Introduction I. Éléments attendus d`une biographie d`écrivain

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Introduction I. Éléments attendus d`une biographie d`écrivain
Voici un plan à partir duquel vous pouvez rédiger en surlignant le texte pour
trouver les « preuves » des idées avancées.
Introduction
Multiplicité des biographies de Rimbaud, être insaisissable, qui s’est toujours dérobé à ses biographes.
Le biographe n’entreprend pas de consacrer une partie de sa vie à celle
d’un autre sans profondes affinités, sans sympathie au sens étymologique.
Au-delà des documents accumulés, il essaie de faire saisir l’essence profonde d’une personne, et de façon plus complexe pour les biographies
d’écrivains, d’une œuvre littéraire.
Cette sympathie va parfois jusqu’à l’osmose qui brouille un peu les pistes et
éloigne alors l’auteur de la tâche objective du biographe…
Si Pierre Michon écrit Rimbaud le fils, c’est parce que Rimbaud est, il le dit
lui-même, « son jumeau », par le rejet de la médiocrité provinciale (la
Creuse), mais aussi par l’usage violent qu’il fait de la langue.
I. Éléments attendus d’une biographie d’écrivain
traditionnelle : l’homme et l’œuvre
Michon a fait un travail de documentation très poussé pour écrire ; il en
reste des traces, bien qu’il ait avoué : « Je lis beaucoup de textes sur
l’époque […] Tout ça ne sert à rien mais ça me donne une certitude, une
confiance en moi. »
1. Un protagoniste : le personnage de Rimbaud, l’homme
• Tout le texte tourne autour de Rimbaud (« il » sujet de nombreux verbes).
• Ses désignations : prénom et nom.
• Sa généalogie.
2. Le récit d’un épisode de vie marquant :
la rupture d’une « plus longue fugue »
• Des lieux précis (noms propres à relever).
• Des personnages réels : amis et ennemis (à relever).
• Une fugue racontée dans son déroulement : itinéraire et indications temporelles (retracer l’itinéraire, relever les temps forts).
3. L’œuvre
• La genèse de l’œuvre retracée, la recherche des sources de l’œuvre.
• Des références précises à certains poèmes (à élucider ; cf. notes).
• Le vocabulaire « technique » de la langue poétique (à relever et expliquer).
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4. La modalisation : les précautions du biographe
• Des certitudes : « nous savons ».
• Beaucoup d’incertitudes : sous le signe du « on dit que… » : « peut-être »,
« comme le veut sa légende », « sans doute », « nous ne saurons jamais ».
II. Une biographie poétique, poétisée :
un poème en prose ?
« […] on ne sait jamais rien du passé, on invente », avoue Michon (entretien).
1. L’écart avec la biographie : un poème en prose
• Structure du texte : anaphore qui rythme le texte (« On dit que… »).
• Des effets de rythme : rythme travaillé de certaines phrases pour rendre
compte de l’errance (à relever et étudier).
• Des images saisissantes : les personnages métamorphosés (Rimbaud,
ogre et Poucet ; la mère Carabosse ; les tantes « Parques »…), les lieux ou
objets personnifiés, métamorphosés ou fantastiques (à relever).
• Des effets de sonorités évocatrices (les noms de lieux, l. 6-7).
2. L’écart avec la biographie : la subjectivité pour plus
de vérité…
• Le ton décalé : familiarité (exemples) et ton imagé – qui auraient plu à
Rimbaud – en décalage avec les impératifs d’objectivité de la biographie.
• Des métaphores qui s’éloignent de la réalité.
• Mais elles ont pour but de rendre compte des motivations et de l’état
d’âme profond de Rimbaud (« mornes […] comme des mouchoirs enfoncés
dans la bouche » rend compte de l’impression d’enfermement de Rimbaud).
• L’évidente connivence et admiration pour Rimbaud : la subjectivité
assumée et revendiquée : termes laudatifs, hyperboles…
III. À la manière de Rimbaud : une réécriture ?
La rimbaldisation du texte
« Je le considérais comme le modèle de l’écrivain. » Michon pourrait dire de
Rimbaud ce que Guéhenno, auteur de « Jean-Jacques, histoire d’une
conscience », a pu dire : « Cela fait dix ans que nous avons vécu ensemble… »
Consciemment ou non, une contamination de Rimbaud, le modèle important de ses jeunes années, déclic de la vocation littéraire de Michon : « « Il y
eut d’abord Rimbaud évidemment, depuis jeté aux orties » […] mais de lui
aussi, quoique jeté aux orties et peut-être parce que je l’ai jeté, je me sens
proche. »
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1. Imitation ?
À la base, des images rimbaldiennes : cf. réminiscences de poèmes :
« Grande Ourse », « Poucet » (« Ma Bohème »), « auberge verte » (« Au
Cabaret-Vert ») ; l. 13-14 : « des moulins dans des arbres, des usines
surgies […] d’avoine » (= monde étrange de « Enfance III »)…
2. Surenchère ?
• Des images surajoutées, surenchère d’images : « il caresse la Grande
Ourse » ; « patelins […] comme des coups de canon » (réminiscence du
« Mal » ?) ; « il appelle ses étoiles comme on siffle ses chiens » ; « suspendu
à la tringle dans le Septentrion »…
• Reconstruit les paysages traversés par Rimbaud.
De la poésie sur de la poésie…
Conclusion
Texte hybride : biographie, roman ou poème ? information ou éloge ?
Un texte qui informe autant sur son auteur que sur Rimbaud…
©HATIER