, Massachusetts avec sa famille en 1889, à
l’âge de 21 ans, il se joint très vite aux cercles dramatiques et littéraires que
les Franco-Américains ont réussi à se constituer dans cette ville. Il devient comédien par goût
tout en gagnant sa vie comme machiniste à la grande filature, la Lawrence Manufacturing
Company. Sa sœur, Mme Éva Crépeau Chrétien, racontera plusieurs années plus tard que son
frère, ouvrier le jour pour gagner sa vie, « écrivait tout le temps ».
Le roman de Crépeau, grâce auquel son nom n’est pas tombé dans l’oubli, est Bélanger ou
l’histoire d’un crime. Ce livre de 98 pages fut publié en 1892 aux ateliers de L’Étoile, le
quotidien de langue française de la ville de Lowell. Il relate un fait divers, le meurtre, l’année
d’avant, d’un petit commerçant franco-américain de 43 ans, célibataire et infirme. Le meurtrier
ne fut jamais trouvé. Ce mystère permit à Crépeau, qui n’avait lui-même que 24 ans à l’époque,
d’y aller de son imagination pour nouer une intrigue qui aurait pu conduire au meurtre de
Bélanger. Encore une fois dans l’histoire de la littérature franco-américaine, c’est moins la valeur
littéraire de l’œuvre qui compte pour nous que le milieu qui y est décrit, celui des FrancoAméricains, à leurs débuts comme ouvriers dans un milieu urbain de la Nouvelle-Angleterre.
L’auteur, d’ailleurs, ne se fait pas d’illusions. Il n’écrit que pour distraire ses compatriotes et en
cela il réussit bien, racontant son histoire dans leur langue imagée. Selon un spécialiste du roman
franco-américain, le R.P. Richard Santerre, la conversation domine à un tel point dans certains
chapitres, que l’œuvre finit par ressembler à un mélodrame.
À la fin du roman, Crépeau ajoute un conte de six pages, « Le Grand Louis », dont le héros
part pour la Californie afin de pouvoir se marier avec Blanche, jeune fille qui exige qu’il soit
riche avant qu’elle ne l’épouse. Il reviendra, après deux ans passés là-bas, riche comme le voulait
sa « fiancée » et la trouve mariée avec un autre. Le conte finit par le suicide du héros qui se jette
dans un des canaux qui alimentaient alors les usines textiles dans certaines villes comme Lowell.
À la fin de son livre, Crépeau annonça la parution prochaine d’un autre roman, Le Fantôme
du Merrimack, texte qui devait avoir plus de deux cents pages accompagné d’illustrations selon
l’auteur. Ce roman ne fut jamais publié.
Le 8 janvier 1913 L’Étoile publiait la notice nécrologique de Georges Crépeau qui, comme le
héros de son roman, était célibataire. Il était mort dans la rue à Wilmington, Massachusetts,
terrassé, semble-t-il, par une crise cardiaque en se rendant dans un camp de bûcherons. I1 n’avait
pas atteint ses 45 ans, et il n’avait eu ni le temps ni le loisir de donner le meilleur de lui-même.
Claire QUINTAL
BIBLIOGRAPHIE
- Santerre, Richard, « Le Roman franco-américain en Nouvelle-Angleterre ». Thèse de doctorat,
Boston College, 1974. iv-362 p.
- Santerre, Richard, dir. Anthologie de la littérature franco-américaine de la NouvelleAngleterre. Tome 3. Bedford, NH : National Materials Development Center for French, 1980. p.
87-139.