Entrée en matière
Transcription
Entrée en matière
Entrée en matière Philippe Cognée - Roland Cognet - Stéphane Couturier Daniel Dezeuze - François Dufrêne - Olafur Eliasson Denis Laget - Eric Provenchère - Anne-Marie Rognon Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne AU LYCÉE RENÉ DESCARTES - COURNON Du 1er mars au 29 avril 2016 L’enseignement d’exploration Arts Visuels est à l’origine de l’exposition Entrée en matière. Le contenu de cet enseignement est fondé sur une situation de référence : le partenariat avec le FRAC Auvergne. Sur cette base, un projet collectif est proposé : la mise en œuvre d’une exposition d’art contemporain dans l’enceinte du lycée à partir d’une thématique qui se renouvelle annuellement : la matérialité. Cette thématique se décline en 3 questions : De la matière première à la matérialité de l’œuvre : - l’œuvre est une conséquence de la transformation de la matière ; Les propriétés physiques de la matière et la technique : - ces propriétés sont une contrainte qui conditionne la pratique. - Le choix des outils et des techniques permet de tirer parti de ces propriétés ; L’expérience de la matérialité : - explorer, expérimenter la matérialité ; - questionner les interactions entre une production et son environnement (physique, géographique, politique, social, humain, …) ; - questionner les représentations du matériau (symboliques, poétiques, technologiques, politiques, …) ; - questionner le face à face avec l’œuvre (échelle, mesure, volume, apparition, exposition, immersion, …). Ce projet permet à l’élève d’identifier des catégories d’activité et de métiers propres à cette situation. Il détermine les pratiques plastiques et culturelles centrées sur ces trois questions, dans lesquelles les élèves trouvent un enrichissement artistique. Philippe COGNÉE Né en France en 1957 Vit en France Cervelle, 1995, encaustique sur toile tendue sur bois Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Depuis plus de 10 ans, Philippe Cognée tente de peindre les sujets les plus banals qui soient. Son questionnement est simple : un peintre peut-il tout peindre (un château de sable, une chaise de jardin, un immeuble, une cabane de chantier…) et que devient un sujet très banal lorsqu’il devient une peinture ? Que se passe-t-il lorsqu’on transfère une chose triviale sur une toile ? Cette chose prendt-elle une symbolique particulière ou une force singulière, du simple fait de devenir l’objet du regard des spectateurs ? C’est à cette série de questions que Philippe Cognée tente de répondre. Il utilise un procédé identique pour toutes ses œuvres. Le point de départ est une photographie, que Philippe Cognée reproduit sur une toile en utilisant de l’encaustique (cire d’abeille mélangée à des pigments de couleurs). Cette technique nécessite de travailler à chaud, tant que la cire est liquide. Une fois la matière refroidie, Philippe Cognée dispose un film en plastique sur la totalité de la surface de l’œuvre puis, à l’aide d’un fer à repasser, il chauffe à nouveau la cire. Les couleurs se liquéfient, se mélangent d’elles-mêmes puis refroidissent. Philippe Cognée arrache alors le film en plastique, ce qui crée toutes les aspérités visibles à la surface de l’œuvre. Dès lors, le sujet, aussi banal soit-il, se trouve mis à distance derrière la surface poreuse de l’œuvre, derrière le pelliculage glacé amené par l’encaustique, derrière la liquéfaction de la géométrie des formes. Cervelle appartient à une grande série de peintures de petits formats dans laquelle Philippe Cognée a choisi de représenter des parties organiques (cœurs, cervelles, abats). Ici se pose la question de connaître la relation entre un sujet et les qualités esthétiques qu’il génère. Le réalisateur David Lynch, à qui l’on doit des films comme Elephant Man, Lost Highway ou Mulholland Drive, explique que les choses les plus dérangeantes, les plus repoussantes peuvent devenir, lorsqu’elles sont vues en détail rapproché, de très belles représentations, esthétiquement très fortes. C’est ce qui arrive ici avec Cervelle : sa vue rapprochées et l’utilisation de la technique de l’encaustique permettent de transformer son aspect froid et peut-être morbide en œuvre dotée d’une indéniable douceur et d’un fort pouvoir de séduction. Roland COGNET Né en France en 1957 Vit en France Arbre strié, 2002, acacia et ciment Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Roland Cognet inscrit son œuvre dans une réflexion dont les enjeux côtoient les réalisations d’autres sculpteurs tout autant attachés aux qualités sensibles des matériaux et à une poétique de la matière. Si «au début des années 1980, l’artiste formule un enjeu, catalyser dans un même corps sculptural les quatre essences fondamentales : le minéral, le végétal, l’animal et l’humain»1, cet enjeu demeure depuis plus de vingt ans le fil conducteur de ses créations qui, passant indifféremment du registre abstrait à la figuration la plus directe, bâtissent une œuvre d’une grande sensibilité. «Chaque pièce, chaque série innove dans sa méthode de travail, associant s’il le faut des modelages de matières indurées : ciment, plâtre, résine. La sculpture s’affirme alors posturale, fortifiant l’espace intérieur, se mesurant au paysage, indexant ses valeurs ou le glorifiant. Et si la chose est périssable comme le bois, l’artiste s’adresse à elle par le verbe du geste : caparaçonner, protéger, mouler, soutenir, peindre, prolonger, creuser, soigner, et cautériser même.»2 à la juxtaposition de deux matériaux mais cettefois en adoptant l’idée de la greffe d’une forme contre une autre. Ici, le matériau initial est toujours un tronc sectionné mais il est prolongé par l’ajout d’un élément sculpté en ciment brut ajusté à la section du bois. Le bois, préalablement, a été travaillé par l’artiste : les scarifications et les striures reprennent les nervures du bois, et il s’agit ici de renforcer les propriétés visuelles et tactiles intrinsèques au matériau initial. La forme en ciment joue sur un registre semblable. Réalisée avec les doigts, modelée comme on travaille une pâte, ses bosselures rendent compte du processus d’élaboration. L’appendice de ciment apparaît comme un prolongement simultanément naturel et artificiel du tronc d’arbre. Il en constitue à la fois le bourgeon, émanation organique et saisonnière, et la greffe pétrifiée. Simultanément, ce rajout est un retour au sol. Sa forme incurvée fait raccord entre le bois coupé et scarifié et le sol, évoquant ainsi son enracinement originel. Arbre strié est la troisième œuvre de Roland Cognet acquise par le FRAC Auvergne. Si les deux premières sculptures, datées de 1992, obéissaient à un principe de recouvrement d’une forme naturelle –un tronc d’arbre – par une peau d’acier, l’œuvre de 2002 continue à recourir 1- Frédéric Bouglé, «Sculpture possible, et manège d’ateliers», Roland Cognet, Le Creux de l’enfer, 2011, p.7. 2- Ibid., p.8. Stéphane COUTURIER Né en France en 1957 Vit en France Usine Gévelot à Issy-les-Moulineaux, 1995, cibachrome sous diasec Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Usine Gévelot-Issy-les-Moulineaux est une photographie qui cadre une fenêtre aux carreaux cassés, trahissant par ces trouées des éléments d’un paysage urbain. Les découpages sont autant de tâches de couleur que de fragments de maison ou de jardin. La construction rigide et structurée du cadre et de son quadrillage renforce la ponctuation chromatique et flottante de ces éléments issus de l’extérieur de l’usine. Les photographies de Stéphane Couturier écrasent et juxtaposent les plans, annulent toute profondeur de champs et de perspective. Pourtant dans cette photographie tirée de la série Les archéologies urbaines, l’artiste informe et documente tant par le titre que par la précision de ses cadrages et de ses prises de vue. Mais ce qu’il y a de fondamental dans les photographies de Stéphane Couturier c’est cette façon qu’il a de déhiérarchiser les éléments de la photographie. Il n’y a plus de premier et d’arrière plan, ni de sujet principal. Cela renforce l’idée que les chantiers, les usines abandonnées sont en mutation, en changement, prêts à être détruit ou reconstruit. Mais le photographe s’attache surtout à souligner l’idée de mutation profonde dans un contexte social, économique et historique. Il redéfinit ce que l’on voit et le rôle de la photographie dans son intention de montrer, de cadrer, de témoigner, de définir un espace et un temps. Il interroge également les statuts de l’image et revisite la notion de perspective. Daniel DEZEUZE Né en France en 1942 Vit en France Sans titre (Objets de cueillette), 1993, technique mixte Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Les objets fabriqués par Daniel Dezeuze s’apparentent davantage à des bricolages modestes ou à des attributs de chaman qu’à des sculptures. Leurs matériaux les rapprochent des assemblages hétéroclites qui pourraient joncher le sol autour de la cabane d’un excentrique, mi-clochard, mirebouteux. Ils sont construits à partir d’éléments de récupération aussi banals et a priori dépourvus d’intérêt qu’un vieux sac en cuir, un portesavon, un arrosoir en plastique… Les différentes parties tiennent ensemble grâce àdes morceaux de scotch, des lanières de cuir, des cordes. Nous sommes donc là bien loin d’une certaine idée de la sculpture triomphante moulée dans le bronze ou taillée dans le marbre. Plutôt que de fonte ou de taille, il s’agit d’assemblages de petites choses sans importance qui prennent peu de place et tiennent plus ou moins bien ensemble. Malgré leur apparence misérable, ils restent des sculptures. Le bambou qui leur sert généralement de pied tient lieu de socle. Le changement induit est considérable : la sculpture ne se donne plus à voir comme un objet massif lourdement posé sur le sol mais comme une ligne verticale. De ce simple fait, ces pièces entretiennent un rapport étroit avec un corps debout. Cependant, leur taille – plus de deux mètres – fait qu’elles nous dominent. Longues silhouettes, elles sont presque réduites à des graphismes dans l’espace. En effet, leurs lignes sont plus proches du dessin que du volume que suppose généralement la sculpture. Appuyées contre un mur, elles s’apparentent à un système de traits ou à un collage se détachant sur une surface. Leur réalisation suppose de prendre en considération une dimension poétique. Elles sont en effet le résultat d’objets collectés par Daniel Dezeuze lors de promenades, d’où leur titre d’Objets de cueillette. C’est par la déambulation et la découverte hasardeuse que se crée l’œuvre d’art. Chaque sculpture entretient donc une étroite relation avec un moment précis vécu par l’artiste. Chaque œuvre devient le témoin d’un morceau de vie. C’est donc pour Daniel Dezeuze une manière de matérialiser, de rendre visible et durable un instant de bonheur ressenti lors d’une promenade. François DUFRÊNE Né en France en 1930 Décédé en 1982 Et Goliath !,1972, dessous d’affiches lacérées, marouflées sur toile Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Comme Raymond Hains, François Dufrêne est affichiste, c’est à dire qu’il trouve dans les affiches arrachées aux murs de nos villes la matière première de son travail artistique. Mais sa technique diffère car il travaille sur le verso des affiches. Il travaille par soustraction en enlevant, déchirant jusqu’à trouver la composition qui allie forme, couleur et mots… Dufrêne précise ainsi que l’assemblage peut se définir de deux manières opposées : le support papier assemblé à d’autres supports papiers ; et l’assemblage par soustraction de couches qui illustre l’acte d’assembler en retirant. L’envers favorisant la douceur des teintes, la moindre apparition d’une ligne ou d’un mot aura son importance. François Dufrêne découvre ainsi le mot David suite au grattage de la surface. L’artiste répond par le titre « Et Goliath ! ». Il tisse, outre la référence biblique, un nouveau rapport de force entre deux adversaires. Dans ce cas, l’affiche et la pauvreté de son support (David) sont opposées à la société de consommation de masse (Goliath) des années 70. Olafur ELIASSON Né au Danemark en 1969 Vit en Allemagne Your mercury ocean,2009, matériau réfléchissant sur skateboard Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre «La relation des hommes à leur environnement m’a toujours intéressée» explique Olafur Eliasson et cette affirmation peut sans doute constituer l’un des principaux fondements de ses œuvres, qu’elles soient de vastes installations très sophistiquées, des sculptures ou des photographies. Généralement développées selon des processus complexes qui nécessitent un travail pointu mené par une équipe permanente de plusieurs dizaines de personnes, les créations d’Olafur Eliasson s’agencent autour d’une idée centrale : mettre le spectateur au cœur d’une réflexion sur la place qu’il occupe dans un contexte donné et, plus largement, dans le monde. Son œuvre la plus marquante demeure sans doute The weather project, le soleil monumental créé en 2003 à la Tate Moderne de Londres, transformant la gigantesque halle des turbines en un espace contemplatif absolument sidérant pour ses deux millions de visiteurs. L’œuvre intitulée Your mercury ocean est une commande réalisée pour Mekanism, une marque de skateboards qui depuis plusieurs années s’est engagée dans la production en série limitée de planches de skate dont la conception est déléguée à des artistes sous forme de cartes blanches. Ce qui a débuté avec de simples sérigraphies sur planches s’est rapidement orienté vers des projets proposés à des artistes d’envergure internationale (ainsi Albert Oehlen et Katharina Grosse par exemple, tous deux exposés au FRAC Auvergne en 2005 et 2008) et des éditions limitées dont chaque exemplaire n’en est pas moins unique. Olafur Eliasson est le premier artiste à avoir décidé de retravailler la structure même de la planche de skateboard. Normalement constituée de sept couches de bois, les planches d’Olafur Eliasson ont été spécialement conçues avec treize couches de manière à pouvoir être gravées au laser en profondeur pour obtenir un effet de vague. Chaque planche a ensuite été recouverte de chrome sur les deux faces. Surface réfléchissante irrégulière, le skateboard en devient immatériel, distord tout ce qui s’y reflète, posant non seulement la question de ce que nous voyons mais aussi de comment nous voyons. Denis LAGET Né en France en 1958 Vit en France Sans titre, 1987, huile sur toile, cadre zinc sur bois Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Portraits, vanités, natures mortes, paysages... Denis Laget maintient sa peinture dans les sujets les plus classiques mais peu héroïques de l’histoire de la peinture - à moins qu’il faille considérer que peindre ces sujets-là après Chardin, Morandi, Manet... serait une tâche héroïque. La mort traverse ces sujets parce que, sans doute, la peinture parle, en grande partie ou en général, du corps et de la meurtrissure des chairs. On se souviendra des autoportraits de Rembrandt comme de la Raiede Chardin, certes, mais aussi que la peinture occidentale s’est penchée longuement sur la question de la représentation de la carnation et que la transparence de sa surface renvoie à celle de la peau, à ce que contient le corps - et du coup pas seulement dans les peintures qui concernent cette thématique mais dans toutes ou presque qui ont affaire à la figure. Cette peinture renvoie donc au corps et pas uniquement dans sa thématique mais, également dans sa matière : une matière épaisse, organique, croûteuse ou onctueuse, malaxée, triturée, étalée... La cuisine apparaît comme l’autopsie du cadavre et révèle un corps de peinture. La jouissance s’impose par l’excès de la surface surimposé à la représentation et, justement, produit que la peinture peut échapper à la représentation. Eric PROVENCHÈRE Né en France en 1970 Vit en France Fragile Wind-Même le plus abimé-Pondering Tree-A Woman’s Day, 2012 - 2013 Bâtons d’huile, pastels gras, acrylique sur balsa collé sur carton bois Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Avec la série Massif, dont sont extraites les œuvres acquises par le FRAC Auvergne, Eric Provenchère s’est sans doute éloigné du cœur d’un propos résolument tourné, depuis des années, vers la couleur et vers la poursuite d’une réflexion historiquement importante qui prend ses sources dans l’abstraction américaine - Colorfield et Hard Edge notamment. Mais cet éloignement s’est incontestablement effectué au profit d’une sensibilité accordée à la matière et au matériau que l’artiste se refusait peut-être d’aborder ou d’assumer, ayant consacré jusqu’alors l’énergie de sa pratique à l’exploration de processus divers. Avec Massif et les titres généralement poétiques donnés à chacune des peintures qui en constitue le corpus, Eric Provenchère ouvre la voie au versant le plus sensible de son œuvre, renouant avec les affinités électives qui sont les siennes et qui, depuis longtemps, l’ont conduit à admirer d’autres artistes, sans doute plus inclassables, comme Richard Tuttle ou Raoul de Keyser. Peintures miniatures réalisées en empâtements délicats sur de simples morceaux de cagette en bois, les œuvres de la série Massif se livrent dans une fragilité assumée qui en appelle inévitablement à un assentiment du spectateur visà-vis d’une abstraction acceptant d’être doucement contaminée par une forme de romantisme et de fascination pour la beauté des matériaux. Comme le note la critique d’art Karen Tanguy, «cette appréhension du matériau prédomine dans les Massifs où touches de pastel gras et de bâton d’huile y sont apposées tout en souplesse… [...] D’un processus plus spontané, cet ensemble est l’un des seuls où chaque occurrence dispose d’un titre propre encourageant ainsi certaines analogies. [...] La relation textuelle et picturale des pièces de l’artiste suscite chez l’observateur des images mentales où il y perçoit une atmosphère de paysage, parfois métaphorique, parfois plus accidenté et tumultueux.» (Extrait du texte de Karen Tanguy pour l’exposition Tout ce que la main peut atteindre, La Tôlerie, Clermont-Ferrand, 2014) Anne-Marie ROGNON Né en France en 1969 Vit en France Le Petit Prince, 2002 Acrylique sur papier, fil, fusain Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre A quelqu’un lui demandant ce qu’il aurait créé s’il avait été en prison, Picasso aurait répondu «Peu importe, j’aurais peint avec ma salive». De même que pour George Brecht, l’art d’Anne-Marie Rognon requiert si peu d’espace, et bien peu de moyen. L’artiste est originaire de Clermont-Ferrand et a été formée par l’école supérieure d’art de Clermont-Communauté d’où elle est sortie avec les félicitations du jury. Elle réalise des peintures sur des formats variables, des installations qui seront parfois miniatures comme celles en question ici, des vidéos la mettant en scène dans une attitude décalée. De même que ce Funambule réalisé en 2004 (une petite figurine se tenant sur un fil tendu entre les deux surfaces d’un réduit de mur), l’artiste ne connaît ni l’échelle ni le vertige. Elle tend son filin fragile pour un Petit Prince aérien, entre un support d’art majeur et un autre dit mineur, entre une temporalité (celle d’un temps pluvieux) et une autre (celle où le parapluie sèche).Utilisant les petits recoins de l’espace qu’ordinairement chacun ignore, coin de mur, angle d’escalier, renfoncement de porte, cueillie de plafond, écoinçon, jambage de fenêtre,Anne-Marie Rognon les repeint ou non, mais s’y installe pour une modeste intervention. Petit carottage du réel, prélèvement du quotidien, décor de théâtre à l’échelle de nos doigts, pop-up pour spectateur à genoux, cet espace local construit dans un espace global se fait alors monumental. Armée de son métalangage puissant tel un dessin d’enfant, elle s’installe dans un univers qui lui appartient. Il est possible, comme l’insinue Jean-Paul Fargier dans le texte accompagnant son exposition au Centre d’Art de Saint-Fons en 2001, que l’artiste porte un regard critique sur notre monde actuel. Je devine pour ma part une construction mentale singulière. L’artiste tisse dans l’espace, pour le visiteur, une sorte de piège d’araignée sans venin pour petits enchantements virevoltants. “ Avec l’âge, je me sens de plus en plus responsable de mon propre bonheur. […] J’aime m’asseoir à une table, goûter un bon vin, serrer mes amis dans mes bras ”, confesse le réalisateur italien Ermanno Olmi. De même que Charles Trenet voyait le monde dans le cœur d’une noix, de même que ces pères du “ paysagisme chinois ”, de même que maître Gu Yiang, l’art en question ici tient moins à conquérir qu’à capter et activer un temps de félicité. L’œuvre en kit se doit d’être reformulée, et à chaque fois déplié et installée pour être présentée. En rangeant ces délicates créations dans des encoignures méprisées, l’auteur creuse une petite niche de curiosité dans l’espace commun. Ces simples scènes qui ramènent au plus pauvre du quotidien agissent pourtant tel un drap parfumé de lavande dans l’armoire de la mémoire. Une fois posé, ce tableau à trois dimensions pour spectateur lilliputien ouvre, véritable judas, un paysage de tendresse dans l’imaginaire de chacun. Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC), créés au début des années 80, sont des institutions dotées de trois missions essentielles. La première consiste à constituer des collections d’œuvres d’art représentatives de la création contemporaine de ces 50 dernières années. La seconde est une mission de diffusion de ces collections sous forme d’expositions, tant dans les régions d’implantation des FRAC respectifs qu’ailleurs en France et à l’étranger. Enfin, la troisième raison d’être de ces institutions est d’œuvrer pour une meilleure sensibilisation des publics à l’art de notre époque. Le FRAC Auvergne a choisi dès le départ d’orienter sa collection vers le domaine pictural, se dotant ainsi d’une identité tout à fait spécifique dans le paysage culturel français. Aujourd’hui composée de plus de 700 œuvres, cette collection circule chaque année en région Auvergne et ailleurs, à raison de 20 expositions annuelles. Le FRAC Auvergne bénéficie du soutien du Conseil Régional d’Auvergne-Rhône-Alpes et du Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne - Rhône-Alpes. Il est également soutenu, pour l’Art dans les Lycées, par le Rectorat. Programmation du FRAC FRAC AUVERGNE 6 rue du Terrail - 63000 Clermont-Ferrand A quoi tient la beauté des étreintes Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne Du 30 janvier au 26 mars 2016 Pius Fox Du 9 avril au 19 juin 2016 Retour au meilleur des mondes Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne Du 2 juillet au 25 septembre 2016 AUTRES EXPOSITIONS PÉDAGOGIQUES Anatomies Frédéric Castaldi, Philippe Cognée, Richard Fauguet, Gérard Fromanger, Pierre Gonnord, Fabian Marcaccio > Lycée agricole de Rochefort-Montagne. Du 1er mars au 11 avril 2016 Les échos de la mémoire Darren Almond, Johannes Kahrs, Horst Haack, Fabrice Lauterjung, Al Martin, Jean-Luc Mylayne. > Lycée agricole de St-Gervais d’Auvergne. Du 8 mars au 11 avril 2016 Dans le cadre des EROA (Espaces de Rencontre avec l’Œuvre d’Art) La fabrique de l’image Darren Almond, Anne-Sophie-Emard, Agnès Geoffray, Emmanuel Lagarrigue, Marc Le Mené, Platino > Lycée Jean Monnet - Yzeure. Du 1er décembre 2015 au 25 mars 2016 Absence - Carte blanche aux élèves du lycée Marc Bauer - Bruno Bellec - Philippe Cognée - Jean-Charles Eustache - Gilgian Gelzer - Edi Hila - Jonathan Pornin > Lycée Blaise Pascal - Ambert. Du 3 mars au 28 avril 2016 PROJET FÉDÉRATEUR WORKSHOP EN LYCÉES PROFESSIONNELS > CFA Haute-Loire - Bains Section menuiserie et charpente > Lycée Godefroy de Bouillon - Clermont-Ferrand Section graphisme et décor > Lycée Charles et Adrien Dupuy - Le Puy Section usinage > Lycée François Rabelais - Brassac-les-Mines Section chocolat > Lycée Pierre-Joël Bonté - Riom Section énergie > Lycée Saint-Géraud - Aurillac Section communication graphique > Lycée Lafayette - Clermont-Ferrand Section électrotechnique > EPL Saint-Flour. Filière environnement nature FRAC Administration 1 rue Barbançon 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04.73.90.5000 [email protected] Site internet : www.fracauvergne.com FRAC Salle d’exposition Ouverture : - de 14 h à 18 h du mardi au samedi - de 15 h à 18 h le dimanche - fermeture les jours fériés Entrée libre Contact pour les scolaires Laure Forlay, chargée des publics au FRAC Auvergne 04.73.74.66.20 ou par mail à : [email protected] Patrice Leray, Professeur correspondant culturel [email protected] Ce document est disponible en téléchargement sur le site du FRAC Auvergne : www.fracauvergne.com et sur le site du rectorat de l’académie à l’adresse suivante : http://www3.ac-clermont.fr/pedago/arts/ressources.htm En couverture : François Dufrêne, Et Goliath !, 1972. Collection FRAC Auvergne 6 rue du Terrail 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04 73.90.5000