Un cœur brûlant - Diocèse d`Evry

Transcription

Un cœur brûlant - Diocèse d`Evry
1. À l’heure
de l’eucharistie
quotidienne.
2. Simple et fraternel,
le temps du repas
rassemble
les 17 sœurs
de la communauté
au réfectoire.
3. Le carmel offre
d’abord un chemin
pour la prière
et la rencontre
du Christ
(ici : sœur Émilie).
Un cœur
1
2
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à Fril
notre enquête
Un cœur brûlant à frileuse
À 20 km au sud de Paris, le carmel de Frileuse
tient bon dans sa mission première : une prière
communautaire fervente et persévérante. Rencontre avec des femmes d’aujourd’hui, à l’écoute des joies et des peines de la vie du monde.
Des carmélites qui porteront les intentions de
prière que les lecteurs de Pèlerin leur confieront
pour le Carême 2012.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
DOMINIQUE LANG
photos cÉline anaya-gautier
P
brûlant
euse
osée comme un gros
insecte au milieu d’une
pièce encombrée d’outils
et de papiers, la presse
noire imprime des chiffres
successifs sur les feuilles qu’elle passe,
une à une, sous ses rouleaux encreurs.
Peu à peu, des bulletins de tombola
s’accumulent sur le côté. Dans une
pièce voisine, ce sont des faire-part
de mariage et de naissance qui voient
le jour. Plus loin encore, à l’étage sous
les combles, quelques lots de revues
attendent d’être finement reliés. Partout, une même odeur de papier, d’encre, de colle et d’huile. Et aussi, mal-
Repères
PARIS
FRILEUSE
Comment
venir au carmel
< Carmel de Frileuse,
91640 Briis-sous-Forges.
Tél. : 01 64 90 70 65 ;
[email protected]
< S’y rendre : le carmel
de Frileuse se situe
près de Limours, au sud
de Paris. De la capitale, par
les transports en commun,
prendre le RER B jusqu’à
la station Orsay en direction du sud, puis un taxi.
ESSONNE
En voiture, prendre, sur
l’autoroute A 10,la sortie
Orsay-Les Ulis.
< Site des ateliers :
www.ateliers-frileuse.com
< Accueil : la communauté accueille des personnes
seules pour des temps
de retraite silencieuse.
< Horaires des prières :
laudes : 7 h 30 ; eucharistie : 11 h ; vêpres : 17 h.
gré le bruit, un calme et une sérénité,
surprenants pour des ateliers. Il faut
dire que le cadre n’est pas banal : cette
imprimerie est la principale activité
manuelle des carmélites de Frileuse.
Prendre racine
dans une terre nouvelle
Si, tout près de la ville de Limours,
ce ne sont que champs qui règnent
à perte de vue, c’est aussi là que sont
posées les quelques maisons qui forment le hameau de Frileuse : une ou
deux fermes et un grand parc d’une
ancienne maison de maître que les
carmélites ont rachetée à la fin des
années 1950. Arrivant du PlessisRobinson où la communauté d’alors
était devenue trop nombreuse, quelques sœurs sont venues enraciner ici
leur vie de prière à l’école de Thérèse
d’Avila. Patiemment, les bâtiments ont
trouvé une nouvelle fonction. « Après
avoir abattu le “château”, nous avons
reconstruit un bâtiment communautaire, puis les pavillons des sœurs
dans le parc. Et enfin l’atelier d’imprimerie », raconte sœur Marie-Odile.
Sans oublier, tout au fond du jardin,
quelques ermitages, très prisés par les
sœurs aux beaux jours.
Pour des carmélites plutôt réputées
pour leur stabilité, ces déménagements
successifs ont été paradoxalement salutaires. « Dans le mouvement des années
du Concile, nos travaux successifs ont
contribué à l’ouverture qui caractérise
toujours encore notre vie communautaire. » Ce que la chapelle manifeste
d’emblée, mieux que tout discours. Un
simple demi-cercle de bancs coffres en 
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notre enquête
Un cœur brûlant à frileuse
Une activité
qui fait écho
à la méditation
de la parole
 bois, autour d’un autel orné de motifs
évoquant des braises et des flammes.
Invitation à une prière ardente offerte
aussi aux fidèles, nombreux, qui participent aux prières quotidiennes. Pour
le reste de la chapelle, un bel et simple
espace lumineux où de majestueuses
poutres en bois offrent une belle assise
dans le ciel. Et un long bandeau de fenêtres qui fait le tour de la chapelle, sous
la charpente du toit en forme de tente,
en souvenir de la chapelle d’un autre
carmel, rwandais celui-là.
Des sœurs pas loin
des bruits du monde
Ce lien avec le Rwanda s’est particulièrement manifesté en 1994, lorsque les
carmélites de ce pays, fuyant les massacres en cours, sont venues se réfugier
plusieurs années durant en France.
Les sœurs de Frileuse se sont relayées
auprès d’elles pour les soutenir. Un
souci similaire s’était déjà manifesté
pour la jeune communauté hongroise de Magyarszek, restaurée après la
chute du Mur. Sans parler des livres
que sœur Marie-José, la bibliothécaire
de la communauté, collecte et envoie
régulièrement aux carmels de Côte
d’Ivoire et du Burkina Faso.
De fait, le travail ne manque pas pour
les dix-sept sœurs de la communauté.
Outre l’imprimerie que dirige sœur
Michèle, l’entretien des espaces communautaires et la gestion de la vie
quotidienne donnent à chacune de
quoi faire. Sœur Thérèse-Marie, par
exemple, du haut de ses 90 ans, plie
l’après-midi, avec une grande minutie, les faire-part de mariage imprimés par ses sœurs. « Une bonne occasion pour porter ces familles dans
la prière », souligne la doyenne, qui
rappelle que tout peut être occasion
d’action de grâce dans une journée.
Une conviction partagée aussi par
sœur Émilie, la cadette, qui s’épanouit
dans son travail d’imprimerie.
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Être en communion avec tout ce
qu’un être humain est appelé à traverser
Ainsi, en entrant au carmel ici, beaucoup de sœurs ont appris un métier
singulier, transmis par les anciennes
et adapté pour chaque génération aux
nouvelles technologies. Ouvrières de
la presse, leur activité fait écho à leur
méditation de la Parole, travail premier
de la vie de la communauté. Elle permet
de porter concrètement les intentions
de ce monde, partagées spontanément
pendant la prière ou lues à partir de
messages (lire encadré p. 43).
« Une manière très simple d’être enracinée dans la vie du diocèse et dans
l’actualité de ce monde. Cette écoute
a vraiment façonné notre vie commune », explique sœur Monique. Une
attention qui a permis aussi à la communauté de porter ensemble plusieurs
épreuves récentes. Maladies, départs…
« Autant d’occasions pour apprendre à
être en communion avec ce que tout
être humain est appelé à traverser,
commente sœur Anne. Et de découvrir
que le Christ sauve aussi loin que l’on
puisse descendre ! »
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3
« Il s’agit au bout du compte de porter
fraternellement ce qui nous est confié,
suggère sœur Émilie. Et de participer
ainsi au beau mystère de l’enfantement du monde. » Ce que complète
une autre sœur : « Ici, on n’est pas obligé de réussir. La fécondité d’un carmel
n’est pas accessible en direct. Tout cela
est dans les mains de Dieu, un Dieu
qui nous aime. » Ainsi, malgré l’avenir
incertain de bien des carmels en France, les religieuses tiennent bon dans
l’espérance. « C’est Dieu qui construit.
Nous, on ne fait que suivre. »
À l’accueil, une demande
de plus de profondeur
Sœur Maryvonne qui, dans son parcours personnel, a découvert la spiritualité du carmel lors d’un séjour
à Calcutta, s’occupe depuis plusieurs
années de la cuisine communautaire.
Et aussi un peu de couture, notamment pour confectionner les habits
religieux. « Autant de services concrets
qui me rendent proches de la vie de
mes sœurs en communauté. »
Pour sœur Françoise, c’est à l’accueil
que cela se joue. Si la communauté
constate un renouveau spirituel pro-
1. Avec minutie, sœur Marie-Thérèse
prépare la reliure d’un ouvrage.
2. Dernière arrivée, sœur Émilie
s’occupe de l’impression des fairepart. 3. En cellule, lecture contemplative de la parole de Dieu. 4. La cuisine,
royaume où règne sœur Maryvonne.
fond chez les hôtes, jeunes ou vieux,
elle fait aussi, derrière cette « demande récurrente de plus de profondeur, le
constat de vies plus “graves” marquées
par bien des séparations familiales ».
Dans la fraîcheur des gelées matinales de l’hiver, et alors que le bal des
avions survolant le carmel et atterrissant à Orly, à quelques kilomètres de
là, a repris de plus belle, la petite cloche invite, une fois encore à la prière.
« C’est là notre principale mission en
ce lieu », rappelle sœur Marie-Thérèse,
la supérieure de la communauté.
Les sœurs du carmel offrent d’abord
de quoi expérimenter cette part de
solitude avec le Christ qui est au
cœur de la démarche chrétienne.
« Parler à Dieu, plutôt que parler de
Dieu », murmurent-elles, chacune à
sa manière. Comme un secret, pour
signifier le sens de leur présence persévérante en ce lieu. l
Confiez
vos intentions
de prière
de Carême
aux carmélites
Les carmélites de Frileuse
nous accompagnent durant
tout le Carême. Pour leur
confier vos intentions de
prière, écrire jusqu’au 7 avril
à « Opération Pèlerin,
prier pendant le Carême »,
carmel de Frileuse,
2 route du Carmel,
91640 Briis-sous-Forges.
Vous pouvez aussi
transmettre vos intentions
via Internet sur pelerin.info
Découvrez aussi
notre diaporama sonore sur la vie quotidienne
au carmel de Frileuse.
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