Des polonais métayers dans le sud ouest
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Des polonais métayers dans le sud ouest
Les Amis de la Pologne Association loi 1901 N° 43 – Décembre 2014 Editorial L’année 2014 laissera bien des souvenirs à nos adhérents et à nos sympathisants, souvenirs de fêtes traditionnelles, de concerts, de spectacles et de conférences. Aux plus volontaires, elle aura permis l’apprentissage de la langue polonaise, pour retrouver leurs racines ou simplement réaliser un rêve. Le 11 novembre 2014 aura marqué le 123eme anniversaire de l’Indépendance retrouvée de la Pologne après une très longue période durant laquelle le pays a été rayé de la carte. Que de souffrances, que de combats menés par des générations de Polonais pour redonner la souveraineté à leur pays. Quel tribut payé à l’Histoire. Mais quelle magnifique contribution de la Pologne à l’Europe dans les années qui ont suivi. C’est ce que Dariusz Winiewski a rappelé le 13 novembre, Salle des Illustres du Capitole, lors de la réception rassemblant la communauté franco-polonaise, sur l’invitation du Maire de Toulouse et du Consul Général de Pologne à Lyon. L’année se termine dans l’émerveillement avec “ Szopka ” l’exposition des crèches de Cracovie à l’Institut Catholique de Toulouse. Il est temps de fermer les fenêtres, de laisser arriver la douce nuit de Noël puis la dernière nuit de l’année. Je veux vous souhaiter, à vous toutes et à vous tous, Chers Amis de la Pologne, un Noël illuminé de millions d’étoiles, une nouvelle année 2015 jalonnée de bonheurs petits et grands, faite de joie de vivre et de santé. Jean-Noël Dragon Illuminations 2014 Place du Château à Varsovie et Place du Capitole à Toulouse Sommaire n°43 Politique ……………………………………………...………………………………………... Commémoration du 11 novembre ………………………………………………………….. Assemblée générale ………………………………………………………………………….. Evènements vus ………………………………………………………………………………. Evènements à voir…………………………………..………………………………………… Evènements culturels en Pologne en 2014 ………………………………………………… Un peu d ’histoire : l'honneur d'un général………………………………………………….. Un peu d ’histoire : des polonais métayers dans le sud-ouest …………………………... Notez bien ……………………………………………………………………………………... p. 2 p. 2/3 p. 4 p. 5 p. 6 p. 7 p. 9 p. 11 p. 12 Politique Donald Tusk, nouveau président de l'Union Européenne Ewa Kopacz, nouveau Premier ministre de Pologne Donald Tusk a pris ses fonctions de Président du Conseil Européen le 1er décembre 2014, succédant à Herman Van Rompuy, pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois. Donald Tusk, faisant ses valises pour Bruxelles, a soigneusement organisé son remplacement au poste de Premier ministre de la Pologne. Le Conseil Européen réunit les 28 chefs d'état et de gouvernement de l'Union Européenne. C'est la première fois qu'un homme politique polonais occupe une fonction internationale aussi élevée. Trois grands défis attendent Donald Tusk : la croissance, la place du Royaume Uni dans l'UE et la crise ukrainienne. Très proche d'Angela Merkel –il parle parfaitement l'allemand– Donald Tusk veut occuper une place prépondérante en matière de politique étrangère. Bon communiquant, il en a les moyens. En politique intérieure, alors qu'il présidera les sommets de la zone euro, il risque d'être handicapé par le fait que son pays n'a pas encore adopté la monnaie unique. Né le 22 avril 1957, à Gdañsk, d'origine cachoube, ancien membre de Solidarnoæ et fidèle de Lech Wa³ęsa, Donald Tusk, européen convaincu, est indiscutablement un président légitime pour l'Union Européenne. Commémoration Trois candidats étaient en lice. Le Président Komorowski a entériné le choix de Ewa Kopacz, 56 ans, Présidente de la Diète, la chambre basse du pays Il l'a chargée de former un nouveau gouvernement. Entrée au parlement en 2001, Ewa Kopacz a connu une ascension rapide dans les pas de Donald Tusk. Sa tâche ne sera néanmoins pas de tout repos, la Plateforme Civique, parti libéral au pouvoir, connaît l'usure du pouvoir. Après le chaos informatique du premier tour des élections municipales et régionales en novembre 2014, le deuxième tour a fait élire des candidats de la Plateforme civique dans les principales villes. Mais les Polonais seront à nouveau appelés aux urnes à l'été 2015 pour la présidentielle puis à l'automne pour les législatives. Jean-Noël Dragon Réception à la Mairie de Toulouse le 13 novembre 2014 En ce 13 novembre, et en l'absence d'Antoine Jankowski, c'est le Consul Général, Dariusz Winiewski, qui nous a fait l'honneur de sa présence pour cette réception. elle peut se comparer à l'Espagne. Mais avec son histoire unique, qui en fait sa grandeur et sa spécificité, longtemps isolée entre les poussées des impérialismes allemand et russe, mais aussi toujours proche de la France, on ne peut véritablement comparer la Pologne avec aucun autre pays. Puis-je me risquer au surplus à dire que votre histoire illustre un peu “ l'histoire de l'Europe ” Pour sa part, le Maire de Toulouse, Monsieur Moudenc, étant absent ses deux conseillers délégués aux Affaires Internationales, Messieurs Jean-Claude Dardelet et Aviv Zonabend ont accueilli les invités. Monsieur le Consul, vous qui êtes diplômé de la Faculté d'Histoire de l'Université de Varsovie, je ne m'aventurerai pas à détailler l'extraordinaire destin de votre pays. C'est Jean-Claude Dardelet qui, le premier, a fait un discours dont la simple introduction était déjà un hommage au peuple polonais . Mais ce qui nous a fortement marqués, ici, depuis Toulouse, ville de tolérance et d'ouverture, c'est que votre nation a cessé d'exister en 1793. “ Oui la Pologne est un grand pays d'Europe avec sa superficie, la Pologne peut se comparer au Royaume Uni, à l'Italie ou encore à l'Allemagne. Avec sa démographie, de près de 40 millions d'habitants, Elle a été recréée en 1918. Ses souffrances, de 1939 à 1945, furent extrêmes. Staline décalant son centre de gravité vers l'ouest, Hitler exterminant sa population juive, déplaçant toute la population germanophone. Depuis plusieurs années, le Maire de Toulouse invite avec le Consul honoraire, la communauté franco polonaise à fêter l'Indépendance retrouvée de la Pologne. 2 Les Amis de la Pologne n° 43 Puis, c'est l'élection d'un pape polonais, Karol Wojty³a, les coups de boutoir du syndicat Solidarnoæ, et enfin l'effondrement du Mur de Berlin qui ont contribué à sa “ libération ”. Membre de l'OTAN en 1999, vous avez rejoint l'Union européenne en 2004, il y a juste 10 ans. Vous l'avez enrichie de votre immense culture. Vous êtes aussi, comme moi-même, parmi les plus “ euro-enthousiastes ” ……. Aujourd'hui, l'Europe a besoin de la Pologne. De sa foi inébranlable dans des lendemains meilleurs, de sa persévérance. Sachez que dans Toulouse, vous trouverez toujours votre alliée, votre amie, votre sœur. Vive l'amitié franco-polonaise ! ” Sibérie, les soldats de la Légion Polonaise dirigés par Józef Pi³sudski, ceux de l'Armée Bleue du Général Haller, les membres de l'Organisation militaire clandestine polonaise (POW) ainsi que d'autres organisations militaires, paramilitaires ou mouvements de résistance. Qui se souviendra d'eux, si nous ne le faisons pas ? En ce jour nous adressons aussi notre profonde gratitude à tous ceux, qui dans les années 1918-1921, ont contribué à façonner les frontières de la Pologne libre : les résistants de l'Insurrection de la GrandePologne (Powstanie Wielkopolskie), de Silésie (Powstania ląskie), les Aiglons de Lviv (Orlęta Lwowskie) et tous ceux qui ont sécurisé la frontière orientale contre la “peste rouge”. La bataille victorieuse qui s'est déroulée aux abords de Varsovie en août 1920 a sauvegardé la souveraineté du pays mais aussi l'avenir de l'Europe. Cette année, nous célébrons le 25ème anniversaire de la chute des régimes communistes en Europe et le recouvrement de la pleine souveraineté de la Pologne. Sans la révolution pacifique de 1989 en Pologne, les importantes transformations en Europe Centrale et Orientale n'auraient pas eu lieu et par conséquent, elles n'auraient pas entraîné l'unification de l'Europe. Réception du 13 novembre salle des Illustres A ce discours chaleureux, Dariusz Winiewski a répondu : “ En France le jour du 11 novembre représente l'anniversaire de l'armistice, la fin de la Première guerre mondiale. Pour les Polonais, ce jour représente aussi, ou peut-être avant tout, l'anniversaire du retour de la Pologne sur la carte d'Europe. C'est la fête nationale qui commémore l'indépendance regagnée après une période de 123 ans de partages. En 1918 les rêves de tout un peuple ont été réalisés. La Pologne souveraine et indépendante était née. Mais nous honorons aussi la mémoire de plusieurs générations de combattants qui n'ont jamais abandonné l'espoir de voir leur pays libre. En servant une cause sacrée, l'indépendance, ils ont souvent dû payer un prix très élevé : contraints à l'exil en abandonnant leurs foyers, ou sacrifiant leurs vies. Rappelons-nous les soldats de l'insurrection polonaise de Novembre (1830-1831) et de celle de Janvier (1863-1864), les insurgés polonais exilés en Il y a encore quelques années, il semblait que la Pologne, grâce à son ancrage dans l'OTAN et dans l'Union européenne, était devenu un pays libre hors de tout danger mais ceci ne reflète pas la réalité actuelle, car en observant avec attention le conflit qui se déroule à notre porte nous prenons conscience de la fragilité de notre sentiment de sécurité. Derrière notre frontière orientale, qui est maintenant celle de l'OTAN et de l'Union européenne, nous réalisons que ce conflit armé affecte aussi la Pologne et les autres pays. …. La Pologne et toute l'Europe ont besoin d'une politique commune en matière de sécurité, une politique compréhensible par tous les citoyens et surtout réactive face aux menaces potentielles, actuelles et futures. … Enfin, je voudrais vous remercier de votre présence ici aujourd'hui. Je saisis cette occasion pour féliciter publiquement toutes les personnes et toutes les associations relevant de la circonscription du Consulat de Pologne à Lyon, qui veillent à préserver les traditions, la langue et la scolarisation des enfants polonais en France et qui contribuent activement à la promotion de la Pologne et au renforcement des liens franco-polonais. ” Le cocktail qui a suivi a permis aux nombreux participants d'échanger souvenirs et projets, dont la Pologne et la vie associative étaient les sujets principaux. Jean-Noël Dragon Les Amis de la Pologne n° 43 3 Notre Assemblée Générale 2014 L’assemblée générale du 21 novembre 2014 a réuni de nombreux adhérents et donné au président Jean-Noël Dragon l’occasion de faire le point sur l’année écoulée. Il a présenté l’activité du Conseil d’Administration et les évènements qui en ont découlé. Les bulletins semestriels sont un trait d’union important entre adhérents, sympathisants et membres des autres associations. Ainsi, celui de juin relatait les concerts des 13 et 15 décembre 2013 avec les étudiants de l’école de musique de Rybnik, reçus à Mazamet et à Toulouse, la fête Kolędowanie en janvier 2014 et le spectacle du ballet national de Pologne, “ląsk ” en mars. La participation de notre association au Forom des Langues en mai, nous a amené de nouveaux élèves pour nos cours de langue polonaise et notre contribution à la Semaine de l’Europe a laissé de jolis souvenirs aux élèves d’une classe de CM1 ainsi qu’en témoigne leur article dans ce numéro. Le 24 septembre, l’association avait invité Philippe Christol, généalogiste français marié à une la communauté polonaise et les amis de la Pologne pour fêter ce même événement. Il y avait environ 300 invités ce soir-là, à la Salle des Illustres du Capitole. Le rapport moral du président ne serait pas complet sans parler du succès rencontré par nos cours de polonais depuis quatre années – un challenge transformé en réussite – et notre site Internet inauguré à l’assemblée générale de l’année dernière. Alexandra Jaskiewicz, responsable du site, nous annonce plus de 8500 pages visitées à ce jour. Pour autant, l’année 2014 n’est pas terminée. En effet, le 26 novembre, le Consulat Général de Pologne a invité l’auteur Zygmunt Mi³oszewski. Cette conférence à la Maison de la Citoyenneté Centre a pu se faire avec l’appui logistique des Amis de la Pologne. Zygmunt Mi³oszewski A partir du 5 décembre et jusqu’au 17 janvier 2015, vous pourrez admirer les crèches de Cracovie, de vraies œuvres d’art, à l’exposition “ Szopka ” à l’Espace Muséographique G. Baccrabère de l’Institut Catholique de Toulouse. Quitus sont donnés au rapport moral du président Jean-Noël Dragon et au rapport financier de la trésorière, Claire Jeanpierre. Philippe Christol polonaise et vivant à Varsovie. Il a passionné la quarantaine de participants avec l’histoire de l’immigration des Polonais dans le sud de la France. Le 11 novembre, fête de l’Armistice de la guerre 14-18 et de l’Indépendance de la Pologne a été commémoré, après la cérémonie officielle, par les associations franco-polonaises de Toulouse qui se sont retrouvées au Monument aux Morts de Toulouse pour déposer une gerbe en l’honneur des anciens combattants polonais en France. Le 13 novembre, le Maire de Toulouse et le Consul Général de Pologne à Lyon avaient invité toute Le Conseil d’Administration est réélu, avec quelques changements. Claire Jeanpierre laisse les “ clefs du trésor ” à Gérard Calmel, nouveau trésorier. Claire, discrète et tellement efficace pendant plus de vingt années, a décidé de consacrer plus de temps à sa famille et à ses autres activités. Aurélie Grignard a décidé, de son côté, de donner tout le temps que lui laissent ses activités professionnelles à son petit garçon de quelques mois, Baptiste. Toutes les deux sont ici grandement et sincèrement remerciées. Elles nous ont assurés qu’elles restent fidèles aux Amis de la Pologne. Nous les reverrons ! Enfin, saluons l’arrivée de Monique Ratajczak au sein du conseil. Monique est nouvelle adhérente et élève du cours de polonais. Avec Monique et Gérard, l'action de notre Conseil d’Administration se poursuivra avec l’enthousiasme et le dynamisme que nous lui connaissons. 11 novembre au Monument aux Morts 4 13 novembre salle des Illustres Dany Dragon Les Amis de la Pologne n° 43 Evènements vus... Ecole des Ursulines Le vendredi 23 mai 2014, l'école et le collège Sainte Marie des Ursulines ont organisé "la Journée de l'Europe". Chaque classe a été tirée au sort pour représenter un pays européen. Nous avons eu la Pologne ! On a eu de la chance car dans notre classe, il y avait des parents polonais qui nous ont aidé à préparer cette journée. Une mamie a fait des gâteaux et a amené de la charcuterie polonaise, une maman a amené des posters et des DVD. En classe, un après-midi, nous avons tous fabriqué des jeux sur les noms des villes, sur les plats, sur les mots en polonais et sur les personnages célèbres du pays comme le pape Jean-Paul II, Chopin, Marie Curie ou Copernic. On avait préparé des exposés avec des affiches sur eux. La maîtresse et la maman d'Emma s'étaient habillées avec des costumes polonais et une couronne dans les cheveux...Nous sommes tous arrivés le matin en rouge et blanc aux couleurs du drapeau de la Pologne ! On a mis de la musique traditionnelle polonaise et toutes les classes sont passées pour venir voir notre stand. Et, nous aussi, on a vu tous les autres stands de tous les pays. Puis à la fin de la journée, tous les élèves ont voté... On n'a pas gagné, on est arrivé 4ème ! Mais c'était une chouette journée !... Vive la Pologne ! Tous les élèves de CM1 et leur maîtresse, Caroline Jakubiak NDLR – Pour l'occasion, Les Amis de la Pologne, à la demande de Caroline Jakubiak, avaient prêté drapeaux, costumes, musiques et documentation polonais. To i Hola : un jubilé d'exception Le 20 juillet 2014 marquait une date importante à Cagnac-Les-Mines : c’est le jour où les Ballets Polonais To i Hola ont fêté leur cinquantième anniversaire. Pour cette occasion, Daniel Curylo et tous les danseurs du groupe avaient organisé une fête qui comptera dans la mémoire des Cagnacois. Après la cérémonie au Monument aux Morts, en présence du Consul Général de Pologne, Dariusz Winiewski, de représentants de la Région et du Département et de l’équipe municipale au grand complet, un hommage fut rendu à Tadeusz Miszczak, mineur à Cagnac, fondateur, en 1964, de l'ensemble folklorique. A la fin du défilé dans la grande rue de Cagnac, une messe franco-polonaise a été célébrée dans la Salle des Fêtes par le Père Kopacz, Curé Polonais à Lourdes. Elle a été suivie par un très grand nombre de Polonais et de leurs descendants. Dans cette même salle une exposition de photos illustrait la rétrospective des 50 ans du groupe. Les Amis de la Pologne n° 43 Sous un immense chapiteau, plus de 600 convives ont partagé un repas typiquement polonais avec des produits venus tout droit de Pologne. Chants et danses ont animé ce repas, avec la chorale La Joie de vivre de Cagnac, l’ensemble folklorique Tomaszów Lubelski " Roztocze " et leurs musiciens (Kapela), l'orchestre de variété " Soko³y " et les musiciens de l'Orkiestra Dęta de Cieszanów (orchestre de rue). Et, bien sûr, les Ballets To i Hola. Les anciens danseurs présents ont même rejoint le groupe sur scène pour danser une Polonez, le cœur rempli d’émotion et de joie. La fête s’est clôturée avec l'évocation de la nuit de la St Jean " Noc Kupa³y " prévue au bord du lac mais faite sous le chapiteau en raison de la pluie. Cette journée exceptionnelle restera marquée dans la mémoire des participants et sera gravée dans les annales de Cagnac-les-mines, berceau du Groupe folklorique To i Hola qui s’est produit dans tout Midi Pyrénées et aussi en Pologne. Daniel Curylo 5 Człowiek z nadziei - L'homme du peuple Le 10 novembre, nous étions conviés, par l'association Apolina, à l'avant-première du film L'homme du peuple, incroyable saga d'un ouvrier devenu président (Obs), qui retrace un instant de vie de Lech Wałęsa. Je ne vous parlerai pas du film, Anna Masson vous en a tout dit dans notre n° 42, le réalisateur, le scénariste, le chef opérateur… Je ne vous parlerai pas de la vie de Wałęsa, tout a été dit par ses partisans et ses détracteurs et tout le monde a lu les biographies de Lech et Danuta : Un chemin d'espoir chez Fayard, Les chemins de la vérité chez L'Archipel et Rêves et secrets chez Buchet-Chastel. Je veux simplement vous dire combien cet acteur, Robert Więckiewicz, plus Wałęsa que Wałęsa dans ses attitudes, sa façon de parler et ses regards, nous rappelle l'électricien des années 80 avec sa "grande gueule", ses entêtements et cette impression d'avoir une mission sacrée qui l'ont rendu tellement populaire et attachant aux yeux du monde entier, tout ce qui a fait sa force mais aussi sa faiblesse. Ce film ne s'adresse pas tant aux plus de 50 ans qu'aux plus jeunes qui ne connaissent de Wałęsa que le président avec l'effigie de la Vierge de Częstochowa au revers de sa veste et qui ont peut-être oublié le syndicaliste prix Nobel de la Paix. Chantal Bordenave-Mankowska … et à voir 24ème Semaine polonaise du 13 au 17 avril 2015 K A N T O R - portrait multiple Polyphonies, inspirations, re-naissances La 24ème édition des Semaines polonaises sera consacrée à Tadeusz Kantor (1915 – 1990), un des plus grands artistes polonais, figure de proue des avant-gardes théâtrales et plastiques, lié avec la France tout au long de sa carrière. La troupe de Kantor – le Théâtre Cricot 2 (anagramme de "to cyrk" qui signifie "voilà le cirque") – a acquis une renommée internationale et son œuvre a suscité un enthousiasme peu commun la situant parmi les œuvres essentielles du XXème siècle. Réformateur du théâtre, Kantor a bouleversé les codes traditionnels de représentation scénique proposant un théâtre à la fois poétique, plastique et philosophique. Son célèbre Théâtre de la mort, théâtre qui échappe à toute convention, consistait à illustrer de façon plastique les mécanismes de la mémoire ; fragments de souvenirs, bribes de conversations, séquences d’images chimériques, situations absurdes, scènes obsédantes, désirs inavoués…, qui se concrétisent et prennent corps sur scène. Kantor a créé un espace fascinant où se mêlent morts et vivants, guerre et amour, crime et passion, rire et souffrance. Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la mort du Maître et les admirateurs de son art, théoriciens et praticiens du théâtre, œuvrent pour sauvegarder l'héritage qu'il a laissé. Aujourd’hui, pour le centième anniversaire de sa naissance, il est naturel que les universitaires et ses compagnons de route du Théâtre Garonne de Toulouse, où il a travaillé sur son dernier spectacle, lui rendent hommage. Cette nouvelle édition des Semaines polonaises, associant – comme à l’accoutumée – la partie scientifique (colloque, table ronde) à la partie illustrative (exposition, films, spectacles théâtraux, performances et concerts), propose de découvrir comment Kantor, à partir de son histoire individuelle, est parvenu à évoquer l’histoire collective de toute une nation et à devenir un maître à penser de plusieurs générations d’artistes. Kinga JOUKAVIEL 6 Les Amis de la Pologne n° 43 Les crèches de Cracovie à Toulouse La rencontre avec les Szopkas, véritables œuvres d’art, est de l’ordre de l’étonnement et de l’émerveillement. Etonnement de voir comment la szopka propose un dialogue entre tradition et créativité. De son rapport au passé, elle garde les formes architecturées des monuments les plus forts de l’histoire de Cracovie, cachant en son cœur une nativité, posée comme un point d’orgue. Emerveillement devant tant d’élégance produite par des mains expertes et des esprits passionnés, aux bois et papiers, matières diaphanes, devenant l’âme des szopkas. A cela s’ajoutent les jeux de couleurs, de lumière et de transparence transformant l’œuvre de bois-papier en monument de rêve. C’est cette fascination si particulière que l’exposition propose de faire découvrir avec cet ensemble de szopkas provenant du Musée Ethnographique de Cracovie. C’est grâce à son directeur, Antoni Bartosz, et à son équipe, totalement investis dans la préservation et la transmission du patrimoine, qu’il nous est permis d’admirer, aujourd’hui, cet aspect de l’art cracovien. Pascale de Lajartre Marian D³u¿niewski 2008 Directrice de l’Espace Muséographique Georges Baccrabère NDLR : Jusqu’au 17 janvier 2015 à l'Institut Catholique de Toulouse- 31, rue de la Fonderie Les évènements culturels en Pologne en 2014 L'année 2014 a été en Pologne celle de nombreuses commémorations. Une foule d'évènements culturels les ont accompagnées. 25 ans de liberté: Le 4 juin 2014 était la date du vingt-cinquième anniversaire des premières élections libres en Pologne. En 1989, les Polonais ont élu 460 députés et 100 sénateurs, apportant la victoire à l'opposition et la défaite au pouvoir communiste en place. Tadeusz Mazowiecki est devenu le premier ministre du nouveau gouvernement. Les élections, fruit de la Table Ronde des pourparlers, ont été un événement charnière dans l'histoire récente du pays et la pierre angulaire de la nouvelle démocratie. Les célébrations de cet anniversaire ont commencé le 3 juin. De nombreux chefs d'états y ont participé, à commencer par Barack Obama. Nombre de conférences, d'expositions, de débats ont jalonné les festivités. Le lien entre ces commémorations et le résultat du vote du Comité du prestigieux prix littéraire Nike s'impose de lui-même. Le Nike a été décerné cette année à Karol Modzelewski, historien et dissident politique, pour son autobiographie Zajeździmy kobyłę historii. Le livre raconte l'histoire de la famille de l'auteur, des années 40 jusqu'à ce jour. Avec un grand souci de détails, Modzelewski montre les différentes attitudes des dissidents polonais dans les années 60, au temps de Solidarność et pendant la période des grands bouleversements systémiques. Il met en lumière une multitude de conceptions et de chemins qui ont mené à la démocratisation de la vie politique en Pologne : de la tentative de “ réparation ” du communisme jusqu'à l'abandon total des idées qu'il véhiculait. Ecrit dans une langue claire et accessible, ce livre est un document d'une grande valeur historique. Il permet de mieux comprendre l'histoire polonaise de la deuxième moitié du XXème siècle. Karol Modzelewski “ a réussi à rester fidèle aux hommes et aux idées. C'est ce qui donne à son autobiographie un ton si clair et si pur ” - a résumé un autre dissident de l'époque, Seweryn Blumsztajn. Les Amis de la Pologne n° 43 7 Insurrection de Varsovie Les commémorations du 70ème anniversaire de l'Insurrection de Varsovie ont aussi grandement marqué le paysage culturel en 2014. De nombreux spectacles, expositions, concerts et projections ont ponctué l'année. Deux films ont été tournés pour l'occasion : Powstanie Warszawskie (Insurrection de Varsovie), premier film de guerre non fictionnel au monde, et Miasto 44 (Ville 44) de Jan Komasa. Powstanie Warszawskie est un film de 85 minutes, entièrement monté à partir d'images d'archives, reconstruites, numérisées, colorisées, auxquelles a été ajouté une bande son. Le réalisme ainsi obtenu est saisissant. Le film raconte l'histoire de l'Insurrection de 1944 à travers les yeux de deux frères reporters, cameramen pour le Bureau d'Information et de Propagande de l'Armée de l'Intérieur et témoins directs des combats des insurgés. Documentaire par le support utilisé, fiction par le montage, le film échappe à toute classification. Sur le site Internet de cette production étonnante on peut lire : “ Six heures d'images d'actualités de l'Insurrection de Varsovie de 1944, six mois de travail, une équipe de consultants en armes, en vêtements et en architecture, des urbanistes, des experts de Varsovie et des historiens, 1000 heures de concertation pour la colorisation, 1200 plans, 1440 heures de colorisation et de reconstruction, 112000 photogrammes choisis, 648000 minutes de reconstruction, 22 971 520 Mo de données – ce ne sont que quelques chiffres qui aident à saisir l'énormité du travail accompli et des moyens consacrés au film ”. Miasto 44 : la 2ème production consacrée à l'Insurrection, est un film de fiction. L'Histoire, violente et sanglante, s'y mêle à une histoire d'amour. Le film, projeté le 30 juillet au Stade National de Varsovie devant 10 000 personnes, a eu un accueil mitigé. De nombreux commentaires enthousiastes se mêlaient à des voix plus critiques. Les derniers survivants de l'Insurrection, qui avaient à l'époque l'âge des héros du film, l'ont trouvé beaucoup trop “ pop ” et trop “ glamour ”. Certains ont critiqué les scènes érotiques du film en disant que, pendant les combats, ils n'avaient ni envie ni force pour le sexe. D'autres ont été choqués par l'extrême violence de certains plans. Le réalisateur du film, a défendu son projet artistique en disant : “ Je suis né en 1981 et j'ai été bercé par le cinéma d'action américain. J'ai vu Terminator II au moins cent fois. Alors oui, ce style “ pop ” a dû rejaillir sur Miasto 44. Ce film est peut-être “ pop ” mais c'est mon “ pop à moi ”. Autre film Un autre film primé par Les Lions d'Or au Festival de Gdynia, est l'œuvre de £ukasz Palkowski intitulé Bogowie (Les dieux). Le film parle du célèbre chirurgien Zbigniew Religa, décédé en 2009, auteur de la première transplantation cardiaque en Pologne. Le professeur Religa, incarné avec brio par Tomasz Kot, était un personnage haut en couleurs. Très médiatique, passionné et entier, il était très aimé des Polonais. Après avoir découvert la transplantation cardiaque aux Etats-Unis, il a introduit cette technique en Pologne. Pour y parvenir, il a quitté Varsovie et sa famille pour construire un centre de cardiologie ultra moderne à Zabrze, où il a procédé à la première transplantation en 1985. C'est donc à Zabrze, qu'a eu lieu la première du film. "C'était un type de chair et d'os. Il se fichait pas mal des apparences. Peu lui importait quelle veste qu'il portait, dans quelle voiture il roulait... L'important pour lui, c'était l'idée, comment préparer chaque transplantation... Je pense que Tomasz Kot joue ce rôle à la perfection. En le regardant, j'ai l'impression de voir le Professeur lui-même ” – a dit un de ses anciens collaborateurs après la projection du film. manifestations bruyantes pendant les représentations de la pièce Le chemin de Damas d'August Strinberg mise en scène par Jan Klata, le Théâtre Stary de Cracovie est devenu la scène de tous les débordements… Pour compléter ce tableau, le spectacle Golgota Picnic de l'Argentin Rodrigo Garcia a été annulé à Poznañ. Heureusement, le paysage théâtral polonais s'est enrichi d'un nouveau lieu de rencontre et de discussion. En septembre a été inaugurée à Cracovie, dans un bâtiment imposant par son architecture innovante, la nouvelle “ Cricothèque ” - le Centre de documentation de l'art de Tadeusz Kantor. Bordant la Vistule, située à deux pas de la Fabrique de Schindler, la bâtisse moderne épouse parfaitement la vieille centrale électrique datant du XIXème siècle. “ Cricoteka ”, fondée en 1980 par Kantor lui-même, s'installe dans un lieu digne de l'héritage de cet immense homme de théâtre, metteur en scène et théoricien de l'art. Théâtre Plusieurs scandales ont éclaté en Pologne autour de spectacles controversés. C'est à croire que la scène polonaise concentre toutes les passions et attise les polémiques idéologiques. Entre la suspension des répétitions, puis de la première de la pièce La comédie non divine mise en scène par Oliver Frljiæ et les Cricoteka Anna Wodniecka-Masson 8 Les Amis de la Pologne n° 43 Un peu d'histoire L'honneur d'un général C'était le 31 mai 2006 à La Haye, en Hollande, alors que le ciel était gris et pluvieux. Ce jour-là, le gouvernement hollandais décidait de réparer une injustice criante vieille de plus de soixante ans. Lors d'une cérémonie présidée par la Reine Béatrice et le ministre de la Défense des Pays-Bas, les vétérans de la 1ère Brigade Indépendante de Parachutistes Polonais, dont les plus jeunes étaient octogénaires, recevaient la médaille de l'Ordre du Lion de Bronze et la médaille de l'Ordre militaire du Roi William, en récompense de leur conduite héroïque pendant la libération de la Hollande en 1944. Durant soixante ans, alors que les citoyens de Hollande se souvenaient avec émotion de leurs libérateurs slaves, certaines municipalités nommant des rues et des squares en leur honneur, leur gouvernement avait refusé de rendre hommage aux parachutistes polonais, acteurs pourtant majeurs de la libération du pays. Pour raconter leur histoire, il faut remonter un peu plus tôt dans le courant de la guerre. Le souvenir de la 1ère Brigade Indépendante de Parachutistes Polonais (BIPP) ne saurait être dissocié de celui de son fondateur, le général Stanislas Sosabowski. Comme nous le décrivions dans les articles précédents, des soldats polonais réussirent à fuir la Pologne en 1939 et la France en 1940 (comme le général Maczek de la 1ère DB) et à se regrouper en Grande-Bretagne pour former l'Armée Polonaise de l'Ouest, égalant en nombre les FFL du général De Gaulle et se plaçant sous le commandement du général Sikorski. Né en 1892, Stanisław Sikorski, fils d'ouvrier, ancien chef scout et fervent catholique, est mobilisé comme sous-officier dans l'armée austro-hongroise. Combattant contre les russes pendant la Première Guerre Mondiale, il est nommé lieutenant pendant la guerre russo-polonaise de 1920 (où il sera d'ailleurs blessé) puis colonel en 1928. Commandant le 21e régiment d'infanterie “ Warszawski ” en 1939 et titulaire de la Virtuti Militari, Sosabowski réussit lui aussi, au terme d'une évasion rocambolesque, à quitter la Pologne et à rallier Londres en 1940 où il est nommé général. Son esprit novateur et sa lecture des manuels d'instruction allemands (il était germaniste) le conduisent à proposer à Sikorski une idée folle : la création d'une unité parachutiste polonaise. Les crédits financiers et militaires accordés par les britanniques aux polonais étant limités, il fera des ronds de jambe au siège du gouvernement polonais en exil pendant presque un an pour que son projet soit finalement accepté. En 1941, la 1ère BIPP voyait le jour à Upper Largo. Il semble important de signaler que la 1ère BIPP fut la première unité parachutiste alliée formée pendant la Les Amis de la Pologne n° 43 Le général Sosabowski salue ses hommes avant le saut sur la Hollande, septembre 1944. guerre, avant les américains et les anglais qui formèrent les leurs en 1942. Sosabowski écrivit un manuel d'instruction où il décrivait l'entraînement nécessaire à la formation de tout bon parachutiste (tir, combat au corps à corps, topographie, rudiments d'allemand…) et le comportement exemplaire que devaient avoir les officiers pour emmener leurs hommes derrière eux. De nos jours, ce manuel est encore lu par les élèves officiers britanniques à l'Académie Militaire de Sandhurst. La qualité de l'entraînement de l'unité de Sosabowski fut tellement prisé que les britanniques et les FFL reprirent son manuel pour entraîner leurs propres parachutistes. La 1ère DIPP forma également en son sein 244 Français, 168 Britanniques et 64 Belges, ainsi que les fameux “ cichociemni ”, commandos polonais destinés à être parachutés sur la Pologne occupée pour organiser et diriger les actions militaires de l'AK. Le temps paraissait long pour les paras polonais qui n'attendaient qu'une chose : entrer en scène et, pourquoi pas, sauter sur la Pologne pour la délivrer. Sosabowski avait un tempérament bien trempé et une certaine vision de l'utilisation des troupes aéroportées. Des divergences de vues avec l'état-major britannique privèrent les polonais de saut sur la Normandie le 6 juin 1944… En septembre 1944, après de longues négociations, les britanniques acceptèrent la participation de la 1ère BIPP à l'opération Market-Garden, la plus grande opération aéroportée de l'Histoire. L'idée était de larguer deux divisions parachutistes américaines, une britannique et la brigade polonaise sur la Hollande pour prendre le contrôle de ponts, le 30e corps blindé britannique devant remonter à travers le pays avec ses chars, rallier les paras, consolider leurs positions et libérer la Hollande, voire, pourquoi pas, pénétrer en Allemagne. Les anglo-américains furent largués sur les Pays-Bas le 17 septembre, mais rencontrèrent rapidement des difficultés. Les britanniques furent quasiment encerclés et le contact radio fut coupé, alors qu'ils devaient guider les polonais pour leur largage… 9 Le 21 septembre, la 1ère BIPP fut donc larguée à l'aveuglette sur Driel. Les britanniques n'ayant pas dégagé leur zone de saut, les paras polonais sautèrent sous le feu ennemi, retrouvant des conditions de saut proches de celles de la Normandie. Ils établirent des fortifications autour de leur position le 22, repoussèrent plusieurs attaques allemandes et construisirent des canots pour traverser le Rhin afin de soulager les britanniques, encerclés et au bord de la rupture à Oosterbeek. Les journées du 23 et 24 virent de nombreuses tentatives des polonais pour traverser le Rhin et secourir leurs camarades britanniques, sous le feu nourri de l'ennemi, et ce ne sont finalement que 200 parachutistes qui parvinrent à venir renforcer les positions anglaises et à couvrir leur repli. MarketGarden tournait "au vinaigre" sur tous les fronts, américain, britannique et polonais. La 1ère BIPP avait perdu un quart de ses effectifs, soit environ 590 morts… Le 26 septembre 1944 les paras polonais reçurent l'ordre de se replier sur Nimègue, comme toutes les autres unités parachutistes alliées. L'opération était un échec. Les britanniques qui avaient pris le commandement interallié de l'opération cherchèrent bien sûr immédiatement des responsables de cet échec. Ils ne pouvaient, bien sûr, s'accuser eux-mêmes, ni porter le discrédit sur les puissants alliés américains… Les polonais servirent donc de bouc émissaire. Le général Montgomerry accusa Sosabowski d'être allé au combat à reculons, de n'avoir pas pu traverser le Rhin assez rapidement pour secourir les paras britanniques. Stanislas Sosabowski fut donc démis de son commandement et nommé à un obscur poste d'inspecteur militaire auprès du gouvernement. Aujourd'hui, les faits sont clairs. Les hommes de Market-Garden, américains, britanniques ou polonais n'ont pas manqué de courage ni de bravoure. Sosabowski a effectivement sauté sur la Hollande à reculons, mais pour une bonne raison : une fois de plus en avance sur ses contemporains, il avait compris avant tous que le plan de l'état-major britannique était mal bâti et voué à l'échec. Le général polonais a été sacrifié pour sauver l'état-major britannique. La 1ère BIPP fut rattachée à la 1ère DB de Maczek, libéra finalement la Hollande, entra en Allemagne et finit la guerre à Wilhelmshaven. Aucune des deux unités ne fut invitée au défilé interallié de la victoire en 1946 à Londres… La plupart des vétérans polonais refusèrent de retourner en Pologne devenue communiste et décidèrent de rester en GrandeBretagne. Ce fut le cas du général Sosabowski qui devint ouvrier, partageant les conditions de vie de son ami le général Maczek qui devint serveur. Situation terriblement schizophrénique pour les deux hommes qui étaient simples employés la semaine et revêtaient leurs uniformes de généraux le week-end pour les réunions d'anciens combattants. Sosabowski fut rejoint par sa femme et son fils en Angleterre, où il s'est éteint 10 en 1967 après avoir écrit ses mémoires, publiées en 1982, “ J'ai servi librement ”. Il y répond aux accusations lancées à son encontre par les britanniques. Malgré les pétitions de milliers de citoyens hollandais et les démarches entreprises par les vétérans polonais, le gouvernement hollandais refusa, pendant plusieurs décennies, de décorer les soldats polonais et de leur rendre hommage. Le journaliste hollandais Geertjan Lassche écrivit des dizaines d'articles dans la presse pour sensibiliser le grand public à la cause des polonais. Lors de son interview du Prince Bernhard, ce dernier déclarera “ J'ai déjà demandé plusieurs fois au ministre de la Défense d'entreprendre les démarches nécessaires pour les polonais. Je soupçonne fortement le gouvernement britannique de faire pression sur le nôtre pour freiner au maximum l'avancée du dossier ”. La famille royale hollandaise réussit finalement à faire plier les parlementaires et à décorer les polonais, vivants ou décédés, de la 1ère BIPP lors d'une cérémonie diffusée en direct sur les chaînes nationales. La Pologne envoya une délégation de soldats en uniforme de parade, et la cérémonie se tint en présence de la Reine, du ministre de la Défense, des vétérans polonais et du petit-fils de Sosabowski. La Hollande a réussi à effacer plus de soixante ans d'injustice, et c'est tout à son honneur. Espérons que les britanniques seront, eux aussi, capables d'effectuer une telle remise en question… Pièce commémorative en argent Geertjan Lassche tourna un documentaire sur la 1ère BIPP qu'il intitula “ L'Honneur d'un Général ”. La place principale de Driel, zone de saut de la 1ère BIPP en 1944, comporte un monument à la mémoire et à la gloire des paras polonais. Au cours de la cérémonie du 31 mai 2006, le capitaine Alan Mackowiak, vétéran de la 1ère BIPP déclara, la larme à l'œil, à propos de Sosabowski : “ Je sens l'émotion monter, veuillez m'en excuser, mais je l'aimais beaucoup, et je pense qu'il m'aimait aussi. Il a fait de moi un parachutiste et un commando. J'ai servi sous ses ordres pendant cinq ans, et cela fait quarante ans qu'il me manque. ”. NB : le film de Richard Attenborough “ Un pont trop loin ” (1977) met en scène la 1ère BIPP en Hollande, le Général Sosabowski est joué par Gene Hackman. Nils Jacquin-Tkaczuk Les Amis de la Pologne n° 43 Des polonais métayers dans le sud ouest L'immigration polonaise en France est surtout connue par ses mineurs du Nord ; dans le Sud-ouest, une immigration plus inattendue ( 20 000 Polonais sur Midi-Pyrénées et Aquitaine en 1946 ) présente la particularité d'être essentiellement agricole, avec une proportion exceptionnelle de métayers et fermiers. Dans un article de 1923, le Journal agricole du Sud-ouest estime à cent mille personnes le manque de main-d'œuvre en région. De 1920 à 1935, en MidiPyrénées, on fera appel à 50 000 ouvriers agricoles, espagnols, italiens et polonais Dès mars 1924 se crée à Toulouse un Comité régional de la Main d'Oeuvre Agricole du Sud-ouest, de la Gironde aux Pyrénées, dont l'objectif avoué est de diversifier les implantations étrangères. Bien considérés dans le Nord, venant majoritairement de régions agricoles, les Polonais, malgré leur caractère un peu exotique, sont des candidats tout désignés. Au niveau national, leur arrivée massive résulte d'une politique volontariste : une convention d'immigration a été signée en 1919 ; la France comptera un demi million de Polonais en 1931. À partir de 1924, la Société Générale d'Immigration (SGI) centralise les recrutements des immigrants qui passent par un centre unique à Toul (Meurthe-et-Moselle). Un premier convoi de 570 travailleurs agricoles part pour Nancy en 1907-1908 ; 10 000 Polonais seraient ainsi venus en France jusqu'en 1914. Après 1920, les travailleurs agricoles polonais seront les plus nombreux en Aveyron, Cher, Drôme, Indre, Aude, Loire, Haute-Garonne, Lot, Gers, Gironde, Lot-et-Garonne et Isère. La crise industrielle des années 1930 voit le Sud agricole continuer à recruter alors que les mines du Nord renvoient leurs Polonais chez eux par wagons ; une circulaire de 1935 aux préfets précise que le “ rapatriement gratuit ” ne s'applique pas à l'agriculture. L'accroissement du nombre de Polonais dans le Sud-ouest est spectaculaire : - en Dordogne, on passe de 7 Polonais en 1918 (!) à 2533 en décembre 1939 - en Quercy, de 1926 à 1936, leur nombre est multiplié par 40 ; on les retrouve à Calès, Cazillac, Rignac, Castelnau Montratier, Rocamadour, Gignac... Le Lot et le Tarn-et-Garonne comptent 1075 Polonais en 1937 - ils sont environ 2000 en Gironde et Lot-et-Garonne en 1936 - dans le Gers, on passe de 100 Polonais en 1930 à 1440 en 1939 - dans le Tarn, en 1936, 2632 Polonais travaillent surtout aux mines - inversement en Aveyron, en 1937 le bassin houiller emploie moins de 50% des 2500 Polonais En 1946, on retrouve en Hautes-Pyrénées et en Ariège 349 et 242 Polonais On rencontre aussi des polonais ouvriers agricoles à Hautefort (Dordogne) ; ils sont employés comme bineurs de betterave, vachers, bouviers, bergers, servantes de ferme... Des recruteurs parcouraient les communautés minières du Nord, faisant de la publicité aux ouvriers. Les Amis de la Pologne n° 43 En 1926, sur 300 000 Polonais en France, 30 000 sont ouvriers agricoles. La SGI initie alors un projet surprenant : organiser l'installation de familles sur des propriétés en Gascogne, en tant que métayers puis si possible comme propriétaires. Un programme prévoit de créer une dizaine de centres de rayonnement. En 1928, celui de 400 ha au domaine de La Forêt à Villemur près de Toulouse accueille, pendant une année et sous la supervision d'un intendant, une vingtaine de foyers qui se familiarisent avec les conditions de culture et de climat. Le Bulletin de l'émigration polonaise en France d'avril 1928 rend compte de cette expérience originale. Moisson au domaine du Roc au Change près de Périgueux Cette transplantation va se heurter aux réalités économiques : manque de moyens pour créer des centres, et évidemment manque de fonds des candidats. Au travers d'une filiale créée pour ce projet, l'Agricolon, la SGI mobilise les caisses françaises de crédit agricole et des banques polonaises ; le gouvernement polonais est censé garantir l'opération dans son ensemble. La “ Protection Polonaise ” (Opieka Polska, organisme d'aide) ouvre une section à Toulouse en 1927-1929. En Midi-Pyrénées, on dénombre, en 1928, 1450 Slaves placés dans 85 exploitations, en majorité des Polonais. En 1930, dans le Gers, le Lot et la Haute-Garonne, 250 familles de Polonais sont fermiers, métayers ou propriétaires, et 71 en Dordogne. L'Agricolon fait faillite en 1929 et le projet s'arrête là. En 1936 la Société Anonyme d'Exploitation Agricole, avec des fonds de la Banque Polonaise pour l'Agriculture, installe son siège à Périgueux, achète le château du Roc, commune du Change et y engage en fermage des familles polonaises. Le Sud-ouest compte 3 000 propriétaires ou fermiers polonais en 1938, cas unique sur le territoire. Quelques exemples de parcours individuels se trouvent dans mon livre Les Polonais au Sud de la Loire ( ©Archives & Culture, 2013 ) "Polonais de France" comme "mineur dans le Nord" ? Ces exemples tordent le cou à cette image d'Epinal. Dispersée, l'immigration agricole est restée méconnue, mais représente un Polonais de France sur quatre en 1939, soit une centaine de milliers de personnes. Philippe Christol Une version plus développée de cet article est publiée par le Cercle Généalogique de Languedoc, dans son numéro 145 ( 4e Trimestre 2014 ) 11 Notez bien Jusqu’au 17 janvier 2015 (sauf du 23 décembre au 2 janvier) “Szopka” de Cracovie Exposition de crèches polonaises Institut Catholique de Toulouse Espace muséographique Georges Baccrabère - 31, rue de la Fonderie à Toulouse Le 9 janvier 2015 Soirée Koledowanie Galette des Rois Lieu à définir (Salle St Pierre et St Paul ou Salle Saint André) Organisée par Les Amis de la Pologne membre du collectif des associations franco- polonaises de Toulouse Du 26 au 31 janvier 2015 Festival Kinopolska –7e édition Organisé par Apolina Du 13 au 17 avril 2015 24e édition des Semaines Polonaises : Kantor – Portrait multiple Information www.semainepolonaise.fr Mai 2015 – dates non communiquées Semaine de l’Europe Forom des Langues Organisés par la Mairie de Toulouse Les Amis de la Pologne N°43 Directeur de la publication : Jean-Noël Dragon Maquette : Georges Mańkowski ISSN 1639-21191 Les Amis de la Pologne Association loi 1901 - 57, rue Bayard, 31000 Toulouse. 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