La socialité de l`homme - Université Populaire de Philosophie

CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA SOCIALITÉ DE L’HOMME
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org
conférence N°1600-260
LA SOCIALITÉ DE L’HOMME
Conférence d’Éric Lowen donnée le 7/02/2009
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Même quand il s’efforce de vivre en anachorète, en ermite, en misanthrope robinsonien,
l’homme reste un être social. Notre espèce, comme bien des espèces de mammifères, est
une espèce sociale, qui vit en société. Quels sont les fondements de cette socialité de
l’homme ? Quelles sont ses origines ? Quelles différences entre socialité, sociétalité et
sociabilité ? Quelles relations entre la socialité, dimension anthropologique, et les sociétés ?
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LA SOCIALITÉ DE L’HOMME
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
L’instinct social [...] peut être attribué à l’habitude,
mais plus sûrement à la sélection naturelle.
Charles Darwin (1809-1882)
La descendance de l’homme, 1869
C’est après tout uniquement à son caractère de créature
sociale et coopérative que l’homme doit sa survie.
Robert Heilbroner (1919-2005)
Les grands économistes, 1953
I
L’HOMME, UN ANIMAL SOCIAL
1 - L’homme, un animal social
2 - Une expression commune, mais est-elle toujours comprise ?
3 - Les difficultés pour comprendre la socialité humaine
A - Les difficultés épistémologiques
B - Les difficultés des préjugés et de l’obscurantisme
4 - La compréhension de la socialité humaine est très récente, des exigences particulières
A - Liée au développement de sciences humaines récentes
B - Les exigences méthodologiques de sa compréhension
II
QU’EST-CE QUE LA SOCIÉTALITÉ ?
1 - Distinguer socialité, sociétalité et sociabilité
2 - La socialité, un fait d’espèce pour l’Homo Sapiens
3 - Une caractéristique très commune dans le vivant, les mammifères et les primates
4 - Vivre en groupe sociaux, la formation d’ensembles collectifs supra-individuels
5 - La socialité implique collaboration et activités communes, la base de l’altruisme réciproque
6 - La nécessité de la communication, instrument des relations interindividuelles
7 - La socialité implique répartition des tâches et différenciation sociale
8 - La cause évolutionniste de la socialité : l’augmentation des chances de survie
III
LES PARTICULARITÉS DE LA SOCIALITÉ HUMAINE
1 - La dépendance sociale de l’homme, la socialité est indispensable à sa construction
2 - De la communication au langage humain, du fait social au dire social
3 - L’obligation de comprendre l’autre et son intériorité (les neurones miroirs)
4 - Leur rôle dans la vie sociale et pour l’empathie
5 - La complexité de la socialité humaine au prorata de la complexité de l’homme
6 - La triple socialité de l’homme, sa multi-appartenance sociale
A - La première socialité mammifèrienne de l’homme, liée à la reproduction
B - La seconde socialité humaine, issue de celle des primates supérieurs
C - La troisième socialité humaine, la socialité des groupes sociaux
7 - Ces différents niveaux se combinent, s’additionnent, interagissent, s’opposent, etc.
8 - La formalisation de la socialité en sociétés, une formalisation sociétale secondaire
IV
SIGNIFICATIONS ET CONSÉQUENCES
1 - Le fondement de la socialité est l’égoïsme, l’altruisme le moyen
2 - Une société est une synergie d’individu, elle peut plus que la somme de ses membres
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3 - L’émergence de comportements et faits spécifiques à la socialité
4 - L’origine naturelle du fait politique, tout groupe social est hiérarchisé
5 - La socialité permettra le passage à la culture, à la culturalité de l’homme
6 - Les oppositions entre le niveau de l’individu et les exigences sociales
7 - De la socialité de l’homme émerge l’Humanité, l’Humanité création des hommes
V
CONCLUSION
1 - L’homo sapiens, première espèce dotée d’une conscience sociale
2 - Un des défis de la condition humaine est d’apprendre à être ensemble
3 - La culturalisation sociale, qui incombe désormais de la seule responsabilité de l’Homme
4 - L’aventure de l’homme est désormais celle des sociétés humaines
ORA ET LABORA
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Document 1 : Retour sur cette notion d’homme comme animal social, donc politique, le texte d’Aristote.
La cité est au nombre des réalités qui existent naturellement, et [...] l'homme est par
nature un animal politique. Et celui qui est sans cité, naturellement et non par suite des
circonstances, est ou un être dégradé ou au-dessus de l'humanité. Il est comparable à
l'homme traité ignominieusement par Homère de :
Sans famille, sans loi, sans foyer,
car, en même temps que naturellement apatride, il est aussi un brandon de discorde, et
on peut le comparer à une pièce isolée au jeu de trictrac.
Mais que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une abeille
quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est évident. La nature, en
effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme, seul de tous les animaux, possède la
parole. Or, tandis que la voix ne sert qu'à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce
motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu'à éprouver les sensations
de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à
exprimer l'utile et le nuisible, et, par suite aussi, le juste et l'injuste : car c'est le caractère
propre de l'homme par rapport aux autres animaux, d'être le seul à avoir le sentiment du
bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la
communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité.
Aristote (-384,-322)
La Politique, -330 av. JC
Document 2 : La socialisation de l’individu et sa dépendance culturelle.
Une autre comparaison permettra de déceler la même illusion. C'est celle qu'on emploie
pour expliquer les premiers rudiments de la théorie de la relativité. Afin de montrer que la
dimension et la vitesse de déplacement des corps ne sont pas des valeurs absolues,
mais des fonctions de la position de l'observateur, on rappelle que, pour un voyageur
assis à la fenêtre d'un train, la vitesse et la longueur des autres trains varient selon que
ceux-ci se déplacent dans le même sens ou dans un sens opposé. Or tout membre d'une
culture en est aussi étroitement solidaire que ce voyageur idéal l'est de son train. Car,
dès notre naissance, l'entourage fait pénétrer en nous, par mille démarches conscientes
et inconscientes, un système complexe de référence consistant en jugements de valeur,
motivations, centres d'intérêt, y compris la vue réflexive que l'éducation nous impose du
devenir historique de notre civilisation, sans laquelle celle-ci deviendrait impensable, ou
apparaîtrait en contradiction avec les conduites réelles. Nous nous déplaçons
littéralement avec ce système de références, et les réalités culturelles du dehors ne sont
observables qu'à travers les déformations qu'il leur impose, quand il ne va pas jusqu'à
nous mettre dans l'impossibilité d'en apercevoir quoi que ce soit.
Claude Lévi-Strauss (1908-2009)
Race et histoire, 1952
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Conférences sur les grandes révolutions scientifiques
en rapport avec la sociétalité
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Conférences sur des notions présentées dans ce sujet
- L’aventure humaine
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- Éloge de la Culture, Éloge des cultures
- Mixité et pluralité dans les sociétés
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- Société du cercle et société du carré, par Jean-Pierre Estrampes
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Quelques livres sur le sujet
- Grands singes, Cyril Ruoso et Emmanuelle Grundmann, Empreinte et territoires, 2008
- Les neurones miroirs, G. Rizzolatti, L. Folgassi, V. Gallese, Pour la Science, janvier 2007
- Le commerce chez les animaux, Frans de Waal, Pour la science N°331, mai 2005
- Les neurones miroirs, Giacomo Rizzolatti et Corrado Sinigaglia, Éditions Odile Jacob
- Le bébé, le singe et l’homme, David et Ann Premack, Odile Jacob, 2003
- L’empathie de l’émotion partagée, Jean Decety, Pour la science N°309, juillet 2003
- Dialogue sur la nature humaine, Boris Cyrulnik et Edgar Morin, Éditions de L'aube, 2003
- La communication animale, le kaléidoscope des langages, dossier Pour la Science N°34, janvier-avril 2002
- Aux origines de la communication humaine, Claude Meyer, L’Harmattan, 2001
- Les sociétés animales, Serge Aron et Luc Passera, de Boeck Université, 2000
- Quand la nature devient morale, Vinciane Despret, dossier spécial “altruisme”, Sciences humaines N°103 mars
2000
- Les nourritures affectives, Boris Cyrulnik, Odile Jacob, 2000
- De l'homo sapiens à l'homme interactif, Bernard Cathelat, Denoël, 1998
- Essais sur le comportement animal et humain, les leçons de l’évolution de la théorie du comportement,
Konrad Lorenz, Seuil, 1970
- Le Je et le Tu, Martin Buber (1935), trad. G. Bianquis, Aubier 1992
- Du contrat social, Jean-Jacques Rousseau (1762), Le livre de poche
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