TREKKING reportage - Philippe CABAU de Fauroune

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TREKKING reportage - Philippe CABAU de Fauroune
TREKKING reportage
La revue bi-mensuelle de mes voyages à travers le monde
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Le n°8 - avril - mai 2008
T I B E T
H I M A L A Y A
T r e k k i n g
v e r s
l ’ E v e r e s t
Copyright © 2008 Philippe CABAU de Fauroune
Généralités
Situation :
Tibet central - Tingri - Chaîne de
l’Himalaya dont le plus haut
sommet est l’Everest (8611 m)
Difficultés :
Il n’y a aucune difficulté
technique. Le seul problème est
celui lié à l’altitude et au froid.
Saison :
Elle s’étale de mai à Octobre,
mais le meilleur mois reste
Septembre car en mai et juin le
vent est fort, en juillet et août il
pleut plus souvent et en octobre,
les cols d’accés en voiture
peuvent être bloqués par la
neige.
Durée :
4 jours de Tingri au monastère
de Rongbuk.
Droit d’accès : Pour le trekking décrit, il n’y a
pas de droit d’accès à payer. Si
l’on va au delà de Rongbuk, il
faut alors s’acquitter de ce droit.
Accès :
Il n’y a pas de grandes villes
proches pour rejoindre Tingri.
Les départs se font en général
depuis Lhassa au Tibet ou bien
depuis Kathmandu au Népal.
Conseils :
Le campement le plus haut est à
plus de 5000 m d’altitude. C’est
la raison pour laquelle ce trek,
quoique de courte durée, ne doit
pas être entrepris sans avoir pris
le temps de s’acclimater. Le vent
peut souffler en journée et les
températures
nocturnes
descendent toujours sous la
barre de 0°C.
Pics
atteints :
Le dôme au col de Lamna
(5380m). D’autres sommets,
dont certains à plus de 6000 m
peuvent être entrepris si l’on
dispose de plus de temps.
Altitude mini: 4360 m au début du trek
Altitude maxi: 5380 m au dôme du Lamna La
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Le Cho Oyu (8201 m) domine l’immense plateau de Tingri. Il se dresse comme un mur de 4000 m
de haut et barre l’horizon. Derrière lui, c’est le pays des Sherpas et la vallée des lacs de Gokyo.
2
Page précédente : Vue sur l’Everest depuis les crêtes qui dominent le monastère de Rongbuk.
Carte du Trek
N
Chine
Cartographie : On trouve des cartes au 1/210 000° du Tibet Map
Institute qui couvrent la totalité du trek. Ce ne sont pas des cartes
topographiques, mais satellites.
3
Introduction
4
Le Tibet fut longtemps
considéré comme un pays
mystérieux
par
les
Occidentaux. Les aventures
relatées par la célèbre
Alexandra David Neel au
début du XX° siècle n’ont fait
que renforcer ce sentiment.
Ce fut une réalité jusqu’en
1991, date à laquelle le
gouvernement chinois en
autorisa l’accés en ouvrant
les frontières. Mais l’histoire
de ce vaste pays date d’il y a
bien longtemps. En effet, des
restes
de
l’époque
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préhistorique
furent
Sur les immenses plateaux du Tibet, les ruines d’anciennes cités depuis
découverts
dans
les
environs
longtemps abandonnées jalonnent d’anciennes routes commerçantes.
de Lhassa. Le Tibet, en tant
que tel, commença son existance vers la fin du V° siècle aprés J.C.. A cette époque, le roi Namri
Songtsen réussit à regrouper des tribus rivales dans la vallée de la Yarlung. Au fil du temps, le
royaume s’étendit jusqu’aux frontières chinoises. Son fils, Songtsen Gampo conquit le Népal
grâce à son mariage avec Tritsun et fit la paix avec la Chine en se mariant avec la fille de
l’empereur Taizong. Cette dynastie dite Yarlung permit l’expansion du boudhisme dans toute la
région. Le premier monastère tibétain fut créé à Samye avec l’aide du Guru Rimpoche. Mais en
850, le dernier roi yarlung interdit le boudhisme, entrainant ainsi la fin du royaume qui se
morcela alors en fiefs indépendants.
Ce ne fut que vers l’an 1000 qu’eut lieu la renaissance du boudhisme au Tibet grâce aux moines
d’Amdo. Atisha, originaire du
Bengale marqua Milarepa par
son enseignement et créa la
lignée Kagyü. D’autres sectes
virent également le jour avec
notamment les Sakyapa du
monastère de Sakya. Deux
siècles plus tard, Gengis
Khan, roi mongol, envahit le
Tibet et son fils reconnut le
lama
de
Sakya
comme
l’autorité temporelle du pays.
Cet accord dura jusqu’en
1565, date où les rois du
Tsang prirent le pouvoir
jusqu’en 1642. Leur capitale
fut Shigatse. Succéda alors la
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dynastie des Dalaïs Lamas, de
Les habitations du village de Sakya ont des murs dont la couleur dominante
la secte des Gelugpa (les
est le noir. C’est la couleur de Mahakala, défenseur de la loi.
vertueux), créée en 1409 par
Tsong Khapa. Ils furent soutenus par les Mongols. En 1717, les Chinois firent du Tibet un
protectorat. L’arrivée des Anglais au début du XX° siècle ne fut que de courte durée à
la fin de laquelle, le Tibet
recouvra son indépendance.
Cette histoire mouvementée prit
fin avec l’arrivée des Chinois au
milieu du XX° siècle.
Notre séjour commence par la
visite de Lhassa, cité autrefois
interdite aux étrangers. Les
joyaux architecturaux qu’elle
renferme sont à la hauteur du
mystère qui les entoure. Nous
commençons par le célèbre
Jokhang dans lequel nous restons
toute l'après midi. A son entrée,
les gens font des offrandes en
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allumant
des
bougies. Nous
Le Potala, ancien palais des Dalaïs Lamas domine la ville de Lhassa.
montons ensuite à l’ étage. Des
Autrefois, à ses pieds, se trouvaient d’anciennes maisons qui furent
plateformes dominent une cour
détruites par les Chinois.
intérieure centrale. Les peintures
murales représentent la vie de Bouddha. Des élèves vivent ici et suivent les enseignements des
lamas. Vers 17h00, ils se réunissent sur une des terrasses. C’est l’heure des débats. Assis en
tailleur, par petits groupes, l’un d’entre eux se lève et commence une discussion avec les autres.
Il doit argumenter pour essayer de les convaincre. Pour cela , il s’aide en tapant dans ses mains.
La leçon se déroule dans la bonne humeur. Bien que parfois le ton monte, il n’y a d’énervement
ni d’agressivité. A l’extérieur de l’enceinte du temple, en fin de journée, les gens, nombreux,
tournent autour dans le sens des aiguilles d’une montre. Certains ont d’énormes moulins à
prières. Tout autour de l’entrée, les marchands d’objets de culte côtoient les marchands de
fruits et légumes, ainsi que le boucher.
Le lendemain matin, nous visitons le Potala, palais des Dalaïs Lamas. C’est ici qu’ils vécurent et
recevaient leurs hôtes. L’édifice est imposant et comporte un nombre important d’étages.
D’immenses thangkas sont accrochés au plus haut mur du monument. Ils représentent Boudha
entouré d’un grand nombre de personnages. La visite passe d’une salle à l’autre dans une
ambiance feutrée. On
imagine alors ce que fut
ce palais autrefois.
Nous partons ensuite
visiter le temple de
Drepung, situé à une
dizaine de kilomètres de
Lhassa. Ce temple était
une véritable cité qui
abrita jusqu’à dix mille
moines. Dans le temple
principal, on trouve les
tombes des premiers
Dalaïs Lamas.
Nous quittons la région
de Lhassa. Le paysage
est aride. Nous passons
le col de Khamba à
4800m d’altitude. La vue
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sur l’immense lac bleuté
Le monastère du Jokhang est le coeur de la ville de Lhassa. C’est aussi un lieu de
pèlerinage pour tous les bouddhistes qui viennent de tout le Tibet.
5
Introduction
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de Yamdrok. Au loin , on
devine le massif du Nojin
Gangstang (7191 m) dans les
nuages. Il nous faut suivre le
bord du lac autour duquel les
paysans
cultivent
des
céréales. On passe le col de
Karo, à 5050 m, au pied du
Nojin. Les glaciers recouvrent
les sommets. Une famille de
nomades vit ici, dans une
grande tente. Ils gardent des
chèvres et des moutons. Puis
nous descendons et quittons
la piste principale pour
rejoindre le monastère de
Ralung. Il fut détruit lors de la
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révolution culturelle puis
Le Khumbum de Gyantse (à gauche) est caractéristique de l’architecture du
reconstruit à côté des ruines.
Tibet. Son nom signifie “cent mille images” car il contient , à chaque niveau
Nous passerons la nuit un
des dizaines de chapelles renfermant des images saintes.
peu à l’extérieur du bâtiment
principal. Le ciel est bien noir sur les montagnes de Ralung alors qu’un rayon de soleil nous
éclaire. La luminosité est étrange. C’est la fin de la journée.
Le matin suivant, nous partons pour Gyantse dont nous visitons le dzong (forteresse du XIV°
siècle) et le temple dont les peintures sont rares, car de type newar. Cette ville était sur la route
“religieuse” qui reliait Lhassa à Sakya, mais également sur celle du bois avec le Bhoutan et du
commerce avec le Népal. Notre longue journée de piste se termine à Shigatsé, dans la région
du Tsang. Le lendemain, nous visitons le Tashilumpo, monastère, créé par le premier Dalaï
Lama, en 1447. En 1642, le
cinquième Dalaï Lama, qui est
une réincarnation du Bouddha
de la compassion, créa à
Shigatse
la
lignée
des
Pachens Lamas qui sont la
réincarnation du boudha de la
lumière infinie. Les moines,
accroupis dans la grande cour
intérieure, préparent des
offrandes en tsampa. Nous
atteignons Sakya, haut lieu
chargé d’histoire à l’origine de
la secte bouddhiste sakyapa,
dont le style artistique
influença la peinture tibétaine
du XIV° au XVI° siècle.
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Il nous faudra un jour de plus
et passer le col de Lakhpa à
Au monastère de Shigatse, les moines se sont regroupés pour préparer des
5220 m pour atteindre Tingri,
offrandes. Elles seront posées aux pieds des statues de divinités.
village situé sur un immense
plateau à 4340 m d’altitude, non loin des massifs du Cho Oyu et de l’Everest. Pas l’ombre d’un
nuage. Le ciel est bleu et la nuit promet d’être froide, surtout que nous dormirons sous la tente.
Diaporama
Jour 1 : De Tingri (4360 m) au camp de Langju (4540 m)
Sensations du jour :
Nous évoluerons sur l’immense plateau de
Tingri qui nous mènera au pied des hauts
massifs aux sommets enneigés avec en point
de mire le Cho Oyu (8201 m). Nous
traverserons les derniers villages de notre
trek, où l’activité dans les champs est encore
importante car il faut préparer l’hiver. Le vent
se lèvera en milieu de journée et sera de plus
en plus fort alors que nous remonterons la
rivière Rachu Tsangpo.
Difficultés :
Aucune
Dénivelé à la montée :
250 m
Durée :
5h30
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4360 m - 10h20 : Le Cho Oyu (8201 m) domine le plateau de Tingri,
où les habitants des villages ont déjà terminé les moissons.
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4380 m - 11h00 : Les moissons du village de Lilung sèchent au soleil,
dans ce paysage entouré de montagnes arides.
Nous quittons le village de Tingri
vers 8h40 - 4360 m en longeant la
route goudronnée, sur un kilomètre
et demi environ, jusqu’ à la
bifurcation avec la piste qui part sur
la droite. Nous quittons la route pour
nous diriger vers le Cho Oyu, au sud.
Devant nous s’étend alors l’immense
plateau de Tingri qu’il nous faut
remonter en suivant la piste qui est
rive droite de la Rachu Tsangpo.
Nous passons Rachu (10h00 4360m) où nous attendaient nos
muletiers.
Nous
faisons
connaissance. Ils habitent le village
de Gondu Phuk tout à côté. Ils ne
perdent pas de temps pour charger
les animaux de bât et nous voici
partis une demi heure plus tard. Sur
notre droite, au loin, les sommets
enneigés du massif du Choksiam
(7361 m) nous barrent l’horizon. Le
soleil n’est pas trop chaud, ce qui est
bien agréable pour marcher. Nous
arrivons alors au village de Lilung
(10h40 - 4370 m) autour duquel les
champs de céréales ont été
moissonnés. L’herbe jaunie par le
soleil, continue de sécher. Les
femmes du village la retourne de
temps en temps. Les maisons sont
en terre avec des murs recouverts
de chaux et un toit plat. Nous en
profitons pour visiter un moment les
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4460 m - 14h05 : Nous nous dirigeons toujours en direction du Cho
Oyu. Sur notre gauche, le village de Langju, au pied d’une colline.
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4520 m - 15h00 : Nous voici au village de Lamju, le dernier que nous
rencontrerons sur notre chemin.
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4550 m - 15h25 : Nous remontons à présent la vallée de la Rachu
Tsangpo, dans laquelle nous établirons notre campement.
lieux. Bien que nous ayons le temps,
il nous faut partir car le plateau est
encore long à remonter. Nous
continuons en direction du Cho Oyu,
toujours en suivant la piste. Par
moment nous la perdons un peu,
mais nous finissons toujours par la
retrouver. Quelques chèvres noires
et blanches broutent le peu d’herbe
qui recouvre le sol. Nous sommes
dans un désert de cailloux. Le
contraste est saisissant avec le
versant népalais où les vallées sont
plus arrosées et plus encaissées.
Nous voici aux ruines de Lunja
(12h20 - 4410 m). Au bord d’une
rivière, un vieux moulin à farine est
encore en état. Nous allons le visiter.
Les graines étaient mises dans un
entonnoir en peau, suspendu au
plafond. Elles étaient écrasées entre
deux grosses pièces cylindriques,
mues par le courant de la rivière.
Mais apparemment, il ne fonctionne
plus
depuis
longtemps.
Deux
paysans avec leurs charrettes tirées
par des chevaux et chargées de
paille s’arrêtent pour nous demander
une cigarette, puis discutent avec
nos muletiers.
Nous continuons en traversant une
zone de galets. Nous sommes dans
le lit de la Rachu Tsangpo (13h00 4425 m).
Nous faisons un arrêt pour le repas.
Le menu se compose d’un oeuf, d’un
chapati, de hareng et d’une pomme.
Une heure après, c’est reparti. Nous
rejoignons le village de Langju
(14h55 - 4525 m). La petit épicerie
nous permet d’acheter de l’eau. Mais
le vent qui souffle nous oblige à
repartir sans trop nous attarder. On
remonte le lit de la rivière, rive
droite. D’ailleurs, notre camp de ce
soir sera à quelques mètres de la
rivière. Nous y arrivons alors que le
vent est plus violent (15h30 4540m). Notre muletier nous
prépare le thé et mange sa tsampa,
faite de farine d’orge et d’eau. Puis la
nuit et le froid clôture cette journée.
Diaporama
Jour 2 : Du Camp Langju (4540 m) au Camp Lamna (5050 m)
Sensations du jour :
Cette longue journée de marche en altitude
sera fatiguante. Le paysage, quoique
désertique, sera bien agréable. La vue sera
toujours ouverte, car les vallées que l’on
remontera seront larges. Pour terminer notre
journée en beauté, nous monterons sur des
dômes (5215 m
et 5295 m) facilement
accessibles pour apercevoir un petit bout de
l’Everest, ainsi que le col de Lamna où nous
passerons le lendemain.
Difficultés :
Aucune
Dénivelé à la montée :
550 m jusqu’au
camp et 300 m de plus avec les ascensions
des deux dômes.
Durée :
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4545 m - 9h50 : Nous remontons toujours la vallée de la Rachu
Tsangpo, en longeant la rive droite.
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4610 m 10h50 : Devant nous, la sente bien tracée file vers la gauche
alors que nous apercevons le Melungtse (7181 m) depuis le col.
5h30 + 1h30
Nous commençons à marcher vers
9h00, toujours en longeant la Rachu
Tsangpo qui prend sa source sous le
col de Nangpa (5741 m), un des
passages obligé pour rallier le
Khumbu, au Népal. La vallée est
encore large. le Cho Oyu disparaît
derrière d’autres sommets et nous
ne le verrons plus. On se dirige vers
une gorge (9h50 - 4545 m) dans
laquelle passe la rivière. La vallée
vire sur la droite. Il faut alors monter
un peu pour la passer, traverser le lit
d’un petit affluent (10h40 - 4595m)
et remonter un petit vallon jusqu’à
un col (10h50 - 4610 m).
De là haut, on domine la rivière et
voyons le Melungtse (7181 m). On
voit aussi le confluent entre la Rachu
Tsangpo (à droite) et la Lamna Chu
(à gauche). C’est cette dernière que
nous suivrons. Pour l’instant, la
sente, bien tracée, redescend en
virant sur la gauche. On passe un
ruisseau (11h40 - 4650 m) alors que
le vent se lève.
La vallée de la Lamna Chu nous
mène aux ruines de Tsaripuk (4665 12h00). D’ici, en se retournant, on
aperçoit
le
massif
du
Shishangpangma (8012 m) à
l’horizon. C’est le seul 8000 m qui
n’appartient qu’au Tibet, car tous les
autres sont frontaliers avec le Népal.
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4720 m - 12h20 : Nous remontons la vallée de la Lamna Chu, tout en
dominant le lit de la rivière. Au fond, le Melungtse.
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4800 m - 14h15 : La vallée s’est infléchie sur la gauche et nous laisse
découvrir une immense étendue herbeuse.
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5050 m - 16h20 : Les chevaux profitent de l’herbe autour du camp où
nous allons passer la nuit. Au fond, des sommets à plus de 6000 m.
La vallée de la Lamna Chu est plus
étroite. Nous atteignons bientôt la
base de l’arête qui vient du Cho Oyu.
C’est là que la vallée vire encore à
gauche (est). Nous profitons d’un
enclos aux murs en pierre pour nous
arrêter pour manger (13h10 4765m). Il est le bien venu car le
vent, à présent est fort et froid. Les
murs nous permettent de nous
abriter et aussi de nous réchauffer
au soleil. Chan, notre muletier nous
offre de la patte de chèvre fumée.
C’est très bon et ça nous change du
poisson en conserve.
Peu après notre départ, nous devons
traverser la Lamna Chu (14h15 4800 m). Nous voici sur un immense
plateau. On a du mal à apprécier les
distances. Alors que des collines
nous semblent proches, il faut
parfois plus d’une heure de marche
pour en atteindre la base. Mais cela
n'atteint pas notre moral qui reste au
beau fixe.
Sur notre droite, on aperçoit des
crêtes enneigées qui culminent à
plus de 6000 m. Dommage que nous
n’ayons pas, encore une fois, assez
de temps pour pouvoir en faire
l’ascension. On se dirige sur la droite
du plateau, en visant des collines. La
sente
est
toujours
visible.
Heureusement, car on se saurait où
aller dans cette immensité. Nous
atteignons un faux col (16h15 5065m) et peu après le campement
(5050 m). Comme il fait beau et que
nous avons encore le temps avant le
repas du soir, nous partons dans des
pentes raides, au sud du camp en
montant
pendant
trois
quart
d’heure. Nous sommes alors au
sommet d’un dôme à 5215 m. Nous
continuons jusqu’à un second
sommet à 5295 m - 17h15. De là, un
col nous sépare des sommets aux
crêtes blanchies par la neige,
culminant à plus de 6000 m et dont
les pentes semblent faciles. C’est
alors, à contre coeur, qu’il nous faut
rejoindre les tentes pour le repas.
Diaporama
Jour 3 : Du camp du Lamna (5050 m) au camp Rongbuk (4750 m)
Sensations du jour :
Nous passerons le col de Lamna à 5340 m, et
monterons un dôme (5390 m) depuis le col
pour avoir une meilleure vue. Nous verrons
alors la masse puissante de l’Everest qui
domine les environs. Nous devrons
redescendre pour rejoindre la vallée de la
Rong Phu Chu et la piste qui mène au
monastère de Rongbuk.
Difficultés :
Aucune
Dénivelé à la montée :
400 m
Dénivelé à la descente :
700 m
Durée :
5h30
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5170 m - 10h15 : Lors de la montée au col de Lamna, notre regard
est attiré sur la droite par des sommets d'accès faciles.
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5390 m - 11h15 : Depuis le sommet du dôme du col de Lamna,
l’Everest (8848 m) se dresse fièrement.
Cette nuit la température est
descendue sous la barre des -10°C.
Nous n’avons pas eu de problèmes
liés à l’altitude et c’est tant mieux.
Nous quittons le camp vers 9h30. On
monte dans les pentes qui mènent
au col de Lamna, en visant tout
d’abord un faux col. Le terrain n’est
pas très facile car constitué de
tourbe. On atteint une sorte d’enclos
(10h45 - 5275 m). De là, on vise sur
notre gauche un dôme. C’est celui
que nous allons gravir pour avoir une
vue plus dégagée que celle du col.
On arrive au sommet (11h15 5390m). Devant nos yeux, on peut
enfin admirer le sommet de
l’Everest. La vue est superbe. Juste
devant lui, le Chang Tse (pic nord)
qui culmine quand même à 7583 m
semble
minuscule.
Déjà,
les
premiers nuages s’installent dans le
ciel au dessus du toit du monde. A
l’opposé,
on
revoit
le
Shishangpangma, solitaire, dont la
masse recouverte de neige émerge
au milieu de ces vastes étendues
désertiques. D’où nous sommes, on
devine le village de Zamphuk, vers
l’est, au pied d’une colline. Le col de
Lamna est, quant à lui, au nord du
dôme sur lequel nous sommes. Il est
midi lorsque nous quittons le
sommet. Nous descendons par une
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4920 m - 13h40 : Nous descendons le vallon, toujours dans ce désert
de cailloux avec l’Everest au loin.
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4720 m - 15h10 : Nous sommes à présent dans la vallée de la Rong
Phu Chu. Au fond, le Gyachung Kang (7922 m) barre l’horizon.
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4745 m - 15h35 : Nous remontons la rive droite de la Rong Phu Chu
en suivant la piste qui mène à Rongbuk.
large arête. A notre gauche, la vallée
de Zamphuk. Nous prenons celle de
droite en suivant une sente bien
tracée (12h25 - 5295 m). On rejoint
un vallon qui descend des crêtes du
col de Lamna. On en suit le fond
jusqu’à notre arrêt repas (14h00 4830 m) qui ne dure que cinquante
minutes. On ne tarde pas à rejoindre
la vallée de la Rong Phu Chu qui
remonte jusqu’au pied de l’Everest
en passant par le monastère de
Rongbuk. On est rive gauche (15h00
- 4715 m) et il nous faut la remonter.
Nous évoluons dans la partie
asséchée du lit de la rivière en
suivant un chemin bien tracé. Après
de petites gorges, on découvre le
confluent avec la Gyachung Chu
(15h10 - 4720 m). On traverse alors
en diagonale le lit caillouteux en
nous dirigeant vers la rive opposée.
Le Gyachung Kang se dresse sur
notre droite comme un immense
rempart de glace. Des cairns nous
indiquent la voie à suivre. Nous
descendons vers la Rong Phu Chu et
la traversons sur un pont (15h30 4720 m). Le sommet de l’Everest
apparaît un court instant pour se
cacher à nouveau derrière des
collines. Nous remontons une
trentaine de mètres pour rejoindre la
piste qui mène au camp de base de
l’Everest. Nous la suivons encore un
quart d’heure et nous arrêtons à
notre campement coincé entre la
piste et la rivière (15h50 - 4750 m).
Il ne passe personne par ici. Seul un
trekkeur qui vient directement de
Tingri, en suivant constamment la
piste, s’arrête un instant pour
discuter.
Alors que le vent souffle comme
chaque jour, nous allons boire le thé
sous la tente mess. Il ne fait pas
encore froid et profitons du soleil qui
chauffe pour nous laver au bord de la
rivière. L’eau est froide mais nous
n’avons pas le choix. Il nous tarde
déjà demain pour aller admirer
l’Everest.
Diaporama
Jour 4 : Du camp de Rongbuk (4750m) au C.B de l’Everest (5140m)
Sensations du jour :
Un long chemin nous attendra jusqu’au camp
de base de l’Everest. Nous passerons le
monastère de Rongbuk où vivent encore des
moines à 5000 m d’altitude. Le vent sera par
moment fort et gâchera un peu le plaisir. Mais
la vue sur l’Everest sera magnifique tout au
long du chemin, surtout depuis une crête qui
domine le monastère où nous irons (5240m).
Dans tous les cas, on ne peut pas se perdre
car il faut suivre la piste jusqu’à la fin. Nous
effectuerons le retour en 4x4 jusqu’à
Rongbuk où il est possible de dormir.
Difficultés :
Aucune
Dénivelé à la montée :
400
m
sans
l’ascension et 300 m de plus pour la crête de
Rongbuk.
Durée :
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4750 m - 8h00 : Notre campement est situé juste entre la piste de
Rongbuk et la rivière Rong Phu Chu.
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4970 m - 10h20 : Nous sommes au niveau du monastère de Rongbuk.
D’ici la vue sur l’Everest est stupéfiante.
5h00 + 1h00
Nous ne perdons pas de temps pour
partir (8h30 - 4750 m) car il nous
faut parcourir les 15 km de piste qui
nous séparent du camp de base de
l’Everest, terminus de notre trek. Le
vent souffle déjà. Le paysage est
bien aride. Il ne pousse rien ou
presque dans cette immensité. On
remonte rive droite la vallée de la
Rong Phu Chu. L’Everest est presque
tout le temps visible ce qui nous
motive pour avancer. On arrive enfin
au monastère de Rongbuk (10h20 4970 m), à mi chemin. Les drapeaux
à prières flottent au vent. De l’autre
côté de la piste, un hôtel accueille les
gens de passage. La grosse majorité
d’entre eux viennent ici en 4X4.
Après un court arrêt, nous décidons
de grimper jusqu’à des crêtes qui
dominent le monastère. Les pentes
sont raides. Le souffle à cette
altitude est court, mais la vue que
l’on découvre au fil de notre montée
nous récompense des efforts que
nous fournissons. Au sommet des
premières crêtes (11h30 - 5240 m),
nous dominons la vallée de la Rong
Phu Chu. Nous voyons parfaitement
le glacier de Rongbuk et sa moraine
frontale. Il serait possible d’aller plus
haut, mais le temps nous manque
encore une fois.
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5240 m - 11h30 : Depuis la crête qui domine le monastère de
Rongbuk, l’Everest est peu à peu envahit par les nuages.
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5030 m - 12h30 : La piste que nous suivons et qui mène au camp de
base de l’Everest est balayée par le vent.
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5200 m - 14h00 : Depuis le belvédère du camp de base, on aperçoit
le glacier de Rongbuk et l’Everest dont on peut encore voir le sommet.
Nous décidons de rejoindre la piste
en suivant une sente qui descend à
flanc, en diagonale. Les nuages ne
perdent pas de temps pour envahir
les montagnes du fond de la vallée,
en passant par le col de Lho, point
bas de l’arête ouest de l’Everest.
Tout en suivant la sente, nous
passons les ruines du village de
Tundrupling, accroché à flanc et
rejoignons la piste (12h10 - 5000m).
Le vent, que nous avons de face, est
violent et ralentit notre progression
qui devient moralement plus pénible.
Nous voici au pied de collines qui
obstruent la vallée (13h00 - 5050
m). La piste monte alors en
serpentant dans ce qui est en fait les
restes d’une moraine du glacier de
Rongbuk. Les nuages sont plus
nombreux sur l’Everest et nous
gâchent un peu le plaisir. Mais le
sommet du toit du monde est encore
visible. Après le passage dans
l’ancienne moraine qui nous paraît
interminable, nous rejoignons enfin
le camp de base de l’Everest, battu
par les vents (5140 m - 13h50). Il y
a quelques habitations et un endroit
où l’on peut boire une boisson. Mais
nous poursuivons jusqu’au belvédère
sur le glacier de Rongbuk et de
l’Everest (14h00 - 5200 m). Le vent
est très fort et nous ne tardons pas
à rejoindre le “café” pour boire un
thé chaud. Nous sommes bien
contents d’être à l’abri du vent, assis
sur des bancs. La “tenancière” a les
pommettes des joues toutes rouges,
comme la plupart des gens qui
vivent en altitude. A chacun de ses
doigts, elle porte une bague et
autour de sa taille, la ceinture
traditionnelle. Après une heure de
repos, le 4X4 arrive pour nous
ramener à Tingri. La route qui passe
par le col de Pang (5220 m) est
longue. C’est pour cela que nous
passerons la nuit à Pasum où les
ruines d’anciennes forteresses en
terre dressent encore leurs murs,
comme pour défier le temps.
Galerie
<
Le Jokhang
Situé au coeur de la ville de Lhassa, ce monastère est un lieu de prières
mais aussi d’habitation pour les moines qui viennent étudier.
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Monastère de Drepung >
Ce fut le plus grand monastère du monde qui abritait autrefois
jusqu’à dix mille moines. De nos jours, ils ne sont plus que quatre
cents.
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< Village de Lilung
Perdus dans l’immensité désertique du plateau
tibétain, à plus de 4400 m d’altitude, les
habitants du village arrivent malgré tout à y
faire pousser des céréales.
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<
Le Tashilunpo
C’est le nom de la cité monastique de Shigatse
où vécurent les Pachen Lamas. Nous voyons ici
le Kesang Lhakhang, temple du XV° siècle.
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^ Moinillons
Les monastères permettent aux enfants
d’obtenir une éducation religieuse mais aussi
générale. Lorsqu’ils auront l’âge de vingt ans, ils
pourront alors choisir entre rester ou revenir à la
vie civile.
<
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Sakya
Le
Kakhang
Chenmo en est le
temple principal
et fut construit en
1268.
C’est
ici
que
prospéra la secte
boudhiste
des
Sakyapa
dont
l’influence
fut
i m p o r t a n t e
pendant les XIII°
et XIV° siècles.
Galerie
<
Moines
Autour du Jokhang, les gens sont nombreux à se
promener. Nous rencontrons trois moines qui
sont curieux de nous voir.
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Sera
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Le Tsokchen, temple principal du site, abrite certains livres du début
du XV° siècle. A l’extérieur, les murs sont peints avec les couleurs
traditionnelles (rouge, blanc et bleu turquoise).
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< Offrandes
Tout comme les cierges dans la religion
catholique, les fidèles allument des lampes à
huile en offrande.
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<
Drapeaux à prières
Chez les Tibétains, le vent qui fait flotter les
drapeaux, lit la prière inscrite dessus.
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Gardien de l’est
>
Comme dans beaucoup de religions, l’icônographie revêt une
importance capitale qui est souvent difficile à déchiffrer pour les
non iniciés.
Nous sommes ici en présence du Gardien de l’est. C’est l’un des
quatre rois qui gardent chacun un point cardinal aux entrées des
monastères.
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<
Coiffure
On reconnait facilement les gens du peuple du
Kham (Khampa) grâce aus rubans rouges qu’ils
ont dans les cheveux.
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Galerie
<
Au pied de l’Everest
Cette femme qui vit au camp de base de l’Everest, à
plus de cinq mille mètres d’altitude, porte la boucle de
ceinture en métal caractéristique des hauts plateaux
tibétains.
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La tsampa
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C’est la nourriture de base des Tibétains depuis des siècles. A
base de farine d’orge, il faut y rajouter un peu d’eau et du
beurre de yack.
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< Mère et son enfant
Comme partout dans le monde, la meilleure
façon de porter son enfant reste encore dans le
dos.
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<
L’Everest
Depuis les crêtes qui dominent le
monastère de Rongbuk, le toit du
monde se dresse devant nous.
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Peinture murale
>
A
Sakya,
les
montagnes
sont
représentées comme le lieu d’habitation
des lions des neiges, alors que dans les
basses terres vivent les tigres.
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<
Melungtse
Ce
massif
qui
culmine à 7181 m
domine le plateau
de Tingri.
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