Douleur oro-faciale neurovasculaire Introduction La douleur oro

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Douleur oro-faciale neurovasculaire Introduction La douleur oro
Douleur oro-faciale neurovasculaire
Introduction
La douleur oro-faciale d’origine potentiellement neurovasculaire peut ressembler à la douleur
odontogénique au point qu’une large population de patients atteints de migraine et de
céphalées trigéminales autonomiques demande des remèdes dentaires. En raison d’une grande
diversité des entités de DON et en l’absence d’une rubrique physiopathologique unique ou
distincte, cette fiche d’informations porte sur les entités de DON les plus courantes, autrement
dit les douleurs odontogéniques ou dentaires, la migraine, les céphalées de tension, les
céphalées autonomes trigéminales et d’autres maux de tête inquiétants qui imitent les
douleurs odontogéniques et les troubles temporo-mandibulaires. 1
Cette fiche d’informations n’essaie pas de réécrire les classifications des céphalées déjà
acceptées, mais elle référence les classifications des céphalées les plus récentes et les plus
acceptéesi,ii afin d’approfondir les connaissances des difficultés diagnostiques lorsque la
douleur oro-faciale survient au même endroit que la douleur dentaire.
1
Temporomandibular disorders are discussed in more detail in the temporomandibular fact sheet. The
term “temporomandibular disorder” includes musculoskeletal disorders and functional disturbances of the
masticatory system. (American Academy of Orofacial Pain, Guidelines for Assessment, Diagnosis and
Management, Ed, de Leeuw R, Klasser GD, Quintessence Books, Chicago, 2013)
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Caractéristiques cliniques, physiopathologie, critères de diagnostic
Les sections suivantes résument les céphalées ou les pathologies neurovasculaires qui sont de
nature à reproduire les douleurs dentaire et oro-faciale. Cette section est adaptée de la Fiche
d’information de l’Association internationale pour l’étude de la douleur (International
Association for the Study of Pain, IASP) pour l’Année mondiale contre la céphalée. iii
Épidémiologie des douleurs odontogéniques imitant les céphalées
Les céphalées sont les troubles neurologiques les plus prévalents et font partie des symptômes
les plus fréquents observés en médecine générale. 50 % de la population générale souffrent de
céphalées au cours d’une année donnée, et plus de 90 % signalent des antécédents à vie de
céphalées.
Migraine
Les migraineux souffrent de crises récurrentes, sévères et invalidantes de céphalées, souvent
unilatérales et pulsatiles, accompagnées de symptômes de troubles sensoriels, comme la
photophobie, la phonophobie et l’hyperosmie. Les nausées et une raideur du cou font partie
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des autres symptômes les plus courants. Les symptômes de la migraine peuvent être aggravés
par le mouvement.
Diagnostic différentiel : Odontalgie
D’après les données disponibles, environ 50 % des patients atteints de DON sont diagnostiqués
par erreur comme étant atteints de troubles dentaires primaires, et un nombre significatif de
ces patients reçoit des traitements ou des médicaments dentaires non indiqués. La
prépondérance des plaintes associées à la migraine est extrêmement similaire à celles
concernant les douleurs dentaires. En fait, la migraine sans aura affectant la seconde division
du nerf trigéminal (douleur hémifaciale unilatérale lancinante) imite l’odontalgie au point que
les patients peuvent subir une thérapie ou une extraction endodontique.
Diagnostic différentiel : Troubles temporo-mandibulaires
La sensibilité péricrânienne et l’allodynie, des caractéristiques courantes de migraine avec ou
sans aura, peuvent être interprétées par erreur comme une douleur des muscles masticateurs
secondaire à un trouble temporo-mandibulaire, résultant en un recours à des remèdes
orthopédiques qui n’ont aucun fondement physiologique. La sensibilisation centrale qui se
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traduit par des douleurs cervicales peut se propager dans une direction céphalique et peut être
perçue comme une douleur myofasciale avec synalgie.
Céphalée de tension
La céphalée de tension (CT) est la forme la plus fréquente du mal de tête. La prévalence à vie de
la CT épisodique est de près de 80 % et celle de la CT chronique de 3 %. Les femmes sont
légèrement plus concernées que les hommes. L’âge de l’apparition atteint son pic entre 35 et
40 ans, et la prévalence décline avec l’âge dans les deux sexes.
Diagnostic différentiel : Troubles temporo-mandibulaires
La sensibilité ou la douleur des muscles masticateurs est une caractéristique courante des
troubles temporo-mandibulaires. La douleur, ou une sensation de raideur musculaire, en
particulier au niveau de la musculature péricrânienne, peut être interprétée par erreur comme
un trouble temporo-mandibulaire musculo-squelettique.iv, v, vi
Céphalées trigémino-autonomiques
L’algie vasculaire de la face, les hémicrânies paroxystiques et l’hémicrânie continue
appartiennent à un groupe de céphalées idiopathiques qui impliquent l’activation des voies
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nociceptives trigéminovasculaires en parallèle à l’activation du réflexe crânien autonome,
connues sous le terme de céphalées trigémino-autonomiques (CTA). Tous ces syndromes de
céphalées ont deux caractéristiques en commun : des crises de céphalées sévères, de courte
durée, unilatérales, et des symptômes typiquement autonomiques qui les accompagnent.
Diagnostic différentiel : Odontalgie
La douleur localisée et intense associée aux diverses céphalées autonomiques trigéminales, en
particulier la douleur péri-orbitale ou maxillaire, entraîne souvent des interventions dentaires
et la perte de dents. Récemment, la Société internationale des céphalées (International
Headache Society, IHS) a classé l’hémicrânie continue comme un CTA. Ce trouble douloureux
chronique et unilatéral peut apparaître avec les caractéristiques d’un trouble odontalgique ou
d’un trouble temporo-mandibulaire.
Diagnostic différentiel : Névralgie trigéminale
Voir la section suivante : Névralgie trigéminale et douleur faciale idiopathique persistante
Céphalée due à un abus de médicaments
La céphalée due à un abus de médicaments est une céphalée chronique et peut apparaître chez
les patients souffrant d’une céphalée primaire (en particulier la migraine). L’abus de
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médicaments est un facteur de risque élevé pour l’augmentation de la fréquence des
céphalées : elle peut aggraver celles-ci et les faire passer d’épisodiques à chroniques.
Diagnostic différentiel : Trouble temporo-mandibulaire
La sensibilité ou la douleur des muscles masticateurs est une caractéristique courante des
troubles temporo-mandibulaires. Comme avec les autres CT, il peut y avoir une sensation de
raideur musculaire, en particulier de la musculature péri-crânienne qui peut être interprétée
par erreur comme une douleur oro-faciale musculo-squelettique.
Névralgie trigéminale et douleur faciale idiopathique persistante
La névralgie trigéminale (NT) est un trouble douloureux unilatéral qui se caractérise par des
douleurs brèves, similaires à des chocs électriques, dont l’apparition et la disparition sont
soudaines, et se limite à une distribution sur une ou plusieurs divisions du nerf trigéminal.vii La
NT peut être provoquée par une stimulation non nocive des muqueuses telle que le brossage
dentaire ou l’introduction d’aliments ou de liquides dans la cavité buccale.
Diagnostic différentiel : Troubles odontalgiques et temporo-mandibulaires viii
Diagnostic différentiel : Douleur alvéolaire persistante chronique
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La douleur faciale idiopathique persistante (DFIP), précédemment nommée douleur faciale
atypique, est une douleur faciale persistante qui ne comporte pas les caractéristiques des
névralgies crâniennes et ne peut pas être attribuée à un autre trouble. La DFIP, une forme de
neuropathie douloureuse, peut survenir suite à une blessure ou une maladie du système
trigéminal. Les dentistes réalisent couramment des procédures pouvant entraîner des lésions
de l’innervation trigéminale, et des neuropathies douloureuses peuvent survenir à la suite d’un
traitement. Statistiquement, l’incidence est faible ; cependant, la tendance à réaliser des
interventions dentaires supplémentaires en cas de DFIP doit être évitée sans diagnostic clair.
La douleur alvéolaire persistante chronique, ix précédemment connue sous le nom d’odontalgie
atypique (OA) est considérée comme une DFIP, et reste difficile à diagnostiquer et à traiter. Elle
survient dans les sites d’extraction dentaire de dents typiquement douloureuses qui ont subi
plusieurs traitements ou procédures. La douleur peut varier de sourde et légère à continue et
sévère. Elle résiste habituellement aux médicaments analgésiques et aux blocs anesthésiques.
Céphalées pongitives de courte durée
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« Les céphalées pongitives durant quelques secondes sont de trois types différents : (1)
céphalées pongitives primaires et symptomatiques, (2) céphalées primaires et symptomatiques
induites par la toux, et (3) céphalées névralgiformes de courte durée et unilatérales,
accompagnées d’injection conjonctivale et de larmoiement. »
Diagnostic différentiel : Odontalgie
En raison de la localisation et de l’intensité, ainsi que du potentiel à augmenter l’inconfort avec
une augmentation de la pression intracrânienne (toux), les CTA et la NT sont facilement
diagnostiquées par erreur comme des odontalgies, s’apparentant à la migraine.
Artérite temporale (à cellules géantes)
L’artérite temporale ou à cellules géantes n’est pas un trouble des céphalées neurovasculaires
mais est mentionnée dans cette fiche d’information comme une céphalée d’origine vasculaire
avec des complications inquiétantes si elle n’est pas diagnostiquée et traitée de façon
appropriée.
Diagnostic différentiel : Myalgie des muscles masticateurs, douleur myofaciale et troubles
temporo-mandibulaires
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Cette affection est couramment associée à la survenue de nouvelles céphalées dans une région
temporale ou dans les deux.
Le ou la patient(e) est habituellement âgé(e) d’au moins 50 ans, se plaint d’une douleur
temporale sourde, d’une fatigue des muscles masticateurs, de douleurs articulaires et de
céphalées d’apparition récente, chroniques et éventuellement progressives.
Des céphalées modérées à sévères, la polymyalgie et une claudication des muscles masticateurs
peuvent être présents. Une artère du cuir chevelu peut être enflée et douloureuse,
habituellement l’artère temporale superficielle, un taux de sédimentation des érythrocytes
élevé, et des protéines C réactives. Une biopsie de l’artère temporale peut être positive pour
l’artérite à cellules géantes. x
Cette forme de céphalées ne doit pas être négligée, étant donné qu’elle peut potentiellement
avoir des conséquences importantes. Une artérite temporale non traitée peut entraîner une
perte de vision, un accident vasculaire cérébral ou le décès. Les céphalées se résolvent ou
s’améliorent de façon importante dans les trois jours d’un traitement par stéroïdes à hautes
doses.
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i
rd
Olesen J, et al; The International Classification of Headache Disorders, 3 edition, Headache
Classification Committee of the International Headache Society, Cephalalgia, 33(9) 629-808 2013.
ii
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iii www.iasppain.org/Content/NavigationMenu/GlobalYearAgainstPain/GlobalYearAgainstHeadache/default.htm
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x
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